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S’ABÎMER. Bouffée d’anéantissement qui vient au sujet amoureux, par désespoir ou par comblement.
ABSENCE. Tout épisode de langage qui met en scène l’absence de l’objet aimé - quelles qu’en soient la cause et la durée - et tend à transformer cette absence en épreuve d’abandon.
ADORABLE. Ne parvenant pas à nommer la spécialité de son désir pour l’être aimé, le sujet amoureux aboutit à ce mot un peu bête : adorable !
AFFIRMATION. Envers et contre tout, le sujet affirme l’amour comme valeur.
ALTÉRATION. Production brève, dans le champ amoureux, d’une contre-image de l’objet aimé. Au gré d’incidents infimes ou de traits ténus, le sujet voit la bonne Image soudainement s’altérer et se renverser.
ANGOISSE. Le sujet amoureux, au gré de telle ou telle contingence, se sent emporté par la peur d’un danger, d’une blessure, d’un abandon, d’un revirement - sentiment qu’il exprime sous le nom d’angoisse.
ANNULATION. Bouffée de langage au cours de laquelle le sujet en vient à annuler l’objet aimé sous le volume de l’amour lui-même : par une perversion proprement amoureuse, c’est l’amour que le sujet aime, non l’objet.
ASCÈSE. Soit qu’il se sente coupable à l’égard de l’être aimé, soit qu’il veuille l’impressionner en lui représentant son malheur, le sujet amoureux esquisse une conduite ascétique d’autopunition (régime de vie, vêtement, etc.).
ATOPOS. L’être aimé est reconnu par le sujet amoureux comme « atopos » (qualification donnée à Socrate par ses interlocuteurs), c’est-à-dire inclassable, d’une originalité sans cesse imprévue.
ATTENTE. Tumulte d’angoisse suscité par l’attente de l’être aimé, au gré de menus retards (rendez-vous, téléphones, lettres, retours).
CACHER. Figure délibérative : le sujet amoureux se demande, non pas s’il doit déclarer à l’être aimé qu’il l’aime (ce n’est pas une figure de l’aveu), mais dans quelle mesure il doit lui cacher les « troubles » (les turbulences) de sa passion : ses désirs, ses détresses, bref, ses excès (en langage racinien : sa fureur).
CASÉS. Le sujet amoureux voit tous ceux qui l’entourent « casés », chacun lui paraissant pourvu d’un petit système pratique et affectif de liaisons contractuelles, dont il se sent exclu ; il en éprouve un sentiment ambigu d’envie et de dérision.
CATASTROPHE. Crise violente au cours de laquelle le sujet, éprouvant la situation amoureuse comme une impasse définitive, un piège dont il ne pourra jamais sortir, se voit voué à une destruction totale de lui-même.
CIRCONSCRIRE. Pour réduire son malheur, le sujet met son espoir dans une méthode de contrôle qui lui permettrait de circonscrire les plaisirs que lui donne la relation amoureuse : d’une part, garder ces plaisirs, en profiter pleinement, et, d’autre part, mettre dans une parenthèse d’impensé les larges zones dépressives qui séparent ces plaisirs : « oublier » l’être aimé en dehors des plaisirs qu’il donne.
COEUR. Ce mot vaut pour toutes sortes de mouvements et de désirs, mais ce qui est constant, c’est que le cœur se constitue en objet de don - soit méconnu, soit rejeté.
COMBLEMENT. Le sujet pose, avec obstination, le vœu et la possibilité d’une satisfaction pleine du désir impliqué dans la relation amoureuse et d’une réussite sans faille et comme éternelle de cette relation : image paradisiaque du Souverain Bien, à donner et à recevoir.
COMPASSION. Le sujet éprouve un sentiment de compassion violente à l’égard de l’objet aimé, chaque fois qu’il le voit, le sent ou le sait malheureux ou menacé, pour telle ou telle raison, extérieure à la relation amoureuse elle-même.
