CHAPITRE 2

AU CŒUR DE LA PLANTE

Au programme

Capteur naturel de l’énergie solaire, la plante est de la lumière condensée et manifestée. Se nourrissant des forces ignées de la terre où elle naît, elle a la capacité de concentrer dans ses cellules toute cette force énergétique, de la transmuter et de la redonner.

Mère de la nature et enfant de la terre, la plante est l’image toujours vivante de la vie et le symbole éternel apportant soin, fertilité, force et nourriture. Par sa présence, elle est une intime évidence que la vie est là, palpitante ; il n’y a pas de « mauvaise » herbe, et après tout, « qu’est-ce donc qu’une mauvaise herbe, sinon une plante dont on n’a pas encore découvert les vertus1 ? »

Des Simples pas si simples

Le monde végétal est une merveille de biochimie naturelle et chaque plante est unique. Elle joue un rôle fondamental dans le cycle de la vie : elle seule est capable de réaliser la synthèse de la matière vivante grâce d’une part au carbone de l’air et d’autre part aux substances minérales du sol.

Toute matière vivante est composée d’eau, de lipides, de glucides et de protides.

De véritables alchimistes

La naissance d’une plante et sa croissance reposent sur la photosynthèse. C’est un processus chimique bioénergétique par lequel les plantes transforment l’énergie lumineuse en énergie chimique. C’est à partir des photons, subtiles graines de lumière, que la cellule reçoit une unité énergétique composée de radiation électromagnétique. À partir de là, elle va pouvoir fabriquer des millions de cellules différentes. Cette capture des photons solaires lui permet de synthétiser les sucres (molécules riches en énergie) grâce à l’eau, au gaz carbonique et à l’oxygène.

La plante absorbe l’eau par les racines à l’aide de l’énergie solaire captée par les feuilles, ceci libérant de l’oxygène et générant des glucides (oses, glucoses) favorisant sa croissance. Elle convertit ainsi l’énergie solaire en énergie biochimique. Elle présente également une composition complexe formée de molécules qui ont toutes un rôle essentiel, dont on ne peut négliger l’importance, car ce sont ces molécules qui apportent à la plante ses propriétés curatives et ses principes actifs.

4 000 atomes de carbone dans une seule cellule

Molécule (molecula) vient du latin moles qui signifie « masse ». On peut ainsi la définir : la molécule est un « groupe d’atomes stables constituant de nombreux composés chimiques. Les molécules existent à l’état gazeux (oxygène, O2), liquide (eau, H2O ; benzène, C6H6) ou solide (glace, polyéthylène). Elles sont formées d’un nombre très variable d’atomes [l’atome étant l’unité constitutive des molécules], qui vont de deux (molécule diatomique) à plusieurs millions (macromolécules)2 ». Et dans une seule molécule d’une plante, nous avons jusqu’à 4 000 atomes de carbone.

Les plantes ont du génie

Comme tout le Vivant, la plante comporte des cellules, c’est l’élément de base de toute matière vivante. La cellule végétale est formée d’un noyau baignant dans le cytoplasme, et qui renferme divers organites (désignant les éléments composant la cellule vivante).

Elle présente des différences notables avec la cellule animale :

De vraies bombes anatomiques

Les plantes sont constituées de huit éléments fondamentaux, avec des variantes selon que la plante est arbre, graminée, fleur…

Une racine : c’est elle qui fixe la plante, puise l’eau et les sels minéraux nécessaires à sa croissance. Les sels minéraux : phosphate, nitrate (azote), carbonate (calcium), potassium… forment la sève brute. La racine élabore les sucs nutritifs durant sa gestation en terre.

Une tige appelée également bois. C’est elle qui porte les différents organes de la plante : feuilles, fleurs, fruits ; elle conduit la sève vers les feuilles.

Une écorce nommée aubier. Chaque couche est différente des suivantes ; la première est résolutive, la deuxième est purgative, et ainsi de suite.

