AVANT-PROPOS
(1) En l’occurrence Ken Dowden et Niall Livingstone (dir.), A Companion to Greek Mythology, Malden (MA)-Oxford, Wiley-Blackwell, 2011, p. V-VII.
(2) Deux entreprises récentes évitent de réduire la mythologie grecque à de la simple mythographie. Elles tiennent compte en effet de versions différentes portées par des formes discursives variées : le dictionnaire raisonné de Timothy Gantz, Mythes de la Grèce archaïque, Paris, Belin, 2004, et l’ouvrage collectif organisé par Anton Bierl et ses collaboratrices Rebecca Lämmle et Katharina Wesselmann, Literatur und Religion. Wege zu einer mythisch-rituellen Poetik bei den Griechen, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 2007.
(3) « A socially powerful traditional story » (Richard Buxton, The Complete World of Greek Mythology, Londres, Thames & Hudson, 2004, p. 18) selon l’une des dernières définitions proposées dans une perspective consensuelle d’une généralité telle qu’elle n’a plus rien de distinctif ; d’autres définitions du même type sont mentionnées infra chap. I n. 2.
(4) L’approche ethnopoétique a été redéfinie en une confrontation comparatiste concrète dans l’ouvrage collectif dirigé par Claude Calame, Florence Dupont, Bernard Lortat-Jacob et Maria Manca, La Voix actée. Pour une nouvelle ethnopoétique, Paris, Kimé, 2010.
(5) Giovanni Casadio, « Mythos vs mito. Mythos vs myth », Minerva, 22, 2009, p. 41-63.
(6) Pour le détail, voir mon étude « Les fonctions généalogiques : Acousilaos d’Argos et les débuts de l’historiographie grecque », Europe, 945-946, 2008, p. 87-108.
(7) Cf. Augustin, Cité de Dieu 6, 5 : mythicon appellant quo maxime utuntur poetae, dans une définition des trois « théologies » naturelle, civile et mythique qui remonte à Varron, Antiquités des choses religieuses, fr. 7 Cardauns.
(8) Robert L. Fowler, « Mythos and logos », Journal of Hellenic Studies, 131, 2011, p. 45-66.
(9) Voir l’analyse sémantique proposée dans « La fabrication historiographique d’un passé héroïque : arkhaîos et palaiós chez Hérodote », Ktema, 31, 2006, p. 39-49.
(10) J’ai tenté d’en faire la démonstration dans « Hérodote sur le Nil et Somare sur le Sépik : historiographies mixtes et configurations pratiques du temps », in Jean Alaux (dir.), Hérodote. Formes de pensée, figures du récit, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 65-91.
(11) Voir par exemple, une fois encore, mon étude sur « Mûthos et lógos : les pouvoirs du discours dans deux tragédies d’Eschyle », in Michèle Broze, Baudouin Decharneux et Sylvain Delcominette (dir.), All’eû moi katálexas… « Mais raconte-moi en détail… ». Mélanges de philosophie et de philologie offerts à Lambros Couloubaritsis, Bruxelles-Paris, Ousia / Vrin, 2008, p. 179-194.
(12) Soit, successivement : « Thésée l’Athénien au Metropolitan Museum of Art de New York : scènes étiologiques de légimitation et questions de méthode », in Dimitrios Yatromanolakis (dir.), An Archaelogy of Representations. Ancient Greek Vase-Painting and Contemporary Methodologies, Athènes, Institut du livre / A. Kardemitsa, 2009, p. 98-127 (chap. VII) ; « Heraclès, animal et victime sacrificielle dans les Trachiniennes de Sophocle », in Corinne Bonnet, Colette Jourdain-Annequin et Vinciane Pirenne-Delforge (dir.), Le Bestiaire d’Héraclès. IIIe Rencontre héracléenne (Kernos, Suppl. 7), Liège, Centre international d’étude de la religion grecque antique, 1998, p. 197-215 (chap. VIII) ; « The Pragmatics of “Myth” in Plato’s Dialogues : The Story of Prometheus in the Protagoras », in Catherine Collobert, Pierre Destrée, Francisco J. Gonzalez (dir.), Plato and Myth. Studies in the Use and Status of Platonic Myths, Leiden-Boston, Brill, 2012, p. 127-143 (chap. IX).
I
MYTHES ET MYTHO-LOGIQUES
(13) Plutarque, Vie de Thésée 1, 1-2, 3 ; sur l’attitude de Plutarque face à la légende, on pourra se référer aux remarques avisées de Carmine Ampolo et Mario Manfredini, Plutarco. Le vite di Teseo e di Romolo, Milan, Arnoldo Mondadori, 1988, p. IX-XVII et p. 195-197 ; voir également Claude Calame, Thésée et l’imaginaire athénien. Légende et culte en Grèce classique, Lausanne, Payot, 1996, p. 42-46.
(14) Sur ces tentatives de définition du mythe à partir de l’Antiquité gréco-romaine on pourra se référer à Fritz Graf, Greek Mythology. An Introduction, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1993, p. 1-8, Suzanne Saïd, Approches de la mythologie grecque. Lectures anciennes et modernes, Paris, Les Belles Lettres, 2008 (2e éd.), p. 10-11, et Claude Calame, Mythe et histoire dans l’Antiquité grecque. La création symbolique d’une colonie, Paris, Les Belles Lettres, 2011 (2e éd.), p. 23-28, où se trouve reprise et adaptée l’une des définitions données par Walter Burkert, Structure and History in Greek Mythology and Ritual, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 1979, p. 23, avec les précisions apportées par Jan N. Bremmer, « What is a Greek Myth ? », in Jan N. Bremmer (dir.), Interpretations of Greek Mythology, Londres-Sydney, Croom Helm, 1987, p. 1-8 ; voir aussi Charles Delattre, Manuel de mythologie grecque, Paris, Bréal, 2005, p. 6-43.
(15) Thucydide 1, 3, 1-3 et 22, 1-4 ; autres références quant au sens de arkhaîa et de palaiá chez Calame, ibid., p. 66-70, notamment « La fabrication historiographique d’un passé héroïque en Grèce classique : archaîa et palaiá chez Hérodote », art. cit.
(16) Sur Plutarque comme « médiateur transculturel », voir Jacques Boulogne, Plutarque. Un aristocrate sous l’occupation romaine, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1994, p. 109-153 ; voir également l’étude de Philip R. Hardie, « Plutarch and the Interpretation of Myth », in Aufstieg und Niedergang der römischen Welt II, 33.6, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 1992, p. 4743-4787.
(17) J’ai tenté de décrire ce double mouvement de projection transculturelle dans Mythe et histoire dans l’Antiquité grecque, op. cit., p. 23-30 ; mais on se référera naturellement à ce propos à l’enquête conduite par Marcel Detienne, L’Invention de la mythologie, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Sciences humaines, 1981, p. 225-242. Dans Homo Necans. Interpretationen alt-Griechischer Opferriten und Mythen, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 1972, p. 3, Walter Burkert avait déjà formulé une mise en garde à l’égard de l’usage de termes indigènes tels totem, tabou ou mana pour désigner des concepts interprétatifs.
(18) Xénophane fr. 1 Gentili-Prato, que l’on lira avec l’utile commentaire de Giovanni Cerri, La poetica di Platone. Una teoria della comunicazione, Lecce, Argo, 2007 (3e éd.), p. 39-46 ; voir aussi Marcel Piérart, « L’historien ancien face aux mythes et aux légendes », Études classiques, 51, 1983, p. 47-62. Pour une analyse contrastive des sens respectifs de mûthos et lógos dans la poésie archaïque, lire Bruce Lincoln, Theorizing Myth. Narratives, Ideology, and Scholarship, Chicago-Londres, The University of Chicago Press, 1999, p. 3-18.
(19) Platon, République 607a ainsi que Lois 700ab et 801ce ; à l’époque archaïque, húmnos désigne, avec un spectre sémantique beaucoup plus large, toute espèce de chant poétique : cf. Filippo Càssola (éd.), Inni omerici, Milan, Fondazione Lorenzo Valla / Arnoldo Mondadori, 1975, p. IX-XII, William D. Furley et Jan Maarten Bremer, Greek Hymns. Selected Cult Songs from the Archaic to the Classical Period, Tübingen, Mohr Siebeck, 2001, I, p. 8-14.
(20) Les différents sens homériques de mûthos dans la dimension qu’il appelle « performative » ont été explorés par Richard P. Martin, The Language of Heroes. Speech and Performance in the Iliad, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 1989, p. 14-42, avec les compléments apportés par Lincoln, op. cit., p. 11-18, ainsi que les précisions que j’ai données dans « “Mythe” et “rite” en Grèce, des catégories indigènes ? », Kernos, 4, 1991, p. 179-204 (repris dans Sentiers transversaux. Entre poétiques grecques et politiques contemporaines, études réunies par David Bouvier, Martin Steinrück et Pierre Voelke, Grenoble, Jérôme Millon, 2008, p. 43-62). Pour l’emploi de légein et de ses dérivés chez Hérodote, cf. infra chap. VI, « L’historiographe comme narrateur ».
(21) Eschyle, Prométhée 685-686 ; sur ce passage, cf. infra chap. V, « Fertilité du sol et fécondité du mariage » ; pour l’emploi de mûthos chez Platon et Aristote, voir les indications et références données dans Mythe et histoire dans l’Antiquité grecque, op. cit., p. 42-49. Le problème a été repris pour Platon par Luc Brisson, Introduction à la philosophie des mythes I. Sauver les mythes, Paris, Vrin, 1996, p. 27-44, avec une nouvelle affirmation de l’existence chez le philosophe d’une opposition tranchée entre mûthos et lógos ; voir aussi Penelope Murray, « What Is a Muthos for Plato ? », in Richard Buxton (dir.), From Myth to Reason ? Studies in the Development of Greek Thought, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 251-262, ainsi que Catherine Collobert, « The Platonic Art of Myth-Making : Myth as Informative Phantasma », in Catherine Collobert, Pierre Destrée, Francisco J. Gonzalez (dir.), Plato and Myth, op. cit., p. 87-108.
(22) Sur la visée épique des lógoi d’Hérodote, voir Gregory Nagy, Pindar’s Homer. The Lyric Possession of an Epic Past, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1990, p. 216-229, et infra chap. V, « L’architecture d’un traité de mythographie ».
(23) Pour des précisions sur le sens de pláttein et de plásma, cf. infra chap. II « La fiction entre façonnement et feintise ». En alléguant notamment les récits odysséens d’Ulysse ainsi que Pindare Néméenne 6, 29-30 et Pythique 1, 92-94 (lógioi kaì aoidoì), Lowell Edmunds, « Myth in Homer », in Ian Morris et Barry B. Powell (dir.), A New Companion to Homer, Leiden-New York-Cologne, Brill, 1997, p. 415-441, a tenté de tracer une distinction nette entre story telling et poetry.
(24) Hésiode, Théogonie 27-28, commenté en particulier par Pietro Pucci, Inno alle Muse (Hesiodo, Teogonia, 1-115), Pise-Rome, F. Serra, 2007, p. 65-70 ; autres références infra chap. VI n. 26.
(25) L’impact de l’institution de la mythographie à partir de Platon a été indiqué par Detienne, L’Invention de la mythologie, op. cit., p. 160-167. Sur la mythographie elle-même, voir Albert Henrichs, « Three Approaches to Greek Mythography », in Bremmer (dir.), Interpretations of Greek Mythology, op. cit., p. 242-277, Ezio Pellizer, « La mitografia », in Giuseppe Cambiano, Luciano Canfora et Diego Lanza (dir.), Lo spazio letterario nella Grecia antica, I. La Produzione e la circolazione del testo, 2. L’Ellenismo, Rome, Salerno Editrice, 1993, p. 283-303, Christian Jacob, « L’ordre généalogique entre le mythe et l’histoire », in Marcel Detienne (dir.), Transcrire les mythologies, Tradition, écriture, historicité, Paris, Albin Michel, 1994, p. 169-202, et Charles Delattre, « L’ordre généalogique, entre mythographie et doxographie », Kernos, 19, 2006, p. 145-159, avec les remarques complémentaires données dans Mythe et histoire dans l’Antiquité grecque, op. cit., p. 41-44.
(26) D’Alembert et Diderot, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, VIII. H.-It., Paris, Briasson, 1757, p. 98 ; voir aussi, par exemple, VI, p. 342, où la figure d’Hélène est en revanche classée sous la rubrique Histoire ancienne ! Je dois cette référence à Christophe Schmidt de l’Université de Lausanne.
(27) Claude Lévi-Strauss, Mythologiques I. Le cru et le cuit, Paris, Plon, 1964, p. 14-22 ; voir également les remarques qui concluent l’entreprise dans Mythologiques IV. L’homme nu, Paris, Plon, 1971, p. 559-621, avec, pour la mythologie grecque, les prolongements commentés dans mon étude « Pour une anthropologie historique des récits héroïques grecs : analyse structurale et pragmatique poétique des “mythes” », Europe, 1005-1006, 2013, p. 147-169.
