CHAPITRE II

La politique de l’apaisement ou la pax islamica


« Si les islamistes parvenaient à islamiser le monde entier, cela ne tiendrait pas à leur force intellectuelle, ni à leur foi, et encore moins à leur puissance militaire mais à la lâcheté de leurs adversaires. »

Waleed Al-Husseini

La « politique d’apaisement » européenne dans le contexte du terrorisme islamiste

Afin d’apaiser le monde islamique, vu comme un bloc indistinct du Bien, victime par essence de « l’oppression occidentale », Jacques Attali , l’ancien Secrétaire général de l’Élysée de François Mitterrand et conseiller des présidents Hollande, Sarkozy et Macron, avait commis un rapport en 1997, deux ans avant l’acceptation officielle de la candidature d’Ankara, qui préconisait d’intégrer la Turquie dans l’Union européenne comme solution pour éviter le pire : « Si l’Europe s’affirme comme un club chrétien, elle devra se préparer à l’affrontement avec un milliard d’hommes [Musulmans], à une véritable guerre de civilisations. Avec en prime, une guerre civile  ». De ce fait, « une Turquie intégrée à l’UE jouera un rôle indispensable pour lutter contre une division politique et culturelle du continent européen […] et contribuera de manière significative à la paix, la stabilité et la sécurité en Europe  »1 , poursuivait-il. Même s’il s’agissait plus d’une justification que de la vraie raison de cette candidature à laquelle les dirigeants européens ne croient plus, l’idée de gommer l’identité chrétienne de l’Europe et d’intégrer la civilisation islamique en son sein demeure un puissant argument des multiculturalistes et il fut omniprésent lors de l’ouverture des négociations avec Ankara.

Durant le sommet européen de Bruxelles du 17 décembre 2004 qui annonça officiellement l’ouverture des négociations en vue de l’adhésion, l’ex-Premier-ministre italien Silvio Berlusconi et ses homologues français Jacques Chirac , britannique Tony Blair , espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et allemand Gerard Schrœder, reprirent à l’unisson l’idée formulée par Attali, mais à travers cette expression si révélatrice d’une disposition capitularde face à une entité vécue comme potentiellement menaçante : « mieux vaut une Turquie avec nous que contre nous  »… Cette déclaration officielle montrait que l’Europe était intimidée par la stratégie de culpabilisation de Recep Taiyyp Erdogan et de son parti de la Justice et du Développement (AKP – au pouvoir à Ankara depuis 2002) qui sommaient les Européens de « prouver » que l’UE n’est pas un « club chrétien » alors même que la Turquie néo-ottomane d’Erdogan (« l’Atätürk à l’envers »), se posait déjà en leader du club « musulman » qu’est l’Organisation de la Coopération islamique (OCI). A ce titre, et alors même que l’intégration de la Turquie dans l’UE semble aujourd’hui de plus en plus impossible, notamment en raison de l’occupation de Chypre, de la persécution des Kurdes et de l’opposition turque, puis de la dérive dictatoriale d’Erdogan depuis avril 2017, le président turc se pose plus que jamais en « Reis  » (de l’arabe « rais  », « président ») des Turcs d’Europe et en néo-Sultan-protecteur des musulmans d’Occident qu’il invite à ne pas s’intégrer aux valeurs « impies » de l’Europe « islamophobe » et donc à se « désassimiler ».

C’est également pour se conformer à la doxa islamiquement correcte, qui consiste à valoriser l’identité des minorités musulmanes et des pays islamiques tout en dénigrant les racines judéo-chrétiennes de l’Occident, que la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini , déclara, dans son discours prononcé à l’occasion de l’« Appel à l’Europe V : l’islam en Europe », le 25 juin 2015, que « l’idée d’un affrontement entre l’islam et l’Occident a trompé nos politiques et nos récits. L’islam occupe une place dans nos sociétés occidentales. L’islam appartient à l’Europe. Il a une place dans l’histoire de l’Europe, dans notre culture, dans notre nourriture et – ce qui importe le plus, dans le présent et l’avenir de l’Europe. Certaines personnes tentent maintenant de nous convaincre que le musulman ne peut pas être un bon citoyen européen, que plus de musulmans en Europe sera la fin de l’Europe. Ces gens ne se sont pas seulement trompés sur les musulmans. Ces gens se trompent sur l’Europe, ils n’ont pas idée de ce que sont l’Europe et l’identité européenne. Le soi-disant État Islamique met en avant une tentative sans précédent de pervertir l’islam pour justifier d’un projet politique et stratégique néfaste – […]. Je ne crains pas de dire que l’islam politique devrait faire partie du paysage. La religion joue un rôle dans la politique – pas toujours pour le bon, pas toujours pour le pire. La religion peut faire partie du processus  ». Afin de préparer les Européens à une métamorphose de leur identité en les culpabilisant alors qu’ils ne persécutent pas les musulmans mais ont simplement peur du suprémacisme et du terrorisme islamistes, Frans Timmermans, Vice-président de la Commission européenne, déclara quant à lui, dans des termes élogieux envers l’islam qu’il n’aurait jamais utilisé au profit du christianisme : « L’Europe sera diversifiée […] Il n’y aura pas d’Europe blanche dans le futur […]. L’islam s’adapte bien mieux à la nouvelle Europe que les Européens dits de souche, bien que cette appellation soit une illusion  »2 . Les propos de Mogherini ou Timmermans ont montré une fois de plus que la recrudescence des attentats commis au nom de l’islam un peu partout en Europe ou ailleurs ne sont pas des occasions d’interpeller les pôles islamiques mondiaux et leurs puissants relais occidentaux qui distillent l’idéologie violente de la charià, mais au contraire de nouveaux prétextes pour battre sa coulpe et redoubler de professions de foi islamiquement correctes.

De la même manière, en Belgique, après les vagues d’attentats islamistes qui ont impliqué à Paris et à Bruxelles des réseaux islamistes belges, les autorités du pays décidèrent de lancer une vaste campagne de promotion de la civilisation islamique pour « favoriser le vivre-ensemble » et « lutter contre les préjugés ». C’est ainsi que fut ouverte, à Vanderborght, de 15 septembre 2017 au 21 janvier 2018, l’exposition « L’islam c’est aussi notre histoire ». Le but affiché sur le site de l’expo est, grâce à de nombreuses œuvres et, avec la participation d’une vingtaine d’artistes, de « redécouvrir l’influence de l’islam sur la culture et les mentalités européennes  »3 . Le site de l’exposition débite la traditionnelle doxa multiculturaliste en ces termes : « L’exposition est porteuse d’un message humaniste […], la présence musulmane en Europe est aussi ancienne que l’islam lui-même. […]. L’islam fait partie de l’ADN européen. Nous le constatons tous les jours au travers, par exemple, de l’architecture, de nos habitudes alimentaires ou encore de la musique […]. Nous l’avions programmée l’an dernier, juste après les attentats. […]. Le contenu revient sur les traces laissées par la civilisation musulmane sur le sol européen en treize siècles  ». L’idée est toujours de promouvoir une « bonne compréhension »4 de l’islam dans nos sociétés afin de faire pièce à l’image négative de cette religion trop souvent associée aux attentats terroristes. L’organisateur de l’Exposition, Benoît Remiche, ancien responsable de cabinets politiques du parti socialiste belge, a reconnu lui-même, le 13 septembre sur les antennes de la RTBF, que « l’exposition est politique. Il n’y a pas de peuple premier en Belgique…  », le but étant aussi de faire accepter l’adaptation de la société d’accueil judéo-chrétienne à la réalité migratoire et à l’islamisation de la « nouvelle société belge ». L’exposition démarre aux « racines abrahamesques » communes et occulte totalement les siècles des conquêtes militaires et razzias islamiques en Europe du sud puis les pirateries barbaresques ainsi que le siège de Vienne. La conquête de l’Espagne ainsi que la « présence ottomane » dans les Balkans (Grèce, Serbie, Roumanie, etc.) sont présentées comme « pacifiques », tandis que la colonisation des pays musulmans par l’Europe est déplorée5 .

Le discours « anti-islamophobie » de George W. Bush 7 jours après le 11 septembre aux côtés des lobbies islamistes américains

Cette diplomatie islamiquement correcte de principe, professée de façon toujours plus nette par les instances européennes et occidentales à mesure que le terrorisme islamiste frappe et que l’on craint la montée de « l’islamophobie », bat également son plein aux États-Unis. Cette tendance s’est considérablement renforcée à la suite des attentats du 11 septembre 2001, officiellement afin de conjurer le risque « d’amalgames », comme si les victimes premières n’étaient par les citoyens américains tués dans les attentats mais les musulmans étatsuniens scandalisés par l’association entre islam, jihad et terrorisme, association pourtant assumée par les islamistes jihadistes du monde entier.

Ainsi, au lieu de bannir sur leur sol les organisations islamiques wahhabites saoudiennes, pakistanaises, turques ainsi que les Frères musulmans qui incitent à refuser l’intégration, et au lieu d’exiger des pôles de l’islam mondial qu’ils condamnent la violence légale de la charià, les dirigeants américains, de George W. Bush à Barack Obama ont tous (excepté Donald Trump ) sacrifié au rituel islamiquement correct consistant à affirmer que l’islam n’a rien à se reprocher en tant que religion « de paix » et « d’amour ». Au lieu d’incriminer l’État « ami » d’où vient l’idéologie salafiste (Arabie saoudite), qui avait accordé des financements à plusieurs des terroristes du 11 septembre (14 sur 19 étaient d’ailleurs de nationalité saoudienne), tous dénoncèrent officiellement non pas la haine christianophobe, athéophobe et judéophobe du monde musulman et de nombre d’organisations islamiques américaines ayant pignon sur rue (voir infra ), mais ladite « islamophobie » occidentale.

Le 17 septembre 2001, soit une semaine à peine après les attentats revendiqués par Al-Qaïda, qui avaient fait plus de 3 000 morts et autant de blessés et disparus, le Président George W. Bush voulut faire ainsi un geste envers les associations musulmanes américaines suite à une vague d’actes et propos « islamophobes » en réaction aux attentats. Il se rendit pour cela dans la Grande mosquée de Washington, aux côtés de représentants de l’islam américain, notamment le lobby proche des Frères musulmans, le CAIR (Council of American and Islamic Relations). S’exprimant débout juste à côté du directeur exécutif du CAIR, Nihad Awad , et d’une femme ostensiblement couverte d’un hijab, Bush déclara qu’il était absolument nécessaire de ne « pas faire d’amalgame entre l’islam et le terrorisme  » et lança d’un ton grave « son appel à la tolérance  ». Dénonçant les « actes d’intimidation et les attaques racistes, anti-arabes et anti-musulmanes  », enregistrées sur le sol américain6 , il déclara que « l’islam c’est la paix  » et que « le visage de la terreur n’a rien à voir avec cette religion pratiquée par des centaines de millions de personnes à travers le monde  ». Il prononça ces propos – louables dans l’absolu – non pas devant des réformistes et de réels opposants musulmans au totalitarisme islamiste, mais à côté d’un représentant du CAIR, principale groupe de pression nord-américain lié aux Frères musulmans qui assume même ses liens avec la branche terroriste palestinienne des Frères-musulmans : le Hamas. « Permettez-moi de citer le Coran lui-même, déclara Bush junior : À long terme, le mal à l’extrême sera la fin de ceux qui font le mal. Pour cela ils ont rejeté les signes d’Allah et les ont tenus au ridicule. Le visage de la terreur n’est pas la vraie foi de l’islam. Ce n’est pas l’islam. L’islam est la paix. Ces terroristes ne représentent pas la paix. Ils représentent le mal et la guerre […]. Quand nous pensons à l’islam, nous pensons à une foi qui apporte du réconfort à un milliard de personnes à travers le monde, des personnes qui trouvent le réconfort, la consolation et la paix  ». Bush se mit ensuite à vanter les qualités exceptionnelles des musulmans américains, présentés comme un bloc du Bien, qui « sont des médecins, des avocats, des professeurs de droit, des militaires, des entrepreneurs, des commerçants, des mamans et des papas  ». Et il fit la promotion du voile islamique face à ceux qui le considèrent comme une marque d’intégrisme : « Les femmes qui se couvrent la tête dans ce pays doivent se sentir à l’aise de sortir de chez elles […]. On m’a dit que certains ont peur de partir ; certains ne veulent pas faire du shopping pour leurs familles ; certains ne veulent pas aller à leur routine quotidienne parce que, en portant un voile, ils ont peur d’être intimidés. Cela ne devrait pas et cela ne sera pas en Amérique. Ceux qui ont l’impression de pouvoir intimider nos concitoyens pour se débarrasser de leur colère ne représentent pas le meilleur de l’Amérique, ils représentent le pire de l’humanité et ils devraient avoir honte de ce genre de comportement  ». Comble de l’ironie, le directeur du CAIR, M. Awad, ouvertement proche du Hamas, qui accueillit Bush junior à la mosquée de Washington, déclara qu’il fallait « rappeler constamment aux gens que ce qui a fait l’Amérique de grand, c’est le respect de la liberté religieuse et la tolérance zéro pour les crimes de haine contre des personnes innocentes  ». Ces propos étaient particulièrement surréalistes de la part d’une personnalité tout sauf modérée qui assume la charte du Hamas (groupe islamo-terroriste palestinien), laquelle cite officiellement le best-seller conspirationniste anti-juif planétaire : Les Protocoles des Sages de Sion . Un ouvrage tristement célèbre qui influença Hitler, les anti-juifs du monde entier et jusqu’aux Frères musulmans que George W. Bush et son successeur Barack Obama ne dénoncèrent jamais comme matrice de l’islamisme radical.

