Annexe 1 : Brouillon de la lettre datant probablement de 1821 et adressée par Ostermann-Tolstoï au tsar Alexandre 1er afin de l’encourager à soutenir militairement les Grecs dans leur révolte contre le joug des Turcs.
« Sire
Votre Majesté m’a ordonné d’être sincère avec Elle, je profite encore une fois de cette gracieuse permission ; en Pologne dans le jardin de Zabelino j’ai osé citer la journée de Narva446 et la conduite de votre aïeul, mes espérances ne m’ont pas trompé ; je Vous vois couvert de gloire, l’Egide des souverains et la populace libre qui vous critiquaient alors à vos pieds ; à présent je crois de mon devoir Sire ! de vous rappeler l’affaire du Prout447. Selon moi c’est l’instant propice de venger et d’atteindre les grandes vues du fondateur [Pierre le Grand], si Vous vous arrêtez dans Vos exploits la jalousie va attribuer toutes vos actions au hasard, et puis un [illisible] né sur le trône doit vivre pour l’histoire, et à Vous la religion l’ordonne, le Dieu des chrétiens vous a visiblement soutenu, rétablissez les autels de Votre protecteur à Byzance ! une armée formidable remplie de jeunes gens qui demandent à se distinguer ; Votre Majesté a acquis la confiance de ses soldats et de ses sujets, la position des puissances prises séparément est favorable.
La France alliée éternelle des Turcs gouvernée par les Bourbons (grâce à vous) qui seront bien plus occupés de se maintenir sur le trône que d’intriguer contre la Russie, l’Autriche ruinée dans ses finances, avilie dans son militaire, cherche le repos, la Suède privée des moyens, et à la veille d’une minorité ou des troubles, le Roi de Prusse Votre ami, ayant rempli tout ce que la nation peut prétendre de lui, veillera sur l’Autriche ; l’Angleterre voudra reconquérir les provinces de l’Amérique, mais la politique astucieuse et mercantile de ce gouvernement mixte mettra le plus d’obstacle à Votre entreprise ; autant les entraves du commerce vous aurez la masse de la nation et le cabinet de St. James n’osera rompre ouvertement avec Vous.
Si Votre Majesté se décide à profiter des circonstances que la providence Vous offre, Vous êtes maître de Constantinople dans deux campagnes, faites marcher soixante mille hommes pour occuper les points essentiels du Danube ; mettez autant sur le Trieste restez sur la défensive et traitez avec la Porte, mais en même temps envoyez quelqu’un dans l’archipel, relevez le courage des Grecs, l’abouchez [faites-le conférer] avec Alipacha448 un homme intrépide ennemi des Turcs et de grand poids dans ces contrées, quoique vieux (ayant deux fils) il sera à Vous si vous lui garantissez ses possessions, avec de l’activité et quelques mille de ducats distribués à propos, dans un an on peut former une flotille et des troupes, une fois les Grecs en révolte faites agir l’armée du Danube, Votre présence y est nécessaire sans cela on dépensera beaucoup d’hommes et d’argent et on ira en tâtonnant.
Je suis persuadé Sire que ceux qui protestent contre le passage du Rhin, ces fameux patriotes, parleront à Votre Majesté de l’épuisement de la Russie par la guerre, non Sire, c’est par les fainéants et les voleurs en place qu’elle est minée et opprimée ; confiez les gouvernements à des militaires, dont la nomination dépendera de Vous, qu’elles soient en rapport directe avec Votre Majesté, alors les lois seront observées vos intentions suivies et les sujets soulagés, les ressources de la Russie sont vierges encore, l’Esprit est excellent soutenu par l’enthousiasme et vous remplirez la destinée de l’Empire.
Convaincu qu’il n’y a pas une syllabe contraire à l’intérêt de ma patrie j’ose soumettre à Vos pieds l’aperçu de mes idées, agréez-les comme un rêve d’un sujet dont l’imagination est enflammée de la Gloire et du destin de son maître ; Sire, l’hardiesse que je prends ne doit pas vous étonner, Votre Majesté m’a dit plusieurs fois qu’elle m’estime et quand on entend cela de son souverain, où est la possibilité de cacher ses sentiments.
