LES ESCLAVES DE PARIS Tome II
- Authors
- Gaboriau, Émile
- Publisher
- Ebooks libres et gratuits
- Tags
- romans- policier - crime - mystère , classics
- ISBN
- 9781592242955
- Date
- 1868-01-01T00:00:00+00:00
- Size
- 0.48 MB
- Lang
- fr
Ce livre numérique est le roman en édition illustrée de Emil Gaboriau Les Esclaves de Paris - Tome II (Edition illustrée)
Extrait du livre :
Quand de Poitiers on veut se rendre à Loudun, le plus court est encore d’aller retenir une place à la diligence qui fait le service entre le chef-lieu du département de la Vienne et Saumur, la plus coquette des cités qui se mirent aux flots bleus de la Loire.
Le bureau de cette diligence est à deux pas de l’hôtel de France, entre le restaurant du Coq-Hardi et le café de Castille.
Un employé fort poli y reçoit les voyageurs. On lui donne cinq francs d’arrhes, et en échange il garantit une bonne place de coupé pour le lendemain matin.
Surtout, recommande-t-il, arrivez à six heures, six heures très précises.
Le lendemain donc, on se fait tirer du lit dès l’aurore, on s’habille en deux temps, et on arrive au pas de course. Hâte inutile !
Tout dort encore dans le bureau, à l’exception d’un garçon, juste assez éveillé pour répondre une grossièreté aux questions qu’on lui adresse.
S’indigner ? À quoi bon ! En face, un débit s’ouvre où on vend du café au lait, mieux vaut s’y réfugier.
Ce n’est guère que vingt-cinq minutes plus tard que le « buraliste » se montre, bâillant à se démettre les mâ-choires.
Presque aussitôt, le conducteur apparaît, sacrant, donnant des ordres, jurant que jamais il n’a été si en re-tard.
Vite on tire de la cour la vieille diligence qui sonne la ferraille. Le postillon et un palefrenier surviennent, traînant par leur longe les trois chevaux endormis. On attelle et les facteurs hissent sur l’impériale les bagages et les colis.
– En voiture !… crie le buraliste, en voiture !…
Fausse alerte ! Pas un des voyageurs de la ville n’a montré le bout de son nez. On attend M. de Rocheposay, qui demeure rue Saint-Porchaire, maître Nadal, qui habite près de Blossac et aussi M. Richaud, de Loudun, venu la veille pour ses affaires, et descendu à l’hôtel des Trois Piliers, et d’autres encore.
Un à un ils se présentent, se hâtant lentement, portant force boîtes dont ils embarrassent les compartiments.
Enfin le compte y est. Sept heures et demie sonnent, le conducteur lâche un dernier juron, le fouet du postillon claque ; hue ! on part ; on est parti.
C’est au galop de ses rosses fourbues que la voiture descend les rampes de la ville ; elle traverse comme un trait le pont du Clain, elle brûle le pavé du faubourg, elle atteint la grande route et les chevaux emboîtent le trot somnolent qu’ils garderont jusqu’au relais.