Humour

891.

La vie d’un traducteur est pleine d’alinéas… (Léo Lack, dans Traduire, 1978, 95 : 1)

892.

Je puis, le dictionnaire et la divination aidant, faire un bon traducteur. (Stéphane Mallarmé, 1871 : 339)

893.

L’âne me semble un cheval traduit en hollandais. (Georg Christoph Lichtenberg, 1997 [c1784-1788] : 382. Traduction : Charles Le Blanc)

894.

Selon ma théorie cabalistique, le Tout-Puissant a confié à Satan la traduction de Sa création et l’œuvre a été publiée avant qu’Il n’ait pu la corriger. (Isaac Bashevis Singer, 1970 : 111. Traduction)

895.

Il m’arrive de penser que l’Univers n’est qu’une mauvaise traduction d’une œuvre de Dieu, ce qui explique que tout est sens dessus dessous ici-bas. (Isaac Bashevis Singer, 1970 : 111. Traduction)

896.

Dans ma jeunesse, je rêvais d’avoir un harem avec beaucoup de femmes ; maintenant, je rêve d’un harem avec beaucoup de traducteurs. Si ces traducteurs étaient des traductrices, alors ce serait vraiment le Paradis sur terre. (Isaac Bashevis Singer, 1970 : 113. Traduction)

897.

Lors d’une conférence, on m’a demandé : « Que feriez-vous si vous étiez face à face devant Dieu ? » J’ai répondu : « Je lui demanderais de m’aider à faire des traductions. Mais je ne lui ferais pas confiance s’il travaillait sans moi. » (Isaac Bashevis Singer, 1970 : 112. Traduction)

898.

À force d’avoir été traduit, le Décalogue a fini par autoriser l’inceste et le meurtre. (François Vaucluse, 2001 : n. p.)

899.

Il n’est pas nécessaire d’entendre une langue pour la traduire, puisque l’on ne traduit que pour des gens qui ne l’entendent point. (Denis Diderot, Les bijoux indiscrets [c1748], 1975-1984, III : 186)

900.

Sur la cène littéraire, ce serait toujours Judas qui tiendrait le rôle du traducteur. (Claude Gagnière, 1996 : 957)

901.

Une traduction parfaite serait l’expression d’un miracle, et c’est Dieu lui-même qui voulut que les miracles fussent rares. (Claude Gagnière, 1996 : 958)

902.

J’en ai contre ces auteurs qui publient des passages en langue étrangère sans en donner la traduction. En me jugeant capable, moi lecteur, de les traduire, ils m’adressent un beau compliment, mais s’ils se donnaient la peine de faire la traduction eux-mêmes, je me passerais bien du compliment. (Mark Twain, 1920 [c1878] : 139. Traduction)

903.

Dans une réception, une jeune femme dit à l’humoriste James Thurber que ses livres sont encore plus drôles en français. Et l’auteur de lui répondre : « Ah oui, il y a quelque chose qui se perd dans mon original. » (James Thurber, dans Braude, 1962, II : 828. Traduction)

904.

À propos de sa traduction d’Eugène Onéguine : « Pouchkine a comparé les traducteurs aux chevaux des relais de poste de la culture. Moi, je ne saurais imaginer plus belle récompense si ma traduction sert de poney aux étudiants. » (Vladimir Nabokov, 1975 [c1963], I : X. Traduction)

905.

On ne sait trop si les traducteurs sont des héros ou des fous. Ils devraient pourtant savoir qu’en afrikaans « Hamlet, I am thy father’s ghost » ressemble à peu près à « Omlet, ek is de papa spook ». (Paul Francis Jennings, « Beatrix Potter Translated » [c1953], dans Potter, 1954 : 109. Traduction)

906.

À propos d’un écrivain qu’il n’aimait pas : « Il gagne beaucoup à être traduit. » (André Gide, dans Duhamel, 2003 : 155)

907.

Je comprends l’allemand aussi bien que le malade qui l’a inventé, mais pour bien le parler j’ai besoin d’un interprète. (Mark Twain, 1880 : 49. Traduction)

908.

— Morbleu ! Je crois que l’interprète est le plus difficile à comprendre des deux ! (Richard Brinsley Sheridan, 1963 [c1781] : 133. Traduction : Germaine Landré-Augier)

909.

Voilà un incompris. C’est malheureux ! Un incompris qui est traducteur par-dessus le marché, c’est pire que de l’infortune, c’est de la tragédie. (Léa Pétrin, 1961 : 56)

910.

Et si vous brûlez de faire de la traduction, faites-en comme passe-temps à la maison ! (Léa Pétrin, 1961 : 49)

911.

On dit parfois que la traduction est l’un des deux plus vieux métiers du monde : la principale différence entre le métier de traducteur et l’autre, c’est que le premier est infiniment moins lucratif. Il existe en revanche un point commun entre ces deux métiers : chacun a ses proxénètes. (John P. Oatmill, dans Traduire, 1982, 111 : 1)

912.

Après quatre siècles d’échanges de traductions entre l’anglais et le français, les meilleures restent, hélas, celles que l’on fait à partir du chinois ! (Vladimir Nabokov, dans Septièmes Assises…, 1991 : 40)

913.