Les quatre jours que j’ai existé dans ma vie, Tchernovo, Pultusk, Prussisch-Eylau et Kulm, je les dois à la bonté de Votre Majesté, le désir de Vous être reconnaissant ne m’abandonne jamais, mais à présent moralement abattu, mes forces ebranlées – je me vois obligé de passer l’hiver dans un beau climat – compromis par les [apparences] noircies par mes ennemis – peut-être [?] mon congé, dans tous les cas mon dernier soupir sera un souhait que Vous parveniez sous tous les rapports à la grandeur réelle et immortelle. »
Annexe 2 : Lettre du général Ostermann-Tolstoï rédigée à la veille de son départ pour la Russie en 1839, départ qu’il annulera. Le destinataire n’est pas nommé ; il s’agit peut-être de l’avocat Ranieri Lamporecchi. La lettre est en français ; la ponctuation et l’orthographe en ont été modernisées.
« Avant que d’être père, j’étais soldat d’un pays dont le militaire n’est pas dans l’habitude de demander Quartier à son ennemi attaqué d’une maladie chronique. A mon âge il n’y a pas de remède suffisant ; c’est ridicule et on finit par être à charge à ses amis, – ainsi adieu – je laisse à mes Osterfeld 600 mille roubles en billets de Lombard de St Pétersbourg dans mon crédit ; mon héritier doit déposer au même lombard 3 cent mille roubles et continuer douze mille roubles pendant cinq ans après ma mort. Leur éducation doit être finie à Genève, une fois majeurs c’est à eux de choisir l’endroit (?) de s’établir en consultant leur mère, je nomme Tuteur le chev. Lamporecchi avocat de Florence qui est déjà depuis quelque temps, mon héritier Léonid Galitzine, le colonel Dik, le docteur Gosse et Bonna banquier de Genève ; je compte sur leur amitié. J’espère que mes enfants seront protégés par la providence puisque j’ai toujours protégé le faible et soulagé l’indigent. Peut-être trouvera-t-on que j’en aurai pas eu droit (?) mais au capitaine de navire qui se trouve déjà obligé de baisser le pavillon devant son ennemi, que fait-il ? Il saute en l’air et cela est à peine mon cas. Je meurs chrétien mais sans faveur et je toujours cherche à être l’acte… (?)- je veux qu’on m’enterre au Cinaï [sic] pour toujours et je prie mes héritiers de ne pas me toucher de là – les voyages m’ennuient et me fatiguent ».
Annexe 3 : Inventaire des objets et œuvres d’art en dépôt chez les Cresci et appartenant au général.
En plus du linge de maison, du carrosse, des objets d’attelage et de la cage du perroquet, sont encore cités dans l’inventaire trouvé dans le fonds Capei :
« 1 tableau représentant la Signora Maria Cresci avec ses trois enfants Osterfeld.
1 gravure sur carton représentant Napoléon.
1 buste en marbre représentant S.M. l’Empereur Alexandre, avec sa colonne de bois.
1 buste en marbre représentant tous les deux [?] le comte Ostermann à divers âges.
2 statuettes en bronze.
1 portrait représentant le professeur Fallmerayer.
1 tableau représentant saint Joseph et Jésus enfant.
1 tableau représentant S.E. Monsieur le comte Ostermann-Tolstoï.
1 tableau représentant un crucifix.
1 gravure représentant la bataille de Marengo.
1 gravure représentant la bataille de Wagram.
1 gravure représentant la sainte Cène, de Verico.
1 gravure représentant saint Jean dans le désert, de Biondi.
1 gravure représentant la sainte Vierge, de Fontana.
1 gravure représentant la Madone adorant l’enfant Jésus, de Della Bruna.
1 tableau représentant Jésus endormi de Gandolfio.
