Infiltration de l’enseignement et des milieux universitaires et politiques
Au début des années 2000, on ne comptait qu’une école privée musulmane en France. En 2015, il y en a 40 sous contrôle des Frères et l’on en prévoit une cinquantaine d’ici quelques années. Dans son ouvrage Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans, retour éclairé vers un islam apolitique 133 , Mohamed Louizi, ancien membre de La Confrérie et ex-président des Étudiants musulmans de France, qui fut employé du Lycée frériste Averroès, affirme que « les Frères musulmans s’emploient depuis le début des années 1980, sur le vieux continent à acquérir divers « territoires » privés pour inscrire, dans la durée, leur récit islamiste comme élément du récit national de chaque pays de l’Europe. Cette opération s’appelle le « Tawtine » * ». Le terme  tawtine  désigne en fait le modus operandi des Ikhwan en Europe visant à infiltrer les sociétés par étapes progressives, notamment via la construction de mosquées-cathédrales, les acquisitions immobilières, les constructions d’établissements scolaires privés ou de centres culturels islamiques. Sans l’objectif territorialiste du «  Tawtine  », explique Louizi, l’objectif final du Tamkine visant à instaurer la loi d’Allah sur terre ne peut être mené efficacement 134 . L’auteur relate par exemple que, dans un autre document en langue arabe destiné aux riches donateurs des pays du Golfe, l’équipe de gestion du Lycée Averroès précise un des objectifs non avoués :  «  former et préparer une élite, choisie parmi les enfants de la communauté musulmane, pour qu’elle puisse occuper des postes sensibles au sein de la société française comme  : l’ordre des avocats, l’enseignement supérieur, la médecine, les médias (…).   En vue des prochaines élections présidentielles, parlementaires et municipales, il va falloir sélectionner et préparer une élite qui s’occupera de l’action politique. Il faudrait intégrer les partis politiques pour les influencer de l’intérieur  » 135  ! Dans ce lycée comme dans d’autres structures de l’UOIF, les jeunes initiés apprennent le chant-slogan de La Confrérie : «  Allah est notre ultime but. Le Messager est notre exemple et guide. Le Coran est notre constitution. Le jihad est notre voie. Mourir dans le sentier d’Allah est notre plus grand espoir  ». Soufiane Zitouni, lui aussi ex-enseignant démissionnaire du Lycée Averroès, a raconté dans un ouvrage très documenté 136 les pressions qu’il a subies de la part des dirigeants du lycée et d’autres Frères musulmans et islamistes suite à sa tribune dans Libération condamnant les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher 137 . Ce professeur de philosophie affirme avoir reçu des « avertissements de ses collègues », dont certains ont même décroché son texte affiché en salle des professeurs. Il affirme que ceci lui attira les foudres de ses élèves, imprégnés de préjugés antisémites et de théories du complot. Il dénonce également l’hypocrisie des Ikhwan qui donnent des noms prestigieux – comme Averroès – à des lycées ou centres islamiques, ceci afin de donner une image « éclairée » dans une logique de takiya , alors que leur idéologie condamne les philosophes musulmans rationnalistes et éclairés comme Averroès, dont d’ailleurs aucun ouvrage ne serait présenté aux élèves du Lycée Averroès ou ailleurs dans les structures des Frères. Après sa démission du Lycée Averroès, Zitouni a confessé avoir « ouvert les yeux » : «  J’ai fini par comprendre au bout de cinq mois éprouvants dans cet établissement musulman sous contrat avec l’État français (mon véritable employeur en tant que professeur certifié), que les responsables de ce lycée jouent un double jeu avec notre République laïque : d’un côté montrer patte blanche dans les médias pour bénéficier d’une bonne image dans l’opinion publique et ainsi continuer à profiter des gros avantages de son contrat avec l’État, et d’un autre côté, diffuser de manière sournoise et pernicieuse une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme, c’est-à-dire, un mélange malsain et dangereux de religion et de politique. » 138
En milieu universitaire, l’infiltration des Ikhwan est déjà ancienne à Oxford, où Tariq Ramadan a pu devenir professeur grâce au financement en sa faveur d’une chaire islamique par le Qatar. On peut citer également l’Université de Fribourg, en Suisse, dont le petit-fils de Hassan al-Banna et des professeurs pro-Frères ont fait un temps un bastion. Tariq y a été chargé de cours entre 1997 et 2004. En France, l’université Paris-VIII est une université refuge pour les Ikhwan depuis longtemps, grâce à une alliance rouge-verte déjà ancienne. Le CNRS est lui-même producteur depuis des années de chercheurs ouvertement favorables aux Ikhwan , comme Vincent Geisser ou François Burgat (voir chapitre VII). Cette présence se manifeste aussi par des colloques universitaires. En mai 2017, par exemple, l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation de l’académie de Créteil organisa un colloque intitulé « Penser l’intersectionnalité dans les recherches en éducation », animé par des adeptes des thèses néo-racialistes et pro-fréristes des indigénistes. Certains thèmes abordés avaient pour titre « L’institution scolaire au risque de l’islamophobie », ou encore « Comment l’institution scolaire fabrique le “ problème musulman” ». En s’alliant avec des islamistes, notamment l’EMF, la branche étudiante des Frères, et en choisissant une étudiante vêtue de l’uniforme des Frères musulmans, le syndicat étudiant de gauche UNEF a clairement rejoint ce mouvement de fond. La chercheuse suisso-tunisienne Saïda Keller-Messahli, essayiste et journaliste (fondatrice du Forum pour un islam progressiste), qui a reçu le Prix suisse des droits de l’homme 2016, le confirme : «  Dans les grandes universités, il existe des organisations de l’association des étudiants musulmans. De là partent d’autres branches du monde universitaire : l’idée est notamment de noyauter la recherche et les études islamiques comme cela est le cas au CSIS de Fribourg, le centre suisse de la société islamique fondé par des citoyens allemands, mais aussi comme on le voit avec des centres de formation en France, en Angleterre ou en Allemagne. Le Qatar cofinance maints centres comme le Conseil européen des fatwas et de la recherche ou l’Union internationale des érudits musulmans, structures qui utilisent leurs réseaux de mosquées et d’imams aumôniers qui visitent les prisons, les hôpitaux les écoles publiques pour y assurer des cours de religion  ».
Sur le plan politique, les Frères incitent les musulmans d’Europe à «  prendre part à la vie politique, économique et sociale  » du pays dans lequel ils vivent, apparaissant ainsi comme des bons citoyens : Hani Ramadan parle de ce fait «  d’intégration positive  ». Toutefois, ils ne privilégient pas encore la création de partis politiques islamistes, qu’ils appuient parfois, mais auxquels ils préfèrent l’infiltration dans des partis aux idéologies « impies » mais bien « disposés » à l’égard du processus d’islamisation et d’immigration incontrôlée. En France, les Frères du Collectif des musulmans de France (CMF) 139 d’Abdelaziz Chambi, tout comme l’UOIF, le CCIF ou les réseaux de Tariq et Hani Ramadan, qui se posent en défenseur des «  intérêts des musulmans de l’Hexagone  », appellent régulièrement à voter dans l’intérêt de la Oumma et des Frères, c’est-à-dire non pas pour les partis (droitistes) qui partagent des thèses les plus réactionnaires, pro-famille, anti-avortement, anti-mariage homosexuel, et conservatrices – pourtant sociétalement plus proches de celles des Ikhwan et des islamistes en général – mais en faveur des partis de gauche plus ouverts à l’islamisme et à l’immigration de masse. C’est ainsi qu’en 1995, déjà, au congrès du Bourget, le prédicateur de l’UOIF, Hassan Iqioussen, appela officiellement à voter pour Lionel Jospin à l’élection présidentielle, ce que l’UOIF reproduira systématiquement depuis lors à chaque élection, même face à Nicolas Sarkozy qui fut pourtant l’homme politique (de droite) qui donna la plus large représentation aux Frères musulmans au sein du CFCM. En 2007, à l’occasion de l’élection présidentielle, les Frères musulmans du CMF appelèrent à voter en faveur de José Bové et ils se rapprochèrent, comme Tariq Ramadan, des mouvements d’extrême gauche et « altermondialistes », dans une logique tiers-mondiste, pro-palestinienne et anti-occidentale (voir chapitre VII). En 2007, en 2012 et en 2017, les Frères ont systématiquement appelé à voter en faveur du PS ou d’En Marche, non seulement face au danger du RN, mais aussi face à celui incarné par la droite sarkozyste et gaulliste, jugée moins ouverte en matière d’immigration, de voile islamique, de cantines halal et de communautarisme islamique. De la même manière, en Grande-Bretagne, cette stratégie d’alliance cynique avec une gauche pourtant pro-LGBT et athée, est appliquée à la lettre : la Muslim Assembly of Britain (MAB) encourage systématiquement les musulmans britanniques à voter en faveur des travaillistes pro-palestiniens (comme l’ex-maire de Londres Ken Livingstone ou Jeremy Corbin), du parti néo-trotskiste pro-islamiste Respect, ou des Verts. En Suède, les Frères sont d’ailleurs parvenus à faire nommer de 2014 à 2016 un ministre, Mehmet Güner Keplan, d’origine turque et membre du parti des Verts, en charge du Logement et du Développement urbain. Celui-ci a toutefois dû démissionner en raison de son « extrémisme islamiste ».
Islam de France ou en France ?
la marque des Ikhwan
Bien que les Frères soient présents à travers toute la France, ils sont tout particulièrement implantés dans certaines régions. En région parisienne, ils contrôlent notamment une grande mosquée de 1 500 places, à la Courneuve, en Seine-Saint-Denis 140 . On peut également mentionner l’inauguration, le 7 avril 2019, en compagnie du préfet de l’Essonne, du maire et de représentants des cultes, de la mosquée frériste de Massy, dont la chaîne Youtube diffuse les conférences d’invités « prestigieux » comme les radicaux Hassan Iqioussen ou Hani Ramadan. Une autre grande mosquée avec coupole et minaret a été achevée en 2019, à Bussy-Saint-Georges, où un reportage photo du site Dômes et Minarets montre le référencement de livres à la gloire de Sayyid Qutb, d’ Abu Bakr al-Jazairi et le  Fiqh al Sunna  du Frère musulman cheikh  Sayid Sabiq (mort en 2000), surnommé le « Mufti du sang » en Égypte.
Parallèlement à l’activisme cultuel et communautaire du ministère turc des Affaires religieuses et de ses réseaux islamistes pro- Erdogan (Diyanet, DITIB et Milli Görüs), souvent associés aux Frères, l’Est de la France semble être devenu une nouvelle terre de conquête pour les Ikhwan . En Alsace, MLF a inauguré, en mai 2019, la nouvelle mosquée géante de Mulhouse, nommée Ennour (« la lumière »). Ce bâtiment de 11 000 mètres carrés a mobilisé trente entreprises et a nécessité un investissement de 22 millions d’euros en dix ans, issus de dons de fidèles et d’associations, le Qatar ayant avancé deux millions. Le projet était soutenu par Youssef al- Qardaoui, qui a même produit un clip vidéo pour appeler aux dons des fidèles. En plus de l’espace réservé au culte, qui ne représente que 13 % de la surface totale, l’édifice comprend une école, un centre culturel, un espace bien-être, un espace mortuaire et même un coiffeur 141 . Il s’agit là d’un nouveau bastion stratégique pour les Ikhwan . En région Alsace, d’autres mosquées sont désormais sous influence d’imams passés par l’UOIF/MF : la mosquée Al-Imane, avec son imam  Mohsen Ayachi ; la mosquée du quartier du Port du Rhin, dont un des fondateurs, Abobacar, a été formé à l’IESH, ou encore celle du quartier de la gare, qui a pour imam l’égyptien Ahmed Sami. Dans la capitale alsacienne, un centre médical musulman est en préparation avenue François Mitterrand, à l’initiative de l’association Passerelle abondée par la « Qatar Charity ». Enfin, une école dénommée Iqraa, basée à Lingolsheim, à côté de Strasbourg, a été financée par le Qatar à hauteur de 101 000 euros. Toujours dans l’Est, en Champagne, la grande mosquée de Reims a été également inaugurée en mars 2019, en présence du sous-préfet, de la députée LREM Aina Kuric, de représentants du Qatar et du Koweit, et d’ Amar Lasfar, président de MF 142 et directeur du lycée islamique sous contrat Averroès.
