Les Onze mille verges ou les Amours d'un hospodar
Sado, maso, macho, scato… Qu'on y ajoute encore la lubricité, la perversité, le meurtre, l'inceste… et ça donne un livre-culte longtemps interdit, banni, honni. On a l'impression que Les onze mille verges de Guillaume Apollinaire qui circulaient sous le manteau au début du XXe siècle a concentré en une centaine de pages la totalité des interdits. Sous la forme d'un conte hésitant entre la mode orientaliste et la veine du roman populaire, Apollinaire met en scène les voyages, les rencontres et les amours improbables du prince Vibescu, héritier de l'aristocratie roumaine, se vantant de pouvoir faire l'amour vingt fois de suite. Et s'il n'y parvient pas, que onze mille verges le châtient ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que le conte d'Apollinaire a la santé. On s'y emboîte à qui mieux mieux dans tous les sens pourvu que le plaisir dure et finisse par exploser. Des scènes invraisemblables pourront encore heurter un lecteur délicat mais le plaisir très rabelaisien de la chair augmenté d'une prose énergique et claquante comme un coup de fouet ravira les vrais amateurs de contes licencieux.