Il semble qu’on ait cru pouvoir limiter la population des juifs en limitant l’étendue de leur habitation. Car l’on leur a presque toujours assigné des quartiers à part, où ils n’ont la liberté de s’étendre qu’en hauteur. Quelques villes d’Italie ont même conservé l’usage de les enfermer tous les soirs dans le ghetto, c’est ainsi qu’on nomme en ce pays les vues séparées qui leur sont accordées, et je ne sais si l’on trouve encore sur une des portes du ghetto de Padoue cette inscription : ne populo coelestis regni heredi usus cum exhaerede esset.
Pochner nous permettra de n’être pas de son avis lorsqu’il approuve et conseille cet usage sous prétexte que le mélange des juifs avec nous sert à nourrir l’aversion contre eux122. On pourrait d’abord lui contester la justesse de cette remarque ; il semble au contraire qu’en isolant les juifs, on alimente la haine des chrétiens en lui montrant son objet d’une manière plus précise. Considérons d’ailleurs que la religion de jour en jour mieux connue appuie les droits de l’humanité en ralliant les cœurs ; et les chrétiens d’aujourd’hui ne sont pas ceux du XIIe siècle. Nous avons mentionné les traitements barbares que les juifs essuyaient autrefois à Toulouse, à Béziers ; mais si actuellement un bourgeois de ces villes oubliant les maximes évangéliques outrageait un juif, la plus grande sévérité réprimerait à coup sûr un attentat également lâche et cruel. Aux inconvénients que Pochner a cru voir dans le mélange des juifs avec nous, on peut opposer les dangers plus réels qui résultent de leur séjour dans des quartiers séparés. C’est dans ces tristes réduits que fermente sans cesse un air pestilentiel et très propre à répandre ou même à causer des épidémies123. C’est là que les juifs sont toujours un peuple à part et qu’ils concentrent leur misère et leurs préjugés. Ces préjugés s’enracinent d’autant plus qu’ils sont fortifiés par l’exemple et l’enthousiasme ; car l’enthousiasme et l’exemple agissent par le rapprochement des individus, et le juif plus qu’un autre, peut-être, est facilement subjugué par ces deux moyens ; car son ignorance et ses principes le disposent à la séduction. Lorsqu’ensuite on veut détromper un peuple égaré par ces deux voies on en a meilleur compte en le prenant en détail qu’en travaillant sur une quantité réunie.
Tout concourt donc à faire sentir combien il est essentiel de disperser les juifs et d’en déterminer le nombre dans chaque ville ou village. Plus on multipliera leurs relations avec nous, plus on aura de facilité pour battre en ruine leurs préjugés. La même politique exige qu’on les distribue dans les corps militaires, lorsqu’on voudra les y recevoir et les soumettre aux levées des milices. On conçoit la possibilité de lever une légion uniquement composée de juifs mais tant de raisons combattent la formation d’un corps ainsi constitué que nous n’osons les déduire. Ce serait insulter à la pénétration du lecteur. Une police vigilante et vigoureuse mettrait les juifs dispersés dans nos régiments à l’abri des avanies. Quand on commande aux Français la subordination et l’honneur sont deux ressorts puissants, tour à tour faciles à mouvoir et le ministère saurait en diriger les mouvements d’une manière qui concourrait à l’accomplissement de ses vues et à l’exécution de la réforme qu’on propose. Quelques observances rabbiniques établiront d’abord une différence marquée entre les soldats juifs et chrétiens, mais bientôt l’impérieuse nécessité, l’exemple et des plaisanteries innocentes qui attaqueront la chose et non la personne feront disparaître ces vétilles : tel qui autrefois eût cru faire un crime, en se servant à table du couteau d’un chrétien, finira par user des mêmes mets que ce chrétien devenu son camarade intime. On sait que les juifs levantins et allemands ne boivent pas du vin que les chrétiens ont pressuré, tandis que par une contradiction puérile, ils ne se font aucun scrupule de boire du cidre ou de la bière préparée par nos mains ; mais déjà ceux d’Italie et plusieurs mêmes des nôtres n’ont plus ces petitesses. Ne croyons pas même s’ils dussent se refuser longtemps à manœuvrer le jour du sabbat. Déjà dans le Talmud et dans Maimonide on a trouvé deux passages qui le permettent formellement124. D’ailleurs l’exemple de Josué et des Macchabées leur apprendra qu’en pareil jour on peut non seulement défendre ses foyers, mais encore attaquer ceux de l’ennemi et l’on sait qu’au siège de Jérusalem ils travaillèrent sans distinction de jours. Admis dans les troupes romaines pendant quatre siècles, ils continuèrent sur le même pied, jusqu’à ce que l’empereur Honorius s’avisât de déclarer les juifs incapables du service militaire.
Peut-être sera-t-on surpris que je suppose aux juifs le germe de la valeur ; Caron les regarde comme de vils esclaves parmi lesquels on trouverait à peine un Spartacus ; mais cette nation si belliqueuse sous les princes Asmonéens, cette nation qui au Xe siècle aida les chrétiens à chasser les brigands qui dévastaient la Bohême ; cette nation qu’on dit avoir fourni un général habile au Portugal125, qui a brillé au siège de Mahon, qui dans le siècle dernier s’est distinguée à la défense de Prague et de Bude assiégées126, ne peut-elle s’ennoblir sous nos mains et se rendre digne de marcher sous les drapeaux français ?
Notre langue a peu de termes qui affectent aussi diversement les esprits et les cœurs que le mot tolérance. Tour à tour il est devenu le refrain de l’impiété qui voulait accueillir jusqu’aux erreurs et du zèle sanguinaire qui voulait proscrire même les personnes. Le véritable christianisme montrant ce juste milieu qui sauve les droits du créateur sans blesser ceux de la créature ouvre son sein à ses frères errants sans jamais l’ouvrir à l’erreur. Un des emblèmes touchants de son divin fondateur, c’est la figure d’un agneau ; une de ses admirables maximes est celle-ci : « apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur », et ces mots de l’Évangile : « contrains-les d’entrer », n’indiquent que les exhortations pressantes et les prières ferventes de la charité. Le sauveur n’avait garde de donner à sa religion un caractère de violence qui l’eût rendue odieuse ; il condamna ses disciples qui voulaient appeler le feu du ciel sur une ville où il n’avait pas été reçu et quand je vois des chrétiens persécuteurs, je suis tenté de croire qu’ils n’ont pas lu l’Évangile. On a dit avant moi que la soumission à la vérité est un acte de la volonté, que les forces humaines ne peuvent rien sur l’âme et du corps elles ne peuvent tirer que de la douleur.
Rien de mieux établi dans la Bible que le respect dû aux puissances. Celles-ci à leur tour n’inspectant que la vie présente, doivent respecter les principes religieux des citoyens et l’arrêt du Jesumi au Japon ou le serment de suprématie en Angleterre sont des attentats sur les droits imprescriptibles de l’homme.
L’entière liberté de conscience accordée aux juifs sera un grand pas en avant pour les réformer et, j’ose le dire, pour les convertir car la vérité n’est persuasive autant qu’elle est douce. Mais les protestants, va-t-on nous dire, réclameront les mêmes privilèges. Nous avons posé les principes, et quoi qu’en leur faveur nous tirions les conséquences qui en dérivent, on voudra bien reconnaître et le catholique fidèle et le citoyen soumis dans un écrivain qui présente ses idées avec une circonspection timide et qui n’eut jamais l’orgueilleuse prétention de dicter des lois à l’autorité suprême.
Nous ne sommes plus dans ces siècles où l’on croyait faire une œuvre méritoire en forçant les juifs à se convertir. Quelle différence entre le règne de Louis XVI et celui de Dagobert Ier, qui par un édit leur laissa l’alternative du baptême ou de la mort127 ; édit cruel qui dépouille l’homme de sa liberté sur un article qui n’est pas soumis à la politique. Nos tribunaux ont réprimé le zèle indiscret qui enlevait des enfants juifs impubères pour les faire chrétiens. Les pontifes eux-mêmes ont défendu d’envahir ainsi les droits de la paternité et la constitution de Clément XIII en 1764 ne faisait que renouveler celle de Jules III portée 213 ans auparavant. L’autorité civile veillera pour garantir à chacun la jouissance des droits de la nature dans les affaires du salut. D’un côté les enfants juifs (nous exceptons de cette règle les enfants naturels portés dans nos hôpitaux) ne recevront le baptême qu’ils ne l’aient désiré et alors même ils ne seront pas soustraits à la puissance paternelle, à moins qu’il n’y ait sévices prouvés ou fortement présumés. D’un autre côté on sévira contre des pères fanatiques dont les menaces et les mauvais traitements enchaîneraient la volonté des enfants qui pencheraient au christianisme et en cas de conversion, on empêchera qu’ils ne soient déshérités.
Une politique du XVIe siècle voulait que pour opérer la conversion des juifs, ils fussent reçus bourgeois de Paris et obligés une fois la semaine d’assister à la sorbonnique128. Dans le même siècle, c’est-à-dire en 1584, Grégoire XIII ordonna des instructions hebdomadaires pour les juifs. Divers souverains ont statué la même chose, et cet usage de les prêcher, qui a cessé dans la Hesse, la principauté de Colemberg et à Metz se soutient en Italie. On sait avec quels succès le père Marin a prêché la controverse aux juifs d’Avignon. Obliger les juifs à s’instruire n’est pas les forcer à se convertir, et nous pencherions à croire que la loi qui les soumet à l’audition de quelques discours n’est pas contraire aux droits de l’humanité, à moins qu’on ne prouve que l’État ne peut obliger ses membres à l’acquisition des lumières. Peut-être même le gouvernement pourrait-il utilement employer cette voie pour instiller dans les esprits et les cœurs, des principes raisonnés sur toutes les branches des devoirs du citoyen. Mais qu’alors rien n’annonce les duretés de la contrainte, nous ne voulons que des conférences aussi amicales que celles de Limborch et d’Orobio.