En affirmant dans son discours à la mosquée de Washington que « l’islam est une religion de paix, dont les principes les plus fondamentaux ont été violés  » le 11 septembre, l’ex locataire de la Maison Blanche, pieds et poings liés à des régimes qui ont financé l’OCI, les Frères musulmans et même des groupes terroristes (Arabie saoudite, Qatar, Koweït, Pakistan, etc.), participait lui aussi à une campagne mondiale de promotion de l’islamisme, certes « institutionnel ». Il satisfaisait de la sorte aux exigences de ceux qui refusent par principe de pointer du doigt les États, organisations et écrits islamiques dits légaux qui justifient la violence du jihad . George Bush affirma même devant des lobbies islamiques que « les musulmans à travers le monde ont été tout autant  » scandalisés par les attentats du 11 septembre. Par ces belles affirmations, le président Bush niait ainsi la réalité des multiples scènes de joie dans des pays musulmans après l’attaque du 11 septembre. Il passait également sous silence, en affirmant que le milliard et demi de musulmans est intrinsèquement pacifique et condamne le terrorisme islamiste anti-occidental, les thèses pourtant très répandues visant à nier que les attentats aient pu être commis par des musulmans.

Ainsi, à chaque fois qu’un attentat terroriste est commis, des lobbies islamiques pourtant eux-mêmes liés aux Frères musulmans ou à d’autres organisations islamistes saoudiennes, pakistanaises, pourtant mal placées pour donner des leçons de morale antiracistes, donnent le ton et présentent les musulmans comme les « vraies victimes collatérales des attentats jihadistes » et de ceux qui « salissent » leur image en faisant un lien entre islam et terrorisme. En conséquence, le simple fait de condamner (en le niant) le terrorisme islamiste est une occasion pour les pôles de l’islamisation de faire passer l’islamisme radical non-terroriste comme « modéré ». C’est ainsi que le rejet du voile islamique, pourtant imposé dans le passé de façon vigoureuse dans des pays musulmans modernistes (Turquie d’Atätürk ou Tunisie de Bourguiba), est présenté aujourd’hui comme de « l’islamophobie » alors qu’avant les années 2000 et la montée des attentats islamistes en Occident, il était dans de nombreux pays occidentaux et même dans plusieurs pays musulmans la marque de l’inégalité des sexes et de l’obscurantisme.

Certes, la condamnation des actes anti-musulmans est louable et nécessaire, lorsqu’il s’agit d’actes avérés, mais faire croire que la société américaine « persécuterait » les musulmanes voilées sous prétexte que l’on aurait « rapporté » au président américain que certaines « se sentiraient rejetées » en sortant de chez elles, revient en fait à stigmatiser et culpabiliser la société américaine dans son ensemble, alors que les vrais responsables du malentendu entre musulmans et non-musulmans sont les islamistes qui somment les femmes de ne pas s’intégrer et de se voiler dans une logique de communautarisme.

Comme la plupart des dirigeants occidentaux, Bush est ainsi tombé dans le piège des islamistes institutionnels qui transforment chaque attentat en une occasion de présenter les musulmans comme les « vraies victimes » de ces actes barbares. Il a cédé à la stratégie de l’intimidation qui consiste à refuser de faire tout lien entre islam et violence et à prôner le caractère parfait de cette religion qu’il serait « raciste » de critiquer et qui n’aurait nul besoin de se remettre en question à la différence des autres religions qui ont toutes connu un aggiornamento.

Le Discours du Caire (2009) de Barack Obama , président américain le plus lié aux Frères musulmans

Barack Hussein Obama alla plus loin encore que son prédécesseur George W. Bush , lorsqu’en 2009, dans le cadre d’une louable politique de « reset  » avec le monde arabo-musulman, il prononça une célèbre allocution, d’ailleurs entamée en arabe par un « Salam aleikum  », à l’Université Al-Azhar du Caire, la plus importante université du monde sunnite, pourtant connue pour être un foyer d’intolérance islamique et un haut lieu de pensée anti-chrétienne et judéophobe. L’ex-président Obama appela à tourner la page d’un « cycle de méfiance et de discorde  » entre les États-Unis et le monde musulman et il déclara : « en tant que président des États-Unis, je considère qu’il est de ma responsabilité de lutter contre les stéréotypes sur l’islam, où qu’ils apparaissent  ». Souscrivant lui aussi au dogme de la dénonciation de l’islamophobie et laissant entendre que les musulmans américains seraient « privés de leur liberté religieuse  », Obama, appela les pays occidentaux à « éviter d’empêcher leurs citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils l’entendent – par exemple en dictant la manière dont une musulmane doit s’habiller. On ne peut pas déguiser l’hostilité à l’égard d’une religion sous le couvert du libéralisme  »7 .

Faisant clairement allusion aux lois interdisant le voile islamique dans les lieux publics en France, Obama critiqua ainsi ouvertement ses propres alliés européens pour plaire aux États islamiques du Golfe, pourtant bien plus intolérants envers les minorités chrétiennes. Ceci ouvrait une fois de plus une brèche au sein du camp euro-occidental qui montrait ainsi qu’il était intimidé et était tombé dans le piège de la culpabilisation.

Cédant à ce piège cher aux lobbies islamiques obscurantistes, il omettait de rappeler que les pôles de l’islamisme radical « amis » des États-Unis (Arabie saoudite, wahhabisme, Frères Musulmans, Qatar, islamisme indo-pakistanais officiel, Turquie d’Erdogan néo-ottomane, etc.) appellent les musulmans – dont ils contrôlent les mosquées et associations en Europe – à ne pas se conformer aux lois sur le voile, à mépriser les non-musulmans et à former progressivement une communauté à part dotée de droits spécifiques et « désassimilée ». Ceci alors même que les non-musulmans des pays islamiques sont discriminés au nom d’une charià, par ailleurs jamais pointée du doigt par Obama et ses prédécesseurs. Ce dernier salua ainsi au contraire « les efforts comme ceux du roi Abdallah d’Arabie saoudite pour le dialogue interreligieux ou des dirigeants turcs pour l’Alliance des civilisations  »8 . Cet éloge laisse pantois quand on connaît l’intolérance de l’islam wahhabite saoudien et l’implication de ce pays dans le financement de mouvements salafistes terroristes ou prosélytes, y compris en Occident.

Adepte du mythe fondateur de l’islamiquement correct qui pose la « supériorité de la science arabo-islamique » et la « tolérance » intrinsèque de l’islam (voir chapitres VI et VII ), l’ancien président américain vanta les mérites de l’islam comme il n’a jamais venté ceux de la religion chrétienne : « Instruit en histoire, je connais aussi la dette de la civilisation envers l’islam. Ce fut l’islam – dans des endroits comme l’Université al-Azhar – qui a porté la flamme de l’étude pendant plusieurs siècles, montrant la voie en Europe à la Renaissance et aux Lumières. Ce fut l’esprit d’innovation qui soufflait sur les communautés musulmanes qui a produit l’algèbre, nos compas et outils de navigation, notre maîtrise de l’imprimerie, notre compréhension de la transmission des maladies et des moyens de la soigner. La culture musulmane nous a donné des arches majestueuses et des spirales élancées, une poésie éternelle et une musique magnifique ; une calligraphie élégante et des endroits de paisible contemplation. Dans son histoire, l’islam a fait la preuve, par les paroles comme par les actes, que la tolérance religieuse et l’égalité raciale étaient possible s ». Obama poursuivit en investissant le thème favori de tous les suprémacistes islamistes, « Al-Andalus », qui permet d’entretenir une nostalgie de la conquête de l’Europe du Sud par les califats arabo-musulmans : « L’islam a une tradition de tolérance fière d’elle-même. Nous le voyons dans l’histoire de l’Andalousie et de Cordoue. Je l’ai vu moi-même enfant en Indonésie, où des prêtres chrétiens pratiquaient leur religion librement dans un pays dont l’immense majorité est musulmane. C’est l’esprit dont nous avons besoin aujourd’hui. Dans tous les pays, les gens doivent être libres de choisir et de vivre leur foi sur la base de la persuasion de l’esprit, du cœur et de l’âme. Cette tolérance est essentielle pour la religion, mais elle est menacée de différentes manières  »9 .

Si Barack Obama n’a jamais raté une occasion d’être sévère envers les pays occidentaux qui « restreindraient les droits des musulmans », ou envers les Américains WASP proches de la droite évangélique et de Donald Trump , coupables de « racisme et d’islamophobie » pour des simples déclarations, il n’a en revanche jamais été aussi sévère envers les États musulmans qui persécutent concrètement leurs minorités au nom de la loi islamique, à commencer par l’Arabie saoudite promotrice du wahhabisme-salafisme et à l’origine d’Al-Qaïda. Ce pays interdit pourtant carrément les cultes non-musulmans sur son sol, et fait égorger ou crucifier les « apostats ». Obama fit également l’apologie de l’Indonésie où les chrétiens ont été massivement persécutés depuis les années 1990, voire même épurés dans certaines régions10 , ce qui est autrement plus grave que des propos « islamophobes ». De la même manière, il a vanté les mérites de la Turquie d’Erdogan néo-ottomane qui nie officiellement le génocide des chrétiens arméniens et araméens et qui a appuyé nombre de groupes jihadistes en Syrie ainsi que le Hamas à Gaza.

Plus récemment, à neuf mois de la présidentielle américaine de 2017, le 3 janvier 2016, qui a vu l’élection surprise de Donald Trump , et après plusieurs attentats islamistes qui ont ensanglanté les rues de Bruxelles, Paris, New York, Orlando, San Bernardino, Barack Obama se rendit dans la mosquée de Baltimore pour y dénoncer « l’islamophobie », alors que pratiquement aucun dirigeant occidental n’a dénoncé aussi solennellement la christianophobie, pourtant bien plus manifeste et meurtrière, des pays musulmans, quant à eux à mille lieux d’entreprendre le moins travail d’autocritique.

Dans ce discours historique, Barak Obama dénonça de plus belle non pas les attentats islamistes survenus en chaîne dans plusieurs démocraties occidentales, mais la « dérive islamophobe » et la « rhétorique haineuse » de certains candidats républicains, faisant clairement allusion ici aux propos de Donald Trump  qui avait proposé, dans la foulée de la fusillade de San Bernardino (2 décembre 2015, Californie), d’interdire l’accès des musulmans issus de certains pays faillis aux États-Unis par crainte d’attentats djihadistes. L’ex-président américain accusa Trump et d’autres personnalités conservatrices proches du Tea Party de « faire des amalgames entre des actes terroristes et une religion de paix […]. L’islam a toujours fait partie de l’Amérique  », affirme-t-il, dénonçant « une rhétorique inexcusable contre les musulmans américains, des propos qui n’ont pas leur place dans notre pays  »11 .

A chaque attentat jihadiste, on constate donc que quelques propos « islamophobes » d’hommes politiques ou journalistes déclenchent plus d’indignation que les actes terroristes-islamistes perpétrés de façon continuelle depuis le 11 septembre 2001 contre des citoyens « mécréants » de pays occidentaux. Là aussi, Obama s’évertua à nier tout lien entre l’islam et terrorisme islamique, et il n’osa jamais dénoncer dans ses discours les sources wahhabites ou salafistes du jihadisme, pourtant officiellement enseignées en Arabie saoudite, où l’on appelle à tuer les païens, les homosexuels et les mécréants dans des manuels scolaires exportés, qui plus est, dans le monde entier. Et là aussi, l’ubuesque s’est joint au politiquement correct lorsque les représentants de l’islamisme intolérant ont salué les propos d’Obama et dénoncé l’intolérance islamophobe de Donald Trump : « C’est une année électorale et nous voyons déferler toute cette haine anti-musulmans. Cette visite arrive au bon moment  », a estimé Riham Osman , cadre d’un autre grand lobby américain lié aux Frères musulmans, le Muslim Public Affairs Council12 . Au lieu d’interpeller Riham Osman sur la responsabilité historique des Frères musulmans dans l’éclosion du jihadisme, Obama lui répondit dans la plus pure langue de bois islamiquement correcte qu’« une attaque contre une religion est une attaque contre toutes les religions  ». Comble de l’ironie, il compara le sort des musulmans d’aujourd’hui avec celui des juifs d’hier, tous deux victimes de « virulentes attaques au cours de l’histoire américaine  ». Il s’agissait là d’une inversion orwellienne des responsabilités, car les Frères musulmans, devant lesquels il a dénoncé « l’islamophobie », sont l’un des plus grands vecteurs au niveau mondial du nouvel antisémitisme13 . On ne peut en effet qu’être stupéfait par la comparaison du sort des musulmans d’Occident aujourd’hui (pourtant libres d’exercer un prosélytisme souvent virulent) aux Juifs d’hier cibles des idéologies génocidaires.

Alors qu’il souligna très souvent l’importance de ne pas faire d’amalgame entre « une petite fraction de musulmans qui propagent une vision pervertie de l’islam  » et « une écrasante majorité des musulmans du monde qui voient leur religion comme une source de paix  », puis de combattre l’intolérance de l’extrême-droite populiste en Occident, le président américain refusa toujours de dénoncer les Frères musulmans ou l’islam wahhabite saoudien, dont il a été très proche, puisque six de ses anciens conseillers en ont fait partie14 . C’est dans cette logique très « islamiquement correcte » que, lorsque le régime Frères-musulmans de l’ex-Président Mohamed Morsi accusé de fanatisme et de dérive dictatoriale fut renversé en 2013 en Égypte par le Maréchal Al-Sissi sur demande de millions de manifestants hostiles aux Frères, Barack Obama fut l’homme politique occidental qui défendit le plus Morsi et les Frères-musulmans et qui blâma le plus le nouveau président Abdel Fatah Al-Sissi, pourtant en guerre contre l’islamisme radical.

