. La densité des peuples vivant de cueillette et de chasse à la période historique permet de se faire une idée sur ce point. C’est ainsi qu’avant l’arrivée des Européens il y avait en moyenne 8 habitants par 100 km2 en Australie (dans les zones peuplées) et 16 en Amérique du Nord.
. En Allemagne, les variations du taux de boisement, connues d’après des témoignages historiques précis, sont très nettement parallèles aux fluctuations des populations humaines.
. En 1947, pour la zone de civilisation européenne prise dans sa totalité, habitée par 902 millions d’habitants, on enregistra 24,3 millions de naissances et 13 millions de décès, ce qui implique un accroissement naturel de 12,5 ‰.
. Par exemple en Irlande où l’on observe une diminution extraordinaire de la population passée de 8,2 millions de 1841 à 4,4 millions en 1861 et à moins de 3 millions en 1946. Famines, émigration, faible fécondité en sont la cause.
. D’après J. G. C. Blacker. « The demography of East Africa », The Natural Resources of East Africa, Nairobi, 1962.
. En l’absence de tout recensement précis et général à travers le monde, les démographes ne peuvent qu’estimer avec une certaine approximation les effectifs humains aux siècles antérieurs. Deux travaux de base sont à notre disposition : W. F. Willcox, Studies in American Demography, Ithaca, 1940 ; et A. M. Carr-Saunders, World Population : Past Growth and Present Trends, Oxford, 1936. Ces deux experts divergeant quelque peu dans leurs évaluations du fait de l’interprétation de faits parfois difficiles à préciser, on a coutume de prendre les chiffres des deux en considération d’une manière parallèle.
7. D’après Nations unies, Annuaire démographique, 1961 et les suivants jusqu’à 1973.
. Accroissement de la population mondiale dans l’avenir. Études démographiques, no 28, New York, Nations unies, 1958.
. Il y en eut 13 en France au cours du XVe siècle, autant au siècle suivant.
. Bien entendu une cruelle régulation intervenait jusqu’en des temps récents du fait d’une mortalité très élevée, surtout parmi les enfants.
. Les maladies de carence vitaminique sont bien connues. D’autres, résultant du manque prolongé de protéines, entraînent une malnutrition dramatique des adultes et surtout des enfants, dont la croissance exige des quantités relativement importantes d’aliments azotés. Le kwashiorkor, dû à des carences en protéines animales, n’en est que la plus classique. Ces déséquilibres protéiniques se rencontrent principalement dans les régions tropicales.
. La sous-alimentation y entraîne un taux de mortalité très élevé, surtout parmi les enfants. L’espérance de vie à la naissance n’est que de 32 ans, contre 69 en France et aux États-Unis. On ne peut manquer d’évoquer Pierre Loti, et sa description des enfants indiens, « pauvres petits squelettes, aux grands yeux étonnés de tant souffrir » (L’Inde sans les Anglais). L’Inde, avec son pullulement de foules faméliques et passives, est sans nul doute l’image même de la faim endémique poussée à l’extrême. La situation se complique du fait de la destruction des terres. Un exemple parmi tant d’autres : dans la vallée de l’Indus, la population s’accroît de 10 bouches à nourrir par 5 minutes ; mais dans le même laps de temps, un acre (un peu plus de 40 ares) de terre est perdu du fait de l’érosion accélérée.
. La question se pose également quant aux ressources non renouvelables, par exemple les minéraux dont beaucoup s’épuisent au moment où les besoins par habitant s’accroissent en raison des progrès techniques.
. Le Japon peut d’ailleurs être cité en exemple quant à l’augmentation de la production agricole. Quand ce pays s’est ouvert à la civilisation moderne, il était « sous-développé » au sens où nous l’entendons actuellement. Sa population augmentait de 1 % par an, fait grave dans un pays déjà surpeuplé. Grâce à un effort digne d’éloges et aussi à l’existence d’un « environnement » culturel favorable à un tel essor, il a réussi à accroître sa productivité agricole de 3,5 % par an et à créer une industrie lui donnant la possibilité de combler le déficit. Bel exemple à méditer pour beaucoup de nations se trouvant encore dans le marasme le plus complet.
. Il faut toutefois se montrer sceptique quant à l’optimisme de certains qui basent leurs conclusions sur des expériences de laboratoire et non point sur des pratiques agricoles à grande échelle.
. Alors qu’en 1800 seule une ville comptait un million d’habitants (Londres), il y en avait 82 en 1956. En 150 ans, la proportion d’humains vivant dans des agglomérations de plus de 100 000 âmes est passée de 2 à 13 %. Bien que des facteurs économiques expliquent cette évolution, la démographie y a contribué elle aussi dans une large mesure.
