Chapitre 5 Introduction aux Fonctions des Organes Internes
La théorie des Organes Internes est souvent décrite comme le cœur même de la médecine chinoise car c’est elle qui illustre le mieux la vision que la médecine chinoise a du corps comme formant un tout. Fondamentalement, cette théorie fournit un paysage des relations fonctionnelles qui permettent aux fonctions corporelles, aux émotions, aux activités mentales, aux tissus, aux organes des sens et aux influences de l’environnement d’être totalement intégrés les uns aux autres.
Lorsqu’on étudie la théorie des Organes Internes en médecine chinoise, il est préférable de se débarrasser intégralement des concepts occidentaux concernant les Organes Internes. La médecine occidentale envisage chaque organe sous son aspect matériel et anatomique exclusivement, alors que la médecine chinoise envisage chaque organe comme un système complexe qui comprend sa réalité anatomique, plus les émotions, les tissus, les organes des sens, les facultés mentales, la couleur, le climat qui lui correspondent, et bien plus encore. Comme nous l’avons expliqué au chapitre 3, la base de la médecine chinoise est le Qi, et celui-ci peut présenter différents degrés d’agrégation et de dispersion. Ainsi, l’agrégation du Qi en matière dense forme les Organes Internes, alors que la dispersion du Qi en formes plus subtiles constitue les aspects émotionnels, mentaux et spirituels.
C’est pourquoi chaque Organe Interne ne se résume pas à une seule entité anatomique (bien qu’il soit aussi une entité anatomique), mais c’est un tourbillon énergétique qui se manifeste sous différentes formes d’agrégation, dans différentes sphères de la vie. En fait, chaque organe est lié de façon spécifique à une émotion, à un tissu, à un organe des sens, à une faculté mentale, à une couleur, à un facteur climatique, à une saveur, à une odeur, et à bien d’autres choses encore. C’est dans cette optique que les organes sont abordés tout au long de cet ouvrage, et non dans l’optique anatomique stricte de la médecine occidentale.
Les correspondances entre les Organes Internes et d’autres manifestations sont répertoriées dans le cadre 5.1.
Par exemple, dans ce système de correspondances, le Foie est lié aux éléments suivants : le Sang, les tendons, les yeux, la colère, l’Âme Éthérée, le Vent, les ongles, les larmes, la saveur rance, la couleur verte, le goût acide et les cris.
Toutefois, on dit souvent que la médecine chinoise néglige complètement l’anatomie et ne s’intéresse qu’aux relations fonctionnelles, ce qui n’est pas entièrement vrai. Alors que la médecine chinoise excelle dans l’observation minutieuse et détaillée des relations fonctionnelles complexes, elle ne néglige pas complètement l’étude de l’anatomie. De nombreux chapitres du « Classique de médecine interne de l’Empereur jaune - l’axe spirituel » et du « Classique des difficultés » décrivent l’anatomie des organes internes, des muscles et des os.1, 2
Les Organes Internes sont reliés fonctionnellement à diverses substances, aux émotions, aux tissus et aux organes des sens. Il faut souligner que ces relations fonctionnelles concernent exclusivement les organes Yin.
L’une des principales fonctions des Organes Internes est d’assurer la production, la conservation, le renouvellement, la transformation et la circulation des Substances Vitales. Chaque Substance Vitale, que ce soit le Qi, le Sang, l’Essence ou les Liquides Organiques est en relation avec un ou plusieurs organes, comme on peut le voir dans le cadre 5.2.
Chaque organe a une influence sur l’un des tissus du corps ; ceci revient à dire qu’il existe une relation fonctionnelle entre certains tissus et chaque organe, de sorte que l’état de l’organe peut être inféré de l’observation du tissu qui lui est associé. Par exemple, le Cœur contrôle les vaisseaux sanguins, le Foie cont rôle les tendons, le Poumon contrôle la peau, la Rate contrôle les muscles et le Rein contrôle les os. Ainsi, l’état de ces tissus reflète l’état des Organes Internes qui leur correspondent. Par exemple, une faiblesse et une flaccidité des muscles traduisent un vide de la Rate, une tendance à des contractures des tendons traduit une pathologie du Foie, et une diminution de la densité osseuse chez les personnes âgées reflète un vide du Rein.
