550. |
Je mets un bon traducteur au-dessus d’un bon auteur. (Emil Michel Cioran, 1997 : 387) |
551. |
En accordant aux écrivains créateurs le premier rang qu’ils méritent, il semble qu’un excellent traducteur doit être placé immédiatement après, au-dessus des écrivains qui ont aussi bien écrit qu’on le peut faire sans génie. (Jean d’Alembert, « Observations sur l’art de traduire » [c1763], 1967, IV : 36) |
552. |
Les traducteurs reçoivent à peine une mention, bien qu’ils méritent un prix Nobel. (Daniel Weissbort, 2002 : n. p. En ligne. Traduction) |
553. |
Eh bien, je puis vous dire, monsieur le traducteur, que vous n’êtes pas connu comme vous devriez l’être, dans un monde toujours hostile aux esprits ornés et aux travaux dignes d’estime. (Miguel de Cervantès, 1962 [c1605-1615], II : 443. Traduction : Francis de Miomandre) |
554. |
Au sujet de sa traductrice : « Lorsque je lis une traduction d’Hélène Filion ma maison semble plus grande. » (Margaret Atwood, dans Malena, 2005 : 168) |
555. |
Il y a un héroïsme caché dans un grand nombre d’activités humaines, et la traduction est l’une d’elles. (Jean-Yves Masson, « Postface », dans José Ortega y Gasset, 2013 : 101) |
556. |
Le vrai révolutionnaire en littérature, c’est le traducteur, homme passif par son métier, actif par son influence. (Charles Nodier, 1834 : 249) |
557. |
Aux vertus qu’on exige d’un traducteur, y aurait-il beaucoup d’écrivains qui fussent dignes d’être traducteur ? (Paulo Rónai, dans Traduire, 1976, 87 : 1) |
558. |
Ce fou de traducteur jette des ponts vers une rive inaccessible. Sans lui, pourtant, nous resterions enfermés dans notre île. (François Vermeulen, 1976 : 111) |
559. |
Au sujet de Nicolas Perrot d’Ablancourt : « Il faut bien qu’il ayt raison, puisqu’on lit ses traductions comme des originaux. » (Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes [c1657], 1854-1860, V : 25) |
560. |
Sans le traducteur, nous vivrions dans des chapelles arrogantes de silence. (George Steiner, 1970 : 25. Traduction) |
561. |
Bien que je n’aime pas les révolutions sanglantes, je souhaite que les traducteurs se révoltent. Ce sont eux qu’il faut à tout prix libérer. (Isaac Bashevis Singer, 1970 : 112. Traduction) |
562. |
On ne peut pas mépriser le traducteur pas plus que la femme pour la bonne raison qu’on ne peut pas se passer ni de l’un ni de l’autre. (Isaac Bashevis Singer, 1970 : 112. Traduction) |
563. |
En littérature et en science, comme dans tous les domaines de l’activité humaine, nous avons besoin de traductions et le traducteur m’apparaît souvent plus utile que l’auteur du texte original. (Isaac Bashevis Singer, 1970 : 112. Traduction) |
564. |
Mes traducteurs sont mes meilleurs critiques. (Isaac Bashevis Singer, 1970 : 111. Traduction) |
565. |
Mille choses qui échappent à un homme qui lit, n’échappent point à un homme qui traduit. (Pline le Jeune, Lettres [101-110], 1850 : 630. Traduction : Louis de Sacy) |
566. |
Un Traducteur n’à jamais le nom d’Auteur. Mes pour cela, veù je decourager les Traducteurs ? nanni, et moins ancores les fruster de leur louange due. (Jacques Peletier du Mans, Art poëtique [c1555], 1930 : 106) |
567. |
Traduire, n’est point une chose vile, selon la pensée de quelqu’un ; mais c’est quelquefois une chose assez difficile : et la traduction ne présuppose point, comme il dit, une bassesse de courage, et un ravallement d’esprit, si elle est bien faite. (Michel de Marolles, « Préface » Les satyres de Juvenal [c1653], dans Zuber, 1968 : 137) |
568. |
Épitaphe de Nicolas Perrot d’Ablancourt : L’illustre d’Ablancourt repose en ce tombeau, Son genie à son siecle a servi de flambeau. Dans ses fameux escrits toute la France admire Des Grecs & des Romains les precieux trezors. A son trespas on ne peut dire Qui perdit le plus des vivans ou des morts. (Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes [c1657], 1854-1860, V : 30) |
569. |
