Malgré son rang de capitale, Dublin a la taille d’une ville moyenne, ce qui la rend tout à la fois aisée à parcourir, mais difficile à comprendre. Pourvu que vous y passiez suffisamment de temps, vous saisirez ce que nous entendons par là.
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Les Dublinois sont, pour la plupart, des gens simples et faciles à vivre. Ils aiment voir les choses sous l’angle informel, ce qui ne les empêche pas de respecter certaines règles ou manières de faire. Ils n’en pardonnent pas moins volontiers les impairs imputables à la seule ignorance : dans cette ville où le slagging (“taquinerie”) a été élevé au rang d’art, un faux pas fait toujours un bon sujet de conversation. On peut d’ailleurs mesurer le niveau de proximité entre deux Dublinois à la manière dont ils s’asticotent. Un trait d’esprit plein d’autodérision et la capacité à accepter une plaisanterie avec humour vous permettront de vous faire de nouveaux amis. Attention malgré tout : le slagging n’est toléré qu’entre amis, et l’on ne saurait, par exemple, se moquer des chaussures d’une personne que l’on vient de rencontrer.
Même dans une petite ville comme Dublin, l’anglais connaît beaucoup de variations, depuis les dialectes de banlieue qui évoquent vaguement l’accent américain, au dublinois des classes populaires, presque incompréhensible pour les étrangers.
Aussi appelé “accent de Dublin 4” (ou D4, district huppé de la rive sud), le dartspeak rappelle l’anglais britannique des Home Counties (comtés limitrophes de Londres) et l’anglais américain, se caractérisant par ses voyelles déformées (“DORT” au lieu de “DART”, le réseau ferré local), son abondance de like et de right (respectivement prononcés “loyke” et “roysh”) et l’intonation montante à la fin de chaque phrase, comme pour une question.
Le dialecte le plus incompréhensible de Dublin, indissociable des classes populaires, se distingue par ses voyelles et mots imbriqués, enrichis de consonnes (“world” est par exemple prononcé “worldled”). Considéré comme l’accent des quartiers les plus pauvres de la ville, il est cependant celui qui se rapproche le plus de l’anglais moderne d’origine.
Cet accent, courant dans la classe moyenne de Dublin, est le plus facile à comprendre. Son articulation claire trouve sa source dans la volonté des éducateurs d’après l’indépendance de favoriser un parler à la fois élégant et “non britannique”.
Les Dublinois peuvent en apprendre beaucoup les uns sur les autres à partir de leur sport préféré et leurs équipes favorites.
Généralement l’apanage des banlieues nord et sud-ouest de la classe moyenne, où sont installés tous les clubs de Dublin, le football gaélique est aussi apprécié dans les quartiers populaires du nord de la ville, dont les habitants sont fiers de manifester leur soutien à l’équipe dublinoise. Les authentiques aficionados supportent ainsi non seulement les “Dubs” mais aussi leur club local, qu’ils soutiennent avec passion lors du championnat du comté.
Sport le plus prisé de Dublin, le football est particulièrement suivi dans les quartiers populaires et de la classe moyenne, où il est couramment abrégé en “ball”. Si les équipes de Dublin de la League of Ireland jouissent d’un soutien indéfectible, le Dublinois moyen est aussi un fervent supporteur d’une équipe de l’English Premier League, généralement Manchester United, Liverpool ou Arsenal, mais aussi Aston Villa (en particulier parmi les supporteurs nés fin des années 1970-début des années 1980 et qui ont grandi avec la légende dublinoise Paul McGrath) ou, Manchester City et Chelsea (surtout parmi les supporteurs nés au nouveau millénaire). En général, lorsque les Dublinois appellent le football “soccer”, ils le font par dérision.
L’amour et la connaissance du rugby, sport traditionnel de l’élite de Dublin, étaient autrefois un indicateur de statut social élevé. De fait, les écoles les plus élitistes de la ville privilégient le rugby, et un “gars de Blackrock” (une école de garçons élitiste de la banlieue sud du même nom) désigne un jeune privilégié dont la plus grande ambition est de jouer pour l’Irlande tout en suivant des études de droit ou de médecine. La professionnalisation, les succès répétés de l’Irlande au niveau international et l’essor du Tigre celtique ont cependant changé la donne, transformant le rugby en une expression plus générale de la fierté nationale (mâtinée des aspirations sociales qui ont accompagné les années fastes). Le hockey sur gazon est, pour les filles, ce que le rugby est aux garçons. Il est joué dans les écoles de filles les plus élitistes, mais peu médiatisé, comme le sport féminin, de manière générale.
Repas du soir Les Dublinois dînent tôt, entre 18h et 19h, lorsqu’ils sont à la maison, et généralement après 19h lorsqu’ils sortent.
Tournées Si quelqu’un vous offre un verre, vous devrez toujours lui rendre la pareille, ou au moins le lui proposer.
Eau potable L’eau du robinet à Dublin est sûre, généralement excellente et gratuite ; vous pourrez donc économiser sur les bouteilles d’eau au restaurant.
Le “système des tournées” – usage consistant à payer un verre à celui qui vous en a offert un – est à la base de la culture des pubs irlandaise (comme le dit l’adage irlandais, “il est impossible pour deux hommes d’aller au pub pour un seul verre”). Manquez à cette règle tacite et vous pouvez être sûr de vous retrouver seul. Volontiers généreux, les Irlandais ne tolèrent guère la pingrerie.
L’autre règle d’or du rounds system veut que la prochaine tournée commence lorsque la première personne a terminé (ou, mieux, est sur le point de terminer) son verre. Que vous ayez fini votre verre ou non, si c’est votre tour, commandez la prochaine tournée.
Votre plus grand défi sera de suivre le rythme des autres, qui continueront à vous offrir des verres, même lorsque les pintes s’accumuleront devant vous et que vous commencerez à piquer du nez.