Théorie de la traduction

2273.

La théorie de la traduction commence par des excuses ou des justifications. (Michel Ballard, 1995 [c1992] : 274)

2274.

Si, pour sa survie, la traduction avait dû compter sur la théorie, elle serait disparue bien avant Cicéron. (Louis G. Kelly, 1979 : 219. Traduction)

2275.

Il n’existe pas – et ne peut pas exister – de science de la traduction, bien que cette activité peut et doit être étudiée scientifiquement. (Octavio Paz, « Translation : Literature and Letters » [c1971], dans Schulte et Biguenet, 1992 : 157. Traduction)

2276.

Une bonne théorie se fonde sur la pratique et une bonne pratique s’appuie sur une théorie bien conçue. Il y a entre la théorie et la pratique une interdépendance, une tension. (Mildred L. Larson, 1991 : 1. Traduction)

2277.

Ce qu’il est permis d’attendre d’une théorie de la traduction, c’est précisément une aide à la conceptualisation, à la problématisation et à la formulation des difficultés que rencontre le traducteur dans son travail. (Jean-René Ladmiral, 1979 : 116)

2278.

J’ai remarqué que les théories sur la traduction sont généralement produites par ceux qui l’ont peu pratiquée. On devient un peu suspicieux quant à l’utilité des théories dès que l’on pratique beaucoup quelque chose. (Serge Fauchereau, 1980 : 35)

2279.

Les théories de la traduction sont des objets passionnants mais peu utilisables, on est obligé de développer sa propre théorie et sa propre pratique pour chaque auteur, voire pour chaque texte. (Stefan Zweifel, « Le sadomasochisme comme principe de traduction », dans Graf, 1998 : 135. Traduction : Gilbert Musy)

2280.

À propos du XVIIe siècle : « Il n’y eut pas dans toute l’histoire de la traduction en France, de période où la manière de traduire suscitât plus d’intérêt théorique. » (Roger Zuber, 1968 : 77)

2281.

La raison d’être d’une théorie de la traduction est son applicabilité. (Jean-Paul Vinay, 1975 : 36. Traduction)

2282.

Je conçois la théorie de la traduction comme le tremplin de la pratique. (Jean-Paul Vinay, 1991 : 159. Traduction)

2283.

La théorie de la traduction doit d’abord et avant tout aider les traducteurs à produire une bonne traduction en leur servant de phare et de guide. (Jean-Paul Vinay, 1991 : 159. Traduction)

2284.

J’estime que l’utilité principale, sinon la seule, d’une théorie de la traduction est d’aider les traducteurs dans leur travail. (Jean-Paul Vinay, 1991 : 157. Traduction)

2285.

Une théorie de la traduction devra tenir compte de l’histoire. (Paul St-Pierre, 1990 : 120)

2286.

La théorie de la langue est un tout dont la théorie de la traduction est une subdivision. (George Steiner, 1978 [c1975] : 261. Traduction : Lucienne Lotringer et Pierre-Emmanuel Dauzat)

2287.

Depuis deux mille ans qu’on en débat et qu’on légifère, les certitudes et les désaccords sur la nature de la traduction sont, pour ainsi dire, les mêmes. (George Steiner, 1978 [c1975] : 330. Traduction : Lucienne Lotringer et Pierre-Emmanuel Dauzat)

2288.

Une théorie de la traduction serait une théorie de la lecture poétique du texte littéraire. (Charles Le Blanc, 2009 : 114)

2289.

En lisant certains articles sur la théorie de la traduction, j’ai l’impression que les théoriciens de la traduction ne font qu’appuyer leurs propres préjugés avec des raisons soi-disant plausibles. (Aloys Skoumal, 1970 : 74)

2290.

Les traducteurs se sont librement contredits les uns les autres sur presque tous les aspects de leur art. (Theodore Savory, 1968 [c1957] : 9. Traduction)

2291.

La théorie de la traduction ne saurait se contenter de confronter l’original et une ou deux ou trois traductions déjà faites. Elle doit être construite en grande partie expérimentalement ; le théoricien doit être traducteur et, en la circonstance, le traducteur doit être théoricien. (Léon Robel, 1973 : 9)

2292.

Par sa nature même la poésie doit être l’objet privilégié d’une théorie de la traduction. (Léon Robel, 1973 : 6)

2293.

