Paradoxe de la traduction

1744.

La traduction semble victime d’un étrange paradoxe : d’une part, un large consensus admet son rôle fondamental dans la culture, d’autre part, elle a longtemps occupé une position marginale dans la réflexion philosophique. (Arno Renken, 2002 : 11)

1745.

Paradoxalement, plus une œuvre exprime un trait particulier du génie d’une nation, plus elle attire les traducteurs. (Paul Francis Jennings, « Beatrix Potter Translated » [c1953], dans Potter, 1954 : 109. Traduction)

1746.

Chaque époque adapte et rajeunit par la traduction les grandes œuvres du passé et, en même temps, sa propre image s’y réfléchit. Telle une psyché, la traduction révèle une époque à elle-même. Paradoxe de la traduction. (Jean Delisle)

1747.

Nécessaire, puisque la diversité des langues entrave l’avidité du savoir, la traduction est, théoriquement, impossible. Mais l’art aussi est impossible. (François Vermeulen, 1976 : 111)

1748.

C’est dans la traduction que l’innocence perdue après la première lecture est rétablie sous d’autres atours, puisque le lecteur se retrouve face à un nouveau texte et au mystère attenant. Tel est l’inévitable paradoxe de la traduction, et aussi sa richesse. (Alberto Manguel, 1998 : 320. Traduction : Christine Le Bœuf)

1749.

Je me disais qu’il serait bon de traduire, enfin d’essayer. Alors j’ai connu que traduire est impossible, que traduire est inévitable. (Jacques Brault, 1975 : 15)

1750.

La traduisibilité et l’intraduisibilité sont comme déterminées a priori par la nature même des œuvres. Paradoxe pouvant se formuler ainsi : ce qui ne s’est pas déjà traduit soi-même n’est pas traduisible, ou ne mérite pas d’être traduit. (Antoine Berman, 1984 : 34)

1751.

L’imperceptibilité du traducteur cache une illusion : le texte traduit semble « naturel », c’est-à-dire non traduit. (Pascale Casanova, 2015 : 125)