Log In
Or create an account ->
Imperial Library
Home
About
News
Upload
Forum
Help
Login/SignUp
Index
Du même auteur
Titre
Copyright
INTRODUCTION
Où l'on s'émerveille de rencontrer des enfants qui triomphent de leurs malheurs.
Quand l'enfant blessé devient sujet de roman et objet de science.
L'inégalité des traumatismes nous mène à penser que l'histoire n'est pas un destin.
Jusqu'à présent, les chercheurs ont mis l'éclairage sur les dégâts, incontestables. Il faut maintenant partir en quête des processus de réparation.
Une défense victorieuse ne coûte que quelques oxymorons.
Le triomphe d'un blessé n'a jamais disculpé l'agresseur.
CHAPITRE PREMIER - L'espoir inattendu
Ce qui impressionne un enfant et reste dans sa mémoire ne veut rien dire pour un adulte qui invente son passé.
Lors des bombardements de Londres, les enfants se sentaient en sécurité quand leur mère était confiante, de même que les petits otages de M. Human Bomb ont été amusés par le jeu de l'institutrice.
Si Michel, âgé de cinq ans, a éprouvé son arrestation comme une fête, c'est parce qu'il avait souffert d'un isolement affectif avant d'être enfermé à Drancy. Mais Renate, qui adorait sa mère, revoit encore aujourd'hui, chaque soir, le corps de sa mère fusillée à la Libération.
Quand le réel est terrifiant, la rêverie donne un espoir fou. À Auschwitz ou lors de la guerre du Pacifique, le surhomme était un poète.
Itinérance n'est pas errance. Même quand on sait d'où l'on vient, la génétique peut être imaginaire. Et quand on ignore son passé, on peut l'inventer à loisir.
Les orphelins ont, dans leur mémoire, des parents toujours jeunes. Contraints à l'indépendance, forçats de la liberté, ils trouvent toujours des trésors dérisoires qui enchantent leur réel désolé.
L'exil aussi est un orphelinat. L'arrachement peut cicatriser quand la culture d'accueil soutient les blessés. Pour leurs enfants, l'école et le travail deviennent les lieux de bonheur qui réparent la blessure des parents.
Le survivant est un héros coupable d'avoir tué la mort.
Quand la honte d'être heureux provoque des contresens, les enfants résilients volent au secours des faibles.
La solidarité qu'on admire empêche la résilience qu'on admire aussi. Quand la mort d'un être cher libère la créativité, qui osera l'avouer ?
L'hébétude provoquée par un traumatisme terrible laisse souvent moins de traces que des blessures insidieuses. La violence froide d'un mythe peut faire plus de ravages qu'une fièvre de haine.
Pour métamorphoser l'horreur, il faut créer des lieux où s'exprime l'émotion. Une resocialisation « comme si de rien n'était » souligne la blessure, alors que la transformation se fait sans peine dès qu'on peut la dessiner, la mettre en scène, en faire un récit ou une revendication militante.
Un jardinier enchanteur, une grande sœur initiatrice ou un parti politique peuvent changer la signification d'une souffrance.
On observe mal la rivière dans laquelle on se baigne. Tant que la violence a été considérée comme une méthode normale d'éducation, la maltraitance n'a pas été pensée.
Les inventions techniques ont joué un grand rôle dans l'établissement des conjugalités. Et les discours sociaux ont établi des règles dans lesquelles les enfants ont eu à se développer.
Une idée neuve : la maltraitance.
Comment faire pour ne pas rencontrer d'enfants résilients.
Premiers rendez-vous avec ceux qui s'en sont sortis.
Un piège de l'observation directe : le fait que le résultat soit merveilleux ne veut pas dire que le cheminement n'a pas été douloureux.
À ceux qui disent « troubles précoces, effets durables », on peut répondre que les troubles précoces provoquent des effets précoces, qui peuvent durer, si l'alentour familial et social en font des récits permanents.
Une vulnérabilité affective peut se transformer en force affectueuse, à condition d'y mettre le prix.
Les deux choix les plus névrotiques de notre existence, le choix du métier et le choix du conjoint, donnent le thème de notre existence. Mais chaque rencontre est un virage, une période sensible à négocier entre l'histoire intime et le discours social.
Le pouvoir façonnant du regard des autres.
CHAPITRE II - Soleils noirs sans mélancolie
« Tous les chagrins sont supportables si on en fait un récit. »
Zola, Hitchcock et Freud donnent les règles du genre.
Le traumatisme direct laisse des traces dans le cerveau, mais elles sont réversibles. Alors que le souvenir est un récit d'alentour.
La « rage de dire » permet de faire une autobiographie sans jamais écrire « je ».
Quand le récit de soi devient une déclaration affective, l'auditeur peut aimer cet aveu ou en être gêné.
Quand la mémoire devient abusive, nous demeurons prisonniers de notre passé comme dans les syndromes post-traumatiques, ou soumis à la propagande des sociétés totalitaires.
Quand l'acte de mémoire pétrifie l'avenir, quand la maîtrise du passé révèle un projet totalitaire, le témoignage devient impossible.
Le bonheur d'être raciste nécessite de ne pas se mettre à la place de l'autre et de se soumettre à un récit mythique appelé « mémoire collective ».
La mémoire individuelle plantée dans notre esprit par l'émotion des autres est utilisée pour faire un théâtre social.
Le besoin d'esthétique est tellement pressant qu'un témoignage désolidarise en tuant le mythe.
Il est tellement important qu'un récit social soit cohérent que pratiquement toutes les institutions, même les plus généreuses et les plus nécessaires, font taire les victimes au témoignage impensable.
Au bonheur des faux souvenirs.
Sans la mémoire des meurtrissures du passé, nous ne serions ni heureux ni malheureux, car l'instant serait notre tyran.
L'effet-papillon de la parole s'ajoute à l'identité narrative pour nous contraindre au récit.
Le secret est une épure intime qui lui donne son énorme pouvoir d'émotion. La pensée se transmet physiquement dans le para-dit.
Quand le secret est voilé, il s'en échappe un trouble qui altère les relations. Mais quand il est dévoilé, il impose des remaniements difficiles à supporter.
Quand les fantômes se font la guerre et cherchent encore à se tuer, leurs enfants souffrent encore plus de la représentation du trauma.
Partager son malheur, c'est demander à nos proches de mener notre propre combat.
L'effet du secret dévoilé dépend de celui qui l'écoute et de la manière dont lui-même éprouve la confidence.
Pour ne pas être étranger à soi-même, il faut que l'entourage ait d'abord rendu possible la musculation du moi.
Nous nous trompons de malade. Ce n'est pas tant sur le blessé qu'il faut agir afin qu'il souffre moins, c'est surtout sur la culture.
La créativité serait fille de la souffrance. Ce qui ne veut pas dire que la souffrance est mère de toutes les créativités.
Rêver comme un fou pour combler la perte. Rêver ou mourir.
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Notes de fin de volume
Quatrième de couverture
← Prev
Back
Next →
← Prev
Back
Next →