Notes

Avant-propos

2. On reconnaît l’expression des régimes d’historicité (passéiste, futuriste, présentiste) selon la formalisation des temporalités idéelles faite par François Hartog (Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Le Seuil, 2003).

Introduction

1. Tzvetan Todorov, Nous et les autres. La réflexion française sur la diversité humaine, Paris, Le Seuil, 1989.

2. Augustin Berque, « Les montagnes et l’œkoumène au Japon », L’Espace géographique, no 2, 1980, p. 151-162.

3. Bernard Formoso, « Les montagnards et l’État en Asie du Sud-Est continentale », L’Homme, no 179, 2006, p. 91-112.

4. Pierre Gourou, Riz et civilisation, Paris, Fayard, 2000.

6. Dans l’ordre chronologique : Ernst Jünger, Sur les falaises de marbre, 1939 (trad. française : Gallimard, 1942) ; Dino Buzzati, Le désert des Tartares, 1940 (trad. française : Robert Laffont, 1949) ; Julien Gracq, Le rivage des Syrtes, Paris, José Corti, 1951 ; John Maxwell Coetzee, En attendant les barbares, 1980 (trad. française, Le Seuil, 1987).

7. Par « zonal », on comprendra exclusivement dans ce livre une configuration dans le sens des parallèles terrestres (on ne parlera donc pas de ZPIU, de ZAU…).

8. Paris, Le Seuil, 2013.

9. Daniel Nordman, Frontières de France, Paris, Gallimard, 1998.

10. Bertrand Badie, La fin des territoires, Paris, Fayard, 1995.

11. Armelle Choplin et Olivier Pliez, La mondialisation des pauvres, Paris, Le Seuil, coll. « La République des idées », 2018.

12. Jean de La Fontaine, « Les animaux malades de la peste » (il s’agit des deux derniers vers, la morale de la fable), Fables, deuxième recueil, livre VII, 1678.

13. Vincent Capdepuy et Christian Grataloup, « Continents et océans : le pavage européen du globe », Monde(s), no 3, 2013/1, p. 29-51.

14. Je reprends évidemment le titre du manuel de Fernand Braudel (Grammaire des civilisations, ouvrage publié en 1987 aux éditions Arthaud, mais qui reprend l’essentiel du manuel scolaire édité en 1963), mais pas sa logique qui reste profondément eurocentrée.

Chapitre 1. La zonation du Monde

1. Les bématistes étaient des techniciens de l’armée d’Alexandre le Grand. Entraînés à marcher très régulièrement, ils comptaient le nombre de pas entre deux campements. Leurs indications enregistrées par la chancellerie d’Alexandre serviront de base à une topographie grecque de l’Asie (Marie-France Baslez et Jean-Marie André, Voyager dans l’Antiquité, Paris, Fayard, 1993).

2. André Miquel, La géographie humaine du monde musulman jusqu’au milieu du XIe siècle, Paris, Mouton, 1975, p. 56-60.

3. C’est en particulier le cas dans les figures illustrant le Commentaire au songe de Scipion de Macrobe, texte souvent recopié dans les monastères médiévaux.

4. Strabon, Le voyage en Égypte. Un regard romain, éd. de Jean Yoyotte et Pascal Charvet, Paris, Nil Éditions, 1997.

7. François-Xavier Fauvelle-Aymar, Le rhinocéros d’or, Paris, Alma Éditeur, 2013, p. 65-70.

8. Elsa Vieillard-Baron, La jungle entre nature et culture : un imaginaire socio-spatial de l’antimonde, thèse soutenue en 2011 à l’université Paris Diderot (www.theses.fr/2011PA070029#).

10. Bouda Etemad, La possession du monde. Poids et mesures de la colonisation, Bruxelles, Complexes, 2000.

11. Gordon A. Harrisson, Mosquitoes, Malaria and Man: an History of the Hostilities since 1880, New York, Dutton, 1978.

12. Programme Intégration-Nutrition Canada : www.integrationnutrition.com

13. PUF. La première édition, en 1947, n’inclut pas cette remarque due à D. H. K. Lee (in Climate and Economic Developement in the Tropics, New York, Harpers, 1957).

14. Selon la Banque mondiale. Rappelons que l’IDH idéal serait à 1. En 2015, les pays les plus pauvres (Niger, Tchad, République centrafricaine, compte non tenu des « États » sans statistique comme la Somalie) se situent à moins de 0,35. En comparaison, les plus riches (Amérique du Nord, Europe, Japon et Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande) sont tous à plus de 0,85.

16. Corée du Sud, Singapour, Taiwan et Hong Kong, considérés aujourd’hui comme des pays développés à part entière. On les désigne maintenant comme « d’anciens NPI ».