(28) Avec une focalisation sur la Grèce ancienne, cette histoire de l’interprétation des mythes a été successivement retracée par Detienne, L’Invention de la mythologie, op. cit., p. 15-49 et 190-224, Graf, Greek Mythology, op. cit., p. 9-56, Saïd, Approches de la mythologie grecque, op. cit., p. 103-133 ; à ces études on ajoutera les réflexions de Jean-Pierre Vernant, Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, Maspero, 1974, p. 217-250, qui doivent beaucoup au travail de Marcel Detienne, ainsi que l’étude de Walter Burkert, « Griechische Mythologie und die Geistesgeschichte der Moderne », in Olivier Reverdin (dir.), Les Études classiques aux XIXe et XXe siècles. Leur place dans l’histoire des idées, Vandœuvres-Genève, Fondation Hardt, Entretiens sur l’Antiquité classique XXVI, 1980, p. 159-199, les ouvrages de Christoph Jamme, Einführung in die Philosophie des Mythos II. Neuzeit und Gegenwart, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1991, et d’Eric Csapo, Theories of Mythology, Malden (MA)-Oxford, Blackwell, 2005, ainsi que, tout récemment encore, la mise au point de Jan N. Bremmer, « A Brief History of the Study of Greek Mythology », in Ken Dowden et Niall Livingstone (dir.), op. cit., p. 527-547.
(29) Pour ce sens singulier et technique de mûthos en relation avec la mythographie, cf. infra chap. II n. 16.
(30) Diodore de Sicile 5, 1, 3-5, 3 ; cf. infra « Interprétations indigènes » (fin). La place occupée par l’histoire des dieux dans la Bibliothèque historique a été définie par Philippe Borgeaud in « La mythologie comme prélude à l’histoire », préface à Diodore de Sicile, Mythologie des Grecs, livre IV, trad. Anahita Bianquis, éd. Janick Auberger, Paris, Les Belles Lettres, 1997, p. IX-XXVII.
(31) Pseudo-Apollodore, Bibliothèque 1, 5, 1-3. Tout juste mentionné dans l’Hymne homérique à Déméter 153 comme l’un des « souverains d’Éleusis », Triptolème joue un rôle central dans les versions traitées par les atthidographes (Phérécyde d’Athènes, Fragmente der griechischen Historiker 3 F 53, Philochore, FGrHist. 328 F 104, etc.), par les grands tragiques (Sophocle fr. 596-617a Radt), ou par les imagiers de la céramique attique dès 540 environ. Les différentes versions du « mythe » sont analysées par Nicholas J. Richardson, The Homeric Hymn to Demeter, Oxford, Clarendon Press, 1974, p. 74-86 (sur Triptolème, voir aussi p. 194-198), et par Helen P. Foley, The Homeric Hymn to Demeter. Translation, Commentary, and Interpretive Essays, Princeton, Princeton University Press, 1994, p. 97-103 ; pour l’iconographie, voir en particulier Harvey Alan Shapiro, Art and Cult Under the Tyrants in Athens, Mainz, P. von Zabern, 1989, p. 67-83.
(32) Ce poète, auteur d’un hymne à Déméter, a pour nom Pamphos : cf. Pausanias 7, 21, 9 ; 8, 37, 9 et 9, 29, 8. Quant à la version dite « orphique » attribuée à Musée ou à Eumolpe, cf. Orphica fr. 383-397 F Bernabé, avec le commentaire de Richardson, op. cit., p. 78-86.
(33) Isocrate, Panégyrique 26-33.
(34) Marmor Parium FGrHist. 239, spécialement A 11-15 ; la notion de continuum historique qu’implique l’organisation de ce document épigraphique a été montrée par Saïd, Approches de la mythologie grecque, op. cit., p. 8-9. Pour ce document fragmentaire, le commentaire historique et philologique de Felix Jacoby, Die Fragmente der griechischen Historiker II B, Leiden, Brill, 1930, p. 665-702, reste essentiel.
(35) Selon Aristophane (Grenouilles 1030-1036) et Hippias d’Élis (FGrHist. 6 F 4), Orphée et Musée représentent avec Homère et Hésiode les poètes fondateurs de la poésie grecque ; voir aussi Platon, République 363ac ; références chez Jeno Platthy, The Mythical Poets of Greece, Washington D.C., Federation of International Poetry Associations, 1985, p. 124-132 et 144-188. Pour une tentative de datation du poème attribué à Orphée et pour un commentaire, voir Fritz Graf, Eleusis und die orphische Dichtung Athens in vorhellenistischer Zeit, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 1974, p. 151-181.
(36) Selon la proposition formulée pour différents régimes grecs (discursifs) de temporalité et d’historicité dans Pratiques poétiques de la mémoire. Représentations de l’espace-temps en Grèce ancienne, Paris, La Découverte, 2006, p. 70-76.
(37) Cicéron, De natura deorum 2, 66-67 ; à propos de l’interprétation allégorique proposée par les Stoïciens du rapt de Perséphone on trouvera d’autres références encore chez Burkert, Homo Necans, op. cit., p. 287, et chez Richardson, op. cit., p. 284. Sur le rôle des jeux de mots étymologisants dans l’allégorie stoïcienne, voir Jean Pépin, Mythe et allégorie. Les origines grecques et les contestations judéo-chrétiennes, Paris, Aubier Montaigne, 1958, p. 124-131.
(38) Hérodote 7, 141, 4.
(39) Plutarque, Isis et Osiris 377be (cf. aussi 378f) citant Cléanthe, fr. 547 von Arnim ; Antiphanès fr. 55, 7-9 (cf. fr. 1, 1-3) et Euboulos fr. 75, 10-3 Kassel-Austin ; sur l’interprétation stoïcienne, voir Félix Buffière, Les Mythes d’Homère et la pensée grecque, Paris, Les Belles Lettres, 1956, p. 137-154.
(40) Cornutus 28 ; sur l’« exégèse stoïcienne » de la relation entre Déméter et Coré, voir encore Paul Decharme, La Critique des traditions religieuses chez les Grecs des origines au temps de Plutarque, Paris, A. Picard, 1904, p. 340-353.
(41) Voir en particulier Firmicus Maternus, De errore profanarum religionum 7, 7, dans une version qui pourrait remonter à Épicharme fr. 54 Diels ; pour une association de Coré et de Déméter à la Lune par l’intermédiaire de l’abeille, figure de la prêtresse de Déméter, voir Porphyre, Antre des Nymphes 18 ; autres références et commentaire à ce propos chez Richardson, op. cit., p. 285. Recueillies notamment par les gloses que l’Etymologicum Magnum 263, 44-64, 13 et 265, 53-66, 2 Gaisford consacre à Déô et à Déméter respectivement, les spéculations étymologisantes des Anciens sur le nom et la nature originaire de la déesse ont été reprises par tous les savants que cite et exploite W. Fauth, « Demeter », Der kleine Pauly. Lexikon der Antike, I, Munich, Artemis, 1975, col. 1459-1464 ; voir à ce propos la position prudente de Walter Burkert, Griechische Religion der archaischen und klassischen Epoche, Stuttgart, W. Kohlhammer, 1977, p. 247-248.
(42) Firmicus Maternus, De errore profanarum religionum 7, 3-5. Sur l’œuvre d’Evhémère (fragments dans FGrHist. 63), voir Graf, Greek Mythology, op. cit., p. 191-192, mais aussi Decharme, La Critique des traditions religieuses, op. cit., p. 371-393, ainsi que Pépin, op. cit., p. 147-149 et 417-423.
(43) Sur cette distinction, cf. infra chap. II, « Procédés de mise en discours ».
(44) Diodore de Sicile 4, 1, 1-5 ainsi que 5, 2, 3 ; 5, 3, 1 et 5, 5, 1 ; voir à ce sujet les références que j’ai données dans Mythe et histoire dans l’Antiquité grecque, op. cit., p. 60-66. Pour la tradition athénienne concurrente, cf. Philochore FGrHist. 328 F 104.
(45) Joseph-François Lafitau, Mœurs des sauvages amériquains comparées aux mœurs des premiers temps, Paris, Saugrain, 1724, I, p. II-III et 220-240 ; voir à ce propos Mondher Kilani, L’Invention de l’autre. Essais sur le discours anthropologique, Lausanne, Payot, 1994, p. 77-103.
(46) Bernard Le Bouyer de Fontenelle, De l’origine des fables, Paris, 1724, lu dans l’édition d’Alain Niderst, publiée sous le titre Rêveries diverses. Opuscules littéraires et philosophiques, Paris, Desjonquères, 1994, p. 97-111 (voir aussi l’édition critique par Jean-Raoul Carré, Paris, F. Alcan, 1932).
(47) Christian Gottlob Heyne, « Proluduntur nonnulla ad quaestiones de caussis fabularum seu mythorum veterum physicis », in Opuscula academica collecta et animadversionibus locupletata I, Göttingen, J. C. Dieterich, 1785, p. 184-206 ; voir Fritz Graf, « Die Entstehung des Mythosbegriffs bei Christian Gottlob Heyne », in Fritz Graf (dir.), Mythos in mythenloser Gesellschaft. Das Paradigma Roms, Stuttgart, B. G. Teubner, 1993, p. 25-43, et Greek Mythology, op. cit., p. 9-13, ainsi que Christoph Jamme, op. cit., p. 20-25.
(48) Giambattista Vico, La scienza nuova, Naples, 1744 (2e éd.), I, p. 145-151, 266-267 et 331-333 (pagination de l’édition de Fausto Nicolini, Bari, Laterza, 1928) ; sur le rapt de Perséphone, cf. p. 244-245, 348 (ainsi que 242 et 350 pour l’assimilation de Coré avec Déméter) et 240-241.
(49) Karl Otfried Müller, Prolegomena zu einer wissenschaftlichen Mythologie, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1825, p. 59-81, citant notamment Hésiode, Théogonie 223-225. Dans cette perspective, la Bibliothèque d’Apollodore consiste en une collection d’« Erzählungen von Handlungen und Schicksalen persönlicher Einzelwesen, welche nach ihrem Zusammenhange und ihrer Verflechtung insgesamt eine frühere, von der eigentlichen Geschichte Griechenlands ziemlich genau getrennte, Zeit betreffen ».
(50) Karl Otfried Müller, ibid., p. 77-78, 127, 69-70 et 161-164 (cf. aussi p. 250-251) ; sur l’influence des réflexions de Müller sur la pensée du romantisme allemand, voir Graf, Greek Mythology, op. cit., p. 22-25.
(51) On lira encore les pages que Müller, ibid., p. 271-281 et 285-292, consacre respectivement au symbole et à l’étymologie.
(52) Friedrich Max Müller, Lectures on the Science of Language. Second Series, New York, Longmans, 1881, p. 403-431 et 536-537 (cf. Hérodote 2, 52 et Platon, Cratyle 397c), avec les indications bibliographiques et les remarques formulées à ce sujet par Burkert, « Griechische Mythologie und die Geistesgeschichte der Moderne », in Olivier Reverdin (dir.), op. cit., p. 165-168. On doit à Detienne, L’Invention de la mythologie, op. cit., p. 15-19, relayé en quelque sorte par anticipation par Vernant, Mythe et société en Grèce ancienne, op. cit., p. 217-219, l’idée de la mythologie comme « science du scandaleux ».
(53) James George Frazer, The Golden Bough. A Study in Magic and Religion, Londres, Macmillan, 1913, Part V.1, « Spirits of the Corn and of the Wild », p. 35-91.
(54) Frazer, ibid., p. 91. Dans Demeter und Persephone, ein Cyclus mythologischer Untersuchungen, Hambourg, Perthes, 1837, p. 241-243, Ludwig Preller avait déjà présenté die Koramythe, dans la naissance, la floraison et la mort de la divinité, comme l’allégorie de la croissance et de la disparition cyclique de la végétation comprise en tant que Natur.
(55) Francis M. Cornford, « The aparkhai and the Eleusinian Mysteries », in Edmund Crosby Quiggin (dir.), Essays and Studies Presented to William Ridgeway, Cambridge, Cambridge University Press, 1913, p. 153-166. Pour l’interprétation analogue déjà proposée dans l’Antiquité, voir les références données supra n. 27.
(56) Martin Persson Nilsson, « Die eleusinischen Gottheiten », Archiv für Religionswissenschaft, 32, 1925, p. 79-141, repris dans Opuscula Selecta II, Lund, Gleerup, 1952, p. 542-623, se référant notamment pour la katagogé de Coré à Diodore de Sicile 5, 4, 5-6 ; voir aussi Geschichte der griechischen Religion I. Die Religion Griechenlands bis auf die griechische Weltherrschaft, Munich, Beck, 1967 (3e éd.), p. 472-477, avec les indications bibliographiques complémentaires données à ce propos par Richardson, op. cit., p. 284-285, ainsi que Burkert, Homo Necans, op. cit. p. 286-292.
(57) Richardson, ibid., p. 13-14. À propos des difficultés que l’on rencontre à accorder le temps du récit du rapt de Coré avec la chronologie festive du calendrier et le cycle annuel des travaux agricoles, voir encore mon étude « L’Hymne homérique à Déméter comme offrande : regard rétrospectif sur quelques catégories de l’anthropologie de la religion grecque », Kernos, 10, 1997, p. 111-133 (repris dans Sentiers transversaux, op. cit., p. 63-83).