Traiter les Organes Internes va donc aussi avoir une influence sur les tissus qui leur sont liés (Cadre 5.3).
Chaque organe est fonctionnellement associé à l’un des organes des sens (Cadre 5.4). Ceci revient à dire que la santé et l’acuité d’un organe des sens précis dépend d’un organe pour ce qui est de sa nutrition. Par exemple, le Cœur contrôle la langue et le goût, le Foie contrôle les yeux et la vue, le Poumon contrôle le nez et l’odorat, la Rate contrôle la bouche et le goût, le Rein contrôle les oreilles et l’ouïe.
Ainsi, une perte du goût est généralement due à un vide de la Rate, une baisse de l’acuité visuelle est souvent en relation avec un vide de Sang du Foie (mais pas toujours), etc.
C’est un aspect extrêmement important de la théorie des organes en médecine chinoise, car il illustre l’idée que le corps et l’esprit ne font qu’un. C’est le même Qi qui est à la base de tous les processus physiologiques et qui est aussi à la base des processus mentaux et émotionnels, car le Qi, comme nous l’avons vu, existe sous diverses formes et à des degrés de raffinement variables. Alors qu’en physiologie occidentale les processus émotionnels et mentaux sont associés au cerveau, en médecine chinoise ils se situent dans la sphère d’influence des organes. Ainsi, en médecine occidentale, le cerveau et le système nerveux se situent au sommet de la pyramide corps-esprit, dans laquelle on trouve les centres autonomes du cortex cérébral au sommet et les organes à la base (Fig. 5.1) ; en médecine chinoise, la pyramide est inversée et présente les organes au sommet et l’esprit à la base (Fig. 5.2).
La relation entre chaque organe et une émotion particulière est réciproque ; l’état de l’organe a des répercussions sur les émotions, et les émotions ont une influence sur l’état des organes. Par exemple, le Cœur est associé à la joie, le Foie à la colère, le Poumon à la tristesse et à l’inquiétude, la Rate à l’excès de réflexion et le Rein à la peur. Ainsi, par exemple, un état de colère persistant dû à une situation précise peut engendrer une montée du Yang du Foie, et inversement, si le Yang du Foie monte à la suite d’un vide de Sang du Foie, cela peut amener la personne à devenir sujette à de brusques éclats de colère. Ces émotions, généralement, n’entraînent de déséquilibre que si elles sont excessives ou prolongées. Lorsqu’on traite un organe particulier, on peut exercer une influence sur l’émotion spécifique liée à cet organe et aider la personne à retrouver un équilibre émotionnel.
Le cadre 5.5 résume les relations entre les Organes Internes et les émotions.
Par « aspects spirituels », j’entends les éléments mentaux et spirituels qui sont liés aux Organes Internes. En chinois, on les appelle Wu Shen (les « Cinq Shen » ou Wu Zhi (les « Cinq Zhi »).
Ces cinq aspects spirituels sont répertoriés dans le cadre 5.6.
L’Âme Éthérée est une âme de nature Yang qui, d’après la culture chinoise, entre dans le corps trois jours après la naissance et est transmise à l’enfant par le père. Après la mort, l’Âme Éthérée survit au corps et retourne au monde des esprits. L’idéogramme chinois pour hun (l’Âme Éthérée) confirme sa nature spirituelle et immatérielle car il comporte le radical gui, qui signifie « esprit » ou « fantôme » et le radical yun, qui signifie « nuages ». L’Âme Éthérée réside au Foie et elle doit y être « ancrée » ; si le Sang du Foie souffre de vide et que l’Âme Éthérée n’est pas ancrée au Foie, elle « vagabonde » au cours de la nuit et fait que la personne rêve énormément. On décrit l’Âme Éthérée comme le « va-et-vient » de l’Esprit (Shen) ; elle est décrite plus en détail au chapitre 7.