Du « bon impérialisme » ou le mythe du califat éclairé d’Al-andalus

Selon le postulat islamiquement correct qui anime les discours de la plupart des hommes politiques occidentaux, la civilisation européenne et judéo-chrétienne, coupable de tous les maux, devrait reconnaître ses « fautes » passées et présentes (Croisades, expulsion des musulmans d’Espagne au XV e  siècle, colonisation, impérialisme, etc.), et les « réparer », sans prescription, en cédant aux exigences du suprémacisme revanchard de l’islamisme. Comme on l’a vu avec les déclarations du Caire et de Baltimore d’Obama, cette « réparation » passerait par la reconnaissance d’une « dette » de l’Occident envers la science arabo-musulmane sans laquelle la Modernité européenne n’aurait été possible.

Les propos de nombreux autres hommes politiques occidentaux également soumis à la nouvelle doxa islamiquement correcte vont dans le même sens. C’est ainsi qu’il convient de comprendre les requêtes de l’ex-Président du conseil espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero. Rappelons en effet que ce très islamophile leader de la gauche espagnole est arrivé au pouvoir en mars 2004, juste après les attentats du 11 mars de Madrid revendiqués par Al-Qaïda, qui étaient clairement destinés à intimider les Espagnols afin de les pousser à sanctionner la droite « islamophobe » de l’ex-président du Conseil espagnol José Maria Aznar (partido popular), coupable d’avoir participé à une « croisade contre une terre musulmane » (Irak, 2003). Dans un communiqué publié sur le Web par le « commando Abou Hafs al-Masri »15 , le lendemain du terrible attentat de la gare madrilène d’Atocha, les jihadistes précisaient également, comme d’ailleurs ceux de Daech le firent en août 2017 après les attentats de Barcelone et Cambrils, qu’il s’agissait aussi de « régler des vieux » comptes avec l’Espagne catholique héritière de la Reconquista d’Al-Andalus et des « rois catholiques » espagnols qui détruisirent le dernier royaume arabo-islamique de Cordoue. Preuve de l’efficacité de la stratégie de l’intimidation des jihadistes et du fait que celle-ci profite à l’ensemble du spectre islamiste : depuis 2004, les déclarations d’homme politiques, intellectuels, journalistes et professeurs espagnols vantant avec zèle « l’Espagne arabo-musulmane perdue », et donc les anciens colonisateurs musulmans d’Al-Andalus, n’ont jamais été aussi insistantes, au point même d’être devenues un lieu commun du politiquement correct.

Fruit de cette capitulation face au jihadisme, Zapatero alla en toute logique encore plus loin qu’Obama dans cette stratégie islamophile puisqu’il appela publiquement à plusieurs reprises l’Espagne à « s’excuser auprès des musulmans », érigés en victimes absolues de l’Occident chrétien, pour la Reconquista et l’expulsion des Maures d’Espagne aux XV e et XVI e  siècles16 , puis même à « restituer » certaines églises ou cathédrales d’Andalousie qui avaient été des mosquées sous le califat d’Al-Andalus. A sa suite, nombre de professeurs et de politiques de gauche n’hésitent plus aujourd’hui, y compris dans les écoles publiques et les shows télévisés, à exprimer une nostalgie de l’Espagne islamique et à comparer la Reconquête chrétienne de l’Espagne à une « purification ethnique et islamophobe » avant l’heure.

Dans la même veine, le très tiersmondiste parti politique Podemos, de Pablo Iglesias , devenu troisième force politique d’Espagne depuis les années 2010, a mis au centre de son programme l’exigence de « présentations d’excuses » de la part du gouvernement de Madrid, pour « le génocide des musulmans maures » chassés durant la Reconquista . A cet effet, chaque année, lors des commémorations de « la Toma de Grenada » (« la prise » de Grenade), organisées par la région d’Andalousie, qui fête chaque début janvier la reconquête de l’ex-capitale du dernier califat-émirat d’Al-Andalus par les « Rois catholiques » il y a 524 ans, le parti de Pablo Iglesias réclame l’interdiction de cette « célébration fasciste » qui honorerait le « génocide » du « peuple andalou musulman ». L’idée est que l’Espagne devrait demander unilatéralement « pardon » à l’islam pour cette « croisade islamophobe » sur une terre anciennement musulmane présentée de façon anachronique comme « multiculturelle ». Zapatero, Obama ou Iglesias, qui vénèrent Al-Andalus, oublient toutefois de rappeler que cette terre anciennement chrétienne bien avant d’être musulmane, devint islamique par l’effet des conquêtes arabo-berbères jihadistes et que la domination islamique de la péninsule ibérique s’accompagna de pogroms anti-juifs et anti-chrétiens (voir chapitre VII ). Ce mythe de la glorieuse « Espagne arabe » occulte également le fait que les non-musulmans y furent tantôt traités en dhimmis, tantôt asservis dans le cadre d’une vaste industrie de piraterie et d’esclavagisme, face noire et occultée d’Al-Andalus (chapitre VI ).

Il est à noter qu’au moment où l’on vante les « merveilles » des empires arabo-musulmans et ottomans qui occupèrent des terres d’Europe du sud ou orientale, aucune force politique, leader ou grand intellectuel des pays musulmans n’a jamais demandé pardon d’avoir colonisé l’Espagne, la Sicile, la Russie, les Balkans, ni même d’avoir lancé des razzias et des pirates barbaresques pendant des siècles sur l’Europe méditerranéenne. Aux actes de repentance des Européens culpabilisés qui haïssent leur passé chrétien et glorifient le colonialisme califal qui les a jadis asservis, font écho la fierté des musulmans qui vantent les conquêtes impériales islamiques des califats omeyyades, abbassides et ottomans. Tous les pôles de l’islamisme, « institutionnels » ou jihadistes, pleurent en effet sans complexe l’ensemble des « territoires » perdus précités dont la « récupération » est enseignée comme un rêve pacifique pour les « modérés » et un but de guerre pour les jihadistes. Cette nostalgie de la domination-islamisation antérieure de l’Espagne, de la Sicile et des Balkans, entretenue de la Turquie au Pakistan en passant par les Frères musulmans et l’OCI, est souvent affichée par les dirigeants marocains, saoudiens, qataris, pakistanais. Ces États et leurs fondations « caritatives » islamiques ou milliardaires ont à cet effet beaucoup investi en Andalousie : centres islamiques prosélytes, immobilier.

En vertu du mythe fondateur de l’islamiquement correct, les Européens coupables devraient ainsi reconnaître la « supériorité » de la civilisation islamique, sans laquelle ils n’auraient connu ni Aristote , ni les mathématiques, ni le zéro ou ni même l’algèbre, comme l’a dit Obama lui-même dans son discours du Caire. Dans le même temps, les pays islamiques auraient raison d’être « fiers de leur identité » et devraient s’enorgueillir d’avoir occupé le Proche-orient chrétien, l’Afrique islamisée, et une partie de l’Europe méridionale et orientale. Selon Pablo Iglesias ou José Luis Rodriguez Zapatero, il serait en revanche « raciste » de commémorer la (re)prise de Valence (Valencia, en Espagne) par Le Cid en 109517 , puis celle du Royaume de Grenade du Sultan Boabdil en 1492 par les « Reyes catolicos  ». C’est ainsi qu’en France et en Espagne notamment, l’on enseigne désormais aux jeunes étudiants que l’Europe devrait « remercier » les califats arabes et turco-ottomans d’avoir pris par l’épée – et « pour le bien de l’Humanité » – l’empire byzantin, l’empire perse, le Maghreb, l’Espagne, la Sicile et les Balkans, où ils auraient fait (re)vivre la Science, les Arts, la philosophie et les Lettres des Anciens Grecs, devenus les « arts d’islam » et la « science arabe »18 . De ce point de vue, on comprend la démarche idéologique d’un Zapatero qui trouve scandaleux de fêter la Reconquista , mais trouve noble la « fierté néo-ottomane » de son « ami » Erdogan qui commémore chaque année en grande pompe, à Istanbul, l’anniversaire de la conquête de Constantinople (29 mai 1453), célébrée de façon de plus en plus ostensible, au moyen de défilés en costume de janissaires et de fanfares19 . La « prise » de l’ancienne capitale de l’empire romain d’Orient (chrétien) par le sultan Mehmet II, dit « le Conquérant » (Fatih )20 , fut pourtant un immense massacre dont l’ensemble des chrétiens orthodoxes commémorent encore le traumatisme… Ces simples constats d’un dialogue asymétrique entre la partie islamique qui se vante d’avoir conquis l’Europe et la partie occidentale « chrétienne » qui s’excuse d’avoir dominé le monde musulman, en dit long sur l’état des relations islam-Occident et l’avenir de l’impérialisme islamique.

« Nous occuperons Rome et nous y ferons régner l’islam »

Dans la même logique néo-impériale, le cheik Muhammad Ben Abd al-Rahman, imam de la mosquée de l’Académie de la défense du Roi Fahd (Arabie saoudite), a publiquement déclaré : « Nous occuperons Rome et nous y ferons régner l’islam. Oui, les chrétiens, qui gravent des croix sur la poitrine des musulmans du Kosovo […] devront nous payer la jizya [la capitation, l’impôt que doivent payer les non musulmans, les dhimmis, en terre d’islam, en tant que sujet de deuxième zone] dans l’humiliation ou se convertir à l’islam  »21 . Dans plusieurs manuels saoudiens passés en revue par la chercheuse Nina Shea , on apprend également aux jeunes étudiants musulmans du royaume que les États des Balkans ainsi que la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie sont des « territoires islamiques occupés » puisqu’ils firent jadis partie des califats arabes ou turc-ottomans et qu’ils devraient légitimement « revenir » à l’islam22 .

Cette idée est une constante dans la pensée et les discours officiels de nombreuses organisations et pays islamiques parfois très proches de l’Occident mais ouvertement désireux de le conquérir. L’une des références suprêmes au niveau mondial des Frères musulmans, Youssouf al-Qardaoui (président du conseil européen de la prédication et de la fatwa), a par exemple lui aussi déclaré que « la conquête islamique de Rome sauvera l’Europe de sa soumission au matérialisme et à la promiscuité  »23 . Rappelons que Qardaoui, qui a longtemps animé une émission très regardée sur la chaîne qatarie Al-Jazira (« La charià et la vie  »), a autorisé par ses fatwas les attentats-suicides commis contre des civils en Israël, y compris par des femmes-kamikazes. Considéré à tort comme un « islamiste modéré », notamment par ses amis comme l’ex-Maire de Londres Ken Livingstone , Qardaoui a été notamment l’organisateur de la collecte du Hamas terroriste palestinien en Europe, via un réseau d’associations implantées sur le continent européen, et en France, notamment (le CBSP). On se souvient aussi des propos tenus en maintes occasions par Qardaoui sur le Net, sur Al-Jazira ou dans le cadre de conférences, qui incitent les musulmans à conquérir, certes de manière non-terroriste et essentiellement prosélyte, les sociétés ouvertes occidentales, présentant cette nouvelle conquête (Ghazwa, Fath ) comme le prolongement non militaire des jihads guerriers des siècles passés : « L’islam va retourner en Europe comme un conquérant et un vainqueur après en avoir été expulsé à deux reprises, une fois au sud en Andalousie [Espagne – 1492] et une seconde fois à l’est quand il frappa à plusieurs reprises aux portes d’Athènes [1830]. […] Cette fois-ci, je maintiens que la conquête ne se fera pas par l’épée mais grâce au prosélytisme et à l’idéologie  », affirma-t-il en plusieurs occasions24 , depuis sa base-arrière du Qatar.

Le chef d’État d’un autre pays qui contrôle de nombreuses mosquées et associations islamiques d’Occident, le président turc Recep Taiyyp Erdogan , très proche des Frères musulmans, a quant à lui déclaré, le 7 mars 2016 : « J’en appelle à mes citoyens, mes frères et sœurs en Europe […] Allez vivre dans de meilleurs quartiers. Conduisez les meilleures voitures. Vivez dans les meilleures maisons. Ne faites pas trois, mais cinq enfants. Car vous êtes l’avenir de l’Europe. Ce sera la meilleure réponse aux injustices contre vous  »25 . Quelques temps plus tôt, le 22 mars 2016, le président turc avait menacé les Occidentaux, toujours sous couvert de défense des Turcs « discriminés » en Europe à propos de l’interdiction de la venue d’hommes politiques turcs venus plaider en Allemagne l’octroi des pleins pouvoirs à Erdogan en avril 2017 : « Je m’adresse une nouvelle fois aux Européens […] La Turquie n’est pas un pays qu’on peut bousculer, dont on peut jouer avec l’honneur, dont on peut expulser les ministres […]. Si vous continuez de vous comporter de cette manière, demain, aucun Européen, aucun occidental ne pourra plus faire un pas en sécurité, avec sérénité dans la rue, nulle part dans le monde  ».26

Depuis des années, nos élites qui délivrent une vision auto-flagellatrice de notre histoire et cèdent aux pressions des pays producteurs de pétrole ou clients de nos grandes industries, nous expliquent que la Renaissance n’aurait pas eu lieu sans l’apport des « bons » occupants arabo-turcs « éclairés », « tolérants », et « amoureux des sciences ». Sans les califats d’Al-Andalus, de Bagdad ou d’Istanbul, l’Occident serait encore plongé dans « l’ignorance ». Il devrait donc « remercier » cette civilisation dont le prosélytisme et la prolifération conquérante en Europe seraient un « apport » et un « retour ». Nous reviendrons au cours des chapitres suivants sur le mythe de la « dette » de l’Europe vis-à-vis d’Al-Andalus et de la « science arabe ». Nous montrerons que cette immense opération de désinformation historique, politique et religieuse, sert abondamment les desseins suprémacistes du totalitarisme islamiste. En donnant du crédit et en diffusant ce mythe irrédentiste central du nouvel impérialisme islamique, les Européens vont en fin de compte dans le sens de ceux qui ambitionnent de les conquérir et de les soumettre.