1 tableau avec le moto : « para somnum recupere » de Morghen.
1 tableau représentant le Christ et Marie, de Steinla.
1 tableau représentant S.M. l’Empereur Alexandre.
1 tableau représentant un jeune grec défendant son père.
1 tableau représentant le comte Paskévitch d’Erivan.
1 tableau représentant la mort du duc de Reichstadt.
1 tableau représentant le prof. Pacchiani.
1 tableau en couleur représentant Napoléon à cheval.
1 tableau représentant le prince Poniatowski.
1 portrait au crayon.
1 gravure sur carton représentant l’Empereur Alexandre.
1 tableau représentant le Christ avec la couronne d’épine.
1 tableau représentant Napoléon dans l’île.
1 tableau représentant le tombeau de Napoléon.
1 portrait en miniature représentant Agrippine.
1 portrait du comte Ostermann-Tolstoï à l’âge de 5 ans. Le même en plâtre.
3 bustes en plâtre représentant 3 dames russes.
1 groupe en plâtre représentant l’enlèvement des Sabines.
4 gravures de cuivre représentant 4 portraits.
90 estampes et lithographies diverses dans un cartable. »
Cet inventaire est intéressant. Il met en évidence une fois de plus l’admiration qu’Alexandre Ivanovitch portait à l’empereur Alexandre de Russie, et, fait à moitié étonnant, celle qu’il portait à Napoléon Bonaparte, cet homme de génie que le général Ostermann-Tolstoï avait combattu avec acharnement et témérité, ce grand stratège qui avait également offert au comte la chance de se faire connaître comme héros de la campagne de Russie et de la bataille de Kulm.
Annexe 4 : Testament du général Ostermann-Tolstoï
Ce document se trouve aux Archives d’Etat historiques de Russie (RGIA), Saint-Pétersbourg, Fonds 1035, liste 1, dossier 608. Il est écrit en russe, traduction de Madame Svetlana Androuchko.
« En l’année mille huit cent quarante et un, au mois d’août, ce… [?] Je soussigné Général-Adjudant Comte Alexandre Ostermann-Tolstoï, fils d’Ivan, me trouvant à l’étranger pour raisons de santé précaire à la suite de graves blessures reçues lors de la guerre, mais sain d’esprit et de mémoire, ai rédigé cette note en présence des témoins et de mon confesseur, pour présenter à qui de droit mes dernières volontés.
1. Resté veuf après mon mariage avec la Princesse Elizaveta Alexandrovna Golitsine, sans enfant, je choisis en vertu du droit qui m’est donné par le code civil article 649, mon neveu le Prince Léonid Mikhaïlovitch Golitsine, Conseiller d’Etat, et je le nomme devant tous mes autres parents, seul héritier de tout ce qui me revient par le testament de mon grand-oncle, le défunt Comte Ivan Andréiévitch Ostermann, Conseiller d’Etat actif, Chancelier, testament validé par le Tribunal du District de Moscou, 2e Département, le 30 novembre 1811 : les propriétés sises dans les régions et les districts suivants : dans la région de Moscou dans le district de Zvénigorodsk – le village d’Illynskoïe, le village de Sarévo et la campagne de Gloukhovo ; dans le district de Bogorodsk – le village de Nikolskoïe ; dans la région de Riazan dans le district de Sapojkovsk – le village de Bogorodskoï avec les hameaux ; dans la région de Saint-Pétersbourg dans le district de Chlisselbourg – le village d’Alexandrovo, Mysa Matoksa y compris les hameaux ; et dans la région de Moguilevsk dans le district de Ragatchevsk – le bourg de Strecheno avec les hameaux dans lesquels selon la 7e évaluation, on comptait six mille cinq cent soixante-seize serfs du sexe masculin, et selon la dernière, la 8e, tous m’appartenant avec toutes leurs familles, les terres, les forêts, les terrains incultes, différents bâtiments seigneuriaux et les paysans, les fabriques, les usines, les moulins, le bétail, la volaille et tous les biens immobiliers qui s’y trouvent, bref, tout sans exception, – je lègue la totalité à titre éternel à mon neveu le Prince Léonid Mikhaïlov Golitsine, Conseiller d’Etat. –