. Cela est particulièrement vrai de Paris, où la banlieue sud se développe sur des terres à nette vocation agricole.
. Manière de penser l’urbanisme, Genève, Gonthier.
. On pense à ce que disait Lamartine : « Ces roulements de voitures, ces cris aigus du peuple et ce tonnerre incessant de tous les bruits stridents, qui ne laissent, dans les rues des grandes villes, aucune trêve à l’oreille et aucun apaisement à la pensée. » Et pourtant le poète n’a jamais connu les métropoles modernes, ni le bruit que font les avions à réaction franchissant le mur du son : le « bang » supersonique peut avoir des conséquences neuro-physiologiques graves. Le bruit des avions perturbe également les animaux, notamment les oiseaux.
. À l’exception des ressources alimentaires tirées de la mer.
. Hugh Hammond Bennett, qui fut chef du service de Conservation des sols aux États-Unis, a été un des promoteurs les plus enthousiastes de la lutte contre l’érosion.
. En Algérie, chaque jour de la saison pluvieuse jette la valeur de 200 ha de terre arable à la mer. Cet exemple, pris entre mille, révèle l’étendue du mal.
. On trouvera un remarquable résumé synthétique de ces questions dans une série d’articles publiés par S. Henin, dans le Bulletin technique d’information, Paris, Minist. Agric, nos 50 et 51, 1950.
. Les paysans disent que l’on voit « pousser les cailloux » ou que les pierres se « débeurrent ».
. Les silicates complexes subissent une hydrolyse libérant les oxydes de fer et d’aluminium (Fe2O3, Al2O3), et la silice ; il y a ensuite concentration, soit par migration des oxydes libres venant d’autres horizons du sol, soit par départ des autres éléments, en particulier de la silice. Ces oxydes se cristallisent et se déshydratent, produisant un concrétionnement en masse selon des modalités variant avec les conditions pédologiques. On aboutit donc à une formation purement minérale. Rappelons que la bauxite, minerai d’aluminium, représente une latérite fossile.
. Bien qu’on ne connaisse encore que peu les modifications chimiques des terres cultivées, le lessivage des sols, par les pluies et par des pratiques culturales qui ne restituent pas les éléments minéraux, en particulier les matières azotées, est très pernicieux. Des études menées aux États-Unis (Kansas) ont montré une baisse rapide de la teneur des récoltes en substances nutritives pour l’homme, avant tout en protéines. Cela est en rapport avec la perte en éléments minéraux, qui peut atteindre des proportions gigantesques. On a calculé que le Mississippi enlevait par an 62 188 t de phosphore, 1 626 312 t de potassium, 22 446 379 t de calcium et 5 179 788 t de magnésium.
. L’énergie cinétique d’une goutte de pluie de 6 mm de diamètre est suffisante pour soulever un corps de 46 g à 1 cm. L’énergie cinétique d’une pluie de 22 mm en 80 minutes tombant sur 1 cm2 représente l’énergie suffisante pour soulever à 1 cm de hauteur 1 250 g (D’après Mihara, in Fauck, Rapport mission aux USA, 1955).
. Nous emploierons ce terme comme synonyme de déforestation, bien que l’acception ne soit pas tout à fait la même.
. Un grand quotidien a besoin annuellement de la quantité de bois poussant pendant ce laps de temps sur une surface de 400 ha. Un numéro du dimanche du New York Times – dont on connaît l’énorme volume – consomme à lui seul le bois qui pousse pendant un an sur 77 ha de forêt. Comme l’a fait remarquer plaisamment Furon (1953), il est heureux que l’Unesco n’ait pas encore atteint ses buts ; car si elle avait réussi à apprendre à lire à tous les illettrés, soit aux trois quarts de l’humanité, il aurait fallu raser le reste des forêts pour satisfaire les besoins des nouveaux lecteurs !
. Il est passé en France de 16,8 % en 1850 à 19,1 % en 1939 et à 22,64 % en 1966.
. D’après certains auteurs, on ne replante que deux arbres sur trois abattus aux États-Unis.
. Le board foot est une unité de volume utilisée aux États-Unis, représentant un volume de bois d’un pied de long, d’un pied de large et d’un pouce d’épaisseur.
. Et pourtant certains forestiers clairvoyants (notamment G. Plaisance) ont insisté sur les avantages des mélanges d’essences, notamment au point de vue de la croissance des arbres, de l’élagage, de la résistance aux maladies et aux parasites, et de la défense du sol par des systèmes radiculaires de types variés. Il existe une incontestable « entraide » végétale, ce qui n’est pas nouveau pour les écologistes étudiant la synécologie d’un habitat naturel. En créant une forêt, l’homme a dans l’ensemble intérêt à ne pas ignorer la loi de la diversité dont les milieux naturels lui montrent l’efficacité.