COMPRENDRE. Percevant tout d’un coup l’épisode amoureux comme un nœud de raisons inexplicables et de solutions bloquées, le sujet s’écrie : « Je veux comprendre (ce qui m’arrive) ! »
CONDUITE. Figure délibérative : le sujet amoureux se pose avec angoisse des problèmes, le plus souvent futiles, de conduite : devant telle alternative, que faire ? Comment agir ?
CONNIVENCE. Le sujet s’imagine parlant de l’être aimé avec une personne rivale, et cette image développe bizarrement chez lui un agrément de complicité.
CONTACTS. La figure réfère à tout discours intérieur suscité par un contact furtif avec le corps (et plus précisément la peau) de l’être désiré.
CONTINGENCES. Menus événements, incidents, traverses, vétilles, mesquineries, futilités, plis de l’existence amoureuse ; tout noyau factuel d’un retentissement qui vient traverser la visée de bonheur du sujet amoureux, comme si le hasard intriguait contre lui.
CORPS. Toute pensée, tout émoi, tout intérêt suscités dans le sujet amoureux par le corps aimé.
DÉCLARATION. Propension du sujet amoureux à entretenir abondamment, avec une émotion contenue, l’être aimé, de son amour, de lui, de soi, d’eux : la déclaration ne porte pas sur l’aveu de l’amour, mais sur la forme, infiniment commentée, de la relation amoureuse.
DÉDICACE. Épisode de langage qui accompagne tout cadeau amoureux, réel ou projeté, et, plus généralement, tout geste, effectif ou intérieur, par lequel le sujet dédie quelque chose à l’être aimé.
DÉMONS. Il semble parfois au sujet amoureux qu’il est possédé par un démon de langage qui le pousse à se blesser lui-même et à s’expulser - selon un mot de Gœthe - du paradis que, dans d’autres moments, la relation amoureuse constitue pour lui.
DÉPENDANCE. Figure dans laquelle l’opinion voit la condition même du sujet amoureux, asservi à l’objet aimé.
DÉPENSE. Figure par laquelle le sujet amoureux vise et hésite tout à la fois à placer l’amour dans une économie de la pure dépense, de la perte « pour rien ».
DÉRÉALITÉ. Sentiment d’absence, retrait de réalité éprouvé par le sujet amoureux, face au monde.
DRAME. Le sujet amoureux ne peut écrire lui-même son roman d’amour. Seule une forme très archaïque pourrait recueillir l’événement qu’il déclame sans pouvoir le raconter.
ÉCORCHÉ. Sensibilité spéciale du sujet amoureux, qui le fait vulnérable, offert à vif aux blessures les plus légères.
ÉCRIRE. Leurres,, débats et impasses auxquels donne lieu le désir d’« exprimer » le sentiment amoureux dans une « création » (notamment d’écriture).
ERRANCE. Bien que tout amour soit vécu comme unique et que le sujet repousse l’idée de le répéter plus tard ailleurs, il surprend parfois en lui une sorte de diffusion du désir amoureux ; il comprend alors qu’il est voué à errer jusqu’à la mort, d’amour en amour.
ÉTREINTE. Le geste de l’étreinte amoureuse semble accomplir, un temps, pour le sujet, le rêve d’union totale avec l’être aimé.
EXIL. Décidant de renoncer à l’état amoureux, le sujet se voit avec tristesse exilé de son Imaginaire.
FÂCHEUX. Sentiment de menue jalousie qui saisit le sujet amoureux lorsqu’il voit l’intérêt de l’être aimé capté et détourné par des personnes, des objets ou des occupations qui agissent à ses yeux comme autant de rivaux secondaires.
FADING. Épreuve douloureuse selon laquelle l’être aimé semble se retirer de tout contact, sans même que cette indifférence énigmatique soit dirigée contre le sujet amoureux ou prononcée au profit de qui que ce soit d’autre, monde ou rival.