Double régression philosophico-juridique : la responsabilité et la culpabilité collectives

Déjà échaudés par plusieurs années de scandales croissants autour des « caricatures de Mahomet » diffusées depuis 2005 par le journal Jyllands Posten au Danemark et par Charlie Hebdo en France, et croyant ainsi calmer la « colère » des pays musulmans après les affaires du Coran brûlé par un pasteur évangélique27 et de la diffusion sur internet d’un film « islamophobe »28 , le président Barak Obama et sa secrétaire d’État Hillary Clinton présentèrent publiquement les excuses de l’Amérique auprès du monde musulman au cours de toute l’année 2011. Cette contrition islamiquement correcte consacra le franchissement d’une nouvelle étape dans la soumission volontaire au suprémacisme panislamique. Car la base même de la démocratie, de la liberté individuelle et du progrès en matière de justice repose sur le refus de toute forme de responsabilité collective, vision intrinsèquement tribale ou totalitaire. En l’occurrence, les propos, caricatures, ou films « islamophobes » diffusés aux États-Unis ou ailleurs dans des milieux privés et déconnectés des pouvoirs n’impliquaient en rien la « responsabilité » des dirigeants et du peuple américains, pas plus d’ailleurs que l’Espagne d’aujourd’hui ne serait justiciable des torts supposés des acteurs de le Reconquista au XIV e  siècle.

Malgré cette évidence et leur innocence sur ce point, les responsables américains reconnurent le principe régressif de faute collective puis l’idée que la liberté d’expression doit être limitée au-delà des cas d’appels à la violence, c’est-à-dire en matière de critique des religions ou de « blasphème ». En France en 2012, après la seconde affaire des caricatures de Charlie Hebdo , soit trois années avant les attentats contre Charlie Hebdo , sous le gouvernement de Jean Marc Ayrault (présidence de François Hollande )29 , le gouvernement français socialiste se désolidarisa dans un premier temps du journal satirique et présenta lui aussi des « excuses » pour des idées pourtant exprimées en toute légalité par d’autres.

Les grands médias et responsables politiques français et occidentaux renvoyèrent alors dos à dos les caricaturistes pacifiques et les islamistes terroristes, comme si les premiers étaient comparables à des fanatiques qui trouveront toujours un prétexte pour étancher leur soif de sang et atteindre leurs objectifs liberticides. Dans le pays de Voltaire, où le droit au blasphème s’exerce sans limites contre l’Église catholique et les autres religions sans jamais être dénoncé officiellement, le Premier ministre Jean Marc Ayrault et le Quai d’Orsay firent une exception pour l’islam en désavouant ouvertement les caricaturistes. Certes, au lendemain des attentats de Charlie Hebdo , en janvier 2015, ils reviendront sur cela pour des raisons électoralistes évidentes. Mais ils apporteront entre temps du grain à moudre aux jihadistes en abondant dans le sens de la condamnation des idées « islamophobes ». Les jihadistes redoublèrent d’ailleurs de colère puis récidivèrent en novembre 2015, à Paris (attentats du Bataclan et dans le 11e  arrondissement), à Bruxelles, en mars 2016 (aéroport de Zaventem et station de métro de Maelbeek), à Nice (14 juillet 2016), à Barcelone et Cambrils (août 2017), etc., avec toujours le motif de la lutte paranoïaque contre les « ennemis de l’islam » et les « blasphémateurs ».

En relayant les appels à la lutte contre « l’islamophobie » – parfois à coups de propagande médiatique d’État, comme on le vit en France à l’initiative du Gouvernement Hollande-Valls, avec le clip de lutte contre l’islamophobie qui mettait en scène une femme voilée frappée par des Occidentaux anti-musulmans – nos dirigeants ne firent qu’alimenter la paranoïa violente des islamistes. Ils oublient de la sorte que leurs professions de foi anti-islamophobes ne seront jamais suffisantes pour les jihadistes et que la culpabilisation est une rente indéfinie pour les pôles islamistes institutionnels prosélytes et pour les ligues de vertu.

Les pays occidentaux allèrent même encore plus loin que certains officiels et médias arabo-musulmans qui refusèrent plus clairement que leurs confrères européens d’analyser les violences obscurantistes comme des « réactions à l’offense »30 . Pétris de mauvaise conscience d’ex-colonisateurs, les médias, clergés et politiques européens tombèrent dans le double piège tendu par les islamistes : celui des fanatiques qui intimident en tuant ; et celui des interlocuteurs islamiques officiels, qui conditionnent le rejet des violences à la pénalisation de « l’islamophobie ».

Dans la même quête d’apaisement, le Pape François , probablement dissuadé par les indignations, reproches, insultes et menaces violentes qui avaient été proférées à l’encontre de son prédécesseur Benoît XVI par la quasi-totalité du monde musulman et par les islamistes radicaux, sembla tomber lui aussi dans le piège du discours islamiquement correct et déresponsabilisant. Le 15 janvier 2015, au lendemain des attentats de Charlie Hebdo , il déclara que si s’exprimer librement est un « droit fondamental », ce droit n’autorise pas à « insulter la foi d’autrui ». Aux journalistes qui l’interrogeaient dans son avion, il justifia carrément la violence terroriste en citant cette allégorie : « si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision  »31 , comme si le blasphème était un délit et non une marque de liberté d’expression dans un État de droit. Suite à de nouvelles vagues d’attentats qui secouèrent la France et l’Allemagne entre 2012 et 2016, le souverain pontife déclara « je n’aime pas parler de violence islamique, parce qu’en feuilletant les journaux je vois tous les jours des violences, même en Italie : celui-là qui tue sa fiancée, tel autre qui tue sa belle-mère… et ce sont des catholiques baptisés, hein ! Ce sont des catholiques violents. Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique  »32 . Après cette étrange comparaison entre le terrorisme jihadiste et des faits divers qui adviennent hélas chaque jour dans tous les pays du monde et qui n’ont rien à voir avec une cause fanatique religieuse, le Pape ajouta : « je ne sais pas si je peux le dire car c’est un peu dangereux, mais le terrorisme grandit lorsqu’il n’y a pas d’autre option. Et au centre de l’économie mondiale, il y a le Dieu argent […], voilà le premier terrorisme […]. Ceci est un terrorisme de base, contre toute l’humanité. Nous devons y réfléchir  »33 .

« Dialogue des civilisations » et islamiquement correct aux Nations Unies

Dans les années 2000, en « réponse » aux théories du professeur américain Samuel Huntington , auteur d’un best-seller mondial, Le choc des civilisations , et face aux « graves risques d’amalgame » liés aux réactions des opinions publiques occidentales lors des attentats terroristes, les États et pôles islamiques, eurent l’idée de lancer l’initiative diplomatique intergouvernementale du « Dialogue des Civilisations ». Le but de ce processus onusien était de faire baisser la garde de la Vieille Europe complexée dans le cadre d’une double stratégie de promotion de la spécificité de l’islam et de son expansion en Occident, présentée comme une manifestion inévitable du « respect de la liberté religieuse » (pourtant bafouée dans les pays musulmans donneurs de leçons). Le fil rouge était le rejet des théories « dangereuses » des partis populistes européens et plus généralement de « l’islamophobie » des Occidentaux qui serait l’essence même de la théorie « intolérante » d’Huntington. Ce fut le président iranien Mohamed Khatami 34 , qui, lorsqu’il présidait l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) en 1997, proposa en premier aux Nations Unies l’idée d’une « Année du dialogue entre les civilisations », soutenue plus tard par Recep Taiyyp Erdogan et Luis Rodriguez José Zapatero. Les Nations Unies acceptèrent de promouvoir cette idée, faisant de l’année 2001 « l’année du dialogue des civilisations », en guise de réponse aux attentats du 11 septembre à Manhattan. Conformément au paradigme évoqué plus haut, l’idée était de présenter les musulmans comme les « vraies » victimes collatérales des attentats attribués « à tort » à des musulmans, et que la violence jihadiste n’aurait « rien à voir avec l’islam ».

A la suite de cette proposition, l’Assemblée générale de l’Organisation islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture (ISESCO, « l’UNESCO islamique »), joua un rôle important pour promouvoir cette idée sur la scène internationale. L’Alliance des civilisations entra le 21 septembre 2004 par la grande porte de l’Assemblée générale des Nations Unies, via José Luis Rodriguez Zapatero, qui en partagea la paternité avec MM. Recep Taiyyp Erdogan et Mohammad Khatami35 . Le 14 juillet 2005, le Secrétaire Général de l’ONU, M. Kofi Annan , reprit l’idée. Un « Comité de Haut niveau » fut ainsi créé, coprésidé par Federico Mayor, ancien Directeur Général de l’UNESCO et Mehmet Aydin, Ministre d’État turc (professeur de théologie sunnite lié à l’OCI et membre du parti islamiste – AKP – d’Erdogan).

Au centre des préoccupations des pays parrainant le Dialogue figurait l’idée – évoquée plus haut – selon laquelle l’adhésion à l’Union européenne d’une Turquie musulmane « permettrait » une « cohabitation pacifique entre l’Islam et l’Occident  ». Le rapport proposait des « remèdes » marqués par un anti occidentalisme latent, attribuant le « choc des civilisations » non pas au fanatisme islamique – jamais évoqué – mais « au colonialisme européen », puis à « l’agressivité américaine ». S’il condamnait « l’interprétation distordue du Coran » par les terroristes, le rapport des « Sages » se gardait de critiquer la charià et la prééminence du Coran sur le droit séculier, ce qui, dans la plupart des pays islamiques, est pourtant à l’origine de la persécution et de l’infériorité juridique des femmes, des minorités non-musulmanes et des musulmans non-croyants. En vertu d’un des fondements logiques de la pensée politiquement correcte, les sources de racisme, de conflit, d’injustice, de discrimination et d’intolérance ne pouvaient en effet venir que du bourreau occidental. Se piquant d’affaires culturelles et éducatives, à l’instar de maints programmes européens et onusiens liés à l’antiracisme et aux « dialogues interculturels », le rapport sur l’Alliance des civilisations invitait à « la présentation objective de la diversité plutôt qu’à l’usage irresponsable de la liberté de presse  », ceci en pleine crise des caricatures de Mahomet, ce qui s’apparentait à un appel à l’autocensure.

De l’islamophobie en question

L’expression « islamophobie » remonte à l’anthropologie coloniale française, au début du XX e  siècle. Si l’on trouve en effet quelques traces du mot islamophobie dès les années 1920, sa définition actuelle, qui condamne la critique rationnelle de l’islam et le droit au blasphème, est nouvelle. D’abord confinée aux cénacles universitaires, elle a été récupérée peu à peu dans années 1990 puis lancée dans le cadre d’une campagne de mise à l’index, lors de l’affaire Salman Rushdie , l’auteur des Versets sataniques , tout d’abord par les milieux islamistes indo-pakistanais radicaux de Grande-Bretagne et du Pakistan, puis de façon plus théâtrale et menaçante, par la République islamique d’Iran et la fameuse fatwa de l’Ayatollah Khomeiny (voir chapitres III et IV ) qui condamna à mort Rushdie pour « apostasie ». Nous verrons plus loin que cette fatwa fit mouche auprès de nombreuses organisations islamistes de Grande Bretagne ayant pignon sur rue.

Loin de déclencher une vaste réaction laïque et de mise à l’index des pôles de l’islamisme subversif qui sapent les valeurs de liberté d’expression en Grande-Bretagne, les menaces de mort contre Rushdie par des groupes jihadistes ou des États et institutions islamistes mondiales et britanniques déclenchèrent un vaste mouvement de chasse aux sorcières islamiquement correcte. La violence islamiste et la stratégie de l’intimidation battit son plein. C’est dans ce contexte qu’en 1997, le très influent think tank antiraciste britannique, le Runnymede Trust36 , alerta le public et initia une campagne visant apostropher les gouvernements et les médias quant à toute forme de « sentiments anti-islamiques », qui « doit être combattue avec urgence ». Sous le titre « Islamophobia – a Challenge for us », le Runnymede Trust publia en octobre, un rapport annuel alertant l’opinion publique britannique du « danger » de voir l’Angleterre se transformer progressivement en une « nation de gens qui détestent les Musulmans »37 . Le principal argument du rapport consistait non pas à prouver que les Anglais « de souche » détestaient l’islam en tant que tel, mais que « les Musulmans sont systématiquement, brimés, caricaturés », en étant « assimilés aux fondamentalistes et aux terroristes musulmans ». Le document tentait de démontrer que l’islamophobie commence dès qu’on associe les termes d’islamisme et de terrorisme, les islamistes y compris les plus fondamentalistes n’étant pas forcément terroristes et les terroristes n’étant pas forcément musulmans. Aussi, derrière cette lapalissade, et au nom d’une légitime vigilance contre le racisme que tout le monde approuve, ce sont en fait les critiques tout aussi légitimement formulables à l’endroit des islamistes qui en sont venues à être assimilées à une forme de racisme. Présentée comme un « fléau inhérent à l’intolérance occidentale » ancrée depuis des siècles, « l’islamophobie », se décline, selon le Runnymede Trust, en plusieurs points qui méritent d’être mentionnés :

  • « affirmer que l’islam est une culture fondamentalement différente de la civilisation occidentale et fixiste »,

  • dire que « l’islam est violent », menaçant, enclin au terrorisme,

  • que « les musulmans sont manipulateurs, qu’ils utilisent leur foi à des fins politiques ou militaires »,

  • faire en sorte que les « critiques musulmanes à l’encontre de l’Occident soient automatiquement rejetées »,

  • lorsque « l’hostilité envers l’islam est utilisée pour justifier le racisme et les préjugés anti-immigrés ».