L’Esprit (Shen) est la conscience responsable de la pensée, des sensations, des émotions, des perceptions et de la cognition. L’Esprit réside au Cœur et c’est essentiellement pour cette raison que le Cœur est considéré comme « l’Empereur » par rapport à tous les autres Organes Internes. Comme l’Esprit est la conscience qui fait de nous des êtres humains uniques et qui fait que nous pensons, nous voulons et nous ressentons, le Cœur joue un rôle primordial parmi les Organes Internes. Je traduis shen par « Esprit » plutôt que par le terme couramment utilisé de « psychisme ». Je traduis par « Esprit » l’aspect spirituel du Cœur, c’est-à-dire le Shen, qui correspond à la conscience ; je traduis par « Psychisme » l’ensemble des cinq aspects mentaux et spirituels de l’être humain ; l’Âme Éthérée (Hun), l’Âme Corporelle (Po), l’Intellect (Yi), la Volonté (Zhi) et l’Esprit (Shen) lui-même. L’Esprit est présenté plus en détail au chapitre 6.
Souvenez-vous : je traduis Shen (le Shen du Cœur) par « Esprit » et je traduis par « Psychisme » l’ensemble des cinq aspects spirituels (Hun, Po, Yi, Zhi et Shen).
L’Intellect (Yi) est responsable de la mémoire, de la concentration, de la pensée, de la pensée logique, de la capacité à travailler et de l’attention. En pathologie, la capacité à penser peut devenir un excès de réflexion, un excès de pensées, des pensées obsessionnelles, des idées fantasques ou des idées noires. L’Intellect réside à la Rate. L’Intellect est présenté plus en détail au chapitre 9.
L’Âme Corporelle (Po) est responsable des sensations physiques et, de façon générale, des manifestations somatiques. Elle réside au Poumon et joue un rôle dans tous les processus physiologiques du corps. Elle se forme dès la conception (à la différence de l’Âme Éthérée qui n’entre dans le corps qu’après la naissance), elle est de nature Yin (en comparaison avec l’Âme Éthérée) et, à la mort, elle meurt avec le corps (alors que l’Âme Éthérée survit au corps et retourne au Ciel). L’Âme Corporelle est décrite comme étant « l’entrée et la sortie » de l’Essence (Jing) ; l’Âme Corporelle est présentée plus en détail au chapitre 8.
La Volonté (Zhi) réside au Rein et elle est responsable de la volonté, du dynamisme, de la détermination et de la constance. La Volonté est présentée plus en détail au chapitre 10.
La médecine chinoise considère que diverses conditions climatiques peuvent exercer une influence sur des organes précis. La chaleur a une influence sur le Cœur, le vent sur le Foie, la sécheresse sur le Poumon, l’humidité sur la Rate et le froid sur le Rein (Cadre 5.7).
Des conditions climatiques excessives, au bout d’un certain temps, peuvent nuire à l’organe correspondant. Inversement, une faiblesse de l’un des Organes Internes peut rendre la personne sujette à des agressions par le facteur climatique correspondant ; par exemple, un vide de Rate peut prédisposer la personne aux invasions par l’Humidité.
Chaque Organe Interne exerce une influence sur une partie spécifique du corps et, inversement, chaque partie du corps reflète l’état d’un organe spécifique. Ces correspondances sont répertoriées dans le cadre 5.8.
