Cf. Annales, 1969, no 6, p. 1370-1390 ; et ci-dessus, p. 109-126.
A. Burguière, « De Malthus à Max Weber : le mariage tardif et l’esprit d’entreprise » ; J. Depauw, « Amour illégitime et société, à Nantes au XVIIIe siècle », Annales, 1972, no 4/5.
La chasteté matrimoniale implique que les conjoints ont des rapports sexuels pour la procréation. Mais la chasteté virginale ou « chasteté parfaite » reste supérieure à la chasteté matrimoniale. Voilà les réserves que l’on peut trouver dans la doctrine de l’Église. Dans la pratique des chrétiens, il semble qu’un certain discrédit pèse sur l’ensemble de la sexualité. Tout à fait évidentes pendant le haut Moyen Age, ces tendances « cathares » ressurgissent-elles au XVIIe siècle après s’être assoupies ? C’est ce que paraît soutenir P. Chaunu (cf. Annales. 1972, no 1, p. 18).
Cf. l’article de J. Hajnal sur la nuptialité en Europe occidentale dans le recueil Population in History, Londres, 1965, 692 p.
« La morale sexuelle civilisée et la maladie nerveuse des temps modernes », publié en traduction française dans le recueil suivant : S. Freud, La Vie sexuelle, Paris, 1969, p. 28-46. Le texte cité se trouve p. 37-38.
Dans cet article, Freud imagine trois stades de civilisation dans l’évolution de la pulsion sexuelle : dans le premier, l’activité de la pulsion sexuelle, hors même des buts de reproduction, aurait été libre ; dans le second, tout aurait été réprimé à l’exception de ce qui sert la reproduction ; dans le troisième, la reproduction dans le mariage est le seul but sexuel autorisé (cf. p. 34). Il va de soi que c’est là une simple vue de l’esprit.
Par exemple, les statuts synodaux de Cambrai (vers 1300-1310) réservent à l’évêque l’absolution du péché de sodomie chez les hommes de plus de vingt ans, tandis que le pénitencier est autorisé à l’absoudre chez les femmes de tout âge et les hommes de moins de vingt ans (cf. Annales, 1969, no 6, p. 1376).
Cf. Annales, 1972, no 1, p. 18.
Cette idée a été soutenue par A. Lottin, dans la Revue d’histoire moderne et contemporaine, avril-juin 1970, p. 293-294. On la trouve également sous-jacente à l’article 17 de la deuxième partie de l’encyclique Humanae vitae.
Voir, par exemple, dans le pénitentiel de Cummean (VIIe siècle), le chapitre XI relatif aux « jeux puérils ». L’acte le plus caractéristique de la sodomie y est, à vrai dire, sévèrement puni : « In terga vero fornicantes, sipueri sunt, duobus anni, si viri tribus annis vel quatuor… » Mais on décrit toutes sortes de jeux sexuels qui le sont infiniment moins. Par exemple : « 2. Osculum simpliciter facientes VI superpositionibus ; inlecebrosum osculum sine coin-quinamento, VIII ; si cum coinquinamento sive amplexu, X superpositionibus corrigantur. 3. Post autem annum XX (id est adulti) idem committentes XL diebus separati sunt a mensa et extores ab ecclesia cum pane et aqua vivant. 4. Minimi vero fornicationem imitantes et inritantes se invicem, sed coinquinati non sunt propter immaturitatem aetatis, XX diebus ; si vero fréquenter, XL 5. Puer qui sacrificio communicat peccans cum pecode, centum diebus. 6. Pueri autem XX annorum se invicem manibus coinquinantes et confessi fuerint antequam communicant, XX vel XL diebus… 8. Supra dicta aetas interfoemora fornicantes, 6 diebus ; id iterum faciens, annum. 9. Puer parvulus oppressus a majore annum aetatis habens decimum ebdomadam dierum jejunet ; si consensit, XX diebus. » Et lorsque ces jeux ont lieu avec une fille : « 17. Puer de saeculo veniens nuper cum aliqua puella fornicari nitens nec coinquinatus, XX diebus ; si autem coinquinatus est, C diebus ; si vero, ut moris est, suam compleat voluntatem, anno peniteat » (Éd. Bieler, The Irish Pénitentials, p. 126-128).