17. Jean Baudrillard, La société de consommation, Paris, Gallimard, 1970.

18. Kenichi Ohmae, Triad Power: The Coming Shape of Global Competition, New York, Free Press, 1985.

19. Jean Fourastié, Les Trente Glorieuses, ou la révolution invisible de 1946 à 1975, Paris, Fayard, 1979.

22. Un beau succès éditorial du sentiment de « déclin de l’Empire américain », pour parodier le titre d’un célèbre film de Denys Arcand de 1987, fut celui de l’ouvrage de l’historien britannique Paul Kennedy (Naissance et déclin des grandes puissances, New York, Ramdon House, 1987), qui développait un modèle cyclique très classique.

Chapitre 2. Il était une fois le couple Nord/Sud

1Introduction à la géohistoire, Paris, Armand Colin, 2015, chapitre 1.

2. Le 23 avril 2018, une équipe de généticiens botanistes de l’université d’Oxford a publié le résultat d’une recherche (“Reconciling Conflicting Phylogenies in the Origin of Sweet Potato and Dispersal to Polynesia”, Current Biology, 28-8, 23 avril 2018, p. 1246-1256) tendant à montrer que la diffusion de la patate dans le Pacifique serait bien antérieure à celle des sociétés polynésiennes et même du peuplement de l’Amérique. Ipomoea batatas se serait différenciée génétiquement il y a plus d’un million d’années. Une variante, Ipomoea littoralis, qui ne fut pas rencontrée en Amérique mais dans le Pacifique occidental et à Madagascar, aurait divergé de son espèce sœur, Ipomoea lactifera, elle bien américaine, il y a 1,1 million d’années. Depuis quelques mois, la polémique fait rage dans le petit monde des études polynésiennes. Les arguments semblent solides pour défendre la thèse de la diffusion sociale. On ne connaît de la patate douce que des variantes cultivées. La très grande adaptabilité de cette plante fait que les sous-espèces sont très nombreuses et diverses sans qu’il soit nécessaire de supposer des variétés anciennes divergentes. C’est d’ailleurs cette souplesse qui a permis à la patate de s’adapter à l’altitude des pentes sèches des volcans hawaïens comme aux latitudes tempérées de Nouvelle-Zélande, constituant ainsi la base alimentaire de fortes structures sociétales. L’anthropologue Serge Dunis dans L’île aux femmes (Paris, CNRS Éditions, 2016) a montré le parallélisme de la circulation de sa culture avec celui de structures mythologiques, de l’Amérique à l’Asie orientale.

3. Max Milo Éditions.

4. Les pistes, qui partent des postes fortifiés à l’orée de la forêt où les chasseurs troquaient les peaux avec les commerçants (lieux appelés « gorod » en vieux russe, à l’origine de nombreuses villes comme Kiev), ont été étudiées et cartographiées par Maurice Lombard (Espaces et réseaux du Haut Moyen Âge, Paris, Mouton, 1972).

5. Thimothy Brook en a tiré le titre de son beau livre sur l’origine mondiale des objets rencontrés dans les tableaux de Vermeer : Le chapeau de Vermeer. Le XVIIe siècle à l’aube de la mondialisation, Paris, Payot, 2008.

6. Le premier livre consacré aux recettes de confitures fut sans doute Le grand confiturier dont l’auteur est plus connu pour un autre de ses ouvrages, Nostradamus (réédité en 2015 sous le titre Traité des confitures, Paris, Éditions Imago).

7. Jean Meyer, Histoire du sucre, Paris, Desjonquères, 1989.

8C’est pourquoi, j’avais tenu, en préambule à la réflexion sur les divisions du Monde, à écrire une histoire du petit déjeuner : Le Monde dans nos tasses. Trois siècles de petit déjeuner, Paris, Armand Colin, 2017.

9. Ce ne fut pratiqué de façon notable que dans le cadre de l’URSS.

10. Grégory Quenet, « L’Anthropocène et le temps des historiens », Annales. Histoire, Sciences Sociales, Paris, Éditions de l’EHESS et Cambridge University Press, avril-juin 2017, p. 267-300.

11. L’auteure de la notion de Chthulucène est Dona J. Haraway (Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene, Durham, Duke University Press, 2016). Le terme est féministe et vient du nom d’une petite araignée endémique en Californie, Pimoa cthulhu, qui reprend le nom d’un animal fantastique, le Cthulhu, apparu dans l’œuvre de Howard Phillips Lovecraft. L’objectif est d’éviter l’anthropos du mot « Anthropocène » qui exclut les femmes et les autres espèces vivantes. À la différence du monstre de Lovecraft qui exprimait la terreur face à l’inconnu, le Chthulu de D. J. Haraway invite à rencontrer d’autres formes de vie (animaux non humains, végétaux, bactéries, champignons…), espèces « camarades » qui partagent avec l’être humain des « histoires de cohabitation, de coévolution et de sociabilité ».