L’UOIF/MF a ainsi réussi à conquérir la présidence du Conseil régional du culte musulman en Rhône-Alpes et à être finalement reconnu, après des années de résistance, comme l’interlocuteur privilégié de la cité phocéenne, laquelle l’a chargé de la gestion de la future Grande mosquée. À Villeurbanne, par exemple, la mosquée frériste Othmane, membre de l’UOIF-MF, est en train d’être étendue 143 . Lancé officiellement le 14 juin 2019, le chantier devrait être achevé fin 2021 pour un coût de trois millions d’euros. Le président de la mosquée, Azzedine Gaci , responsable de l’UOIF/MF dans le Rhône, n’a jamais dissimulé les activités pro-fréristes de sa mosquée qui a organisé notamment des conférences durant le ramadan avec des prédicateurs radicaux 144 . D’autres projets en cours sont soutenus par des élus de tous les bords, comme à Grenoble, où, l’association des musulmans unis (AMU), membre de l’UOIF/MF, a mis sur pied un projet de grande mosquée (dite de Teisseire) avec minaret . Joachim Véliocas rapporte que l’imam Allal Jamad 145 , né en 1959 au Maroc, a bénéficié d’une naturalisation française alors même que ses liens avec des prédicateurs radicaux sont connus. L’association a notamment invité, en février 2019, Hassan Iqioussen, prédicateur fanatique de la mouvance frériste 146 qui nie notamment le génocide arménien, et prône la haine envers les sionistes et Israël. Dans une conférence de janvier 2013 consacrée à l’Empire ottoman, il a exposé sa stratégie en vue d’un retour du califat, où les lettrés et les savants de l’islam auraient pour rôle de «  ramener les musulmans dans le giron de l’islam pour recréer cette entité politique qui a pour objectif de permettre aux musulmans de vivre leur foi dans tous les domaines : économiques, politiques, et tout ce que vous voulez. Donc le califat est en train de revenir, ça va prendre du temps mais il y a un début à toute chose, regardez : révolutions, on renverse les tyrans despotes, d’accord, qui étaient tous laïcs, islamophobes » 147 .
Autre prédicateur – salafiste cette fois – invité par l’AMU, Ismaïl Abou Ibrahim, imam de la mosquée des Bleuets à Marseille, qui évoque dans ses conférences la notion phare des salafistes saoudiens, « l’Alliance et le désaveu » ( al-Walaa wal-Bara*) , qui interdit de se lier d’amitié avec des mécréants et n’autorise que les relations commerciales avec eux 148 . Autre preuve de l’alliance fréro-salafiste, cet imam est membre du mouvement L.E.S Musulmans, créé par le frériste et directeur exécutif du CCIF, Marwan Muhammad. Dans l’une de ses conférences de janvier 2019, l’imam Ismaïl a dressé un tableau apocalyptique de la situation des musulmans en France en toute logique victimaire : «  Plus on avance, plus la situation s’aggrave. On en a marre de la situation dans laquelle on vit. Cette situation d’humiliés, cette situation de rabaissés. (…) depuis 1989 ils ont pris des mètres et des mètres, des kilomètres, on se dit qu’on est au dernier centimètre : nos femmes, interdiction de travailler pour elles. Interdiction d’étudier avec le hijab. À chaque fois elles ne peuvent rien faire. Les enfants, tu veux leur donner une éducation, c’est quasi impossible. Car déjà vous vous préférez les mettre là où c’est gratuit (…)  » 149 . L’idée est d’inciter les fidèles à inscrire les enfants dans les écoles musulmanes de Marseille, justement fondées par des associations de l’UOIF. Le prédicateur prend l’exemple des  salafs ( pieux prédécesseurs), qui ont dû souffrir aussi à leur époque.
Ailleurs en France, les Frères progressent en termes de contrôle de grandes mosquées, écoles et centres islamiques. C’est ainsi que dans la mosquée de Cenon, en banlieue bordelaise, les responsables fréristes sont parvenus à bloquer leurs concurrents du Tabligh ou du salafisme wahhabite. Dans le Sud-Ouest, dans le Limousin et dans le Nord, ils disposent de grands centres islamiques. À Rouen, une mosquée avec minaret nommée Al Kaouthar est en fin de construction. Elle est pilotée par l’Union des Musulmans de Rouen, qui diffuse entre autres les textes d’Al-Banna et de Qardaoui sur son site internet.
Suède, pays d’Europe du Nord le plus perméable au projet d’islamisation des Frères
En Suède, les Frères sont massivement présents depuis la fin des années 1970 et ils ont réussi, grâce à une stratégie victimaire et à un discours rassurant bien huilé, à pénétrer les institutions et partis politiques de gauche et des Verts, qui leur ont offert leur plate-forme politique pour promouvoir l’islam. Récemment, les auteurs d’un rapport confidentiel de l’Agence pour la protection civile (ministère suédois de la Défense), ont accusé les Ikhwan de «  vouloir intégrer les organisations civiles, les institutions ou des partis politiques du pays afin d’y mettre sur pied une société parallèle, cherchant à s’attirer les faveurs de gouvernements et de partis politiques par des slogans trompeurs évoquant les Droits de l’homme et la démocratie ». Anila Suder, la responsable des opérations au sein de l’Agence, affirme que de nombreuses associations islamiques liées à La Confrérie et établies en Suède (Islamic Relief Worldwide, Association Ibn Rushd pour l’Éducation, Association des Jeunes Musulmans de Suède ; Association Islamique en Suède-AIS), tenteraient « d’augmenter le nombre de leurs partisans en intégrant les vagues de migrations en provenance du continent africain et du Moyen-Orient, tout en exerçant leur influence au sein des communautés de réfugiés » .
Comme en Belgique ou en Allemagne, de généreux financements publics sont accordés aux associations cultuelles reconnues, dont les structures salafistes, turques pro- Erdogan et frérises telle l’AMS. Illustration intéressante de la stratégie revendicatrice des Ikhwan , Mahmoud Aldebe, ancien dirigeant de l’AMS, avait écrit en 2006 une lettre au gouvernement suédois demandant l’adoption du calendrier islamique et la possibilité, pour les imams, de dissoudre les mariages. Comme ailleurs en Europe, l’AMS, pourtant la principale structure des Ikhwan en Suède, nie l’affiliation à La Confrérie, tout en vouant « une fidélité totale au chef spirituel Youssouf al-Qardaoui »… En 2006, le dirigeant de l’Association, Mohammed al-Dabahi, avait provoqué un scandale en envoyant une lettre ouverte aux partis politiques suédois pour exiger des droits spécifiques pour que les étudiants musulmans soient exemptés de la loi sur le divorce 150 . L’expert en sécurité et essayiste Stefano Piazza rappelle que si l’association affiche sur son site (Muslim.se) son intention de «  jeter des ponts entre les musulmans et les Suédois  », la réalité diffère : «  comme l’a raconté le quotidien “Gefle Dagblad” lors d’une enquête en 2015, l’imam salafiste de la ville de Gävle, Abo Raad 151 , à l’origine de ce site web – désormais fermé – a notamment affirmé que l’homosexualité devait être punie de mort. Raad est pourtant une personnalité éminente de l’Association des musulmans de Suède, qui a reçu chaque année plus de 400 000 couronnes (l’équivalent de 45 000 euros) du gouvernement suédois pour faire ce genre de propagande au lieu de “lutter contre l’islamophobie et le racisme dans la société” », comme il prétend vouloir le faire sur son site, conclut Piazza. Encore plus que les autres pays européens, déjà très laxistes, la Suède est l’exemple-type d’un pays occidental multiculturaliste dont la mauvaise conscience semble concourir à ouvrir la porte à ses propres ennemis idéologiques et civilisationnels. Après avoir déploré que la Suède ait fait de facto interdire nombre d’églises de faire sonner leurs cloches pour ne pas choquer les musulmans lorsqu’ils sont nombreux, Piazza explique que «  le gouvernement suédois a donné le feu vert à la propagation de l’adhan (l’appel islamique à la prière lancé par le muezzin) dans la 22 e  ville la plus peuplée de Suède, la ville de Växjö ». Idem en 2013 à Botkyrka (banlieue de Stockholm), où la mosquée locale a obtenu un minaret de 30 mètres de haut, et à Karlskrona (au sud de la Suède). Il rappelle que « le gouvernement suédois a été vivement critiqué, tant chez lui que dans le reste de l’Europe, pour son attitude soumise envers l’extrémisme islamique » . Haras Rafuiq, présidant la Fondation Quilliam, groupe de réflexion de Londres impliqué dans la lutte contre le terrorisme, est encore plus sévère : «  La Suède, plus que tout autre pays, permet aux prédicateurs de la haine d’entrer dans le pays et de tenir des conférences pour diffuser des messages. La Suède devrait se pencher sur cette question. » 152
Allemagne : présence ancienne des Ikhwan et coopération stratégique avec l’islamisme turc
Sur les 19 organisations musulmanes d’outre-Rhin, chapeautées par le Zentralrat der Muslime, qui sert d’interlocuteur aux pouvoirs publics, les neuf plus puissantes sont fréristes. Il est vrai que l’Allemagne est – comme la Suisse – une terre de refuge des Ikhwan et de la famille Ramadan depuis les années 1950. La principale organisation des Frères est la Communauté islamique en Allemagne (Islamische Gemeinschaft in Deutschland – IGD), qui siège à Cologne et qui a été fondée par Saïd Ramadan, qui l’a dirigée de 1958 à 1968. En 1973, ce fut son homme de confiance, Ali Ghaleb Himmat, Syrien naturalisé italien co-fondateur de la Taqwa Bank (voir infra , chapitre III), basée à Lugano, qui le remplaça et en devint le président. L’IGD travaille en étroite coopération avec le Centre islamique de Munich (CIM), cofondé par Saïd Ramadan dans les années 1960. Comme ailleurs, les Muslimische Brüder (Frères musulmans d’Allemagne), démentent tantôt leur appartenance qu’ils réaffirment ailleurs : l IGD se présente auprès des pouvoirs publics allemands – qui financent le culte musulman – comme adepte d’un islam «  ouvert sur le monde et la démocratie pluraliste  », mais dispense des positions obscurantistes hostiles à l’intégration. Quant au CIM, il prône sur sa page d’accueil la soumission des femmes aux hommes et présente le divorce et le droit de choisir son conjoint comme devant être régis par la charià .
Après la démission de Himmat en 2002, le germano-égyptien Ibrahim Farouk al- Zayat 153 en prit la direction. Tour à tour chef de l’Union des étudiants musulmans, de la Fédération des organisations musulmanes de jeunes et d’étudiants (FEMYSO), représentant européen de l’Assemblée Mondiale de la jeunesse musulmane (WAMY), co-fondateur de la FOIE et de la Gesellschaft Muslimischer Sozial und Geisteswissenschaftler (GMSG), administrateur de l’IESH, fiduciaire du European Trust et même membre du conseil d’administration de l’ONG « Islamic Relief Germany » et de « Islamic Relief Worldwide » à Birmingham (Royaume-Uni), Al-Zayat incarne mieux que quiconque l’alliance stratégique et idéologique unissant les Frères musulmans arabes et l’islamisme turc en Europe. Il est d’ailleurs marié à Sabiha Erbakan, la sœur de Mehmet Sabri Erbakan, le propre neveu du pionnier de l’islam turc Nehmettin Erbakan (mentor de Recep Taiyyp Erdogan), qui fut longtemps le secrétaire général de Millî Görüş en Allemagne.
L’IGD est aujourd’hui dirigée par Ahmad Khalifeh, un cadre ikhwan d’origine turque proche du pouvoir à Ankara. Conscients que l’essentiel des musulmans d’Allemagne est d’origine turque, les Ikhwan y ont opportunément misé sur la coopération avec le Millî Görüş turc, créé à Cologne en 1986 par Necmettin Erbakan, ancien Premier ministre turc décédé en 2011 154 . Parmi les organisations liées au Milli Görüş, on peut citer l’Union des associations islamiques de Berlin, de Niedersachsen, de Brème, de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Hesse, dont le nombre de partisans, évalués à deux millions, constituent un soutien précieux aux Frères. Les Ikhwan ont également mobilisé d’autres associations : l’Union turque des associations culturelles islamiques en Europe (ATIB), l’Union des centres islamiques albanais en Allemagne (UIAZD), l’association islamique des bosniaques en Allemagne (IGDB), ainsi que la Ligue des associations islamiques en Allemagne au Rhine-Main (DIV).
L’inquiétude des services de renseignements allemands
Le développement des Ikhwan outre-Rhin inquiète sérieusement les services de renseignement allemands, ainsi que l’a montré une enquête menée par le Kölner Stadt-Anzeiger , publiée sur son site Internet le 10 décembre 2018. Selon les services allemands du Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV), les Ikhwan poursuivraient des objectifs « foncièrement hostiles à la démocratie et aux valeurs occidentales , sous couvert d’un discours officiel prônant la non-violence »  » 155 . S’appuyant sur un très large réseau de mosquées, écoles coraniques et organisations reconnues par les pouvoirs publics, l’IGD aurait pour objectif officieux de créer en Europe «  des États islamiques de droit divin  ». D’après le BfV, cette menace serait «  plus grave encore que celle représentée des organisations terroristes comme Al- Qaïda ou l’État islamique  ». Particulièrement actifs dans les land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Saxe, où ils détiennent sept lieux de réunion, les Frères d’Allemagne disposeraient d’un noyau dur d’un millier de membres actifs et recruteraient depuis quelques temps parmi les réfugiés (notamment syriens-anti-Assad), auxquels ils confieraient un rôle « d’espions », alerte le BfV.
