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Couverture
I. Jeanne, ayant fini ses malles, s’approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas. L’averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits.
II. Une vie charmante et libre commença pour Jeanne. Elle lisait, rêvait et vagabondait, toute seule, aux environs. Elle errait à pas lents le long des routes, l’esprit parti dans les rêves ; ou bien, elle descendait, en gambadant
III. Le dimanche suivant, la baronne et Jeanne allèrent à la messe, poussées par un délicat sentiment de déférence pour leur curé. Elles l’attendirent après l’office, afin de l’inviter à déjeuner pour le jeudi.
IV. Le baron, un matin, entra dans la chambre de Jeanne avant qu’elle fût levée, et s’asseyant sur les pieds du lit : « M. le vicomte de Lamare nous a demandé ta main. » Elle eut envie de cacher sa figure sous les draps.
V. Quatre jours plus tard arriva la berline qui devait les emporter à Marseille. Après l’angoisse du premier soir, Jeanne s’était habituée déjà au contact de Julien, à ses baisers, à ses caresses tendres, bien que sa répugnance n’eût pas diminué pour leurs rapports plus intimes.
VI. Devant la barrière blanche aux piliers de brique, la famille et les domestiques attendaient. La chaise de poste s’arrêta, et les embrassades furent longues. Petite mère pleurait ; Jeanne, attendrie, essuya deux larmes ; père, nerveux, allait et venait.
VII. Les cartes entrèrent alors dans la vie des jeunes gens. Chaque jour, après le déjeuner, Julien, tout en fumant sa pipe et se gargarisant avec du cognac dont il buvait peu à peu six à huit verres, faisait plusieurs parties de bésigue avec sa femme.
VIII. Rosalie avait quitté la maison et Jeanne accomplissait la période de sa grossesse douloureuse. Elle ne se sentait au cœur aucun plaisir à se savoir mère, trop de chagrins l’avaient accablée.
IX. eanne étant tout à fait remise de ses couches, on se résolut à aller rendre leur visite aux Fourville et à se présenter aussi chez le marquis de Coutelier. Julien venait d’acheter, dans une vente publique, une nouvelle voiture, un phaéton ne demandant qu’un cheval, afin de pouvoir sortir deux fois par mois.
X. Les jours furent bien tristes qui suivirent, ces jours mornes dans une maison qui semble vide par l’absence de l’être familier disparu pour toujours, ces jours criblés de souffrance à chaque rencontre de tout objet que maniait incessamment la morte.
XI. Elle demeura trois mois dans sa chambre, devenue si faible et si pâle qu’on la croyait et qu’on la disait perdue. Puis peu à peu elle se ranima. Petit père et tante Lison ne la quittaient pas, installés tous deux aux Peuples.
XII. Rosalie, en huit jours, eut pris le gouvernement absolu des choses et des gens du château. Jeanne, résignée, obéissait passivement.
XIII. La voiture s’arrêta deux heures plus tard devant une petite maison de briques bâtie au milieu d’un verger planté de poiriers en quenouilles, sur le bord de la grand-route.
XIV. Alors elle ne sortit plus, elle ne remua plus. Elle se levait chaque matin à la même heure, regardait le temps par sa fenêtre, puis descendait s’asseoir devant le feu dans la salle.
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