Éloge et respect de l’original

539.

Devant l’original, le traducteur doit s’agenouiller sans se prosterner. (Carlos Batista, 2003 : 19)

540.

Tout original est un texte sacré, un modèle qui commande, auquel il n’est pas permis de rien changer. (Charles-Joseph Panckoucke, « Sur l’art de traduire » [c1787], dans D’hulst, 1990 : 134)

541.

La traduction a cela de bon, c’est que si un ouvrage ne nous semble pas à la hauteur de sa réputation, on a toujours la consolation de se dire que ça doit être magnifique dans l’original. (Octave Crémazie, 1882 : 41)

542.

Personnellement, je ne crois pas qu’une traduction, même mauvaise, peut ternir la réputation d’un auteur, puisque ce qui compte c’est uniquement l’œuvre originale qui, elle, demeure intacte. (Frank R. Scott, 1954. Traduction)

543.

À propos de Don Quichotte : « Traduire, c’est faire profession d’obéissance et de respect. Quand il s’agit de traduire le plus grand roman des Temps modernes, l’obéissance et le respect sont d’autant plus de rigueur que l’œuvre a traversé le temps, démontrant ainsi son droit au respect, son droit au culte. Comment traduire un objet de culte ? » (Aline Schulman, dans Neuvièmes Assises…, 1993 : 115)

544.

Il y a toujours plus de grâce en l’original qu’en la traduction… qu’il n’y eut jamais translateur, pour suffisant qu’il fust, qui méritast même louange que son autheur… ayant chaque langue je ne sais quoi de naïf et propre non exprimable en l’autre. (Louis Le Roy, 1575 : 56)

545.

Rien n’est si ordinaire aux Traducteurs, pour inspirer au Public quelque estime de leur travail, que de commencer par l’éloge de l’Ouvrage qu’ils ont à traduire, & par celui de l’Auteur qui l’a composé. (Pierre-François Le Courayer, 1736 : I)

546.

C’est un usage immémorial parmi les traducteurs de relever l’excellence de l’auteur qu’ils traduisent. Ils prétendent justifier leur goût en prouvant la perfection de l’original qu’ils ont choisi ; et ils recommandent en même temps leur propre ouvrage, où ils se flattent d’avoir fait passer les mêmes beautés qu’ils font valoir. (Antoine Houdar de La Motte, « Discours sur Homère » [c1714], 2002 : 159)

547.

Le plus grand tort qu’on puisse faire à une coppie, c’est de luy montrer son original, veu qu’elle perd toute sa grace devant luy, et que la Nature mesme a peine à faire deux choses qui se ressemblent. (Nicolas Perrot d’Ablancourt, « Préface », Annales [c1640] de Tacite, dans Zuber, 1972 : 128)

548.

Ceux qui traduissent des livres, ont coutume d’en loüer la beauté & l’excellence, pour faire estimer d’avantage leur travail, & montrer la bonté de leur discernement. (Abraham Nicolas Amelot de la Houssaie, 1683 : I)

549.

Il n’y a pas un seul vers dans Homere où je ne sente une beauté, une force, une harmonie, une grace qu’il m’a été impossible de conserver. (Anne Dacier, « Préface », L’Illiade [c1699], 1719, I : XXXVI)