12. Donna Haraway et al., “Anthropologists Are Talking: About the Anthropocene”, Ethnos, no 81-3, 2016, p. 535-564.

13. Journée d’étude « Le paradigme de la race dans le nouveau Grand Récit de l’Anthropocène. De l’Anthropocène au Plantationocène : racialisation et politiques de la nature » (Fondation des sciences de l’Homme et UMR Passages, 20 mars 2018).

14. Sindney Mintz, Sucre blanc, misère noire. Le goût et le pouvoir, Paris, Nathan, 1991 (éd. originale : Sweetness and Power: The Place of Sugar in Modern History, New York, Viking, 1985). Voir également l’économiste hétérodoxe Pierre Dockès, Le sucre et les larmes. Bref essai d’histoire et de mondialisation, Paris, Descartes et Cie, 2009.

15. « La principale contribution philosophique de l’Anthropocène est que la dimension narrative – ce que j’appelle géohistoire – n’est plus une couche ajoutée à la “réalité physique” brutale, mais ce dont le monde lui-même est fait » (extrait de la conférence de Bruno Latour, “Anthropology at the Time of the Anthropocene: A Personal View of What Is to Be Studied”, American Association of Anthropologists, 2014, traduction de l’auteur).

16Introduction à la géohistoire, op. cit.

17. Pour la pensée française : Tzvetan Todorov, Nous et les autres, op. cit.

18. Produit intérieur brut en parité de pouvoir d’achat. Calcul effectué pour corriger « l’effet Balassa-Samuelson », le fait que beaucoup de biens et la plupart des services sont d’autant moins chers que le pays est plus pauvre.

19. Walt Whitman Rostow, The Stages of Economic Growth: A Non-Communist Manifesto, Cambridge, Cambridge University Press, 1960.

20. C’est dans la presse économique que la notion de « pays émergent » apparaît au milieu des années 1980 pour classer des pays dont le PIB par tête, tout en restant nettement inférieur à celui des pays riches, connaît une croissance rapide et où les opportunités de « rattrapage » des vieux pays développés ont pu être vivement saisies.

21Vincent Capdepuy, « La limite Nord/Sud », Mappemonde, no 117, 2009.

22. Carl Schmitt, Der Nomos der Erde im Völkerrecht des Jus Publicum Europaeum, 1950 (trad. française : Le nomos de la Terre dans le droit des gens du jus publicum europeum, Paris, PUF, 2001).

Chapitre 3. C’est la lutte zonale !

1. Il signifiait alors la doctrine des partisans du régime impérial, les nostalgiques de Napoléon. C’est en anglais qu’il devient synonyme de colonialisme, en particulier lorsque Gladstone l’utilisa en 1880 pour fustiger la politique du gouvernement conservateur.

2. Kôtoku Shûsui, né en 1871, est un journaliste japonais, socialiste puis anarchiste. À la suite de « l’incident de haute trahison » (Taigyaku Jiken), incident utilisé par la police pour liquider le mouvement anarchiste, il fut pendu le 24 janvier 1911.

3. Il ne s’agit évidemment pas de l’expression des joueurs de golf (un drapeau planté par les joueurs qui n’ont pas atteint le trou pour indiquer où est leur balle et participer au calcul des points), mais de la formule courante dans la presse française des années 1870-1890 pour indiquer l’urgence de s’emparer des territoires colonisables avant d’autres puissances impérialistes.

5L’Observateur, no 118, le 14 août 1952, p. 14.

6. Le secrétariat du G24 est au FMI.

8Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, Paris, Armand Colin, 2015 (3e éd.), p. 259-266.

12Arghiri Emmanuel, L’échange inégal. Essai sur les antagonismes dans les rapports internationaux, Paris, Maspéro, 1969.

13Le développement du sous-développement, Paris, Maspéro, 1970.

14. Parmi les voix en ce sens, on peut citer Pierre Moussa qui publia en 1959 l’un des premiers livres français majeurs sur le sous-développement : Les nations prolétaires (PUF).

15. En 1961 est créé le mensuel Croissance des jeunes nations (devenu Croissance en 1990) qui fut une importante tribune des idées tiers-mondistes.

16. Dans la foulée sont créées les associations Terres des hommes en 1962 et Frères des hommes en 1965.

17. Laëtitia Altani-Duault et Laurent Vidal, Anthropologie de l’aide humanitaire et du développement, Paris, Armand Colin, 2009.