Les concepteurs du rapport assimilent à de « l’islamophobie » le seul fait de dénoncer les formes islamiques d’intolérance – supposées d’emblée inexistantes. Et alors que la civilisation musulmane est « bonne » et « tolérante par nature », les victimes a priori que sont les musulmans sont appelés à fustiger « l’intolérance occidentale ». De même, le fait d’affirmer que les civilisations occidentale et musulmane sont profondément différentes au regard des valeurs fondamementales38 constituerait une « preuve de racisme ».

Masquant à peine les motifs liberticides qui les animent derrière un légitime droit à la liberté de culte dévoyé, les auteurs du rapport, soutenus par les grands pôles de l’islamisme radical anglais (Parlement Musulman de Grande Bretagne, UKACIA, Muslim Council of Great-Britain, MCB), réclament en conséquence « un changement radical dans les attitudes de la part des media, des hommes politiques et des leaders de communautés afin d’aider à lutter contre la discrimination, le harcèlement et la violence à l’encontre des Musulmans britanniques  »39 . C’est ainsi que, dans le but de lutter contre le « racisme institutionnel » et d’imposer la « paix sociale », un plan de la police britannique intitulé « Protect and Respect », adopté en avril 2001, prévoyait que les policières musulmanes pouvaient désormais porter le tchador ou le hijab, avec un damier noir et blanc, signe de l’uniforme des forces de l’ordre ; que des salles de prière et des cantines hallal allaient être installées à Scotland Yard ; et que 25 % des gardiens de la paix doivent obligatoirement être issus de l’immigration. Comme on le voit, le terrorisme des années 1990 et les fatwas de mort contre Salman Rushdie qui sidérèrent la Grande Bretagne débouchèrent sur plus d’islamisation et de concessions envers les pôles islamo-obscurantistes et communautaristes.

D’après l’écrivain musulman laïc Amir Taheri , « l’islamophobie » dont seraient victimes les Musulmans de Grande Bretagne serait en fait une fable : « la Grande-Bretagne et une poignée d’autres démocraties occidentales sont les seuls endroits sur terre où les musulmans de quelque tendance que ce soit peuvent pratiquer leur foi en toute liberté. Un gros annuaire des institutions musulmanes en Grande-Bretagne contient la liste de plus de 300 sectes différentes, dont la plupart sont interdites et persécutées dans tous les pays musulmans de la terre. En Grande-Bretagne, toutes les mosquées sont autorisées ; aucun auteur ou philosophe n’est interdit. Plus important, les sectes musulmanes ne se massacrent pas entre elles, comme c’est le cas dans une demi-douzaine de pays à majorité musulmane  »40 . A Londres, où est basée l’antenne européenne d’Al-Jazira , des militants pro-Hamas et pro-Hezbollah participent à des programmes de la Télévision britannique presque chaque soir. Analysant les complaisances de l’ex-maire gauchiste de Londres (Ken Livingstone ), très grand soutien aux Frères musulmans et à Qardaoui (voir chapitres V et VI ), Taheri lui reproche d’avoir « exonéré les terroristes de toute responsabilité en l’imputant au peuple anglais  », frappé d’« islamophobie, et aux Alliés américains, spécialement au président Bush , qui aurait déclaré la guerre aux musulmans  ».

La définition du Runnymede Trust – qui exonère en passant l’islam de toute critique et de toute nécessité de réforme – va peu à peu s’imposer au sein des instances internationales onusiennes, européennes et même américaines (lois anti-islamophobes du Canada et restrictions de langage aux États-Unis). Certes, il est vrai que, conformément à l’ordre juridique de la plupart des États occidentaux, l’islamophobie n’est pas une catégorie légale établie et pénalisable, puisque l’expression d’opinions négatives ou rationnelles sur une religion n’est pas répréhensible. Dans la République française par exemple, la critique des religions, même moqueuse ou « blasphématoire », constitue un droit. De la même manière, le droit français, italien, belge, espagnol, « ne met pas sur un même plan la critique légitime de l’islam (qui vise un système de croyance) et la persécution de musulmans en tant que personnes croyantes ou non, qui elle, est condamnable moralement et juridiquement puisqu’elle vise des individus dans leurs personnes et non des idées. Or c’est précisément cette distinction que les promoteurs du concept d’islamophobie voudraient abolir  », explique le professeur Felice Dassetto41 . L’idée qui va s’imposer est donc que l’islamophobie n’est pas simplement le fait de dénoncer une idéologie religieuse, mais un groupe, souvent issu de l’immigration et non-européen, donc une forme de racisme, notion qui, elle, est punissable dans l’ordre juridique, d’où la tentative des lobbies islamiques de faire admettre l’équivalence avec la judéophobie, qui elle est une forme de racisme puisque le terme juif désigne à la fois les croyants-pratiquants du judaïsme mais aussi le peuple juif-hébreu au sens ethno-national et linguistique. C’est d’ailleurs pour cette raison que la critique des textes sacrés juifs n’a jamais été visée par les lois pénalisant l’antisémitisme.

Comme on l’a vu plus haut avec les propos de Barak Obama qui, dans son célèbre discours du Caire de 2009, avait cité les restrictions au port du voile comme cas d’islamophobie, la stratégie des lobbies islamistes en Occident consiste à faire accepter des doléances obscurantistes (comme le port du voile islamique, la non-mixité, la pénalisation du blasphème), en les présentant comme des droits essentiels dont le refus équivaudrait à du racisme. En Belgique, par exemple, le président du Collectif contre l’Islamophobie en Belgique (CCIB, ex-Muslims Rights Belgium), raconte comme si cela était le fruit de persécutions42  : « je voyais des femmes ôter leur foulard […] pour entrer comme professeur, […] comme employée dans une administration. […] Nos sœurs sont les principales victimes de cette islamophobie  ». Pour le sociologue des religions Felice Dassetto « le thème de l’islamophobie est devenu une évidence, une clé de lecture diffuse au sein du monde musulman. Tout questionnement est lu comme expression d’islamophobie. […] L’argument de l’islamophobie est devenu un leitmotiv, […], une clé de lecture que l’on enseigne à la jeunesse musulmane, ce qui ne l’aide pas vraiment à s’insérer dans la société  43  ». Dans son dernier essai, Lettre ouverte aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes, le caricaturiste de Charlie Hebdo , Charb dénonçait le terme même d’« islamophobie », selon lui lié à un communautarisme dangereux pour l’État et l’individu : « Lutter contre le racisme, c’est lutter contre tous les racismes, lutter contre l’islamophobie c’est lutter contre quoi ? […] Pendant que nous débattons pour savoir si dire que le Coran est un bouquin nul constitue une forme de racisme ou non, les racistes se marrent […], avoir peur de l’islam est sans doute crétin, absurde, et plein d’autres choses encore, mais ce n’est pas un délit »44 . Le politologue chrétien René Rémond avait parfaitement résumé le problème par cette phrase révélatrice : « L’anticléricalisme est le moyen, la laïcité le but  »45 .

Le terme islamophobie sert en fin de compte à présenter les musulmans comme des victimes d’une hostilité principielle de l’autochtone non-musulman diabolisé. Il sert de prétexte pour contraindre d’accepter une conception offensive, ultra-orthodoxe et non moderne de l’islam dans sa dimension suprémaciste. Un manuel en islamophobie, salué entre autres par le journal Le Monde 46 , et co-écrit par le radical président du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), explique ainsi que : « l’hostilité à l’encontre des musulmans se traduit presque quotidiennement par des discours stigmatisant, des pratiques discriminatoires ou des agressions physiques…  ». Il existerait ainsi en France une tendance sociétale et étatique en faveur « de mesures législatives d’exception ou de pratiques discriminatoires à l’encontre des musulmans  », « un régime juridique dérogatoire de droit commun  »47 … Le choix de pareils termes fait non seulement écho aux lois antisémites du régime de Vichy, mais il renverse les responsabilités puisque tout le problème posé aujourd’hui en France par l’islamisme est justement le fait que les organisations dites représentatives de l’islam liées aux pôles fondamentalistes mondiaux refusent l’intégration des musulmans en Occident et exigent pour eux des immunités territoriales, des dérogations au droit commun.

Dans le manuel précité, l’extrême-droite raciste et les partis populistes « islamophobes » ne sont pas désignés comme les seuls acteurs de la haine envers les musulmans et l’islam. Cette haine proviendrait surtout d’un « consensus national » des instances dirigeantes comme des masses qui auraient « inventé un problème musulman ». Dans un langage bourdieusien cher à l’extrême-gauche tiersmondiste, cette islamophobie constituerait une « violence symbolique »48  exercée par les élites françaises. Dans ce même ouvrage, la laïcité républicaine est désignée en elle-même comme source majeure d’islamophobie : « Les écoles publiques, où l’on interdit aux jeunes filles de porter un signe religieux « ostensible » (hijab ou bandeau assorti d’une jupe longue) […] où on oblige des enfants musulmans à manger de la viande non halal à la cantine…  ». Les cantines des écoles publiques, où l’on « oblige des enfants musulmans à manger de la viande non halal  », sont présentées comme des « lieux de persécution des musulmans  », ce qui paraît exagéré pour un esprit rationnel mais qui est en fait une logique subversive visant à répandre une paranoïa musulmane à des fins de sécessionnisme.

Pourtant, d’après le rapport 2016 du Défenseur des droits, concernant les discriminations, le critère des religions ne représente que 3,7 % du total des réclamations49 . 5 203 pour 2016, avec pour critères premiers l’origine et le handicap, autour de 20 %.De son côté, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, a affirmé, dans son rapport de 2015 sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, qu’en dépit les attentats qui ont frappé la France depuis les attentats de Charlie Hebdo de 2015, et bien qu’elle reconnaisse l’existence d’une islamophobie, la tolérance a continué à globalement progresser en France50 . Un constat également fait par Hakim El Karoui , auteur d’un ouvrage sur l’islam en France ainsi que du rapport précité de l’Institut Montaigne51 .

Ligues de vertus et collectifs contre l’islamophobie

En France, deux principaux organismes musulmans communautaristes ont pour mission déclarée de lutter contre l’islamophobie : l’Observatoire national contre l’islamophobie, – instance proche du Conseil français du culte musulman (CFCM), lié aux instances du ministère de l’intérieur et du Culte. Celui-ci comptabilise les plaintes déposées et transmises au parquet par la police ou la gendarmerie. Puis le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), créé en 2003, qui reproche d’ailleurs au premier d’être trop lié à l’État. Le CCIF ne se contente pas des plaintes officielles et des statistiques policières, jugées minimalistes et suspectes par principe, ce qui le fonde à prendre en compte toute déclaration émanant de citoyens lambda comme d’activistes religieux, y compris islamistes radicaux. Même si dans son rapport annuel 2017, basé sur les chiffres de l’année 2016, le CCIF affirme que l’islamophobie est « en évolution », malgré le constat d’un recul des actes islamophobes déclarés auprès du CCIF comme des services de police, il appuie son affirmation sur « l’émergence d’une politique sécuritaire affectant les musulman-e-s de manière disproportionnée  »52 . Le rapport estime que les discriminations auraient lieu, dans 64 % des cas, dans des services publics et que les femmes voilées seraient les principales visées par les actes islamophobes (75 % des dossiers, dont 100 % des agressions physiques les plus graves ; > 8 jours d’ITT). En total accord avec les visions « islamo-gauchistes » (voir chapitre VI ), le CCIF déplore « l’émergence d’une islamophobie sécuritaire qui affecterait les musulman-e-s à travers une politique anti-terroriste mettant à mal l’État de droit  ». On retrouve ainsi l’idée centrale de notre essai selon laquelle plus les islamistes terroristes frappent les mécréants, plus les islamistes non-terroristes se posent en « vraies victimes ». Le CCIF pointe « l’État d’urgence » responsables de « 427 dossiers » (dont : 297 perquisitions, 100 assignations à résidence et 30 interdictions de sortie du territoire). Il déplore les « points de tension dans le secteur de la santé » (30 dossiers, dont des « refus de soins »), alors que ce sont en fait les islamistes qui agressent régulièrement des médecins masculins, refusent que ceux-ci soignent leurs femmes et qui troublent par conséquent de plus en plus les hôpitaux en y violant le principe d’égalité entre les sexes et de laïcité. « Les milieux de l’éducation (> 40 dossiers) » sont également visés, dont des « signalements abusifs pour ‘radicalisation’ », ce qui atteste une fois de plus la stratégie orwellienne d’inversion des responsabilités. Enfin, le CCIF déplore « un État de droit et un vivre-ensemble poussés à leurs limites, par des polémiques islamophobes et racistes récurrentes : déclarations politiques, affaire du « burkini »  ».

L’action du Collectif contre l’Islamophobie en France est un cas d’école de lobbying islamiste visant à faire taire toute critique de la religion musulmane ou même de l’islamisme radical et à faire croire que la critique du terrorisme puis la politique anti-jihadiste constitueraient en elles-mêmes des « marques » de haine envers les musulmans. Dans cette stratégie victimaire et d’inversion des rôles, le CCIF s’inspire à la fois de l’action de l’OCI, de l’ISESCO (voir infra ) et de l’idéologie des Frères musulmans. Aux côtés du MRAP ou d’autres officines soi-disant « antiracistes » issues notamment de l’extrême gauche – qui avaient d’ailleurs initialement diabolisé Charlie Hebdo en l’accusant de « racisme anti-musulmans » –, le CCIF recense les « actes d’islamophobie », à partir des dépôts de plaintes et des signalements divers, sans vérification préalable et sans jamais attendre les verdicts des jugements, puis assure une assistance juridique auprès des « victimes », dont par exemple les femmes refusant d’ôter leur voile ou leur burka en lieux publics.