Ici revient la question s’il faut laisser aux juifs leurs lois et leurs usages, question agitée tant de fois et en dernier lieu débattue avec feu dans l’affaire du juif Peixotto qui voulait répudier sa femme129. Si on leur permet d’être juifs, disait le défenseur du mari, il faut aussi leur permettre de vivre selon les lois des juifs ; après avoir contracté des mariages suivant le rite mosaïque, ne pourront-ils les rompre en vertu du même rite, et si on leur défend le divorce, il faut aussi leur défendre tout ce qui est de la religion judaïque. Cette conséquence est très fausse ; aussi l’avocat adverse répliquait : si on leur permet de vivre selon leurs lois, il leur sera donc également permis d’avoir plusieurs épouses, de lapider les femmes adultères, et les filles qui etc., etc. et cette réponse paraît victorieuse. Dans la Hesse, on a défendu aux rabbins la connaissance du divorce quoi que communément là ainsi qu’ailleurs, on leur attribue pouvoir pour juger les causes matrimoniales. Le divorce et le lévirat ne sont pas contraires à la loi naturelle, ni à la loi mosaïque, mais comme cet article est de nature à influer très peu sur notre projet, nous dirons : non nostrum tantas componere lites. Nous désirons seulement qu’on défende aux juifs le mariage dans les degrés prohibés par nos lois pour concourir à régénérer ce peuple dont le physique est dégradé.
Il paraît que pendant les quatre premiers siècles, les juifs ont joui assez constamment du droit d’autonomie ; actuellement encore en quelques pays, ils ont droit de première instance pour les difficultés qui s’élèvent entre eux. En leur accordant liberté de conscience on leur a laissé la plupart de leurs usages parce qu’on a vu que chez eux la religion s’étendait à toutes les branches de la législation et jusqu’aux moindres détails de police, mais distinguons dans la loi mosaïque ce qui tient essentiellement à l’exercice du culte, ce qui n’est qu’objet de jurisprudence civile et criminelle ; ce sont deux choses séparables. Accordons aux juifs entière liberté sur le premier article et dans tout ce qui n’intéresse pas la sûreté, l’honneur et le bien du citoyen, mais qu’en tout le reste ils soient soumis aux lois nationales… laissons donc aux rabbins droit de sentence dans les choses qui concernent purement le rite hébraïque, ils conserveront encore le droit de lancer l’excommunication, à condition que bornée aux effets nuement religieux, elle n’en produira aucun dans la société politique et n’infâmera jamais un citoyen comme fit la synagogue d’Amsterdam envers Uriel Acosta, et dans ces cas mêmes pour obvier aux inconvénients, il y aura toujours appel à nos tribunaux, c’est très abusivement qu’en Alsace et dans quelques États d’Allemagne, on permet aux rabbins d’exercer les fonctions de notaire, de juger des causes pécuniaires, testamentaires, etc. On ne leur interdira pas la voie paisible de l’arbitrage, mais dans toutes les affaires, qui peuvent intéresser l’État civil leurs judicatures seront supprimées et leurs procès renvoyés aux tribunaux ordinaires ; telle est la loi de Joseph II. On ne prétendra pas sans doute que parce que notre roi Henri II a reçu les juifs portugais sans restriction, et que ses successeurs ont confirmé leurs privilèges, le souverain aura les mains liées quand il s’agira de statuer sur leur état civil, ni qu’ils seront citoyens et cependant exempts de l’obéissance aux lois, en vertu desquelles, ils jouissent des avantages de citoyens ; eux-mêmes n’aspirent pas à cette exemption et suivent sans remords des règlements nouveaux, car jamais par exemple, ils n’ont cru blesser leur conscience, en ne lapidant pas un fils rebelle à son père quoique cette peine soit portée par la loi.
Les juifs seront donc soumis à la jurisprudence respective des nations chez lesquelles ils résident et l’on se dispensera de rédiger pour eux des coutumes particulières comme on le fait à Metz. Soumis à la même répartition d’impôts et de charges publiques que les chrétiens, ils participeront aux mêmes avantages, mais en supposant que quelques-uns soient devenus corvéables et banaux des seigneurs, il ne sera pas loisible à ceux-ci de rançonner des malheureux, de les admettre ou renvoyer à leur gré. Quelques feudataires alsaciens prétendraient inutilement posséder ce droit par la nature de leurs fiefs qui sont immédiats, ou par une possession immémoriale. L’autorité souveraine ne peut être limitée par des usages contraires au bonheur national et qui pour être consacrés par le temps n’en sont que plus abusifs. Point de syndic pour la gestion des affaires des communautés juives. Point de communautés juives, ils seront membres des nôtres, et lorsque pour des affaires indispensables de leur religion, ils seront obligés de tenir conseil et de voter, un commissaire royal surveillera ces assemblées où tout sera traité en langue vulgaire car les juifs seront astreints à se servir de l’idiome national pour leurs contrats, registres, testaments, calendriers, etc. et partout ils seront habiles à gérer les offices purement civils. Cette dernière phrase servira de texte au chapitre suivant.
Nous avons négligé tout ce qui peut élever l’âme de nos juifs et leur donner de l’énergie. Il est prouvé par l’histoire et surtout par le code théodosien, que quoiqu’ils fussent maltraités dans les quatre premiers siècles ils étaient admis à toutes les charges civiles et militaires, plus tard même on voit des preuves de cette vérité puisqu’un concile de Paris assemblé par Clotaire II en 615 les exclut des offices publics130. Cette défense même prouve notre assertion. Chez les princes musulmans ils peuvent aspirer et atteindre quelquefois aux premières portes du ministère et de la finance. À Maroc surtout, on en voit fréquemment se pousser à la cour et remplir les fonctions d’ambassadeurs, nous ne citerons que le fameux Pacheco mort à La Haye en 1604131. Plus turcs que les Turcs, nous leur avons interdit l’entrée même des dernières charges civiles. Il semble qu’on ait conspiré de leur côté et du nôtre à élever entre eux et nous un mur de séparation. L’Europe a produit 400 règlements pour défendre de manger avec eux, d’acheter d’eux des comestibles, de consulter leurs médecins, d’accepter leurs femmes pour nourrices132. Quelques-unes de ces défenses étaient à la vérité fondées en raison, telle fut celle d’avoir des esclaves chrétiens. Il est prouvé que les juifs ayant le goût du prosélytisme les forçaient souvent à l’infraction des lois chrétiennes133. En leur interdisant aujourd’hui d’avoir des chrétiens à leur service on ne pourrait alléguer le même motif. Les sollicitations d’un juif en pareil cas seraient sévèrement réprimées si on les connaissait. Mais connues ou inconnues elles seraient infructueuses, car dans nos siècles modernes on trouverait à peine un chrétien qui ait embrassé le judaïsme. Pour la rareté du fait nous citerons Antoine Debriey. D’anciens statuts du diocèse de Metz rédigés en 1610 engagent les curés à s’opposer à un service que rendaient aux femmes juives les matrones chrétiennes, on ne voit pas d’abord ce qui a pu dicter ce décret, mais il paraît qu’alors encore on forçait presque les sages-femmes chrétiennes de participer à quelque cérémonie judaïque ou superstitieuse et quand Grégoire XIII par une constitution de l’an 1581 leur défendit d’avoir des nourrices chrétiennes, parce qu’après avoir communié on les forçait pendant plusieurs jours à verser leur lait dans les garde-robes, ces défenses étaient fondées sur des motifs qui actuellement n’auraient plus lieu.
Mais combien d’autres règlements on pourrait citer tous enfantés par la haine ou l’ineptie, et d’insipides écrivains ont croassé pour applaudir à de si belles décisions. Veut-on lire des chefs-d’œuvre d’impertinences, on peut consulter les auteurs cités au bas de cette page134. On verra des facultés théologiques luthériennes, de Wittemberg, de Rostock, etc. décider qu’un chrétien malade ne peut appeler des médecins juifs « parce que la plupart sont des ânes qui se servent de remèdes magiques, de dix chrétiens ils sont obligés d’en tuer un, les juifs sont infâmes et maudits du Ciel, conséquemment ils ne doivent pas guérir les chrétiens qui sont enfants de Dieu etc. » Qu’un chrétien dîne avec un juif, c’est une espèce de sacrilège selon Tostat135. Tel est aussi l’avis du très vénérable docteur Jacques de Gruffiin et cette décision est digne d’un homme qui examine si un clerc encourt l’excommunication en se battant lui-même136. Un roi d’Espagne condamnait à de grosses amendes quiconque recevrait d’un juif quelque présent137 et Philippe le Hardi après leur avoir défendu de se baigner dans les rivières où se baignaient les chrétiens, les obligea de mettre une corne à leur bonnet. Ailleurs on les a forcés de porter des roues sur leurs habits, des chapeaux jaunes, on ne leur a laissé que la figure humaine, encore a-t-on voulu y attacher un distinctif flétrissant en singularisant leur costume. Hélas, que gagne-t-on en avilissant les hommes ? À coup sûr on les rend pires.