Une autre étude menée par le CEMO, le Centre des Études du Moyen-Orient, alerte les autorités allemandes face à la menace des Ikhwan qui «  propagent leur idéologie dans le cadre de la loi germanique et imposent aux musulmans leur interprétation particulière du Coran et de la charià. Le Rassemblement islamique en Allemagne tente d’étendre son règne sur toutes les organisations islamiques modérées qui mènent des dialogues constructifs avec les autorités et avec l’Église en Allemagne. La Confrérie tient ainsi à étendre son influence sur toute la société  ». Plus récemment, le ministre bavarois de l’Intérieur, Joachim Herrmann, a déclaré que les Frères ont des positions «  opposées à la Constitution allemande  », et que «  l’État se doit d’être vigilant à cet égard  ». Le 16 mars 2019, c’est cette fois-ci un membre du Parti social-démocrate allemand d’origine égyptienne, Hussein Khodr, qui a présenté une requête à l’assemblée générale du parti réclamant l’interdiction des Frères musulmans en Allemagne compte tenu de leurs slogans radicaux et pro-terroristes. Khodr a également requis la création d’un comité qui présenterait périodiquement des rapports sur les Ikhwan , ainsi que les voies et moyens de lutter contre ce groupe. Il a d’ailleurs été réélu président du groupe chargé de l’émigration et de la diversité au sein du Parti social-démocrate 156 .
Espagne : les Frères musulmans « d’Al-Andalous » sous influence syrienne et marocaine
Le 11 juin 2017, le cheikh égyptien Ayman Khamis déclarait en direct, sur le plateau de Mekameleen TV , une chaîne de télévision liée aux Frères musulmans basée en Turquie, que « l’Andalousie est exactement comme la Palestine (…). Nous disons à l’Occident, nous n’oublierons jamais nos terres. Nous vous la reprendrons car c’est une terre occupée. L’Andalousie est occupée par les Espagnols exactement comme la Palestine est occupée par les Juifs. Et nous la récupérerons » 157 . Si le propos paraît inepte, il n’a rien de surprenant lorsque l’on connaît la vision islamiste irrédentiste de l’Espagne, qui continue de faire vivre le mythe d’Al-Andalus. En 711, près de 7 000 soldats musulmans, emmenés par Tariq ibn Zyad, un général omeyyade d’origine berbère, traversèrent le détroit de Gibraltar et partirent à la conquête de l’Espagne, où ils défirent le roi wisigoth don Rodrigo. Cette défaite marquait le début de la conquête islamique de l’Espagne – ils y restèrent jusqu’en 1492 – les territoires sur lesquels ils avaient fait main basse demeurant jusqu’en 750 sous la tutelle des califes de Damas.
De ce fait, les Frères musulmans voient le pays de Cervantès comme une ancienne terre d’islam ( dar al-islam ) à « reconquérir » qui appartiendrait au patrimoine et à l’histoire arabo-musulmanes. Pour les islamistes, l’Espagne est un pays islamique « confisqué » par les chrétiens. On retrouve d’ailleurs cette vision frériste et salafiste de la « reconquête » à rebours de l’Espagne sur de nombreux réseaux sociaux, dans nombre de prêches et textes, ainsi que dans tant de mosquées et lieux de prières. En Espagne, la situation est en fait très particulière.
Si les Frères ne disposent pas d’une entité apparente et officielle centralisée comme l’UOIF en France et semblent par contraste assez discrets, voire absents du débat politique, ils sont en fait très présents et influents, à travers une stratégie singulière. Arrivés à la fin des années 1960, ils ont bénéficié d’une loi promulguée en 1964 qui permettait de créer des fédérations religieuses au niveau national et provincial. Ainsi, dès 1971, un syrien natif de Homs, dénommé Nizar Ahmad al-Sabbagh, installé à Grenade, ville symbolique, créa une maison d’édition, The Islamic House 158 , qui publiait notamment les textes de Hassan al-Banna, Saiyyd Qutb ou Abou Ala al-Maoudoudi. Ce fut là l’un des premiers actes fondateurs de La Confrérie en terre ibérique.
Rapidement, des Frères « persécutés » dans leurs pays d’origine réussissant à trouver refuge en terre mécréante démocratique ouverte à tous les vents vinrent créer maintes associations dans toute l’Espagne. Parmi celles-ci, le Centre Islamique de Grenade, l’Islamic relief 159 , le centre islamique de Valencia – dirigé dans les années 2000 par un membre du parti Ennahda en Tunisie, Ridha Barouni 160  – suspecté par les autorités espagnoles d’avoir des liens avec des organisations terroristes au Soudan – ou encore la Ligue islamique pour le dialogue et la coexistence (LIDCOE). L’Union des communautés islamiques d’Espagne (UCIDE), basée à Madrid, reconnue quant à elle par les autorités dont elle est devenue un interlocuteur privilégié, est aussi liée à la FOIE.
Preuve de l’importance de l’Espagne aux yeux des Frères musulmans : leur nouveau chef spirituel qatari, Jassim Sultan, s’y est déplacé personnellement 161 à l’invitation des Communautés islamiques de Catalogne, notamment à l’occasion de leur congrès en 2015. L’objet des débats a par exemple concerné la «  participation citoyenne des musulmans dans la société  ». Sa venue correspondait à un moment charnière, puisque son sponsor émirien – également sponsor du Barça – redouble d’efforts pour se rapprocher des milieux d’affaires à Barcelone, mettant notamment en place, via Al- Jazeera, des partenariats dans le domaine du sport avec le groupe audiovisuel Médiapro, spécialisé dans l’acquisition des droits télévisés liés au football. S’en est d’ailleurs suivi depuis cette période une valse de lobbyistes, investisseurs et autres agents d’influence dans la capitale catalane mais aussi dans la province de Valencia, tous en lien, de près ou de loin, avec des membres de l’organisation au Qatar ou en France. En Espagne, les Ikhwan ont pris intelligemment racine en se fondant dans la société en évitant d’être trop apparents. Pour nombre de spécialistes du renseignement, s’ils y sont implantés depuis longtemps, ils n’en sont qu’au début de leur stratégie de « réislamisation », le Qatar étendant peu à peu son empreinte.
La tête du serpent : Les Frères à la conquête de l’Amérique du Nord
Les États-Unis compteraient aujourd’hui 8 millions de musulmans, dont 56 % issus de l’immigration et 42 % en provenance de la communauté noire-américaine. En fait, le besoin d’unifier les différents pôles de réislamisation, fort dispersés dans le Continent, motiva la création dans les années 1950 par la seconde génération d’immigrants, d’une Fédération des Associations Islamiques des États-Unis et du Canada (FIAUSC), dont le siège est à Détroit. En 1963, la Muslim Student Association (MSA) fut également mise sur pied dans les collèges et campus universitaires pour coordonner les activités des structures étudiantes, dans le but d’édifier une «  communauté musulmane idéale au service de l’Islam » . La MSA, qui a fait de l’islamisation des États-Unis l’un de ses objectifs officiels, a d’ailleurs incité à la création de nombreuses autres structures : la Muslim Community Association, l’American Muslim Social Scientists, la Muslim Youth of North America, l’American Muslim Scientists and Engineers, l’Islamic Teaching Center, l’Islamic Medical Association et l’American Muslim Mission.
En 1971 sont apparues également l’American Islamic Trust, en 1981, l’International Institut of Islamic Thought dans les années 1980, l’Islamic Society of North America, l’American Muslim Council, en 1990, la Muslim American Society (MAS) en 1992 162 . Ces structures, à la fois proches des Frères musulmans ou de la Jamat i- Islami pakistanaise, sont coiffées par l’un des principaux lobbies islamiques américains : l’Islamic Society of North America (ISNA). Nombre de groupes musulmans ont émergé depuis 1985, comme les United Muslims of America et l’Islamic Society of Greater Houston, qui ont encouragé les Musulmans américains à s’engager dans la politique et à lutter contre « l’islamophobie ». C’est dans ce contexte que les lobbies et organisations ayant vocation à lutter en faveur de la « défense des droits civils et politiques » des musulmans américains « opprimés », ont été mis en place ces dix dernières années : l’American Muslim Alliance (AMA), le Muslim Public Affairs Council (MPAC), et surtout le Conseil pour les Relations américano-islamiques (Council for American Islamic Relations – CAIR), fondé en 1994 à Washington par Nihad Awad, un Palestinien naturalisé américain. Représenté dans tous les États américains, le CAIR dispose de publications et d’un site internet particulièrement dynamiques 163 . Il s’emploie à lutter contre «  toute menace à la liberté religieuse des musulmans en Amérique  » et il incite les organisations fondamentalistes à présenter le plus possible l’islam frériste de façon positive. Depuis deux décennies, il se décrit comme «  la plus importante organisation de défense des droits civils des musulmans aux États-Unis  » 164 et il y domine la nébuleuse frériste. Son directeur de recherches, Abb as Barzegar, affirma que les « Frères-musulmans sont un simple mouvement social  », mais personne n’est dupe des liens du CAIR avec les Frères égyptiens, palestiniens ou autres mouvances islamistes-suprémacistes mondiales, voire même terroristes palestiniennes. Le CAIR a en fait été créé par l’Association Islamique pour la Palestine, un groupe qui avait été qualifié par l’officier fédéral du FBI Oliver Revell 165 comme le «  paravent du Hamas aux États-Unis  ». La seconde plus grosse organisation frériste d’Outre-Atlantique est la Muslim American Society (MAS), basée à Falls Church, en Virginie. Dans son site internet, elle gomme sa dimension frériste en se présentant comme une «  organisation dynamique charitable, religieuse, sociale, culturelle et éducative disposant de plus de 50 chapitres à travers les États-Unis  ». Pour les milieux sécuritaires, la MAS est pourtant connue comme une organisation subversive, qui, sous couvert de combat social et civique et de lutte contre « l’islamophobie », a soutenu le Hamas, demeure fanatiquement antisioniste et a même défini le jihad comme un « droit divin légal » pour défendre et propager l’islam 166 .
L’objectif des dirigeants de ces grands lobbies islamiques nord-américains est parfaitement conforme au projet frériste du Tamkine et de la Hakimiyya  : ainsi, Ibrahim Hooper, l’un des leaders du CAIR, souhaite que «  les États-Unis deviennent un pays musulman  » 167 , tandis qu’ Abdulrahman Al-Amoudi, alors à la tête de l’American Muslim Comunity (AMC), déclarait, lors d’une conférence de l’Association Islamique pour la Palestine tenue à Chicago en décembre 1996 : «  les États-Unis deviendront un pays musulman, même si cela doit prendre une centaine d’années  (…), il faut travailler au renforcement du pouvoir des Musulmans américains  » 168 . En 2004, Al-Amoudi fut condamné à 23 ans d’emprisonnement pour complicité de tentative d’attentat contre le roi Abdullah 1er d' Arabie saoudite, jugé « pro-sioniste », puis pour avoir fait parvenir à Al- Qaïda et d’autres groupes terroristes, au nom de l’association de charité musulmane Holy Land Foundation for Relief and Development, des millions de dollars à travers des montages bancaires frauduleux. Cet Érythréen de naissance accueilli en 1979 aux États-Unis, installé à Falls Church, en Virginie, et naturalisé américain en 1996, devint un important lobbyiste islamiste. Il fut même reçu officiellement par les Présidents Bill Clinton et George W. Bush, sensibles à sa stratégie de « lutte contre l’islamophobie » et de « communautarisme modéré », qui seraient des antidotes contre le jihadisme 169 . D’après Steve Emerson, l’AMC et le CAIR sont animés par «  une idéologie de violence, de suppression de la vraie liberté d’expression et de discrimination entre hommes et femmes et défendent les réseaux et militants islamistes, parfois même terroristes  » 170 . C’est ainsi que l’AMC aide régulièrement à la collecte de fonds à destination du Hamas, dont l’un des leaders , Moussa Abou Marzuk, lorsqu’il fut arrêté à l’aéroport JFK en juin 1995, fut ardemment défendu par le CAIR et l’AMC puis relâché peu après. C’est d’ailleurs dans le but de contrebalancer les lobbies sionistes que ces associations fréristes et d’autres (United Muslims of America et Islamic Society of Greater Houston) ont lancé des campagnes encourageant les musulmans à s’engager en politique. En 1990, la Muslim Arab Youth Association (MAYA) déclarait, lors d’une conférence organisée en décembre 1989 à Kansas City : «  la solution islamique est la seule solution, la lutte, c’est la solution militaire, l’Amérique est l’ennemi absolu et c’est à partir d’ici que les Juifs attaquent et se fournissent en armes et en soldats  » 171 .
