447. |
Traduire, c’est écrire avec la main d’un autre. (Daniel Poliquin, dans Deraspe, 2007 : 9) |
448. |
Le texte traduit est un texte que l’on a continué à écrire. (Felix Philipp Ingold, dans Graf, 1998 : 217) |
449. |
La traduction et la création sont des processus identiques. (Octavio Paz, « Translation : Literature and Letters » [c1971], dans Schulte et Biguenet, 1992 : 160. Traduction) |
450. |
Toute traduction est essentiellement une écriture. Autrement dit, seul un véritable écrivain peut en traduire parfaitement un autre parce qu’il conservera la température verbale et imaginative du texte lui-même. (Griselda Gambaro, dans Bataillon, 1991 : 97) |
451. |
Il faut, sinon autant de génie, du moins autant de goût, pour bien traduire que pour composer. Peut-être même en faut-il davantage. (Charles Batteux, 1748, II : 64) |
452. |
À partir du moment où le traducteur a déverbalisé et s’attache à reconstituer l’objet d’écriture, il entre lui-même dans le processus de création pure. (Françoise Wuilmart, 2013b : 17) |
453. |
La traduction littéraire est avant tout un travail d’écriture. Le traducteur littéraire, n’en déplaise à certains, est un écrivain à part entière. (Françoise Wuilmart, 2013b : 16) |
454. |
À force de traduire, il meurt de l’envie d’écrire. (Louis-Paul Béguin, 1985 : 134) |
455. |
À propos de la traduction de la Bible : « Il n’y a pas de différence entre écrire et traduire : les deux verbes désignent un combat pour la vérité […] scripturaire. (André Paul, 1982 : 82) |
456. |
La traduction est le seul mode de lecture qui se réalise comme écriture, et ne se réalise que comme écriture. (Henri Meschonnic, 1999 : 177) |
457. |
Chanter, danser est un acte sexuel, comme écrire. Traduire est un exercice cérébral avant tout, même s’il comporte une part importante d’écriture, car cette écriture a lieu en quelque sorte par procuration. (Marie José Thériault, dans Kellett-Betsos, 2005 : 312) |
458. |
Toute traduction n’est qu’une interprétation et réécriture parmi d’autres. (Nicole Côté, 2005 : 88) |
459. |
Revaloriser la traduction implique qu’elle soit une écriture. Sans quoi, c’est une imposture. (Henri Meschonnic, 1999 : 28) |
460. |
Une traduction est en beaucoup d’endroits comme une seconde création. Bien loin que cette pensée soit propre à enorgueillir les traducteurs, il me semble qu’elle doit leur inspirer une juste timidité. (Paul-Jérémie Bitaubé, 1775, II : 489) |
461. |
Je répugne à dire à ceux qui l’ignorent que le travail de traduire, de véritablement traduire, est identique au travail d’écrire. Car, je le crains, ils ne comprendraient pas non plus ce que c’est qu’écrire, et qu’il y a écrire et écrire… (Hugo von Hofmannsthal, dans Traduire, 1972, 70 : 1) |
462. |
C’est composer jusqu’à un certain point, que de traduire. (Jacques Delille, Les Géorgiques, « Discours préliminaire » [c1770], 1997 : 335) |
463. |
La traduction offre toutes les difficultés inhérentes à la rédaction. (Pierre Daviault, dans Michaud, 1945 : 134) |
464. |
Certaines traductions relèvent plus de la création artistique que des méthodes strictes proposées par les linguistes. Et c’est fort heureux ainsi, car l’art est un choix, qui repose sur une certaine liberté. (Jean-Paul Vinay et Jean Darbelnet, 1958 : 21) |
465. |
Peut-on imaginer la rédaction d’une traduction qui ne soit pas, à quelque degré, une activité d’écriture, au sens que ce mot peut avoir chez les poètes ? (Yves Bonnefoy, 2000 : 15) |
466. |
La seule traduction digne de ce nom doit être création, (renonçons au mot, trop subalterne encore, de « recréation »). Seule une traduction-création peut honorer pleinement l’universalité des langues et de l’espèce humaine. (Étienne Barilier, 1990 : 49) |
467. |
Le traducteur doit avoir le courage de détruire s’il veut créer. (Lydia Davis, 1981 : XIII. Traduction) |
468. |