FAUTES. En telle ou telle occasion infime de la vie quotidienne, le sujet croit avoir manqué à l’être aimé et en éprouve un sentiment de culpabilité.
FÊTE. Le sujet amoureux vit toute rencontre de l’être aimé comme une fête.
FOU. Le sujet amoureux est traversé par l’idée qu’il est ou devient fou.
GÊNE. Scène à plusieurs, dans laquelle l’implicite du rapport amoureux agit comme une contrainte et suscite un embarras collectif qui n’est pas dit.
GRADIVA. Ce nom, emprunté au livre de Jensen analysé par Freud, désigne l’image de l’être aimé pour autant qu’il accepte d’entrer un peu dans le délire du sujet amoureux afin de l’aider à s’en sortir.
HABIT. Tout affect suscité ou entretenu par le vêtement que le sujet a porté lors de la rencontre amoureuse, ou porte dans l’intention de séduire l’objet aimé.
IDENTIFICATION. Le sujet s’identifie douloureusement à n’importe quelle personne (ou n’importe quel personnage) qui occupe dans la structure amoureuse la même position que lui.
IMAGE. Dans le champ amoureux, les blessures les plus vives viennent davantage de ce que l’on voit que de ce que l’on sait.
INCONNAISSABLE. Efforts du sujet amoureux pour comprendre et définir l’être aimé « en soi », au titre de type caractériel, psychologique ou névrotique, indépendamment des données particulières du rapport amoureux.
INDUCTION. L’être aimé est désiré parce qu’un autre ou d’autres ont montré au sujet qu’il est désirable : tout spécial qu’il soit, le désir amoureux se découvre par induction.
INFORMATEUR. Figure amicale qui semble cependant avoir pour rôle constant de blesser le sujet amoureux en lui livrant, comme si de rien n’était, sur l’être aimé, des informations anodines, mais dont l’effet est de déranger l’image que le sujet a de cet être.
INSUPPORTABLE. Le sentiment d’une accumulation des souffrances amoureuses explose dans ce cri : « Ça ne peut pas continuer. »
ISSUES. Leurres de solutions, quelles qu’elles soient, qui procurent au sujet amoureux, en dépit de leur caractère souvent catastrophique, un repos passager ; manipulation fantasmatique des issues possibles de la crise amoureuse.
JALOUSIE. « Sentiment qui naît dans l’amour et qui est produit par la crainte que la personne aimée ne préfère quelque autre » (Littré).
JE-T-AIME. La figure ne réfère pas à la déclaration d’amour, à l’aveu, mais à la profération répétée du cri d’amour.
LANGUEUR. État subtil du désir amoureux, éprouvé dans son manque, hors de tout vouloir-saisir.
LETTRE. La figure vise la dialectique particulière de la lettre d’amour, à la fois vide (codée) et expressive (chargée de l’envie de signifier le désir).
LOQUÈLE. Ce mot, emprunté à Ignace de Loyola, désigne le flux de paroles à travers lequel le sujet argumente inlassablement dans sa tête les effets d’une blessure ou les conséquences d’une conduite : forme emphatique du « discourir » amoureux.
MAGIE. Consultations magiques, menus rites secrets et actions votives ne sont pas absents de la vie du sujet amoureux, à quelque culture qu’il appartienne.
MONSTRUEUX. Le sujet se rend brusquement compte qu’il enserre l’objet aimé dans un réseau de tyrannies : de pitoyable, il se sent devenir monstrueux.
MUTISME. Le sujet amoureux s’angoisse de ce que l’objet aimé répond parcimonieusement, ou ne répond pas, aux paroles (discours ou lettres) qu’il lui adresse.
NUAGES. Sens et usage de l’assombrissement d’humeur qui saisit le sujet amoureux au gré de circonstances variées.
