En guise de conclusion…
« La civilisation occidentale, qui a longtemps été brillante en raison de sa perfection scientifique, et qui a subjugué le monde entier avec les produits de cette science pour ses États et ses nations, est maintenant en faillite et en déclin. Si l’État juif devient un fait, et les peuples arabes le réalisent, ils chasseront les Juifs qui vivent au milieu d’eux dans la mer.
Réislamisation, entrisme, sémantique,
boycott et victimisation : le projet frériste
Cet ouvrage, le lecteur l’aura compris, s’appuie sur plus de quinze années de recherches, d’enquêtes et de
reportages durant lesquelles nous sommes allés à la rencontre de hauts responsables, de cadres et de militants de La Confrérie islamiste en Égypte, en Turquie, au Qatar, en
Arabie saoudite, en Jordanie, en Israël et en Palestine, au Liban, en Algérie, au Maroc, en Angleterre et en Espagne. Qu’il s’agisse d’
Azzam Tamimi, de Mohamed
Habib, de
Fadl Taha, de
Mahfouz Azzam, de Gamal al-Banna (le frère d’Hassan al-Banna), d’Abu Tariq, d’Essam El Erian, ou encore de
Tariq Ramadan avec lequel
Alexandre del Valle a débattu, sans oublier de simples quidams comme Abdel et Karim dont nous avons parlé, nous avons réalisé auprès d’eux des dizaines d’heures d’entretiens, écrits, sonores ou vidéos, et compulsé – souvent grâce à leurs indications – des centaines de pages de documents originaux émanant de leur organisation. Chaque fois, nous nous sommes fait un devoir de les écouter et de demeurer dans l’empathie, pour comprendre au mieux leurs revendications, analyser leurs paroles, décrypter sereinement leur projet, et mesurer la portée réelle de leur « mission » d’islamisation. Notre objectif était de réaliser un ouvrage qui soit le plus fiable et le plus sourcé possible, afin d’étayer notre propos par des faits indiscutables. Nous avons également confronté nos analyses, usant de méthodologie journalistique et de rigueur scientifique, au prix parfois d’interminables discussions, et d’innombrables recoupements.
Systématiquement, nous avons fait la part des choses, distinguant bien l’islam pratiqué pacifiquement par nombre de musulmans dans le monde, de l’islamisme mortifère qui prône le Jihad conquérant. Nous sommes en effet clairement partisans du dialogue entre les cultures
et les religions comme de la coopération entre les rives occidentales et orientales de la Méditerranée, que ce soit en matière économique, environnementale, politique, culturelle et sécuritaire. Pour nous, l’islam en tant que religion pratiquée de manière privée et purgée de ses dispositions politico-guerrières chariatiques n’est pas le problème – même si l’islamisme en est le
continuum
déviant. La présence de musulmans issus de sociétés non européennes dans nos pays pluralistes n’est pas davantage un problème en soi, dès lors qu’ils adhèrent en tant que citoyens à un projet démocratique et laïque respectueux des traditions, des identités, des principes et des valeurs de nos sociétés européennes, indissociables de la liberté d’expression, de l’égalité entre les sexes et bien sûr de cette fraternité qui lient les citoyens entre eux et à la Nation. Nous en sommes d’ailleurs tellement convaincus qu’en contrepoint de nos interlocuteurs islamistes, nous nous sommes donnés pour devoir de travailler le plus souvent avec des acteurs de terrain issus de l’immigration musulmane qui luttent contre le fondamentalisme religieux.
Nous avons ainsi évoqué la question centrale de la « privatisation » de l’islam et de sa nécessaire adaptation aux sociétés occidentales avec des responsables religieux musulmans comme le recteur de la mosquée de Paris,
Dalil Boubakeur, les frères
Souheib et
Ghaleb Bencheikh ou l’imam Chalghoumi. Nous avons également nommé et interrogé – entre autres – des spécialistes tels
Youssef Chiheb, l’expert du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), passé maître dans l’art du décryptage de la dialectique islamiste,
Naëm Bestandji,
ce militant qui lutte courageusement pour la laïcité et le respect de la liberté des femmes dans les quartiers, ou encore la philosophe algérienne Razika Adnani, qui établit les conditions de l’émergence d’un « islam réformé ». Ces intellectuels nous ont ainsi expliqué et démontré, à partir de leurs travaux et de leurs constats sur le terrain, comment les islamistes, à commencer par les Frères et leurs concurrents salafistes, ont construit un projet global de conquête au nez et à la barbe des pouvoirs publics.
