595. |
On peut quelquefois se donner la liberté de corriger les défauts de l’Auteur que l’on traduit. (Jean-Baptiste Morvan de Bellegarde, « Des règles de la traduction » [c1695], 1706 : 446) |
596. |
Les traducteurs sont comme les peintres de portraits ; ils peuvent embellir la copie, mais elle doit toujours ressembler à l’original. (Élie Fréron, « Lettre XIII, 12 novembre 1752 », 1966, I : 535) |
597. |
Les graces diverses dont ce Discours brilloit partout, je puis dire sans vanité que j’y en ay mis quelques autres que j’ay tirées du sujet, soit pour le raisonnement, pour la douceur des liaisons, pour l’intelligence des choses, ou pour la beauté du discours. (Jules Pilet de La Mesnardière, « Préface » [c1638], Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan, dans Horguelin, 1981 : 89) |
598. |
Je crois, que c’est une fidélité ridicule, que de copier les défauts de son Original, quand on le peut rendre plus régulier, sans en altérer la substance. (Abraham Nicolas Amelot de la Houssaie, 1683 : XXXI) |
599. |
À propos des traductions embellies : « Vous copiez un vase étrusque, & vous lui donnez l’élégance grecque ; ce n’est point-là ce qu’on vous demande, & ce que l’on attend de vous. » (Jean-François Marmontel, 1751, IV : 952) |
600. |
Au sujet de Luca Assarino qu’il a traduit : « En cette version vous le trouverez non seulement purifié, mais encore infiniment embelly. […] Il n’est plus ce qu’il étoit, mais il est ce qu’il devoit être, et ce qu’il eust esté luy mesme en sa propre langue si la multitude ne l’eust emporté. » (Claude de Malleville, 1640 : VI. En ligne) |
601. |
Il est temps que je prévienne les miens sur les libertés que j’ai prises dans cette traduction. Ce sont les défauts que j’ai cru remarquer dans l’ouvrage qui m’y ont autorisé. (Pierre Le Tourneur, 1770, I : LXV) |
602. |
Il arrive qu’une imperfection dans l’original irrite le traducteur qui la corrigerait volontiers ; il doit pourtant s’y refuser et ne pas refaire ce que le poète n’a pas fait en raison de son âge : ce n’est pas dans son contrat. (Dante Gabriel Rossetti, Dante and His Circle [c1861], 1902 : XV. Traduction) |
603. |
Les fautes et défauts, défaillances, illogismes, négligences d’un auteur doivent-ils être « respectés », ou palliés, par le traducteur ? Cette tentative d’amélioration pourra paraître, dans certains cas, bien téméraire, et, de quelque manière qu’il s’y prenne, c’est au traducteur que l’on reprochera les fautes mêmes de son auteur. (André Gide, 1959, I : XIII) |
604. |
Le traducteur qui a trop grande confiance en soi et trop grande complaisance est enclin à usurper le rôle du juge ; l’auteur qu’il prétendait traduire, il ose le soumettre à son bon plaisir : les endroits qu’il ne goûte point, il les rejette et les remplace par des inventions de son cru. Un pareil homme est un brouillon et non un traducteur ; il rapièce, il ne traduit pas. (Pierre Daniel Huet, « De Interpretatione » [c1661], dans Horguelin, 1981 : 104) |
605. |
Il faut être quelquefois supérieur à son original, précisément parce qu’on lui est très inférieur. (Jacques Delille, Les Géorgiques, « Discours préliminaire » [c1770], 1997 : 333-334) |
606. |
La Traduction est tellement obligee à son subject, qu’elle n’en doit pas amoindrir le sens et les raisons en aucune façon que ce soit : mais plustost que les traictez que l’on veut traduire reçoivent un embellissement et une plus splendide couleur en la traduction. (Pierre de Deimier, 1610 : 256) |
607. |
Si vous êtes traducteur, votre instrument n’est ni la lyre, ni le pinceau – c’est le miroir. Un monsieur qui verrait dans la glace son reflet encadré soudain d’une tignasse préhistorique, ou coiffé d’une perruque Louis XIV, renverrait par le premier courrier au fabricant un miroir qui ne fait pas honnêtement son métier, car on ne lui demande pas d’enjoliver mais de refléter, un point c’est tout. (Irène de Buisseret, 1975 : 55-56) |
608. |
Il est difficile d’estre bien exact en la traduction d’un Auteur qui ne l’est point. Souvent on est contraint d’ajoûter quelque chose à sa pensée pour l’éclaircir ; Quelquefois il en faut retrancher une partie pour donner jour à tout le reste. Cependant, cela fait que les meilleures traductions paraissent les moins fideles. (Nicolas Perrot d’Ablancourt, « Préface », Annales [c1640] de Tacite, dans Zuber, 1972 : 122) |