L’islamisme frériste choyé par  Barak Obama et  Hillary Clinton
Avec l‘arrivée au pouvoir de Barak Hussein Obama, le rapprochement entre l’administration américaine et les Frères s’est intensifié. Deux indices révèlent la perméabilité d'Obama vis-à-vis de l’islamisme et des Ikhwan . Tout d’abord son fameux discours du Caire de 2009, qui vantait les « lumières et la modération du monde musulman », d’Al- Azhar et des Saoud aujourd’hui, et des califats abbassides et ommeyyades hier, pourtant prédateurs de l’Europe chrétienne et qui soumirent les chrétiens d’Orient. Ensuite, son entourage issu des Frères musulmans puis le soutien qu’il apporta à La Confrérie durant le Printemps arabe. D’importantes personnalités fréristes ont gravité autour d'Obama : Arif Ali-khan, avocat indo-pakistanais professeur à l’Université de la Défense Nationale, nommé en 2009 secrétaire adjoint à la Sécurité intérieure puis Conseiller du président pour les pays musulmans. Fondateur de l’Organisation mondiale islamique des Frères, ce dernier servit d’intermédiaire entre l’Administration Obama et les mouvements islamistes lors du « printemps arabe ». Il défendit l’accession au pouvoir du Frère Mohamad Morsi en Égypte et d’Ennahda en Tunisie ; l’américano-égyptien Mohamed Elibiary, Frère musulman dont les parents ont fui les répressions de Nasser, admirateur de Saiyyd Qutb, ex-directeur de la section de Houston du CAIR. C’est lui qui rédigea le discours d’Obama appelant Hosni Moubarak à quitter le pouvoir au profit des Frères lors du Printemps arabe ; l’avocat américano-indo-pakistanais Rached Hussein, devenu en janvier 2009 conseiller juridique à la Maison Blanche et qui rédigea le fameux discours du Caire 172 ; l’américano-irakien Salem el-Marayati, ex-directeur du Muslim Public Affairs Council, nominé en 2002 pour rejoindre la National Security Agency malgré les soupçons qui ont pesé sur la MPAC après le 11 septembre 2001 ; l’américano-soudanais Mohamed Majid, spécialiste de l’exégèse coranique et fils de l’ancien mufti du Soudan émigré aux États-Unis en 1987, qui a été enseignant à l’Université de Howard puis a milité pour la criminalisation de toute « diffamation de l’islam » avant d’être nommé en 2011 conseiller au Department of Homeland Security (DHS) chargé de la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, puis conseiller du FBI. Enfin, l’indo-américain Eboo Patel, sociologue frériste, membre du Comité consultatif religieux du Council on Foreign Relations. Ce proche ami de Hani Ramadan a été consultant au département de la Sécurité intérieure et membre du conseil du Barak Obama’s Advisory 173 .
Hillary Clinton a elle aussi été secondée par une personnalité très proche des Frères, Huma Mahmoud Abidin, une indo-pakistanaise ayant grandi et étudié en Arabie saoudite. Cette influente ex-chef de cabinet adjoint de Mme Clinton joua un rôle majeur au début du « printemps arabe ». Son pédigrée islamiste familial est impressionnant 174 . Rappelons également que, lors d’une rencontre privée à West-Beaumont, l’homme d’affaire pakistanais Tahir Javed offrit 500 000 $ à la fondation chargée de financer la campagne d'Hillary Clinton et l'Arabie saoudite finança plus de 20 % du coût de la campagne présidentielle d'Hillary, ainsi que l’a révélé le prince Mohammed ben Salmane 175 lui-même. Déjà en 2008, la Clinton Foundation, présidée par Bill Clinton et sa femme, avait accepté 25 millions de dollars du royaume saoudien 176 .
La stratégie victimiste du CAIR pour masquer son suprémacisme judéophobe
Le CAIR, auquel nous avons fait référence, a été créé en 1990, comme le stipule son site internet, afin de «  remettre en question les stéréotypes de l’Islam et des musulmans  » 177 , en tant que « groupe de défense islamique basé à Washington » dédié à «  contester la discrimination anti-musulmane du pays  ». Cette organisation clairement judéophobe et liée au Hamas affirme qu’elle «  a une expérience réussie dans la défense des libertés civiles et de la tolérance  ». Pourtant, lors du procès de la Holy Land Foundation (qui a conduit à une condamnation pour le transfert de fonds au profit du Hamas en 2008), des documents saisis ont permis d’incriminer l’association pour ses activités subversives 178 sur le sol américain, notamment sa «  stratégie visant à éliminer et détruire la civilisation occidentale de l’intérieur  » 179 . En 2007, des procureurs fédéraux ont accusé le CAIR d’avoir participé à un « complot criminel » visant à soutenir financièrement le Hamas. Récemment, ce sont les Émirats arabes unis qui ont classé le CAIR parmi les organisations terroristes internationales liées au Hamas. Le CAIR s’est alors plaint auprès de l’administration Obama, qui a obtenu de la part du porte-parole du département d’État américain, Jeff Rathke, une déclaration assurant que les États-Unis «  ne considèrent pas cet organisme comme organisation terroriste  ». En février 2016, la Commission de Justice de la Chambre des représentants a adopté une résolution, par 17 voix contre 10, demandant malgré tout au département d’État d’inscrire les Frères musulmans (donc le CAIR) sur la liste des organisations terroristes. Selon le président de la Commission, Bob Goodlatte, les Frères constitueraient une «  grande menace et un danger pour la sécurité nationale  » 180 .
Plus récemment, le successeur de Barak Obama, Donald Trump, a évoqué son intention de faire interdire l’organisation frériste et même de la placer sur la liste des mouvements terroristes. Ce projet faisait déjà partie des bagages du secrétaire d’État Mike Pompeo lors de sa prise de fonction. Il a d’ailleurs été reformulé par les sénateurs Ted Cruz et Mario Diaz-Balart le mois même de l’investiture de M.Trump, pour contraindre le département d’État à indiquer au Congrès «  si les Frères musulmans remplissaient les critères pour être désignés comme une organisation terroriste étrangère  » 181 . Comme pour faire oublier ses déboires, le CAIR a contre-attaqué en dénonçant « l’islamophobie » américaine croissante. Et lors des graves évènements de meurtres de policiers blancs tués par des snipers noirs en réaction à des meurtres de jeunes noirs tués par des policiers blancs, le CAIR a appelé les musulmans américains «  victimes de racisme  », à faire cause commune avec les Noirs. Comparant leur sort avec celui des musulmans, Khalilah Sabra, présidente du chapitre « Immigrant Justice Center » de la Muslim American Society, puis Nihad Awad, le président-fondateur du CAIR, ont soutenu la campagne « BlackLivesMatter » 182 . Malgré cela, les Frères ont toujours pignon sur rue aux États-Unis, où les démocrates les aident à lutter contre « l’islamophobie de Donald Trump ».
Les Frères musulmans officiellement interdits en Russie
En Russie, pays qui compte une forte proportion de musulmans mais qui combat les islamistes et l’islam politique fréro-wahhabite ou « takfiriste », La Confrérie est considérée comme « organisation terroriste ». Par une décision du 14 février 2003, la Cour suprême de Russie a en effet prohibé les Frères musulmans, accusés d’avoir aidé à la création d’une organisation islamique terroriste caucasienne, Le Majlis ul-Shura militaire suprême des Forces unies des Moudjahidine, fondée et dirigée dans les années 1990 par les chefs terroristes tchétchènes Ibn Al-Khattab et Chamil Bassaev. Cette organisation a perpétré maints attentats terroristes en Russie dans les années 1990. Dans l’arrêt précité, la Cour suprême russe stipule que «  la Société des Frères musulmans est une organisation fondant ses activités sur les idées de ses théoriciens et dirigeants Hassan al-Banna et Sayyid Qutb, avec pour objectif la destruction des gouvernements non islamiques et la création d’un gouvernement islamique mondial par la reconstruction du 'Grand Califat islamique ' », dans les régions à majorité musulmane, incluant celles de Russie, et des pays de la CEI. Elle indique aussi que l’organisation est illégale dans certains pays du Moyen-Orient (Syrie, EAU, Arabie saoudite, Jordanie, Égypte, Ouzbékistan, Kazakhstan, Turkménistan, etc) et que ses principales formes d’activité vont de la propagande islamiste guerrière à l’intolérance. Cette description, par la justice russe, des Frères musulmans d’après leur histoire, leurs buts et leur idéologie, dénote avec la façon dont ils sont considérés dans la plupart des pays occidentaux, comme de simples « conservateurs ».
L’Autriche et son « islam national » fermé aux ingérences étrangères,
un exemple pour la France ?
Ailleurs, en Occident, les Frères ont récemment subi quelques revers, notamment en Autriche, qui a fait interdire officiellement le symbole des Ikhwan et qui a mis sur pied, entre 2014 et 2015, un islam national. D’autres pays membres de l’Union européenne pourraient s’inspirer de l’exemple autrichien – qui, en 2015, donc avant l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, a réussi à faire interdire le financement des lieux de culte par des puissances étrangères (Turquie, Arabie saoudite, Pakistan, Maroc, Qatar, Iran, etc) – pour bâtir un véritable islam respectueux des valeurs nationales et occidentales en vigueur. N’oublions pas que l’Autriche, depuis l’empire austro-hongrois, pays de très vieille tradition musulmane, a toujours représenté le culte musulman au niveau officiel. Ces dernières années, les autorités de Vienne se sont rendu compte que l’islam était monopolisé par des fanatiques et/ou des puissances étrangères ayant pour but d’empêcher l’intégration de leurs sujets/ex-concitoyens et d’en faire des communautés séparées exigeant des extra-territorialités juridico-civilisationnelles. Vienne a de fait interdit les mosquées salafistes, a fait expulser tous les imams pro-saoudiens, pro- Erdogan ou fréristes.
Quant à la France, le 25 avril 2019, à l’issue d’une longue consultation nationale sur l’islam hexagonal, le président français Emmanuel Macron avait déclaré qu’il fallait être « intraitable » face à «  un islam politique qui veut faire sécession avec notre République  », semblant ainsi désigner les Frères musulmans. Toutefois, les décisions prises par le gouvernement français et les initiatives tolérées ou même encouragées des différentes structures des Ikhwan en France semblent confirmer qu’il n’en est rien.
L’islam de France,
otage des Frères musulmans ?
La volonté politique d’organiser l’islam en France remonte déjà aux décennies 1980-1990. Elle a abouti à la création, en 2003, par Nicolas Sarkozy, du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). L’ex-ministre de l’Intérieur et du Culte d’alors avait pris acte, de façon assez cynique, du fait que les plus prompts à s’investir dans cette entreprise d’islam de France étaient – certes en concurrence avec la mosquée de Paris et les pôles marocain, turcs et tablighis – les personnalités et structures fréristes.
Grâce à cette capacité à s’adapter et à jouer sur plusieurs tableaux, les Frères musulmans français avaient bénéficié d’un procédé de vote voulu par Nicolas Sarkozy favorisant les mosquées ayant les plus grandes superficies, souvent fréristes, et ils avaient été les premiers dirigeants du CFCM. Ils sont aujourd’hui partie prenante des trois projets ambitionnant de contribuer à organiser le nouvel « islam de France », encouragé par Emmanuel Macron :
1/ Le projet porté par Hakim al-Karoui 183 , l’ex-banquier d’affaires proche du président et de l’Institut Montaigne, qui a réalisé pour ce dernier trois rapports sur la réorganisation de l’islam en France et qui préconise, dans « La Fabrique de l’islamisme » (2018), la création de l’Association des Musulmans pour l’Islam de France (AMIF), qu’il aurait créée avec l’appui officieux de l’Élysée.
2/ Le projet du CFCM, qui a récemment créé l’Association pour le Financement et le Soutien du Culte Musulman (AFSCM).
3/ Le projet de Marwan Muhammad : L.E.S. Musulmans, qui, à l’issue d’une « consultation des musulmans », a créé cette nouvelle structure, également nommée « plateforme nationale de coopération des communautés musulmanes ». Celle-ci regrouperait 160 associations et mosquées.
D’après Amar Dib, analyste, entrepreneur et intellectuel lyonnais, grand acteur et observateur de l’islam de France depuis des années, conseiller du recteur Dalil Boubakeur et adepte d’un islam français ouvert et loyal envers les valeurs de la République et de l’Occident, «  le CFCM et les autres pôles de l’islam de France se sont sentis obligés de lancer à la va-vite des initiatives pour ne pas en laisser le monopole à El-Karoui. En fait, l’AMIF, les Musulmans de France, leurs alliés turcs, Marwan Mohammad et les Marocains, ont tous un projet, les Turcs étant en ce moment les plus actifs autour du halal et de l’appel aux musulmans turcs de France à investir massivement le champ religieux et politique. (…) ». Mais à la fin du compte, poursuit-il, «  ces différents courants de l’islam de France – endogènes comme ceux pilotés par des puissances étrangères (Turcs, Marocains, etc.) – finiront par être obligés de trouver un relatif consensus, en mixant les initiatives, et une direction collégiale finira par intégrer tout le monde à travers une 'neutralisation réciproque', le président Macron étant à mon avis capable de susciter cela ».