L’original du Coran est gardé au ciel. L’original de la Bible est entre les mains des traducteurs. (Marc de Launay, dans Douzièmes Assises…, 1996 : 133)

914.

La traduction parachève l’œuvre. – Quand elle ne l’achève pas. (François Vaucluse, 2001 : n. p.)

915.

L’œuvre est la fille de la traduction : mère jalouse, fille ingrate, mais si belles toutes deux ! – Courtisons-les ensemble. (François Vaucluse, 2001 : n. p.)

916.

Quand le traducteur attife l’œuvre du costume folklorique de son nouveau canton, elle y laisse sa peau. (François Vaucluse, 2001 : n. p.)

917.

In medio stat virtus ? – Les traducteurs dégradent les bons livres – mais améliorent les mauvais. (François Vaucluse, 2001 : n. p.)

918.

Cher lecteur, apprends le grec et jette ma traduction au feu. (Friedrich Leopold von Stolberg, dans Rosenzweig, 1998 : 153. Traduction : Jean-Luc Évard)

919.

Traduit de l’anglais, du français, du lavaterois5. (Georg Christoph Lichtenberg, 1968 [c1773-1775], I : 259. Traduction : Charles Le Blanc)

920.

À l’endroit des traducteurs qui abusent des synonymes : « Ô messieurs les traducteurs, ne nous sodonymisez pas ! » (Milan Kundera, 1993 : 132)

921.

Si Dieu a puni les descendants de Noé en multipliant les langues afin qu’ils ne s’entendent plus, il faut bien reconnaître que, dans sa bonté et sa miséricorde infinies, il leur a donné les traducteurs, témoins vivants de son incommensurable mansuétude. (Jean Delisle, 1983 : 146)

922.

Sur la couverture du roman humoristique de Léa Pétrin, Tuez le traducteur, un lecteur a écrit : « Le traducteur dans le pétrin a du pain sur la planche, alors il met la main à la pâte, car la traduction, c’est pas de la tarte ! » (Anonyme)

923.

En Grande-Bretagne, tout se passe comme si n’importe qui pouvait se faire bombarder traducteur, à condition d’avoir passé des vacances en Dordogne ou d’avoir épousé un ressortissant français ! (James Grieve, dans Septièmes Assises…, 1991 : 40)

924.

N’est-ce pas Satan lui-même […] qui fut l’inspirateur de toutes les tentatives humaines visant à remédier à l’universelle incompréhension ? Paradoxe fort soutenable, en somme, qui permettrait alors d’expliquer le caractère diabolique et la nature forcément imparfaite de toute traduction ! (Claude Gagnière, 1996 : 957)

925.

Est-ce qu’on écrit pour être traduit, surtout quand on a commencé sans lecteurs ? On écrit comme de bons enfants de Dieu, pour le bon Dieu lui-même, et l’on est tout surpris, un jour, d’apprendre qu’on a des lecteurs. Après arrivent les traducteurs, eux, ce sont des martiens, pas moins. (Jacques Ferron, dans Michaud, 1995 : 370)

926.

La TRADUCTOPATHIE, pouvait-on lire dans le rapport du psychiatre, est une maladie caractérielle évolutive chronique. Son agent pathogène : le virus de la traduction. L’équilibre du traductopathe est perturbé par une longue pratique du métier de traducteur. (Jean Delisle, 1983 : 34)

927.

Le récit de Babel se termine bien pour les traducteurs. Si l’on avait réussi à bâtir la tour, la langue unique aurait probablement donné lieu à l’apparition de conseillers en orientation et de thérapeutes, mais il n’y aurait pas d’écoles de traduction, pas de cabines d’interprétation, pas de revues de traduction. (Michael Cronin, 1995 : 359-360. Traduction)

928.

Traduction – Traîtres-mots. Traduire – Travailler pour l’exportation. (Jean Bonot, 1947 : 140)

929.

Les auteurs sont les faire-valoir des traducteurs, seuls artistes à avoir une conscience internationaliste et multiculturelle. (Claude Bleton, 2004 : 114)

930.

INTERPRÈTE (n.). Celui qui permet à deux personnes de langues différentes de se comprendre, en répétant à chacune d’elles ce qu’il aurait été préférable pour l’interprète que l’autre eût dit. (Ambrose Bierce, 1987 [c1911] : 150. Traduction : Jacques Papy)

931.

Le seul hommage qu’un traducteur français puisse rendre à Shakespeare est de ne pas le traduire. (Sir Max Beerbohm, 1930 [c1899], I : 48. Traduction)

932.

Les Français sont aussi fidèles comme traducteurs que comme maris. (Jean Paul, dans Batista, 2003 : 21)

933.

Tout traducteur est une dame qui reçoit la semence de monsieur l’original pour mettre au monde cet enfant métis d’autant plus légitime qu’il sera le portrait de son père. (Carlos Batista, 2003 : 17)

934.

La traduction est une forme légitime de plagiat par laquelle on peut même espérer s’élever jusqu’à la gloire avec des ailes empruntées. (Justin O’Brien, dans Braude, 1962, II : 827. Traduction)

5. Johann Kaspar Lavater (1741-1801), écrivain, penseur et théologien suisse allemand, fut vivement critiqué par Lichtenberg qui le considérait comme un faux savant.