Voltaire s’adressant à Mme Dacier : « Madame, sans vouloir troubler la paix de votre ménage, je vous dirai que je vous estime et vous respecte encore plus que votre mari ; car il n’est pas le seul traducteur et commentateur ; et vous êtes la seule traductrice et commentatrice. » (Voltaire, « Scoliaste – À Madame Dacier sur Homère » [c1764], 1879, XX : 409) |
570. |
Éloge adressé à Jean Hamelin, traducteur de Tite-Live : Si tous les bons auteurs de Rome & de la Grece Estoient ainsi traduits, la Françoise jeunesse, Sans tant se travailler à comprendre des mots, (comme des estourneaux dans une cage enclos) Apprendroient la science en leur propre langage… (Pierre de Ronsard, Seconds Meslanges [c1559], dans du Bellay, 1966 : 59) |
571. |
Éloge de Jacques Amyot : « Je donne avec raison, ce me semble, la palme à Jacques Amiot sur tous nos escrivains François, non seulement pour la naïfveté et pureté du langage, en quoy il surpasse tous autres, ny pour la constance d’un si long travail, ny pour la profondeur de son sçavoir, ayant peu développer si heureusement un autheur si espineux et ferré […] ; mais sur tout je lui sçay bon gré d’avoir sçeu trier et choisir un livre si digne et si à propos, pour en faire present à son pays. » (Michel de Montaigne, 1962 [c1580] : 344) |
572. |
À propos des traducteurs du XVIe siècle en France : « On dirait qu’ils se sentent revêtus comme d’un sacerdoce ; que l’antiquité est un temple interdit aux profanes dont eux seuls permettent ou défendent l’entrée. Sous cet aspect, cet humble labeur de traduire grandit et s’élève jusqu’à la hauteur d’une œuvre civilisatrice. (Frédéric Hennebert, 1968 [c1861] : 15) |
573. |
Au sujet Joukovski, traducteur de l’Odyssée : « Le traducteur, de façon invisible, est devenu comme l’interprète d’Homère, comme une sorte de verre optique, éclaircissant, placé devant l’œil du lecteur, au travers duquel apparaissent encore plus nettement et clairement ses innombrables trésors. » (Nicolas Gogol, « Lettre à N. M. Yazykov, 1845 », 1966 : 1520. Traduction : José Johannet) |
574. |
Au sujet de Malherbe, traducteur de Sénèque : « Un autre que lui ne se fût jamais servi avec tant de jugement et de retenue de ces libertés, absolument nécessaires pour bien traduire. » (Antoine Godeau, « Discours sur les œuvres de M. de Malherbe » [c1630], dans Malherbe, 1862, I : 371) |
575. |
À propos de la traduction portugaise de son Art poétique par le comte d’Ériceyra : « La traduction que votre excellence a bien daigné faire de mon Art poétique, et les éloges dont elle l’a accompagné en me l’envoyant, m’ont donné un véritable orgueil. Il ne m’a plus été possible de me croire un homme ordinaire, en me voyant si extraordinairement honoré ; il m’a paru que d’avoir un traducteur de votre capacité et de votre élévation étoit pour moi un titre de mérite, qui me distinguoit de tous les écrivains de notre siècle. (Nicolas Boileau, « Réponse à la lettre du comte d’Ériceyra » [c1697], 1860 : 305) |
576. |
À propos de la traduction portugaise de son Art poétique par le comte d’Ériceyra : « J’ai assez bien entendu votre traduction pour m’y admirer moi-même, et pour me trouver beaucoup plus habile écrivain en portugais qu’en françois. En effet, vous enrichissez toutes mes pensées en les exprimant. Tout ce que vous maniez se change en or, et les cailloux mêmes, s’il faut ainsi parler, deviennent des pierres précieuses entre vos mains. (Nicolas Boileau, « Réponse à la lettre du comte d’Ériceyra » [c1697], 1860 : 305) |
577. |
Tant vaut une société, tant valent les traductions qu’elle accepte. C’est dire l’importance de l’œuvre des traducteurs. (Jean-François Joly, 2014 : XXI) |
578. |
Éloge adressé à Michel de Marolles : Tu fais sortir les morts de leurs fameux tombeaux Dans tes traductions, si pompeux et si beaux Qu’aux rives de la Seine ils ont l’air aussi libre Qu’ils l’eurent autrefois sur les rives du Tybre. (Antoine Godeau, « Epistres morales » [c1650], dans Zuber, 1968 : 126) |
579. |