Cf. Annales, 1969, no 6, p. 1376.
Gerson, Confessional… (BN, Rés. D 11579), chapitre sur le péché de luxure.
Ibid.
Cf. D. Rochemonteix, Un collège de jésuites au XVIIe siècle : le collège Henri-IV de La Flèche, t. II, p. 29. Ce passage est cité par G. Snyders, La Pédagogie en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 40.
L’École paroissiale ou la manière de bien instruire les enfants dans les petits escoles, Paris, 1654. Ce livre a eu de nombreuses éditions au XVIIe siècle et a été adopté officiellement dans plusieurs diocèses. Il est pourtant aujourd’hui introuvable à Paris et j’en ai eu connaissance par une photocopie faite à là Bibliothèque de Bordeaux, que m’a aimablement prêtée François Furet.
Cf. Dr Hesnard, La Sexologie, Paris, « Petite Bibliothèque Payot », no 31, 1959, p. 287 : « Des enquêtes dans divers pays, en particulier celles rapportées par H. Ellis, indiquent qu’elle est davantage répandue dans les établissements d’éducation où règne l’ignorance sexuelle coexistant avec la menace terrorisante contre le péché d’impureté. Par contre, elle est accidentelle et plus ou moins transitoire dans les milieux tolérants quant à la sexualité dans ses aspects naturels. Nous avons eu l’occasion d’en comparer la fréquence dans divers groupes ethniques : elle est moins répandue, parfois inexistante, dans les milieux populaires et surtout dans les pays de liberté sexuelle. C’est ainsi que les jeunes Arabes d’Afrique du Nord la considèrent comme sans attrait, sinon méprisable (alors qu’ils s’adonnent à des jeux allo-érotiques, pour eux sans importance, au cours desquels ils imitent la pratique sexuelle des adultes). Les jeunes juifs, dans les mêmes contrées, sont au contraire attirés par la masturbation solitaire, que leurs éducateurs, pour des raisons religieuses, condamnent très sévèrement. »
Ibid., p. 286.
Cf. S. Freud, La Vie sexuelle, p. 42.
Cf. Annales, 1969, no 6, p. 1374-1375. La sévérité à l’égard de la masturbation est variable d’un pénitentiel à l’autre et parfois à l’intérieur d’un même pénitentiel. Mais l’attitude la plus fréquente est celle d’une relative indulgence.
Cela ressort du canon Adulteri malum tiré de saint Augustin. Il me semble que tous les théologiens, à partir de Gratien et de Pierre Lombard, soutiennent ce point de vue. Sur ce sujet voir J. T. Noonan, Contraception, p. 174, 260, 304 de l’édition américaine.
Cf. Annales, 1969, no 6, p. 1376-1377.
Guy de Roye, Le Doctrinal de sapience qui contient tous les estats du monde…, édition française de 1585 (BN, D 50934), p. 148-150.
Op. cit.
J. Gerson, Opera, édition in-folio de 1606, t. II (premier volume), p. 309-312, Tractatus de confessione molliciei. La traduction est de moi.
Gerson, au début de son traité, en attribue la paternité à « un certain maître en théologie, de Paris, qui grâce à une expérience abondante et à une étude soigneuse, avec l’aide de Dieu invoqué par un zèle pieux, a découvert les choses qui sont écrites ci-après et ont été très efficaces pour extraire du cœur de ceux qui se confessent, surtout des jeunes gens, le plus abominable de ce péché détestable qui est dit molesse ».
Ibid.
Cf. Gerson, Confessional, chapitre consacré à la luxure.
Benedicti, La Somme des péchés, édition in-4° de Paris, 1601, livre II, chap. VIII, p. 152-160.
