1026. |
De toutes les langues européennes, celle qui facilite le moins la tâche du traducteur est la langue française. (José Ortega y Gasset, 2013 : 73. Traduction : François Géal) |
1027. |
Le français est souple, plus que les traducteurs. (Henri Meschonnic, « Pour une poétique de la traduction » [c1970], 1986a : 14) |
1028. |
Les idiotismes de telle langue ne sont eux-mêmes que la traduction, dans cette langue, d’un Quelque Chose que le français lui aussi peut traduire et traduit, à sa manière et par d’autres voies. (Étienne Barilier, 1990 : 25) |
1029. |
À propos de la langue française : « Notre langue est la plus sévère de toutes dans ses lois, la plus uniforme dans sa construction, la plus gênée dans sa marche. Faut-il s’étonner qu’elle soit l’écueil des traducteurs, comme elle est celui des poëtes ? » (Jean d’Alembert, « Observations sur l’art de traduire » [c1763], 1967, IV : 33) |
1030. |
S’il y a une langue rebelle à la traduction, c’est la Françoise : on lui en fait un reproche, qui paroit fondé, & je ne serois pas surpris que les traducteurs françois, irrités des obstacles qu’elle leur opose, se rangeassent du parti de ceux qui se plaisent le plus à la déprimer. (Paul-Jérémie Bitaubé, 1775, II : 479) |
1031. |
Traduire de l’anglais en français, ce n’est pas un problème d’anglais, c’est un problème de français. Certes la connaissance de l’anglais est indispensable. Mais il s’agit pour le traducteur d’une connaissance passive, réceptrice, incomparablement plus facile à acquérir que la possession active, créatrice impliquée par la rédaction en français. (Michel Tournier, 1977 : 159-160) |
1032. |
On enseigne et on apprend de mieux en mieux l’anglais, chez nous. Les traducteurs deviendront inutiles. Dommage, car le français ne peut que gagner à épouser une forme étrangère. (Jean Catel, dans « L’enquête des Cahiers du Sud », 1927 : 259) |
1033. |
Que doit-on attendre d’une traduction en une langue comme la nostre, tousjours sage, ou plustost tousjours timide, & dans laquelle il n’y a presque point d’heureuse hardiesse, parce que tousjours prisonniere dans ses usages, elle n’a pas la moindre liberté ? (Anne Dacier, « Préface », L’Illiade [c1699], 1719, I : XXXI) |
1034. |
La traduction de tout Shakespeare n’est pas à comparer, pour son influence sur le français, avec les traductions quotidiennes des dépêches A.P., U.P. et Reuter. (Jacques Olivier Grandjouan, 1971 : 198) |
1035. |
En s’ouvrant à la sensibilité des auteurs étrangers, le français fait la preuve de sa plasticité, de ses possibilités d’ouverture aux autres. (André Markowicz, dans Bélair, 2002 : C-3) |
1036. |
Parce qu’elle est incapable de traduire, la langue française est, plus facilement que toutes les autres langues, traduisible dans toutes les langues cultivées. […] Les moindres beautés de la langue française peuvent être facilement rendues. (Giacomo Leopardi (2004), « 12 septembre 1821 » : 794. Traduction : Bertrand Schefer) |