Un « Projet » qui a été théorisé dans des textes officiels, dont l’objectif final est la soumission de la planète aux lois de l’islamisme. Un « Projet » qui va de la réislamisation des jeunes musulmans laïcs via un repli communautaire de type séparatiste (« désassimilation »), à l’entrisme dans les entreprises, les syndicats, l’éducation nationale, les milieux associatifs « anti-racistes » et les clubs de sport, en passant par l’occupation publique de l’espace sonore et visuel, ou encore par la stratégie de boycott économique de grandes marques sur les réseaux sociaux.
Le pire, durant tout la période durant laquelle nous avons enquêté, étant que les responsables islamistes eux-mêmes, à l’instar d’un
Azzam Tamimi, confirment ces constats inquiétants, pointant ainsi du doigt les « puissances coloniales » que sont la France, l’Angleterre ou l’Espagne, qu’ils déclarent vouloir faire chuter en raison de leur soutien aux dictateurs du monde arabe.
Ainsi que tous ces interlocuteurs nous en ont fait prendre conscience, l’islamisme s’est en fait banalisé dans l’Hexagone et dans une partie de l’Europe, devenant
peu à peu partie intégrante du paysage social, étant confondu avec l’islam supposé « modéré » grâce à l’utilisation du discours victimaire des Frères musulmans qui condamnent à tout va « l’islamophobie », dans le cadre d’une stratégie de désinformation visant à soumettre à la « reductio ad Hitlerum » tous ceux qui s’opposent à la tentative frériste et dénoncent ses dérives sectaires.
En quelques décennies, La Confrérie a en effet réussi à faire croire qu’elle incarnait la parole des musulmans d’Europe et de France, parvenant à se positionner comme un interlocuteur incontournable des pouvoirs publics, installant son projet politico-religieux comme la seule issue possible pour une soi-disant « meilleure intégration » sociétale des musulmans.
Telle une avant-garde islamiste qu’ils sont d’ailleurs fiers d’incarner, les
Ikhwan
ont réussi à imposer leur dictat idéologique aux leaders politiques, intellectuels et médiatiques des sociétés « mécréantes » qu’ils ont infiltré en profondeur depuis des décennies, profitant cyniquement du manque de profondeur historique, analytique et patriotique de leurs adversaires politiques qui n’ont hélas pas jugé important d’écouter les nombreuses mises en garde des grandes centrales de renseignement pourtant très claires, envoyées à tous les échelons de responsabilité administrative et politique depuis les années 1990.
Il convient d’ailleurs de rendre hommage à la communauté du renseignement français, laquelle a été la première à alerter sur le fait que l’organisation des Frères musulmans incarnait un réel péril pour notre société. Dès son implantation en France, ses responsables
opérationnels – aux RG, à la DST puis à la DGSI – ont en effet très vite compris les liens complexes qui existaient entre La Confrérie et les milieux jihadistes. Ils ont également mis en exergue, dans plusieurs rapports, la notion de double discours frériste, ainsi que la mise en place d’un vaste de réseau d’associations, de centres culturels et de librairies à travers le territoire français.
Il semble pourtant que peu, en France, aient accepté de regarder la vérité en Face.
La nouvelle trahison des clercs,
ou l’« orwellisation des esprits »
«
Nous détenons la vérité lorsque notre connaissance s’accorde avec la réalité (…) La vérité se trouve d’abord en nous ; ne pas l’accepter, c’est ne pas s’accepter (…)»,
disait le grand philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Une pensée qui s’accorde très bien à l’époque que nous vivons, où le totalitarisme islamiste, habillé de ses faux-semblants, a séduit bon nombre de militants tiers-mondistes et d’extrême gauche, qui n’ont pas cherché à connaître la vérité sur ses origines et ont accepté ses contrevérités tels des postulats, gommant ou reniant dans le même temps tout ce qui les ramenait à leur propre histoire. Cette orwellisation des esprits – qui consiste à dire et imposer le contraire de ce qui est – a opéré un retournement sans précédent de notre société qui en a fini par oublier d’où elle venait, et a renoncé à ses propres idéaux au profit d’un discours
qui ne peut conduire qu’au chaos civilisationnel et au mépris de soi.