. Par exemple aux Philippines, l’île de Cebu a été largement déboisée au début du XXe siècle. De ce fait, à l’exception d’une seule, toutes les formes endémiques d’oiseaux sont vraisemblablement à considérer comme éteintes.
. Un naturaliste autour du monde, Paris, Albin Michel, 1955.
. Nous n’évoquerons ici qu’une catégorie bien déterminée de feux, ceux qui sont employés périodiquement et traditionnellement dans les savanes et autres habitats ouverts, principalement en Afrique au sud du Sahara, à l’exclusion des feux de défrichement, déjà envisagés précédemment.
. Cet argument n’est cependant plus valable à l’heure actuelle, puisque l’on dispose d’autres moyens pour détruire ces parasites et en débarrasser les animaux. Brûler la brousse pour tuer les Tiques revient, selon la boutade de H. Humbert, à incendier une maison pour y exterminer les Puces et les Punaises. Dans le même ordre d’idées on a allumé en Sibérie des incendies s’étendant sur 100 km pour chasser les Moustiques.
. Alors que dans le cas de ces Orthoptères, les surfaces dénudées par le feu favorisent leur multiplication en améliorant leurs lieux de ponte !
. L’élévation de la température est le facteur principal de cette modification. D’après des données citées par Guilloteau (1958), on a mesuré couramment à la surface du sol des températures allant de 100 °C à 250 °C et atteignant souvent 700 °C et 850 °C. L’élévation de la température varie beaucoup en fonction des conditions locales, notamment du vent qui active les combustions.
. On a enregistré en Afrique des élévations thermiques de 3 à 15 °C à 2 cm en dessous de la surface du sol, souvent supérieures dans les terrains recouverts de broussailles (par exemple dans le chaparral américain) où elles peuvent dépasser une centaine de degrés.
. On a signalé des feux spontanés allumés par la foudre des premiers orages précédant la saison des pluies ou par des fermentations de détritus végétaux. Il s’agit cependant d’événements très rares et qui ne se produisent qu’exceptionnellement dans la nature.
. On signalera à ce point de vue l’opinion diamétralement opposée de certains agronomes sud-africains (cités par Guilloteau, 1958) qui considèrent que la protection des Graminées contre le feu aboutit à l’accumulation de matières végétales vieillies, et à la détérioration du tapis herbacé. Ces divergences, sans doute en rapport avec des conditions écologiques différentes et une utilisation des ressources naturelles basées sur d’autres conceptions, montrent combien il convient d’être prudent dans des généralisations prématurées, et dans des condamnations non nuancées négligeant les circonstances locales.
. On notera qu’il existe des agents de déboisement naturels, certains étant les animaux eux-mêmes. Tel est en particulier l’Éléphant qui, dans les régions où il est abondant, est un puissant agent de déforestation, abattant les arbres pour prélever les rameaux dont il se nourrit (voir à ce sujet Bourlière et Verschuren, 1960, qui signalent des modifications profondes des habitats dont les Éléphants se sont rendus responsables au parc national Albert, au Congo).
. Au Viet-Nam, 1/3 du domaine boisé (surtout les forêts claires) est menacé par le feu tous les ans.
. Des études menées dans l’ouest des États-Unis où des problèmes du même type se posent parfois ont montré que l’envahissement de terrains de pâture par des buissons et des broussailles indésirables (« bush encroachment ») entraîne dans l’État du Texas une perte en rendement pastoral de l’ordre de 60 millions de dollars.
. Au début de la saison sèche les feux dégageant moins de chaleur et prenant moins d’extension sont plus facilement contrôlables ; ils causent moins de préjudices à la végétation ligneuse encore gonflée de sève et résistant mieux au feu.
. Par exemple pas plus de 60 à 70 % de l’appareil végétatif des Graminées de l’Est africain peut être prélevé par les animaux herbivores sans risquer la destruction du couvert végétal.
. Pour le Tchad, Gillet (1960) cite par exemple qu’à 20 m d’un puits il n’a rencontré que 5 espèces dans un quadrat de 1 m2, avec une nette prédominance du « cram-cram » (Cenchrus biflorus), Graminée d’ailleurs véhiculée par les troupeaux et presque exclusive dans les zones très pâturées ; à 60 m du relevé précédent, dans une zone moins pâturée il a trouvé 13 espèces déjà installées, avec un recouvrement du sol plus important. L’appauvrissement des zones pâturées et piétinées devient bien plus manifeste quand on compare des zones nettement à l’abri du bétail.