Quoique depuis le XIIIe siècle au moins les théologiens emploient « molesse » pour désigner les pratiques solitaires, Benedicti éprouve curieusement le besoin de justifier cette interprétation de l’emploi qu’en fait saint Paul : « Ce n’est donc pas sans cause que saint Paul apprend à détester cest ordure à ses Corint, ausquels il écrit en disant : “Ne vous trompez point : car ni les paillards, ne les idolâtres, ne les mols, ne les adultères, ne les sodomites, ne les larrons… n’hériteront point le Royaume céleste.” Où il faut noter le mot “molles”, qui nous signifie ceux qui se polluent eux-même. En tel sens il a esté exposé tant des pères Grecs que des Latins, ainsi mesme que l’année passée je l’apprins d’un docte religieux Grec de ceux qu’on appelle en ce pays la Caloyers, lequel je trouvay en Hierusalem, là où il me donna la même interprétation de ce mot “molles” comme la donne nos Théologiens » (ibid.).
Ibid.
Cf. Noonan, Contraception et Mariage, p. 294.
Benedicti, loc. cit.
Cf. L’instruction de Prestres qui contient sommairement tous les cas de conscience. Composé en latin par l’Illustriss. et Reverendiss. Cardinal François Tolet, de la compagnie de Iesus. Et mise en François par M. A. Goffar, D. en Théologie…, Lyon, 1628, in-4°, livre V, chap. XIII, nos 10 et 11.
Cf. Fontaine, Mémoires pour servir à l’histoire de Port-Royal, t. II, p. 486. Passage cité par G. Snyders, op. cit., p. 45.
Cf. Noonan, op. cit., chap. II, paragraphe sur l’idéal stoïcien, p. 63-68. Voir aussi J.-L. Flandrin, L’Église et le Contrôle des naissances, Paris, Flammarion, coll. « Questions d’histoire », no 23, 1970, p. 24-28.
M. Detienne, Les Jardins d’Adonis : la mythologie des aromates en Grèce, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1972. A travers l’opposition d’Adonis et de Cérès, c’est bien celle de la séduction amoureuse et du mariage que l’auteur évoque tout au long de ce livre. Il nous montre, entre autres choses, comment la société, par le moyen des aromates, cherche à susciter la passion amoureuse au moment des noces, mais combien, hors ce bref moment, elle la considère comme antithétique du mariage.
L. Thore, « Langage et sexualité », p. 65-95 du recueil intitulé Sexualité humaine, Paris, Aubier-Montaigne, coll. « RES », 1970.
P. Bourdieu, « Célibat et condition paysanne », dans Études rurales, 1962, nos 5/6.
« Que le mariage soit affaire de la famille plus que de l’individu et qu’il se réalise selon les modèles strictement définis par la tradition, il suffit, pour l’expliquer, d’invoquer sa fonction économique et sociale. Mais il y a aussi que, dans la société d’autrefois et encore aujourd’hui, la ségrégation des sexes est brutale : dès l’enfance, garçons et filles sont séparés sur les bancs de l’école, au catéchisme. De même, à l’église, les hommes se groupent à la tribune ou dans le fond de la travée centrale, tandis que les femmes se disposent sur les bas-côtés ou dans la nef. Le café est le lieu réservé aux hommes … Tout l’apprentissage culturel et l’ensemble du système des valeurs tendent à développer chez les membres de l’un et l’autre sexe des attitudes d’exclusion réciproque et à créer une distance qui ne peut être franchie sans gêne. En sorte que l’intervention des familles était d’une certaine façon exigée par la logique du système et aussi celle du “marieur” ou de la “marieuse”… La restriction de la liberté de choix a son envers positif. L’intervention directe ou indirecte de la famille et surtout de la mère dispense de la recherche de l’épouse. On peut être lourdaud, rustre, grossier, sans perdre toute chance de se marier » (ibid., p. 56 et 57).
Cf. A. Hesnard, La Sexologie, p. 289.
M. Caumette, Bénédiction du lit nuptial et Cérémonies contre l’impuissance dans les rituels français des XVIe-XIXe siècles, mémoire de maîtrise d’histoire, soutenu à l’université de Paris VIII en décembre 1971.