Le projet de conquête frériste passe par la déconstruction de notre identité et la réduction à néant de notre pensée. Or
« c’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal
», disait
Hannah Arendt, la philosophe et journaliste américaine connue pour ses travaux sur le totalitarisme. En France – comme en Espagne, en Italie et en Angleterre où opèrent les Frères musulmans – ce vide de la pensée a trouvé son incarnation la plus naïve chez une partie des alliés institutionnels de l’islamisme qui, n’ayant aucune connaissance de l’histoire du Maghreb, du Moyen-Orient et des groupes activistes qui y opèrent, ont cédé à la tentation du discours victimaire, séduisant à leurs yeux. Qu’importait pour eux que la cause fût juste, pourvu qu’elle fût belle…
Toutefois, il n’y a pas que des naïfs qui ont été aveuglés par la doctrine frériste. Il y a aussi ceux qui servent l’islam politique consciemment, par intérêt financier ou personnel. Nous en avons croisé tant, durant toutes ces années – chercheurs, consultants, élus ou conseillers politiques – qui vantaient les mérites de La Confrérie sur commande du Qatar, de la Turquie ou de l’
Arabie saoudite, ou parfois aussi, par peur de se retrouver ostracisés (nous l’avons constaté dans le monde universitaire).
En trente ans, la France, devenue la cible d’une stratégie de déstructuration menée par les
Ikhwan
préalable à leur projet de conquête de la République a donc fini par ne plus être fidèle à elle-même, perdant la plupart de ses repères. Elle a désacralisé ses propres institutions, remisé ses mythes fondateurs au profit d’autres importés
depuis les rives orientales de la Méditerranée, et permis la déconstruction de son historicité. Elle a, dans les faits, perdu peu à peu sa fierté, et s’est fracturée.
La France humaniste et sa cohésion nationale, son histoire et son identité sont ainsi remises en question au profit d’un discours communautariste dont l’un des objectifs immédiats est de laisser la place à une souveraineté indigéniste-séparatiste préalable au califat.
Cette France culpabilisée et trahie par ses clercs s’est ainsi retrouvée prise dans l’engrenage d’une crise existentielle sans précédent, car s’inscrivant dans une période de convergence de crises politique, identitaire, migratoire, éducative, sociale et économique qu’elle n’avait pas connue depuis la révolution française. Une convergence des crises qui a également frappé de plein fouet les grandes puissances historiques, déboussolées par l’effondrement du monde bipolaire, autrefois caractérisé par la lutte entre les États-Unis et l’ex-URSS, au profit d’un monde nouveau, devenu celui-ci multipolaire, déterminé par l’émergence de nouvelles puissances économiques.
Dans le contexte hexagonal, le pouvoir élu, les institutions économiques, policières et judiciaires, comme l’éducation nationale et les médias, sont ainsi devenus aux yeux de La Confrérie les symboles d’une civilisation occidentale prête à s’effondrer. Ce déclin de l’Occident est constaté et assimilé à une opportunité pour le triomphe de l’islam par l’incontournable Youssouf Al-
Qardaoui, qui prévoit une islamisation « pacifique » de l’Europe perçue à la fois comme une victoire sans épée et comme une « rédemption ». Dans cette configuration
suprémaciste et panislamiste portée par les Frères et leurs États sponsors, notamment le Qatar et la Turquie d'
Erdogan, le néo-Sultan qui définit l’Europe impie comme un « continent en voie de putréfaction », la France tient une place majeure. Pays de la laïcité républicaine honnie, des Lumières et avant cela « fille aînée de l’Église » et des Croisades, ce « phare de l’Humanité » est pour l’ensemble des islamistes le verrou idéologique occidental à faire sauter.