Un texte traduit doit se défendre comme une création littéraire autonome et pouvoir se passer d’explication. La traduction doit fonctionner comme une création, comme une œuvre d’auteur. (Céline Zins, dans Actes des deuxièmes Assises…, 1986 : 57) |
469. |
La traduction devrait être une re-création, ou même une récréation. (Pierre Vialatte, dans Natale, 1991 : 93) |
470. |
La traduction répond à un besoin créatif profond qui pousse à explorer de nouveaux territoires, et elle est en même temps un instrument de transgression permettant une exploration au-delà de ce territoire linguistiquement délimité. (Beatriz Zeller, 2000 : 136. Traduction) |
471. |
La traduction est une ré-écriture dans la langue d’arrivée d’une lecture dans la langue de départ. (Evelyne Voldeng, dans Lotbinière-Harwood, 1991 : 26) |
472. |
Si l’obsession de reproduire le mouvement créateur de l’auteur ne fait pas naître un mouvement de création propre au traducteur, l’œuvre traduite ne réussira jamais à vivre comme œuvre originale. (Elio Vittorini, dans Pautasso, 1967 : 157. Traduction : Annie Fitzback) |
473. |
Les transpositions libres et les tentatives de « faire une copie » de l’original ne sont que des solutions de facilité par rapport à la création traductrice proprement dite. (Pavel Toper, 1979 : 10) |
474. |
Pour que l’œuvre littéraire agisse dans une autre langue comme une œuvre d’art, le traducteur doit en quelque sorte recommencer tout le processus de sa création. Elle doit grâce au talent du traducteur renaître dans l’autre langue. (Pavel Toper, 1979 : 7) |
475. |
La réécriture, en se constituant comme différente de l’original, ne prétend pas le supplanter. (Jenaro Talens, 1993 : 633) |
476. |
Traduire est une fonction qui participe de celle de l’écrivain et de celle du critique – sans se réduire ni à l’une ni à l’autre – dans la mesure où la traduction présuppose et réalise une interprétation du texte qui est traduit ; c’est ce que nous avons appelé ré/écriture. (Jenaro Talens, 1993 : 633) |
477. |
La traduction peut être un exercice poétique ou, dans le meilleur des cas, un acte créateur. (Frank R. Scott, dans Djwa, 1987 : 373. Traduction) |
478. |
Le jour où un traducteur pourra répondre à quiconque lui demande si sa traduction reproduit fidèlement ou infidèlement l’original : « Quelle question ! C’est l’original qui est infidèle à la traduction ! », alors la réversibilité, non pas des textes, mais du métier d’écrivain et de celui de traducteur, sera enfin établie et reconnue. (Aline Schulman, dans Dix-septièmes Assises…, 2001 : 94) |
479. |
Il est facile de démontrer objectivement que la traduction poétique est bel et bien une forme d’écriture, une re-création. (August Wilhelm von Schlegel, dans Robinson, 1997 : 220. Traduction) |
480. |
Là où la créativité est engagée à fond, comme par exemple dans la traduction de la poésie, le traducteur dépasse le statut d’interprète pour devenir l’adapteur, l’assistant du poète, oui, le co-auteur. C’est là que ça devient passionnant, qu’on joue gros sur le plan artistique. (Ilma Rakusa, « Six lettres sur la traduction », dans Graf, 1998 : 126. Traduction : Ursula Gaillard) |
481. |
L’écriture et la traduction ont toutes les deux à voir avec le déguisement, la tromperie, la mise en scène. C’est vrai, mais la liberté de l’écrivain est beaucoup plus grande que celle du traducteur. (Ilma Rakusa, « Six lettres sur la traduction », dans Graf, 1998 : 126. Traduction : Ursula Gaillard) |
482. |
Tous les textes sont des originaux, car chaque traduction possède son caractère distinctif. Chaque traduction est, jusqu’à un certain point, une création, d’où son caractère unique. (Octavio Paz, « Translation : Literature and Letters » [c1971], dans Schulte et Biguenet, 1992 : 154. Traduction) |
483. |
Écriture et traduction sont à mettre exactement sur le même plan. (Michaël Oustinoff, 2003 : 19) |
484. |