Ainsi, le Foie se manifeste dans les ongles et donc l’état des ongles reflète l’état du Foie : des ongles cassants, par exemple, traduisent un vide de Sang du Foie. La correspondance entre les cinq organes Yin et les cinq parties du corps est plus étroite pour certains organes que pour d’autres. Par exemple, la correspondance entre le Foie, le Poumon, la Rate et respectivement les ongles, le système pileux et les lèvres est étroite ; des ongles cassants vont toujours traduire l’état du Foie et rien d’autre. La correspondance entre le Cœur et le Rein, et respectivement le teint et les cheveux, est moins stricte ; par exemple, l’apparence du teint peut traduire l’état de n’importe quel organe et non pas uniquement l’état du Cœur.
Chaque Organe Interne est relié à certains Liquides Organiques, à savoir :
Par « larmes », on entend essentiellement les larmes réflexes de base de la médecine occidentale (c’està-dire les larmes qui lubrifient l’œil et celles qui sont provoquées par un corps étranger dans l’œil, non celles qui sont suscitées par les émotions). La conne xion entre le Foie et les larmes est probablement la relation la plus étroite et la plus évidente parmi les relations entre un Organe Interne et un liquide. Le Foie s’ouvre aux yeux, et les larmes sont donc le liquide qui est naturellement lié au Foie. Il s’ensuit qu’un vide de Sang du Foie ou un vide de Yin du Foie peut engendrer une sécheresse des yeux, alors qu’une montée du Yang du Foie peut provoquer un larmoiement important ; une Chaleur-Humidité dans le méridien du Foie peut rendre les larmes collantes et épaisses.
Le Cœur a une influence sur la transpiration et cette relation est particulièrement évidente lorsqu’une personne transpire abondamment sous le coup d’une tension émotionnelle. La transpiration est également liée au Poumon et à l’influence qu’exerce le Poumon sur l’espace compris entre la peau et les muscles, là où se trouve la transpiration.
La « salive » est la traduction du terme chinois « xian ». Ce liquide est décrit comme un liquide clair et aqueux de la bouche qui a pour fonction d’humidifier la bouche et de favoriser la digestion.
Le mucus nasal est naturellement en liaison avec le Poumon car celui-ci s’ouvre au nez. Par « mucus nasal », on évoque ici non pas l’écoulement nasal que l’on rencontre dans le cadre d’un rhume, d’une rhinite ou d’une sinusite, mais la sécrétion normale de mucus par les parois nasales.
Le terme « bave » est la traduction du mot chinois tuo. Ce liquide est décrit comme étant épais et plus trouble que la salive (xian). La fonction de la bave est de lubrifier l’arrière de la bouche et de la gorge, et on dit qu’elle est une expression de l’Essence du Rein.
Ces correspondances sont résumées dans le cadre 5.9.
Chaque Organe Interne est lié à une odeur particulière, à savoir :
L’odeur rance qui se rattache au Foie ressemble à l’odeur dégagée par une viande faisandée (elle est relativement fréquente en pratique clinique) ; l’odeur de brûlé qui se rattache au Cœur ressemble à celle d’un toast brûlé (on la rencontre peu souvent) ; l’odeur parfumée et doucereuse qui se rattache à la Rate ressemble à celle d’un parfum doucereux et écœurant ; l’odeur de pourri qui se rattache au Poumon ressemble à l’odeur d’œufs pourris ; l’odeur putride qui se rattache au Rein ressemble à celle de l’eau stagnante (elle est fréquente chez les personnes âgées).
Ces odeurs sont les odeurs corporelles que l’on peut sentir lorsque le patient se déshabille ou éventuellement à travers ses vêtements, et on s’en sert pour le diagnostic, car chaque odeur traduit une pathologie de l’organe concerné.
Ces correspondances sont résumées dans le cadre 5.10.
Les couleurs liées aux Organes Internes sont les suivantes :
Les couleurs des Organes Internes s’observent essentiellement au niveau du teint et elles constituent un élément diagnostique important. Ainsi, un teint verdâtre traduit une pathologie du Foie comme une stagnation du Qi du Foie, des joues rouges peuvent traduire un Feu du Cœur (mais aussi de la Chaleur dans d’autres organes), un teint jaune est caractéristique d’un vide de la Rate ou d’un blocage de la Rate par l’Humidité, un teint blanc traduit un vide de Qi du Poumon (mais aussi un vide de Qi ou de Sang d’autres organes), et un teint foncé traduit un vide de Yin du Rein.