18. La révélation des atrocités des Khmers rouges fut un choc important. C’est net dans l’ouvrage collectif Le Tiers-Monde et la gauche (Paris, Le Seuil, 1979), recueil d’articles publiés en 1979 dans le Nouvel Observateur.

19. Rony Brauman, Guerres humanitaires. Mensonges et intox, Paris, Textuel, 2018.

20. Yves Lacoste, « La question post-coloniale », Hérodote, no 1, 2006.

21. Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire (dir.), La fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial, Paris, La Découverte, 2005.

22. Jean-François Bayard, Les études postcoloniales. Un carnaval académique, Paris, Karthala, 2010.

23. On peut entendre par « proto-coloniales » les situations des sociétés déjà fortement influencées par les échanges avec l’Europe, en particulier le commerce de traite, sans avoir été militairement conquises.

25La raison dans l’Histoire est le titre donné à l’introduction aux Leçons sur la philosophie de l’Histoire publiées après la mort de Hegel en 1831, à partir de ses manuscrits et des notes de cours de ses élèves prises entre 1822 et 1830.

26. Par exemple, dans l’Atlas historique universel de Jacques Bertin (Paris, Minerva, 1997) qui a le grand mérite de présenter un planisphère par siècle depuis – 1000.

27. C’est pourquoi le 26 janvier est la fête nationale australienne…

28. Moins de 10 % des permis d’immigrer sont attribués à des femmes d’après les Archives générales d’Indias de Séville.

29. Henri Gutierrez, « Évolution de l’Amérique latine », Population, no 32-2, 1977, p. 461-466.

30. Maria-Luiza Marcillo, « La démographie historique en Amérique latine : un bilan », Annales de démographie historique, no 2, 2001, p. 111-125.

31. Selon l’hypothèse la plus extrême, celle d’H. Dobyns (“Building Stones and Papers: Evidence of Native American Historical Numbers”, LAPHN, no 24, 1993, p. 11-19), les Américains seraient passés de plus de 100 millions en 1492 à 4,5 millions au milieu du XVIIe siècle. Beaucoup d’estimations sont plus modérées, mais proposent tout de même des estimations de l’ordre de la moitié, soit une cinquantaine de millions réduite à moins de 5 en 150 ans, soit un effondrement de l’ordre de 90 %.

32. Martine Droulers, Brésil. Une géohistoire, Paris, PUF, 2001.

35Le radeau des cimes. L’exploration des canopées forestières, Paris, Lattès, 2000.

36Un monde sans hiver. Les tropiques, nature et société, Paris, Le Seuil, 1993.

37La condition tropicale. Une histoire naturelle, économique et sociale des basses latitudes, Arles, Actes Sud, 2010.

38. Marston Bates, Where Winter Never Comes: A Study of Man and Nature in the Tropics, Charles Scribners and Sons, New York, 1952. Traduit en français dès 1953 : Les tropiques : l’homme et la nature entre le Cancer et le Capricorne, Paris, Payot.

39La condition tropicale, op. cit., p. 23.

40. Je dois reconnaître que lui-même m’épingle [La condition tropicale, op. cit., p. 19], mais sans discuter non plus l’hypothèse « des épices » que j’avais proposée.

Chapitre 4. Quand l’Autre franchit la ligne

1. Vincent Capdepuy, « La limite Nord/Sud », art. cit.

4. Tzvetan Todorov, Nous et les autres, op. cit.

5. Évidemment, la formidable leçon d’humanisme donnée par Montaigne dans le célèbre chapitre 31, « Des cannibales », est la face lumineuse de ce rapport à l’autre transatlantique.

6. Nina G. Jablonski et George Chaplin, “The Evolution of Human Skin Coloration”, Journal of Human Evolution, no 39-1, 2000, p. 57-106.

7. Desmond Morris, Le singe nu, Paris, Le livre de poche, 1971.

8. En France, l’Institut national du cancer (INCa), créé en 2005, organise sa politique de prévention selon la classification de Fitzpatrick (mise au point en 1975 par l’équipe de dermatologie de Harvard dirigée par Thomas B. Fitzpatrick), qui ordonne les peaux humaines en six types de sensibilité aux rayonnements ultraviolets (les phototypes), allant de la peau très blanche, avec cheveux blonds et roux, qui ne bronze pas (coups de soleil) et court de gros risques cancéreux (phototype 1), à la peau très foncée, avec cheveux et yeux noirs, dont les risques de carcinomes cutanés par exposition trop régulière aux UV (A et B) sont bien moindres (ce qui peut avoir des effets pervers : le dépistage étant alors moins systématique, les risques de mélanomes sont plus importants, ce qui est constaté chez les Afro-américains).