Un traducteur, un vrai, est un écrivain. Il peut n’avoir jamais composé de livre de son cru, il peut avoir limité son ambition à ne faire œuvre qu’avec celle des autres… reste que, dans sa facture, on reconnaît la maîtrise d’une écriture et la conscience que celle-ci, dans le texte, circule et court comme le sang dans le corps. (Hubert Nyssen, 1992 : 139) |
485. |
Tous les problèmes de traduction sont en fin de compte des problèmes liés à la manière de bien rédiger dans la langue d’arrivée. (Peter Newmark, 1982 : 17. Traduction) |
486. |
Mes traductions de poésie sont mes créations et je peux les placer sur le même plan que le reste de mes poèmes. (Jaume Pérez Muntaner, 1993 : 638) |
487. |
Comme le montre la poétique du traduire, […] dans l’immense majorité des cas, traduire, c’est désécrire. (Henri Meschonnic, 2004a : 104) |
488. |
Traduire le signe au lieu de traduire le poème, c’est désécrire. (Henri Meschonnic, 2007 : 30) |
489. |
Historiquement, fonctionnellement, création et traduction sont en interaction constante. Traduire un texte écrit dans une langue n’est pas simplement traduire la langue. (Henri Meschonnic, 1973 : 413) |
490. |
Si la traduction d’un texte est texte, elle est l’écriture d’une lecture-écriture, aventure personnelle et non transparence, constitution d’un langage-système dans la langue-système tout comme ce qu’on appelle œuvre originale. (Henri Meschonnic, 1973 : 354) |
491. |
Un traducteur qui n’est que traducteur n’est pas traducteur, il est introducteur ; seul un écrivain est un traducteur, soit que traduire est tout son écrire, soit que traduire est intégré à une œuvre. (Henri Meschonnic, 1973 : 354) |
492. |
Empiriquement, les traductions-textes font l’écriture et sont faites par elle. (Henri Meschonnic, 1973 : 320) |
493. |
Traduire n’est traduire que quand traduire est un laboratoire d’écrire. Décalque, autrement. Une exécution. Par le signe. (Henri Meschonnic, 1999 : 459) |
494. |
Il ne suffit pas d’être romancier pour traduire un roman comme une écriture et selon son écriture. (Henri Meschonnic, 1999 : 264) |
495. |
Même si, comme traductrice, je n’ai pas de contrôle sur le contenu du texte que je traduis, je suis responsable de sa ré-écriture en langue d’arrivée. (Susanne de Lotbinière-Harwood, 1991 : 74) |
496. |
L’exercice de la traduction n’a rien de commun avec la création littéraire, pas plus qu’elle n’en a avec la théorie de la traduction. (Brigitte Lépinette, 1993 : 598) |
497. |
Pour rendre le sens littéraire des ouvrages de littérature, il faut d’abord le saisir ; et il ne suffit pas de le saisir : il faut encore le recréer. (Valery Larbaud, 1946 : 70) |
498. |
Traduire n’est pas écrire. Écrire artistement, c’est concevoir, inventer un objet porteur d’un message : le message a été extrait du monde ; il a été conceptualisé, fabriqué avec du vécu combiné à de l’imaginaire. (Claude Tatilon, 2003 : 114) |
499. |
Traduire n’est rien d’autre qu’écrire. La difficulté, la hauteur, de l’acte de la traduction est moins dans la distance d’une langue à une autre que dans la distance à l’intérieur de ma propre langue. (Frédéric Boyer, 2002 : 49) |
500. |
Traduire, c’est écrire. Trafiquer des mots. (Sylvie Durastanti, 2002 : 12) |
501. |
La prestation créatrice de la traduction ne peut avoir son lieu que là où la prestation créatrice du langage lui-même a le sien. (Franz Rosenzweig, « Jehuda Halévi » [c1924], 1998 : 156. Traduction : Jean-Luc Évard) |
502. |
Pour traduire bien, il faut s’éprendre de la matière verbale d’une œuvre, et la sentir renaître dans sa propre langue avec l’urgence d’une seconde création. (Cesare Pavese, « Lettre à Bompiani », 15 janvier 1940, dans Gresset, 1975 : 85. Traduction : Dominique Fernandez) |
503. |
S’il y a une caractéristique de la traduction, c’est bien qu’en elle écriture et lecture, travail créateur et regard critique, sont exactement contemporains et coïncident comme nulle part ailleurs dans le champ littéraire. (Jean-Yves Masson, 1997 : n. p. En ligne) |