Reconnu d’intérêt général en juin 2011, le CCIF est membre consultatif du Conseil économique et social des Nations unies. En juillet 2004, il a qualifié d’acte « islamophobe » la simple « fermeture d’une école coranique à Grisy-Suisnes », qui avait pourtant été ouverte illégalement et dont la fermeture était motivée par l’agression de trois journalistes par quatre personnes, dont son directeur, Mohamed Hammami, entretemps expulsé en 2012 suite à des prêches incitant au jihad et à la haine envers les Juifs. En octobre 2006, le CCIF s’était également indigné d’un « rassemblement de personnalités à Lyon contre la venue de Hani Ramadan  », frère de Tariq Ramadan, personnalité islamiste très controversée qui a justifié à maintes reprises les châtiments corporels et la lapidation. Les collaborations du collectif dans la sphère publique, sachant que le président Marwan Mohamed adhère à une vision suprémaciste et conquérante du prosélytisme islamiste, sont notoires, même s’il se présente comme neutre et reconnu par les pouvoirs publics. Dans son livre L’Islam, épreuve française , Élisabeth Schemla a reproduit une déclaration de Marwan Muhammad , prononcée à la mosquée d’Orly fin d’août 2011, selon laquelle les citoyens français n’ont aucun droit à s’opposer à l’éventualité de l’islamisation générale : « Qui a le droit de dire que la France dans trente ou quarante ans ne sera pas un pays musulman ? Qui a le droit ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’islam. Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française  ». Cette profession de foi islamiste de M. Muhammad a été notamment reproduite lors du procès en diffamation intenté par le CCIF contre le journaliste français Ivan Rioufol53 .

Dans une interview accordée à Egypt Today  en 2004, Tariq Ramadan avait déjà donné le ton et la méthode qui est aujourd’hui celle du CCIF : « Le terme charià est mal vu dans l’esprit des Occidentaux […]. Ce n’est pas nécessaire de mettre l’accent là-dessus. […] Pour le moment, ce n’est pas comme ça qu’on veut être perçus  »54 . La menace de recourir aux tribunaux (jihad by courts) pour faire appliquer des règles islamiques au détriment de la propriété privée a depuis donné naissance à l’approche dite des « accommodements raisonnables » préconisée par les islamistes et leurs compagnons de route. Rappelons aussi que le CCIF a invité Nader Abou Anas et Rachid Abou Houdeyfa (le fameux imam salafiste de Brest connu pour ses prêches extrémistes) à participer à son dîner annuel 2014, sachant que Houdeyfa, alias Rachid El Jay, a déclaré aux jeunes musulmans qui suivent ses séminaires sur l’islam que « Ceux qui aiment la musique écoutent le diable. Videz vos téléphones et vos MP3 !  »55 . Le 29 novembre 2015, Marwan Muhammad prit directement la défense de Rachid Abou Houdeyfa56 , bien que celui-ci ait été qualifié par François Hollande lui-même de « prêcheur de haine ». Houdeyfa avait été visé par une enquête préliminaire par le parquet de Brest pour avoir promis notamment que ceux qui écoutaient de la musique seraient « transformés en singes et en porcs  ». Malgré cela, l’imam salafiste est devenu un « référent laïcité » après avoir obtenu un diplôme de l’université de droit à Rennes 1 en « Religions, droit et vie sociale »57 .

Animé par des islamistes notoirement liés à l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, structure française des Frères musulmans), le Collectif contre l’islamophobie converge avec d’autres forces communautaristes radicales rouges ou vertes qui sévissent dans l’hexagone depuis des années. On peut citer par exemple l’association des « Indivisibles », créée en 2007, centrée sur la dénonciation exclusive de l’islamophobie et prétendant « déconstruire » les préjugés ethno-raciaux tout en défendant les femmes en burqa ; le MIB (Mouvement de l’immigration et des banlieues), créé en 1995, axé sur la dénonciation du « racisme institutionnel » dont seraient systématiquement victimes les enfants d’immigrés extra-européens musulmans assimilés à des « néo-colonisés » ; ou encore l’association des « Indigènes de la République », créée en 2005. Sa virulente Porte-parole, Houria Bouteldja, aux positions francophobes assumées, nomme les Français de souche les « souchiens », « colonisateurs héréditaires », et les fils de colonisés « opprimés par filiation »… en vertu de la thèse terrifiante de la responsabilité collective héréditaire et du « continuum colonial »58 . Les Indigènes de la République prônent même une forme d’intolérance raciste « à rebours » anti-Blancs fondée sur la diabolisation de l’histoire des Européens, réduite à la haine anti-musulmane et anti-noire, aux croisades et à la colonisation59 .

Au cœur de ce dispositif surfant sur un « antiracisme » au départ légitime, mais dévoyé, se trouvent le MRAP, lié aux Indigènes de la République, et la Ligue des Droits de l’Homme, dirigée par Michel Tubiana, elle aussi liée à l’extrême-gauche et au PCF. La Ligue et le MRAP sont désormais parties civiles dans la plupart des cas supposés « d’islamophobie ». Une islamophobie qui commencerait avec la simple critique de l’islam et même de l’islamisme, « injustement » associés au terrorisme. Défendant l’Union des Organisations islamiques de France depuis les années 1990 (liés aux Frères musulmans dont le slogan est « le Coran est notre constitution  » et qui défend le mouvement palestinien terroriste Hamas), la Ligue des Droits de l’Homme avait considéré, en 1999, la demande du Ministère de l’Intérieur de reconnaître le « droit à changer de religion » inscrite dans une « Charte de l’islam républicain », comme une forme de « racisme anti-musulman »… En 1995, au moment des attentats commis par le GIA algérien en France, la Ligue fit partie du comité de soutien à Tariq Ramadan , qui venait d’être interdit de séjour en raison de liens supposés entre le Centre islamique de Genève, géré alors par lui et son frère Hani, et d’ex-membres du GIA60 . La stratégie rouge-verte pro-islamiste du MRAP apparut encore plus évidente lorsque le Mouvement, alors dirigé par l’élu communiste de Saint-Denis Mouloud Aounit, prit la défense des jeunes filles voilées converties à l’islam radical refusant de retirer leur uniforme islamiste à l’entrée des lycées en criant à « l’islamophobie ». Ainsi le MRAP a-t-il co-fondé la « Ligue de l’anti-islamophobie » avec la Ligue des Droits de l’Homme et la commission « Islam et Laïcité »61

Depuis des années, ces Ligues de vertu « antiracistes » notamment les plus anti-occidentales (MRAP, Ligue des Droits de l’Homme, CCIF, HALDE, etc.) sont parvenues à imposer un ordre lexical et juridique islamiquement correct et de plus en plus liberticide. Ils ont réussi, via la menace judiciaire et la diabolisation, à asseoir leur domination idéologique et morale sur les médias, les intellectuels (très peu osent risquer d’être cloué au pilori) et les politiques, terrorisés par les premiers. Opposées à la loi sur les signes religieux ostensibles à l’école, qui interdit le voile islamique, et aux lois postérieures anti-burqa (2010), ces nouvelles générations d’associations « antiracistes » ont renoncé à la fois à la laïcité républicaine et au féminisme prônés jadis par le PS, SOS Racisme ou par la courageuse association « Ni Putes Ni Soumises », bête noire des nouveaux antiracistes qui les accusent « d’islamophobie ». Elles ont troqué les valeurs universalistes et individualistes de jadis et la défense des droits de l’homme et des individus libres contre un communautarisme victimaire « ethno-différentialiste » à la fois radicalement anti-occidental et anti-judéo-chrétien.

Un victimisme « antiraciste » au service du suprémacisme panislamique

En avril 2013, le CCIF et une association de Sciences-Po nommée Salaam ont ainsi organisé un colloque à l’École de Hautes Études de Sciences sociales (EHSS) intitulé « L’islamophobie en questions », colloque qui présentait le « rejet de l’islam » comme une « négation occidentale de l’altérité »62 , inversion intellectuellement intéressante car c’est justement le monde musulman et la loi islamique qui nient les minorités et l’altérité non-musulmanes alors que l’Occident démocratico-libéral accorde une pleine liberté de mouvement et d’expression aux mouvances de l’islam les plus prosélytes et a fortiori aux musulmans en tant qu’individus. Le colloque était organisé sous « la direction scientifique du sociologue, chargé de recherche à l’EHESS, Marwan Muhammad  », ce qui permettait de donner un vernis « scientifique » à une opération de négation pure et simple du problème islamiste ramené à une « construction islamophobe ». Dans un jargon sociologisant typique, mais qui véhicule la paranoïa victimaire analysée plus haut, la brochure du colloque expliquait que « dans le contexte hexagonal, la “question musulmane” est au cœur de nombreuses controverses remettant en cause la légitimité de la présence des musulmans (ou présumés) ainsi que la visibilité de l’islam pratiqué sur le territoire national. Cette hostilité, revendiquée ou implicite, à l’encontre des musulmans se manifeste, au moins depuis la fin des années 1970, par une forte inflation de discours et de pratiques de disqualification et de discrimination  »63 .

Dans les années 2000, l’un des universitaires d’extrême-gauche qui a le plus défendu ce nouveau concept est Vincent Geissler (également chercheur au CNRS), auteur de La Nouvelle islamophobie 64 , suivi par Thomas Deltombe, auteur de L’islam imaginaire : la construction médiatique de l’islamophobie en France (1975-2005) 65 , les deux ayant essayé d’en faire l’équivalent de l’antisémitisme et de discréditer-diaboliser l’idée-même de combattre l’islamisme radical. Dans son pamphlet de dénonciation des « islamophobes », Vincent Geisser classe dans cette catégorie non pas uniquement la critique des musulmans, mais à la fois celle de la religion musulmane et même de l’islamisme. L’auteur accuse comme « facilitateurs d’islamophobie » à la fois des associations animées par des musulmans de naissance, comme Ni Putes ni Soumises de Fadela Amara, SOS-Racisme, les Imams modérés comme Souheib Bencheikh ou ceux de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, Ibn Warraq , auteur de l’essai, Pourquoi je ne suis pas musulman 66 , le leader antiraciste et ancien président de France Plus, Arezki Dahmani, coupable d’avoir dénoncé le « lobby islamiste », et même l’ex-président de SOS Racisme et député PS, Malek Boutih . Révélant la motivation profonde de son discours, Geisser avoue préférer à l’islamophobie le terme plus juste d’« islamistophobie », qui permettrait de blâmer comme anti-musulmans, également ceux qui dénoncent l’islamisme radical et pas seulement l’islam67 . Conformément à la vulgate révolutionnaire marxiste, Vincent Geisser accuse Dalil Boubakeur et Souheib Bencheikh de défendre une « conception tutélaire de l’islam » et surtout de « légitimer une gestion sécuritaire de la communauté musulmane, en appelant à une collaboration avec les services policiers, comme si la masse des musulmans de France, par naïveté ou immaturité, était susceptible d’être manipulée par des organisations “islamo-terroristes”  »68 , ce que l’auteur écarte d’emblée. Est également mis en pâture le journaliste-reporter à Marianne , Mohamed Sifaoui , accusé lui aussi d’être lié aux « cercles du pouvoir de l’État algérien » anti-islamistes.

Dans la même logique de négation pure et simple du danger islamiste et jihadiste, Thomas Deltombe montre quant à lui comment le petit écran et les journaux auraient progressivement « fabriqué un islam imaginaire », sous l’effet conjoint de la « course à l’audience et d’une idéologie pernicieuse de stigmatisation de l’“Autre musulman”  ». Selon lui, les « musulmans » seraient un bloc intouchable, victime par essence de l’État occidental et des discours sur le terrorisme, de sorte que les médias et les politiques auraient progressivement construit une véritable islamophobie nationale qui irait bien au-delà de l’extrême-droite ou des racistes mais qui serait devenue quasiment « structurelle »69 .

Dans leur ouvrage Islamophobie : la contre-enquête , Jean-Christophe Moreau et Isabelle Kersimon70 , ont voulu vérifier si les innombrables plaintes contre « l’islamophobie » présentées par le CCIF ou autres organes dits antiracistes ou anti-islamophobes correspondaient à des faits réels et aussi graves qu’ils le disaient. Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau ont été surpris par la légèreté des plaintes et le manque de preuves. Ils ont conclu à une véritable opération d’usurpation qui relaie assez fidèlement les stratégies convergentes des Frères musulmans, de l’OCI, de l’ISESCO et autres pôles de l’islamisation décrits plus haut et dont l’objectif est de faire interdire, au niveau onusien et occidental, le « blasphème ». Ceci permet de se conformer en fin de compte aux commandements liberticides et suprémacistes de la charià (censure et délit de blasphème), sous couvert de lutte contre la « diffamation des religions » assimilée à du racisme. Cette « lutte contre la diffamation des religions » de l’OCI est organisée comme une guerre sainte mondiale contre les Droits de l’Homme estiment les auteurs. Spécialiste du droit, J.-C. Moreau montre notamment que le « flottement juridique » inhérent aux nouvelles législations françaises en matière d’antiracisme « accrédite l’idée que toute critique intéressant de près ou de loin la religion musulmane pourrait n’être qu’une forme particulière de xénophobie  »71 . Ceci en vertu d’une interprétation littérale de l’article 48-1 de la loi sur la liberté de la presse qui donne aux associations qui se proposent dans leurs statuts de combattre le racisme le droit d’ester en justice et de se porter partie civile contre des auteurs. C’est de cette façon que l’écrivain Michel Houellebecq , en 2001, puis Charlie Hebdo , en 2007 furent attaqués devant les tribunaux et accusés de stigmatiser les musulmans et l’islam.