À propos des Frères musulmans, dont les multiples de Grandes mosquées et lycées musulmans font couler de l’encre depuis des mois, l’honorable expert estime ainsi qu’il y a «  trop de projets de mosquées, de centres islamiques et de lycées financés par l’étranger avec à leurs têtes des imams qui n’ont aucune formation, malgré leur connaissance par cœur du Coran (…). Il est donc urgent de bien les former avant de construire de nouvelles mosquées, ou encore des écoles dans lesquelles l’enseignement est souvent rétrograde, avec des filles voilées dès l’âge de 5 ans… Nous devons rester vigilants, car je pense que de nombreux projets nous échappent ainsi même parfois qu’aux services de renseignements qui ne peuvent pas voir tout. On observe en effet sur le terrain une rupture inquiétante entre des pseudo-leaders de l’islam en France, des prêcheurs obscurantistes qui par exemple déclarent la fête de Saint Valentin anti-islamique ou interdisent les sapins de Noël en déclarant « apostats » les musulmans qui s’y adonneraient (…). Quant à Ahmed Ogras, dont le mandat est arrivé à échéance durant l’été 2019, il ne fait plus l’unanimité, même si les Turcs demeurent importants. »
À propos du projet de Marwan Mohamed, des Frères musulmans, officiels ou officieux, ou encore de personnalités comme Tareq Oubrou, sur lequel nous reviendrons plus tard, il est intéressant de recueillir l’avis éclairé du conseiller personnel du recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur, Amar Dib, par ailleurs consultant, sociologue et ancien travailleur social. Il nous explique que chacun doit avoir un discours clair, et que « des personnalités en vue qui ont été des piliers et même des têtes pensantes de l’UOIF pendant 15 ans [donc des Frères-musulmans en France, ndlr] et qui demeurent des cadres actifs et des références de MF, ne peuvent pas d’un coup prétendre être étrangers à cette mouvance en changeant le discours mais pas le fond doctrinal. Quand on ne bouge pas sur le voile, présenté comme obligatoire pour les femmes, on doit à un moment ou à un autre dire d’où l’on parle et choisir son camp. Il importe que les futurs promoteurs de projets pour l’islam de France soient transparents sur leurs idéologies (…). Il faut faire attention au double discours. Cela est valable pour tout le monde, y compris ceux qui, à l’opposé, sont réellement adeptes d’un islam ouvert, privatisé et français, mais qui par opportunisme, vont s’adresser à des pays étrangers du Golfe, très rigoristes. Je rappellerai que si la question des fonds est incontournable, d’autres expériences dans le passé allaient dans le bon sens, lorsque le projet de Fondation de l’islam de France de Dominique de Villepin avait vocation à s’adresser non pas à des puissances du Golfe, mais à des entreprises telles Dassault, ce qui me semble plus acceptable et plus « français » . »
L’AMIF, ou le projet du pragmatique
El- Karoui
Pour Hakim El-Karoui et Abdelaq Nabaoui, l’islam de France devrait être intégré dans le régime concordataire alsacien qui permet de bénéficier des subsides publics, ce qui n’est pas légal dans le reste de la France, sujette au régime de la stricte laïcité. L’idée, au départ louable, consiste à profiter du système concordataire pour faire «  émerger un islam français » . Bien qu’adepte d’un islam éclairé, El-Karoui s’est associé à plusieurs personnalités fréristes et ex-UOIF qui prétendent lutter contre le salafisme, tout en se rapprochant des Émirats arabes unis qui mènent une croisade internationale contre les Frères. Toujours est-il que pour El-Karoui, le centre du problème demeure le volet économique, d’où son idée de taxe halal et de financement d’un islam de France organisé et centralisé.
En réalité, derrière le projet d’un « islam de France », que Charles Pasqua et Jean- Pierre Chevènement n’ont pas réussi à installer lorsqu’ils étaient ministres, se cachent les stratégies d’entrisme extrêmement efficaces de curieux « réformistes » qui sont en fait d’anciens Frères et dont la formation les pousse à nier le fond du problème : les injonctions belligènes et intolérantes envers les non-musulmans et les femmes contenues dans la tradition islamique ( Charià, Sira, Hadith, Fiqh, Coran ). Il est certes difficile de contester la légitimité de l’objectif d’El-Karoui, exprimé dans son rapport La fabrique de l’islamisme , visant à lutter contre les financements et ingérences d’États étrangers qui radicalisent l’islam depuis des décennies et empêchent ainsi la pleine intégration des musulmans appelés à demeurer des « sujets » des pays d’origine ou/et à se « désassimiler ». Toutefois, « l’islam français » n’est pas forcément plus « modéré » que l’islam consulaire. Dans les faits, le seul pôle modéré de l’islam de France demeure celui de la mosquée de Paris, lié à l’État algérien, via son recteur Dalil Boubakeur, adepte des Lumières et de Voltaire. En dehors de lui et de quelques imams modérés, mais très isolés, comme Hassen Chalghoumi, l’islam qui « monte » auprès des jeunes musulmans de France détachés des pays d’origine est le salafisme et le frérisme, qui disposent le plus de financements autonomes ( via fidèles et le commerce du hallal ), parallèlement au pôle « turco-ottoman » en pleine ascension, au Maroc et au Qatar. Cet islam « fréro-salafiste », imprégné de la doctrine obscurantiste de la 4 e  école juridique sunnite, le hanbalisme, s’étend dans les cités abandonnées par l’État, dans les prisons, et dans les universités ou associations de formation analysées précédemment. Parmi les membres de l’AMIF, partenaires majeurs d’El-Karoui, certains profils n’ont pas l’air d’incarner la modération et l’élan « réformiste-laïque » affiché, leur point commun étant de ménager les idéologues et jurisconsultes de référence de La Confrérie. Outre El-Karoui et l’ex-Frère musulman Abdelhaq Nabaoui, le président du conseil régional du culte musulman (CRCM) d’Alsace qui sévit sur Oumma.com 184 , cités plus haut, l’AMIF a comme figures de référence l’ex-Frère musulman Tareq Oubrou, intellectuel autodidacte ami d’Alain Jupé et imam de la mosquée de Bordeaux, et le « réformiste » Mohamed Bajrafil, lui aussi rompu au discours ambigu.
Mohamed Bajrafil
Imam d’Ivry-sur-Seine d’origine comorienne, le médiatique Bajrafil est l’auteur de la  Lettre à un jeune musulman 185 . À l’instar de Ramadan, il est souvent présenté comme un spécialiste loué pour son combat en faveur d’un «  islam républicain ». En réalité, Bajrafil est membre du « Conseil Théologique des Musulmans de France », composé de prédicateurs favorables aux Frères, et dont le vice-président et co-fondateur n’est autre que l’islamiste radical et prédicateur de renom Mohamed Najah. Bajrafil a d’ailleurs été formé à l’école de Safwat Hijazi et Youssouf al- Qardaoui, qu’il présente dans ses déclarations comme « ses références » (cf. son site officiel). Dans son livre Islam de France an I 186 , Bajrafil qualifie de «  livre de référence du droit musulman dans la gestion du pouvoir  » (p. 37) l’ouvrage Les Statuts gouvernementaux  d’Al- Mawardi (972-1058), référence majeure de l’islamisme radical dont le « traité de droit » a pour objectif de guider les musulmans vers le « Califat idéal ». Parmi les dispositions chères à Mawardi, jamais dénoncées par Barjafil, figurent l’interdiction d’édifier des églises en terre d’islam et les mesures discriminatoires chariatiques contre les chrétiens et les infidèles ( dhimmitude ). Voici deux des passages édifiants du traité de Mawardi : «  ils ne peuvent élever en pays d’islam de nouvelles synagogues ou églises, qui sont, le cas échéant démolies à leur détriment  » ; «  on doit combattre ceux qui, après y avoir été invités, se refusent à embrasser l’islam, jusqu’à ce qu’ils se convertissent ou deviennent tributaires » . Bajrafil loue également les mérites du «  grand juriste musulman  » Ibn Qayyim al-Jaziyya 187 , l’auteur d’un traité intitulé Le Statut des tributaires (Akâm ahl al dhimma), qui invite à dominer les chrétiens et leur interdit de sonner les cloches ou d’exhiber des croix. Bajrafil vante également Youssef al-Qardaoui, qualifié d’homme « respectable », car « il a fini ses études de doctorat en 1979 quand j’étais encore en couches. Je n’ai pas à me moquer de lui  ». En 2012, il déclare d’ailleurs que «  c’est un humaniste convaincu avec lequel on peut être d’accord ou ne pas être d’accord  ». À l’instar d’autres « réformistes », Bajrafil n’a jamais dénoncé l’idéologie totalitaire des Ikhwan , encore moins les nombreuses références du Coran, des ahadith , de la Sira , de la Charià et du Fiqh qui invitent à tuer, soumettre, humilier ou assujettir les non-musulmans « apostats » ou insoumis. Enfin, concernant Tariq Ramadan, Bajrafil ne l’a jamais désavoué, disant de lui : «  au moins il a travaillé, il a fait réfléchir sa tête, il a sorti de sa tête ce qu’il croit être bon pour sa communauté (…) Pourquoi faire des mises en garde contre Tariq Ramadan ? » . Rappelons en outre que cette figure du « nouvel islam modéré national » a organisé dans sa mosquée d’Ivry des « Weekends du ramadan » en juin 2018, avec la participation de Noureddine Aoussat, soutien inconditionnel des Frères égyptiens, qui affirma lors d’une conférence chez l’imam Khattabi de Montpellier : « C’est Allah qui a envoyé son Messager, avec la religion de la vérité, afin qu’elle triomphe, qu’elle prenne le dessus sur tout, même si les polythéistes et les Mécréants voudraient autre chose, voudraient l’arrêter, ils ne pourront pas le faire » 188 . Sur son site officiel, Bajrafil cite deux théoriciens du « jihad offensif » : Al- Bouti, qualifié d’une de ses «  plus grandes rencontres  », et le Cheikh Abu Bakr al-Jazaïri, qu’il a eu lui aussi «  l’honneur » de rencontrer. Al-Jazairi affirme par exemple, dans La Doctrine du croyant , que «  l’Europe connaîtra un jour le pire malheur, et endurera la pire agonie pour ses crimes contre l’Islam, la religion d’Allah qui est aussi la sienne, car elle ne peut en avoir d’autres. Pour ce qui lui arrivera elle ne devra s’en prendre qu’à elle-même car Allah n’est pas injuste » 189 . Malgré tout cela, les médias présentent le Conseil théologique de Mohamed Najah et Bajrafil comme un outil de réflexion au service d’un «  islam modéré  » . On se demande à quel genre de « modération » on a affaire quand on se souvient que Barjafil a condamné (vidéo à l’appui) la foi « hérétique » des Ahmadiyya, une secte musulmane soufie.
Tareq Oubrou
L’actuel imam de la mosquée Al-Houda de Bordeaux (qui se fait appeler « Grand Imam de Bordeaux »), membre de l’UOIF pendant 35 ans – il l’a quittée en mai 2018 – développe lui aussi un discours républicain, prône une « faible visibilité des musulmans » et diffuse l’idée de «  charià de minorité ». À travers le concept ambigu, typiquement frériste, d’une «  charià intégratrice qui ne se pose pas en rupture  », Tareq Oubrou affirme que la charià pourrait s’appliquer en plusieurs domaines aux musulmans dès lors que celle-ci aurait été dépouillée de son caractère hégémonique conditionné à son statut majoritaire. Il est notamment l’auteur de le la tribune des «  30 imams indignés prêts à nous mettre au service de notre pays  » qui avait été publiée dans Le Monde et dénonçait le terrorisme et l’antisémitisme en France, en réponse au « Manifeste contre l’antisémitisme » (sous-entendu islamique) publié par 300 personnalités 190 et rédigé par Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo . Bien que se défendant de répondre aux 300 qui demandaient que les «  versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des Juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés de caducité par les autorités théologiques » , Oubrou a riposté dans une contre-tribune co-signée par d’autres figures musulmanes 191 , en niant la réalité : «  Je ne sais pas dans quelle langue ils ont lu le texte coranique Il n’y a pas d’appel au meurtre, ni à l’époque du Prophète, ni aujourd’hui. Il faudrait changer les lunettes et l’esprit et la perception qu’on a du texte. L’Islam appelle à la paix et ce combat, mené par le Prophète, est pour asseoir la paix, pour que chacun choisisse la religion qu’il entend ».