Par une étrange ruse de l’Histoire, les fossoyeurs de la Raison et des Lumières, qui défendent aujourd’hui les barbus alors qu’ils ont « bouffé du curé » jadis, luttent avec acharnement contre l’installation de crèches de Noël dans les mairies tout en légitimant le port du voile, la halalisation des espaces publics et privés, ainsi que la rupture du jeune du Ramadan et le retour du délit de blasphème en matière d’islam. Ce sont aussi ceux-là qui, au nom de la liberté d’expression, considèrent que la défense du port du Burkini – véritable symbole d’apartheid sexuel – serait un « acte féministe », un « droit des femmes », à l’instar de Taous Hammouti, la militante et porte-parole de l’Alliance citoyenne, par ailleurs proche des Frères, qui est à l’origine de l’opération de Grenoble le 23 juin 2019, et qui se qualifie de Rosa Parks
2
musulmane.
Ruse de la raison idéologique, ceux qui traitent de fascistes, de racistes et d’islamophobes les détracteurs
des
Ikhwan
et de l’islamisme totalitaire défendent dans les faits une idéologie théocratique et fascisante dont les principaux théoriciens – Hassan al-Banna,
Sayyid Qutb,
Saïd Ramadan et
Youssef al-Qardaoui – ont glorifié sans complexe le régime nazi, ont collaboré avec l’Axe ou avec des figures nazies officielles (voir
chapitre I
), mais se permettent de culpabiliser la société française, comme l’ensemble des sociétés européennes, en faisant passer leur projet panislamiste pour une nouvelle forme d’anticolonialisme, d’indigénisme, et même d’antiracisme !
Ces nouveaux obscurantistes 2.0, adeptes du double langage orwellien, soutenus par des idiots utiles disciples de la « nouvelle trahison des clercs », sont en fait les complices d’une idéologie suprémaciste, raciste, et judéophobe, sous couvert d’antisionisme, « ur-fasciste » (fascisme religieux), pour paraphraser le défunt Umberto Eco.
Ces idéologues, qui auraient pu être les protagonistes du roman de
Georges Orwell,
1984,
ont-ils pour autant gagné la partie ? Nous ne voulons pas le croire. Car le défaitisme serait leur meilleur allié. Il est temps que politiques, chercheurs, journalistes, représentants associatifs et institutionnels apprennent à ne plus céder à une prise d’otage rhétorique qui les entraîne, malgré eux, à perdre chaque jour davantage de terrain. Il est utile, à cet effet, de rappeler que les
lobbies
islamo-gauchistes qui ont poussé à soutenir l’
Ayatollah Khomeiny en 1979, formé à l’école des Frères musulmans et parfois qualifié de « Gandhi iranien », ont permis de mettre au pouvoir un homme qui a fait exécuter à tour de bras ses opposants et envoyé des enfants de douze ans se faire
sauter sur des mines lors de la guerre Iran-Irak. Ce sont souvent les héritiers ces mêmes
lobbies
qui, quarante ans plus tard, ont appelé à soutenir les organisations islamo-rebelles des Printemps arabes – le plus souvent des émanations de l’organisation des
Ikhwan
, à l’instar de la Libye ou de la Syrie.
Ne nous leurrons pas. Il faudra des années pour parvenir à reconstruire une France qui se regarde en face, qui assume son histoire – ses moments glorieux comme les plus sombres – et ose s’opposer à un totalitarisme islamiste qui ne dit pas son nom, sans se sentir « coupables d’islamophobie ». Pour cela, il faudra d’abord que les maires, les députés, les enseignants, les policiers, les magistrats, les journalistes, les représentants associatifs se réapproprient le sentiment de fierté nationale, premier barrage nécessaire au fascisme islamiste. Il faudra enfin se tenir face à ces puissances émergentes qui jouent la carte de la déstabilisation à l’intérieur même de nos frontières.
Nous avons en effet démontré le rôle trouble du Qatar et de la Turquie dans le financement et le soutien aux organisations fréristes dans l’Hexagone. Ces deux pays, par ailleurs pourvoyeurs de fonds, d’hommes et d’armes au profit des groupes Jihadistes – qui sont soi-disant nos alliés dans la lutte contre le terrorisme – soutiennent un Jihad global qui s’étend des chaos libyen et syrien aux eaux du golfe Persique. Ils ont chacun, en fonction de leur agenda et de leurs intérêts géopolitiques, l’absolue conviction que les changements du monde induisent de nouvelles potentialités en termes de stratégie d’influence, et que celle-ci passe autant par une réislamisation de l’Europe que par leur emprise sur l’ensemble
du Moyen-Orient. Ces États, soyons clairs, doivent être mis face à leurs responsabilités. Car à force de les laisser continuer à soutenir l’islam frériste en toute impunité, ils participent d’une situation qui risque tôt ou tard de déboucher sur une confrontation intérieure sur notre territoire, tant la société se fracture.
