Liberté du traducteur

1127.

En traduisant je perds la liberté que j’avais en tant que lecteur. J’ai des comptes à rendre à l’auteur. (Rose-Marie Vassallo-Villaneau, dans Douzièmes Assises…, 1996 : 169)

1128.

Je ne vois pas pourquoi le traducteur ne pourrait bénéficier de la même souplesse d’écriture que l’auteur, ni pourquoi il devrait s’enfermer dans un carcan qu’il aurait créé lui-même, ce qui serait assez… masochiste. Il faut être libre pour écrire, mais pour traduire aussi. Libre et autonome. (Anne Wade Minkowski, dans Cinquièmes Assises…, 1989 : 156)

1129.

Je traduirai tout avec cette liberté sans laquelle aucune traduction ne s’élève au-dessus du mot à mot. (Samuel Butler, 1924 [c1901] : 56. Traduction : Valery Larbaud)

1130.

Traduire n’est pas singer ! Questionnement d’une liberté, c’est le droit, c’est même le devoir d’être soi-même tout aussi libre, et avec bonne conscience. (Yves Bonnefoy, 2000 : 78)

1131.

Le traducteur a tous les droits dès lors qu’il joue franc jeu. (Antoine Berman, 1995 : 93)

1132.

Le traducteur ne dispose que d’une liberté raréfiée, tel l’oxygène dans les profondeurs de l’eau. (Carlos Batista, 2003 : 79)

1133.

Les « libertés » du traducteur sont fidélité sans faille à l’intensité sémantique originelle. (Étienne Barilier, 1990 : 32)

1134.

Le traducteur n’est maître de rien ; il est obligé de suivre partout son auteur, et de se plier à toutes ses variations avec une souplesse infinie. (Charles Batteux, 1748, II : 64)

1135.

À l’égard de Shakespeare, seuls sont de mise un naturel absolu et une totale liberté intellectuelle. (Boris Pasternak, « Mes nouvelles traductions » [c1942], 1990 : 1347. Traduction : Catherine Perrel)

1136.

Un adaptateur peut prendre beaucoup de libertés, le traducteur aucune. (Bernard Lesfargues, « Enquête de la FIT… », 1959 : 103)

1137.

Liberté et responsabilité, tous les traducteurs littéraires naviguent non pas entre ces deux divinités, mais portés par elles. (Christine Klein-Lataud, 2004 : n. p. En ligne)

1138.

La liberté du traducteur correspond à celle de l’auteur de dire ceci ou cela, de telle ou de telle manière. (Charles Le Blanc, dans Abou Fadel et Awaiss, 2005 : 132)

1139.

L’unique devoir du traducteur est de suivre toujours son Maître, mais quelquefois un peu loin. (Pierre Desfontaines, 1765, I : XLI)

1140.

La liberté du Traducteur s’étend même jusqu’à adoucir, transposer & même supprimer certaines idées accessoires, qui n’ont aucun agrément en François. (Pierre Desfontaines, 1967b [c1738], XVI : 150)

1141.

On permet au traducteur d’être ancien avec les anciens ; on lui en fait même une loi : mais on veut qu’il le soit avec grâce et que, chargé d’entraves, il marche en liberté. (Jean-Louis Burnouf, 1933 : XXI)

1142.

Un second obstacle que les traducteurs se sont donné, c’est la timidité qui les arrête, lorsqu’avec un peu de courage ils pourraient se mettre à côté de leurs modèles. (Jean d’Alembert, « Observations sur l’art de traduire » [c1763], 1967, IV : 37)

1143.

La différence de caractère des langues ne permet presque jamais les traductions littérales. […] Mais l’impossibilité où le traducteur se trouve de rendre son original trait pour trait, lui laisse une liberté dangereuse. (Jean d’Alembert, « Observations sur l’art de traduire » [c1763], 1967, IV : 32)