A.-C. Kliszowski, Les Théories de la génération et leur influence sur la morale sexuelle du XVIe au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise de l’université de Paris VIII, juin 1972.
Des textes présentés par A.-C. Kliszowski, je ne citerai que le plus court : « Si autem vir, postquam seminavit, se retrahat ante seminationem uxoris, uxor potest se tactibus excitare donec seminet quia aliter gravem sentiret afflictionem, et illi tactus ordinantur ad completum actum conjugalem qui consistit in utriusque seminatione ; et licet semen uxoris non sit necessarium ad generationem, tamen valde utile quia innat ad formandum pulchriorem foetum », cf. Bonacina, Summa theologica, éd. 1678, DE MATRIMONIO, c. 205.
Brantôme, Les Dames galantes, édité par M. Rat, Paris, Garnier, coll. « Selecta », p. 332-334.
Mlle Besson-Leroy, qui travaille sur la sexualité médiévale depuis plus d’un an, sous la direction de Georges Duby, aurait déjà beaucoup à dire sur la répression de l’adultère dans diverses coutumes urbaines des XIIe et XIIIe siècles. Mais je n’ai pas connaissance que des recherches de ce type aient été entreprises pour l’époque moderne, et ceux qui croient à la chasteté des hommes de ce temps n’en citent aucune.
Ainsi les coutumes de la ville d’Auch, rédigées en 1301, prescrivent en l’article LXIII : « Item est coutume que si quelqu’un ayant femme ou n’en ayant point soit surpris avec femme mariée, et qu’ils soient trouvés tous deux nuds ayant ôté leurs vêtements, qu’ils soient appréhendés à l’endroit où ils seront trouvés, tel cas prouvé par deux témoins, il faudra que chacun d’iceux paye soixante cinq sols morlas aux seigneurs comte et archevêque suivant la juridiction, ou qu’ils courrent la ville tous nuds, et cela suivant la volonté de ceux qui ont ainsi trouvé, ou qu’ils payent la peine susdite, ou bien qu’ils courent dans la ville au son de la trompette » (cité par P. Lafforgue, dans Histoire de la ville d’Auch, p. 21). Cette coutume de la course ou du défilé nu dans la ville est très fréquente et paraît emprunter beaucoup aux réactions populaires illégales. Au XVIe siècle, les tribunaux font généralement enfermer la femme adultère dans un couvent pendant un certain temps au bout duquel son mari peut venir la chercher s’il le veut. S’il ne la reprend pas, elle est cloîtrée à vie.
Ainsi le tiers état réitère en 1614, en l’article 54 de son cahier, un vœu qu’il avait déjà formulé lors des états de 1576 et de 1588 : « Et parce que les adultères sont fréquentz pour n’estre estimés que comme actes ridicules en France … il sera ordonné que les adultères … suffizamment attaintz et convaincus seront punis de mort et dernier supplice, sans que les juges puissent modérer la peine pour quelque cause ou considération que ce soit » (cf. Remontrances faites au Roy par les députés du pays d’Agenois… publiées par G. Tholin). Un tel texte atteste d’ailleurs que, s’il y a une montée de la répression sexuelle vers le XVIIe siècle, elle n’est pas due qu’à la Réforme catholique.
Les Caquets de l’accouchée, Éd. Marpon et Flammarion, 1890, p. 12, cité dans Annales, 1969, no 6, p. 1389, note 3.
P. Laslett, Un monde que nous avons perdu, Paris, Flammarion « Nouvelle bibliothèque scientifique », 1969, p. 156-157.
Pour l’instant, je ne connais en France que deux provinces, d’ailleurs excentriques, où des coutumes semblables à celle du comté de Leicester, ou plus étranges encore, paraissent exister : la Corse et le Pays basque. Ni l’une ni l’autre ne paraissent avoir encore attiré les historiens-démographes.