Des feuilles. Elles sont un élément essentiel : ce sont elles qui ont la plus grande surface de contact avec l’atmosphère ; la feuille capte le carbone pour la synthèse de la matière organique en assimilant le carbone du gaz carbonique de l’air et en effectuant la synthèse des substances nourricières. De plus, captant l’énergie nécessaire à la vie de la plante, elle fait la synthèse de la matière organique assimilable par les cellules végétales.

De la base au sommet d’une plante, les feuilles deviennent de plus en plus aromatiques ; les feuilles les plus proches des fleurs ont les mêmes propriétés : c’est ce qu’on appelle les sommités fleuries.

Des bourgeons qui sont une tige en raccourci.

Des fruits qui peuvent être charnus ou secs.

Des fleurs qui sont l’embryon de la plante. Elles sont appelées capitules.

Des semences (graines).

Les plantes ont le sang vert

La plante possède un autre élément indispensable : la chlorophylle, le sang vert des végétaux, et qui joue un rôle actif dans la synthèse des sucres.

Elle est composée de plusieurs substances dont :

Lorsque les plantes se mettent à table

Les plantes ont deux façons de se nourrir : la nutrition minérale par le biais des racines et de la sève, et la nutrition carbonée.

La nutrition minérale

La nutrition carbonée

Nous avons d’une part les plantes sans chlorophylle qui vont emprunter à des corps morts ou vivants des matières organiques et d’autre part les plantes à chlorophylle qui réalisent la photosynthèse.

Les plantes respirent…

Grâce à des pores microscopiques (appelés stomates) situés à la surface des feuilles, la plante pratique un échange des gaz (gaz carbonique, oxygène, vapeur d’eau) avec l’atmosphère. Les stomates sont composés de deux cellules, en forme de reins, avec entre elles un orifice (l’ostiole) assurant la circulation des gaz, et qui peut être ouvert ou bien fermé. De plus, les stomates régulent la quantité d’eau perdue par la plante.

Lorsqu’une plante respire, elle absorbe l’oxygène environnant, entraînant toute une série de réactions chimiques aboutissant dans les mitochondries (corpuscules d’un micron, présents dans le cytoplasme des cellules) et produisant une combustion lente des substances organiques en réserve. Ces substances sont à leur tour transformées en gaz carbonique, puis sont rejetées par la plante ; l’énergie contenue par elles est ainsi libérée et est utilisée dans les processus d’entretien et de croissance.

Les échanges gazeux qui interviennent dans la respiration sont différents de ceux de la photosynthèse, bien qu’ils montrent une certaine homologie dans leur fonctionnement. La photosynthèse intervient principalement dans la journée : elle s’arrête la nuit en raison du manque de lumière. C’est donc durant la nuit que la plupart des plantes, rejetant le gaz carbonique, absorbent l’oxygène de l’atmosphère. Toutefois, il existe quelques plantes qui peuvent respirer le jour (respiration mitochondriale – celle-ci étant stimulée par la lumière).

… et elles transpirent

Les plantes transpirent lorsque la température devient élevée ; luttant contre une chaleur excessive, elles laissent évaporer par le biais des stomates (pores microscopiques) de leurs tiges et feuilles la majeure partie de l’eau puisée dans la terre par leurs racines. Les plantes grasses arrêtent cette transpiration en fermant leurs pores, c’est ainsi qu’elles s’épaississent et se constituent une réserve d’eau « interne ».

Les plantes marchent

Les plantes sont des êtres vivants, elles se nourrissent, respirent, transpirent comme nous. Elles sont pourvues de fonctions circulatoires, nerveuses et nutritives comme l’être humain. On a longtemps soutenu que la plante était dépourvue de tout mouvement et n’avait pas d’activité gestuelle ; il s’avère qu’elle est tout à fait capable de se déplacer (par le biais de sa graine), bien que très lentement (cela n’est pas toujours perceptible à nos yeux), elle choisit le lieu (le sol, le sillon, la veine de terre) où elle pourra se développer au mieux, en fonction de son entourage environnemental. Je ne parle pas ici des graines disséminées par le vent, déposées par les animaux ou les oiseaux. Effectivement, j’ai observé cette « longue marche » chez certaines plantes sauvages de mon jardin : onagre, digitale, chicorée sauvage, brunelle, alchémille, mauve ont changé de place entre le printemps et le plein été, anticipant sur des événements climatiques majeurs (sécheresse de 2003 par exemple). Cela peut sembler surprenant, mais des études botaniques ont été effectuées dans ce sens et ont conclu effectivement à la mobilité du monde végétal.