9. Les UV détruisent particulièrement les réserves de vitamines B9 (acide folique nécessaire à la division cellulaire donc particulièrement pendant la grossesse), ce qui aurait beaucoup accentué les risques de fausses couches chez les hominidés à peau plus claire.

10. Le terme « adivasis » vient du sanskrit et peut être traduit comme les habitants (vasi) du commencement (adi), donc littéralement des peuples premiers.

12. Et on trouve facilement des sites Internet conspirationnistes affirmant que Socrate était noir…

13. Catherine Coquery-Vidrovitch, Les routes de l’esclavage. Histoire des traites africaines. VIe-XXe siècles, Paris, Albin Michel, 2018. On remarque, dès le sous-titre, la chronologie large adoptée par l’auteure, grande référence de l’histoire de l’Afrique noire.

14. Ou « le serviteur des serviteurs » selon d’autres traductions.

15Kthava d-m’arrath gazzé en syriaque, littéralement Livre de l’ordre de succession des générations. Ce titre se comprend parce qu’il s’agit d’une histoire du monde organisé en 7 000 ans (une semaine de millénaires), Jésus-Christ étant né au milieu de l’avant-dernier millénaire. Le titre usuel est dû à l’une de ses anecdotes les plus diffusées : Adam aurait caché dans une grotte l’or, l’encens et la myrrhe destinés à devenir les offrandes des Mages (qui sont des personnages éminemment métagéographiques, puisqu’ils deviendront dans la vision chrétienne latine des représentants des trois parties du monde).

16. Le travail historique le plus sérieux sur cette question fort délicate est l’article de Benjamin Braude, « Cham et Noé. Race, esclavage et exégèse entre islam, judaïsme et christianisme », Annales HSS, janvier-février 2002, p. 93-125. En revanche, il faut avoir la plus grande méfiance face à un ouvrage souvent utilisé, Hebrew Myths: The Book of Genesis (New York, McGraw Hill Book Company, 1963), surinterprétation par compilation en un récit continu d’extraits de textes rabbiniques.

17. Tabari est cité, en particulier, par le Dictionnaire historique et critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible (1728), de Dom Augustin Calmet, qui exerça une grande autorité bien au-delà de l’Église catholique.

18. La bulle Romanus Pontifex, fulminée par le pape Nicolas V en 1455, deux ans après la chute de Constantinople, donne ainsi licence au roi du Portugal de conquérir les territoires des Sarrasins et des païens et « d’en réduire leurs personnes en servitude perpétuelle ».

19. La base de données qui fait autorité aujourd’hui est celle de David Eltis publiée en 2008 et régulièrement complétée (The Transatlantic Slave Database : www.slavevoyages.org/assessment/estimates). En 2018, elle recense 12 521 337 personnes arrachées à l’Afrique, dont plus de la moitié (6 495 619) durant le seul XVIIIe siècle.

20. Deux ouvrages publiés en 1954, Stolen Legacy. Greek Philosophy Is Stolen Egyptian Philosophy (L’héritage volé) de George J. M. James, et Nations nègres et culture de Cheikh Anta Diop sont souvent considérés comme les principaux textes fondateurs de l’afrocentrisme. Les deux ouvrages insistent sur la dimension noire de l’Égypte ancienne et son rôle fécondant (et occulté) pour la culture grecque. Cf. François-Xavier Fauvelle-Aymar, La mémoire aux enchères, Paris, Verdier, 2009.

21. Le « discours de Dakar » prononcé par un président de la République française le 27 juillet 2007 à l’université Cheikh Anta Diop n’est pas oubliable. Il reprenait le vieux leitmotiv hégélien de « l’homme africain qui n’est pas encore entré dans l’Histoire ».

22Géohistoire de la mondialisation, op. cit., p. 97 : « L’Afrique noire était déjà mal partie ».

24Le grand remplacement, Paris, Éditions D. Reinharc, 2011.

25. Mike Davis, Génocides tropicaux. Catastrophes naturelles et famines coloniales. Aux origines du sous-développement, trad. Marc Saint-Upéry, Paris, La Découverte, 2006.

26. Isabelle Rabut (dir.), Vision du « barbare » en Chine, en Corée et au Japon, Paris, Publications Langues O’, 2010.

Chapitre 5. Des parallèles aux méridiens

1. Michel Lussault, De la lutte des classes à la lutte des places, Paris, Grasset, 2009.

2. Pierre de Charentenay s.j., « Une guerre civile mondiale », Études, mars 2016.

3La guerre civile mondiale. Essais 1943-1978, Paris, Éditions Ère, 2007.