La pratique de la traduction reste une opération risquée toujours en quête de sa théorie. (Paul Ricœur, 1999 : 10)

2294.

Il y a une différence fondamentale entre une théorie de la traduction et une théorie du traduire ; la première porte sur la réception, la seconde sur la création. (Arno Renken, 2002 : 97-98)

2295.

Il est impossible de fonder une théorie de la traduction sur la seule notion d’identification. (Arno Renken, 2002 : 19)

2296.

La linguistique contrastive tend à s’ériger abusivement en science de la traduction, dont elle n’est en fait que le produit. (Maurice Pergnier, 1973 : 29)

2297.

Les chapelles se disputent le traducteur qui se déchire souvent sur l’autel du remords de la théorie contradictoire, à force de ne savoir plus à quel saint se vouer. (Benito Pelegrin, dans Actes des deuxièmes Assises…, 1986 : 125)

2298.

Une théorie de la traduction doit servir principalement à proposer des manières de traduire applicables au plus grand nombre de textes ou genres de textes possible. (Peter Newmark, 1982 : 19. Traduction)

2299.

Une théorie de la traduction est futile si elle ne découle pas de la pratique, de la nécessité de faire un arrêt et de réfléchir pour analyser tous les facteurs tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du texte avant de faire un choix. (Peter Newmark, 1988 : 9. Traduction)

2300.

La théorie de la traduction n’est ni une théorie, ni une science, mais l’ensemble des connaissances que nous avons et que nous devons encore acquérir sur la manière de traduire. (Peter Newmark, 1982 : 19. Traduction)

2301.

Dans les cas les meilleurs, les traducteurs proposent ou codifient des impressions générales, des intuitions personnelles, des inventaires d’expériences, et des recettes artisanales. En rassemblant, chacun selon son gré, toute cette matière, on obtient un empirisme de la traduction, jamais négligeable, certes, mais un empirisme. (Georges Mounin, 1963 : 12)

2302.

Penser la théorie du traduire et penser son histoire, ses histoires, sont inséparables. (Henri Meschonnic, 1999 : 32)

2303.

La théorie de la traduction n’est pas une linguistique appliquée. Elle est un champ nouveau dans la théorie et la pratique de la littérature. (Henri Meschonnic, 1973 : 330)

2304.

Il n’y a pas de pratique du traduire sans théorie de ce qu’on fait. Une pratique sans théorie revient à refaire ce qui a déjà été fait. Ce n’est donc pas un retraduire. (Henri Meschonnic, 2001 : 15)

2305.

Une théorie de la traduction des textes est nécessaire, non comme activité spéculative, mais comme pratique théorique, pour la connaissance historique du processus social de textualisation, comme une translinguistique. (Henri Meschonnic, 1973 : 305)

2306.

Il n’y a pas de théorie de la traduction sans son histoire, pas d’histoire de la traduction sans en impliquer la théorie. (Henri Meschonnic, 1999 : 34)

2307.

Écrire sur la traduction n’a de sens que si cela contribue à mieux faire connaître les agents qui influent sur la qualité du travail des traducteurs et nous renseigne sur l’effet produit sur les lecteurs par les manières de traduire choisies. (Jirí Levý, dans « Réflexions sur la traduction », 1987 : 84. Traduction)

2308.

La théorie de la traduction doit décrire le processus de la traduction et non pas tenter de formuler des règles utiles pour produire de bonnes traductions. (André Lefevere, dans La traduction dans l’enseignement…, 1983 : 18. Traduction)

2309.

Tout compte fait, la théorie de la traduction doit servir de guide au traducteur, éclairer les sentiers tortueux qu’il doit suivre et lui proposer des raccourcis utiles. (Vilen Komissarov, 1985 : 208. Traduction)

2310.

C’est uniquement au moyen d’une typologie des fonctions qu’une théorie de la traduction pourra rendre justice à la fois à la traduction de la Bible et des boîtes de céréales bilingues. (Louis G. Kelly, 1979 : 226. Traduction)

2311.

Tout au long de l’histoire de la traduction, il y a eu un tiraillement entre les considérations d’ordre rhétorique et linguistique. (Louis G. Kelly, 1979 : 121. Traduction)

2312.

