Notes
1. F. Ström, Loki, p. 8, se refuse à admettre cette notion de type mythique et ajoute : « Diese Hypothese erscheint um so mehr diskutabler als sie in dem konkreten Falle ihren Fürsprecher nötigt, in einem solchen Typus eine skandinavische Mythengestalt und eine Sagenfigur aus dem fernen Kaukasus zu vereinigen. » Le lecteur a pu se rendre compte que ma démarche est juste l’inverse : ce n’est pas la volonté de déterminer un type qui m’a « obligé » à comparer Loki et Syrdon. De cette comparaison, imposée par leurs caractères et leurs actions, et poursuivie sans préjugés, un type se dégage.
2. Z. Vaneti, « Obščestvo Nartov », Izv. jugo-oset, naučno-issledov, Inst. kraevedanija, 2, 1935, p. 213, voit dans les rapports de Syrdon avec les Nartes une manifestation de la lutte des classes.
3. The Problem of Loki, p. 265.
4. On rapproche parfois grec orkhis, « testicule », avestique ǝrǝzi, « scrotum », et vieux-scandinave ögurr (pour *örgurr), « pénis ». Cf. note 1, p. 72.
5. Cf. ci-dessus, no 14, II, b, p. 82.
6. Cf. Huginn, Muninn : F. Ström, GHÂ 53 (1947), I, p. 56 ; Loki (1956), pp. 61-80, sur les points de rencontre de Loki et d’Óđinn – la meilleure partie du livre.
8. N° 1 a, b.
9. N° 5 a, b.
10. N° 14 1, a).
11. N° 14, III.
12. Je suis l’édition et la traduction suédoise de I. Lindquist, Norröna lovkväden frân 800-och 900-talen, del I : förslag till restituerad text jamte översättning, Lund (1929), pp. 82-83. Pour simplifier, et sans égard pour le sacrilège littéraire, je remplace les périphrases scaldiques par les noms en clair.
13. « L’ami d’Óđinn » (Hrafnásar vínr) : il est plus normal, puisque c’est sûrement à Hœ´nir (Fet-meili) que le géant a adressé sa demande (v. 1), de penser, avec Lindquist, que cette kenning désigne encore Hœ´nir : c’est la réaction de Hœ´nir. D’autres ont compris Loki (Corpus Poeticum Boreale, J. de Vries, etc.) : mais ce premier mouvement ne s’accorderait pas avec le service de tranche-viande que Loki rend à la strophe suivante. Les éditeurs du Corpus Poeticum avaient compris le vers tout autrement et de façon inadmissible (hlaut af helgum skutli Hrafn-ásar vin(r) blása signifierait « Loki had hard work to blow the fire » : il est bien question d’entretenir le feu à ce moment !).
14. Ok kölluđu hann allvel til höfđingja fallinn.
15. Spakr, plus peut-être que vitr, comporte « the notion of prophetic vision » (Zoëga).
16. Autre variante de l’apparition de Kvasir, en désaccord avec celle de l’Edda en prose, du même auteur, qui a été citée plus haut, p. 100. Mais le sens profond est le même : c’est soit aux Vanes seuls (Heimskringla), soit à la collaboration d’eux-mêmes avec les Vanes (Edda) que les Ases, et spécialement Óđinn, doivent de posséder le génie du breuvage enivrant (*kvas > Kvasir) qui, transformé, deviendra l’hydromel de sagesse et de poésie. – On notera que c’est là encore une province de la « mythologie de l’esprit » : il est significatif qu’elle soit juxtaposée à la légende de Hœ´nir et de Mímir. – On notera enfin que, dans le récit de la capture finale de Loki (no 11 a), c’est Kvasir qui, interprétant habilement la forme des cendres du filet, permet aux dieux de prendre Loki à sa propre invention : c’est, ici encore, un conflit entre deux « types d’intelligence », et Loki a le dessous.
17. Sur Mímir et la voyance d’Óđinn, v. Mitra-Varuṇa, pp. 111 sq. De Mímir, on a rapproché le Mimingus qui apparaît dans le « Balderus » de Saxo (ci-dessus, no 10 d) ; cf. M. Boberg, dans les Aarb. f. nord. Oldkynd., 1943, pp. 103-106.
18. Le nom de Hœ´nir est obscur : que viennent faire ici le grec kyknos, ou le latin ciconia ? Celui de Mímir est sans doute de même famille que le latin memor : nous sommes en pleine opération intellectuelle.
19. « Hœ´nir wird also in dem verjüngten Götterkreise die priesterlichen Funktionen verrichten », dit Gering dans son commentaire à Völuspá, 631. Cf. H. Celander, GHÅ, 36 (1930), 3, p. 53.
20. Þá kná Hœ´nir hlautviđ kjósa... (le vers suivant est malheureusement perdu). On voudra bien noter que tout ce qui nous a été transmis sur Hœ´nir se trouve ici solidairement considéré, – sauf trois désignations, indiquées par Snorri : « l’Ase rapide », « le Long-Pied », l’aurkonungr (« Roi de l’Humide »), qui doivent faire référence à des légendes que nous ne connaissons pas. Les deux premières, paradoxales pour ce dieu qui « prend son temps », s’expliquent peut-être par un thème comme celui du lièvre et de la tortue, – où c’est la tortue qui gagne à la course parce qu’elle est méthodique : cf., en sens inverse, le proverbe færœien où Loki, le rapide mais impulsif Loki, parti chercher l’eau pour baptiser une petite fille, revient quand on en est à la marier, no 14 I (4). Que le Sögubrot, 3 (XIIe, XIIIe siècle ?) appelle Hœ´nir hrœddast ása, « le plus anxieux, inquiet des Ases », peut s’accommoder à l’interprétation ici présentée et oppose bien Hœ´nir à l’insouciant Loki (cf., ci-dessus, l’attitude de Hœ´nir devant l’exigence de Þjazi : il souffle de colère et se contient).
22. N° 2, 1), a, b, c.
23. N° 7 a ; cf. encore, dans le no 10 a et b, les deux conduites opposées de Syrdon et de Satana.
24. [Note de 1986] La confrontation faite ici de Loki et de Hœ´nir n’est pas entièrement satisfaisante. M. Edgar Polomé me rappelle que, dans le principal mythe où il paraît, Hœ´nir fait couple avec Mímir et que, lorsqu’il est séparé de Mímir, il ne sait plus remplir son office. M. Polomé pense donc que, dans ce couple, Hœ´nir n’assure que la communication (cf. son rôle après le Ragnarök), la réflexion, la décision dûment pesée étant la chose de Mímir. Je reprendrai cette petite énigme, du point de vue de Mímir, dans une « Esquisse » de la quatrième série (76-100).
25. C’est même le seul argument qu’on donne pour assimiler Lóđurr et Loki. Il n’est pas nul, mais il est faible, frôle la pétition de principe.
26. Gering, Edda Kommentar, I, p. 21 : önd = « Atem, Atmungsvermögen » ; óđr = « Vernunft, Geist ».
27. Gylfaginning, chap. VI, p. 16.
28. V. la bonne discussion et la conclusion réservée de J. de Vries, The Problem of Loki, pp. 28-37. L’auteur signale avec raison, pp. 29-30, que, en un sens, étymologiquement, on s’attendrait à voir l’óđr présenté comme un don d’Óđinn : la répartition n’en est que plus intéressante.
29. Avec mon accord, elle a été omise dans la traduction russe, Osetinskij epos i mifologija (Moscou, 1976), Loki, chap. IV « Sravnenija », pp. 111-131.