(58) Jane Ellen Harrison, Themis. A Study of the Social Origins of Greek Religion, Cambridge, Cambridge University Press, 1908 (2e éd.), p. 286-288, 16, 420 n. 1. Sur le rôle joué par l’Eniautos-daimon dans la construction de l’objet anthropologique et discursif de Harrison, voir mon étude « Du figuratif au thématique : aspects narratifs et interprétatifs de la description en anthropologie de la Grèce ancienne », in Claude Calame, Jean-Michel Adam, Marie-Jeanne Borel et Mondher Kilani, Le Discours anthropologique. Description, narration, savoir, Lausanne, Payot, 1995 (2e éd.), p. 101-120, et, pour une série de références sur la relation entre le dit et l’agi telle que la conçoit en particulier l’anthropologue anglaise, voir Thésée et l’imaginaire athénien, op. cit., p. 20-27.
(59) Jane Ellen Harrison, Prolegomena to the Study of Greek Religion, Cambridge, Cambridge University Press, 1908 (2e éd.), p. 260-283. Pour l’association entre Dâ et Gâ, voir supra n. 29 ; pour celle, suspecte, de Mâ à Gâ, cf. Katherine Trümpy, « Die Thesmophoria, Brimo, Deo und das Anaktorion : Beobachtungen zur Vorgeschichte des Demeterkults », Kernos, 17, 2004, p. 13-42. L’étymologie de Deó à partir d’un deaí crétois est proposée par l’Etymologicum Magnum 264, 12-4 Gaisford.
(60) Voir Harrison, ibid., p. 548-551 et 276-285, et Themis, op. cit., p. 16, 22 (avec n. 2) et 34 n. 2 ; commentaire critique par Claude Bérard, Anodoi. Essai sur l’imagerie des passages chthoniens, Rome, Institut suisse de Rome, 1974, p. 91-102.
(61) On trouvera quelques références sur l’interprétation de récits grecs selon le schéma de l’initiation tribale infra chap. II, « La fiction référentielle », et chap. III, « Hypothèses interprétatives » ; voir aussi les références critiques données infra n. 52 et n. 54.
(62) Henri Jeanmaire, Couroi et Courètes. Essai sur l’éducation spartiate et sur les rites d’adolescence dans l’Antiquité hellénique, Lille, Université de Lille, 1939, p. 264-312. Sur le rituel du jet des porcelets, cf. Burkert, Homo Necans, op. cit., p. 284-286, avec le problème relatif au calendrier que j’ai posé dans Thésée et l’imaginaire athénien, op. cit., p. 355-364 (cf. n. 127).
(63) Jeanmaire, ibid., en particulier p. 270, 293, 303-306, en contraste explicite avec les thèses soutenues à ce propos par Frazer dans le Rameau d’Or (The Golden Bough, op. cit.), et par Harrison dans les Prolegomena (op. cit.) ; voir aussi p. 407-411.
(64) On lira à propos de l’interprétation initiatique des mythes grecs les mises en garde de Ken Dowden, Death and the Maiden. Girls Initiation Rites in Greek Mythology, Londres-New York, Routledge, 1989, p. 6-12, de Hendrik S. Versnel, Inconsistencies in Greek and Roman Religion II. Transition and Reversal in Myth and Ritual, Leiden-New York-Cologne, Brill, 1994, p. 48-74, et de Fritz Graf, « Initiation : a concept with a trouble history », in David Brooks Dodd et Christopher A. Faraone (dir.), Initiation in the Ancient Greek Rituals and Narratives. New Critical Perspectives, Londres-New York, Routledge, 2003, p. 3-24 ; voir aussi ma propre contribution, « Le rite d’initiation tribale comme catégorie anthropologique (Van Gennep et Platon) », Revue de l’histoire des religions, 220, 2003, p. 5-62.
(65) Paolo Scarpi, Letture sulla religione classica. L’inno omerico a Demeter, Florence, Olschki, 1976, p. 109-137, 203-204, 158-159 et 216-220 ; Jeanmaire, op. cit., p. 296-297.
(66) Bruce Lincoln, « The Rape of Persephone : A Greek Scenario of Women’s Initiation », Harvard Theological Review, 72, 1979, p. 223-235, avec la réflexion critique que j’ai formulée à ce propos dans « L’Hymne homérique à Déméter comme offrande », art. cit., p. 122-125 ; quant à l’application systématique du schéma du rituel initiatique au récit, voir les réserves que j’ai formulées dans « Le rite d’initiation tribale comme catégorie anthropologique (Van Gennep et Platon) », op. cit. Pour les notions de « betwixt and between » et de liminalité, voir Victor Witter Turner, The Ritual Process. Structure and Antistructure, Londres-Chicago, Aldine, 1969, p. 94-130.
(67) Burkert, Homo Necans, op. cit., p. 283-292 et 303-326 ; voir aussi Griechische Religion, op. cit., p. 250-251.
(68) Ce n’est que dans la tradition orphique que Perséphone devient, dans certaines versions tardives du récit, la mère d’Eubouleus : cf. Hymne orphique 29, 8, et Richardson, op. cit., p. 79-86. Après d’autres, j’ai été amené à préciser le statut intermédiaire de la númphe dans L’Éros dans la Grèce antique, Paris, Belin, 2009 (3e éd.), p. 156-162 ; sur les valeurs séductrices de la grenade, voir Ileana Chirassi, Elementi di culture precereali nei miti e riti greci, Rome, Ateneo, 1968, p. 73-90, et Foley, op. cit., p. 108-109.
(69) Carl Kerényi fait l’histoire de sa découverte et de son dialogue avec Jung dans Eleusis. Archetypal Image of Mother and Daughter, New York, Bollingen Foundation / Pantheon Books, 1967 (éd. or. holl. La Hague, N. V. Servire, 1960), p. XXIII-XXXVII ; voir aussi p. 23-29 ainsi que p. 130-131 où, par analogie avec la Mère Grain Mother, la Fille devient Grain Maiden. Le premier état de la recherche comparative conduite par Kerényi a été publié dans « Zum Urkind-Mythologem » et dans « Kore : zum Mythologem vom Göttlichen Mädchen », Paideuma, 1, 1940, p. 241-278 et 341-380 respectivement. Sur le nom de Déméter en mycénien, voir Fauth, « Demeter », art. cit., col. 1961, et Trümpy, art. cit.
(70) Le dialogue entre C. G. Jung et Carl Kerényi s’est matérialisé dans la publication de trois livres : Das göttliche Kind in mythologischer und psychologischer Beleuchtung, Amsterdam-Leipzig, Pantheon, 1940, Das göttliche Mädchen. Die Hauptgestalt der Mysterien von Eleusis in mythologischer und psychologischer Beleuchtung, Amsterdam-Leipzig, Pantheon, 1941, et Einführung in das Wesen der Mythologie. Das göttliche Kind, das göttliche Mädchen, Amsterdam-Leipzig, Pantheon, 1941. Cette Einführung a été reprise en traduction anglaise sous le titre plus commun d’Essays on a Science of Mythology. The Myth of the Divine Child and the Mysteries of Eleusis, New York, Bollingen Foundation / Pantheon Books, 1950. Dans Eleusis, p. XXVIII, Kerényi se distancie de l’usage de l’expression « image archétypale » pour revenir à celle de « figure primordiale ».
(71) Cf. Marylin Arthur, « Politics and Pomegranates : an Interpretation of the Homeric Hymn to Demeter », Arethusa, 6, 1973, p. 7-47, et Foley, op. cit., p. 118-137, se fondant sur l’étude de Nancy Chodorow, « Family Structure and Feminine Personality », in Michelle Zimbalist Rosaldo et Louise Lamphere (dir.), Woman, Culture and Society, Stanford, Stanford University Press, 1974, p. 43-66 ; les deux études d’Arthur et de Chodorow ont été reprises par Foley, ibid., p. 214-242 et 243-265 respectivement.
(72) Les réflexions de Foley, ibid., p. 125-137, se fondent en particulier sur l’étude de Marianne Hirsch, The Mother / Daughter Plot. Narrative, Psychoanalysis, Feminism, Bloomington-Indianapolis, Indiana University Press, 1989, p. 4-8 et 100-104.
(73) Marcel Detienne, Les Jardins d’Adonis. La mythologie des aromates en Grèce, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1972, p. 141-173 ; le « mythe » de Menthe est reconstruit à partir des textes en général tardifs cités p. 141 n. 1. Les procédures de l’analyse structurale sont exposées en particulier par Vernant, Mythe et société en Grèce ancienne, op. cit., p. 237-243 ; voir aussi Saïd, Approches de la mythologie grecque, op. cit., p. 120-127, ainsi que mon étude critique toute récente, « Pour une anthropologie historique des récits héroïques grecs » (art. cit.).
(74) J’ai tenté de développer cette idée dans « Interprétation et traduction des cultures. Les catégories de la pensée et du discours anthropologique », L’Homme, 163, 2002, p. 51-78.
(75) Voir par exemple les différentes contributions publiées dans Claude Calame (dir.), Métamorphoses du mythe en Grèce antique, Genève, Labor & Fides, 1988.
II
CRÉATIONS NARRATIVES ET POÉTIQUES
(76) Diodore de Sicile 5, 1, 4-2, 3 et 5, 5, 1 ; cf. supra chap. I, « Versions antiques », avec n. 18.
(77) Voir en particulier Hérodote 2, 23 ; 53, 2-3 ; 116, 1, etc., avec les passages cités par Giuliana Lanata, Poetica pre-platonica. Testimonianze e frammenti, Florence, La Nuova Italia, 1963, p. 229-230 ; voir aussi Marcello Durante, Sulla preistoria della tradizione poetica greca II. Risultanze della comparazione indoeuropea, Rome, Ateneo, 1976, p. 82-87. On trouvera une définition du sens de poietés en contraste avec celui de aoidós chez Andrew Laughlin Ford, Homer. The Poetry of the Past, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 1992, p. 13-18 ; pour la confrontation avec le métier de l’artisan, on verra l’étude de David Bouvier, « Quand le poète était encore un charpentier. Aux origines du concept de poésie », in Ute Heidmann (dir.), Poétiques comparées des mythes de l’Antiquité à la Modernité, Lausanne, Payot, 2003, p. 85-105.
(78) Homère, Odyssée 17, 374-387 et 22, 344-350, puis 8, 479-489 ; Hésiode, Théogonie 223 (cf. aussi Travaux 662). Voir Charles Segal, Singers, Heroes, and Gods in the Odyssey, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 1994, p. 113-141 ; sur la tradition grecque du « poetry as craft », cf. Rosemary M. Harriott, Poetry and Criticism before Plato, Londres, Methuen, 1969, p. 92-104, Margalit Finkelberg, The Birth of Literary Fiction in Ancient Greece, Oxford, Clarendon Press, 1998, p. 48-61 et 100-130, et Carlo Brillante, Il cantore e la Musa. Poesia e modelli culturali nella Grecia arcaica, Pise, ETS, 2009, p. 173-212 (« poetica della “finzione” »), sans oublier l’étude fondamentale de Penelope Murray « Poetic Inspiration in Early Greece », Journal of Hellenic Studies, 101, 1981, p. 81-100 (repris dans Andrew Laird, dir., Oxford Readings in Ancient Literary Criticism, Oxford, Oxford University Press, 2006, p. 37-61).
(79) Les références à l’usage des métaphores de l’assemblage architectonique et de la texture sont données respectivement par Philippe Rousseau, préface à Pietro Pucci, Ulysse polutropos. Lectures intertextuelles de l’Iliade et de l’Odyssée, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1995, p. 7-21, et par John Scheid et Jesper Svenbro, Le Métier de Zeus. Mythe du tissage et du tissu dans le monde gréco-romain, Paris, La Découverte, 1994, p. 119-138 ; pour Pindare, cf. Donato Loscalzo, La parola inestinguibile. Studi sull’epinicio pindarico, Rome, Ateneo, 2003, p. 121-154.
(80) Hésiode, Travaux 70-82, cf. Théogonie 513 ; Polémon fr. 93 Kassel-Austin. Sur les plásmata comme figures d’argile ou de cire, on verra aussi Aristophane, Oiseaux 685-686, ainsi que Platon, Théétète 200b et Timée 50a. Pandôra comme « semblance » : Froma I. Zeitlin, « L’origine de la femme et la femme origine : la Pandore d’Hésiode », et Jean-Pierre Vernant, « Les semblances de Pandora », in Fabienne Blaise, Pierre Judet de La Combe et Philippe Rousseau (dir.), Le Métier du mythe. Lectures d’Hésiode, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1996, p. 349-380 et 381-392 respectivement.
(81) Platon, Lois 745e-6a et 668d-9b ; République 510de. En particulier chez Platon, le terme plásma désigne une sculpture (en complément d’une peinture) avec une insistance sur l’objet porté au regard : Hippias Majeur 298a ; cf. Detienne, L’Invention de la mythologie, op. cit., p. 179-182. Voir encore Christopher Gill, « Plato on Falsehood — not Fiction », in Christopher Gill et Timothy Peter Wiseman (dir.), Lies and Fiction in the Ancient World, Exeter, Liverpool University Press, 1993, p. 38-87.