. Aux États-Unis, par exemple, dans l’État d’Idaho, on a constaté que dans des pâturages érodés par suite d’une surcharge en bétail et présentant une nette prédominance de plantes annuelles, au cours de pluies violentes, 61 % des précipitations s’y écoulaient en ruissellement, entraînant 16 t de sol par hectare, tandis que dans des prairies voisines, mises à l’abri du surpâturage et où dominaient les plantes vivaces, seules 0,5 % des précipitations s’écoulaient par ruissellement et 7 kg de sol seulement par hectare étaient entraînés par les eaux.
. De nombreuses observations montrent que les Rongeurs ne prolifèrent jamais dans les zones couvertes d’un tapis végétal dense. Ils sont ainsi les « fils » de la surexploitation des pâturages et non pas la cause de la dégradation de la végétation et de l’érosion consécutive. Voir notamment J. M. Linsdale, The California Ground Squirrel, Univ. Calif. Press, 1946.
. Un autre exemple classique se rencontre dans l’île de Sainte-Hélène, où la Chèvre fut introduite en 1513 par les Portugais ; les méfaits de cet animal sont dépeints par A. R. Wallace (Island Life, 1902), qui rapporte qu’en 1588 il en existait déjà des milliers, attaquant le riche couvert végétal de l’île. En 1709, le gouverneur demanda que ces déprédateurs soient détruits pour protéger les ressources forestières ; cette mesure lui fut interdite, sous prétexte que la Chèvre était plus précieuse que l’ébène. En 1809 il ne restait rien des forêts, l’ensemble de la flore avait d’ailleurs pratiquement disparu, remplacé par des plantes exotiques ayant proliféré sans frein. Les sols présentent un stade d’érosion très avancé en raison de la violence des précipitations et du relief accusé de l’île.
. Nous rappellerons à ce point de vue que ce comportement a été noté depuis la plus haute Antiquité, comme en témoignent notamment les nombreuses représentations sumériennes d’une Chèvre dans un arbre.
. Il faudrait d’ailleurs étudier cette question en fonction de la notion de propriété du sol. Les terres arables ont rapidement constitué la propriété propre d’un particulier, alors que les pâturages, comme les bois, étaient soumis à des droits d’usage très particuliers qui n’incitaient pas les pasteurs à une sage gestion de ce capital.
. Une unité est représentée par un Mouton ou une Chèvre ; un Bovin ou un Cheval représente 5 unités.
. C. F. M. Swynnerton a pu écrire dès 1936 (Royal Entom. Soc. London Trans., 84) : « Les Tsé-tsé sont les plus puissants agents de préservation de la flore et de la faune sauvage. Exterminez les Tsé-tsé, et tout le paysage change… Le sol, abandonné à nu aux vents et aux pluies, est soumis à l’érosion en nappe ou au ravinement suivant sa nature et sa pente et devient plus dévasté chaque année. » Il est vrai que pendant ce temps toute la pression du pâturage pèse sur les districts indemnes de Tsé-tsé et y exerce ses ravages.
. La Chine se range parmi les pays ayant l’expérience agricole la plus ancienne du monde. On sait notamment qu’une classification des sols selon leurs caractéristiques pédologiques a été établie il y a 4 000 ans déjà, soit 1 000 ans avant la prise de Troie (cité par Bennett, 1939). Mais cela n’a pas empêché certaines de ses parties de figurer parmi les régions les plus érodées du globe. La déforestation et de mauvaises pratiques culturales dans les régions montagneuses ont enlevé les sols sur de larges superficies (brûlis, cultures temporaires, rotation trop rapide, ont entraîné l’érosion de versants désormais pelés et la migration des populations vers les régions basses), déterminé des inondations d’une gravité exceptionnelle et occasionné des famines, hélas classiques et répétées au cours de la longue histoire chinoise.
À l’heure actuelle, l’érosion toucherait en Chine 160 millions d’hectares, soit le 1/6 du territoire.
. Sur le plan économique, la monoculture, parfois à l’échelon national, a le grand désavantage de sensibiliser l’équilibre financier d’un pays dont le sort est lié aux cours d’un seul produit sur les marchés mondiaux. Instabilité de l’économie et ruine du capital naturel vont ainsi de pair et peuvent entraîner de sérieuses perturbations politiques et sociales.
. « Une brise légère suivit les nuages d’orage, les poussant vers le nord, une brise qui fit doucement bruire le maïs en train de sécher. Un jour passa et le vent augmenta, continu, sans que nulle rafale vînt l’abattre. La poussière des routes s’éleva, s’étendit, retomba sur les herbes au bord des champs et un peu dans les champs. C’est alors que le vent se fit dur et violent, qu’il attaqua la croûte formée par la pluie dans les champs de maïs. Peu à peu le ciel s’assombrit derrière le mélange de poussière et le vent frôla la terre, fit lever la poussière et l’emporta. Le vent augmenta. La croûte se brisa et la poussière monta au-dessus des champs, traçant dans l’air des plumets gris semblables à des fumées paresseuses. Le maïs brassait le vent avec un froissement sec. Maintenant, la poussière la plus fine ne se déposait plus sur la terre, mais disparaissait dans le ciel assombri.