Il paraît que les gouvernements vont sérieusement s’occuper à expier les torts des siècles passés. Déjà un édit du roi, registré à Colmar en 1784, exempte les juifs des péages corporels qui les assimilaient aux animaux. L’Espagne abolit il y a quelques années la distinction d’anciens et de nouveaux chrétiens, on prétend que parmi ces derniers il y a encore des juifs secrets. Mais si l’on veut sincèrement opérer une révolution il faut les rapprocher de nous, de nos usages, développer leurs facultés, aiguillonner leurs âmes par l’espérance de la considération publique et les lier à l’État en leur accordant le droit d’arriver à toutes les places civiles dans les diverses classes de la société. Une loi fondamentale de quelques États est d’exclure des offices tous ceux qui ne sont pas de la religion dominante ; cette politique sévère est-elle toujours juste ? S’il était quelques charges dont il fallût les éloigner ce serait celles qui les constitueraient receveurs d’impôts, gabeleurs, douaniers etc., celles en un mot qui donnent trop de facilité pour commettre des conclusions pour faire la maltôte et la contrebande, car il ne faut jamais perdre de vue le caractère du peuple qu’on se propose de rectifier. Il serait également abusif que leur position dans la société leur donnât le droit d’influer directement sur une religion dont ils sont ennemis déclarés, tel serait le droit de conférer des bénéfices, droit dévolu au juif. Calmé, par l’acquisition de la baronnie de Péquigny, puisqu’on trouve déjà des êtres capables d’accepter de telles nominations, on en trouverait peut-être bientôt pour les acheter, et le vendeur ne croyant pas à la simonie, comme l’a dit M. Linguet, passerait faire un marché très légitime, peut-être même croirait-il servir sa religion par l’introduction d’un mauvais sujet dans la nôtre. On objectera sans doute qu’on voit des catholiques et des protestants avoir droit de collation à des bénéfices d’une religion dont ils ne sont point membres. L’exclusion que nous donnons aux juifs seulement pour un temps, n’est fondée que sur leur aversion pour le christianisme et leur dépravation morale, sauf les exceptions flatteuses que nous avons tracées avec tant de plaisir et quand notre observation n’aura plus lieu, transporté de joie nous nous hâterons de l’effacer.
À cela près, pourquoi les juifs n’obtiendraient-ils pas toutes les distinctions qui sont censées n’être jamais accordées qu’au mérite ? Pourquoi par ex. leur fermerait-on la porte de nos académies ? Mais si une société littéraire, si le corps de la noblesse rougissait d’adopter un des descendants d’Abraham, cette faiblesse ôterait à ceux-ci le regret d’un être exclu et le vertueux israélite content de posséder la vraie noblesse, saurait dédaigner un mérite d’opinion138.
Il est encore un article que nous toucherons légèrement, presque en tremblant, en avouant que l’observation qui la suit ne peut avoir qu’une application assez rare, et encore éloignée. Dans les premiers siècles et spécialement vers la fin du Ve et au commencement du VIe, les liaisons des chrétiens et des juifs étaient assez intimes et la disparité du culte ne les empêchait pas de s’unir par le mariage. Des empereurs et des conciles défendirent sévèrement ces alliances, qui étaient quelquefois pour la partie catholique une occasion de séduction et d’apostasie. Nos théologiens avouent que l’empêchement fondé sur la disparité du culte n’a pas été établi par un statut général, car on n’en trouve pas de bien précis mais introduit par une coutume qui universellement adoptée, obtient présentement force de loi139. Tous conviennent encore que l’église peut dispenser des lois de discipline sans ébranler le dogme, d’autant plus que le même règlement très sage dans certaines circonstances, peut devenir inutile, abusif même dans d’autres. Le danger de séduction n’a plus lieu actuellement. En permettant ces unions, on pourrait exiger que les enfants fussent élevés dans le catholicisme ou qu’au moins il fût convenu de leur laisser la religion du sexe respectif, et cette permission de contracter des mariages avec les juifs établirait avec eux un nouveau point de liaison. On ne peut trop les multiplier.
Espérons peu toutefois de l’homme adulte. Son pli est déjà formé, ou il va nous échapper. Attaquons le mal dans sa source et portons nos regards sur la génération qui vient de naître, sur celle qui court à la puberté et cultivons-les. Que cette jeunesse ait part à l’éducation de nos citoyens, soit dans les écoles inférieures soit dans les collèges et universités. Les pères inspireront d’abord des préventions contre nous à des enfants susceptibles de toutes sortes d’impressions, mais notre affabilité combattra leur défiance et ces élèves n’étant pas toujours en garde contre la raison, ils recueilleront même sans le vouloir des idées saines, qui seront le contrepoison des absurdités dont on voudrait les repaître au sein de leur famille. Quand ils auront intérêt à s’instruire, l’émulation et l’étude développeront leurs talents et la voie publique les couronnera en leur permettant d’aspirer aux grades dans les trois facultés de droit, de médecine et des arts. Nous ne parlons pas de notre théologie qui n’est ni de leur goût, ni de leur ressort.
Quelques constitutions leur défendent à la vérité la lecture de nos ouvrages, mais ces défenses ignorées des uns ont été méprisées des autres toutes les fois qu’aiguillonnés par la curiosité ils ont voulu consulter les livres des nations. Quelques-uns même se sont livrés à la philosophie platonicienne140 c’est-à-dire à celle qui devait être la moins attrayante pour eux, car le dogme de la trinité fut toujours comme on le sait une pierre d’achoppement et de scandale pour les juifs, et le préjugé si longtemps reçu que la distinction des personnes était consignée dans Platon, devait leur inspirer de l’aversion pour le philosophe grec. On peut inférer de là que s’ils sont aveuglément livrés aux décisions des rabbins, il est cependant possible de les en détacher et même on les a vus s’écarter de la loi sur des points plus importants. Telle est la défense si précise d’avoir chez eux des peintures, malgré laquelle beaucoup de juifs italiens sont en possession d’aimer et de conserver les chefs-d’œuvre de grands maîtres141.
On ne peut trop inculquer qu’il est important d’obliger à cette fréquentation de nos écoles, les élèves qui se destinent à la conduite des synagogues. Cette vérité est frappante pour quiconque sait jusqu’où s’étend l’influence des docteurs juifs sur leurs ouailles. L’autorité civile pourra restreindre la liberté des élections des rabbins, ou s’en réserver le choix exclusif, mais pour faire germer l’émulation, on adjugera la palme dans un concours. On s’assurera de leur science, de leurs principes et l’on dirigera vers le bien moral et politique leur enseignement dans les écoles et les synagogues.
À force d’encourager les juifs, de les assimiler aux autres citoyens, de leur procurer les mêmes avantages, insensiblement ils adopteront notre manière de penser nos lois, nos usages et nos mœurs. Mais nos mœurs gagneront-elles en les adoptant ? J’ai toujours craint cette question.
Qu’on suppose un pays où le petit nombre des sages, mis à part une partie de la nation, aurait de la religion sans la raisonner et l’autre déraisonnerait pour n’en point avoir, où ce qu’on appelle honneur ne serait qu’un brillant fantôme substitué à la vertu, où jaloux de capter l’estime publique, on ne s’inquiéterait point d’être ce que l’on veut paraître, où l’impérieuse frivolité refuserait au mérite des hommages prodigués aux fantaisies de la mode et au travers du bel esprit, où le grand nombre incapable de grandes vertus et même de grands crimes n’aurait que des pressions empreintes du caractère de la faiblesse, je le demande, de telles mœurs seraient-elles un modèle à présenter et si ces mœurs étaient les nôtres, ne faudrait-il pas appréhender que les juifs après avoir été artisans de notre luxe et témoins de notre dépravation n’en fussent bientôt les victimes ? Quelques avantages qu’ils pussent se promettre en devenant citoyens, s’il était sûr qu’ils dussent perdre du côté des mœurs, il faudrait sans balancer les laisser végéter dans leur avilissement. Voilà l’objection dans toute sa force. Cependant on peut opposer à nos craintes des considérations qui nous rassurent.
D’autres diraient que les juifs étant fils de l’État ont droit d’être traités comme tels, que les inconvénients dont on a parlé ne sont pas nécessairement liés à ce traitement, et que d’ailleurs on est tenu de satisfaire un créancier, même en prévoyant le mauvais usage qu’il fera de son argent. Les juifs depuis si longtemps plus mal traités que les nègres dans nos colonies pourraient alléguer ces raisons, sur lesquelles nous n’insistons pas. On leur contesterait peut-être la dette dans la crainte de payer les arrérages.
Nous remarquerons seulement que le bien à espérer de leur réforme est sûr et que le mal à craindre ne l’est pas. Le relâchement des mœurs ne s’introduirait que difficilement parmi les membres d’une nation qui ne serait jamais que tolérée quoique jouissant de grands privilèges. Leur religion les soumet d’ailleurs à une foule d’observances peu compatibles avec le ton brillant ou plutôt corrompu de nos sociétés, et qui les tenant toujours à une certaine distance du luxe, les sauverait de la contagion ; cependant imbus par une éducation saine des principes d’une morale solide et pénétrés de nos bontés constantes, ils apprendraient à user de représailles envers des ennemis trop généreux pour être haïs, de sorte qu’ils acquerraient de la sociabilité, des sentiments, sans perdre l’antique simplicité de leurs mœurs. S’il faut appeler l’expérience à l’appui du raisonnement, nous citerons les juifs de La Haye, de Livourne et de Berlin qui sont plus rapprochés qu’ailleurs de l’état de citoyen. Au surplus quand il faut opter entre deux portes qui offrent des inconvénients et des avantages, on doit les comparer, les peser et voir de quel côté la balance incline. Nous croyons qu’ici elle penche en faveur de la réforme qu’on propose. Ces considérations ont servi de guide dans le projet qu’on vient d’ébaucher, qu’il nous soit permis d’y joindre quelques réflexions qui sans être essentielles auront leur utilité.