Sur la Corse, voir les rapports des missionnaires envoyés dans l’île par saint Vincent de Paul. Ils notent que rarement les paysans « célébraient le mariage sans qu’ils eussent auparavant habité ensemble » (cf. Mgr Abelly, Vie de saint Vincent de Paul, Paris, 1891, t. II, p. 98 sq.).
Sur le Pays basque, voir Orcibal, J. Duvergier de Hauranne…, p. 93, notes 1 et 2. Selon la note 1, on trouvait en Pays basque « la coutume de l’année probatoire pendant laquelle les fiancés cohabitaient avant mariage sous l’œil complaisant des familles. Malgré les mesures sévères édictées par l’évêque Fouquet, dans ses statuts de 1666, et même, vingt-cinq ans après, les anathèmes de son successeur d’Olce, cette tradition subsistait encore en partie au XVIIIe siècle (cf. Dubarat, Missel, p. CCCXII) ». P. de Lancre, le chasseur de sorcières, affirme pour sa part qu’il était d’usage de prendre les femmes à l’essai quelques années avant de les épouser (cf. J. Bernou, La Chasse aux sorciers dans le Labour en 1609, Agen, 1897, p. 112).
M.-C. Phan, Introduction à l’étude des déclarations de grossesse et autres séries documentaires concernant la sexualité illégitime, mémoire de maîtrise soutenu à l’université de Paris VIII, en décembre 1971 ; et Les Amours illégitimes à Carcassonne, thèse de 3e cycle, Paris I, 1980.
P. Wiel, « Une grosse paroisse du Cotentin aux XVII et XVIII siècles : Tamerville », Annales de démographie historique, 1969, p. 136-189.
Toutes les descriptions littéraires montrent la jeune fille faisant mine de résister et franchissant le pas par force ou comme par force. Est-il si facile de distinguer cette résistance de façade, qui est quand même en quelque manière une vraie résistance, du refus véritable qui n’est jamais jusqu’au bout un vrai refus ? Si les garçons savent jouer ce jeu, ne le jouent-ils pas aussi dans des cas où on ne le souhaiterait pas ? Et comment croire qu’ils ne le jouaient qu’avec des filles qu’ils voulaient épouser et qui voulaient les épouser ?
Mlles Sapin et Sylvoz, Les Rapports sexuels illégitimes au XVIIIe siècle, à Grenoble, d’après les déclarations de grossesse, mémoire dactylographié d’une maîtrise soutenue à l’université de Grenoble en octobre 1969. Ce travail a été imaginé et dirigé par J. Solé.
J. Bourgeois-Pichat, « Les facteurs de la fécondité non dirigée », Population, no 3, 1965, p. 383-424, et en particulier, p. 406-408.
J. Bourgeois-Pichat est bien conscient du caractère théorique de son tableau, et montre dans son article que, dans la réalité, les chances de conception sont bien plus faibles, en l’absence même de toute manœuvre contraceptive.
Depuis le travail de Mlles Sapin et Sylvoz, d’autres travaux ont été entrepris à Grenoble sur la sexualité illégitime, toujours sous la direction de J. Solé.
A Lille, A. Lottin a décrit certains types de relations, mais il n’a guère cherché à en quantifier la fréquence et n’en a pas étudié l’évolution chronologique. Sans doute les déclarations étaient-elles moins riches que celles de Grenoble ou de Carcassonne. On verra, d’autre part, le cas de Nantes. Quant aux déclarations de Carcassonne, qu’étudie actuellement Mme Phan, elles ne montrent pratiquement pas de viol, et la proportion des relations uniques y évolue de manière moins claire qu’à Grenoble. Mais, à Carcassonne aussi, la proportion des relations suivies augmente, de 32,5 % entre 1676 et 1746, à 42,3 % entre 1747 et 1766, et 56,7 % entre 1767 et 1786.
Op. cit., p. 150.
J. Solé, « Passion charnelle et société urbaine d’Ancien Régime : amour vénal, amour libre et amour fou à Grenoble au milieu du règne de Louis XIV », Annales de la faculté des lettres et sciences humaines de Nice, no 9/10, 1969, p. 211-232.