504. |
La traduction est une rencontre de deux plumes. (Jean Delisle) |
505. |
Il n’y a pas de bonne traduction sans invention. Mais l’invention du traducteur ne consiste pas à écrire ce qu’il veut à la place de ce qu’il y a, ce qui reviendrait à écrire n’importe quoi. (Dominique Grandmont, 1997 : 127) |
506. |
Traduire n’est pas passer d’une langue à l’autre. C’est écrire dans sa langue à l’écoute d’une autre. (Dominique Grandmont, 1997 : 79) |
507. |
Traduire n’est pas qu’une belle prouesse technique, c’est une façon d’être. Chaque poème en rappelle l’évidence aveuglante : ci-gît le secret de l’écriture. C’est lui qu’il faut traduire. (Dominique Grandmont, 1997 : 9) |
508. |
L’originalité des innovations stylistiques d’une œuvre doit être perceptible dans la traduction et même devenir une source de créativité stylistique dans la langue d’arrivée. (Hugo Friedrich, « On the Art of Translation » [c1965], dans Schulte et Biguenet, 1992 : 16. Traduction) |
509. |
La traduction est une forme de rivalité avec le texte original afin de le surpasser et d’en faire une source d’inspiration pour la création de nouvelles expressions dans la langue d’arrivée. (Hugo Friedrich, « On the Art of Translation » [c1965], dans Schulte et Biguenet, 1992 : 13. Traduction) |
510. |
Non, il n’est pas toujours possible de recréer l’original avec toutes ses originalités. Oui, il s’avère parfois nécessaire d’en créer d’autres. (Sylvie Durastanti, 2002 : 77) |
511. |
Maître de son texte, le traducteur se comporte en auteur lorsqu’il remodèle la glaise dans laquelle les pensées ont été originellement matérialisées par le souffle créateur du premier auteur. Écrire et traduire ont en commun le remodelage d’une pensée dans un esprit de liberté. (Jean Delisle, 1999 : 265) |
512. |
La traduction, refaisant à rebours les chemins de la création, cartographie le paysage de l’œuvre (d’autres diraient, peut-être plus justement, radiographie) et épouse ses méandres. (Nicole Côté, 2000 : 89) |
513. |
Recréer le génie de Bach dans toute sa splendeur, ce serait non seulement jouer toute son œuvre, mais aussi faire entendre chacune des interprétations qui ont eu cours au fil des siècles. Ainsi en va-t-il des traductions d’une œuvre. (Nicole Côté, 2000 : 89) |
514. |
La traduction n’est pas une activité scientifique, car elle est bien souvent, et souvent par nécessité, approximative. Mais elle est un art, puisque, pour préserver le rang du texte traduit, elle se doit de devenir écriture et création. C’est précisément ce qui l’élève et la fait échapper à la médiocrité. (Jean-Claude Capèle, 1998 : n. p. En ligne) |
515. |
La question qui se pose en traduction comme en écriture est celle du choix. Quel signifiant privilégier, élire pour animer en surface les multiples signifiés qui s’agitent invisibles et efficaces dans le volume de la conscience ? (Nicole Brossard, 1984 : 23) |
516. |
La traduction est possible précisément parce que sa difficulté est la leçon d’exigence qui permet d’accéder à un plus haut degré de rigueur dans l’écriture. Mais les bonnes traductions (celles qui servent la poésie) sont rares pour exactement la même raison. (Yves Bonnefoy, 2000 : 55) |
517. |
Il ne faut pas moins de talens pour bien traduire que pour produire un bon ouvrage original. (Paul-Jérémie Bitaubé, 1779, III : 469) |
518. |
On ne peut refuser au traducteur le mérite de l’invention. […] Le poëte imite la nature. son traducteur imite cette imitation. (Paul-Jérémie Bitaubé, 1779, III : 467) |
519. |
Le traducteur, même dans le cas de la proximité la plus grande, (re)crée sur un fond qui n’est pas identique à celui de l’auteur. Sa page blanche n’est pas la même page. (Étienne Barilier, 1990 : 41) |
520. |
Le traducteur s’intéresse à l’œuvre d’un autre pour fusionner sa propre création avec celle de l’autre. (Annie Allain, dans Seizièmes Assises…, 2000 : 159) |