Définitions du traducteur2

356.

Pour un très grand nombre de clients, le traducteur est un photocopieur intelligent. (François Gauthier, 2010 : 59)

357.

Nous ne sommes pas des copistes, nous les traducteurs, nous sommes appelés à être des inventeurs. (Friedhelm Kemp, dans Huitièmes Assises…, 1992 : 128)

358.

Le traducteur est créateur de langage. Il est aussi importateur de problématiques. (Marc de Launay, dans Cinquièmes Assises…, 1989 : 177)

359.

Le traducteur est le poète des poètes. (Novalis, dans Cournut, 2007 : 10)

360.

Le traducteur en prose est un esclave, le traducteur en poésie un rival. (Vassili Andreïevitch_ Joukovski, dans « On Translation », 1979 : 243)

361.

Le traducteur est surtout un techicien du langage. (Sylvie Durastanti, 2002 : 73)

362.

Le traducteur n’est ni l’esclave des parties du discours, ni un adepte de l’à peu près. (Jean Delisle, 1990b : 61)

363.

Le traducteur est un artisan fonctionnel du changement, imbibé par le milieu social dans lequel il vit et pour lequel il traduit. (André Clas, 2002 : 12)

364.

L’exploration relative de l’impossibilité absolue de traduire fait le traducteur. (Claire Cayron, dans Actes des premières Assises…, 1985 : 94)

365.

Le traducteur est un intermédiaire, et la traduction est une lecture ambassadrice, médiatrice. (Betty Bednarski, 1989 : 12)

366.

Le traducteur ne doit pas se contenter d’être un bon linguiste, il doit être un excellent ethnographe : ce qui revient à demander non seulement qu’il sache tout de la langue qu’il traduit, mais aussi tout du peuple qui se sert de cette langue. Alors il est un grand prestidigitateur, un magicien, le prêtre d’un huitième art. (Georges Mounin, 1962 : 28)

367.

La traduction est une discipline exacte, possédant ses techniques et ses problèmes particuliers […] Ce serait faire un grand tort à la traduction que de la classer sans examen parmi les arts – un huitième art en quelque sorte. (Jean-Paul Vinay et Jean Darbelnet, 1958 : 23)

368.

Si l’on a pu dire que traduire est un art, c’est parce qu’il est possible de comparer plusieurs traductions d’un même original, d’en rejeter certaines comme mauvaises, d’en louer d’autres pour leur fidélité et leur mouvement. (Jean-Paul Vinay et Jean Darbelnet, 1958 : 23)

369.

La traduction devient un art une fois qu’on a assimilé les techniques. (Jean-Paul Vinay et Jean Darbelnet, 1958 : 24)

370.

Plutôt que de traiter mécaniquement les mots, le traducteur entretient avec eux une relation vivante. Car il n’est pas une machine, mais bien un être doué de vie qui, par là-même, donne à son travail un caractère humain. (Philip Stratford, 1993 : 124-125. Traduction : François Bilodeau)

371.

Le traducteur n’est ni un technicien des mots (encore qu’il doive s’y retrouver aisément), ni une sous-espèce d’expert (encore qu’il doive savoir utiliser des méthodes et des outils raffinés) ; il est lui-même un créateur. (Philip Stratford, 1993 : 122-123. Traduction : François Bilodeau)

372.

Le traducteur est un être bisexué, car il a à la fois un rôle passif – c’est là une de ses qualités nécessaires – et un rôle actif, sans quoi il ne pourrait être créateur. (Aloys Skoumal, 1970 : 79)

373.

Le traducteur est un écrivain d’une singulière originalité, précisément là où il paraît n’en revendiquer aucune. Il est le maître secret de la différence des langues. (Maurice Blanchot, 1971 : 71)

374.

Il faut aller sur le terrain, comme disent les sociologues. Le traducteur aujourd’hui n’est plus un homme de cabinet, comme à la Renaissance, où l’on traduisait le grec, l’hébreu, le latin en un français de bon ton, avec force broderies et dentelles. (Albert Bensoussan, 1995 : 34)

375.

Le traducteur est inférieur, postérieur, postsynchronisé. Il rend en son langage l’auteur publiable, mais il est oubliable. L’auteur s’ouvre, le traducteur se ferme, le premier s’éclôt, le second se clôt. L’auteur se crée, le traducteur secret. Le traducteur n’est que voix de passage. (Albert Bensoussan, 1995 : 13)

376.

Agent culturel déjà, au niveau de la production et de la diffusion des textes, le traducteur est agent aussi au niveau de leur réception critique, agent d’échange donc à l’intérieur même du discours critique. (Betty Bednarski, « La traduction comme lieu d’échange », dans Beaudet, 1999 : 149-150)

377.

Les traducteurs – ces curieux, si ouverts à l’Autre, ces intermédiaires parfois suspects, ces agents, ces ambassadeurs, ces passeurs, ces contrebandiers – vivent d’abord en eux-mêmes et en leur langue une manière d’échange. Recevant et donnant à la fois, transformant et se transformant, ils sont des lieux vivants d’échange. (Betty Bednarski, « La traduction comme lieu d’échange », dans Beaudet, 1999 : 127)

378.

Le traducteur est un misentrope, un homme qui hait l’entropie3, qui la refuse, qui la combat de toutes ses forces. (Étienne Barilier, « Le traducteur, ce misentrope », dans Graf, 1998 : 150)

379.

Dans l’armée des écrivains, nous autres traducteurs nous sommes la piétaille ; dans le personnel de l’édition, nous sommes la doublure interchangeable, le besogneux presque anonyme. (Dominique Aury, « Préface », dans Mounin, 1963 : VII)

2. V. aussi les « Désignations imagées du traducteur » dans l’Avant-propos, p. XXV.

3. V. la note 6 de l’Avant-propos, p. XXVIII.