E. Shorter, Naissance de la famille moderne, XVIIIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1977. Édition originale : The Making of the Modern Family, New York, Basic Book, 1975. M. Foucault, Histoire de la sexualité, t. I, La Volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976.
J. Hajnal, « European Marriage Pattern in Perspective », in D.V. Glass et D.E.C. Eversley (eds), Population in History, London, Arnold, 1965, p. 102-104.
J. Benedicti, La Somme des péchez, Paris, 1601, livre IV, ch. VI, no 15, p. 504.
A. Blanchard, Examen général sur tous les commandements et sur les péchés de plusieurs estats, à la suite de Essay d’exhortation pour les differens estats, 1713, t. 2, p. 200, no 17-18.
Benedicti, op. cit., livre II, ch. II, no 42, p. 109.
J. Gerson, Confessional (édition non paginée du XVIe siècle) (BN, Res. D. 11579), 54e page.
« Oportet filios, ut cum ad annos pubertatis venerint, cogantur aut uxores ducere aut continentiam prosectari(s) ecclesiae ; filiae vero eadem aetate aut castitatem aut nuptias elegant voluntate paterna » (cité par Wasserschleben, dans Die Irische Kanonensammlungen, p. 239, no 16).
En témoignent, par exemple, ces trois textes que je cite en traduction française :
An 458 : « Celui qui est dans l’adolescence, si en cas d’urgence… il se fait administrer la pénitence, et si ensuite, craignant recueil de l’incontinence juvénile, il choisit de s’accoupler à une épouse afin de ne pas encourir le crime de fornication, la chose paraît vénielle… En cela, cependant, nous ne constituons pas une règle … Car en vérité rien ne convient mieux à celui qui fait pénitence qu’une chasteté persévérante d’esprit et de corps » (Léon Ier, Ep. ad Rusticum, c. 13, in Migne, Patrologia latinan t. 54, 1207).
An 506 : « Qu’on ne donne pas non plus facilement la pénitence aux jeunes gens, en raison de la fragilité de leur âge » (Concile d’Agde, c. 15, in Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, t. 8, col. 327).
An 538 : « Que personne ne se risque à donner la bénédiction de pénitence aux personnes jeunes ; assurément qu’on n’ose la donner aux mariés si ce n’est dans l’âge adulte et avec le consentement de leurs parties » (Concile d’Orléans, c. 24, in Mansi, t. 9, col. 17).
S. Ambroise, Traité sur l’Évangile de Luc, I, 43-45.
J. Rossiaud, « Prostitution, jeunesse et société dans les villes du Sud-Est au XVe siècle », Annales ESC, mars-avril 1976, p. 294-296.
Ibid., p. 289-325.
Ils n’avaient pas plus d’enfants que de femmes, ce qui nous interdit évidemment de les appeler « prolétaires ».
N. Z. Davis, « The Reason of Misrule : Youth Groups and Charivaris in Sixteenth-Century France », Past & Present, no 50, 1971. J. Rossiaud, op. cit., et « Fraternités de jeunesse et niveaux de culture dans les villes du Sud-Est à la fin du Moyen Age », Cahier d’histoire, 1-2, 1972.
J. Vienot, Vieilles Chansons du pays de Montbéliard, Montbéliard, 1897, p. 187.
Dr M. Baudouin, La Maraîchinage, coutume du pays de Monts (Vendée), 5e éd., Paris, 1932. Partiellement repris et discuté dans J.-L. Flandrin, Les Amours paysannes (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Gallimard, coll. « Archives », 1975, p. 191-198.
Shorter, op. cit., p. 106.
Baudouin, op. cit., p. 132-133 ; et Dr Boismoreau, Coutumes médicales et Superstitions populaires du Bocage vendéen, Paris, 1911, p. 45-46.
Dr Pouillet, L’Onanisme chez la femme, 2e éd., Oaris, 1877, 224 p., p. 62-63.
B. Chaix, Préoccupations statistiques… des Hautes-Alpes, 1845, p. 269.
A. Hugo, La France pittoresque, 1835, t. I, p. 291 et 294.
Ibid., t. II, p. 147.