4. L’expression est d’Olivier Dollfus, La mondialisation, Paris, Presses de Sciences Po, 2007, (3e éd.).

5On a raison de se révolter, Paris, Fayard, 2018.

6. Régis Debray, Éloge des frontières, Paris, Gallimard, 2013.

7. L’expression est de Pierre Moussa (Les nations prolétaires, 1959, PUF).

8. Armelle Choplin et Olivier Pliez, La mondialisation des pauvres, Paris, Le Seuil, 2018.

9. Collectif (l’Institut du Pacifique), Le Pacifique, nouveau centre du monde, Paris, Berger-Levrault, 1983 (réédité en 1995).

12. Un exemple parmi nombre d’autres : dans Le Monde du 27 février 2018, le correspondant du journal à New Delhi, Julien Bouissou, écrit : « Après avoir longtemps regardé vers l’Asie, New Delhi se tourne vers le Moyen-Orient. » Outre que cette affirmation peut laisser douter de la situation asiatique de l’Inde, elle exprime clairement que le Moyen-Orient n’y est pas.

13. Les fédérations sportives australiennes et néo-zélandaises intègrent progressivement des structures régionales « d’Asie-Pacifique ».

14L’invention des continents. Comment l’Europe a découpé le Monde, Paris, Larousse, 2009.

15. Traduction en français dès 1988 : Naissance et déclin des grandes puissances, Paris, Payot. Le film québécois de Denys Arkand, Le déclin de l’Empire américain (1986), qui met en scène les discussions d’universitaires montréalais, pourrait être considéré comme la vision d’individus pris dans une crise globale de maturité vieillissante.

16Metropolitan Books. Traduction française dès 2006 chez Fayard : La fin de l’empire. La désagrégation du système américain. Walden Bello, ancien directeur exécutif du réseau d’ONG Focus on the Global South, est un militant de la démondialisation.

17. Il s’agit de la première phrase de l’essai La crise de l’esprit écrit en 1919 (Paul Valéry, Essais quasi politiques, Œuvres, tome I, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1957, p. 991-992).

18Faut-il penser autrement l’histoire du Monde ? Paris, Armand Colin, 2011.

19La condition postmoderne. Rapport sur le savoir, Paris, Éditions de Minuit, 1979.

20La Triade : émergence d’une stratégie mondiale de l’entreprise, Paris, Flammarion, 1985.

24. Jean-Louis Margolin, « Les scénarios noirs du péril jaune », L’histoire de l’Occident, hors série La Vie/Le Monde, 2014, p. 126-127.

25. « Du puzzle au réseau », Tiers-Monde : faim de théorie, EspacesTemps, no 36, 1987, p. 55-66.

26. Quentin Deluermoz et Pierre Singaravelou, Pour une histoire des possibles. Analyses contrefactuelles et futurs non advenus, Paris, Le Seuil, 2016.

27. Pierre Singaravelou et Fabrice Argounès, Le Monde vu d’Asie. Une histoire cartographique, Paris, MNAAG et Le Seuil, 2018.

28. Alain Grosrichard, Structure du sérail. La fiction du despotisme asiatique dans l’Occident classique, Paris, Le Seuil, 1979.

29. La traduction française, Le despotisme oriental. Étude comparative du pouvoir total, paraît en 1954 aux Éditions de Minuit avec une préface de Pierre Vidal-Naquet que Wittfogel a désavouée.

Chapitre 6. Faire avec les héritages

1. Le toponyme Eufrasie est expliqué dans la note 5 du chapitre 1. Il correspond à ce qu’on appelait l’Ancien Monde.

2. Tzvetan Todorov, Nous et les Autres, op. cit.

3Ancient Society or Researches in the Line of Human Progress from Savagery, through Barbarism to Civilization, Londres, Macmillan and Co, 1877.

4. Vincent Capdepuy, « Proche ou Moyen-Orient ? Géohistoire de la notion de Middle East », L’Espace géographique, 2008/3, p. 225-238.

5. Edward Saïd, L’orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Le Seuil, 1980 (avec une remarquable préface de Tzvetan Todorov).

6. Comme c’était le cas, il y a encore peu, dans nombre de départements universitaires nord-américains, à la Unam de Mexico par exemple, appelés « d’études orientales », c’est-à-dire s’intéressant aux sociétés situées de l’autre côté du Pacifique.

7. Gabriel Martinez-Gros, Identité andalouse, Arles, Actes Sud, 1999.

8. Serafin Fanjul, arabisant espagnol, est sans doute le plus stigmatisant dans la dénonciation du mythe : Al Andalus, l’invention d’un mythe. La réalité historique de l’Espagne des trois cultures, Paris, L’Artilleur, 2017.