Mais revenons aux propos les plus explicites de celui qui critique l’idéologie néo-califale de Daech et vante dans le même temps le projet suprémaciste califal dans une vidéo récemment exhumée : «  Le Califat est déclaré aboli par Atatürk (…) un Juif d’origine et qui s’est déguisé en musulman…(…). Le Califat est une obligation, et la réunion des musulmans autour de ce Calife est une obligation, et tant que les Musulmans ne sont pas réunis autour du Califat, ils sont des pécheurs, sauf ceux qui œuvrent pour instaurer ce Califat ! […]. La frontière entre deux pays musulmans est une hérésie méprisable par l’Islam. Les Frères Musulmans ne reconnaissent pas les frontières entre les peuples musulmans. Ils reconnaissent une communauté qui doit être réunie autour d’un Califat qui a ses représentants dans ces différents pays (Wilaya). C’est un gouvernement car la politique est un élément, une partie de l’Islam. (…) Il dirige la vie par la religion. C’est une manière de vivre, c’est une conception des choses, c’est un mode vie selon la volonté d’Allah (…). C’est parce que Allah nous a demandé de construire des individus musulmans, des familles musulmanes, des sociétés musulmanes, des états islamiques, un califat islamique qui réunit tous les états islamiques ! C’est parce Allah nous a demandé de faire ça qu’on le fait !  ». Et celui qui assure aujourd’hui ne pas être un Frère musulman fait l’éloge du fondateur des Ikhwan  : «  Hassan El Banna, bien sûr qu’il est dangereux pour l’Occident (…) ils ont fêté sa mort… ici en Europe toutes les églises ont fait sonner leurs cloches. Mais l’Imam El Banna était très intelligent, il ne se manifestait pas, il procédait étape par étape… [.] C’était trop tard pour eux […] Il a laissé des générations qui se sont infiltrés dans les sociétés. (…) Bien sûr c’est un dang er ! » 192 Interrogé sur RMC 193 par un journaliste qui lui pose la question suivante : «  Considérez-vous toujours Qardaoui et Al-Banna comme des références ? Vous avez pendant 35 ans été proche des Frères musulmans avec lesquels vous avez mené des conférences très importantes, et d’ailleurs dernièrement  » , Oubrou répond : «  Je ne suis pas un homme de rupture. Je rencontre les Frères musulmans, les salafistes, les sionistes, les juifs, les chrétiens de tous bords. Mais ça a été ma famille quand j’avais 19 ans. Ce sont des gens avec lesquels j’ai vécu. L’UOIF, aujourd’hui, c’est une institution très sécularisée, contrairement à ce qu’on dit. (…). Les Frères musulmans, c’est un mot qui recouvre des réalités multiples et complexes (…). Al-Banna c’est un homme de son temps. En 1948, il a voulu renoncer à l’engagement politique parce qu’il a vu que le politique allait phagocyter tout son mouvement. Malheureusement, ses disciples ne l’ont pas suivi » 194 . Oubrou prend ensuite la défense d’Al-Banna, reconnaît son appartenance à l’UOIF, puis loue les pires ennemis de l’islam modéré et réformiste : Al- Ghazali 195 – l’adversaire d’Averroès qui fixa l’orthodoxie sunnite, bannit le soufisme hétérodoxe et le rationalisme mutazilite puis condamna Averroès et les philosophes – ainsi qu’ Ibn Taimiyya 196 , référence suprême de tous les Fréro-salafistes. Dans son livre, il explique : «  si le mensonge permet la réconciliation, le mensonge devient alors moral, il devient recommandé, voire obligatoire car il n’est plus mensonger  » 197 .
En dépit de cette avancée des Frères ou ex-Frères « modérés » dans l’hexagone, il semble que depuis quelques années, du fait de la réaction aux attentats terroristes notamment, le climat général en Occident leur soit moins favorable. Outre les propos très durs du Premier ministre français Manuel Valls sur le caractère subversif et « islamo-fasciste » 198 de l’idéologie frériste, même la Grande-Bretagne, d’habitude si « islamistement correcte », semble avoir pris conscience du danger que constitue l’action de cette organisation en termes de sécurité et d’intégration des citoyens musulmans issus de l’immigration. C’est ainsi qu’en avril 2014, le Premier ministre britannique David Cameron a diligenté une enquête sur les liens des Frères musulmans en Grande-Bretagne avec les mouvances extrémistes et terroristes 199 . Cette décision a été immédiatement saluée par l’Égypte du Maréchal président Abdel Fatah Al-Sissi, lui-même en guerre contre l’ Ikhwan . Du coup, les Frères ont subitement déplacé leur siège de Londres en Autriche, afin d’échapper à l’enquête 200 dont les résultats auraient prouvé les liens avec des groupes ayant « pour but réel de propager le fondamentalisme en Grande-Bretagne et dans le monde arabe » 201 .

1 . S. Amghar, « Les Frères musulmans en Europe : vers un islamisme de la minorité », in  S. Amghar (dir.), Islamismes d’Occident : états des lieux et perspectives , Paris, Lignes de repères, 2006.
2 . Fayçal Mawlawi, Fiqh Al ‘Ibadat (« La jurisprudence des actes d’adoration »), 2001, Beyrouth. Mawlawi, (1941-2011), homme politique et religieux libanais, a été vice-président du Conseil européen pour la Recherche et l’Iftaa, et secrétaire général de la Jamaà islamiyya, parti islamiste libanais financé par le banquier suisse nazi François Genoud.
3 . Samir Amghar, « Europe, terre d’influence des Frères musulmans », Politique étrangère , été 2009, pp 377 à 388.
4 . Tareq Oubrou, « Introduction théorique à la charia de la minorité », Islam de France, no  2, p. 199.
5 . Youssef Al-Qardaoui, Fi Fiqh al-Aqaliyyat al-Muslima : Hayat al-Muslimin Wasat al-Mujtama’at al-Ukhra  (« La jurisprudence de la minorité musulmane : l’attitude modérée du musulman dans une autre société »), Le Caire, Dar al-shuruq, 2001, p. 57.
6 . T. Jabir al-Alwani, Introduction au statut des minorités. Vers un fiqh des minorités musulmanes en Occident, Paris, IIIT France, 2007.
7 . Soage, « Sheikh Youssef Al-Qardaoui », p. 567.
8 . Ibid.
9 . Valentina Colombo, « Vietato in Nome Di Allah. Censura E Violenza dell’Islam Europeo », l’Occidentale, 25 mai 2010.
10 . « Gulf Officials Blast Sheikh Yousuf Al-Qardaoui ».
11 . « Al-Qardaoui Speaks In Favor of Suicide Operations at an Islamic Conference in Sweden », MEMRI, 24 July 2003, https://www.memri.org/reports/al-qaradhawi-speaks-favor-suicide-operations-islamic-conference-sweden .
12 . Fiametta Vener, « Youssef Al Qardaoui recherché par Interpol ? La riposte contre les Frères viendra du monde des « anciens musulmans » méprisés par Qardaoui, et pas forcément de la manière la plus démocratique », Huffington Post, 8 décembre 2014. https://www.huffingtonpost.fr/fiammetta-venner/qui-est-youssef-al-qarada_b_6286738.html .
13 . Marc Lynch, « Qaradawi’s Revisions », Foreign Policy, 9 July 2009, https://foreignpolicy.com/2009/07/09/qaradawis-revisions/ .
14 . Il décrit ainsi les musulmans en Occident comme du « sel dans l’eau », luttant pour ne pas perdre leur « identité islamique », in Haji Mohamad, « European Islam and Reform », p. 66.
15 . Haji Mohamad, p. 67.
16 . Haji Mohamad, p. 68-69.
17 . Sheik Yousuf Al-Qaradhawi : « Islam’s “Conquest of Rome” Will Save Europe from Its Subjugation to Materialism and Promiscuity », MEMRI, 28 July 2007, https://www.memri.org/tv/sheik-yousuf-al-qaradhawi-islams-conquest-rome-will-save-europe-its-subjugation-materialism-and . voir aussi Qardaoui on Homosexuals’, YouTube, 27 January 2013.
18 . Fondé par d’anciens transfuges de l’Armée rouge issus des républiques musulmanes d’URSS, l’IGD devient la branche allemande des Frères.
19 . La Fondation culturelle islamique de Genève (FCIG) fait partie de l’Union des organisations musulmanes de Genève, présidée par Hani Ramadan. Le consul d’Arabie saoudite à Genève est membre de droit de la FCIG.
20 . « La Sharî’a. Le droit islamique, son envergure et son équité », Université de Cologne, 1959. Thèse téléchargeable http://terment.ru/fr2/?q=La+Shari%27a.+Le+droit+islamique%2C+son+envergure+et+son+%C3%A9quit%C3%A9+-+Sa%C3%AFd+Ramadan .
21 . Bernard Gensane, « Connaissez-vous le père de Tariq Ramadan ? », Mediapart , février 2018.
22 . Sur Ahmed Huber, voir Pierre Péan, L’extrémiste. François Genoud, de Hitler à Carlos , Fayard/Le Livre de Poche, p. 205-208. Sur von Leers, voir http://www.phdn.org/negation/rassinier/leers.html .
23 . « Swiss Neo-Nazi/Islamist Tied To Muslim Brotherhood Dies At Age 80 », The Global Muslim Brotherhood Daily Watch , 27 mai 2008.
24 . Après avoir accueilli avec enthousiasme la révolution iranienne de 1978-1979, Huber s’est rendu en Iran en 1983 et y a approché des responsables qui l’ont chargé de forger une alliance entre islamistes iraniens et extrême droite européenne contre « les trois grands Satans  » : le sionisme, le marxisme et le mode de vie américain. Martin Beglinger, « Herr Huber », Das Magazin , 2 mai 2004.
25 . Sylvain Besson, « Quand la suisse protégeait l’islam radical au nom de la raison d’État », op.cit. Cf aussi, Le Temps , 26 octobre 2004.
26 . Sylvain Besson, Le Temps, 26 octobre 2004.
27 . Sylvain Besson, Idem.
28 . Idem.
29 . En 2017, il est accusé de viol et harcèlement sexuel par plusieurs femmes, ce qui conduit à sa mise en congé de l’université d’Oxford. En février 2018, il est mis en examen pour « viol sur personne vulnérable » et placé en détention provisoire en France ; il ne reconnaît que des relations sexuelles extraconjugales avec les plaignantes. En septembre 2018, il est inculpé en Suisse pour des faits similaires. Il est libéré et placé en liberté conditionnelle en novembre 2018.
30 . Ian Hamel, « Tariq Ramadan ou la chute d’un nouveau prophète », swissinfo.ch , 7 novembre, 2017.
31 . Il se marie alors, à 24 ans, à Iman, Française bretonne convertie à l’islam – avec laquelle il aura quatre enfants.
32 . Ariane Bonzon, « Tariq Raadan, une histoire très française », slate.fr, 5 février 2016.
33 . Caroline Fourest, « Tariq Ramadan et la censure de Voltaire », 1er  février 2007 ; Adrian Morgan, « Voltaire’s ‘Mahomet’ : Still Controversial After All These Years [Incl. Tariq Ramadan] », Middle East Forum , 31 août 2010.
34 . « Les Frères musulmans en Suisse Part 2 », European Eye on Radicalisation , 12 juin 2019.
35 . Ian Hamel, « Tariq Ramadan et les femmes : 30 ans d’impunité ? », Le Point, 1er février 2018.
36 . Jean Ziegler, « Interpellation betreffend Einreiseverbot nach Frankreich gegen Professor T.Ramadan », 7 décembre 1995.
37 . Biographie, cf site de Tariq Ramadan.
38 . « Les Frères musulmans en Suisse Part 2 », European Eye on Radicalisation , 12 juin 2019.
39 . Natacha Tatou, « De Genève à Oxford, comment Tariq Ramadan s’est imposé à l’Université », L’Obs, 7 novembre 2017.
40 . Site internet de l’auteur.
41 . Mathieu Magnaudeix, « Tariq Ramadan, vitrine consentante du Qatar » (5/5), mediapart.fr , 26 avril 2016.
42 . « Pour obtenir sa thèse, Tariq Ramadan a-t-il menacé le jury et crié au racisme ? », La Libre Belgique , 10 mars 2018.
43 . Ian Hamel, La vérité sur Tariq Ramadan. Sa famille, ses réseaux, sa stratégie. , Favre, 2007, pp.216-7.
44 . La thèse est validée par le second jury, composé de Philippe Borgeaud, Bruno Étienne, Reinhard Schultze, Richard Friedli et Sylvia Naef, et sera publiée chez Bayard, en 1998 sous le titre : Aux sources du renouveau islamique : d’al-Afghani à Hassan al-Banna : un siècle de réformisme islamique .
45 . Soutenue et publiée en 1998 sous le titre Aux sources du renouveau islamique : d’al-Afghani à Hassan al-Banna : un siècle de réformisme islamique .
46 . Sylvain Besson, « Tariq Ramadan, genèse d’une star de l’islam. »
47 . Ian Hamel, « Tariq Ramadan ou la chute d’un nouveau prophète », swissinfo.ch , 7 novembre, 2017.
48 . Stefano Piazza, « I Fratelli Musulmani alla conquista dell’Europa », Panorama, 10 juillet 2019.
49 . Tariq Ramadan, Être musulman européen , études des sources islamiques à la lumière du contexte européen, Tawhid, Paris, 1999, p. 267 ; voir aussi Tariq Ramadan avec Alain Gresh, L’Islam en questions , Sindbad-Actes Sud, 2000, pp. 29-34.
50 . Tariq Ramadan, Être musulman européen,… idem , p. 186.
51 . Tariq Ramadan, Être musulman européen , ibid. , p. 277.
52 . Tariq Ramadan, Être musulman européen, ibid., p. 186
53 . Stéphane Bussard, « Tariq Ramadan et l’Iran : quels liens » ? Le Temps , 1er février 2010
54 . Mehdi Khalaji ajoute que « le financement de Press TV figure dans le budget de l’État iranien  » et que pour le Guide suprême et le régime des Mollahs en général, la diplomatie publique « est le principal champ de bataille de l’Iran contre l’Occident. Et la multitude de radios (dans près de trente langues différentes) et les 2-3 chaînes de TV satellitaires ont pour but d’accroître la popularité de l’Iran dans le monde . »
55 . Grasset, 2004.
56 . https://www.newyorker.com/magazine/2002/08/05/an-american-terrorist
57 . Tariq Ramadan, Aux sources du renouveau musulman , Bayard, 1998, pp. 26 ; 205.
58 . Elisabeth Eckert, « Les musulmans de Suisse étaient… français », L’Hebdo , 22 décembre 1994.
59 . Sermons du vendredi, rappels et exhortations, éditions Tawhid, 2011, page 465.
60 . in Anne Perzo-Lafond, Hani Ramadan : « Il faut revenir aux sources de l’islam à Mayotte », Le Journal de Mayotte (JDM) , 20 juin 2016.