Les plantes sont de grandes sensibles…

Beaucoup pensent que le monde végétal n’a pas d’émotions. Et pourtant, les plantes ressentent, perçoivent, souffrent, et peuvent aller jusqu’à donner leur vie pour guérir une personne en souffrance, telles la menthe ou la verveine.

La plante est tout à fait capable de communiquer avec une autre plante comme avec nous. Déjà au XIXe siècle, Jagadish Chandra Bose3 avait observé et prouvé l’action de l’environnement sur une plante et surtout sa réactivité vis-à-vis des ondes électromagnétiques. Et en 1966, Cleve Backster4 a mis en évidence la sensibilité des plantes et leur anticipation sur nos intentions.

Lorsque vous coupez une feuille, une fleur, une branche, le pouls de la plante s’accélère ; il ne reprendra son rythme habituel qu’au moment de la cicatrisation. Les tissus vasculaires de la plante fonctionnent comme les nôtres. Alors, si vous cueillez ou arrachez une plante, faites-le délicatement sans objet coupant, sans violence. Tout comme vous, la plante a aussi des réactions de défense et réagit à l’agression ressentie. Ainsi l’ortie, l’aubépine ou certains aromates peuvent entraîner une irritation cutanée, des maux de tête ou des étourdissements.

Traitez les plantes avec tendresse et douceur, même celles qui nous nourrissent. Parlez-leur, elles sont sensibles à la vibration émise par votre voix5. Elles ne sont pas seulement un aliment aux vertus nutritives, elles sont un organisme vivant qui ressent, vit, respire, souffre. Il a été démontré qu’après les tempêtes, elles sont capables de se souvenir du traumatisme vécu6 et vont activer un gène particulier en réponse (pour les coups de vent futurs notamment) – ce que j’ai pu remarquer auprès des plantes et arbres après les différentes tempêtes de ces dix dernières années.

… et ont un sens du toucher très affûté

Certaines plantes comportent des vrilles leur permettant de grimper et de s’élever (mur, treillage, plante). Ainsi les cucurbitacées (concombre, courge, courgette, potiron…), le poivrier, le lierre (entre autres) ont un sens tactile très délicat (et bien plus développé que le nôtre) leur permettant d’exercer de fines pressions sans pour autant agresser la plante à laquelle ils s’accrochent pour croître.

Les plantes n’ont pas la mémoire qui flanche

La plante possède la capacité à percevoir son environnement, les mouvements climatiques, l’orientation du sol (incliné, pentu, droit, etc.) et l’espace qui lui est offert. Ployer sous la force du vent la fera se renforcer au pied, donc moins pousser en hauteur.

Elle perçoit également les déformations subies (vent, poids des fruits, perche, soutien…), en adaptant sa croissance. Si vous lui mettez un tuteur pendant quelques jours et que vous le retirez, la plante continuera de pousser quelque temps encore comme s’il y était toujours. Puis elle s’infléchira dans un autre sens, celui convenant le mieux à son développement, car la plante sait rectifier sa posture.

 

1. Ralph Waldo Emerson, poète et philosophe américain (1803-1882).

2. Dictionnaire des termes de médecine, Maloine.

3. Physicien et botaniste (1858-1937).

4. Ancien agent de la CIA.

5. Don José Carmen (Mexique) : « Pour moi, le meilleur fertilisant, c’est la conversation avec les plantes. La terre s’alimente avec les déchets de la dernière récolte » (Yvo Perez Barreto, L’Homme qui parle avec les plantes, Éd. Clair de Terre, 2010).

6. Ludovic Martin, Étude des étapes précoces de la mécanoperception chez le peuplier : approche biomécanique et moléculaire, Clermont-Ferrand, thèse, 2009.