ACTIVATION INTRA-SOPHRONIQUE (AIS)
Étym. : activation, du lat. activus, « qui agit » et « qui concerne l'action » ; intra-, du lat. intra « à l'intérieur » ; sophronique, « structures harmonieuses de la conscience ».
Procédés actifs utilisés pendant la séance à un niveau de conscience modifié (« à l'intérieur » du
niveau sophro-liminal ou de la
conscience Isocay*). Ces actions visent à renforcer ou stimuler positivement les structures psychiques et physiques de la personne. Différentes stratégies ou
techniques spécifiques* peuvent, pour cela, être conduites par le sophrologue* ou réalisées de manière autonome.
Corrélats : conscience – contenus de la conscience – coupe de vie – niveau sophro-liminal – principe d'action positive.
ALLIANCE SOPHRONIQUE
Étym. : du lat. alligare, « lier ».
Relation qui s'établit progressivement entre le sophrologue* et la personne ou le groupe qu'il entraîne. Souvent confondue avec l'alliance thérapeutique, alors qu'elle revêt une autre dimension. En effet, il ne s'agit pas uniquement d'une « union contractée par engagement mutuel » (Petit Robert), dans laquelle le patient s'en remet au savoirfaire d'un thérapeute, alors que lui-même s'engage à mettre en œuvre tous les moyens à sa disposition pour favoriser la guérison. Le plus souvent, dans cette situation, le patient se vit comme « objet » et considère le praticien comme « sujet ». La relation est de type dominantdominé.
Dans le travail sophrologique, alors que le sophrologue peut paraître en position haute puisqu'il connaît les techniques, il permet en fait au sophronisant* de se considérer comme sujet* à part entière, et ce par sa manière d'être, sa posture*. Cela implique que le praticien ait conquis sa
réalité objective (voir
« Principe de réalité objective »), qu'il soit le plus au clair possible avec lui-même afin de ne pas avoir besoin du sophronisant pour exister pleinement. Il peut ainsi laisser toute sa place à ce dernier, qui conquiert alors plus facilement sa réalité existentielle. L'alliance est une relation sujet-sujet.
Il ne s'agit pas non plus d'un autre nom du transfert, dont on fait état dans la cure psychanalytique où la relation mise en place s'appuie sur les représentations, les fantasmes. En sophrologie, l'accent est mis sur la réalité de ce que vit le sophronisant. Là encore, la posture du sophrologue est déterminante, pour que le sophronisant s'autorise à se placer dans sa réalité, y compris dans sa relation avec le praticien.
Il faut préciser qu'en sophrologie d'inspiration phénoménologique, les réactions transférentielles sont acceptées et reformulées sans interprétation.
Corrélats : contre-transfert – transfert.
ANALYTIQUE EXISTENTIALE
Étym. : analytique, du gr. analytikos, « qui peut être résolu » ; existentiale, mot dérivé de existentiel possédant un sens différent chez Heidegger ; existentiel, relatif à l'existence, du lat. existentia, mot composé de ex (hors de, à partir de) et d'un dérivé du participe présent sistens (se tenant). L’existens est celui qui se tient ou qui surgit à partir de…
Dans Être et temps (1929), Heidegger s'achemine vers l'élaboration de ce qu'il appelle une analytique existentiale : elle constitue l'analyse préliminaire qui cherche et explore les structures de l'être du Dasein (mot allemand difficile à traduire : il peut être entendu selon une traduction littérale comme « être-là » ou selon une transposition comme « être-existant », « existence », le fait que quelque chose soit). Heidegger nomme l'être, existence. Le Dasein est un étant préoccupé par son être : il existe ; il ne se réduit pas au fait de subsister comme les autres étants (un crayon ou un animal). L'analytique existentiale est l'analyse du mode d'être de l'humain, l'analyse des structures de son existence le distinguant de la totalité des étants.
Caycedo*, fondateur de la sophrologie, estime que l'analytique existentiale constitue un socle théorique édifiant pour la sophrologie, compte tenu de la tentative subtile de Heidegger pour révéler le Dasein à sa propre existence. La pratique de la sophrologie est, en situation et en partie, une exploration de l'être du Dasein éclairé par Heidegger dans son analytique existentiale.