Si les juifs n’étaient que sauvages, on aurait plus de facilité à les civiliser, il suffirait de semer dans une terre nouvelle pour espérer une récolte abondante, mais ils ont l’ignorance acquise qui a dégradé leurs facultés intellectuelles. Cette nation conserve son orgueil dans son avilissement et ne raisonne guère que d’après les déraisonnements de ses docteurs. Chez les rabbanistes Élie le Lévite et Menasseh sont presque les seuls qui aient réduit leurs traditions à leur juste valeur, mais trop heureux d’être impunément si judicieux, ils n’ont pu corriger leurs confrères qui ont continué de débiter des rêveries, de dénaturer tous les faits historiques, en sorte que chez eux la critique est encore à naître. Ils ont même créé autrefois un fleuve Sabbathius qui cessait de couler le jour du sabbat, ou qui ne coulait que ce jour-là. Peut-être faut-il le placer dans le royaume de Cozar qui est près de la mer Gargan. Les juifs nous ont donné de belles descriptions de ce royaume auquel il ne manque que l’existence. À peine en croit-on ses yeux quand on lit Benjamin de Tudèle142 et Joseph Ben Gorion143 qui sont cependant les Tite-Live, les Tacite de la synagogue. Qu’ont-elles donc produit autrefois ces célèbres académies de Tibériade, de Sora, de Nahardée, de Lunel, etc., et de nos jours celles de Sapheta, de Thessalonique, de Prague, etc. Celle de Fez seulement a toujours été la moins absurde. Clénard y trouva quelques doctes personnages, mais en général loin de reculer les bornes de l’esprit humain elles en ont consacré les erreurs, en donnant comme dogmes les écarts d’une imagination délirante et dans cette foule de rabbins qui grossissent la collection de Bartolocei144 on voit à peine un bon écrivain se présenter avec éclat à la postérité. Faute de mieux on citera Juda-Ching, Maïmonide, Aben-Ezra, Abravanel-Kimki, Élie le Lévite, Aaron Ben Joseph juif caraïte, Orobio et le vertueux Menasseh. Cependant si l’on voulait extraire de leurs écrits ce que la saine raison daignerait avouer, le triage fait, quelle ample collection de fadaises et d’erreurs resteraient accumulée. Les bras tombent lorsqu’on lit dans un Abravanel, comme dans beaucoup d’autres, que tous les juifs devant ressusciter en Palestine, les corps de ceux qui n’y meurent pas doivent y rouler par des canaux souterrains que l’éternel a creusés. La nation peut citer enfin un homme de génie qu’elle vient de perdre, mais depuis l’historien Joseph, il a fallu dix-sept siècles pour produire Mendelssohn. Il y a longtemps que dans son traité contre les chrétiens un empereur reprochait aux juifs leur ignorance dans les sciences et les arts. Ce reproche est déplacé si l’on considère qu’ayant tous les arts nécessaires à leur genre de vie laborieuse et frugale, ils pouvaient très bien se passer de chimistes et de géomètres. Leur science se bornait à l’étude de la loi qui renfermait toutes les branches de la législation. Tous l’étudiaient car autrefois et actuellement encore c’est la nation chez qui malgré l’ignorance, l’art de lire soit le plus universellement connu. Le traducteur forcené de Julien enchérit sur son maître et leur fait un crime de n’avoir pas eu de belle musique ni d’école d’anatomie. Effectivement on ne trouve chez eux ni des Winslow ni des Gluck et cette privation est un forfait abominable dont ils ne pourront jamais se laver. Ils nous ont cependant laissé sur l’astronomie un monument précieux qui a hâté le progrès de cette science, car c’est aux juifs de Tolède qu’on doit les tables alphonsines dressées au XIIe siècle. Les juifs ont encore perfectionné l’art du mercier, et créé celui des finances, mais comment faut-il qualifier ce que l’usure y a ajouté. Nous avons remarqué plus haut que quelques-uns réussissent dans la gravure en creux. Ils ont cultivé, ils cultivent encore avec quelques succès la jurisprudence dont ils ont discuté plusieurs points avec une sagacité peu commune, et la médecine en Orient surtout, mais ils ne donnent pas une haute idée de leur théorie par leurs contes sur l’os Luz qui est, disent-ils, la racine du corps duquel tous les viscères tirent leur origine et qui ne peut être brisé, brûlé, ni moulu. À ces articles près, je ne vois pas, n’en déplaise à un de mes compatriotes, quelles sont ces découvertes dont tous les écrivains doivent tenir compte au peuple hébreu145. C’est là cependant l’objet d’une remarque et non d’un reproche. Mais quand dans une brochure imprimée il y a 20 ans on lit que l’Europe doit aux juifs la renaissance des lettres146 et des beaux-arts, on est tenté de croire à l’infidélité de ses gens plutôt qu’à l’assertion de l’auteur.
Quant à la morale il faut avoir parcouru leurs théologiens pour savoir à quel point ils l’ont altérée. Le grand Maimonide croit que le péché cesse quand on le commet en secret et selon lui on n’est pas coupable en renonçant à la religion pourvu que ce ne soit pas en présence de dix personnes, car alors il faut plutôt mourir que d’abjurer147. Un rab. Siméon décide que si l’idolâtre vous promet la vie à condition de commettre un acte d’idolâtrie, on doit accepter la condition et la vie puisqu’il n’est pas dit « vous mourrez pour ces lois mais vous vivrez par elles ». Les faux serments étaient si communs chez les juifs du temps d’Aben-Ezra que ce docteur les regardait comme une cause suffisante de la prolongation de leurs malheurs, cependant les parjures ne doivent pas leur grever la conscience puisqu’ils croient que Dieu les anéantit le jour des expiations148 ; et soit parjure ou autre péché, ils peuvent s’en décharger aisément en allant au retour de l’année sur la rive d’un fleuve pour les jeter sous les poissons. Ils ont une foule de casuistes qui autorisent la mauvaise foi, l’hypocrisie, les restrictions mentales, ils ont des Escobar d’autant plus dangereux que leurs décisions sont respectées et pour le dire en passant ils ont aussi des Sanchez. Leurs sermons ne sont guère, dit-on, que des tissus de discussions inutiles qu’ils embrouillent quelquefois en voulant les éclaircir et les deux que Wagenseil nous a fait connaître149 n’inspirent pas la curiosité d’en voir d’autres ; en un mot le pharisaïsme est encore dominant dans les synagogues, car tel est l’homme : à mesure qu’il s’éloigne de la vertu, il aime à se faire illusion en la remplaçant par des pratiques qui n’en sont que le fantôme. Les lois cérémonielles du Pentateuque offraient un but digne de la sagesse de Dieu, puisque le culte doit parler aux sens qui sont pour ainsi dire les portes de l’âme, mais cela n’autoriserait pas les rabbins à créer une foule de cérémonies ridicules qui ne peuvent qu’étouffer la vraie piété et rétrécir le génie. Ce serait de grands crimes que d’aller à la synagogue le matin sans porter les téphilins, de ne pas allumer de lampe dans sa maison le jour du sabbat et surtout de se mettre à table sans avoir lavé ses mains ; ce péché est aussi grand, dit le rabbin Joré150, que d’avoir commercé avec une femme perdue. La quantité et la qualité de l’eau employée à l’ablution des mains offre une foule de difficultés qui ont quelquefois partagé les docteurs. Tant de petitesses donnent lieu de penser qu’il sera plus difficile d’éclairer nos juifs rabbanistes, que de réformer les samaritains qui sont moins occupés de ces puérilités et les caraïtes qui les rejettent absolument et appellent les pharisiens des ânes bridés. Ces deux dernières sectes sont moins entêtées et plus judicieuses ; nous n’en avons pas eu en France.
Quoique nous supprimions une infinité d’impertinences éparses dans les écrits des juifs, on regardera peut-être ce détail comme destiné à rendre les juifs odieux, peut-être aussi nous fera-t-on la grâce de ne le croire qu’inutile. Il n’est ni l’un ni l’autre. Après avoir exposé les moyens de corriger cette nation, nous avons voulu faire sentir davantage la nécessité de cette réforme et montrer les objets sur lesquels on doit la porter, car si l’on ne respectait la patience du lecteur et l’état malheureux des juifs, on eût pu passer en revue cent de leurs auteurs, qui ont débité cent mille rêveries plus absurdes, s’il est possible, que celles qu’on a mentionnées dans cet écrit. Il semble que la crédulité ait chargé la bêtise de les rédiger et ces monstrueux excès de sottise étant portés à l’extrême satisferont peut-être le retour au bon sens. Comment se peut-il donc que des hommes aient déliré à ce point, comment se peut-il que le peuple le plus incrédule soit en même temps le plus crédule, et pourquoi les juifs si enclins autrefois à l’idolâtrie, sont-ils actuellement si tenaces dans la loi mosaïque. Voilà des énigmes dont on demandera le secret à la religion si les causes qu’on va indiquer ne suffisent pas pour le dévoiler.
Persécuter une religion c’est presque toujours un moyen sûr de la rendre plus chère à ses sectateurs et les hommes n’ont eu que trop d’occasions de constater cette vérité. En pareil cas l’amour-propre s’intéresse à conserver des principes qui ont coûté des tourments et d’ailleurs le malheur qui conduit quelquefois au désespoir conduit rarement à l’incrédulité, parce que l’homme abandonné des hommes, tourne ses regards vers le Ciel pour y trouver un confident de ses peines. Tels sont les juifs. L’attente d’un Messie que doivent escorter la gloire et les plaisirs151 leur a fait oublier les angoisses d’une vie orageuse et l’espoir d’un bonheur futur a été pour eux une consolation présente.
Les traditions du juif, ses livres, ses fêtes, lui rappellent constamment le souvenir des prodiges antiques, de sorte que familiarisé avec le merveilleux, crédule par ignorance, superstitieux par misère, il s’est livré à tous les vestiges du mensonge et n’a jamais su distinguer entre les miracles avérés que la foi révère, et les contes absurdes que la raison réprouve.