(82) Platon, République 376e-378e, avec le commentaire et les références données par Penelope Murray (éd.), Plato. On Poetry, Cambridge, Cambridge University Press, 1996, p. 14-24 et 134-137, et par Cerri, op. cit., p. 27-38. Sur la question de l’éducation platonicienne, voir Christopher Gill, « Plato and the education of character », Archiv für Geschichte der Philosophie, 67, 1985, p. 1-26 ; pour le sens de mûthos et de ses dérivés chez Platon en relation avec poietés, voir l’étude sémantique de Luc Brisson, Platon, les mots et les mythes, Paris, La Découverte, 1994 (2e éd.), p. 184-195, ainsi que la contribution de David Bouvier, « Mythe ou histoire : le choix de Platon », in Marcella Guglielmo et Gian Franco Gianotti (dir.), Filosofia, storia, immaginario mitologico, Alessandria, Edizioni dell’Orso, 1997, p. 41-64.
(83) Platon, Lois 671bc, voir également 789c (comparaison avec le modelage de la cire) ainsi que Alcibiade 121d et Gorgias 483e. On remarquera que chez Platon, pláttein peut aussi assumer le sens plus abstrait d’« imaginer » : Phèdre 246c.
(84) Hérodote 8, 80, 2 (plásas légein) et 1, 68, 5 (lógos plastós) ; au sens propre : Hésiode, Théogonie 513, pour désigner Pandôra (cf. supra n. 5) ; Sophocle, Ajax 148-150, cf. 137-138 ; chez Platon lui-même, cf. Apologie 17c. Pour l’emploi de légein et de ses dérivés chez Hérodote, voir infra chap. VI, « L’historiographe comme narrateur ».
(85) Platon Timée 26e, voir aussi Gorgias 523a, avec les références et les remarques que j’ai formulées à ce propos dans Mythe et histoire dans l’Antiquité grecque, op. cit., p. 44-46 et 256-259, ainsi que dans « Mûthos, lógos et histoire. Usages du passé héroïque dans la rhétorique grecque », L’Homme, 147, 1998, p. 127-149.
(86) Pseudo-Longin, Du sublime 15, 7-11 ; Denys d’Halicarnasse, De la composition stylistique 4, 9 ; voir aussi Sur Démosthène 34, 1 ainsi que Démétrius de Phalère, Du style 19-20. Des parallèles rhétoriques latins sont indiqués par Barbara Cassin, L’Effet sophistique, Paris, Gallimard, NRF Essais, 1995, p. 481-484. Pour l’historiographie, voir par exemple John Marincola, Authority and Tradition in Ancient Historiography, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 117-127.
(87) Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens 263-265 ainsi que 252-254, avec le commentaire que l’on trouvera dans Mythe et histoire, op. cit., p. 57-59, et dans « La pragmatique poétique des mythes grecs : fiction référentielle et performance rituelle », in Françoise Lavocat et Anne Duprat (dir.), Fiction et cultures, Paris, Société française de littérature générale et comparée, 2010, p. 33-56. Voir maintenant Suzanne Saïd, « Du mensonge à la fiction chez Homère et dans les scholies », in Christophe Bréchet, Anne Videau et Ruth Webb (dir.), Théories et pratiques de la fiction à l’époque impériale, Paris, Picard, 2013, p. 63-79.
(88) Gorgias, Hélène 9-11 ; cf. Barbara Cassin, L’Effet sophistique, op. cit., p. 476-479.
(89) Hésiode, Théogonie 22-34 ; sur ce passage poétique si souvent commenté, voir les références données supra chap. I n. 12 et infra chap. VI n. 26 ; Aristote, Poétique 1447a 18-22 (cf. aussi 1451b 27-33), présente l’art poétique comme l’art de la représentation (mímesis) par le rythme, le langage et souvent la mélodie : sur cette tentative de définition générale des différentes formes de poésie, voir le commentaire de Donald William Lucas (éd.), Aristotle. Poetics, Oxford, Clarendon Press, 1968, p. 54-62, et Gerald Frank Else, Plato and Aristotle on Poetry, Chapel Hill-Londres, University of North Carolina Press, 1986, p. 74-90.
(90) Aristote, Poétique 1451b 6-10 et 27-33, 1448b 5-27, 1450a 38-b 4, 1448a 17-18, 1450a 15-22 (cf. 1447a 2). Les différentes interprétations proposées pour expliquer le phénomène de la mímesis sont commodément résumées et classées par Sophie Klimis, Le Statut du mythe dans la Poétique d’Aristote. Les fondements philosophiques de la tragédie, Bruxelles, Ousia, 1997, p. 103-120. Sur fabrication (poieîn) et reconnaissance, voir le commentaire de Roselyne Dupont-Roc et Jean Lallot, Aristote. La Poétique, Paris, Éditions du Seuil, 1980, p. 272-277 ; tout en laissant de côté sa visée morale, Ada B. Neschke, « “Poiésis” et “mimésis” dans la Poétique d’Aristote », Poetica, 29, 1997, p. 325-342, relève l’aspect de fabrication, en relation avec la composition de l’action, de la représentation tragique telle que la conçoit Aristote.
(91) Quant au mûthos compris dans la Poétique (1450a 4-5 et 32-35) comme trame narrative, voir Paul Ricœur, Temps et récit I, Paris, Éditions du Seuil, 1983, p. 55-71, avec les nuances que j’ai proposées dans Pratiques poétiques de la mémoire, op. cit., p. 18-40 (notamment à propos de la supposée opposition entre poésie et histoire : cf. infra n. 25) ; cf. encore infra chap. IV n. 2.
(92) Platon, Hippias Majeur 298ab et 303e ; Thucydide 1, 21, 1 et 22, 4 ; cf. Bruno Gentili et Giovanni Cerri, Storia e biografia nel pensiero antico, Rome-Bari, Laterza, 1983 (2e éd.), p. 7-18 (en particulier sur la vérité mimétique défendue par l’historiographe Douris de Samos) et Nicole Loraux, « Thucydide n’est pas un collègue », Quaderni di Storia, 12, 1980, p. 55-81.
(93) On se référera en particulier à Isocrate, Nicoclès 44-53 ; et on verra les références que j’ai données à ce propos dans « Mûthos, lógos et histoire. Usages du passé héroïque dans la rhétorique grecque », art. cit., p. 133-142.
(94) Voir notamment la définition du plásma historiographique donnée par Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens 263-265 et 252-254, et les remarques formulées à ce propos par Glen W. Bowersock, Fiction as History. Nero to Julian, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 1994, p. 1-27.
(95) Homère, Odyssée 8, 256-267 et 367-369. Les nombreux passages de la poésie homérique décrivant les plaisirs esthétiques provoqués par la récitation épique ont été commentés récemment par Segal, Singers, Heroes, and Gods in the Odyssey, op. cit., p. 113-141, et par Finkelberg, op. cit., p. 88-99 ; à propos de la dimension érotique du plaisir poétique, voir aussi les références données dans L’Éros dans la Grèce antique, op. cit., p. 49-52, ainsi que les réflexions de Louise H. Pratt, Lying and Poetry from Homer to Pindar. Falsehood and Deception in Archaic Greek Poetics, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1993, p. 37-42, et de Pietro Pucci, The Song of the Sirens. Essays on Homer, Lanham (MA), Rowman & Littlefield, 1998, p. 1-9.
(96) Pour ne citer que quelques lectures récentes sur les relations que la mémoire de l’univers concentrationnaire imaginé et réalisé par les Nazis entretient avec le présent, on comparera l’enquête de Pierre Vidal-Naquet, Les Assassins de la mémoire. « Un Eichmann de papier » et autres essais sur le révisionnisme, Paris, La Découverte, 1987, ou Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, Londres, W. H. Allen, 1961, avec Primo Levi, Se questo è un uomo, Turin, Einaudi, 1958, voire avec Binjamin Wilkomirski, Bruchstücke. Aus einer Kindheit 1939-1948, Francfort, Jüdischer Verlag, 1995, qui pose la question de la référence historique, des effets émotionnels et de la reconnaissance institutionnelle d’un récit autobiographique qui relève de la forgerie.
(97) Pour cette définition de la fiction à partir du double sens de fingere, voir l’étude de Silvana Borutti, « Fiction et construction de l’objet anthropologique », in Francis Affergan, Silvana Borutti, Claude Calame, Ugo Fabietti, Mondher Kilani et Francesco Remotti, Figures de l’humain. Les représentations de l’anthropologie, Paris, Éditions de l’EHESS, 2003, p. 75-99 (avec la mise en perspective critique proposée par Jean-Marie Schaeffer, « Quelles vérités pour quelles fictions ? », L’Homme, 175-176, 2005, p. 19-36) ; voir aussi Martyne Perrot et Martin de La Soudière, « L’écriture des sciences de l’homme : enjeux », Communications, 58, 1994, p. 5-21.
(98) Voir Ronald Shustermann, « Fiction, connaissance, épistémologie », Poétique, 26, 1995, p. 503-518, qui parvient à une telle conclusion uniquement en raison de la définition étroite qu’il donne à la cognition. Pour ce que j’entends par processus symbolique, voir Thésée et l’imaginaire athénien, op. cit., p. 29-54.
(99) Aristote, Poétique 1451a 36-b 32, 1447a 8-18 et 1461b 9-15, notamment ; les raisons de la polémique d’Aristote à l’égard des historiens sont l’objet du commentaire de Stephen Halliwell, Aristotle’s Poetics, Londres, Duckworth, 1986, p. 79-127 ; quant au poète également actif dans le domaine de l’histoire, cf. Calame, Pratiques poétiques de la mémoire, op. cit., p. 61-64.
(100) Cela pour reprendre la formulation de Thomas Pavel, Univers de la fiction, Paris, Éditions du Seuil, 1988, p. 76, qui analyse la fiction du point de vue de l’adéquation d’un énoncé avec la réalité empirique tout en proposant en parallèle une « approche interne », focalisée sur la manière dont la fiction est saisie par ceux qui en font usage.
(101) Ces deux processus sont dénommés référentialisation pour le premier, et référenciation pour le second par Denis Bertrand, L’Espace et le sens. Germinal d’Émile Zola, Paris-Amsterdam, Hadès / Benjamins, 1985, p. 29-40 ; voir également Jean-Michel Adam, Éléments de linguistique textuelle. Théorie et pratique de l’analyse textuelle, Liège, Mardaga, 1990 (3e éd.), p. 35-50, et surtout Jean-Marie Schaeffer, Pourquoi la fiction ?, Paris, Éditions du Seuil, 1999, p. 198-230 ; voir de plus « La pragmatique poétique des mythes grecs : fiction référentielle et performance rituelle », in Lavocat et Duprat (dir.), op. cit.
(102) Cf. « Vraisemblance référentielle, nécessité narrative, poétique de la vue. L’historiographie grecque classique entre factuel et fictif », Annales. Histoire, Sciences sociales, 67, 2012, p. 81-101.
(103) Selon la proposition paradoxale formulée par Jacques Moeschler et Anne Reboul, Dictionnaire encyclopédique de pragmatisme, Paris, Éditions du Seuil, 1994, p. 423-446, dans un chapitre intitulé « Narration et fiction », et à la suite de la théorie de la représentation et de la ressemblance (et donc de la mimésis linguistique rediviva…) développée par Dan Sperber et Deirdre Wilson, Relevance. Communication and Cognition, Oxford, Basil Blackwell, 1986, p. 224-237.
(104) Michel de Certeau, Histoire et psychanalyse entre science et fiction, Paris, Gallimard, Folio Essais, 1987, p. 66-96, dans un chapitre portant le titre « Histoire, science et fiction ».
(105) À plusieurs reprises, à propos de différentes formes discursives grecques à forte dimension pragmatique, je suis revenu sur cette question de la fiction référentielle, notamment dans mon étude « La pragmatique poétique des mythes grecs : fiction référentielle et performance rituelle », in Lavocat et Duprat (dir.), op. cit.
(106) Pseudo-Longin, Du sublime 15, 1 ; sur le concept rhétorique d’enárgeia, voir les références donnée dans mon étude « Quand dire c’est faire voir : l’évidence dans la rhétorique antique », Études de lettres, 4, 1991, p. 3-22 (repris dans Sentiers transversaux, op. cit., p. 191-204) et, pour Aristote en particulier (cf. Rhétorique 1411b 21-12a10), voir Maria Grazia Bonanno, « All the (Greek) World’s Stage : Notes on (Not Just Dramatic) Greek Staging », in Lowell Edmunds et Robert W. Wallace (dir.), Poet, Public, and Performance in Ancient Greece, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1997, p. 111-123.
(107) John R. Searle, Expression and Meaning. Studies in the Theory of Speech Acts, Cambridge, Cambridge University Press, 1979, p. 58-75, dans un article de 1975 repris comme chapitre et intitulé : « The Logical Status of Fictional Discourse ».
(108) Les concepts linguistiques de Deixis am Phantasma et de demonstratio ad oculos ont été développés par le linguiste allemand Karl Bühler, Sprachtheorie. Die Darstellungsfunktion der Sprache, Iena, G. Fischer, 1934, p. 102-148 (trad. fr. Théorie du langage. La fonction représentationnelle, Marseille, Agone, 2009, p. 204-248) ; pour différentes procédures de deixis dans les formes discursives grecques, on verra les études réunies dans le numéro spécial « The Poetics of Deixis in Alcman, Pindar, and Other Lyric », dir. Nancy Felson, Arethusa 37, 3, automne 2004, ainsi que, pour la poésie, les réflexions proposées dans Masques d’autorité. Fiction et pragmatique dans la poésie grecque antique, Paris, Les Belles Lettres, 2005, p. 13-26.