Le vent augmenta, glissa sous les pierres, emporta des brins de paille et des feuilles mortes et même de petites mottes de terre, marquant son passage à travers les champs. À travers l’air et le ciel obscurcis le soleil apparaissait tout rouge et il y avait dans l’air une mordante âcreté. Une nuit, le vent accéléra sa course à travers la campagne, creusa sournoisement autour des petites racines de maïs et le maïs résista au vent avec ses feuilles affaiblies jusqu’au moment où, libérées par le vent coulis, les racines lâchèrent prise. Alors chaque pied s’affaissa de côté, épuisé, pointant dans la direction du vent.
L’aube se leva, mais non le jour. Dans le ciel gris, un soleil rouge apparut, un disque rouge et flou qui donnait une lueur faible de crépuscule, et à mesure que le jour avançait le crépuscule redevenait ténèbres et le vent hurlait et gémissait sur le maïs couché. » Ces quelques lignes, extraites des premières pages de l’œuvre de John Steinbeck Les Raisins de la colère, dépeignent d’une manière admirable les tempêtes qui ravagèrent les terres mal exploitées du centre des États-Unis.
. Tout en prenant une série de mesures législatives, telles que le Soil Conservation Act (1938) et le Taylor Grazing Control Act (1934).
. Il faut cependant insister sur le fait qu’en Afrique les dévastations dues aux cultures européennes, aussi graves soient-elles, n’ont qu’un caractère local. Ce continent a été sans aucun doute ruiné par les Africains eux-mêmes au cours de siècles de mauvaise gestion des sols généralisée, bien avant l’arrivée des colonisateurs, comme l’attestent le recul de la forêt et la péjoration des sols.
. Le Café est responsable de la ruine d’une bonne partie du Brésil, notamment de la partie comprise entre Rio de Janeiro et São Paulo. On détruisit la forêt d’une manière inconsidérée, abandonnant le sol à l’action des agents atmosphériques contre lesquels les Caféiers ne pouvaient le protéger. L’érosion y fut rapide et la culture dut être abandonnée ; le « front » du Café gagna progressivement vers l’ouest, laissant derrière lui un pays ruiné où de nos jours ne peut se maintenir qu’une économie de subsistance.
. En Afrique occidentale, la dégradation progressive des sols se traduit par le déplacement des cultures d’Arachide ; au Sénégal ce mouvement se fait vers le sud et l’est, au Niger vers le nord et le nord-est. Comme l’a dit Guilloteau (1950), « nous avons là l’exemple d’une culture industrielle poussée au-delà des besoins des autochtones, pratiquée d’une manière extensive, sans précaution ni retenue, pour des raisons économiques et de pouvoir d’achat ».
. Ce projet, à la réalisation duquel on s’appliqua dans trois districts de Tanzanie (Kongwa, Urambo et Nachingwea) entre 1947 et 1952, fut abandonné après la dilapidation de 36 millions de livres sterling. L’échec s’explique par une mauvaise gestion des sols et une mécanisation exagérée.
. C’est le principe des native reserves qui refoule les populations autochtones dans des zones qui leur sont affectées tout en leur refusant la propriété des districts que se réservent les immigrants colonisateurs. Ces conceptions ne furent pas appliquées dans les pays à forte densité de population indigène et possédant déjà une solide structure politique et sociale (par exemple en Asie et dans certaines parties de l’Afrique, comme le Nigeria et le Ghana). Voir notamment Harroy, 1944, et les ouvrages traitant des problèmes de colonisation, rarement impartiaux hélas, entre autres l’intéressant ouvrage de René Dumont, L’Afrique noire est mal partie, Paris, 1962, objet de tant de controverses.
. Bien que les cultures des autochtones soient très souvent critiquables et que certains des procédés aient mené les terres à la ruine, on citera certaines techniques hautement conservatrices, qui visent à maintenir sur le sol un couvert végétal très complexe, protégeant bien les terres contre toutes les formes d’érosion. Nous citerons à titre d’exemple les cultures intensives faites en Afrique orientale sur les pentes du Kilimandjaro et du Meru par les peuples Warush et Chagga. Les grands arbres sont conservés et forment une strate arborescente protectrice et génératrice d’ombre, sous laquelle sont cultivés des Bananiers, des Caféiers et des plantes vivrières plus basses. L’association de ces divers végétaux forme plusieurs strates au-dessus du sol et mélange des systèmes radiculaires répartis à différents niveaux dans le sol. L’homme a ainsi reconstitué un système complexe protégeant bien les sols, maintenant leur fertilité et assurant aux exploitants des ressources équilibrées, le Café servant à leur procurer des disponibilités et les cultures vivrières couvrant leurs besoins alimentaires. Des exemples similaires se retrouvent dans d’autres régions tropicales, notamment en Afrique centrale où certaines méthodes culturales des agriculteurs bantous protègent bien les sols (associations en séquences continues où les diverses cultures et plantes de couverture se succèdent sans hiatus).
