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Maintenant l’ombre du pilier — le pilier qui soutient l’angle sud-ouest du toit — divise en deux parties égales l’angle correspondant de la terrasse. Cette terrasse est une large galerie couverte, entourant la maison sur trois de ses côtés. Comme sa largeur est la même dans la portion médiane et dans les branches latérales, le trait d’ombre projeté par le pilier arrive exactement au coin de la maison ; mais il s’arrête là, car seules les dalles de la terrasse sont atteintes par le soleil, qui se trouve encore trop haut dans le ciel. Les murs, en bois, de la maison — c’est-à-dire la façade et le pignon ouest — sont encore protégés de ses rayons par le toit (toit commun à la maison proprement dite et à la terrasse). Ainsi, à cet instant, l’ombre de l’extrême bord du toit coïncide exactement avec la ligne, en angle droit, que forment entre elles la terrasse et les deux faces verticales du coin de la maison.
Maintenant l’ombre du pilier sud-ouest — à l’angle de la terrasse, du côté de la chambre — se projette sur la terre du jardin. Le soleil encore bas dans le ciel, vers l’est, prend la vallée presque en enfilade. Les lignes de bananiers, obliques par rapport à l’axe de celle-ci, sont partout bien distinctes, sous cet éclairage.
Le long de la chevelure défaite, la brosse descend avec un bruit léger, qui tient du souffle et du crépitement. À peine arrivée en bas, très vite, elle remonte vers la tête, où elle frappe de toute la surface des poils, avant de glisser derechef sur la masse noire, ovale couleur d’os dont le manche, assez court, disparaît presque entièrement dans la main qui l’enserre avec fermeté.
Tout au fond de la vallée, sur le pont de rondins qui franchit la petite rivière, il y a un homme accroupi, tourné vers l’amont. C’est un indigène, vêtu d’un pantalon bleu et d’un tricot de corps, sans couleur, qui laisse nues les épaules. Il est penché vers la surface liquide, comme s’il cherchait à voir quelque chose dans l’eau boueuse.
Maintenant, c’est la voix du second chauffeur qui arrive jusqu’à cette partie centrale de la terrasse, venant du côté des hangars ; elle chante un air indigène, aux paroles incompréhensibles, ou même sans paroles.
Maintenant la maison est vide.
Toute la maison est vide. Elle est vide depuis le matin.
Entre la peinture grise qui subsiste, pâlie par l’âge, et le bois devenu gris sous l’action de l’humidité, paraissent de petites surfaces d’un brun rougeâtre — la couleur naturelle du bois — là où celui-ci vient d’être laissé à découvert par la chute récente de nouvelles écailles. À l’intérieur, dans la chambre, A... se tient debout contre la fenêtre et regarde par une des fentes.
Maintenant l’ombre du pilier se projette sur les dalles, en travers de cette partie centrale de la terrasse, devant la chambre à coucher. La direction oblique du trait sombre indique, quand on le prolonge jusqu’au mur, la traînée rougeâtre qui a coulé le long de la paroi verticale depuis le coin droit de la première fenêtre, la plus proche du couloir.
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