61 . « On n’a pas besoin de parler d’un Islam modéré » – Hani Ramadan, Kwezi , 17 juin 2016, https://www.linfokwezi.fr/on-na-pas-besoin-de-parler-dun-islam-modere-hani-ramadan/ .
62 . in Anne Perzo-Lafond, Hani Ramadan : « Il faut revenir aux sources de l’islam à Mayotte », op. cit .
63 . Caroline Hayek, « Tariq Ramadan, le crépuscule d’une idole », lorientlejour.com, 3 novembre 2017.
64 . Bernard Bendossa, « Enquête sur Hani Ramadan et son activité pour l’État de Genève ».
65 . « Vol d’organes palestiniens ? » sur haniramadan.blog.tdg.ch
66 . « Fait divers : trois Palestiniens tués à Gaza, trois autres grièvement blessés », haniramadan.bog.tdg.ch, 27 septembre 2009.
67 . « Visages de l’imposture : l’Europe infiltrée par Tsahal », haniramadan.blog.tdg.ch, 23 octobre 2009.
68 . « Hani Ramadan sur les attentats : “Commençons par surveiller le Mossad” », Conspiracy Watch, 21 novembre 2015.
69 . Ian Hamel, « Hani Ramadan s’en prend aux héros du Thalys », sur lepoint.fr , 30 août 2015.
70 . Eugénie Bastié, « De qui se moque-t-on, le frère de Tariq Ramadan critique les héros du Thalys », lefigaro.fr, 30 août 2015.
71 . Vous avez dit « théorie du complot » ? Hani Ramadan, Le Temps, 2 septembre 2015.
72 . Le Canard Enchaîné no 5052, mercredi 23 août 2017, « La noix d’honneur », page 1.
73 . Le Canard Enchaîné no 5052, mercredi 23 août 2017, « La noix d’honneur », page 1.
74 . Six administrateurs de ce fonds sont membres de l’UOIE, et les deux organismes, Al-Taqwa Bank et European Trust ont été dirigés un temps par Ahmed Al Rawi.
75 . « Islamic group’s ties reveal Europe’s challenge », Ian Johnson, The Wall Street Journal, 29 décembre 2005.
76 . Site du FEMYSO : http://www.femyso.net/about.html .
77 . https://www.globalmbwatch.com/wp-content/uploads/2015/06/The-Federation-of-Islamic-Organizations-in-Europe.pdf .
78 . Redmon, Rachid, « Over Ons », blauwemoskee.nl, 8, octobre 2015
79 . Topman Europese Moslimbroederschap stond aan wieg van Blauwe Moskee in Slotervaart Door Carel Brendel, 12 novembre 2012.
80 . « Kuwait Controls Amsterdam’s Blue Mosque », Netherlands News . 28 May 2013. Retrieved 4 April 2016.
81 . En réalité, l’association est une fenêtre officieuse des Frères musulmans en Europe, et elle a même été inscrite par les Émirats arabes unis dans une liste de 75 organisations musulmanes soutenant indirectement l’islamisme violent
82 . Hamza Piccardo, cité in « Le richieste dei Musulmani, La nostra legge è il Corano », La Gente, 6 janvier 2001.
83 . Entretien à Lugano avec Alexandre del Valle, 20 juin 2019, idem .
84 . 11 février 2015. « Faire place à l’islam : l’insatiable activisme de Mohamed Karmous », Le Blog de Mireille Valette, juillet 2019.
85 . Sylvain Besson, La Conquête de l’Occident, le projet secret des islamistes , Le Seuil, Paris, 2005.
86 . Sylvain Besson, Le Projet… ibid.
87 . Sylvain Besson, « L’islamisme à la conquête du monde », 6 octobre 2005.
88 . Martine Ghozlan, « Dans les coulisses du Conseil européen de la fatwa », Marianne , 14 mai 2011.
89 . Sheikh Yusuf Al-Qardaoui, Theologian of Terror, Anti-Defamation League, 3 mai 2013.
90 . « “Theologian of terror” held radical Islamic council session here » – Independent.ie », Independent.ie , 6 mars 2005. Matthew Moore, « Muslim cleric Yusuf al-Qardaoui refused visa », The Telegraph ,ý 7 février 2008.
91 . Meir Amit, « A portrait of Muslim brotherhoods Supreme Authority : Sheikh Yusuf Qaradawi, who preached in Tahrir Square 10 days ago, loathes Israel, justifies suicide bombings against its civilians », Jerusalem Post , mars 2011.
92 . Voir Meir Amit, ITIC sur les Frères musulman , op.cit., « Chapitre 11 : Qardaoui ».
93 . En dehors d’un court séjour en Égypte en 2011, durant la présidence du Frère musulman Mohamed Morsi.
94 . Al Jazeera, « La charià ou la vie », 24 janvier 2003.
95 . Les caractéristiques du « juste milieu », Pages halal, site web musulman, http://www.pageshalal.fr/actualites/les_caracteristiques_du_juste_milieu_-fr-11069.html .
96 . La Science des priorités , éditions Maison d’Ennour, Paris, p. 222.
97 . Rapport du Meir Amit ITIC, op.cit.
98 . US Treasury, « Treasury designates Union of Good », 12 novembre 2008.
99 . Le leader du groupe au Sri Lanka, Zahran Hashim s’est en effet fait exploser à l’hôtel Shangri-La de la capitale Colombo, dimanche 21 avril 2019).
100 . https://www.alyamanalaraby.com/382575 .
101 . Youssef Qardaoui, Le licite et l’illicite, (alhallal wal haram ), Al Qalam, 1992, réédition 2004.
102 . Le Licite et l’illicite… ibid .
103 . In Rosa Maria Rodriguez Magda, La Espana convertitda al-Islam , 2006, p. 89.
104 . Stratégie de l’Action Islamique culturelle à l’extérieur du Monde islamique – https://www.isesco.org.ma/fr/wp-content/uploads/sites/2/2015/05/Strategie-action-culturelle-islamique.pdf
105 . https://www.globalmbwatch.com/wp-content/uploads/2015/06/The-Federation-of-Islamic-Organizations-in-Europe.pdf
106 . L’UOIF a pour filiales des associations telles : Jeunes Musulmans de France, Étudiants musulmans de France, Lligue Française de la Femme Musulmane, IESH Paris, Association médicale Avicenne de France, European Halal Services, Comité de bienfaisance et de secours aux Palestinien (…) pour ne citer que celles qui figurent sur son site.
107 . Il est l’actuel président de la FIDEC1  (Forum international de dialogue et d’entente entre les civilisations), et de la FOIE (Federation of Islamic Organisations in Europe ) de 2014 à 2018.
108 . https://www.youtube.com/watch?v=TEDjHEzxMIg4 ; https://www.europe1.fr/societe/roubaix-un-imam-influent-sur-les-reseaux-sociaux-soutient-tariq-ramadan3479072 https://ieshdeparis.fr/coran/ .
109 . https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdallah_Ben_Mansour .
110 . Moshen Ngazou, « Les critères pour une organisation musulmane de France », conférence islamique annuelle de l’UOIF, Bourget, 3 mai 1998.
111 . Amar LASFAR, président de Musulmans de France (MF/ex-UOIF), prend pour référence absolue Hassan al-Banna et Youssef al-Qardaoui.
112 . Cf « Entretien d’Alexandre del Valle avec Cheikh Dalil Boubakeur », Valeurs Actuelles , novembre 2018.
113 . http://www.musulmansdefrance.fr
114 . Source RFI : http://www.rfi.fr/emission/20170423-turquie-islamisation-referendum-uoif-musulmans-france-bouzar- anthropologue-hoffner
115 . https://www.youtube.com/watch?v=X4t1IGWQf-E
116 . Éditions Ring, « Une conférence choc d'Amar Lasfar, Président de l’UOIF, refait surface », 27 mars 2018.
117 . https://www.youtube.com/watch?v=X4t1IGWQf-E
118 . http://www.valeursactuelles.com/societe/quand-le-president-de-luoif-evoquait-des-pistes-pour-conquerir-loccident-94407
119 . Antoine Menuisier, « Les voix dissidentes écartées du rassemblement musulman du Bourget », 4 avril 2018.
120 . En 1989, éclata à Creil dans l’Oise l’affaire du port du voile islamique à l’école. Très largement médiatisée, celle-ci donnera lieu à un débat houleux. Source : http://www.leparisien.fr/podcasts/code-source/creil-1989-premiere-affaire-de-voile-en-france-11-10-2019-8171220.php
121 . Formé à l’IESH, président du Collectif des Musulmans de France, Ennasri se présente comme un « spécialiste du Qatar ». Sa thèse en science politique, soutenue à l’IEP d’Aix-en-Provence en 2017, s’intitule : « Yousouf al-Qardaoui et la politique étrangère du Qatar : une diplomatie ‘religieuse’ ? 2003-2013  » ; sa source biographique quasi unique est Al-Qardaoui…
122 . « Un doigt d’honneur de l’UOIF à la République », Le Club Médiapart, 7 février 2016.
123 . Fiammetta Venner, « La face cachée de l’UOIF », L’Express.fr, 26 avril 2016.
124 . La Qatar Charity Organization, « ONG d’aide au développement et d’aide humanitaire au Moyen-Orient », est tenue par la famille royale qatarie, via la présidence du cheikh Hamad ben Nasser al-Thani. Elle est accusée de financer l’islamisme en Europe.
125 . Fabrice Maulion., L’organisation des frères musulmans : évolution historique, cartographie et éléments d’une typologie , Sous la direction de Xavier Raufer.t. 1, Paris, Université Panthéon-Assas – Paris II – Département de Recherche sur les Menaces Criminelles Contemporaines, 2004, p. 43, 44 et 47.
126 . « La majorité des Imams suisses est islamiste », Le Temps , 27 août 2017.
127 . L’IESH offre plusieurs diplômes en études islamiques/théologie. Son but officiel est de former des imams maîtrisant les préceptes de la jurisprudence islamique dans le souci de « s’insérer » dans à la réalité ambiante.
128 . Nous avons fait la copie et la capture d’écran de ces lignes concernant l’IESH sur le site. http://iesh.org/index.php/home/info-iesh .
129 . Le compte chèque postal (CCP) désigne un compte courant ouvert auprès de la filiale bancaire d’un établissement de la Banque postale.
130 . La DST est devenue la Direction générale de la Sécurité intérieure après deux réformes, la dernière en 2014 (DGSI)
131 . https://ieshdeparis.fr/wp-content/uploads/2019/06/Guide-des-formations-et-CPF.pdf
132 . https://www.qcharity.org/en/qa
133 . Mohamed Louizi, Pourquoi j’ai quitté les Frères-musulmans ? Retour éclairé vers un islam apolitique , Paris, Michalon, 2016, p. 213.
134 . http://www.lesalonbeige.fr/les-freres-musulmans-ont-une-ideologie-semblable-a-celle-de-toutes-les-organisations-terroristes-al-qaida-al-nosra-daesh/ .
135 . https://www.facebook.com/mohamed.louizi/posts/10209447245643002?fref=nf .
136 . Confessions d’un fils de Marianne et de Mahomet , Les Échappées, Paris, 2016.
137 . Libération , « Aujourd’hui, le Prophète est aussi “Charlie” », Soufiane Zitouni, 14 janvier 2015.
138 . Libération , « Pourquoi j’ai démissionné du lycée Averroès », Soufiane Zitouni, 5 février 2015.
139 . Voyant que l’UOIF était incapable de convertir ses succès sur le terrain politique et social, de nombreux jeunes s’en sont éloignés, rejoignant le Collectif des musulmans de France (CMF) ou Participation et spiritualité musulmanes (PSM).
140 . L’UOIF qui a son siège à La Courneuve, est à l’origine, avec sa structure locale affiliée, la Fédération des Musulmans de La Courneuve (FMC), d’un projet de Grande mosquée de 3 500 m² et 1 500 places.
141 . Les deux étages supérieurs sont réservés à la partie culturelle avec 11 classes de collège et une médiathèque. Le sous-sol, est, lui, consacré au sport/bien-être avec une salle de fitness, une piscine de 25 mètres, un hammam, un spa et un sauna.
142 . De la littérature d'Abu Bakr Al Jazairi a été repérée dans la librairie de la mosquée, notamment La voie du musulman, où il interdit d’édifier des églises en terre d’islam et insiste sur le jihâd afin « d’éradiquer toute autre adoration que celle du Seigneur  ». La présence d’Amar Lasfar marquait l’importance de cette mosquée de 3700m² avec minaret et coupole abritant 2000 fidèles
143 . Le Progrès, 13 juin 2019.
144 . Comme l’islamiste malien Mohamed Minta, formé à l’Université salafiste de Médine, imam de la mosquée de Décines, et fondateur du centre islamique Shâtibi, ou encore le Tunisien Kamel Oueslati, trésorier de l’école « Nouvel Horizon », salafiste. Ouverte en 2011 en tant qu’école coranique, elle est devenue une école primaire, fin 2011 malgré un refus de l’État en raison du bilinguisme arabe-français trop poussé et de son islamisme. Membre de la Fédération Nationale de l’Enseignement privé Musulman (FNEM), branche scolaire des Frères, elle est restée ouverte…
145 . Cf, Joachim Véliocas, http://islamisation.fr/2017/06/02/la-nouvelle-mosquee-de-marseille-15eme-a-ouvert-en-totale-illegalite/
146 . Cf, Joachim Véliocas, Mosquées Radicales, ce qu’on y dit, ce qu’on y lit  (éditions DMM).