. Une augmentation de la pluviosité variant entre 2 et 36 % a été avancée d’après les résultats d’expériences malheureusement critiquables.
. On signalera également à ce point de vue les puissants effets des zones marécageuses capables d’emmagasiner l’excédent des précipitations et de régulariser ainsi le régime des fleuves, tout en restituant de l’eau pendant les périodes sèches.
. Ce fut notamment le cas des Alpes françaises, ravagées au siècle dernier par la déforestation et par le changement du régime des eaux. Les effets des torrents ont été décrits avec une particulière éloquence par l’économiste A. J. Blanqui dans des pages demeurées classiques (« Déboisement des montagnes » ; rapport, Acad. Sci. Morales et Politiques, Paris 1843). La destruction des habitats primitifs fut à l’origine d’une dégradation profonde des parties montagneuses du sud-est de la France, occasionnant la ruine de ces régions, des changements économiques profonds, et une dépopulation dont l’histoire a été retracée par de nombreux géographes et économistes. Les traces en sont encore très visibles et vraisemblablement indélébiles.
. Les apports annuels de matériaux solides sont estimés à 2,9 millions de m3, dont 300 000 m3 de transports solides sur le fond, 2 millions de m3 de limons et 600 000 m3 de vases.
. L’effet est particulièrement sensible au niveau des frayères, dont les conditions écologiques se trouvent modifiées au point d’être désertées par les reproducteurs. Un tel fait a été notamment signalé aux États-Unis, dans le lac Érié.
. Signalons à ce propos l’ensablement qui menace le littoral languedocien dans le sud de la France. Ce phénomène semble résulter des aménagements hydro-électriques dont le Rhône a fait l’objet. Le débit du Petit Rhône ayant considérablement diminué, la masse de limons charriés par le fleuve a cessé de se déposer. Cela entraîne un recul de la côte et un enlèvement de matériaux déportés par les courants. Ces derniers vont se déposer à l’ouest et ensablent la côte, créant des difficultés sérieuses pour l’aménagement de ce district dans le cadre des projets actuels de mise en valeur économique.
. On soulignera à ce point de vue l’importance de la baie de l’Aiguillon en Vendée, où la marée basse découvre des vasières d’étendue considérable. Des projets visent à transformer cet habitat en construisant une digue le coupant de la mer et en aménageant un lac d’eau douce à la place des vasières. On détruirait ainsi entièrement un lieu d’importance capitale pour la survie de l’ensemble de la sauvagine d’Europe occidentale.
. Ces mesures doivent s’accompagner d’une exploitation cynégétique rationnelle et d’une diminution au moins temporaire de la pression de la chasse, actuellement trop vive en Europe. La suppression de la chasse de printemps est notamment à préconiser dans les pays où elle est encore pratiquée, car il s’agit là d’un véritable non-sens biologique. Les biologistes ont constaté que les densités de population d’un grand nombre d’espèces de sauvagine se reproduisant en Scandinavie ne semblent pas en rapport avec l’étendue des milieux favorables. Le potentiel écologique maximal de production des Canards, Oies et petits échassiers n’est manifestement pas atteint. La pression exagérée de la chasse empêche ces populations d’atteindre un niveau correspondant à la pleine capacité des biotopes (voir Proc. Ist Eur. Meeting on Wildfowl Conservation, 1963, Londres, Nature Conservancy, 1964, et notamment Curry-Lindahl, p. 3-13). Gabrielson (1959) avait déjà fait la même remarque pour l’Amérique du Nord où les territoires de reproduction ne sont utilisés qu’au 10e de leur capacité.
. Le meilleur rendement en protéines d’une terre conservée ou aménagée comme étang à Poissons herbivores et phytophages, comparé à ce qu’il serait si celle-ci était asséchée et utilisée pour l’élevage de bétail, s’explique par des considérations écologiques simples. Les consommateurs à sang chaud, qui utilisent nécessairement une partie de l’énergie à maintenir la constance de leur température interne, ont une efficience moindre dans le transfert d’énergie que les animaux à sang froid, comme l’ont justement souligné Vibert et Lagler. Le rendement peut être 20 fois supérieur dans les terres pauvres de la zone subtropicale.
. Les Alligators ont diminué de 98 % depuis 1960 en Floride, dans l’Everglades N. P., du fait de l’assèchement des zones limitrophes.