Ces correspondances sont résumées dans le cadre 5.11.
Chaque Organe Interne est lié à une saveur particulière, à savoir :
Ces saveurs ont de nombreuses et importantes implications en médecine chinoise. Premièrement, une saveur particulière perçue par une personne peut traduire une pathologie de l’organe qui lui est lié ; par exemple, un goût amer dans la bouche traduit souvent un Feu du Cœur (bien qu’il puisse aussi être en relation avec un Feu du Foie), alors qu’un goût doucereux évoque une pathologie de la Rate.
Deuxièmement, les saveurs sont importantes en phytothérapie chinoise car chaque plante est classée selon la saveur particulière qui fait que cette plante « entre » dans le méridien concerné (par exemple, les plantes acides pénètrent dans le méridien du Foie). Un excès d’une saveur particulière peut léser l’organe auquel elle est liée, de même que l’organe qui est agressé (et les tissus qui lui sont liés) ; par exemple, une consommation excessive de plantes de saveur acide peut léser le Foie, ainsi que la Rate et les muscles. D’un autre côté, chaque saveur a un effet bénéfique sur l’organe qui agresse l’organe lié à cette saveur précise ; par exemple, une saveur sucrée (en relation avec le Rate) a des effets bénéfiques sur le Foie.
Troisièmement, les saveurs sont importantes dans le traitement par la diététique chinoise car chaque aliment est classé comme ayant une saveur particulière. Les effets de cet aliment sur les Organes Internes sont les mêmes que ceux des plantes mentionnées ci-dessus.
Ces correspondances sont résumées dans le cadre 5.12.
Chaque Organe Interne est lié à un son particulier, à savoir :
Les sons renvoient à la tonalité et à la hauteur de la voix et servent essentiellement au diagnostic. Ainsi, si une personne parle très fort, presque en criant, cela traduit une pathologie du Foie ; une personne qui présente un tableau pathologique du Cœur a tendance à ponctuer son discours de rires courts inappropriés ; une voix mélodieuse et chantante peut traduire une pathologie de la Rate ; une personne qui souffre d’un vide du Poumon peut parler d’une voix laissant presque supposer qu’elle va éclater en sanglots d’un moment à l’autre ; une voix gutturale, rauque peut évoquer un vide du Rein.
Ces correspondances sont résumées dans le cadre 5.13.
On distingue deux catégories d’Organes Internes : les organes Yin (appelés Zang) et les organes Yang (appelés Fu). Le nom chinois pour les Organes Internes est tout simplement Zangfu.
Zang et Fu signifient tous deux « organe », mais une étude des idéogrammes chinois permet de clarifier les différences qui existent entre les deux.
Ceci montre que les organes Yang sont responsables de la transformation des aliments et des boissons en vue de la production du Qi et du Sang, tout comme le gouvernement dans la Chine ancienne était supposé être responsable de la distribution de la nourriture.
Au chapitre 11 des « Questions simples », il est dit : « Les cinq organes Yin stockent l’Essence et le Qi, mais n’excrètent pas ; ils peuvent être remplis, mais pas à l’excès. Les six organes Yang transforment et digèrent, mais ne stockent pas ; ils peuvent connaître l’excès sans être remplis. En fait, après que la nourriture est passée par la bouche, l’estomac est rempli et les intestins sont vides ; lorsque la nourriture descend, les intestins sont remplis et l’estomac est vide ».3
Ainsi, les organes Yin stockent les substances vitales, c’est-à-dire le Qi, le Sang, l’Essence et les Liquides Organiques. Ils ne stockent que des substances pures et raffinées qu’ils reçoivent des organes Yang, une fois que la nourriture a été transformée (Cadre 5.14).