147 . Dans une conférence à la Grande mosquée de Dunkerque (inaugurée par le sénateur-maire PS en 2013, Michel Delebarre) le prédicateur aborde le génocide arménien : « Cinq cent mille arméniens ont fait pression sur l’ex-président de la France Sarko pour qu’il vote une loi pour condamner les turcs, pour un péché qu’ils n’ont pas commis. On est bien d’accord, le pseudo génocide arménien. La loi n’est pas passée hein, donc je peux dire que ça existait pas. (…). Donc là je peux m’éclater ! Regarde je parle, il n’y a pas eu de génocide, et j’ai les preuves historiques qu’il n’y a pas de génocide  ».
148 . Vidéo mise a été en ligne le 17 mai 2019 sur sa page Facebook Ismail-Marseille. Il partage sur Facebook des citations de Al-Utheymine, ex-membre du Comité de hauts savants de l’Arabie saoudite, référence salafiste. Ses ouvrages traduits en français se vendent très bien dans les librairies musulmanes. Dans son Commentaire sur les grands pêchés  (éditions Al Madina, 2013), il rappelle que les musulmans qui délaissent la prière s’excluent de l’islam et que le fondateur de son école juridique ibn Hanbal, prévoit la peine de mort pour cela. Al-Utheymine prescrit aussi la peine de mort pour les homosexuels ou même les couples hétérosexuels non mariés récidivistes.
149 . Site de l’Observatoire de l’islamisation, http://islamisation.fr/observatoire-islamisation/veran/
150 . Le site explique : « l’Association islamique de Suède, basée à Stockholm depuis 1980, est dirigée par les Frères musulmans. Elle incarne une institution centrale, composée de quarante associations musulmanes travaillant dans le secteur de l’éducation, possède la grande mosquée de Stockholm et supervise celle de Göteborg, deux des plus grandes du pays » .
151 . Abo Raad ou Riyadh Al Duhan, alias de Riyadh Abdulkarim Jassim, né en Irak en 1965, a étudié en Arabie saoudite dans l’université où les extrémistes Shaykh Ibn Baz (†1999) et Shaykh Ibn Uthaymin († 2001) ont prêché. En 1996, il a obtenu un permis de séjour permanent en Suède. Il a tenté de devenir Suédois en 2002 et 2008, mais les autorités ont refusé en raison de son extrémisme. En 2007, il est devenu imam de la mosquée de Gävle « Al-Rashideen », ex-église méthodiste de Södra Rådmansgatan, achetée par le Qatar. L’un des fondateurs, Abd al-Rahman bin Umayr al-Nuaimi (1954), ex-professeur à l’Université du Qatar, préside la Qatar Football Federation, qui a créé son ONG « Alkarama » à Genève. Al-Nuaimi figure sur la liste des terroristes des États-Unis, de l’UE et de l’ONU pour son financement du djihadisme (Irak, Syrie, Yémen, Somalie).
152 . Ingrid Carlqvist, « Sweden : A Place to Islamize », mai 2015, Gatestone Institute, https://www.gatestoneinstitute.org/6044/sweden-islamization .
153 . Ancien dirigeant de la Communauté islamique en Allemagne (Islamische Gemeinschaft in Deutschland – IGD) et haut-responsable des Frères musulmans en Europe notamment en charge de la collaboration avec le Milli Görüs turc.
154 . Plusieurs centres islamiques dans 30 villes allemandes œuvrent sous la bannière de l’Association islamique. Le Conseil Islamique à Berlin est dirigé par Cheikh Khadr Abdelmaata, également coordinateur général du Conseil européen des imams et des prédicateurs et important dirigeant au sein de l’Organisation internationale.
155 . In Kölner Stadt-Anzeiger, « Islamische Gemeinschaft in Deutschland in Köln : Eine Bedrohung wie der IS oder Al Kaida » ; «  Verfassungsschützer alarmiert Kölner Muslimbruderschaft gilt als extrem gefährlich », https://www.ksta.de/politik/verfassungsschuetzer-alarmiert-koelner-muslimbruderschaft-gilt-als-extrem-gefaehrlich--31716570 .
156 . http://www.lareference-paris.com/485 .
157 . Source : https://lesobservateurs.ch/wp-content/uploads/2017/06/Espagne-Andalousie.mp4
158 . https://www.atalayar.com/content/los-hermanos-musulmanes-diluidos-en-espa%C3%B1a-y-en-europa
159 . Islamic relief Espagne est liée à Islamic relief Worldwide, une ONG liée aux Frères. Lire : http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/7092
160 . https://www.lasprovincias.es/valencia/20081106/mas-actualidad/espana/supremo-revoca-asilo-presidente-2008 11061937.html
161 . https://www.youtube.com/watch?v=HOxH2jle03g
162 . John Mintz et Douglas Farah, ibid.
163 . http://www.cair-net.org .
164 . John Mintz et Douglas Farah, « In Search of Friends Among The Foes U.S. Hopes to Work With Diverse Group », The Washington Post , 10 septembre 2004. En 1963 fut créée la Muslim Students Association (MSA) ; en 1971 le North American Islamic Trust ; suivie de l’Islamic Society of North America et de l’International Institute of Islamic Thought en 1981 ; puis de l’American Muslim Council en 1990 et de la Muslim American Society en 1992.
165 . The New Republic , 12 juin, 1995.
166 . « A rare look at secretive Brotherhood in America », in chicagotribune.com, 19 septembre 2004.
167 . Steven Emerson op. cit , p. 75.
168 . Steven Emerson, idem .
169 . Il créa l’Islamic Center of Boston et la Grande Mosquée de Massachussetts, fréquentée par les terroristes Dzokhar et Tamerlan Tsarnaev, Tarek Mehanna et Aafia Siddiqui. Il soutint le Hamas. Les enquêtes policières révélèrent des conversations téléphoniques où il déplorait que les attaques de 1998 contre les ambassades étatsuniennes en Afrique ne firent pas de morts américains et glorifiait l’attentat du Hezbollah en 1994 contre le Centre juif AMYA de Buenos Aires.
170 . Steven Emerson, op cit .
171 . Colloque annuel de l’association MAYA, Kansas City, Missouri, 19 décembre 1989.
172 . Il a participé en 2012 à la Conférence annuelle de l’American Muslim Council d’Abdurrahmane Alamoudi, condamnée pour financement de terrorisme, puis au comité organisateur du Critical Islamic Reflection aux côtés de Frères-musulmans américains (Jamal Barzinji, Hichem al-Talib, Yacoub Mirza).
173 . Cf, Ahmed Chawki, « Un homme et six Frères à la Maison Blanche », Rose el-Youssef, 22 décembre 2012.
174 . Sa mère, Saleha Mahmood Abedin, est membre de la branche féminine des Ikhwan (« Sœurs musulmanes »), puis de la Ligue islamique mondiale et elle était proche de Mohamed Morsi. Elle dirige le Comité international islamique pour la femme et les enfants, issu de la Ligue islamique mondiale. Son père, Nassef, est membre de l’Institut des affaires des minorités musulmanes (IMMA), un think tank saoudien dont l’objectif est de « fortifier une population agressive non assimilée vers la suprématie islamique qui va progressivement mais radicalement modifier le caractère de l’Occident  », selon le Center of Politics Studies, et dont Huma Abedin a été rédactrice en chef. Sa mère et son père sont aussi membres du Conseil international islamique pour la da’wa sous la direction d’Al-Qardaoui.
175 . Agence jordanienne Petra, 15 juin 2016
176 . Les gouvernements étrangers qui ont donné de l’argent aux époux Clinton via leur fondation sont la Norvège, le Koweït, le Qatar, Brunei, Oman, l’Italie et la Jamaïque, qui ont versé ensemble environ 20 millions de dollars.
177 . Cf lettre du CAIR au vice-président Gore le 6 octobre 1995.
178 . « United States, v. Holy Land Foundation », The NEFA Foundation , 5 mars 2010. Sept personnalités du CAIR ont été soit arrêtées pour terrorisme soit interdites d’entrer sur le territoire américain (Siraj Wahhaj, Bassem Khafagi, Randall (« Ismail ») Royer, Ghassan Elashi, Rabih Haddad, Muthanna Al-Hanooti et Nabil Sadoun).
179 . Andrea Elliott, « The Man Behind the Anti-Shariah Movement » , The New York Times , 30 juillet 2011.
180 . « Un projet sur les Frères musulmans adopté aux États-Unis », www.trt.net.tr ; Julian Pecquet, « Who’s behind vote to label Muslim Brotherhood a terror group ? », AI Monitor , 2 février 1996.
181 . Middle East Eye ; David Hearst, « Interdiction des Frères musulmans : le message mortel de Donald Trump aux Arabes et aux islamophobes blancs », 5 mai 2019.
182 . Cf, « Appel à soutenir le mouvement BlackLivesMatter, révolte », conférences vidéos des deux cadres fréristes américains postées sur le Web : https://www.youtube.com/watch?v=xQOujfrFDu4  ; http://www.postedeveille.ca/2016/07/usa-freres-musulmans-revolution.html ; https://www.youtube.com/watch?v=tRn6dQ3VF1o .
183 . Fin 2018, Hakim El Karoui, qui a dénoncé l’islamisme radical dans deux rapports de l’Institut Montaigne, notamment La Fabrique de l’islamisme  (2018), propose d’édifier sur les ruines du CFCM cet « islam de France » jusqu’à peu exclusivement contrôlé par des associations et puissances islamiques étrangères (Turquie néo-ottomane d’Erdogan ; Arabie saoudite/wahhabisme, Qatar, Frères musulmans, Maroc, Algérie, etc.). L’AMIF a pour vocation officielle de « préparer l’islam de France », à l’instar du CFCM créé par Nicolas Sarkozy en 2003, lequel n’a d’ailleurs pas atteint l’objectif affiché.
184 . Transfuge de l’ex-UOIF, Nabaoui est en conflit ouvert avec le CFCM et a été pour cela démis de ses fonctions d’aumônier national des hôpitaux. Il est soutenu par les Marocains de l’Union des mosquées de France, le Consul du Maroc et Mohamed Moussaoui, ex-président du CFCM. Il en appelle à « un islam pluriel riche des génies arabes, turcs et caucasiens qui doit trouver sa place en Europe  ». Pourtant, le but des Marocains qui le soutiennent est plus de contrer les Ditib et Milli Görüs turques accusés « d’immixtion étrangère dans les cultes » que de susciter un « islam français », puisque l’État marocain, islamique, persécute les convertis au christianisme et autres athées-apostats et est lui-même un pôle islamique étranger qui contrôle politiquement et maintient les descendants marocains dans leur statut de « sujets » de sa Majesté Mohamed VI.
185 . Réveillons-nous, Lettre à un jeune Français musulman , Éditions Plein Jour, 2018.
186 . Éditions Plein jour, 2015.
187 . Op. cit, p. 28.
188 . Conférence à la Mosquée Aïcha de Montpellier en décembre 2015.
189 . Éditions Al Azhar, 2016.
190 . Cf « Manifeste contre le nouvel antisémitisme », 22 avril, Le Parisien.
Céline Pina, « Tribune des 300 contre l’antisémitisme, tribune des 30 imams : le décryptage de Céline Pina », Figarovox, 25 avril 2018.
191 . À la suite du manifeste du Parisien, Oubrou a été l’instigateur, le 24 avril, d’un contre-appel à la prudence publié dans Le Monde , avec trente imams de France, invitant certes les « imams à dispenser un discours d’apaisement  » mais demandant instamment aux intellectuels qui « n’hésitent plus à avancer en public et dans les médias que c’est le Coran lui-même qui appelle au meurtre  », à « faire preuve de discernement ».
192 . http://www.islametinfo.fr/2015/02/13/quand-tareq-oubrou-parlait-comme-daesh-du-califat-video-choc/ .
193 . Réf RMC « Grand oral », 6 juin 2019.
194 . Idem .
195 . Al Ghazali (1058-1111) est un mystique dogmatique, il a condamné l’usage de la raison, et ramené le soufisme dans le cadre de la charia orthodoxe. Il faut relever que l’UOIF a appelé son lycée privé lillois « Averroès », dans la droite ligne de la tactique de récupération des Frères musulmans.
196 . Ibn Taimiyya (1263-1328) est un théologien traditionnaliste. Opposé à la philosophie et à toute innovation, il a influencé le wahhabisme et le salafisme.
197 . Voir ici .
198 . « Valls veut combattre le discours des frères musulmans en France », Le Point (sources AFP) 9 février 2015.
199 . Florentin Collomp, « Londres enquête sur les activités des Frères musulmans sur son sol », Le Figaro, 7 avril 2014.
200 . « Cameron gêné par un rapport sur les Frères musulmans en Grande-Bretagne », Le Figaro, 17 mars 2015.
201 . Idem .