NUIT. Tout état qui suscite chez le sujet la métaphore de l’obscurité (affective, intellective, existentielle) dans laquelle il se débat ou s’apaise.
OBJETS. Tout objet touché par le corps de l’être aimé devient partie de ce corps et le sujet s’y attache passionnément.
OBSCÈNE. Discréditée par l’opinion moderne, la sentimentalité de l’amour doit être assumée par le sujet amoureux comme une transgression forte, qui le laisse seul et exposé ; par un renversement de valeurs, c’est donc cette sentimentalité qui fait aujourd’hui l’obscène de l’amour.
PLEURER. Propension particulière du sujet amoureux à pleurer : modes d’apparition et fonction des larmes chez ce sujet.
POTIN. Blessure éprouvée par le sujet amoureux lorsqu’il constate que l’être aimé est pris dans un « potin », et entend parler de lui d’une façon commune.
POURQUOI. En même temps qu’il se demande obsessionnellement pourquoi il n’est pas aimé, le sujet amoureux vit dans la croyance qu’en fait l’objet aimé l’aime, mais ne le lui dit pas.
RAVISSEMENT. Épisode réputé initial (mais il peut être reconstruit après coup) au cours duquel le sujet amoureux se trouve « ravi » (capturé et enchanté) par l’image de l’objet aimé (nom populaire : coup de foudre ; nom savant : énamoration).
REGRETTÉ. S’imaginant mort, le sujet amoureux voit la vie de l’être aimé continuer comme si de rien n’était.
RENCONTRE. La figure réfère au temps heureux qui a immédiatement suivi le premier ravissement, avant que naissent les difficultés du rapport amoureux.
RETENTISSEMENT. Mode fondamental de la subjectivité amoureuse : un mot, une image retentissent douloureusement dans la conscience affective du sujet.
RÉVEIL. Modes divers sous lesquels le sujet amoureux se retrouve, au réveil, réinvesti par le souci de sa passion.
SCÈNE. La figure vise toute « scène » (au sens ménager du terme) comme échange de contestations réciproques.
SEUL. La figure renvoie, non à ce que peut être la solitude humaine du sujet amoureux, mais à sa solitude « philosophique », l’amour-passion n’étant pris en charge aujourd’hui par aucun système majeur de pensée (de discours).
SIGNES. Soit qu’il veuille prouver son amour, soit qu’il s’efforce de déchiffrer si l’autre l’aime, le sujet amoureux n’a à sa disposition aucun système de signes sûrs.
SOUVENIR. Remémoration heureuse et/ou déchirante d’un objet, d’un geste, d’une scène, liés à l’être aimé, et marquée par l’intrusion de l’imparfait dans la grammaire du discours amoureux.
SUICIDE. Dans le champ amoureux, l’envie de suicide est fréquente : un rien la provoque.
TEL. Appelé sans cesse à définir l’objet aimé, et souffrant des incertitudes de cette définition, le sujet amoureux rêve d’une sagesse qui lui ferait prendre l’autre tel qu’il est, exonéré de tout adjectif.
TENDRESSE. Jouissance, mais aussi évaluation inquiétante des gestes tendres de l’objet aimé, dans la mesure où le sujet comprend qu’il n’en a pas le privilège.
UNION. Rêve d’union totale avec l’être aimé.
VÉRITÉ. Tout épisode de langage rapporté à la « sensation de vérité » que le sujet amoureux éprouve en pensant à son amour, soit qu’il croie être le seul à voir l’objet aimé « dans sa vérité », soit qu’il définisse la spécialité de sa propre exigence comme une vérité sur laquelle il ne peut céder.
VOULOIR-SAISIR. Comprenant que les difficultés de la relation amoureuse viennent de ce qu’il veut sans cesse s’approprier d’une manière ou d’une autre l’être aimé, le sujet prend la décision d’abandonner dorénavant tout « vouloir-saisir » à son égard.
Tabula gratulatoria
Table
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