[Gutenberg 45787] • Zofloya, ou le Maure, Histoire du XVe siècle

[Gutenberg 45787] • Zofloya, ou le Maure, Histoire du XVe siècle
Authors
Dacre, Charlotte
Publisher
Transcript
Tags
horror tales , horror , classics , gothic fiction
Date
1806-01-01T00:00:00+00:00
Size
0.27 MB
Lang
fr
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Zofloya ou le Maure, Tomes 1-4 - Histoire du XVe siècle by Charlotte Dacre

Zofloya, ou le Maure (Zofloya; or, The Moor), publié en 1806, est un roman gothique anglais, second roman de Charlotte Dacre (aussi connue sous le pseudonyme de Rosa Matilda en référence à la Matilde du Moine, le roman gothique de Matthew Gregory Lewis).

L’ouvrage est publié en 1806 et doit faire face à de vives critiques : tantôt qualifié de scandaleux et d’immoral, tantôt qualifié de simple imitation du Moine.

Même si la comparaison avec Le Moine n’est pas contestable (le choix de son pseudonyme tendrait d’ailleurs à prouver qu’elle ne s’en cachait pas), Zofloya ne peut en revanche pas être relégué au rang des nombreuses imitations ou parodies médiocres du modèle.

En trois volumes (quatre pour l’édition française), Rosa Matilda réussit à entremêler les récits de différents protagonistes et à les faire converger vers un seul et même personnage : Victoria.

Charlotte Dacre réunit dans son roman tous les ingrédients du genre gothique : jalousie, vengeance, désir, corruption, perversion, cachot, visions nocturnes, victimes innocentes, meurtre, poison, bandits, etc.

Si Zofloya dérange la critique de 1806 c’est en partie parce que Dacre y présente une femme nouvelle, en opposition avec les codes de l’époque. L’auteur y renverse ou inverse les règles et modèles du genre (elle les dépasse peut-être même) et met pour la toute première fois en scène un personnage féminin fort et mauvais, qui exprime et assume ses désirs sexuels.

L'historien qui a le désir de voir ses leçons s'imprimer fortement dans le cœur de l'homme, afin de le rendre plus sage ou plus heureux, ne doit pas se contenter de détailler simplement une série d'événemens; il faut qu'il en approfondisse les causes, et en suive progressivement les effets; il doit tirer des conséquences des incidens tels qu'ils arrivent, et les appliquer toujours à un premier principe.

Vers la fin du quinzième siècle, l'anniversaire du jour de naissance de la jeune Victoria de Loredani, presque toute la haute noblesse de Venise fut invitée au palais de ses père et mère, pour prendre part à une fête somptueuse. La gaîté la plus aimable anima l'assemblée, et la belle Victoria, quoique hautaine et dédaigneuse, ne put s'empêcher de sourire, avec une complaisance qui lui était peu ordinaire, aux hommages qu'on lui adressait, en se disant intérieurement qu'aucune beauté vénitienne ne pouvait l'égaler en perfections, splendeur, ni richesses. Une autre raison d'accroître l'enjouement de la jeune personne, et de rendre son triomphe complet, se trouvait dans l'admiration idolâtre que lui montrait son frère Léonardo, toujours exalté dans ses manières, et qui déclarait hautement qu'aucune des femmes présentes ne vallait sa divine sœur.

Il y avait dix-sept ans, à cette époque, que le marquis de Loredani était l'époux de Lorina de Cornari, femme d'une rare beauté, et douée de mille perfections. Un seul défaut ternissait ces avantages, c'était la vanité excessive qu'elle mettait à se voir admirée, et qui lui donnait une confiance plus grande dans son mérite. Elle avait à peine quinze ans, lorsqu'elle épousa le marquis, et il n'en comptait pas vingt. Ce mariage de pure inclination avait été contracté sans l'avis d'aucuns parens, et décidé dans le délire de l'amour et de la folle jeunesse. Cependant il n'eut pas le sort de la plupart des unions de cette espèce; le dégout et le repentir n'en furent point la suite. Les circonstances contribuèrent, au contraire, à rendre le bonheur des jeunes époux durable.