La théorie de la traduction a toujours été une branche de la linguistique appliquée. Mais, comme toute application doit être subordonnée à une fin, elle est aussi une branche de la théorie littéraire ou de la philosophie. Chercher à atteindre un but sans technique c’est tâtonner, posséder une technique sans avoir de but à atteindre est stérile. (Louis G. Kelly, 1979 : 65-66. Traduction)

2313.

En tant que discipline, la stylistique a peu contribué à l’étude de la traduction. (Louis G. Kelly, 1979 : 23. Traduction)

2314.

Les « théories de la traduction » sont une appellation erronée, arrogante. Impliquant comme il se doit celui d’expériences cruciales et de falsifications, le concept de théorie est largement spécieux quand il est invoqué par les sciences humaines. (George Steiner, 1998 [c1997] : 135. Traduction : Pierre-Emmanuel Dauzat)

2315.

Ce ne sont pas les mêmes personnages qui théorisent (l’impossibilité) et qui traduisent ; il y a ceux qui parlent et ceux qui font. (Jean-René Ladmiral, 1979 : 88)

2316.

Il n’y a pas de rupture entre théorie et pratique, et cette relation fonctionne dans les deux sens. La théorie naît de la pratique, et la théorie a une visée pratique plus ou moins forte, elle peut en tout cas avoir des retombées pratiques même si elle n’a pas eu cette visée. (Michel Ballard, 1995 [c1992] : 272)

2317.

C’est dans les innombrables « Art de traduire » qu’on doit chercher les vues théoriques des siècles successifs sur la traduction. (Edmond Cary, 1962 : 127)

2318.

Trop de théoriciens méditent in vitro sur des phénomènes en grande partie imaginaires, parce que non observés, ou bien se réfèrent à une réalité choisie pour être conforme à leurs théories. (Paul Chavy, 1984 : 118)

2319.

Une pratique de la traduction requiert une théorie de la traduction des textes dans la proportion exacte où l’amour requiert une théorie de l’amour, ou l’écriture une théorie de l’écriture. (Marc Chénetier, 1995 : n. p. En ligne)

2320.

Je suis dans une ignorance totale des théories de la traduction ; plus grave encore, je n’ai jamais réfléchi aux problèmes qu’elle pose ; j’ai donc toujours pratiqué cet art de façon à peu près uniquement instinctive, pour ne pas dire à la légère. (Philippe Jaccottet, dans Vischer, 2003 : 11)

2321.

La théorie doit être mise au service de la pratique ; en fait, si elle n’a aucune utilité pratique, il est probable qu’elle sera vite oubliée. (Marilyn Gaddis Rose, dans Danaher, 1992 : 15. Traduction)

2322.

La traduction est à la fois un problème littéraire et linguistique. Une théorie qui ignorerait la forme linguistique de l’œuvre désarmerait littéralement le traducteur. (Efim Etkind, 1963 : 135. Traduction : Christian Balliu)

2323.

Avoir ou non une expérience concrète de la traduction n’est pas sans conséquence sur les réflexions théoriques que l’on peut formuler sur le sujet. (Umberto Eco, 2001 : 6. Traduction)

2324.

On peut se demander si l’opération traduisante est suffisamment complexe pour justifier, au niveau du 1er cycle universitaire, une théorie très poussée. […] La guerre est un art simple et tout d’exécution. Il est permis de penser qu’il en est de même de la traduction. (Jean Darbelnet, 1981 : 265)

2325.

Peut-être serions-nous sur un terrain plus solide et plus accessible aux jeunes esprits peu réceptifs aux abstractions, si au lieu de penser théorie, on pensait principes. (Jean Darbelnet, 1981 : 265)

2326.

C’est le travail de traduction religieuse qui a amené la naissance de la théorie de la traduction. (Edmond Cary, 1956 : 68)

2327.

Aucune « théorie » du traduire ne serait nécessaire si quelque chose ne devait pas changer dans la pratique de la traduction. (Antoine Berman, 1984 : 39)

2328.

On peut décrire les opinions qui circulent sur la traduction comme un chaos de malentendus. (Ernest Stuart Bates, 1936 : 109. Traduction)

2329.

Quand je traduis, je ne sais pas ce que je fais, et je me moque bien de le savoir ! Je n’ai aucune théorie. La théorie, elle vient après, à la rigueur. (Georges-Arthur Goldschmidt, 1995 : 15)