. Les dernières statistiques évaluent à 21 millions le nombre de pêcheurs en eau douce et à 385 millions le nombre de journées chaque année consacrées à ce sport aux États-Unis. En France, 2 717 000 permis de pêche à la ligne ont été délivrés en 1963.
. On citera en particulier l’exemple des Pays-Bas, où le gouvernement a décidé de mettre fin à la transformation des tourbières et des marécages, en raison du coût des investissements et de leur manque de rendement. Une quantité considérable de produits agricoles – en particulier beurre et fromage – se trouve en surplus, alors que le prix de location de terrains inondés en vue de leur utilisation pour la chasse, la pêche ou les sports nautiques est en hausse constante.
Dans de nombreux autres pays, les drainages se sont soldés par des échecs financiers et agricoles. Le meilleur exemple se trouve incontestablement en Suède, dans le cas du lac Hornborgasjörn. Dans son état naturel le lac couvrait environ 26 km2 et abritait une végétation luxuriante et une faune très riche. Les premiers essais de drainage furent entrepris en 1803, puis repris en 1850 et 1870 ; chaque fois ces essais entraînèrent de lourdes pertes. Un nouveau projet n’en fut pas moins exécuté en 1903 se soldant par un échec quasi total. Malgré tout, une cinquième tentative fut commencée en 1930. En 1958, les dépenses avaient atteint un total de 4 millions de couronnes suédoises. À l’heure actuelle, le lac Hornborgasjörn n’est toujours qu’une étendue marécageuse dans laquelle ont été engloutis des capitaux dont le bénéfice est sensiblement nul.
. On citera à ce point de vue l’exemple du lac Mattamuskeet, en Caroline du Nord, d’une superficie de 20 000 ha, asséché sur près de sa moitié de 1915 à 1932, et remis sous eau après aménagement étudié en vue de la multiplication du gibier d’eau.
. On citera à titre d’exemple le bassin de la rivière Columbia dans le nord-ouest des États-Unis, où après la construction du barrage de Bonneville, le rendement de la pêche commerciale du Saumon a baissé de 80 % (passant de 49,5 millions de livres en 1911 à environ 10 millions en 1956). Bien que cette diminution ne soit pas imputable uniquement aux seuls aménagements hydrauliques (il faut y joindre les effets des pollutions, du changement du régime des eaux consécutif à la déforestation, et à un overfishing certain), ces chiffres montrent combien une richesse naturelle peut être compromise par la construction de barrages.
. Consulter notamment Hydroélectricité et protection de la nature, UICN, 3e réunion technique, Caracas, 1952 ; Pro Natura, vol. 2, 1955 ; et Les Conséquences des barrages sur l’habitat et le paysage, UICN, 7e réunion technique, Athènes, vol. 2, 1958.
. Signalons que l’UICN a organisé en France en novembre 1962 une importante conférence aux Saintes-Maries-de-la-Mer près de la réserve de Camargue, dans le cadre de son projet MAR, programme pour la conservation et l’aménagement des zones humides en pays tempérés. À cette occasion, un inventaire des lieux des plus importants à préserver en Europe et dans le nord de l’Afrique était dressé. La collaboration internationale a permis en 1971 la signature de la convention sur les zones humides à Ramsar, Iran. Quatre ans après, cette convention n’est toutefois pas encore en vigueur, n’ayant été ratifiée que par un petit nombre de pays.
. Nous ferions mieux d’écrire : « On s’aperçoit donc à nouveau… » car ces sages principes, pendant longtemps oubliés, ont déjà été formulés par Olivier de Serres au XVIe siècle et par Duhamel Du Monceau au XVIIIe.
. Rappelons que seulement aux Étas-Unis des Insectes appartenant à quelque 6 500 espèces et environ 2 500 espèces d’Acariens occasionnent plus de dégâts dans les forêts que le feu et les maladies cryptogamiques réunis. Dans l’Inde, les pertes de denrées alimentaires se chiffrent à 360 millions de livres sterling et représentent l’équivalent de la nourriture de 40 millions d’habitants.
. On remarquera que beaucoup de ces substances étaient connues depuis longtemps. C’est ainsi que le DDT fut synthétisé pour la première fois en 1874 par Zeidler en Allemagne, l’HCH dès 1825 par Faraday, soit respectivement 68 et 118 ans avant que l’on ne découvre leurs propriétés insecticides.
