Si vous ne pouvez qu’obtenir de grands bénéfices en pratiquant la méditation, il n’en est pas moins vrai que, dans certains cas, des précautions, voire une contre-indication, sont de mise, notamment pour les personnes présentant des troubles psychotiques. Pour certains cas d’angoisse, également, la méditation peut présenter des risques.
La méditation est tout d’abord un état (cf. La description des étapes dans la méditation yogique p. 19), avant d’être une technique. Cet état ne s’atteint pas parce que vous décidez de vous mettre à méditer. Ces dernières années, on a fait de la méditation une technique de bien-être et si un grand nombre de personnes en ressent énormément de bienfaits, cela peut ne pas être le cas pour d’autres. La méditation, comme les techniques de relaxation (sophrologie...), peut créer un état d’angoisse chez certaines personnes. Une grande majorité de la population fuit son mal-être dans des activités extérieures pour compenser. Dès que l’on se tourne vers l’intérieur, on est confronté à ce monde fait d’émotions, de pensées, de sensations, qu’elles soient agréables ou désagréables. Cela peut être plus ou moins supportable selon chacun et sa propre histoire. Cet état était là avant la pratique de la méditation, mais l’inattention, les fuites et les compensations pour s’en éloigner jouaient bien leur rôle. C’est également pourquoi, la vraie méditation se fait sans fond musical, qui n’est qu’une évasion de la pensée et non de la méditation. Certes, cela peut vous aider à vous détendre, mais la détente n’est pas la méditation. Le fait de tourner l’attention vers soi, à l’intérieur, comme le propose la méditation, nous confronte à ce qui se passe. On peut alors être directement plongé dans ces états intérieurs qui peuvent se révéler insupportables et présenter des risques pour certaines personnes.
Cela ne signifie pas que dans ces cas on ne puisse pas pratiquer la méditation, mais qu’il faut prendre des précautions, adapter les exercices. Ces mesures, seul un professeur avec une formation adéquate, et, notamment des connaissances en psychopathologie, saura les mettre en place.
Soyons lucides. Ce que nos contemporains recherchent ne semble pas être une quête spirituelle que seule la méditation et les états qui lui sont propres lui donneraient ; 98 % des personnes recherchent mieux-être, détente, même s’il y a un intérêt spirituel. On est plus, et c’est ce qui a fait le succès de la méditation ces dernières années, dans une recherche d’une technique de gestion du stress. Par conséquent, mieux vaut pour l’enseignant être au fait des mécanismes psycho-physiologiques du stress afin de conduire le pratiquant vers un état de mieux-être sans danger ni contre-indication. Le chemin vers la méditation peut commencer par des exercices de conscience du corps dits « dynamiques » comme les méthodes Jacobson ou Vittoz qui amèneront la détente recherchée dans la méditation, mais surtout un ancrage au corps. Petit à petit, l’état d’intériorité sera approché en toute sécurité.
Indépendamment de ces précautions spécifiques, ce que je constate, c’est que les personnes qui viennent pour méditer arrivent après leur journée de travail. Elles pensent qu’il suffira de s’asseoir pour plonger dans un état de bien-être instantané. Malheureusement, outre la difficulté à tenir assis, ne serait-ce que sur une chaise, avec le dos droit, elles se trouvent confrontées à la multitude de pensées et problèmes de la journée. Même si tout cela est normal, il en résulte souvent une frustration. Si, au préalable, il y a quelques exercices en mouvement qui permettent de synchroniser la respiration et le geste, donc de poser l’attention sur un mouvement et non sur ce qui se passe à l’intérieur, l’assise de méditation de la fin de séance sera plus aisée.
La disposition intérieure sera différente. C’est notamment le cas pour les pratiquants de yoga, de taï chi, pour lesquels une préparation globale préalable conduit vers l’assise de méditation. Les pratiquants ne rencontrent pas (ou beaucoup moins) ce genre de difficultés. À mon sens, un travail dynamique, en conscience, avant la méditation est nécessaire. Lorsque vous aurez acquis cette habitude, vous pourrez ensuite intégrer plus facilement des moments de méditation dans les transports en commun par exemple, quand vous rentrez du travail.
97 % de la population n’a pas conscience de son corps, c’est ce que les enseignants en techniques corporelles constatent. La méditation n’est pas un cachet que l’on avale pour supprimer une douleur.
Il faut un temps d’apprivoisement parce que vous allez rencontrer votre monde intérieur. Vous ne pouvez pas pratiquer la méditation au même rythme que la course de votre vie quotidienne. Il est nécessaire de se poser et, parfois, simplement se rendre compte que se poser et se centrer sur sa respiration suffit. C’est déjà un début dans la méditation. Plus vous prendrez ce temps (en étant accompagné par les bonnes personnes), plus vous vous connaîtrez et réduirez vos tensions à la fois physiques et mentales. Votre qualité de vie s’améliorera. C’est un chemin, celui vers vous-même. C’est en cela que c’est un art de vivre.