(109) On pourra se référer à ce sujet aux remarques que j’ai formulées naguère sous le titre « Évanescence du mythe et réalité des formes narratives » en guise d’introduction à Calame (dir.), Métamorphoses du mythe en Grèce antique, op. cit., p. 7-17, ainsi que dans Mythe et histoire, op. cit., p. 76-81.
(110) On lira à ce propos les remarques essentielles, mais hélas trop peu connues, d’Ada B. Neschke, « Mythe et traitement littéraire du mythe en Grèce ancienne », Studi Classici ed Orientali, 37, 1987, p. 29-60 ; en affirmant que « les récits, considérés comme des mythes, se révèlent plutôt être des constructions à base d’invention poétique, c’est-à-dire “littéraires” » ; voir la direction critique suggérée à cet égard par Jean-Pierre Vernant lui-même dans « Le mythe au réfléchi », Le Temps de la réflexion, 1, 1980, p. 21-25, repris dans Entre mythe et politique, Paris, Éditions du Seuil, 1996, p. 352-356.
(111) Isocrate, Évagoras 5-6 et 65-69, avec les remarques formulées à ce propos dans « Mûthos, lógos et histoire. Usages du passé héroïque dans la rhétorique grecque », art. cit., p. 135-138. À propos de cette relation constructive et poétique des Grecs vis-à-vis de leur propre passé, Pratt, op. cit., p. 37-42, parle de « commemorative fiction ». L’idée de « poiétique » comme fabrication et production littéraires a été reprise dans une perspective sémiotique par Jean Molino, « Interpréter », in Claude Reichler (dir.), L’Interprétation des textes, Paris, Éditions de Minuit, 1989, p. 9-52 ; pour le discours historiographique (grec), cf. Pratiques poétiques de la mémoire, op. cit., p. 61-70.
(112) Dans ce paragraphe, je me réfère aux remarques que j’ai présentées dans Le Récit en Grèce ancienne. Énonciations et représentations de poètes, Paris, Belin, 2001 (2e éd.), p. 17-40, à la suite d’Émile Benveniste, Problèmes de linguistique générale I. 1939-1964, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Sciences humaines, 1966, p. 251-257 et 258-266 (voir aussi Problèmes de linguistique générale II. 1965-1972, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Sciences humaines, 1974, p. 67-78 et 79-88), et d’Algirdas Julien Greimas et Joseph Courtès, Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Paris, Hachette, 1979, p. 94 et 124-125.
(113) Mikhaïl Bakhtine (Valentin Volochinov), Le Marxisme et la philosophie du langage. Essai d’application de la méthode sociologique en linguistique, Paris, Éditions de Minuit, 1977 (éd. or. Léningrad, 1929), p. 135-140. C’est à propos du genre romanesque que, dans les années trente, le même Mikhaïl Bakhtine, dans Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Idées, 1978, p. 86-98, a développé le concept de « plurilinguisme dialogisé » en le substituant à celui de « polyphonie » ; sur ce processus de « dialogisation intérieure » du discours romanesque et donc fictionnel, à vrai dire présent dès la poésie homérique, cf. encore p. 99-121.
(114) La distinction désormais traditionnelle entre temps narré / raconté et temps de la narration / du raconter a été réélaborée par Gérard Genette, Figures III, Paris, Éditions du Seuil, 1972, p. 71-78 et 122-130, pour être développée par Paul Ricœur, Temps et récit II. La configuration dans le récit de fiction, Paris, Éditions du Seuil, 1984, p. 113-130. Ce problème de l’intersection entre temps empirique de l’histoire et temps de la fiction par la mise en intrigue narrative est repris, dans la perspective différente de la question du temps chronique ou calendaire, dans Temps et récit III. Le temps raconté, Paris, Éditions du Seuil, 1985, p. 147-160 ; voir les remarques critiques que j’ai avancées à ce propos dans Pratiques poétiques, p. 15-40.
(115) Les différentes conceptions qu’en narratologie on a pu développer du « schéma canonique de la narration » sont bien résumées par Jean-Michel Adam, Le Récit, op. cit., p. 65-73 et 81-95 ; voir aussi Françoise Revaz, Introduction à la narratologie. Action et narration, Bruxelles, De Boeck, 2009, p. 75-87 ; cf. encore infra l’introduction au chap. IV, avec n. 2.
(116) On pourra se référer, à propos du processus de spatialisation des manifestations symboliques et fictionnelles, aux réflexions que j’ai présentées dans Le Récit en Grèce ancienne, op. cit., p. 255-274 ; pour la structure et la fonction particulières du récit généalogique, voir infra chap. IV, « Métamorphoses d’un matricide ».
(117) Je ne fais que résumer ici les remarques déjà présentées au sujet de cet aspect sémantique de la construction symbolique et fictionnelle dans Mythe et histoire dans l’Antiquité grecque, op. cit., p. 84-86 ; pour une définition de la notion d’isotopie, voir par exemple François Rastier, Sémantique interprétative, Paris, PUF, 1987, p. 87-127.
(118) Cette conception discursive du genre « poiétique » se fonde en particulier sur les remarques formulées pertinemment par Jean-Marie Schaeffer, Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?, Paris, Éditions du Seuil, 1989, p. 64-117, et par Jean Molino, « Les genres littéraires », Poétique, 93, 1993, p. 3-28.
(119) Contrairement à la tradition linguistique anglo-saxonne qui voit du performatif dans tout énoncé dont l’énonciation correspond à la « performance » d’une action et donc à un acte qui s’accomplit dans le langage, dans l’énonciation elle-même selon la proposition de John Langshaw Austin, How to Do Things with Words, Cambridge (MA), Harvard University Press, 1975 (2e éd.), p. 4-11, performatif sera pris ici au sens strict où l’entend Benveniste, Problèmes de linguistique générale I, op. cit., p. 267-276 ; est donc considéré comme performatif l’énoncé qui « dénomme l’acte performé du fait qu’Ego prononce une formule contenant le verbe (i. e. de parole) à la première personne du présent ».
(120) On a cité successivement les vers 470-489, 47-50, 231-245, 201-203, 207-211, 268-274 (cf. aussi 296-302), 364-369, 438-440 et 473-479 de l’Hymne homérique à Déméter. On lira au sujet de la fonction étiologique de tous ces passages le commentaire circonstancié qu’en a donné Richardson, op. cit., sans oublier les p. 326-330 et 344-348. On trouvera quelques indications allant dans la direction de la lecture proposée ici de la version « homérique » du rapt de Coré dans mon étude « L’Hymne homérique à Déméter comme offrande », art. cit. ; quant à la fonction cultuelle de proème assumée par les Hymnes homériques, voir les références données dans mon étude reprise dans Masques d’autorité, op. cit., p. 43-71.
(121) Voir à ce propos Richardson, The Homeric Hymn to Demeter, op. cit., p. 5-12 et 20-30, qui cite notamment Inscriptiones Graecae I2, 5 ; pour le concours analogue qui marquait la célébration des Panathénées, lire en dernier lieu Harvey Alan Shapiro, « Mousikoi Agones : Music and Poetry at the Panathenaia », in Jenifer Neils (dir.), Goddess and the Polis. The Panathenaic festival in Ancient Athens, Princeton, Princeton University Press, 1992, p. 53-75.
(122) Ces liens métaphoriques ont été explorés en particulier dans les études réunies par Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant, La Cuisine du sacrifice en pays grec, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1979. Les études de Jean Rudhardt, « À propos de l’hymne homérique à Déméter », Museum Helveticum, 35, 1978, p. 1-17, et de Jenny Strauss Clay, The Politics of Olympus. Form and Meaning in the Major Homeric Hymns, Princeton, Princeton University Press, 1989, p. 202-266, sont sensibles au dessin spatial de cette composition hymnique.
III
BELLÉROPHON, LE PASSAGE À L’ÂGE ADULTE ET LA PRAGMATIQUE DU RÉCIT HOMÉRIQUE
(123) Hésiode, Théogonie 276-286 et 319-325 ; voir aussi le fr. 43a, 81-90 Merkelbach-West, où l’irréprochable Bellérophon est présenté comme « se distinguant par sa valeur parmi les hommes sur la terre immense ».
(124) Pindare, Isthmique 7, 42-8 et Olympique 13, 63-92 ; cf. G. Aurelio Privitera (éd.), Pindaro. Le Istmiche, Milan, Fondazione Lorenzo Valla / Arnoldo Mondadori, 1982, p. 224-245, et François Jouan, « Le mythe de Bellérophon chez Pindare », Revue des études grecques, 108, 1995, p. 271-287, qui donne la liste des études récentes suscitées par cette double version pindarique du récit de Bellérophon. La domestication de Pégase grâce au « sophisme » inventé par Athéna est prise en compte par Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant dans Les Ruses de l’intelligence. La mètis des Grecs, Paris, Flammarion, 1974, p. 176-189.
(125) Voir le plat cycladique de Thasos Mus. P 2085 (Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae, Pegasos 152) qui date d’environ 600 av. J.-C. ainsi que la coupe à figures noires de Kiel, Kunsthalle B 539 (LIMC, Pegasos 200) datant de 550 environ ; la description par Pausanias, 3, 18, 13, de la scène correspondante représentée sur le trône d’Apollon à Amyclées est si succincte qu’elle ne mentionne pas forcément la présence de Pégase sur ce monument datant de la fin du VIe siècle (LIMC, Pegasos 145). Autres documents et bibliographie chez Catherine Lochin, « Pegasos », in Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae, VII.1, Zurich-Munich, Artemis, 1994, p. 214-230, qui ne mentionne pour l’époque archaïque qu’une exception certaine à la présence de Pégase dans le combat contre la Chimère (coupe laconienne à figures noires de Catane Mus. Civ. = LIMC, Pegasos 230).
(126) Accompagnées d’autres interrogations relatives à la cohérence interne du récit et à son insertion dans l’ensemble de l’Iliade, toutes ces questions avaient déjà été posées par les commentateurs anciens ; leur collection a été constituée par Marta Maftei, Antike Diskussionen über die Episode von Glaukos und Diomedes im VI. Buch der Ilias, Meisenheim am Glan, Hain, 1976.
(127) Platon, République 392c-394a ; quant à la manière sémio-narrative de poser le problème, voir Martin Steinrück, Rede und Kontext. Zum Verhältnis von Person und Erzähler in frühgriechischen Texten, Bonn, R. Habelt, 1992, p. 5-17.
(128) Homère, Iliade 6, 119-236 ; cet épisode est encadré par le départ d’Hector du champ de bataille et par son arrivée dans Troie (Iliade 6, 73-118 et 237-241) : cf. infra « Les contraintes contextuelles d’un duel verbal ».
(129) Homère, Iliade 5, 432-444 (voir déjà 405-409) et 792-863 (voir en particulier 817-821) ; pour la blessure d’Aphrodite, voir 5, 379-380 : l’adresse directe d’Apollon à Diomède est précédée de l’avertissement indirect donné par la mère de la déesse de l’amour (405-415) : « il n’a pas la vie longue celui qui combat contre les Immortels ». À propos du défi rituel qui précède le duel iliadique pour l’inscrire dans une hiérarchie de l’arísteia, voir l’étude de Françoise Létoublon, « Défi et combat dans l’Iliade », Revue des études grecques, 96, 1983, p. 27-48.
(130) Les références aux textes qui donnent ces indications complémentaires sont consignées dans le commentaire de Geoffrey Stephen Kirk, The Iliad : a Commentary. Volume II, Books 5-8, Cambridge, Cambridge University Press, 1990, p. 177-178. Sur les formes narratives et les fonctions spécifiques du récit généalogique, voir infra chap. V, « L’architecture d’un traité de mythographie » (références bibliographiques n. 3).
(131) Les innombrables hypothèses suscitées dès l’Antiquité par la question de la nature graphique de ces sémata sont envisagées par Alfred Heubeck, Schrift (Archaelogia Homerica III.X), Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1979, p. 126-146 ; voir aussi Geoffrey S. Kirk, ibid., p. 181-182, ainsi que Carlo Brillante, « La scrittura in Omero », Quaderni Urbinati di Cultura Classica, 52, 1996, p. 31-45 ; la signification sémiotique de sêma est analysée par Gregory Nagy, Greek Mythology and Poetics, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 1990, p. 202-222.
(132) Ce n’est que par Pindare, Olympique 13, 69, que nous apprenons que le père divin de Bellérophon est Poséidon. Mais l’allusion homérique confère au héros une double paternité, l’égalant à Héraclès (Zeus et Amphitryon), à Thésée (Poséidon et Égée) ou aux Dioscures (Zeus et Tyndare).
(133) Sur ce jeu de mots du texte homérique, voir infra n. 30. Le parallélisme entre ces différentes destinées malheureuses est souligné par Ruth Scodel, « The Wits of Glaucus », Transactions of the American Philological Association, 122, 1992, p. 73-84.
(134) Au sujet des formulations et explications quelque peu techniques qu’entraîne la distinction essentielle entre « énoncé » et « énoncé de l’énonciation », voir Calame, Le Récit en Grèce ancienne, op. cit., p. 17-30, ainsi que supra chap. II, « Approche énonciative et pragmatique ».