L'analytique existentiale conduit l'auteur d’
Être et temps vers une ontologie fondamentale : elle intéresse la sophrologie du fait de la référence temporelle, à partir de laquelle l'être du
Dasein peut être compris et interprété.
Corrélats :Dasein – différence ontologique – être et étant – existence Heidegger – intégration dynamique de l'être – ontologie – temps.
ANAMNÈSE
Étym. : du gr. anamnêsis, mnêsis, « mémoire ».
En médecine, histoire médicale passée du patient. En sophrologie, le questionnaire sera plus ou moins fouillé en fonction de la réalité objective du praticien.
L'anamnèse se déroule lors du premier entretien avec la personne et permet de mieux connaître son passé, médical peut-être, mais aussi familial, social, professionnel et autre.
Corrélats : alliance – principe de réalité objective.
ANAPHRONIE
Étym. : du gr. a(n) privatif et du radical phron, inventé par Caycedo, traduisible par « structures de la conscience ».
Au sens strict, destruction des structures saines de la conscience, autrement dit des pathologies graves, incurables, sinon mortelles. À l'origine, Caycedo* n'englobait dans ce terme que les pathologies psychiques ; du fait même de l'élargissement de la définition de la conscience, ce terme concerne également les maladies somatiques.
Cependant, Caycedo considère que l'anaphronie au niveau psychique est plus grave qu'au niveau corporel. En effet, d'un point de vue existentiel, la maladie somatique même grave n'atteint pas obligatoirement la conscience d'exister de l'individu alors que, dans les maladies psychiques graves, la conscience d'exister peut disparaître, même si la maladie n'est pas mortelle.
Corrélats : conscience – dysphronie – euphronie – existence.
ANCRAGE
Étym. : racine indo-européenne ank, « coude, chose recourbée, crochet » ; d'où le lieu où l'on peut s'ancrer, se fixer, s'implanter.
Pour le sens commun s'ancrer, c'est s'établir, prendre place ; cette acception est sous un certain angle proche de la sophrologie. Le mot ancrage, utilisé par certains praticiens lors des
relaxations dynamiques* ou des sophronisations*, signifie, en repérant par exemple ses points d'appui, s'inscrire dans la présence en prenant conscience* de son
schéma corporel comme réalité vécue, et maintenir la possibilité de cette expérience à chaque instant de son existence*. L'ancrage, dans une certaine mesure, est synonyme de présence à soi et d'éveil*.
Corrélats : présence – présent – schéma corporel – temps.
ANXIÉTÉ
Étym. : du lat. anxietas, « anxiété ».
État de trouble psychique causé par le sentiment de l'imminence d'un événement fâcheux ou dangereux, s'accompagnant souvent de phénomènes physiques (« boule » dans la gorge, palpitations, accélération de la respiration, mictions urinaires fréquentes, diarrhée, pâleur, dérobement des jambes) dus à un état d'hyperactivité du système nerveux sympathique et à son médiateur chimique, l'adrénaline. L'anxiété peut être normale, comme le signe d'une adaptation à une situation incongrue ou pathologique, lorsqu'il y a un excès de moments anxiogènes avec une trop grande facilitation de la réponse.
Le projet de la sophrologie est d'aider le patient à participer activement à son traitement global, dans lequel les sophronisations* et les
relaxations dynamiques* permettent de stimuler ses capacités d'adaptation et d'autoguérison.
Corrélats : fibromyalgie – harmonie – spasmophilie – stress – sophrologie médicale.
APPAREIL RESPIRATOIRE
Étym. : du lat. apparare, « préparer » et respirare, « respirer ».
Ensemble d'organes chargés d'incorporer l'oxygène de l'air et de rejeter le dioxyde de carbone produit par le métabolisme cellulaire. Il comprend les fosses nasales, le pharynx, le larynx, la trachée et les bronches terminées par les alvéoles pulmonaires. Le muscle diaphragme et les muscles intercostaux assurent le cycle de la respiration composé de l'inspiration et de l'expiration.