Plus intéressant encore, les deux auteurs dévoilent le postulat racialiste des « anti-islamophobes » et leur croyance dans la notion de responsabilité collective, puisqu’ils veulent poursuivre des auteurs et des propos non pour des faits réellement commis, mais pour ceux que d’autres pourraient commettre sous « l’influence » présumée de leurs discours. Les auteurs dénoncent ainsi « l’inflation sémantique de la notion d’islamophobie  ». Après avoir décortiqué la typologie des « actes islamophobes » présentée par le CCIF, ils dévoilent le véritable objet de la lutte contre « l’islamophobie » qui consiste à assimiler les simples critiques ou caricatures à des délits de droit commun.

Avec la négation permanente du problème islamiste72 , la « lutte contre l’islamophobie » participe en fin de compte d’une vision suprémaciste au bénéfice d’un islamisme conquérant hostile aux valeurs des sociétés non-musulmanes d’accueil. Malgré cela, toute la stratégie subversive des organisations islamiques, qui œuvrent à contrôler les communautés musulmanes d’Europe, vise à faire croire le contraire, et celles-ci ont assez bien réussi, depuis des années, à persuader les musulmans puis les élites d’Europe ou des États-Unis que les adeptes de Mahomet seraient « traités « comme les colonisés jadis », voire pire, c’est-à-dire « comme les juifs dans les années 1930 et sous la seconde guerre mondiale »…

L’amalgame avec l’antisémitisme et la stratégie de la réductio ad hitlerum

Comme le CCIF et les protagonistes de l’islamisme mondial « institutionnel », l’ancien Secrétaire général de l’Organisation de la Coopération Islamique, Ekmeleddin Ihsanoglu , n’a pas hésité à appuyer sur le point sensible occidental de la reductio ad hitlerum (« point Godwin ») lorsqu’il a déclaré, en septembre 2010, « nous nous dirigeons vers un paradigme ressemblant à l’antisémitisme des années 1930  »73 . Les pôles de l’islamisation mondiale sont aidés dans cette stratégie de culpabilisation-diabolisation par certaines forces « antiracistes » d’extrême-gauche notamment. Pour Cécile Duflot (Europe Écologie – Les Verts) par exemple, « les ressorts de l’usage de l’islamophobie aujourd’hui sont un peu les mêmes que les ressorts de l’usage de l’antisémitisme 74  ». On peut citer également les cas d’Olivier Besancenot , Jean Luc Mélenchon, Clémentine Autain , Danièle Obono , qui, aux côtés de cautions morales comme les associations antiracistes (MRAP, Ligue des Droits de l’Homme, CCIF, etc.) et d’intellectuels ou journalistes comme Edwy Plénel , Pascal Boniface , Thomas Guénolé , ou Vincent Geisser (CNRS), œuvrent à faire admettre l’idée selon laquelle les musulmans seraient les victimes emblématiques de la pire nouvelle forme de racisme : l’islamophobie assimilée à l’antisémitisme d’hier. En Belgique, l’islamologue belge Michaël Privot , anciennement militant des Frères musulmans75 , a pu ainsi affirmer que « l’islamophobie et l’antisémitisme, ce sont les deux faces d’une même pièce  »76 , le même « nom de l’Occident judéo-chrétien  »77 … Pour le directeur de Mediapart , Edwy Plenel, auteur d’un plaidoyer intitulé Pour les musulmans (voir infra chapitre VI ), les musulmans, « nouveaux juifs », seraient « opprimés » à la fois par les racistes de droite, par les « islamophobes » de Charlie Hebdo , puis par la République laïcarde, coupable de promulguer des lois d’exception contre le voile islamique, de refuser des aménagements communautaristes ou même de mener une « lutte sécuritaire » contre l’islamisme.

Dans la même veine, peu après les attentats de l’hyper-casher et de Charlie Hebdo , Jean Luc Mélenchon a comparé le sort des musulmans dans la République française à celui des Protestants massacrés lors de la Saint Barthélémy et des Juifs génocidés par les Nazis durant la seconde guerre mondiale…78 . Cette vision outrancièrement victimiste, qui consiste à faire croire aux musulmans qu’ils sont traités en Occident comme les Juifs jadis victimes de pogroms ou de génocide, est très explosive, car l’histoire et la polémologie montrent qu’il est très facile de faire croire à un groupe, pour le souder et le monter contre un autre, qu’il est plus persécuté qu’il ne l’est réellement, puis, corrélativement, de le convaincre que tous ses maux sont la faute de l’Autre, à rejeter et dont on doit se dissocier. La conséquence de cette représentation est que ce groupe victimisé et flatté dans un narcissisme communautaire finit par ne plus être capable de se remettre en question. La suite logique consiste à s’exclure de lui-même de la société environnante, jugée foncièrement hostile, et à se « désassimiler ». Les sociétés occidentales, qui baignent dans la pensée islamiquement correcte depuis des décennies, en paient déjà le prix en matière de difficulté d’intégration et de radicalisation islamiste. Ce phénomène est grave, car les persécutions dont parlent constamment les islamistes et leurs alliés « islamo-gauchistes » sont le carburant du terrorisme jihadiste d’Al-Qaïda ou de Daech . Ceux-ci mettent en effet systématiquement la lutte contre « l’islamophobie » et les « ennemis de l’islam » au centre de leur propagande et de leurs appels à la violence barbare.

La non qualification de l’ennemi et de sa nature islamiste : une victoire de l’islamiquement correct

Toute stratégie commence par l’énonciation d’un objectif, d’un « but de guerre » face à une menace et à un ennemi qui doivent être préalablement désignés, nommés et précisémment identifiés. En ce qui concerne le projet de l’islamisme conquérant, il est clair que l’ennemi n’est pas le « terrorisme » en tant que concept et mode d’action pouvant être utilisé par des acteurs très différents (islamistes, indépendantistes irlandais, kurdes, tamouls, groupes d’extrême-gauche, États, etc.), mais une entité humaine enracinée dans un projet idéologique, géocivilisationnel sous-jacent. Ainsi, lorsque les néo-conservateurs (sous l’Administration Bush junior) comme les démocrates américains (Bill et Hillary Clinton ou Barack Obama ) déclaraient faire la « guerre au terrorisme » (« War on Terror ») en renversant le régime taliban-afghan du Mollah Omar et lorsqu’ils assuraient vouloir « vaincre » la « global terror » en combattant Al-Qaida et plus récemment Daech en Syrie et en Irak, ils savaient très bien qu’il s’agissait d’un terrorisme islamiste, et non d’un terrorisme bouddhiste, laïque, marxiste ou même « nihiliste ». On se rappelle que George William Bush (jr) avait lancé une grande campagne intitulée « common values » qui mettait en avant le fait que le terrorisme n’avait « rien à voir avec le vrai islam » (voir supra , chapitre II ), que « ce n’est pas l’islam qu’il faut combattre » et que d’ailleurs « les États-Unis ont beaucoup de valeurs communes avec l’islam ».

Destiné à ne pas « offenser » leurs clients islamistes du Golfe, l’emploi d’un concept désincarné permet en fait aux dirigeants occidentaux de masquer la nature inavouable de la menace salafiste-islamiste – dont ils savent pertinemment qu’elle est subventionnée et diffusée par des États islamiques « amis » (États du Golfe wahhabites et pro-Frères musulmans) – et de draguer les suffrages électoraux des lobbies islamistes qui encadrent les musulmans d’Occident. D’où les expressions ubuesques de « terreur jihadiste », « d’extrémisme terroriste », de « terrorisme barbare », ou encore d’« extrémisme religieux » (la plus récente), utilisées aussi bien par les Administrations Bush, père et fils, et Obama que par les Nations unies et des chancelleries européennes.

Taire la véritable nature géocivilisationnelle néo-impériale de l’islamisme qui inspire tout autant les terroristes (« coupeurs de têtes »), que les lobbies islamiques institutionnels (« coupeurs de langue »), choyés par nos dirigeants occidentaux, les rend incapables de livrer une guerre efficace à cet ennemi global. Ils prétendent ainsi qu’une guerre doit être livrée contre le seul terrorisme, qui n’est pourtant que la face immergée de l’iceberg islamo-totalitaire quant à lui exonéré.

L’imposture visant à mettre l’islamisme totalitaire au même niveau que les « extrémismes des autres religions »

Bien que parée de belles intentions, l’expression « extrémisme violent »79 , chère aux Nations Unies et aux pays sommés de s’exprimer de façon islamiquement correcte, ne mentionne ni l’idée d’une origine islamique, ni même celle d’un fondamentalisme religieux, mais ramène le totalitarisme islamiste à un extrémisme surgi de nulle part. Si la noble intention affichée est ici de ne pas « offenser » les musulmans, l’objectif réel est d’empêcher que tout lien soit établi entre terrorisme et islamisme. Quant à l’expression très à la mode : « lutter contre tous les intégrismes », assénée à chaque attentat terroriste islamiste, elle permet aux pôles de l’islamisme mondial de continuer à être dispensés de toute réforme de l’islam et de rendre toutes les religions co-responsables et co-justiciables de la barbarie d’une seule. Comme l’a très bien dit le polémologue François Bernard Huygues , « l’idée derrière cette expression d’“extrémisme violent”est de ne pas prononcer les mots d’“islam” ou d’“islamisme”. Toutefois, l’“extrémisme violent” ne veut rien dire : le FLNC, ETA ou Bachar el-Assad le pratiquent et ce n’est pourtant pas eux que l’on va attaquer […]. Les Occidentaux ne désignent pas l’ennemi islamiste car en Syrie, avec les Turcs, ils arment les islamistes soi-disant modérés qui sont en fait pour beaucoup des radicaux, au minimum proches de l’idéologie des Frères musulmans. On ne désigne pas l’ennemi car on est en train de l’armer d’un autre côté  »80 .

Dans le cas présent, l’ennemi de nos sociétés qui commandite ou suscite des attentats un peu partout, de Paris, Orlando, Nice à Barcelone, aux cris d’Allah ouakbar , ne se limite pas à la seule « organisation État islamique », idée qui rend presque fréquentable al-Qaïda (comme on l’a vu notamment en Syrie, lorsque Laurent Fabius a déclaré que Al-Nosra y faisait « du bon boulot » face à Bachar al-Assad ), ou le Hamas palestinien appuyé par le Qatar et la Turquie. Il englobe en réalité l’ensemble des entités islamistes – terroristes, étatiques ou subversives – qui partagent un même projet totalitaire : l’islamisation du monde, de gré ou de force. De ce fait, les États, associations et autres entités qui fournissent moyens, outils théologiques, et même armes aux jihadistes et aux prédicateurs anti-occidentaux, mais qui sont nos partenaires économiques dans la région et qui sévissent librement dans nos sociétés au nom de la liberté de conscience dévoyée, agissent concrètement comme de véritables ennemis qui nuisent à notre survie géocivilisationnelle.

La conclusion qui s’impose est que les pays occidentaux ne pourront se défendre face à cette menace multiforme sans revoir leurs alliances géopolitiques externes et internes et sans exiger de leurs drôles de partenaires qui alimentent ce projet de conquête-islamisation sur notre sol qu’ils cessent d’agir en ennemis et qu’ils choisissent leur camp. Et cela sans se cacher derrière la susceptibilité ou en nous assurant que leur main droite pro-occidentale ignore ce que fait leur main gauche pro-jihadiste…

La seconde conclusion est que nous ne pourrons pas vaincre cet ennemi asymétrique tant que nos élites politiques et stratégiques n’auront pas renoncé au paradigme de la guerre froide qui leur a fait préférer jusqu’à aujourd’hui les États islamistes du Golfe et la Turquie membre de l’OTAN à la Russie post-soviétique, toujours considérée par de nombreux décideurs américains et atlantistes comme « pire que le terrorisme islamiste ».


1 . Cité in Le Monde , 4 mars 1997,

2 . Conférence prononcée par Timmersmans au Parlement européen, le 31 mars 2016, voir la vidéo : https://www.anguillesousroche.com/europe/ministre-de-leu-leurope-sera-diversifiee-il-ny-aura-pas-deurope-blanche-dans-le-futur/ .

3 . « L’islam, c’est aussi notre histoire » a été sponsorisée par le gouvernement belge et les fonds habituellement destinés à la promotion du tourisme, avec comme sous-titre « L’Europe et ses héritages musulmans, c’est est une exposition de civilisation  ».

5 . L’exposition, organisée par les associations MIXITY et Tempura, promeuvent notamment la « diversité » bruxelloise avec les MIXITY Awards qui affectent 235 000 € d’argent public pour des prix qui seront remis aux organismes mettant en exergue la diversité bruxelloise. Le budget des « Awards » est de 485 000 €. La Commission européenne a apporté un soutien à l’évènement.

7 . « Au Caire, Obama reconnaît la dette de la civilisation à l’islam », Le Monde, 6 juin 2009. Cf. « Discours de Barack Obama au Caire texte intégral », http://www.lafauteadiderot.net/spip.php?page=imprimir_articulo&id_article=198 .

9 . « Discours de B. Obama au Caire… », idem, http://www.lafauteadiderot.net/spip.php?page=imprimir_articulo&id_article=198 .

10 . Cf. Alexandre del Valle, Pourquoi on tue les chrétiens dans le monde aujourd’hui, la nouvelle christianophobie, Laurent Dumesnil, Maxima, Paris, 2013.

11 . Cité in Le Point, 3 février 2016.

13 . Cf. Latifa ben Mansour, Frères féroces , voyage dans l’enfer du discours islamiste, Ramsay, 2002, Paris ; Paul Landau, Le Sabre et le Coran , Tariq Ramadan et les Frères musulmans à la conquête de l’Europe, Éditions du Rocher, Paris, 2005.

14 . Alexandre del Valle, Les vrais ennemis de l’Occident, op. cit .

15 . « Revendication des attentats de Madrid attribuée à Al-Qaida, traduction et commentaire », http://memri.fr/2004/03/15/revendication-des-attentats-de-madrid-attribuee-a-al-qaida-traduction-et-commentaire/ .