On sait qu’autrefois le gouvernement des hébreux était une véritable théocratie. Depuis cette époque ils ont lié toutes les connaissances à celle de la loi, les arts, les sciences et jusqu’à la science sublime de tuer des animaux, tout est entré dans le plan du système religieux. Cet assemblage a fait naître cette foule de rêveries auxquelles il a toujours été permis d’ajouter sans en rien diminuer. On juge de là que les idées sensées ne peuvent s’introduire chez eux que difficilement parce que les moindres innovations paraissent des changements dogmatiques. Le chaos des traditions talmudiques est ensuite devenu leur théologie mais la théologie proprement dite est une science qui n’est pas susceptible de découvertes, elle propose des dogmes à croire, elle étaye ces dogmes des motifs de crédibilité ; veut-on l’étendre au-delà de cette sphère, on défigure la plus sublime des connaissances, on crée des entités, des quiddités, des raisons raisonnantes et raisonnées, c’est-à-dire qu’on déraisonne et ce qui est arrivé chez nous devait à plus forte raison arriver chez les juifs. Telles sont les principales sources de leur égarement inconcevable et de leur attachement à des traditions burlesques qui souvent n’excitent que le rire de la pitié. Détruisez les causes, les effets disparaîtront, mais le grand obstacle viendra toujours de la part des rabbins, car la nation ne pense, ne parle, n’agit guère que d’après leurs décisions et l’on ne peut trop répéter qu’il est essentiel de veiller sur l’éducation de ses docteurs, de leur inspirer des idées saines, de borner leur pouvoir. S’ils ont gâté la nation, ils peuvent la régénérer. Au reste, on assure que leur fanatisme se refroidit et que déjà bien des docteurs épurent les traditions talmudiques152. Il s’en trouve même qui, dégoûtés de tout fatras rabbinique poussent jusqu’à la licence la liberté de penser.
Il faut avouer qu’un autre obstacle à la réforme des juifs est le peu d’estime qu’ils ont pour les personnes du sexe. Cette conduite leur est commune avec tous les peuples chez qui la permission du divorce et de la polygamie tient les femmes dans l’abjection et les fait considérer comme des vils instruments du plaisir. Il paraît en lisant Malachie que depuis longtemps les juifs ont mérité ce reproche. Les impuretés légales qui éloignent quelquefois leurs femmes, la société, ont fortifié cette manière de penser ; leur but primitif n’était cependant que d’inspirer plus de retenue en réfrénant des passions grossières. Quoi qu’actuellement le divorce soit rare chez eux et la polygamie absolument inusitée excepté peut-être en quelques coins de l’Orient. L’usage dit M. Roussel de faire rendre les oracles par des femmes chez les Grecs, les juifs et les Germains partait d’un certain respect pour ce sexe153. Les femmes rendent des oracles chez les juifs. Cette sentence porte absolument sur une fausse supposition. Leur manière désavantageuse de penser à l’égard des femmes s’est perpétuée jusqu’à nos jours. Cardoso nous assure cependant qu’ils en font cas154, mais qui faut-il croire du docteur qui assure une chose ou de l’expérience qui le contredit. Un auteur vient d’assurer que les juifs ont eu des femmes savantes, autre assertion dont nous demandons la preuve. Il est certain qu’asservies sous le despotisme des maris, elles n’ont aucune facilité pour faire éclore leurs talents et que depuis Zénobie, si toutefois elle était juive, aucune autre ne s’est fait remarquer dans la foule.
Quand un peuple n’est pas civilisé il y a trop peu de relations morales entre la femme et l’homme pour contrebalancer les forces corporelles de celui-ci, mais lorsque la femme peut compenser son infériorité physique par les charmes de l’esprit et du sentiment, son empire adoucit les mœurs ; en général la considération pour les personnes du sexe est la mesure des progrès d’une nation dans la vie sociale. Ces principes sont aussi étrangers à la synagogue que la culture des beaux-arts, car les juifs n’ont pas sacrifié aux [un mot illisible]. Lipman a composé en vers hébraïques son second Nizzachon, ouvrage contre la religion chrétienne, et que Wagenseil a très bien réfuté. Plusieurs juifs d’Italie et d’Espagne se sont essayé à faire des vers, nous avons même de Lévi de Barrios, la Relacion de los poetas y escrittores espagnolos de la nacion judaica amstelodama. Ils ont donc versifié en hébreu, en italien, en espagnol, c’est-à-dire que mettant à part David et les prophètes, le recueil le plus ancien de la poésie la plus sublime, les juifs ont des vers et pas un poète. Nous avons vu précédemment que Benjamin de Tudèle voyageant en Grèce avait trouvé le Parnasse habité par deux cents juifs qui le labouraient et y recueillaient des légumes. C’est la seule relation qu’ils aient eue avec cette montagne, ils en ont fertilisé le sol et n’en ont jamais courtisé les souveraines.
La synagogue a cependant enfanté une espèce de mythologie qui, à la vérité, n’est point assez riante pour en faire excuser la sottise. Les rêveries talmudiques et cabalistiques paraissent d’autant plus difficiles à détruire qu’elles n’ont pas de fondement, et qu’on ne sait sur quoi s’appuyer quand on combat dans le vide. Mais c’est là-dessus que nous répandrons avec succès le sel de l’ironie lorsque le juif sera capable de le bien goûter. Ce sera le moment de produire des ouvrages pour cribler les puérilités mystiques du rabbinisme, les marquer au coin du ridicule et substituer aux extases du délire les fruits d’une raison lumineuse. Le juif a bu le calice de la honte et quand on sera parvenu à rendre la nation sensible à la raillerie, on aura beaucoup avancé car cette sensibilité annonce que l’homme moral est déjà très développé. Alors la crainte du ridicule achèvera ce que le bon sens aura commencé, l’influence de cette crainte agira surtout en France où l’on a raison quand on fait rire et les préjugés ne subsisteront certainement pas aux dépens de l’amour-propre. À mesure que les idées se rectifieront, le cœur s’ouvrira aux sentiments de la délicatesse et le juif en chérissant son épouse contractera l’habitude de respecter son égale.
Le changement qu’on propose n’est pas à la vérité l’ouvrage d’un moment, car on sait qu’en général la marche de la raison, comme celle de la mer n’est sensible qu’après des siècles. Mais quoiqu’ordinairement les révolutions morales soient fort lentes, celle-ci sera plus rapide, excepté peut-être pour certains défauts ou vices plus tenaces soit par leur nature, soit parce que l’éducation les aura fortifiés, telle est l’avidité du gain. Nous aimons à croire que deux générations suffiront pour cette réforme, car tout concourt à l’opérer ; le juif naît avec les mêmes dispositions que nous, on lui présente les motifs les plus puissants pour l’engager à s’instruire, il a devant les mains notre éducation, notre législation, nos découvertes qu’il va partager et quand il faut lutter constamment contre l’instruction, l’évidence, l’autorité, l’exemple et le ridicule pour conserver des opinions absurdes, il est impossible que la raison ne recouvre pas ses droits.
L’éducation et la législation n’atteignent jamais leur but qu’en adoptant une marche graduelle, réglée sur les circonstances et la nécessité. Ce but est souvent manqué, parce que les méthodes et les lois ne sont point adaptées au génie national ou parce qu’on n’a pas disposé le génie national à les recevoir. S’il était permis à l’humble citoyen d’opiner sur les actions d’un souverain ami de l’humanité et qui marche à la gloire, nous dirions que son édit en faveur des juifs a le défaut essentiel de franchir les intermédiaires. Il est résulté de là qu’en Galicie et Lodomérie on s’est vu contraint de restreindre les privilèges accordés aux juifs. Il fallait préalablement disposer les esprits pour diriger les cours, répandre des livres, des idées préparatoires, accorder une grâce pour en faire mériter une autre et cette marche plus lente eût accéléré la consommation de l’ouvrage et l’accomplissement des vœux de Joseph II.
N’oublions pas cependant qu’il est nécessaire de préparer à cette réforme non seulement les juifs mais encore les chrétiens, parlons au cœur de ceux-ci en faveur de leurs frères, dans les écoles publiques, dans les chaires, sur les degrés du sanctuaire. Il est en outre pour la classe inférieure de la société un moyen infaillible et facile de favoriser la propagation des lumières relatives à notre objet. Me croira-t-on si j’indique les almanachs. On connaît à peine l’étendue de leur influence heureuse ou sinistre chez le bas peuple, suivant qu’ils sont ouvrages de la raison ou de la sottise. Annuellement on tire quarante mille exemplaires de celui de Bâle, imprimé tant en cette ville qu’à Colmar par un habitant de Berlin qui en a le privilège. Des savoyards colportent dans toute la France ce répertoire absurde qui perpétue jusqu’au XVIIIe siècle les préjugés du XIIIe. Pour huit sols, chaque paysan se nantit de cette collection chiromantique, astrologique, etc. dictée par le mauvais goût et le délire. Le débit à la vérité en est moindre depuis quelques années, parce que grâce au clergé des idées lumineuses de toutes autres espèces pénètrent jusque dans les hameaux. Ces faits relatifs aux calendriers et almanachs sont sans doute ignorés du gouvernement sans quoi il s’emparerait de ce moyen d’instruction pour semer avec profusion le résultat des expériences agronomiques, les vues paternelles du souverain, les principes de l’humanité, etc. chez nos campagnards et même chez les juifs que nous voulons disposer insensiblement à l’adoption des vues du ministère. N’allons pas heurter de front leurs préjugés. Un moyen sûr pour les révolter serait par ex. de travestir, de ridiculiser sur le théâtre leurs cérémonies religieuses. C’est cependant ce qu’on a fait en Allemagne dans le ballet pantomime intitulé La noce juive et l’on ne peut qu’applaudir à M. Bernoulli qui, l’ayant vu jouer à Hoss en Franconie, s’est vivement récrié contre l’indécence de cette farce155.
Nous croyons avoir fait entrer dans ce plan tous les grands moyens qui peuvent changer les opinions et rectifier l’homme moral mais les avons-nous présentés avec assez d’énergie pour émouvoir les cœurs en opérant la conviction dans les esprits ? Il est des détails dans lesquels nous ne sommes pas descendus pour ne pas injurier la pénétration des lecteurs. Ils nous pardonneront sans doute d’avoir employé quelques fois un ton décisif, s’ils considèrent que les probablement, les peut-être déjà trop multipliés dans cet écrit, ne pouvaient que ralentir la marche didactique d’un ouvrage tel que celui-ci. Persuadés que nous défendons une bonne cause, cette persuasion n’exclut pas la défiance que doit inspirer la médiocrité. Nous serons abondamment récompensés de notre travail si cet essai concourt à soulager les peines d’une nation malheureuse, à lui procurer un défenseur plus éloquent. Ils n’en trouveront pas un plus zélé.
