SOYONS SÉRIEUX

1. Oscar Wilde, « la vie imite l’art », dans Intentions ; la phrase exacte est : « Aussi paradoxal que cela paraisse – et les paradoxes sont toujours des choses dangereuses – il n’en est pas moins vrai que la Vie imite l’Art bien plus que l’Art n’imite la Vie. »

2. Degas refusant de vendre un tableau au Louvre se trouve dans Daniel Halévy, Degas parle (deuxième édition, 1995).

3. l’exemple de l’assassin de Milwaukee est authentique.

4. les définitions sont celles du Grand Robert.

5. la phrase « Ego mehercules… » est de Sénèque, Lettres à Lucilius, 113 (« Pour moi, grands dieux ! je n’interromprai pas le chatouillement ni la distraction que me procurent ces délicates sottises. ») ; le « Quant au latin, madame… » est de Henri Heine, Le Tambour Legrand, le délicieux Tambour Legrand.

6. les phrases de Montherlant se trouvent dans les Cornets 1930-1944 (notes non datées). Je les ai rassemblées pour la présentation du dialogue : après chacune d’elles Montherlant passe à la ligne.

7. la phrase de Victor Hugo se trouve dans Les Misérables.

8. la citation de citation de Chateaubriand dans Les Droites françaises, 1992, p. 124-125.

9. la phrase de Montesquieu se trouve dans les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence.

10. les phrases en anglais sont de Harold Nicolson, Diaries And Letters.

11. Gourmont, l’exemple des Aventures de Télémaque dans l’Esthétique de la langue française. Au début de son chapitre sur le cliché, il dit : « Il faut ici différencier le cliché d’avec le lieu commun. Au sens, du moins, où j’emploierai le mot, cliché représente la matérialité même de la phrase ; lieu commun, plutôt la banalité de l’idée. » Et, partant d’une si intéressante prémisse, il ajoute : « Le type du cliché, c’est le proverbe, immuable et raide ; le lieu commun prend autant de formes qu’il y a de combinaisons possibles pour énoncer une sottise ou une incontestable vérité. » Lui non plus ne distingue pas nettement les deux notions. Gourmont parle aussi du cliché dans Le Problème du style et dans La Culture des idées. Le Dictionnaire historique de la langue française, d’Alain Rey, donne le verbe « clicher » de 1803 et le mot « cliché » de 1809 dans le sens strict de l’imprimerie (« Fabriquer l’empreinte d’une forme en y coulant un métal fusible permettant d’obtenir une planche solide »), s’élargissant au sens de « copier, décalquer » en 1866. Tous les dictionnaires disent que le mot s’est formé à partir d’une onomatopée rappelant le bruit des machines, mais il existait avant cela un verbe « clicher » qui signifiait « avoir la colique », selon le Dictionnaire de la langue française du XIVe siècle de Huguet, et d’ailleurs « avoir la cliche » se dit encore dans le Sud-Ouest. (Sens différent, mais on pourrait aussi bien dire que le cliché est une colique distinguée. Selon le Grand Larousse encyclopédique de 1960, il existe un mot « cliche » qui désigne chez les graveurs de médailles « une empreinte prise dans de l’étain fondu pour juger de l’avancement de leur travail ».) Un sens supplémentaire et celui-ci disparu est donné par le Grand Larousse de Guilbert, Lagasse et Niobey, « clicher, prononcer défectueusement les chuintantes en expirant l’air sur les côtés de la langue (1836) ». C’est Pierre Larousse, dans son Dictionnaire universel du XIXe siècle, qui est le plus complet sur le passage du mot cliché au sens d’« expression rebattue » : il donne trois exemples, tous tirés du Figaro, dont : « Entre journalistes, on peut se faire la guerre, mais on doit se passer les clichés. » Il explique : « Le mot cliché fut d’abord une exclamation par laquelle les typographes, des juges souvent malins, accueillaient une plaisanterie surannée, un calembour traditionnel, un aphorisme antédiluvien. Quand un écrivain tire une formule, une phrase, une citation à un trop grand nombre d’exemplaires : Cliché ! s’écrie le compositeur. » Après quoi, selon sa méthode à la Bayle, Larousse se moque d’un critique littéraire qui selon lui cite trop souvent un certain vers de Regnard, « vers délicieux, en vérité, mais dont on se lasse, comme des meilleures choses », puis précise que c’est « Clément Duvernois ou un autre [qui] a fait sortir l’emploi de ce mot de l’atelier typographique, et l’a admis dans le domaine des lettres, où il a fait son chemin… » (Duvernois a été ministre dans le dernier gouvernement de Napoléon III, auteur d’un livre sans doute utile dans le genre mystique associative, La Vérité en matière d’assurances sur la vie, ainsi que de L’Ordre rose et de La Légalité rouge, 1873, on dirait qu’il y a des Duvernois à toute époque.) Pierre Larousse est un autre exemple de ce qu’on peut se moquer du cliché en employant des lieux communs (« on se lasse même des meilleures choses »), et même en des clichés (« antédiluvien »). Le Larousse date de 1869 ; Littré, de quatorze ans ultérieur, ne donne que le sens « imprimerie » du mot ; l’écrivain qui à ma connaissance ait le premier employé le mot « cliché » dans le nouveau sens est Alphonse Daudet dans Les Rois en exil (1879), il l’entend semble-t-il comme cliché de langage et du cliché « de situation » à la fois (« le cliché de leur argot et de leur rire »). « Poncif » vient du verbe « poncer » et date de 1551 selon le Grand Robert.