Si la sophrologie n'est pas à proprement parler une gymnastique, elle favorise par sa pratique régulière une bonne hygiène de l'appareil respiratoire. La première forme de
relaxation dynamique du premier degré proposait notamment l'usage du
neti kriya (voir
« Kafa cleaning »,
« Lota ») au niveau des fosses nasales.
Corrélats : diaphragme – kafa cleaning – lota – pneumologie – respiration.
AUTHENTIQUE, INAUTHENTIQUE
Étym. : du gr. authentikos, « qui agit de sa propre autorité ».
Heidegger (1889-1976) s'intéresse dans
Être et temps (1927) à la déchéance du
Dasein et à son inauthenticité. Il appelle la « chute » ce mouvement interne qui affecte le
Dasein (l'être-là, l'être-existant). Le
Dasein peut tomber dans le vide et l'inanité de la vie quotidienne sans avoir conscience de ce processus. L'inauthenticité est ce qui se vit dans la superficialité, voire les apparences : « Ainsi se découvre un monde fondamental de la quotidienneté, mode que nous nommons déchéance du
Dasein, avec un mouvement de chute dans l'inanité de l'être inauthentique et ce mouvement de la déchéance est un tourbillon. » Le
Dasein finit par vivre à l'extérieur de lui-même : il est destitué de lui-même, tout en croyant se prendre en charge et conduire son existence, alors qu'il est sous la domination subreptice d'un « on » anonyme qui parle à sa place (voir
« On (dictature du) »). La sophrologie, comme expérience d'ouverture à l'être, comme arrachement à l'inauthenticité du « on », favorise ce retour vers soi, vers sa propre essence, vers l'originaire, l'essentiel, l'authentique. Elle possède le caractère d'une véritable conversion (
métanoïa) et constitue un nouveau point de départ, une naissance constamment renouvelée, nourrie par un accès vers sa liberté intérieure, vers une autre perception du monde et de soi, vers l'authenticité de son existence.
Corrélats : conscience sophronique – Dasein – être et étant – existence Heidegger – intégration dynamique de l'être – on (dictature du) – présence responsabilité – temps – valeurs ontologiques.
AUTONOMIE
Étym. : du gr. autonomos, de autos qui signifie « lui-même » et de nomos, « loi ». L'autonomie renvoie étymologiquement au pouvoir de se gouverner par sa propre loi. Sens ordinaire : capacité d'un sujet à s'autodéterminer, à se choisir librement.
Le sophrologue joue, à l'égard du sophronisant, un rôle de médiateur, de passeur, ayant pour objectif de transmettre un ensemble de techniques de manière active. Le sophronisant intègre, au fur et à mesure des séances, ces différentes techniques et s'achemine en toute autonomie vers sa propre pratique. Il apprend donc à se passer progressivement du sophrologue : de sa présence*, de son terpnos logos (voix, rythme de ses phrases, silences).
L'une des difficultés majeures du sophrologue consiste à négocier le passage de la séance partagée avec le sophronisant, vers celle que ce dernier engagera dans la solitude. Certains sophrologues proposent au sophronisant d'enregistrer les pratiques ; d'autres préfèrent qu'il apprenne à construire dès le début sa propre pratique pour éviter toute forme de dépendance et donc devenir plus rapidement autonome. Dans tous les cas, les encouragements du sophrologue entre chaque rencontre, pour favoriser l'entraînement personnel du sophronisant, sont déterminants.
Corrélats : entraînement sophrologique – sophrologue – sophronisant – sophronisé – terpnos logos.
AXIOLOGIE
Étym. : du gr. axios, « digne d'être estimé » et logos, « science ».
Science ou théorie des normes ou des valeurs morales. Dans sa visée, l'axiologie peut chercher à hiérarchiser les valeurs.
Caycedo la définit comme la science des valeurs de l'être. Il estime que la sophrologie constitue une nouvelle axiologie qui dévoile, par la pratique des cycles fondamental, radical et existentiel, l'ensemble des valeurs humaines.
Corrélats : valeurs existentielles – valeurs morales – valeurs ontologiques.