(135) Les parallèles homériques à l’échange de pièces d’armement au terme d’un duel sont indiqués par Kirk, op. cit., p. 188-189 ; sur la relation de ce type d’échange avec l’échange de dons d’hospitalité, voir Évelyne Scheid-Tissinier, Les Usages du don chez Homère. Vocabulaire et pratiques, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1994, p. 158-163, et Richard Seaford, Reciprocity and Ritual. Homer and Tragedy in the Developing City-State, Oxford, Clarendon Press, 1994, p. 7-15. Quant aux différentes explications données pour tenter de justifier l’asymétrie de l’échange particulier entre Diomède et Glaucos, cf. infra n. 35.
(136) Genèse 37, 36 ; 39, 1-20 et 41, 1-49. Poti-Phéra signifie « Don de Râ » ; cf. William Hansen, « Homer and the Folktale », in Ian Morris et Barry B. Powell (dir.), A New Companion to Homer, Leiden-New York-Cologne, Brill, 1997, p. 442-462. En général, voir les parallèles cités par John D. Yohannan, Joseph and Potiphar’s Wife in World Literature. An Anthology of the Story of the Chaste Youth and the Lustful Stepmother, New York, New Directions, 1968, de l’Égypte ancienne (histoire d’Anpu et Bata) à Thomas Mann. D’autres parallèles orientaux sont traités en termes de simples « motifs » par Martin Lichtfield West, The East Face of Helicon. West Asiatic Elements in Greek Poetry and Myth, Oxford, Clarendon Press, 1997, p. 364-367.
(137) Selon le schéma narratif proposé par Jerker Blomquist, « Human and Divine Action in Euripides’ Hippolytus », Hermes, 110, 1982, p. 398-414.
(138) L’histoire est racontée en particulier par Pseudo-Apollodore, Épitomé 2, 23-6, et commentée par Plutarque, Questions grecques 297df ; cf. aussi Aristote fr. 610 Gigon, Pausanias 10, 14, 2-4 et scholie à Homère, Iliade 1, 386 (I, p. 20 Erbse) ; pour les aspects héroïques de la figure de Ténès, voir Angelo Brelich, Gli eroi greci. Un problema storico-religioso, Rome, Ateneo, 1958, p. 134-135.
(139) La légende est l’objet d’une double allusion chez Pindare, Néméenne 5, 25-40 et 4, 54-65 ; elle est explicitée par les scholies à la Néméenne 4, 57 (III, p. 79-80 Drachmann). Elle était déjà racontée dans le Catalogue des femmes d’Hésiode, fr. 208 et 209 Merkelbach-West ; voir aussi Pseudo-Apollodore, Bibliothèque 3, 13, 3 pour une version légèrement différente.
(140) Il convient de comparer Homère, Iliade 9, 457-484, où Phœnix raconte cet épisode appartenant à sa biographie pour tenter de convaincre Achille de mettre un terme à sa colère comme lui-même le fit à l’égard de son père, avec le résumé donné par Pseudo-Apollodore, Bibliothèque 3, 13, 8, d’une version qui remonte peut-être à Aristophane, Acharniens 421, ou aux poètes tragiques (cf. Sophocle fr. 720 Radt).
(141) Plutarque, Questions grecques 300df citant la poétesse Myrtis, fr. 116 Page. À ces nombreuses légendes, Brelich, Gli eroi greci, op. cit., p. 302-303, ajoute encore celle apparemment évoquée par le logographe athénien du IVe siècle Asclépiadès de Tragilos (FGrHist. 12 F 31), mise en scène par Sophocle (fr. 704-717 Radt), et rapportée par Diodore de Sicile (4, 43, 3-5) : accusés d’avoir violenté leur belle-mère pour plaire à leur propre mère, les deux fils de Phineus, le roi de Thrace, furent condamnés à subir constamment des coups de fouet avant d’être délivrés par Héraclès : cf. David Bouvier et Philippe Moreau, « Phinée ou le père aveugle et la marâtre aveuglante », Revue belge de philologie et d’histoire, 61, 1983, p. 5-19.
(142) Le récit est raconté sous cette forme traditionnelle par le mythographe Asclépiadès de Tragilos FGrHist. 12 F 28 et par Pseudo-Apollodore, Épitomé 1, 18-9 : à partir de ces textes, William S. Barrett, Euripides. Hippolytos, Oxford, Clarendon Press, 1964, p. 6-15, a tenté de reconstruire l’intrigue du premier Hippolyte d’Euripide, tout en évoquant les raisons qui ont pu pousser à la transformation de l’Hippolyte voilé en Hippolyte couronné. Parmi de très nombreuses études, Justina Gregory, Euripides and the Instruction of the Athenians, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1991, p. 51-84, a relevé les excès d’Hippolyte dont le comportement féminin est décrit par Charles Segal, « The Tragedy of Hippolytos : the Waters of Ocean and the Untouched Meadow », Harvard Studies in Classical Philology, 70, 1965, p. 117-169 ; sur le mariage comme domestication, voir en particulier Nicole Loraux, Façons tragiques de tuer une femme, Paris, Hachette, 1985, p. 65-75.
(143) Aristophane, Grenouilles 1043-1054 (cf. infra n. 44 pour la Sthénébée d’Euripide), passage que l’on lira avec le commentaire de Kenneth Dover, Aristophanes. Frogs, Oxford, Oxford University Press, 1993, p. 323-324. Sur les conséquences psychanalytiques que l’on peut tirer d’une analyse comparative qui réduit le « mythe » de Bellérophon à la première partie de son intrigue, voir l’étude de Richard Caldwell, « The Psychoanalytical Interpretation of Greek Myth », in Lowell Edmunds (dir.), Approaches to Greek Myth, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1990, p. 344-389 (363-366).
(144) Également dans l’Iliade, 16, 328-329, la Chimère est représentée comme un fléau pour de nombreux humains ; voir aussi la description qu’en fait Hésiode, Théogonie 319-324, qui, comme les imagiers, affuble la Chimère de trois têtes : lion, chèvre sauvage et serpent. Autres références, iconographie et bibliographie chez Anne Jacquemin, « Chimaira », in Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae, III.1, Zurich-Munich, Artemis, 1986, p. 249-259. On remarquera qu’Athéniens et Lacédémoniens offraient une jeune chèvre sauvage en sacrifice à Artémis Agrotéra en particulier avant une bataille : Xénophon, Anabase 3, 2, 12, Helléniques 4, 2, 20 et République des Lacédémoniens 13, 8.
(145) Hérodote 1, 173, 1-5 ; sur le « matriarcat » de Lycie, voir en particulier l’étude de Stella Georgoudi, « Bachofen, le matriarcat et le monde antique. Réflexions sur la création d’un mythe », in Georges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident I. L’Antiquité, Paris, Plon, 1991, p. 477-491.
(146) Les différents renversements qui marquent la figure des guerrières Amazones du point de vue du genre ont fait l’objet des études, par exemple, de Jeannie Carlier-Detienne, « Les Amazones font la guerre et l’amour », L’Ethnographie, 75, 1980-1981, p. 11-33, de William Blake Tyrrell, Amazons. A Study in Athenian Mythmaking, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1984, p. 40-63, et (pour l’épisode de Bellérophon) de Josine H. Blok, The Early Amazons. Modern and Ancient Perspectives on a Persistent Myth, Leiden-New York-Cologne, Brill, 1994, p. 333-347.
(147) Le rôle de l’embuscade et de la ruse dans les combats menés par les éphèbes athéniens aux marges du territoire de l’Attique a été exploré notamment par Pierre Vidal-Naquet, Le Chasseur noir. Formes de pensée et formes de société dans le monde grec, Paris, La Découverte, 1983 (2e éd.), p. 151-174.
(148) Voir les documents cités supra n. 3 ; néanmoins, sur le relief « mélien » en terre cuite de Londres, BM B 364 (LIMC, Pegasos 160) datant de 470-460 av. J.-C., Bellérophon terrassant la Chimère est représenté avec casque, cuirasse et épée.
(149) Les enjeux familiaux d’accession au pouvoir royal de l’épisode à caractère initiatique sont bien analysés par Carlamaria Lucci, « La storia di Bellerofonte. Uno studio di polivalenza relazionale », in Lucia Marrucci et Andrea Taddei (dir.), Polivalenze epiche. Contributi di antropologia storica, Pise, ETS, 2007, p. 63-75.
(150) Homère, Odyssée 19, 413-466 ; cf. Nancy Felson-Rubin et William M. Sale, « Meleager and Odysseus : a Structural and Cultural Study of the Greek Hunting-Maturation Myth », Arethusa, 16, 1983, p. 137-171 et 211-222.
(151) On verra à ce sujet en particulier les études de Gregory Nagy, The Best of the Achaeans. Concepts of the Hero in Archaic Greek Poetry, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1979, p. 174-210, et Jean-Pierre Vernant, L’Individu, la mort, l’amour. Soi-même et l’autre en Grèce ancienne, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1989, p. 41-101.
(152) Iliade 9, 125 et 267, on remarquera aussi au vers 202 l’occurrence de la forme participiale aleeínon, « évitant (la route des hommes) ». Hérodote, 6, 95, 1, situe la plaine Aléienne en Cilicie, c’est-à-dire non loin de la Lycie, mais en dehors des frontières du pays sur lequel règne en partie Bellérophon. Sur les modes de la mort connue par le héros, cf. supra n. 2.
(153) On relèvera encore que si le récit traditionnel la mentionnait déjà, Glaucos se garde bien d’alléguer la raison qui, dans des versions plus tardives (Pseudo-Apollodore, Bibliothèque 2, 3, 1 ; scholie à Homère, Iliade 6, 155 ; I, p. 158 Erbse), explique la présence de Bellérophon à Argos, soit le désir d’être purifié par Proïtos d’un meurtre commis à Corinthe.
(154) Selon une suggestion orale de Georges Devallet.
(155) On verra à ce propos les remarques formulées par Hilary Susan Mackie, Talking Trojan. Speech and Community in the Iliad, Lanham (MD)-Londres, Rowman & Littlefield, 1996, p. 69-70. Le rôle joué par l’ascendance paternelle pour le statut du héros homérique est illustré par David Bouvier, Le Sceptre et la Lyre. L’Iliade ou les héros de la mémoire, Grenoble, Jérôme Millon, 2002, p. 313-355.
(156) Voir à ce propos les réflexions de Francesco Bertolini, « Dal folclore all’epica : esempi di trasformazione e adattamento », in Diego Lanza et Oddone Longo (dir.), Il meraviglioso e il verosimile. Tra antichità e medioevo, Florence, Olschki, 1989, p. 131-152, et de Segal, Singers, Heroes, and Gods in the Odyssey, op. cit., p. 126. Les nombreuses hypothèses échafaudées par les savants pour expliquer les silences du texte homérique par le recours à une version supposée plus ancienne que la version courante du destin de Bellérophon sont évoquées par Irene J. F. de Jong, Narrators and Focalizers. The Presentation of the Story in the Iliad, Amsterdam, B. R. Grüner, 1987, p. 162-163.
(157) Les différentes raisons avancées dès l’Antiquité, à partir de Platon, Banquet 219a, et Aristote, Éthique à Nicomaque 1136b 9-14, pour tenter d’expliquer l’étrange chute de l’ensemble de ce bref épisode sont évoquées par William M. Calder III, « Gold for Bronze : Iliad 6. 232-36 », in Kent J. Rigsby (dir.), Studies Presented to Sterling Dow on his Eightieth Birthday, Durham (NC), Duke University, 1984, p. 31-35 ; voir aussi Maftei, op. cit., p. 52-55.
(158) Selon la thèse développée notamment par Malcolm M. Willcock, « Mythological Paradigma in the Iliad », Classical Quarterly, 58, 1964, p. 141-154, et « Ad Hoc Invention in the Iliad », Harvard Studies in Classical Philology, 81, 1977, p. 41-53, mais réfutée, à l’exemple de la scène de l’ambassade dans l’Iliade 9, 434-605, par Gregory Nagy, « Mythological Exemplum in Homer », in Ralph Hexter et Daniel Selden (dir.), Innovations in Antiquity, New York-Londres, Routledge, 1992, p. 311-326 (repris dans Homeric Questions, Austin, University of Texas Press, 1996, p. 113-146).
(159) Références supra n. 7. Le parallélisme que le texte établit entre la mort de Lycurgue et celle de Bellérophon a été bien montré par Teodoro Renno Assunção, « Le mythe iliadique de Bellérophon », Gaia, 1/2, 1997, p. 41-66, avec d’intéressants compléments bibliographiques, notamment par référence à l’ouvrage de Øivind Andersen, Die Diomedesgestalt in der Ilias, Oslo, Universitetsforlaget, Symbolae Osloenses, Suppl. 25, 1975, p. 104 ; voir aussi Lucci, in Marrucci et Taddei (dir.), art. cit., p. 73-74.
(160) Précisément à l’exemple de Diomède, Riccardo Di Donato, ARISTEUEIN. Premesse antropologiche ad Omero, Pise, ETS, 2006, p. 35-52, montre les paramètres d’une pratique d’excellence qui définit le statut anthropologique du héros homérique.