Combien de différends et de malentendus on aurait pu éviter, combien de temps on aurait pu gagner si seulement on avait fait confiance aux traducteurs pour résoudre bon nombre de litiges ! (Friedrich von Gentz, « Journal, septembre 1814 », 1999 : V. Traduction) |
580. |
On n’a jamais assez souligné l’importance de la traduction et surtout le mérite des traducteurs dans l’histoire des peuples, dans leurs développements culturels ou encore dans l’essor technique et scientifique à travers les âges. (André Clas, 2002 : 11) |
581. |
Quel magnifique avenir est réservé aux traducteurs, quel champ d’activité prodigieux ! Quelle gratitude de millions d’hommes ! Que de joies : que de responsabilités ! (Edmond Cary, 1949 : 91) |
582. |
Certains auteurs mondialement connus qui, parfois, mettent en cause tel ou tel de leurs traducteurs avec une vigueur proportionnelle à leur notoriété feraient bien de se souvenir que sans ces modestes artisans de la langue, ils seraient restés dans les oubliettes de la littérature mondiale. (Jean-Claude Capèle, 1998 : n. p. En ligne) |
583. |
En étant traduits, mes textes se sont améliorés et, à force d’être traduits, ils finiront bien par être dignes de rester dans quelque bibliothèque… (Jorge Luis Borges, dans Stanké, 1988 : 429) |
584. |
En 1977, dans une interview télévisée avec son traducteur Roger Caillois, Borges, se tournant vers lui, s’exclama : « Ô mon traducteur, ô mon bienfaiteur ! » (Jorge Luis Borges, dans Caillé, 1979 : 43) |
585. |
Il y a ici les poètes, là les romanciers, voire les critiques, tous responsables du sens de la littérature, il faut compter au même titre les traducteurs, écrivains de la sorte la plus rare, et vraiment incomparables. (Maurice Blanchot, 1971 : 69) |
586. |
Les traducteurs du passé ont un sacré mérite : ils ont bâti notre langue française en digérant toutes les autres, en les cannibalisant. (Albert Bensoussan, 1995 : 34) |
587. |
Je ne suis pas loin de croire que nous sommes, nous, les traducteurs, des êtres privilégiés. (Betty Bednarski, « La traduction comme lieu d’échange », dans Beaudet, 1999 : 127) |
588. |
Si tout est vanité en ce monde littéraire, où s’en trouve-t-il moins que chez le traducteur, ce modeste artisan de mots qui s’efface derrière l’artiste original, et qui, par nature et par profession, est plutôt porté à admirer qu’à éblouir ? (Abraham-Henri Becker, 1969 [c1896] : 75) |
589. |
Traduttore, traditore. Cet ingénieux proverbe – oraison funèbre préventive de toute traduction à naître – a charmé plus de critiques qu’il n’a découragé de traducteurs. Leur zèle n’en a pas été effrayé, ni leur nombre restreint : de leurs noms seulement, on ferait un chapitre. (Abraham-Henri Becker, 1969 [c1896] : 74) |
590. |
Une grève des traducteurs en tous domaines (culturel, politique, scientifique, médical, juridique, commercial) paralyserait un pays aussi sûrement qu’une grève générale de l’électricité. (Laure Bataillon, 1991 : 7) |
591. |
La différence du traducteur à l’écrivain n’est qu’une différence de degré, non de nature. Ce qui n’altère pas la dignité de l’écrivain, mais consacre celle du traducteur. (Étienne Barilier, 1990 : 49) |
592. |
Les plus célèbres traducteurs ont éclipsé les auteurs qu’ils ont traduits : Amyot a été plus célèbre que Plutarque ; La Fontaine, qu’Esope ; La Bruyère, que Théophraste ; Baudelaire, que Poe. (Pierre Baillargeon, 1951b : 52) |
593. |
En français, mes œuvres semblent tellement, comment dire, « françaises », et en quelque sorte plus intellectuelles. Sans doute cela tient-il à l’excellent travail de mes traductrices. (Margaret Atwood, 1988 : 32) |
594. |
Il y a parmi nous une espèce de fatalité attachée à tous les arts qui consistent à se revêtir d’un personnage étranger. Il en est que nous avons avili par le préjugé le plus injuste ; il en est que nous ne considérons pas assez, et le métier de traducteur est de ce nombre. (Jean d’Alembert, « Observations sur l’art de traduire » [c1763], 1967, IV : 36) |