Flandrin, Les Amours paysannes, p. 124-126.
Ibid., p. 120-121 ; et Flandrin, Familles, Paris, Hachette, 1976, p. 107-108.
M. Hudry, « Relations sexuelles prénuptiales en Tarentaise et dans le Beaufortin d’après les documents ecclésiastiques », Le Monde alpin et rhodanien (revue régionale d’ethnologie), no 1, 1974, p. 95-100.
Flandrin, Les Amours paysannes, p. 183.
C. Liberman, Démographie d’une paroisse basque sous l’Ancien Régime : Urrugne, mémoire de maîtrise, université de Paris VIII-Vincennes, 1976, 118 pages dactylographiées. M. Fresel-Losey, Histoire démographique d’un village du Béarn : Bilhères-d’Ossau, XVIIe-XVIIIe siècle, Bordeaux, 1969.
Flandrin, Les Amours paysannes, p. 123-124 ; et Hudry, op. cit.
Flandrin, Familles, p. 107-108.
Baudouin, op. cit.
K. R. V. Wikman, Die Einleitung der Ehe : cine Vergleichende ethno-soziologische Untersuchung über die Vorstufe der Ehe in den Sitten des Schwedischen Volkstums, Abo, 1937 ; et Shoter, op. cit., p. 102-107.
N. Du Fail, Contes et Discours d’Eutrapel, Rennes, 1603, f. 53 v°.
C.-F.-P. Masson, La Nouvelle Astrée, 2e éd., 1925, notes du livre II, p. 183.
Selon A. Hugo (op. cit., t. I, p. 77), il n’y avait en Vendée qu’un enfant naturel sur 62,48 naissances, soit 1,6 %, alors que dans l’avant-dernier département, l’Ardèche, il y en avait 1 pour 42,11, soit 2,4 %.
Sur la répression du concubinage, voir Flandrin, Familles, p. 176-180. Nous disposons d’indications chiffrées sur ses résultats dans la région nantaise : au XVIe siècle, 50 % des bâtards y étaient le produit d’une liaison durable, tandis qu’entre 1735 et 1750 on n’en trouve plus que 5,5 %, et seulement 2,6 % entre 1751 et 1786. D’après les chiffres donnés par A. Croix, Nantes et le Pays nantais au XVIe siècle, Paris, SEVPEN, 1974, p. 96 ; et J. Depauw, « Amour illégitime et société à Nantes au XVIIIe siècle », Annales ESC, juillet-octobre 1972, p. 1175.
A. Bideau, « La population de Thoissey aux XVIIIe et XIXe siècles », Bulletin du Centre d’histoire économique et sociale de la région lyonnaise, 1972, no 2, p. 23-42. J. Houdaille, « La population de Boulay (Moselle) avant 1850 », Population, novembre-décembre 1967, p. 1058-1084 ; et « La population de sept villages autour de Boulay aux XVIIIe et XIXe siècles », Population, novembre-décembre 1971, p. 1061-1072. F. Desjardin, « Étude démographique du pays d’Arthies aux XVII et XVIII siècles (1668-1819) », Bulletin d’information de la Société de démographie historique, avril 1971. C. Pouyez, « Une communauté d’Artois, Isbergues, 1598-1826 », microédition Hachette, AUDIR no 73.944.37.
R. Deniel et L. Henry, « La population d’un village du nord de la France, Sainghin-en-Mélantois, de 1665 à 1851 », Population, juillet-août 1965, p. 503-602. P. Caspard, « Conceptions prénuptiales et développement du capitalisme dans la principauté de Neuchâtel (1678-1820) », Annales ESC, juillet-août 1974, p. 989-1008.
Flandrin, Les Amours paysannes, p. 238-243 ; et Shorter, op. cit., ch. IV.
J.-M. Gouesse, Documents de l’histoire de Normandie, Privat, 1972, p. 312 ; et J. Depauw, op. cit., p. 1173.