Cadre 5.14 Les Organes Yin (Zang)
C’est peut être à cause de ces mouvements incessants d’entrée et de sortie que les organes Yang sont aussi comparés à un bureau du gouvernement où les gens entrent et sortent sans arrêt, comme le mot « Fu » l’implique
Au chapitre 9 des « Questions simples », on lit : « L’Estomac, l’Intestin Grêle, le Gros Intestin, le Triple Réchauffeur et la Vessie sont les racines du stockage de la nourriture, ils sont la résidence du Qi Nourricier, on les appelle des récipients, ils transforment les substances impures et transmettent les saveurs qui entrent et sortent ».4
Le cadre 5.15 résume les fonctions des organes Yang.
Il existe une relation très étroite entre les organes Yin et les organes Yang ; ces deux catégories d’organes sont différentes de par leurs fonctions, mais leur différence n’est que relative. Les relations entre les organes Yin et les organes Yang sont des relations de type structurelfonctionnel. Les organes Yin correspondent aux structures et stockent les Substances Vitales, alors que les organes Yang correspondent aux fonctions. Structures et fonctions sont interdépendantes dans la mesure où chaque organe Yang peut être considéré comme l’aspect fonctionnel de l’organe Yin qui lui correspond. Par exemple, on peut considérer la Vésicule Biliaire comme représentant l’aspect fonctionnel du Foie. Bien que l’un soit Yang et l’autre Yin, on peut considérer que ces deux organes forment un tout, que le Foie est la structure et que la Vésicule Biliaire en est l’expression fonctionnelle. Cette conception de la relation entre les organes Yin et les organes Yang est particulièrement utile dans le diagnostic par le pouls, où il peut être significatif de considérer que chaque position des pouls au niveau superficiel traduit l’aspect fonctionnel de l’organe Yin considéré, plutôt que de prendre chacune des 12 positions des pouls individuellement et isolément.
En médecine chinoise, dans la théorie des organes, les organes Yin se situent au centre ; ils sont plus importants que les organes Yang, à la fois en termes de physiologie et de pathologie. Les organes Yin sont plus importants, car ce sont eux qui stockent toutes les Substances Vitales, alors que les organes Yang ne représentent en fait que leur aspect fonctionnel. C’est pour cette raison que, dans ce qui suit, l’accent est surtout mis sur les organes Yin. Toutefois, il faut souligner que l’importance plus grande accordée aux organes Yin par rapport aux organes Yang ne se retrouve pas dans la théorie des méridiens. Pour un acupuncteur (par opposition à un phytothérapeute), les 14 méridiens ont tous une importance égale. Il y a 12 organes, six sont Yin et six sont Yang :
Organes Yin | Organes Yin | Élément |
---|---|---|
Cœur | Intestin Grêle | Feu Empereur |
Foie | Vésicule Biliaire | Bois |
Poumon | Gros Intestin | Métal |
Rate | Estomac | Terre |
Rein | Vessie | Eau |
Maître du Cœur | Triple Réchauffeur | Feu Ministre |
Pour chaque organe, les aspects suivants seront détaillés :
En plus de ces rubriques, nous évoquerons certaines expressions relatives à chaque organe pour illustrer d’autres aspects des fonctions des organes qui ne sont pas normalement compris dans les fonctions répertoriées.
1. 1981 L’axe spirituel,(Ling Shu Jing ).People’s Health Publishing House, Beijing, première édition environ 100 AEC, chapitres 10. 13. 14 et 31.
2. Collège de médecine traditionnelle chinoise de Nanjing, 1979, Une nouvelle explication revue et corrigée du Classique des difficultés (Nan Jing Jiao Shi ). People’s Health Publishing House. Première publication aux environs de 100. chapitres 41 et 42.
3. 1979 Le Classique de médecine Interne de l’Empereur Jaune -Questions simples (Huang Ti Nei Jing Su Wen ), People’s Health Publishing House, Beijing, p. 77.
4. Ibid., p. 67.