(161) En se limitant malheureusement au contexte immédiat du récit de Bellérophon (premier niveau énonciatif évoqué), Irene de Jong, op. cit., p. 163-168, insiste avec raison sur la réinterprétation du récit selon le code héroïque. Par ailleurs, sensible aux valeurs « performatives » des interventions des héros iliadiques, Martin, op. cit., p. 126-130, montre comment le duel verbal entre Glaucos et Diomède tourne à l’avantage du héros grec. Enfin, selon Julian Haig Gaisser, « Adaptation of Traditional Material in the Glaucos-Diomedes Episode », Proceedings of the American Philological Association, 100, 1969, p. 165-176, Homère aurait inventé l’histoire de l’hospitalité offerte à Bellérophon par Oïneus pour conduire Diomède et Glaucos à un échange d’armes sur le modèle de la réciprocité entre hôtes ; l’étude relève par ailleurs le parallélisme existant entre le destin de Lycurgue allégué par Diomède et celui de Bellérophon cité par Glaucos (cf. supra n. 37).
(162) Selon la proposition faite notamment par J. D. Craig, « Khrúsea khalkéon », Classical Review, 75, 1967, p. 137-175 ; voir aussi Calder, « Gold for Bronze : Iliad 6. 232-36 », art. cit., p. 33-35. Autres références sur la question chez Mackie, op. cit., p. 95-97, qui cite en particulier les deux contributions concurrentes de Walter Donlan, « The Unequal Exchange between Glaukos and Diomedes in the Light of Homeric Gift-Economy », Phoenix, 43, 1989, p. 1-15, et de David Traill, « Gold Armour for Bronze and Homer’s Use of Compensatory tíme », Classical Philology, 84, 1989, p. 301-305.
(163) Homère Iliade 12, 329-391 et 16, 490-602 ; la mort de Glaucos était racontée dans l’Aithiopide (fr. 3 Bernabé) tandis que le retour de Diomède était narré dans les Nostoi (Arg. 5 Bernabé).
(164) Voir Scodel, art. cit., p. 83-85, Renno Assunção, art. cit., p. 61-66, ainsi que David Bouvier, « Glaucos ou l’identité complexe d’un Lycien dans l’Iliade », in Michel Mazoyer (dir.), Homère et l’Anatolie, Paris, Kubaba / L’Harmattan, 2008, p. 9-30. Pour le rôle porteur joué par la volonté de Zeus dans le récit iliadique, voir Philippe Rousseau, « L’intrigue de Zeus », Europe, 865, 2001, p. 120-158.
(165) Homère, Iliade 24, 671-676 ; voir à ce sujet la tentative d’explication avancée par Vincenzo Di Benedetto, Nel laboratorio di Omero, Turin, G. Einaudi, 1994, p. 15-20 et 319-328, pour qui l’intervention du narrateur au terme de l’échange des armes aurait pour fonction d’éviter le conflit d’une « ligne culturelle différente » avec l’idéologie militaire et aristocratique qui fait du poème l’affrontement entre deux partis opposés. Pour des explications allant dans le même sens, voir Mackie, op. cit., p. 96, ainsi que Segal, Singers, Heroes, and Gods in the Odyssey, op. cit., p. 144 ; on se référera aussi aux quelques remarques formulées à ce propos par Jean Bollack, La Grèce de personne. Les mots sous le mythe, Paris, Éditions du Seuil, 1997, p. 171-175.
(166) Tragédie à laquelle déjà Aristophane fait allusion (Grenouilles 1043-1054) : Euripide fr. 671-672 et p. 645-649 Kannicht.
IV
CLYTEMNESTRE, ORESTE ET LA CÉLÉBRATION POÉTIQUE D’UNE VICTOIRE AUX JEUX PYTHIQUES
(167) Pseudo-Apollodore, Épitomé 6, 23-5. La traduction est celle proposée par Jean-Claude Carrière et Bertrand Massonie, La Bibliothèque d’Apollodore, Besançon-Paris, Université de Besançon / Les Belles Lettres, 1991 ; on trouvera aux p. 7-19 de cet ouvrage une utile mise au point sur l’attribution à Apollodore de ce traité de mythographie dont la dernière partie ne nous est parvenue que sous la forme d’un résumé byzantin appelé Épitomé du Vatican. Les débuts de la mythographie hellène sont évoqués dans les études citées supra chap. I n. 13.
(168) Dans la conception qu’en présente Aristote dans la Poétique 1450a 4-5 et 32-35, le mûthos en tant qu’intrigue narrative coïncide avec la perspective structurale sur un récit essentiellement envisagé dans sa trame : cf. Massimo Fusillo, « “Mythos” aristotelico e “récit” narratologico », Strumenti critici, n. s. 1, 1986, p. 381-392, ainsi que supra chap. II, « Plaisirs et pragmatique de la mimésis » avec n. 16.
(169) Le « schéma canonique » de la narration est explicité supra chap. II, « Procédés de mise en discours », avec n. 40. Publiée à Léningrad en 1928, la Morphologie du conte de Vladimir Jakovlevitch Propp est à lire de préférence dans sa traduction italienne (Turin, G. Einaudi, 1966) plutôt que dans sa traduction française (Paris, Éditions du Seuil, 1970) dans la mesure où elle y est complétée par une intervention de Claude Lévi-Strauss, assortie d’une réponse de l’auteur.
(170) On a successivement mentionné Stésichore fr. 219, 217 et 216 Page-Davies ; Hésiode fr. 23 (a) Merkelbach-West (voir aussi le fr. 176) ; Homère, Odyssée 2, 254-310 ainsi que 1, 29-30 et 298-300. Pour une reconstruction et une confrontation de ces différentes versions, on verra l’étude d’Ada B. Neschke, « L’Orestie de Stésichore et la tradition littéraire du mythe dans les Atrides avant Eschyle », Antiquité classique, 55, 1986, p. 283-301, ainsi que Jennifer R. March, The Creative Poet. Studies in the Treatment of Myths in Greek Poetry, Londres, University of London, Suppl. Bulletin Institute of Classical Studies 49, 1987, p. 79-118 ; la question de l’omission du matricide d’Oreste dans l’Odyssée est traitée dans le commentaire d’Alfred Heubeck et Stephanie West, Omero. Odissea. Volume I (Libri I-IV), Milan, Arnoldo Mondadori, 1981, p. LXXXI-LXXXII et 305-306. Pour les versions tragiques du mythe, voir notamment Bruno Gentili, Poesia e pubblico nella Grecia antica. Da Omero al V secolo, Rome-Bari, Laterza, 1995 (3e éd.), p. 109-111, et Florence Dupont, L’Insignifiance tragique. Les Choéphores d’Eschyle, Électre de Sophocle, Électre d’Euripide, Paris, Le Promeneur, 2001, p. 175-199. Quant à l’iconographie, voir Karl Schefold, Die Sagen von den Argonauten, von Theben und Troia in der klassischen und hellenistischen Kunst, Munich, Hirmer, 1989, p. 298-313, et Francine Viret Bernal, « When Painters Execute a Murderess : The Representation of Clytemnestra on Attic Vases », in Ann Olga Koloski-Ostrow et Claire L. Lyons (dir.), Naked Truths. Women, Sexuality and Gender in Classical Art and Archaeology, Londres-New York, Routledge, 1997, p. 93-107.
(171) On lira à ce propos les utiles mises au point de Bruno Gentili, « Die pragmatischen Aspekte der archaischen griechischen Dichtung », Antike und Abendland, 36, 1990, p. 1-17, et de Gian Franco Gianotti, « La festa : la poesia corale », in Giuseppe Cambiano, Luciano Canfora et Diego Lanza (dir.), Lo spazio letterario della Grecia antica, I. La Produzione e la circolazione del testo, 1. La polis, Rome, Salerno Editrice, 1992, p. 143-175, ainsi que, sur la question des genres s’inscrivant dans la catégorie du mélos, mon étude intitulée « La poésie lyrique grecque, un genre inexistant ? », Littérature, 111, 1998, p. 80-101 (repris dans Sentiers transversaux, op. cit., p. 85-106).
(172) Souvent explorée, la relation des Épinicies de Pindare avec leurs circonstances festives d’énonciation a fait par exemple l’objet des études de Paola Angeli Bernardini, Mito e attualità nelle odi di Pindaro. La Nemea 4, l’Olimpica 9, l’Olimpica 7, Rome, Ateneo, 1983, p. 19-74, et d’Eveline Krummen, Pyrsos Hymnon. Festliche Gegenwart und mythisch-rituelle Tradition als Voraussetzung einer Pindar Interpretation (Isthmie 4, Pythie 4, Olympie 1 und 3), Berlin-New York, Walter de Gruyter, 1990, en particulier p. 1-30 ; quant au processus d’héroïsation de l’athlète chanté, on se référera à l’ouvrage de Bruno Currie, Pindar and the Cult of Heroes, Oxford, Oxford University Press, 2005, p. 120-157. Pour le caractère rituel et cultuel des circonstances d’exécution des autres formes poétiques appartenant au mélos, on verra les études que j’ai rassemblées dans Rito e poesia corale in Grecia, Rome-Bari, Laterza, 1977.
(173) L’identité de la persona loquens dans les Épinicies est partagée entre le poète, compositeur du chant, et son exécutant choral ; elle a été l’objet de la controverse soulevée par les études de Mary R. Lefkowitz réunies dans First-person Fictions. Pindar’s Poetic « I », Oxford, Oxford University Press, 1991 ; on trouvera des références bibliographiques et une bonne mise au point à ce propos dans l’étude de Giovan Battista D’Alessio, « First-person Problems in Pindar », Bulletin of the Institute of Classical Studies, 39, 1994, p. 117-139, et dans Mythe et histoire dans l’Antiquité grecque, op. cit., p. 95-98. De manière plus générale sur la question de l’instance d’énonciation de la poésie mélique, voir Masques d’autorité, op. cit., p. 13-36.
(174) Inscriptio a et b ad Pyth. 11 (II, p. 254 Drachmann). La question controversée de la date du poème a désormais trouvé un apaisement dans la mise au point présentée par Bruno Gentili, Paola Angeli Bernardini, Ettore Cingano et Pietro Giannini, Pindaro. Le Pitiche, Milan, Fondazione Lorenzo Valla / Arnoldo Mondadori, 1995, p. 283-285.
(175) Pausanias 9, 10, 1-4 ; Hérodote 5, 58, 1-61, 2, cf. aussi 1, 92, 1. Les rapports de l’introduction par Cadmos de l’alphabet phénicien avec la légende de la fondation de Thèbes sont éclairés par le commentaire de Giuseppe Nenci, Erodoto. Le Storie, libro V. La rivolta della Ionia, Milan, Fondazione Lorenzo Valla / Arnoldo Mondadori, 1994, p. 240-244.
(176) Cette cérémonie est également décrite par Pausanias, 9, 10, 5-6, ainsi que par Proclus, Bibliothèque 321a 34-b 32 ; les fr. 94 b et c Maehler de Pindare correspondent à des chants exécutés par un chœur de jeunes Thébaines à l’occasion du rituel de la Daphnéphorie ; j’ai repris ce dossier dans Choruses of Young Women in Ancient Greece. Their Morphology, Religious Role, and Social Functions, Lanham-Boulder-New York-Oxford, Rowman & Littlefield, 2001 (2e éd.), p. 59-63 et 101-104 ; en rapport avec la Pythique XI, voir les remarques sceptiques de Patrick J. Finglass (éd.), Pindar, Pythian Eleven, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 27-32. Quant à la référence de la Pythique XI à sa propre performance, voir la bonne étude de Roberta Sevieri, « Un canto sul far della sera. Autoreferenzialità e mimesi cultuale nella Pitica XI di Pindaro su Trasideo di Tebe », Aevum Antiquum, 10, 1997, p. 83-100.
(177) Pindare, Péan fr. 52 k, 34-43 et 52a Maehler ; Mélia est aussi évoquée dans le Péan fr. 52 g, 4 (avec Ténéros) et dans l’Hymne fr. 29, 1 Maehler (avec Isménos). La thèse de l’exécution de la Pythique XI à l’occasion de la Daphnéphorie thébaine a été soutenue récemment par Paola Angeli Bernardini, « Il proemio della Pitica XI di Pindaro e i culti tebani », in Hartmut Beister et John Buckler (dir.), Boiotika. Vorträge vom 5. Internationalen Böotien-Kolloquium, Munich, Editio Maris, 1989, p. 39-47. L’ensemble de la documentation sur les rites dont l’Isménion était le lieu est présenté par Albert Schachter, Cults of Boiotia I. Acheloos to Hera, Londres, University of London, Bulletin of the Institute of Classical Studies, Suppl. 38.1, 1981, p. 78-85.
(178) Scholie à Pythique 11, 23 b (II, p. 257 Drachmann), voir aussi 11, 58 b (II, p. 260 Drachmann).