«
Je pense que nous gagnerons contre le terrorisme. Je suis en revanche beaucoup plus inquiet de la radicalisation de la société et du mouvement de fond qui l’entraîne
», affirmait le 24 mai 2016,
Patrick Calvar, alors directeur général des services de renseignement intérieur (DGSI), lors d’une audition devant des parlementaires
3
. Il ajoutait : «
vous aurez une confrontation entre l’ultra droite et le monde musulman – pas les islamistes, mais bien le monde musulman. (…). Encore un ou deux attentats et elle adviendra. Il nous appartient donc d’anticiper et de bloquer tous ces groupes qui voudraient, à un moment ou à un autre, déclencher des affrontements intercommunautaires
». Des propos alarmistes, révélateurs d’une société française inquiète de l’envahissement islamiste, et donc tentée par l’amalgame entre islam et islamisme. Selon une étude
4
réalisée par OpinionWay pour Sciences Po et le Cevipof en juin 2018, 60 % des Français interrogés disaient en effet penser que «
l’islam représente une menace pour la République
».
En avril 2018, la Commission nationale et consultative des droits de l’Homme (CNCDH) rendait quant à elle son rapport
5
annuel sur le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie en France. Si l’étude mettait en exergue le fait que les Français restent tolérants vis-vis de l’islam malgré la période de tension liée aux attentats, elle pointait du doigt le fait que cette religion reste un objet de défiance pour près de quatre français sur dix, qui estiment qu’elle représente une menace pour l’identité nationale, 58 % d’entre eux jugeant le voile incompatible avec les valeurs de la république. Pour 42 % des personnes interrogées, l’interdiction de montrer l’image de Mahomet constituait également une entrave aux principes de la République. «
L’évolution de l’opinion à l’égard des musulmans va globalement dans le sens d’un moindre rejet. L’opinion négative d’une partie des Français reste cependant marquée par leur perception d’une religion conquérante et par le sentiment que certaines pratiques musulmanes sont peu compatibles avec le vivre ensemble. Il en ressort une gêne vis-à-vis des pratiques culturelles et religieuses les plus visibles dans l’espace public
», expliquait ainsi l’étude. Tout cela est inquiétant.
Toutefois, il ne faut pas se leurrer. Le fait que la société se fissure et se montre suspicieuse vis-à-vis de l’islam est en soi une victoire pour les Frères musulmans, qui jouent de ce ressentiment pour faire des musulmans français des citoyens à part, voulant les attirer dans les mailles de leurs filets.
C’est donc un ensemble de postures qu’il faut adopter pour en finir avec un totalitarisme théocratique et suprémaciste qui risque de nous mener à la confrontation entre Français. La première d’entre elles est de faire face à la vérité, de nommer les choses, comme nous l’avons fait tout au long de ce livre, et d’en finir avec les organisations fréristes et salafistes en les fermant, au même titre que sont fermées les associations qui prônent le néonazisme. La seconde est de renouer avec notre roman national, et de nous réconcilier avec notre histoire. En ce sens, l’éducation nationale et les enseignants jouent un rôle déterminant. Le reste est affaire de courage politique et de fermeté.
Si l’on n’agit pas de la sorte, alors les Frères musulmans et les autres pôles de l’islamisme conquérant, actifs dans nos sociétés « ouvertes » à tous les vents totalitaires, auront gagné.
La France n’aura alors plus qu’un seul choix : celui de la soumission.
1
.
Cinq secteurs de Hasan al-Banna : une sélection du Majmu à Rasail al-Imam al-Shahid Hasan al-Banna
. Presses de l’Université de Californie. p. 106. traduit et annoté par Charles Wendell.
2
. Rosa Parks est l’une des figures emblématiques de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, devenue célèbre pour son activisme dans les années 1950.