Ibid. ; et P. Caspard, « L’amour et la guerre. Lettres d’un soldat neuchâtelois à sa fiancée, pendant la guerre de Sept Ans », Musée neuchâtelois, avril-juin 1979.
Chaix, op. cit., p. 269.
A. Hugo, op. cit., t. I, p. 77.
Boismoreau, op. cit., p. 45-46.
É. Van de Walle, The Female Population of France in the Nineteenth-Century, Princeton, 1974, p. 453-455.
Depauw, op. cit., p. 1161-1162, et planche I, graphiques 1 et 2.
Flandrin, Les Amours paysannes, p. 239-241, graphiques I et II ; et Familles, p. 180-182.
Je parle d’« onanisme » lorsque je considère non pas la masturbation en elle-même, mais la pseudo-maladie des masturbateurs telle qu’elle est définie aux XVIIIe et XIXe siècles. Les guillemets sont d’autant plus nécessaires que le crime d’Onan était le coït interrompu et non pas la masturbation.
Flandrin, « Mariage tardif et vie sexuelle », ci-dessus, p. 251-278, et en particulier le texte de Tolet, au bas de la page 263.
J. H. Plumb, « The New World of Children in Eighteenth-Century England », Past & Present, no 67, p. 92.
Flandrin, « Mariage tardif… », ci-dessus, p. 258-265.
J.-H. Plumb, loc. cit.
Flandrin, « Sentiments et civilisation ; sondage au niveau des titres d’ouvages », ci-dessus, p. 21-44 ; et « Amour et mariage au XVIIIe siècle », ci-dessus, p. 83-96.
Par exemple à Triel-sur-Seine, il n’y avait en 1817 que 5 % des ménages qui employaient des domestiques, selon une étude inédite de M. Lachiver que j’ai utilisée dans Familles, Paris, 1976, p. 86 et 121. A Brueil-en-Vexin, un recensement de 1625 ne signale même aucun domestique (voir P. Lions et M. Lachiver, « Dénombrement de la population de Brueil-en-Vexin en 1625 », Annales de démographie historique, 1967, p. 521-538).
R. Smith, après réexamen de la poll tax de 1377, conclut qu’à cette époque la proportion des mariées et celle des domestiques étaient très proches de celles trouvées dans l’Angleterre des XVII et XVIIIe siècles. Au colloque tenu à Cambridge en juillet 1976, K. Hopkins a d’autre part remarqué que beaucoup des traits du modèle familial occidental se trouvaient déjà dans la société romaine antique.
Le taux d’illégitimité est le rapport entre le nombre des naissances illégitimes et le nombre total des naissances. La fécondité illégitime est le rapport entre le nombre des naissances illégitimes et le nombre des filles et veuves âgées de quinze à quarante-quatre ans.
Colyton, 1581-1640 : 2,8 % ; 1661-1720 : 3,0 % ; 1721-1820 : 5,5, %.
Je dois préciser que je n’ai jamais étudié systématiquement cette question.
J. Benedicti, La Somme des péchez (nombreuses éditions, fin XVIe et début XVIIe siècle), livre VI, ch. VI, no 15.
« En gésine », c’est-à-dire pendant l’accouchement et la période qui le suit. Le terme en était, du point de vue social, la cérémonie des relevailles. Du point de vue physiologique, c’était la remise en place des organes génitaux et la reprise du cycle menstruel.
Joubert, Les Erreurs populaires, Paris, 1587, livre II, ch. I.
E. Shorter, « Female Emancipation, Birth-Control and Fertility in European History », American Historical Review, no 78, 1973, 605-640. Voir aussi J.-L. Flandrin, Les Amours paysannes, Paris, 1975, p. 244.
Abbé H.-A. Tessier, « Mémoire sur la Sologne », Histoire de la Société royale de médecine, 1776, vol. I, 70.
Dr J.-H. Roussillon, L’Oisan, essai historique et statistique, mémoire présenté à la Société de statistique de l’Isère le 4 avril 1846 (Grenoble, 1847).
E. Shorter, La Naissance de la famille moderne, Seuil, 1977, p. 107, n. 1.