2. Par ce testament, j’autorise et j’engage mon neveu, le Prince Léonid Golitsine, à présenter de ma part une requête pour faire ajouter à son propre nom de famille Golitsine le nom d’Ostermann, selon la Haute Confirmation accordée à la requête de mes grands-oncles le 7 décembre 1786 et le 27 septembre 1796 selon les mêmes conditions que celles qui ont été fixées par ces derniers. –
3. Si à la fin de ma vie, certaines clauses du testament de mon grand-oncle le Comte Ivan Andréiévitch Ostermann, Chancelier, ne sont toujours pas remplies, mon neveu le Prince Léonid Golitzine est tenu de les exécuter et de les mener à bien. –
4. Je l’oblige également de verser les pensions viagères et payer sans tarder les primes exceptionnelles sur présentation d’un autographe particulier. – Dans l’assurance de cela, j’ai signé cette dernière volonté écrite d’après mes paroles par Mikhaïl fils d’Antipe Malakhov, affranchi, par l’apposition de mon sceau de ma propre main à Genève, à la date mentionnée du mois d’août 1841. Sur ce testament, le Comte Alexandre, fils d’Ivan Ostermann-Tolstoï, a apposé sa signature. » [Elle ne figure pas sur le document].
Par ailleurs, le comte avait remis à son neveu Léonid une procuration, lui demandant de prendre la peine de :
« 1) Gérer les propriétés sus-mentionnées, en récolter les revenus et les utiliser pour les fins qui lui sont connues, envoyer à son oncle, annuellement, soixante mille roubles en papier-monnaies.
2) Payer dans les établissements de crédit où ces propriétés sont hypothéquées, les intérêts fixes.
3) Remplacer les intendants, bourgmestres, gérants et autres fonctionnaires, embaucher à leur place d’autres personnes ou bien les nommer parmi les paysans et la domesticité en exigeant des comptes.
4) En cas de nécessité, de renouveler l’hypothèque toute ou en partie, des propriétés mentionnées en se basant sur le crédit supplémentaire ou de les vendre.
5) Affranchir les paysans et la domesticité des propriétés mentionnées et les envoyer comme recrues dans l’armée.
6) Faire usage de toutes les mesures correctionnelles en cas de délit des paysans ou de la domesticité et même les déporter légalement en Sibérie.
7) Si, pour des raisons quelconques, le Prince Léonid Golitzine n’a pas la possibilité de gérer lui-même les propriétés de son oncle, ce dernier lui donne le droit de nommer une personne de son choix en l’autorisant par une procuration légale à gérer ses propriétés selon les règles exposées dans les paragraphes précédents. »
Ostermann-Tolstoï termine le document remis à Léonid par ces lignes : « Bref, je vous donne pouvoir de faire dans mes propriétés tout ce que vous jugerez nécessaire et utile ; et je vous donne toute ma confiance, et ce que vous ou votre mandataire ferez, je ne le disputerai pas et je ne le contredirai pas. »
Annexe 5 : Descendance Pagliari - Rabotti
Annexe 6 : Généalogie d’Ostermann - Tolstoï
Annexe 7 : Descendance d’Alexandre Ivanovitch Ostermann-Tolstoï et de Maria Pagliari
446 La bataille de Narva mit aux prises les forces suédoises et celles du tsar de Russie Pierre le Grand. Les troupes russes furent anéanties.
447 La bataille de Prout (une rivière) s’est terminée en 1711 par la victoire des Russes sur les Ottomans. Elle fut suivie par un traité du même nom.
448 Alipacha de Tepelini, d’origine albanaise, était un despote et gouverneur des plus belles provinces de l’Empire turc. Après s’être révolté contre la Sublime Porte, il fit alliance avec les Grecs et mourut en luttant contre les Ottomans.