17 . Rodrigo, ou Ruy, Díaz de Vivar, (1043-1099) dit El-Cid ou El Cid Campeador , est un chevalier mercenaire chrétien, héros de la Reconquista . En 1095, il s’empare de Valence où il règne jusqu’à sa mort.

18 . Sur cette question de « l’apport » musulman à la culture européenne, sur laquelle nous reviendrons plus en détails dans les chapitres suivants, on peut citer notamment la folle polémique qui suivit la publication du livre Aristote au mont Saint-Michel Les racines grecques de l’Europe chrétienne (Éditions du Seuil, Paris, 2008), de l’historien médiéviste Sylvain Gouguenheim , qui fut diabolisé par ses pairs pour avoir osé remettre en cause ce mythe fondateur de l’islamiquement correct.

19 . Un musée dit du « panorama » a été construit à cette occasion en 2012 à côté de la porte de Topkapi. Une immense fresque circulaire montre le sultan ottoman entouré de sa garde.

20 . Fatih Sultan Mehmet Han, le 7e  sultan de l’Empire ottoman, se proclama lui-même « Kayser-i Rum  », littéralement « le César des Romains. Chef militaire redoutable, il régna à deux reprises entre 1444 et 1481.

21 . Laurent Murawiec, « Dé-saoudiser l’Arabie », Politique internationale , no  111 – Printemps 2006.

22 . « Un rapport confirme que l’Arabie saoudite continue d’exporter à travers le monde ses manuels scolaires hostiles aux non-musulmans », http://pointdebasculecanada.ca/un-rapport-confirme-que-larabie-saoudite-continue-dexporter-a-travers-le-monde-ses-manuels-scolaires-hostiles-aux-non-musulmans/

23 . « Sheikh Yousouf al-Qardaoui : Islam’s “conquest of Rome” wille save Europe from its subjugation to materialism and promiscuity », 28 juin 2007 ; https://www.memri.org/tv/sheik-yousuf-al-qaradhawi-islams-conquest-rome-will-save-europe-its-subjugation-materialism-and

25 . « Erdogan aux Turcs vivant en Europe : “Ne faites pas trois, mais cinq enfants. Vous êtes l’avenir ! ”, 17 mars 2017 », https://francais.rt.com/international/35378-erdogan-turcs-vivant-europe-faites-pas-trois-cinq-enfants-avenir .

26 . Le président turc menace : « Demain, aucun Européen ne pourra faire un pas dans la rue en sécurité  », http://www.opex360.com/2017/03/23/le-president-turc-menace-demain-europeen-ne-pourra-faire-pas-dans-la-rue-en-securite/ .

27 . En Floride, un pasteur américain brûle à nouveau un Coran », 30 avril 2012, http://www.leparisien.fr/international/floride-le-pasteur-americain-brule-a-nouveau-un-coran-30-04-2012-1978816.php .

28 . « L’innocence des musulmans », septembre 2012, https://www.youtube.com/watch?v=kOjCiREsNt4 .

29 . « Islamophobie, un terme employé par François Hollande qui s’impose » – SaphirNews.com  – 16 janvier 2015.

30 . Voir les éditos courageux d’Al Sharq al Awsat , de L’Orient le Jour, ou de Tahar Ben Jelloun, du Tunisien Abdelwahhab Medeb, de l’Algérien Kamel Daoud , du célèbre poète Syrien Adonis, ou Bouallem Sansal, auteur de Gouverner au nom d’Allah, Gallimard, 2013.

31 . « Charlie Hebdo , Le Pape François estime qu’on ne peut pas insulter la foi des autres », Le Point , 15 janvier 2015.

32 . « Le Pape François explique : “si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique”  ». Le Figaro , 31 juillet 2016.

34 . M. Mohamed Khatami , élu en mai 1997. Dans un entretien accordé à CNN le 9 janvier 1998, il appela à un « dialogue de civilisations », une réponse au livre de Samuel Huntington , Le Choc des civilisations .

35 . Le « Groupe des Sages » était constitué de personnalités politiques presque toutes connues pour les positions antisionistes ou pro-islamistes radicales : l’ancien Président iranien Mohamad Khatami, faux modéré mais vrai acteur historique de la révolution islamique iranienne aux côtés de l’Ayatollah Khomeiny  ; l’ex-Premier ministre sénégalais Moustapha Niasse, l’islamologue américain John Esposito, qui dédouana souvent le Hamas palestinien ; sans oublier l’épouse de l’ex-émir du Qatar, cheikh Mozah, dont le mari fut le promoteur des Frères musulmans et l’instigateur des révolutions arabes en 2011 appuyées par Doha et Al-Jazira pour faire arriver au pouvoir les islamistes.

36 . Voir, The Runnymede Trust – « Islamophobia. A Challenge For Us All » – 1997 – pp. 4 à 12.

37 . Cité in « Islamophobia », Europ Magazine , printemps 1998. Un autre rapport annuel du même type « L’islamophobie : ses caractéristiques et ses dangers », a été publié par Runnymede Trust en février 1998.

38 . Ce qui n’est d’ailleurs pas un jugement de valeur (place de la femme et de l’individu, rôle du religieux, liberté de conscience, etc.

39 . I.S.I.C. Bulletin, revue de l’Institut d’Études de l’Islam et du Christianisme, décembre 1997, janvier 1998.

40 . Amir Taheri , « Les causes à la racine du terrorisme », The New York Post, Adaptation, le 3 juillet 2007.

41 . Felice Dassetto, – 11/9 : au-delà des commémorations – www.felicedassetto.eu  – septembre 2011 et 2016, p. 137.

42 . Mustapha CHAIRI – Quelle lutte pour l’émancipation de la communauté musulmane ? – Conférence – Verviers – 19 novembre 2013 – Verbatim – https://www.youtube.com/watch?v=7kGVpqvSF4g

43 . Felice Dassetto, 11/9 : au-delà des commémorations. « http://www.felicedassetto.eu/  » www.felicedassetto.eu  - septembre 2011 et 2016.

44 . Charb « Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes », Lettre A, avril 2015.

45 . Cf. Laurent Bouvet « Avec la censure de Charb , la dérive identitaire atteint aussi l’université », Le Figaro , 3 février 2018.

46 . Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed, Islamophobie, Comment les élites françaises fabriquent le « problème  » musulman.  La Découverte / Poche. Paris, 2013, 2016. 

47 . Ibidem.

48 . Ibidem .

49 . Rapport du défenseur des droits, 2016. Il faut savoir également que les fantasmes de « persécution » du CCIF ont été démentis par des statistiques officielles que même les journaux les plus sensibles au victimisme islamiquement correct comme Le Monde ont publiées : cf. « Les actes antimusulmans en forte baisse en 2016 », Le Monde des religions, 31 janvier 2017.

50 . Cf. Hakim El Karoui , L’islam, une religion française, Gallimard, 2017.

51 . Cf. Étude de l’Institut Montaigne sur les musulmans français, septembre 2016 publiée par l’Institut Montaigne et intitulée Un islam français est possible , http://www.institutmontaigne.org/publications/un-islam-francais-est-possible . Voir aussi l’article du Monde du 31 janvier 2017, « Les actes antimusulmans en forte baisse en 2016 ».

52 . 419 « discriminations », « 39 agressions », « 25 attaques » et « dégradations contre des édifices religieux », « 98 discours haineux-insultes, menaces », cf. http://www.islamophobie.net/articles/2017/01/31/sortie-du-rapport-2017-du-ccif-une-evolution-du-fait-islamophobe/ .

53 . En 2012, Tariq Ramadan avait invité Marwan Muhammad à parler de la situation des musulmans en France durant son émission Press TV (média iranien), Vidéo disponible sur le site de Tariq Ramadan / WebArchive et sur http://tariqramadan.com/press-tv-tariq-ramadan-et-marwan-muhammad-mai-2012/ .

54 . « Le ministère des affaires étrangères du Canada promeut Tariq Ramadan comme un visionnaire », 17 novembre 2014, http://pointdebasculecanada.ca/les-affaires-etrangeres-du-canada-promeut-tariq-ramadan-comme-un-visionnaire/ .

57 . L’université de Rennes précise qu’avec ce diplôme, Rachid Abou Houdeyfa pourra être l’un « des référents laïcité dans divers domaines de la vie professionnelle ou associative […] qui sont amenés à éclairer, du point de vue du droit, de multiples situations quotidiennes où la question religieuse est susceptible de croiser les règles de l’État républicain et laïc  »… https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/rennes-imam-brest-archeveque-rennes-obtiennent-leur-diplome-religion-1388665.html .

58 . Voir sites toutesegaux.free.fr et oumma.com.

59 . L’« appel pour les assises de l’anticolonialisme postcolonial ; ou « Appel des Indigènes de la république », publié dix mois avant le déclenchement des émeutes des banlieues françaises en janvier 2005, incarne jusqu’à son paroxysme cette tentative d’essentialiser les immigrés musulmans et d’en faire des soldats de la nouvelle révolution contre l’ordre occidental établi : « Discriminatoire, sexiste, raciste, la loi anti-foulard est une loi d’exception aux relents coloniaux. La France a été un État colonial… […]. La décolonisation de la République reste à l’ordre du jour !  », in François Darras (J.-F. Kahn), « Et maintenant, les nouveaux racistes ! », Marianne , no  410, 26 février-4 mars 2005.

60 . Caroline Fourest, La tentation obscurantiste , op. cit., p. 37.

61 . Face à ses dérives de la lutte antiraciste, une étude du Collectif Contre TOUS les Racismes, intitulée « Les liaisons dangereuses du MRAP », publiée en février 2004 par des militants antiracistes dissidents, mit en évidence « l’antiracisme sélectif » du MRAP, dont la cause ne serait « plus celle du combat contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples  » mais celle d’un antisionisme viscéral et de la défense des islamistes radicaux ou des mouvements ethnicistes ouvertement anti-juifs ou anti-français, « minimisant ainsi les actes antisémites lorsqu’ils sont commis par des “arabo-musulmans”  ». Parmi les rédacteurs du rapport : Bernice Dubois, ex-membre du Mrap ; Morad El Hattab, Écrivain, le scientifique Alexandre Feigenbaum, ancien du Mrap ; Kébir Jbil, président de l’association des Musulmans laïques, Rachid Kaci, ex-président de Democratia ; Belkacem Lounes, Président du Mouvement Mondial Berbère ; Simon Midal, ex-membre de la LICRA ; Kavéh Museihni, Président du Mouvement des Étudiants Iraniens Laïques, etc.

63 . Idem .

64 . La Nouvelle islamophobie , La Découverte, sur le vif, Paris, 2003.

65 . Paris, La Découverte, « Cahiers libres », 2005.

66 . L’Age d’Homme, Paris, 1999.

67 . Vincent Geisser , La nouvelle islamophobie, op. cit. , p. 104.

68 . Vincent Geisser , La nouvelle islamophobie… ibid. , p. 105.

70 . Éditions Plein Jour, 2016.

71 . Isabelle Kersimon et Jean Christophe Moreau , Islamophobie, La contre-enquête, paris, Plein Jour, 2016, p. 150.

72 . A. Hajjat et M. Mohhamed, Islamophobie : comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman  », La Découverte, 2013.

73 . « En Europe, nous entrons dans une nouvelle phase dans les sentiments et les politiques hostiles à l’islam. Cela a commencé après le référendum sur les minarets en Suisse […]. C’est très préoccupant. […]. Aux États-Unis, c’est un phénomène nouveau, qui remonte aux attentats du 11 septembre 2001. […]. Prenez le cas de cet appel à brûler le Coran […], une seule personnalité marginale pourrait enflammer le monde […]. Ou prenez les caricatures du prophète Mahomet […] c’était des caricatures barbares […], vous devez respecter les symboles des autres  », cité in « Entretien avec Ekmeddin Ihsanoglu, Secrétaire général de la Coopération islamique », Forum Algérie-Monde, http://www.algerie-monde.com/forums/threads/9765-Ekmeleddin-Ihsanoglu-secr%C3%A9taire-g%C3%A9n%C3%A9ral-de-l-Organisation-de-la-conf%C3%A9rence-islamique .

74 . Projet d’accord de majorité – 2014-2019 – be gov be.brussels, p. 113.

75 . Voir « Le système Frères musulmans : illustration par le cas Privot », https://www.cclj.be/actu/politique-societe/systeme-freres-musulmans-illustration-par-cas-privot .

76 . Voir le « Dossier spécial – Menace terroriste – RTBF télévision » (Belgique) du 18 janvier 2015 ; voir son ouvrage Quand j’étais frère-musulman, La Boîte de Pandore, Bruxelles , 2017.

77 . Le Monde , 18 octobre 1998.

78 . Dans une émission (« Les Grandes questions », avec Frantz-Olivier Giesbert) dédiée aux attentats de Charlie Hebdo et à l’islamisme radical, auquel l’auteur de ces lignes participait aux côtés de Ghaleb Bencheikh et de Jean-Luc Mélenchon, ce dernier refusa catégoriquement de critiquer l’islam politique ou même l’islamisme radical comme cause du terrorisme jihadiste. Mélenchon se cantonna à faire le procès du seul catholicisme et botta en touche lorsqu’on lui demanda de désigner la menace islamiste. Alors qu’ils ne ratent jamais une occasion de défendre l’islam et les musulmans, en décembre 2017, Mélenchon et certains députés de la France insoumise demandèrent le retrait pur et simple du drapeau européen dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale au motif qu’il serait inspiré d’un « symbole chrétien ».

79 . Les expressions « extrémisme violent » ou « terrorisme djihadiste », ont notamment été popularisées par Mme Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, par l’ex-président américain Barack Obama ou par François Hollande afin de ne pas désigner clairement ni l’islam ni même l’islamisme.