(179) On a successivement mentionné les thèses défendues par William J. Slater, « Pindar’s Myths : Two Pragmatic Explanations », in Glen Warren Bowersock, Walter Burkert et Michael C. J. Putnam (dir.), Arktouros. Hellenic Studies Presented to Bernard M. W. Knox, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 1979, p. 63-70, par Rory B. Egan, « On the Relevance of Orestes in Pindar’s Eleventh Pythian », Phoenix, 37, 1983, p. 189-200, s’appuyant notamment sur Sophocle, Électre 680-783, et par S. J. Instone, « Pythian 11 : Did Pindar Err ? », Classical Quarterly, 80, 1986, p. 86-94. Les thèses plus anciennes sont reprises par David C. Young, Three Odes of Pindar. A Literary Study of Pythian 11, Pythian 3, and Olympian 7, Leiden, Brill, 1968, p. 1-9 ; voir aussi les remarques critiques de Glenn W. Most, « Des verschiedenen Gesinnten Sinnesverbindung : zur poetischen Einheit der Alten », in Karen Gloy et Enno Rudolph (dir.), Einheit als Grundfrage der Philosophie, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1985, p. 1-29, qui voit dans le séjour d’Oreste à Delphes un exemple positif, mais dans son acte de meurtre un contre-exemple négatif.
(180) L’hypothèse antityrannique a été formulée notamment par Cecil M. Bowra, « Pindar, Pythian XI », Classical Quarterly, 30, 1936, p. 129-141, pour être précisée par Bruno Gentili, « Polemica antitirannica (Pind. Pyth. 11 ; Aesch. Prom. ; Herod. 3, 80-81 ; Thuc. 2, 65, 9) », Quaderni Urbinati di Cultura Classica, 30, 1979, p. 153-156, ainsi que Poesia e pubblico, op. cit., p. 186 et 205-207, puis par Paola Angeli Bernardini, « Il mito di Oreste nella Pitica 11 di Pindaro », in Roberto Pretagostini (dir.), Tradizione e innovazione nella cultura greca da Omero all’ età ellenistica. Scritti in onore di Bruno Gentili II, Rome, GEI, 1993, p. 413-426 ; en revanche Young, op. cit., p. 10-21, tout en désignant Oreste et sa famille comme des illustrations du comportement tyrannique dénoncé à la fin du poème, interprète ces exemples comme des topoi concourant, a contrario, à l’éloge littéraire du vainqueur thébain ; voir aussi Neschke, « L’Orestie de Stésichore et la tradition littéraire du mythe dans les Atrides avant Eschyle », art. cit., p. 292-293.
(181) Le développement du récit d’Oreste a fait l’objet de l’analyse approfondie de Frances S. Newman, « The Relevance of the Myth in Pindar’s Eleventh Pythian », Hellenika, 31, 1979, p. 44-64. Pour la distinction désormais traditionnelle entre « temps raconté » et « temps du raconter », et sur les nuances et précisions qu’il convient de formuler à ce sujet, voir supra chap. II, « Procédés de mise en discours ».
(182) Le rôle joué par les structures annulaires dans le récit et dans la composition de l’ensemble de la XIe Pythique a été réexaminé de manière exhaustive par Most, « Des verschiedenen Gesinnten Sinnesverbindung : zur poetischen Einheit der Alten », in Gloy et Rudolph (dir.), art. cit., p. 19-29 ; pour la partie narrative elle-même, se référer à la subtile analyse proposée par Newman, ibid., p. 60-63, qui voit dans cette narration une « admonitary lecture » de la part de Pindare ; voir aussi les remarques de Christian Froidefond, Lire Pindare, Namur, Société des études classiques, 1989, p. 117-118, ainsi que Finglass, op. cit., p. 107-108.
(183) L’ascendance et l’histoire de ces deux figures divines sont retracées dans le commentaire de Gentili, Angeli Bernardini, Cingano et Giannini, op. cit., p. 647-648. Sur le rôle joué par les Grâces dans la poésie de Pindare, voir notamment Olympique 4, 8-11.
(184) Pour l’aide apportée par Apollon au matricide d’Oreste, voir déjà Stésichore fr. 217, 21-4 Page-Davies ; cf. Neschke, « L’Orestie de Stésichore et la tradition littéraire du mythe dans les Atrides avant Eschyle », art. cit., p. 294-297, et Gentili, Angeli Bernardini, Cingano et Giannini, ibid., p. 658-659.
(185) Au vers 31, Agamemnon reçoit explicitement la qualification de héros. Le processus d’héroïsation de l’athlète vainqueur aux Jeux panhelléniques et chanté dans les épinicies de Pindare par la référence à un héros homérique a été étudié en particulier par Nagy, Pindar’s Homer, op. cit., p. 199-214 ; voir désormais, de manière exhaustive, Currie, op. cit., p. 89-157. Pour la Pythique XI, cf. Roberta Sevieri, « Un eroe in cerca d’identità : Oreste nella Pitica XI di Pindaro per Trasidaio di Tebe », Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici, 43, 1999, p. 77-110.
(186) Pour le sens de telles questions rhétoriques avec leur portée métaphorique, fréquentes chez Pindare, voir Jacques Péron, Les Images maritimes chez Pindare, Paris, Klincksieck, 1974, p. 46-48, qui cite l’abondante bibliographie qu’elles ont suscitée. Quelques parallèles sont mentionnés dans le commentaire de Gentili, Angeli Bernardini, Cingano et Giannini, op. cit., p. 659-660.
(187) Thucydide 3, 62, 3-5 ; voir à ce propos le commentaire prudent de Simon Hornblower, A Commentary on Thucydides I. Books I-III, Oxford, Clarendon Press, 1991, p. 455-458. Quant à la thèse historiciste d’une polémique contre les tyrans entretenue par la situation politique spécifique de Thèbes au moment de la production du poème, elle a été soutenue en particulier par les savants cités n. 14.
(188) La nature de la persona loquens en particulier dans les Épinicies de Pindare fait l’objet de la dispute évoquée supra n. 7.
(189) La qualité du je poétique et la performance chorale de la Pythique V sont évoquées dans Masques d’autorité, op. cit., p. 21-26, et Mythe et histoire dans l’Antiquité grecque, op. cit., p. 183-200. L’exécution chorale de la Pythique V aux Carnéia de Cyrène est l’objet des réflexions de Krummen, op. cit., p. 108-116.
(190) L’hypothèse d’une exécution par un chœur de jeunes filles à l’occasion du rituel de la Daphnéphorie a été formulée par Angeli Bernardini, « Il proemio della Pitica XI di Pindaro e i culti tebani », in Beister et Buckler (dir.), op. cit. ; voir aussi Gentili, Angeli Bernardini, Cingano et Giannini, op. cit., p. 285-286 et 649-650. Pour des exemples de chœurs mixtes, voir Calame, Choruses of Young Women in Ancient Greece, op. cit., p. 53-58, et sur la délégation chorale dans les Parthénées d’Alcman, voir Le Récit en Grèce ancienne, op. cit., p. 41-48 ; pour les Épinicies de Pindare, Masques d’autorité, op. cit., p. 23-25.
(191) Sur le texte et l’interprétation de ces vers difficiles, on lira le commentaire de Gentili, Angeli Bernardini, Cingano et Giannini, ibid., p. 665-668. Le rôle joué par louange et blâme dans l’attribution et la mémoire de la gloire héroïque fait l’objet des études classiques de Nagy, The Best of the Achaeans, op. cit., p. 211-242, de Marcel Detienne, Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque, Paris, Pocket, 1995 (3e éd.), p. 62-67, et de Gentili, Poesia e pubblico nella Grecia antica, op. cit., p. 155-164.
(192) Pour le problème de l’adaptation dans la tragédie classique des valeurs épiques aux valeurs reconnues dans l’Athènes du Ve siècle, voir en particulier l’étude de Simon Goldhill, « The Great Dionysia and Civic Ideology », in John J. Winkler et Froma I. Zeitlin (dir.), Nothing to Do with Dionysos ? Athenian Drama in its Social Context, Princeton, Princeton University Press, 1990, p. 97-129, et l’ouvrage de Seaford, Reciprocity and Ritual, op. cit., p. 191-234 et 368-405. Dans cette mesure la Pythique XI a été interprétée comme une réaction poétique de Pindare à la représentation de l’Orestie d’Eschyle et à l’appropriation athénienne du mythe : voir en dernier lieu à ce propos l’étude de Leslie V. Kurke, « Pindar’s Pythian 11 and the Oresteia : Contestatory Ritual Poetics in the 5th C. BCE », Classical Antiquity, 32, 1, 2013, p. 99-175.
(193) Pindare, Pythique 9, 79-86 et Isthmique 1, 15-31 ; voir aussi fr. 169a, 47-50 Maehler ; sur les honneurs athlétiques dont Iolaos jouit à Thèbes, voir encore Isthmique 5, 32-3 et Olympique 9, 98-99 ; dès Pseudo-Hésiode, Bouclier 95 et 323, Iolaos passait pour avoir été l’aurige d’Héraclès (voir aussi Pindare, Isthmique 7, 9) et on lui attribuait la première victoire de char à Olympie : Pausanias 5, 8, 4 ; voir déjà Archiloque fr. 324 West. Sur le Iolaéion, voir aussi Aristote fr. 97 Rose et Pausanias 9, 23, 1-2. Les documents relatifs au culte rendu à Iolaos à Thèbes sont réunis et commentés par Schachter, Cults of Boiotia I, op. cit., p. 30-31, et Cults of Boiotia II. Herakles to Poseidon, Londres, University of London, Bulletin of the Institute of Classical Studies, Suppl. 38.2, 1986, p. 17-18, 25-27 et 64-65 ; voir également Gentili, Angeli Bernardini, Cingano et Giannini, op. cit., p. 609 et 668-669.
(194) Alcman fr. 2 Page-Davies, avec le commentaire que j’en ai présenté dans Alcman. Introduction, texte critique, témoignages, traduction et commentaire, Rome, In aedibus Atheneai, 1983, p. 306-311. Le caractère exemplaire d’Iolaos et des Dioscures est mis en relief en particulier par Angeli Bernardini, « Il mito di Oreste nella Pitica 11 di Pindaro », in Pretagostini (dir.), op. cit., p. 424-426, qui relève les différents passages où Pindare cite ces héros athlètes en exemples : voir notamment Néméenne 10, 51-91 ; on lira également l’étude de Jacques Péron, « Pindare et la tyrannie d’après la XIe Pythique », Revue des études grecques, 99, 1986, p. 1-21, qui a bien vu la tension qui s’institue entre les malheurs des Atrides et les xunaì aretaí (vers 54) qui se situent du côté des Dioscures.
(195) Sur ce choix, voir le commentaire de Gentili, Angeli Bernardini, Cingano et Giannini, op. cit., p. 647-648 ; pour le choix de Iolaos et des Dioscures, voir Young, op. cit., p. 21-24, qui insiste sur l’unité poétique de la composition de Pindare.
(196) La grande structure en anneau qui referme le poème sur lui-même pour lui conférer sa cohérence a été analysée par Most, « Des verschiedenen Gesinnten Sinnesverbindung : zur poetischen Einheit der Alten », in Gloy et Rudolph (dir.), op. cit., p. 19-22 et 28-29 ; voir aussi Sevieri, « Un eroe in cerca d’identità : Oreste nella Pitica XI di Pindaro per Trasidaio di Tebe », art. cit., p. 82-86. L’articulation de la clôture d’un poème en une structure circulaire avec sa référence est analysée par Daniel Bougnoux, Vices et vertus des cercles. L’autoréférence en poétique et en pragmatique, Paris, La Découverte, 1989, p. 33-91.
(197) Voir pour Pindare Gian Franco Gianotti, Per una poetica pindarica, Turin, G. B. Paravia, 1975, p. 56-83, et Emilio Suarez de la Torre, « Parole de poète, parole de prophète : les oracles et la mantique chez Pindare », Kernos, 3, 1990, p. 347-358 ; plus généralement, cf. Gregory Nagy, « Ancient Greek Poetry, Prophecy, and Concepts of Theory », in James L. Kugel (dir.), Poetry and Prophecy. The Beginnings of a Literary Tradition, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 1991, p. 54-64, ainsi que Keith M. Dickson, Nestor. Poetic Memory in Greek Epic, Londres-New York, Garland, 1995, p. 50-63.
V
IÔ, LES DANAÏDES, L’ÉTRANGER ET L’AUTOCHTONE : L’INFLEXION TRAGIQUE
(198) Pseudo-Apollodore, Bibliothèque 1, 7, 2. Cette légende de la recréation des hommes a fait l’objet de la mise au point de Nicole Loraux, « Origines des hommes », in Yves Bonnefoy (dir.), Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique, Paris, Flammarion, 1981, II, p. 197-202.
(199) Pseudo-Apollodore, Bibliothèque 2, 1, 1 ; cf. Pausanias 2, 19, 5 et 15, 5 ainsi que Phoronide fr. 1 Bernabé et Acousilaos FGrHist. 2 F 23a, avec mon étude « Les fonctions généalogiques : Acousilaos d’Argos et les débuts de l’historiographie grecque », art. cit. L’évolution des généalogies des Deucalionides et des Inachides a été reconstruite par Martin Lichtfield West, The Hesiodic Catalogue of Women. Its Nature, Structure, and Origins, Oxford, Clarendon Press, 1985, p. 137-154. Pour les Inachides, cf. Jonathan M. Hall, Ethnic Identity in Greek Antiquity, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 77-89 ; sur la figure et les fonctions de Phorôneus, cf. Marcel Detienne, L’Écriture d’Orphée, Paris, Gallimard, L’Infini, 1989, p. 47-51.