9. Pierre Loti, écrivain orientaliste incontestable, fit un voyage diplomatique en 1889 dans le Royaume chérifien et, avec Au Maroc, publié en 1890, il invente son mode particulier de récit de voyage.

10. Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, c’est-à-dire l’ancien Turkestan de la géographie du XIXe siècle.

11Amérique latine. Introduction à l’extrême Occident, Paris, Le Seuil, 1987.

12Moderne sans être occidental. Aux origines du Japon d’aujourd’hui, Paris, Gallimard, 2016.

13. C’est-à-dire les Perses.

14. Dans un contexte proche de la querelle sur Al Andalus, s’est également développé un négationnisme du rôle de la pensée arabe dans la transmission des œuvres antiques : le médiéviste Sylvain Gouguenheim s’en est fait une spécialité (Aristote au mont Saint-Michel). Dans Les racines grecques de l’Europe chrétienne (Paris, Le Seuil, 2008), l’auteur écrit : « Si le terme de “racines” a un sens pour les civilisations, les racines du monde européen sont donc grecques, celles du monde islamique ne le sont pas. » Gouguenheim est revenu plus récemment sur le rôle décisif de Byzance dans La gloire des Grecs. Sur certains apports culturels de Byzance à l’Europe romane (Xe-début du XIIIe siècle), Paris, Le Cerf, 2017.

15Géohistoire de la mondialisation, op. cit., chapitre 3 : « Le système Ancien Monde ».

16. « Quelle est la plus grande île du Monde ? », Mappemonde, 1997, no 4, p. 40-41.

19. Caïn est rejeté « à l’est d’Éden », dans l’obscurité, car en deçà du lever du soleil. Le Paradis correspond donc au lieu où se lève le soleil (et le début de l’histoire).

20. Serge Stolf, « E. S. Piccolomini et les Turcs : l’Europe face à son ennemi », Cahiers d’études italiennes, no 21, 2015, p. 105-117.

22. « L’invention des océans. Comment l’Europe a découpé et nommé le monde liquide », Géoconfluences, 2015 (http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/articles-scientifiques/l-invention-des-oceans).

Chapitre 7. Le choc des hémisphères

1Représenter le Monde, Paris, La Documentation française, 2011.

2. Otilia Bardet, « Orient et Occident, deux autres en soi : regards sur le double héritage culturel chez V. S. Naipaul dans The Mimic Men et sa trilogie sur l’Inde », in Claudine Le Blanc et Jacques Weber (dir.), L’Ailleurs de l’autre. Récits de voyageurs extra-européens, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 271-283.

3. Daniel Lançon, « Les relectures d’Orientalism par Edward Saïd : défense, illustration et nouveaux contextes », Sociétés et représentations, no 37, 2014, p. 79-89.

5. Gilles Palsky, Des chiffres et des cartes. La cartographie quantitative au XIXe siècle, Paris, CTHS, 1996.

8Introduction à la géohistoire, op. cit.

9. Victor Riqueti de Mirabeau, L’ami des hommes ou traité de la population, 5 tomes, 1756.

10. L’ouvrage en allemand est paru à Bâle en 1939, Elias, juif allemand, étant alors réfugié au Royaume-Uni. Il est publié en français en deux livres distincts : La civilisation des mœurs (1974) et La dynamique de l’Occident (1975).

11Ancient Society or Researches in the Line of Human Progress from Savagery, through Barbarism to Civilization, Londres, Macmillan and Co, 1877.

12. Arthaud, 1967 (rééd. Flammarion, 1993). Remarquons que la démarche braudélienne est très classique, fondée sur une distinction entre civilisations non européennes (islam, continent noir, Extrême-Orient) et européennes (Europe, Amérique – avec les mondes anglais dont l’Australie et la Nouvelle-Zélande –, Russie).

13. Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme. XVe-XVIIIe siècle, 3 tomes, Paris, Armand Colin, 1979. Voir en particulier la légende de la carte p. 40-41 du tome I : « Civilisations, “cultures” et peuples primitifs vers 1500 » (on retrouve la trilogie évolutionniste de Morgan dès le titre).

15. Clarisse Didelon, « Quand les firmes divisent le Monde. Représentations du territoire-Monde sur les sites Internet des firmes transnationales », Revue géographique de l’Est, vol. 50, no 1-2, 2010.

16Introduction à la géohistoire, op. cit., chapitre 1 : « Territoire » ; L’Atlas global, Paris, Les Arènes, 2017 (2e éd.), carte des langues au XVe siècle.

18La vision des vaincus. Les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole (1530-1570), Paris, Gallimard, 1971.