La propriété et la liberté sont deux pivots de la félicité des peuples et de la durée des empires. Vertu, bonheur, utilité, tant pour l’individu que pour la patrie sont des termes corrélatifs et si quelqu’un affectait d’en douter on pourrait se dispenser de perdre son temps à le lui prouver ; et je le répète, rendons les juifs citoyens, notre première récompense sera d’avoir fait des heureux. Régénérés tant au physique qu’au moral, ils acquerront une constitution plus saine, plus robuste avec de la probité et des lumières ; nous y gagnerons un surcroît de population, de richesses et d’industrie, leurs cœurs dirigés à la vertu, leurs mains au travail tourneront au profit de la société générale. Tout ce qu’on vient de lire sert de prémisses à ces conséquences.
Quelque nécessaire que soit la réforme qu’on propose, quels que soient les moyens de l’opérer, jamais cependant ils n’auront leur plein effet qu’autant que les gouvernements s’occuperont sérieusement de ce projet et l’embrasseront dans toute son étendue, avec les modifications nécessitées par le local et les circonstances. Si l’on se borne à quelques règlements vagues, c. à d. à des palliatifs, on se rebutera en voyant échouer des efforts mal combinés et l’amour-propre intéressé à justifier la fausseté de ses moyens rejettera le défaut de succès sur la prétendue impossibilité de réformer ce peuple. Il faut nécessairement suivre à son égard un système raisonné d’éducation et si cependant on veut débuter par des essais, l’œil du souverain doit les surveiller, ou du moins les exécuteurs de ses ordres doivent être des hommes et non des sangsues qui suceraient la substance de nos malheureux juifs et leur feraient acheter les faveurs du gouvernement. Craindrait-on que les juifs n’abusassent de ces faveurs et qu’un jour le serpent ne blessât le sein qui l’aurait ranimé. On leur reproche d’avoir excité plusieurs séditions dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, c’était la triste suite des rigueurs exercées contre eux. Oublions donc leurs crimes de peur de rappeler les nôtres. Le peuple ne s’agite jamais que pour sortir de la misère, quand on lui permet de goûter en paix les fruits de son travail, quand on ne combat ses erreurs qu’avec les armes de la persuasion, il n’est pas factieux. L’État n’a point de convulsions à craindre et nos paisibles israélites n’ayant plus le goût du prosélytisme ni le génie turbulent des sectaires, il sera toujours facile de les maintenir dans la dépendance. Gens ennemis de toute innovation, ne niez pas les succès avant d’avoir fait des tentatives, n’épiloguez par sur de petits inconvénients, car si l’homme était réduit à n’adopter que des plans qui n’en n’offrissent aucun il ne se déciderait jamais. Félicitons-nous de vivre enfin sous un règne qu’on peut louer sans flatter et par conséquent sans s’avilir. Espérons en un mot que des projets inspirés par l’humanité, conseillés par la nécessité, et appuyés par la religion, par la raison le seront un jour par les dépositaires de l’autorité publique. Déjà l’Allemagne et son chef, Gustave et la Suède ouvrent aux juifs un sein pacifique, Pierre le Grand n’osa essayer d’en faire des Russes, il voulait auparavant créer des hommes mais son ouvrage s’achèvera, Catherine II vit encore et chez les Français !
Ô nations, depuis dix-huit siècles vous foulez les débris d’Israël. La vengeance divine déploie sur eux ses rigueurs, mais vous a-t-elle chargées d’être ses ministres ? La fureur de vos pères a choisi les victimes dans ce troupeau désolé, quel traitement réservez-vous aux agneaux timides échappés du carnage et réfugiés dans vos bras ? Est-ce assez de leur laisser la vie en les privant de ce qui peut la rendre supportable ? Il n’y a que 22 ans que le malheureux Hirtzel Lévi resta dix heures vivant sur la roue pour un crime qu’il n’avait pas commis et l’arrêt du sénat équitable de Metz qui réhabilita la mémoire de cet innocent ne lui rendit pas la vie. Votre haine fera-t-elle partie de l’héritage de vos enfants ? Ne jugez plus la nation juive que sur l’avenir, mais si vous portez derechef vos regards sur ses crimes passés et sur ses défauts actuels, que ce soit pour déplorer votre ouvrage. Vous fûtes les auteurs de ses vices, soyez-le de ses vertus. Un siècle nouveau va s’ouvrir, que les palmes de l’humanité en ornent le frontispice, et que la postérité applaudisse d’avance à la réunion de vos cœurs ; les juifs sont membres de cette famille universelle qui doit établir la concorde entre tous les peuples, sur eux comme sur vous la révélation étend son voile majestueux. Enfants du même père, dérobez tout prétexte à l’aversion de vos frères qui seront un jour dans le même bercail. Ouvrez-leur des asiles où ils puissent tranquillement reposer leurs têtes et sécher leurs larmes et que le juif accordant au chrétien un retour de tendresse embrasse en moi son concitoyen et son ami.
[signature]
Mss no 73 G. Musée lorrain de Nancy.
V. les dissert. de M. de Correvon à la suite de sa traduction du traité d’Adisson sur la religion chrétienne. Genève, 1771, t. III, p. 245 et suite.
S. Jérôme in Sophoni.
Leges wisigothorum, L. 12, t. II et III.
Chronich. rothomag in nov. biblio. Mss, t. I, p. 363.
Annales Boiorum L. 5e.
Barbeyrac, préface à De la nature et des gens. Basnage, Histoire des juifs.
Boissi, préface de ses dissertations sur l’hist. des juifs.
Journal de Bouillon année 1787.
En Agobardie opera de insolentia judeor, t. I, p. 64, édit Bal.
Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, t. XVI. Vita ferreol in append. operis. M. A. Dominici cui titulus familia ansberti rediviva. Le Cointe, Annales écclési. fr.
Vita S. Hilar. Par St Honora son disciple.
Raynaldus passim, bibliothèque critique de saint Jore, t. I, p. 109 où se trouve un factum en faveur des juifs de Metz. Pagi breviarum gestor pontit, t. I.
Félicité publique, t. I, ch. I.
Hist. de Languedoc par Vaissette, t. II.
David Gantz. Germen Davidis.
Ce fut aux États de Ploermel que Jean Ier dit le Roux donna cet édit foudroyant en 1239. Basnage dit que le prince déclare innocent quiconque tuerait un juif. L’édit du prince ne concerne que le passé, il défend seulement d’inquiéter ceux qui en auraient tué précédemment, c’est sur quoi sont d’accord et l’auteur cité par Basnage (d’Argentré, Hist. de Bretagne, L. 4) et Lobineau (Hist. de Bret., t. I et II dans les preuves) quoique ces deux écrivains diffèrent d’ailleurs en rapportant chacun le texte de l’édit.
Mathieu Paris an 1255, p. 606 ut quos rex excoriaverat, comes evisceraret.
V. dans la chronique de Suisse par Humpf des gravures en bois qui représentent un juif pendu par les pieds à côté d’un chien dans la même attitude. À Livourne même où nos hébreux ont de grands privilèges quand les chiens sont trop multipliés on les tue et on les jette dans le cimetière des juifs. Voyages de Hasselquist, 2 part. p. 4.
Aeneas Sylvius, Hist. Bohem, c. XXXIV. Crusius. Annales Suevi et Basnage passim.
Soliloques du docteur Dodd, 3e soliloque. Villaret, Hist. de France, 1393.
Beraud de Bercastel, Hist. Eccl., t. III, page 211 nie les horreurs exercées par les juifs sur des enfants chrétiens, il en reconnaît à peine un exemple, tandis que l’abbé de Feller (Journal de Luxembourg, 1er octobre 1782) veut en trouver une foule d’incontestables.
V. la chronique de Richerius dans le 3 v. du Spicilege de d’Archery. C’est le chap. XXXII de l’imprimé, car il est le XXXVI du MS original de l’abbaye de Senones, qui n’est point imprimé en entier.
Richerius, c. XXXII de l’imprimé XXXVI du MS. Bonsinius rerum hungaricar. decas. 4, L. 4, et decas. 5, L. 3. Bonifius racontant qu’en 1494 des juifs de Tyrnau égorgèrent un jeune chrétien prête à leurs actions des motifs dont on ne se douterait pas : « 1° parce qu’ils tiennent de leurs ancêtres, que le sang des chrétiens, appliqué sur la plaie dans la cérémonie de la circoncision, a la propriété d’arrêter l’hémorragie. 2° Ce sang, mêlé dans leurs aliments, resserre les liens de leur amitié mutuelle. 3° Les juifs étant soumis aux évacuations périodiques, le sang d’un chrétien, administré en potion, est un remède assuré contre cette incommodité. 4° Un ancien décret, dont ils nous font mystère, les oblige à immoler constamment des chrétiens dans quelque partie du monde ; et précisément cette année, les juifs de Tyrnau étaient chargés de ces sacrifices ». Quelle pitié !
Pierius Valerianus, dans ses hiéroglyphes assure que les juifs achètent à grand prix du sang des chrétiens pour évoquer les diables, et qu’en le faisant bouillir, ils obtiennent réponse à toutes leurs interrogations.
On connaît le procès fait dans le siècle dernier à quelques juifs de Metz, accusés d’avoir enlevé un enfant chrétien. L’auteur de l’ouvrage intitulé Abrégé du procès fait aux juifs de Metz, paraît un peu crédule, mais il faut avouer aussi que l’auteur du factum inséré dans la bibliothèque de Saint Jore, t. I, le réfute pitoyablement.
V. ses dissertations, t. II, pag. 104 et suiv. 119.
Scriptores rerum Moguntiacarum, t. III, p. 175.
Endectes Judenthum, 2 v., in 4to.
[Pas de texte lié à cet appel de note.]
La mort du grand Maître Molé est un sujet vraiment théâtral et il est surprenant que la tragédie ne s’en soit pas encore emparée.