12. Théophile de Viau : « Et lorsque ton travail te fait penser à moi / Je m’estime aussi riche et plus heureux qu’un roi. », Seconde Partie des Œuvres, élégie XVIII ; Rivarol : « Il a parlé d’un plan de régénération qui […] le rendrait vraiment national et fort utile aux corps de gardes nationaux dans les longues soirées de l’hiver », Journal politique national ; Montaigne : « Ma conscience ne falsifie pas un iota, ma science je ne sais. », Essais, I, XXI.

13. Auguste, « aux calendes grecques » et « avoir des vapeurs », dans Suétone, Vie des douze Césars ; Suétone le mentionne comme quelque chose de remarquable, au point que, pour vapide se habere, il rappelle en suivant le latin usuel, male (se habere), se sentir mal ; le mot sur les nazis, qui est d’Hélène Vavaresco, dans Gabriel-Louis Pringué, Trente Ans de dîners en ville.

14. « la couleur est la voix des choses », dans les Études posthumément et mal intitulées de Louis Codet, recueillies à la suite de César Capéran.

15. « la petite musique » dans Céline : « Oui, je suis le dernier musicien du roman. C’est ce que j’ai amené. Une petite musique. », entretien avec André Parinaud, 1957 (Cahiers Céline, 2 ; c’est un entretien ultérieur, même année, qui a sans doute fait la fortune de cette image : il a été publié par L’Express).

16. selon l’Oxford English Dictionary, to be a turncoat est une expression inventée en 1557 par un certain Woodman que cite John Foxe dans les Actes and Monuments of this latter and perillous dayes, touching matters of the Church, dit le Book of Martyres, édition de 1570.

17. « tourner jaquette », signalé en 1640 dans les Curiosités françaises d’Antoine Oudin ; Mme de Sévigné, lettre à Mme de Grignan du 27 novembre 1673 (« Il y a des gens qui disent qu’il [Marin, premier président du parlement de Provence] tournera casaque, et qu’il vous aimera au lieu d’aimer l’évêque ») ; la lettre de Mérimée au chancelier Pasquier est du 14 février 1859.

18. les phrases de Molière se trouvent dans La Comtesse d’Escarbagnas.

19. Mme de Staël : « J’ai la première employé un mot nouveau, la vulgarité… », dans De la littérature ; le « style parlé », dans une préface aux Lettres et Pensées du prince de Ligne ; Balzac, Le Contrat de mariage : « […] le menton de Natalie était légèrement empâté, expression de peintre qui peut servir à expliquer la préexistence de sentiments dont la violence ne devait se déclarer qu’au milieu de sa vie. »