19J’ai tenté de brosser cette genèse, ainsi que de répondre à la question « Pourquoi l’Europe ? » dans Géohistoire de la mondialisation, op. cit.

20. Isabelle Landry-Deron (dir.), La Chine des Ming et de Matteo Ricci : le premier dialogue des savoirs avec l’Europe, Paris, Le Cerf, 2013.

21. Catherine Jami, « Légitimité dynastique et reconstruction des sciences. Mei Wending (1633-1721) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2004, no 4, p. 701-727.

22. Le terme de Cipangu provient du texte de Marco Polo. C’est la transcription phonétique du chinois ribenguo (pays du Soleil Levant, de l’Est autrement dit). Le nom de Cathay vient du persan via l’arabe. Les musulmans d’Asie centrale (persophones) désignaient à partir du XIe siècle la Chine par le terme « Khita », du nom du groupe d’éleveurs proto-mongols, les Khitans, qui avaient fondé la dynastie des Lia de l’Ouest.

24. François Jullien (avec Thierry Marchaisse), Penser d’un dehors (la Chine). Entretiens d’Extrême-Occident, Paris, Le Seuil, 2000.

26Du temps. Éléments d’une philosophie du vivre, Paris, Grasset, 2001.

27. Philippe Pelletier, L’Extrême-Orient : l’invention d’une histoire et d’une géographie, Paris, Folio, 2011.

29. Shenwen Li (dir.), Chine. Europe. Amérique. Rencontres et échanges de Marco Polo à nos jours, Laval, Presses de l’université Laval, 2009.

30. André Chouraqui rêvait ainsi en 1987 : « Imaginons les Juifs et leurs alliés, les Arabes et leurs alliés, associés à des puissances chrétiennes. Cette alliance des enfants d’Abraham pourrait constituer un bloc démographique, économique, technique, financier, intellectuel, spirituel d’une puissance incroyable qui pourrait faire obstacle à la destruction du monde et réaliserait la parole d’Abraham “les nations de la Terre seront bénies en Ta postérité” » (À l’heure d’Israël, Paris, Albin Michel, 2018).

31One Belt, One Road, en bon mandarin contemporain : la route du nord de l’océan Indien (l’ancienne Route « des Épices ») et la route trans-eurasiatique (l’ancienne Route de la Soie).

32. L’auteur de l’expression fut, au XIXe siècle, le géographe allemand Paul von Richthofen. Le choix de la soie comme produit symbolique indique bien que les échanges sont vus de l’Ouest. Grecs et Romains identifiaient la Chine comme la Sérique ou pays de la soie.

Chapitre 8. Entre États et Monde

1. François Durand-Dastès, Afrique du Nord, Moyen-Orient, Monde indien, volume de la Géographie universelle (Roger Brunet, dir.), Paris, Belin, 1995. L’expression quasi ou sub-continent découle du fait que la péninsule Indienne est un élément de plaque tectonique distinct de la plaque eurasiatique.

2Géohistoire de la mondialisation, op. cit., chapitre 3 : « Le système Ancien Monde ».

3. Pierre-François Souyri, Histoire du Japon médiéval, Paris, Perrin, 2013.

4. Dominique Garcia et Hervé Le Bras, Archéologie des migrations, Paris, La Découverte/Inrap, 2017.

5. « Le système-Monde. Proposition pour une étude de géographie », Système et localisations. Géopoint 1984, Groupe Dupont/université d’Avignon, 1986, p. 231-240. Olivier Dollfus reprend l’expression d’Immanuel Wallerstein (World-Systems Analysis: An Introduction, Duke University Press, 2004).

7. Philippe Pelletier, L’Extrême-Orient, op. cit. ; Christian Grataloup, L’invention des continents, op. cit.

8. On a évoqué dans le chapitre 4 les dérives afrocentriques. Les Grands récits panafricains commencent avec Cheikh Anta Diop et l’usage à double sens de l’Égypte : d’une part, elle est, dans cette perspective, toute pénétrée de négritude (donc, au-delà, également la Grèce), d’autre part, elle irradie sa civilisation jusqu’au Cap Vert.

9. Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales, Paris, Le Seuil, 1999.

Conclusion

1. La citation est à l’origine du choix du titre de Chine/Europe. Percussion dans la pensée (Pierre Chartier et Thierry Marchaisse dir.), PUF, 2005.

2. Joan Druett, Tupaia. Le pilote polynésien du capitaine Cook, Tahiti, URA éditions, 2015.

3. Reinhart Koselleck, Le futur passé, Paris, Éditions de l’EHESS, 1990.

4La matière de l’absence, Paris, Le Seuil, 2016.

5. « Victor-Marie », « Comte Hugo », 1910, in Œuvres de prose, tome II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1988, p. 496.