On compte plus de vingt faux messies, jusqu’à Sabbathai-Zevi qui parut au siècle dernier.
Relation de Fez et de Maroc publiée par Ockley, Amst. 1726.
Bossuet, Hist. des variat.
Antiquité dévoilée par ses usages.
Lettres de quelques juifs portugais, & de Voltaire, t. I p. 12, Paris, 1776.
Les Caraïtes, les Samaritains, les rabbinistes. Voyez le der. chap. de cet ouvrage.
Ockley dans la relation citée ci-dessus.
Journal encyclopedi. 1er nov. 1781, p. 554.
Brydone, Voyage en Sicile et à Malte, t. I, p. 243.
Voir les mémoires sur le Brandebourg.
Ambroise Paré, L. 20 c. VIII de sa chirurgie, v. aussi la physiologie de Haller.
Cardoso, Las Excellentias de los Hebreos, 4°.
Buxtorf, Synagoga judaica, ch. IV et VIII.
M. Archenholtz, Voyages en Angleterre et en Italie.
[Pas de texte lié à cet appel de note.]
Decisiones aureœ etc., par Jacques de Gruffiin, Auguste Taurin, 1597, in 4°, t. II, ch. XXIII.
Soliloque du docteur Dodd, 3e solil.
Histoire des découvertes faites par divers savants voyageurs, etc.
Dans les mélanges, t. III, 2e part., chap. III.
Observation communiquée par le célèbre auteur de l’ouvrage sur les physionomies, M. Lavater.
Voyages en Arabie etc. par Roques, Paris 1716, t. I, p. 104.
Buchan, Médecine domestique, t. III.
Traité de l’incrédulité des juifs par Pierre de Lancre, Traité 8, p. 452.
Le passage d’Abravanel se trouve dans Reusselius, Dissertat. de pestilent. a Deo, etc. ad Deuteron., c. XXVIII et XXI dans Carpzovius, Dissert. de filio hominis ad antiquum dierum delato, ad. c. XII dans v. 13 et 14.
Zimara, Problèmes sur Aristote, p. 34.
Tostat in 1° Reg. c. V, quest. 15 et 19. Bonsinius rerum hung. decas. 4, L. 5 et decas 5, L. 3. Alexander ab Alexandro genialium dierum, L. 4, c. XXVI.
Voyez le chapitre « Non cola y sangre » dans son livre espagnol aussi rare que curieux Las excellentias de los hebreos por el doctor Isaac Cardoso, Amster. 1579 et l’ouvrage qui fait suite à celui-ci pour discuter les calomnies dont on a chargé les Hébreux.
Martial epigram., L. 4, epig. 4, Rutili i numant. itinerarium. Fortunat poem. L. 5. Ammien Marcellin L. 22, c. V.
Hecquet, Traité des dispenses de Carême, p. 1, c. XXVIII. Saury dans Géographie physique, t. II, p. 95.
Lemery, Traité des dispenses des aliments, c. XXI. Beckrens, Selecta diaetetica, in 4°, Francfort, 1710, sect. 2, c. X.
Traité sur la santé et l’éducation médicinale des filles destinées au mariage, par M. Venel, Yverdun, 1776. Le savant abbé Vinkelman dans un ouvrage trop peu connu (Histoire de l’art chez les anciens, t. II) assure qu’autrefois les figures juives pouvaient fournir de très beaux modèles et il remarque avec Scaliger (in Scaligeriana) qu’aujourd’hui même on ne trouve pas de nez écrasé chez leurs descendants.
Traité sur la longévité. Mercurialis de morbis cutaneis, t. II. Aldrovande de quadrup. bisulcis, t. V, Gesner de Sue, L. 1.
Hist. naturelle, t. V, variétés de l’espèce humaine.
Vandermonde, Essai sur la manière de perfectionner l’espèce humaine, t. I et 1re partie.
Roussel, Système physique et moral de la femme.
Vie de Cromwell, 2 vol. in12, Amst. 1712. On y trouve l’histoire de la députation des juifs à Cromwell.
On sait qu’ils ont pénétré en Amérique et même dans les possessions espagnoles de ce pays-là et déjà ils sont très nombreux chez les anglo-américains (v. Le voyage dans les colonies du milieu de l’Amérique septentrion par M. Burnaby, Lausanne, 1778). L’exagérateur Dodd a rêvé dans sa prison qu’on ne trouvait pas un juif en Perse depuis la dernière persécution en 1663 sous Schah-Abbas (Soliloques du docteur Dodd, Moudon, 1773, solil. 3). La vérité est que leur nombre autrefois excessif dans cette contrée y est seulement diminué parce qu’on les y maltraite impunément. On trouve encore en Perse et surtout dans les parties septentrion une foule de juifs aussi honnêtes gens là qu’ailleurs. Dans les temps de sécheresse, les Persans pour flécher le ciel font des processions et obligent les juifs à en faire aussi. V. L’hist. des découvertes faites par divers savants voyageurs dans plusieurs contrées de la Russie et de la Perse, Berme, 1779, t. II, p. 363 et suiv.
Essai sur la différence du nombre des hommes par M. Wallace, Londres, 1754.
V. la critique que Michaelis a faite de l’ouvrage de M. Dohm, dans l’ouvrage allemand de celui-ci, 2e vol. de l’édition de Berlin 1783.
Simone Luzzato, Discorso circa il stato degli Hebrei, c. XIII. Lancelot Adisson, Present state of the Jews.
V. ses Memorabilia judaica.
Basnage, Hist. des juifs, L. 9, c. XXXVIII.
L’auteur des essais Hist. sur les juifs, 4 parties, Lyon, 1771, t. I, c. XIX, p. 210, après avoir parlé des juifs du Comtat et de Lille dit qu’en France nous n’en avons qu’à Bordeaux, à Metz et à Strasbourg. L’Alsace en fourmille à la vérité mais ils ne peuvent pas même coucher à Strasbourg, on n’y trouve que la famille très riche de Cerf Berr qui a obtenu cette faveur de la cour en récompense de ses entreprises pour le service du roi, et en outre celle d’acquérir des terres. Nous ne relevons cette petite erreur que pour avoir occasion de louer l’ouvrage qu’on vient de citer. Autrefois les juifs ont été brûlés à Strasbourg ou chassés de la ville et cet événement offre des anecdotes intéressantes que Basnage n’a pas connues et que nous détaillerons ailleurs.
Fischer, Dissertatio inauguralis de statu et juridictione judaeorum. Argentonati, 1763, p. 94.
V. Les cérémonies et coutumes des juifs par le rabbin Léon de Modène. Lemnius, De occultes naturae miraculis, L. 1, c. IX. Mauriceau, Maladies des femmes grosses, L.1, c. I, etc.
Ils achètent des actions et même des vaisseaux en toute propriété, mais malgré leur avidité pour le gain on n’en voit pas faire le métier de corsaire ou armer en course, et en général ils n’aiment pas la mer, par la crainte surtout d’être obligés à manœuvrer le jour du Sabbat. Leurs ancêtres n’avaient certainement pas le même scrupule, lorsqu’ils allaient d’Aziongaber à Ophir et quoi qu’on ne sache où placer ce dernier lieu il est certain que la traversée était fort longue. Boulanger confirme ce qu’on vient d’avancer sur leur répugnance pour les voyages en mer. Antiquité dévoilée, t. III, L. 5, c. III.
Observations d’un Alsacien sur l’affaire présente des juifs d’Alsace.
Boulainvilliers, État de la France, t. I.
Wassebourg, Antiquité de la Gaule Belgique, L. 7, fol. 480 et 481.
Institutions politiques par le baron de Bielfeld, 2e partie.
Spectateur anglais, t. V, p. 442 et 443, édition de Paris, 1756.
Tractatus juris germanici de Judeaorum in Hassiae praecipue Darmastadina juribus atque obligationibus, Gissae, 1771.
Über die bürgerliche verbesserung der Juden, von Christian Wilhelm Dohm.
Buxtorf, Synagoga judaica, c. I, p. 65.
Maimonide, De idolatr., c. V, VI et X.
Ici je parle d’après Basnage qui (L. 5, c. I) attribue cette décision à Salomon Jarchi tandis qu’en note il cite l’Histoire des juifs par Salomon ibn Verga. Confiné dans une campagne où l’on n’est pas à portée des bibliothèques, je n’ai pu me procurer ces deux auteurs pour savoir auquel il faut faire honneur de cette belle décision.
Je ne me rappelle pas de l’avoir lu dans le Talmud traduit par Surenhusius, je m’en tiens à l’assertion de M. Zimmerman dans son traité De l’orgueil national, p. 98.
Nouvelles littéraires, Hambourg, 1700, p. 401.
Basnage L. 4, c. XVIII. Lecteur, vous frémissez, mais dites-moi la fureur des duels parmi nous est-elle autre chose que ce principe réduit en pratique. Beaucoup de militaires abhorrent à la vérité un usage qui les flétrit aux yeux de la religion et de la raison et sans doute il arrivera bientôt le moment où d’un commun accord ils renonceront à une brutalité, dont une postérité plus sage rougira pour les siècles antérieurs.
V. le glossaire de la basse latinité par Ducange au mot Caorsini. Mathieu, Paris, Hist. d’Angle. Velly, Hist. de Fr. Règne de Louis 9, t. VI, p. 58.
Fischer, Histoire du commerce d’Allemagne, Halle, 1785.
Histoire des rites et coutumes des Juifs par le rabbin Léon de Modène.
Deuteron., c. XXIII, v. 19 et 20, Non foeneraberis fratri tuo ad usuram, pecuniam, nec fruges nec quamlibet aliam rem, sed alieno, etc.
Tostat, 3, reg. Quaest. 5.
Damhouderius in Locis communibus amonit., 9e.
Hugues in psal. 14.
Voyez le Ier chapitre de cet ouvrage.
In relat. de Alemaniâ ad Papam Gregorium. Apud Raynald. Annales eccles. ad an. 1273 no 18.
Tractatus juris germanici de Judaeorum in Hassia de Gissae, 1771.
Concil. Lateran 4e an. 1215, c. LXVIII. Concilium Bitterens. an. 1246, c. XXXVII etc.
Concil. Albiense an. 1254, c. LXVIII, concil. Montisp. an. 1248, c. V etc.
Stabilimentum apud Melend. d’Acherii spicileg, t. VI.
Concilium Frising an. 1440, c. XXI, et vitae Pauli 4to anno 1555.
Martene, Thesaurus novus anecdotorum, t. Ier, p. 1222. Stabilimentum Judaeorum factum Parisiis etc.
Tractatus juris germanici de Judaeorum in Hassia, p. 31 et 33.
Tractatus juris germanici de Judaeorum in Hassia, etc.
Concilium Parisiense 5 anno 625, c. XV, Edictum Clotari 2di regis in supra. sinodo concil., t. V.
Créance signifie également et la somme due et l’acte par écrit qui donne action au créancier contre le débiteur, c’est dans cette dernière acception que j’emploie constamment ce terme.
Voyez à ce sujet un plaidoyer de M. Lacretelle fils Bruxelles 1775 en faveur de deux juifs qui avaient levé des brevets pour le corps des marchands de Thionville ; ce plaidoyer écrit avec chaleur annonce de la justesse dans l’esprit et de la sensibilité dans le cœur.
Voyages de Tournefort, t. I et III.
État présent de l’empire de Maroc, p. 83 et 105. Basnage, L. 9, c. XXIX.
Peregrinatio rabbi Petachias.
Benjamin, Itinerarium, traduit par Baratier.
Hist. des découvertes faites par divers savants, voyageurs, etc.
Voyage en Pologne, Russie, etc., par Coxe, Londres, chez Cadel, in 4to.
Vie du cardinal Commendon par Gratiani.
Beaucoup d’historiens disent huit cent mille. Le lecteur est prié au moins de suspendre son jugement, nous prouverons ailleurs que ce nombre est exagéré comme la plupart des calculs sur la population.
Cérémonies et coutumes des juifs par Léon de Modène.
Della influenza del ghetto nello stato etc., par M. le comte d’Arco, Venise, 1782.
Michaelis, Beurtheilung üeber die bürgerliche verbesserung der Duden.
Antiquité dévoilée, t. II.
Toland, Reasons for Naturalising the Jews, London, in 8°, 1715. Dans ce petit traité, il donne trois raisons principales qui doivent engager à les naturaliser en Angleterre. 1° Les épiscopaux ni les presbytériens ne doivent pas appréhender que les juifs fortifient le parti de leurs ennemis en se liguant avec eux ; ils détestent également les deux parties et auraient grand intérêt à maintenir la liberté de conscience. 2° Leur adresse et leur ardeur infatigable dans le commerce fait croire qu’ils procureraient un grand avantage aux arts et aux sciences. La 3e raison est celle que nous alléguons dans le texte de ce chapitre.
Dissertatio juridica de cauta judaeorum tolerantia, par Boehmer Hal. Magd., 1735.
Avis aux Messins sur leur santé par M. du Tennetar.
V. l’ouvrage de M. Dohm, 1re partie, p. 192.
Ce service leur a valu la liberté d’ériger une synagogue à Prague, Basnage, L. 9, c. VII.
L’empereur Ferdinand III leur accorda de grands privilèges parce qu’ils avaient beaucoup contribué à la défense de Prague lors du siège de cette ville par les Suédois en 1648. Leur valeur fut aussi très utile aux Turcs à la défense de Bude assiégée par les impériaux. Ce trait les rendit odieux en Allemagne et en Italie. Remarquons avec Basnage qu’ils étaient sujets du Turc et que par conséquent leur conduite était un acte de fidélité envers leur souverain, Basnage, L. 9, c. XXXV.
Justi lipsii Politicorum, L. 4, c. II, note 12, édition de Strasbourg, 1741.
Vues d’un politique du XVIe siècle tirées du recueil de Raoul Spifame intitulé etc. par M. Aufray de l’Académie de Metz.
V. Causes célèbres par M. des Essarts, t. LXIV, Paris 1780, cause 171e.
Concil. Parisien, 5, c. XV.
Miguel de Barios, Hist. univer. Judaic.
Concilium Agathens, c. XXXIV, t. IV, p. 1389 et 1390. Édit de Labbe.
Hist. de Théodose par Fléchier, L. 3. Boissi, Dissertation pour servir à l’hist. des juifs, t. II, p. 24 et suiv.
Michaelis Bernhardi Valentini, Pandectae medico-legales, Francfort, 1701, t. I, p. 420. Behrens, Selecta medica, Francfort, 1708, p. 26 etc. Tractat. de judaism., Gissae, 1660.
1° reg. quaest. 80.
Decisiones aureae, Augustae Taurino, 1597, 2e p., L. 2, c. XXIII, num 9.
Basnage, L. 9, c. XIV.
Un savant que je ne puis nommer actuellement m’assure qu’en Provence et en Espagne il y a beaucoup de noblesse d’origine juive.
Collet, Traité des dispenses, t. I, L. 2, c. VI.
V. le supplément aux Cérémonies et coutumes des juifs de Léon de Modène par Simonville (Richard Simon).
Léon de Modène.
Ce Benjamin de Tudèle s’est aussi mêlé de fabriquer des pays. Voici des échantillons de son voyage dans les pays qu’il a parcourus. Sous le calife Omar fils d’Abdallah qui ne régna que dix ans et demi, les musulmans prirent 36 mille villes ou châteaux. C’est ce même Omar qui bâtit une mosquée avec les débris de l’arche trouvée au pied du mont Ararat. Benjamin vit à Alexandrie l’académie d’Aristote superbement bâtie, car on venait de tous les coins du monde pour entendre ce philosophe. Le chemin souterrain qu’on trouvait à la sortie de Poussol en Italie avait été creusé par Romulus qui avait peur d’être poursuivi par David et Joab. Je crois avoir lu dans le même voyageur que les Turcs n’ont pas de nez mais seulement deux trous au visage, etc.
Joseph ben Gorion ou Gorionides a écrit en hébreu une histoire de sa nation et ce fatras a fait tomber chez les juifs celle de Flavius Josèphe écrite en grec. Ce rabbin du Xe siècle prétend avoir vécu du temps du siège de Jérusalem et il parle d’Amboise et de Chinon, villes qui n’ont été appelées ainsi que vers le VIe siècle de notre ère. S’il faut l’en croire, Alexandre avait un œil noir, l’autre bleu et des dents très aiguës. L’Arménie et le Korasan, deux provinces voisines de la Macédoine s’étant révoltées, Philippe envoya Alexandre pour les réduire, mais pendant ce temps un certain Cabronias roi de Bretagne vint prendre la ville de Macédoine. Alexandre étant en Asie y trouva des arbres qui sortaient de terre au lever du soleil et y rentraient ensuite, des coqs qui vomissaient du feu, des oiseaux qui parlaient grec et des hommes sans tête, etc. Voyez Ben Gorion traduit par Gagnier et Benjamin de Tudèle par Baratier.
V. la bibliothèque rabbinique de Bartolocei en 4 v. in fol. Les juifs ont eu cependant beaucoup d’autres grands hommes. Tels sont :
1 – Un rabbin Eliezer qui avait fait 300 constitutions sur la seule manière de semer les concombres et qui possédait mille villes dans l’une desquelles il y avait cent quatre-vingt mille marchés destinés à la vente d’une certaine confiture.
2 – Un autre rabbin qui faisait toujours 48 réponses à chaque question comme si une bonne n’eût pas suffi.
3 – Le rab. Acher qui ne pouvait concevoir pourquoi l’ange Métatron eut les honneurs du tabouret dans le ciel.
4 – Le r. Chanania à qui on donna 300 tonneaux d’huile pour éclairer ses lucubrations savantes.
5 – Le r. Judas le Saint qui par humilité pria une femme de lui cracher sept fois au visage, etc. etc. etc. etc.
V. plaidoyer par M. Lacretelle fils.
Lettres ou réflexions d’un milord, etc., Londres, 1767.
Pour épargner le grand nombre de citations, voyez Basnage, L. 9, c. X et XXIII.
Buxtorf, Synagog. Jud., c. XIX, p. 393, édit de Hanau, 1622.
Wagenseil, Tela ignea satanea, t. I.
Dans le Talmud, Trat. Sotach., c. 1.
Un rabbin (je crois que c’est Maimonide) assure que quand le Messie paraîtra, les plaisirs seront aussi communs que la pluie.
Boulanger, Antiquité dévoilée par ses usages, t. II, L. 4, c. III. Bonnet, Recherches sur le christianisme, c. XXXIV.
Système phys. et moral de la femme par M. Roussel.
Cardoso, Las excellencias. etc. El marido que honra a su mujer, honra a si propria, que es hechura de su carne y su costilla. Bien des preuves détruisent ce témoignage. Des femmes juives ne peuvent pas même être maîtresses d’école parce qu’elles ne méritent pas le respect qu’on a pour ses maîtres. Il faut souvent aller voir ses maîtres, ne sortir devant lui [sic] qu’à reculons, lui tirer ses bas, déchirer ses habits quand il est mort, etc. On aurait honte de rendre ces devoirs à une femme. Ils lui permettent à peine d’apprendre la loi et si elle étudie, elle n’en remporte pas grand avantage. Basnage à qui je dois cette marque, prétend que les juifs (d’Amsterdam sans doute) disent à Dieu dans leurs prières ordinaires, Béni sois-tu Créateur du ciel et de la terre de ce que tu ne m’as pas fait femme et que la femme humiliée dit tous les jours Béni sois-tu qui m’as faite comme tu as voulu, etc. Basnage, L. 6, c. V et VIII.
Lettres sur différents sujets etc. par Jean Bernoulli, Berlin, 1777.