. On citera en exemple l’éradication de l’Anophèle de Gambie lors de l’épidémie si tristement célèbre au Brésil (voir p. 329). Jusqu’en des temps très récents, on déplorait annuellement 400 millions de cas de malaria avec 5 millions de décès à travers le monde. Grâce aux campagnes de désinsectisation menées dans l’Inde, le nombre de cas est tombé de 75 millions à 5 millions et la longévité moyenne a passé de 32 à 47 ans. Au Bengale, les campagnes paludiques ont augmenté la production du riz dans une proportion de 15 % par suite du meilleur état sanitaire de la population. Aux Philippines, l’absentéisme dû au paludisme parmi les enfants des écoles a passé de 40-50 % en 1946 à 3 % en 1949 après la désinsectisation. Ces résultats d’une grande importance sociale et économique ne doivent pas être soustraits des pièces du « procès » des insecticides.
. Certains pesticides appartiennent aux mêmes familles chimiques que des substances agissant sur l’homme comme poisons nerveux, dont l’emploi a été envisagé à la place des armes « conventionnelles » en vue d’une guerre chimique. Les découvertes faites à l’origine dans le domaine des insecticides, aussi bien en Allemagne que dans d’autres pays, sont liées à des recherches ayant pour but de détruire l’homme et non l’Insecte. Il faut toutefois remarquer que cette similitude n’intéresse qu’une toute petite partie de la chimie des insecticides et que les produits qui pourraient se rapprocher le plus des substances de combat sont par ailleurs ceux qui se dégradent le plus vite dans la nature et dans l’organisme humain. Parmi eux figure actuellement l’insecticide le moins toxique pour l’homme.
. Du même ordre que ceux que l’on déplore au cours des autres manipulations de produits toxiques dans l’industrie. Aux États-Unis, où les pesticides sont le plus employés à travers le monde, en 1956, sur un total de 95 000 accidents mortels, 152 seulement sont imputables à ces substances, parmi lesquels 94 ont été provoqués par des insecticides du type ancien, notamment à base d’arsenic (World Review of Pest Control, 1, 1962 : 6-18). Il est par ailleurs impossible de juger de la toxicité à longue échéance, peut-être importante, mais sur laquelle aucun témoignage objectif n’est à notre disposition actuellement, en dehors de suppositions gratuites. Beaucoup d’idées sans fondement réel circulent parmi un public souvent informé d’une manière tendancieuse et dont une fraction importante est a priori soupçonneuse à l’égard de toute pratique nouvelle. Il suffit de rappeler que le soufrage et le sulfatage de la vigne avaient provoqué des craintes très vives quand on eut recours à ces procédés vers 1880 ; le public alla jusqu’à accuser les viticulteurs d’empoisonner le vin ! L’avenir donna cependant raison à ces derniers. La même suspicion s’exerce actuellement vis-à-vis des pesticides de synthèse qu’il ne faut ni surestimer ni sous-estimer. Mais conserver son objectivité sur ce problème est sans doute une des choses les plus difficiles dans l’état actuel des choses.
. Ces substances, mélangées à des excipients et accompagnées de produits destinés à favoriser leur action, par exemple mouillants et synergiques, sont commercialisées sous forme d’un très grand nombre de spécialités.
. On consultera entre autres, à côté d’une volumineuse littérature spécialisée, les deux rapports suivants : « Effects of pesticides on fish and wildlife : a review of investigations during 1960 », Fish and Wildlife Service, cir. no 143, Washington, 1962 ; et « Pesticide-wildlife studies. A review of fish and wildlife service investigations during 1961 and 1962 », Fish and Wildlife Service, circ. no 167, Washington, 1963. L’excellent ouvrage de K. Mellanby (1967) est également à consulter, car il traite des pesticides comme des pollutions.
. Ces produits pénètrent d’autant plus vite que leur solubilité dans les liquides est plus grande ; le solvant auquel ils sont mélangés a une grande importance dans leur action, considérablement favorisée s’il est susceptible de se mélanger simultanément aux corps gras et à l’eau. Les organochlorés ont une faible solubilité dans l’eau et une forte solubilité dans les graisses, un fait important dans leur action chez les Vertébrés.
. Heureusement la « durée de vie » de ces produits est courte dans la nature où ils sont rapidement décomposés en résidus de faible toxicité.
. De graves répercussions sont également à attendre en Afrique tropicale du traitement de certaines étendues d’eau par des molluscides, destinés à détruire les Mollusques vecteurs des agents de la bilharziose. D’après les autorités médicales, cette grave maladie d’origine parasitaire (un Ver du groupe des Distomes) ne peut être supprimée que par l’éradication des Mollusques servant d’hôtes intermédiaires. Une faune dulçaquicole tout entière risque donc de disparaître du voisinage des centres habités ; même si les effets des produits employés n’affectent que les Mollusques, la disparition de ceux-ci aura une profonde influence sur les biocénoses aquatiques.
. Cette maladie parasitaire est due à la présence dans les tissus d’une filaire, Onchocerca volvulus, transportée par diverses Simulies (dans le cas présent il s’agit de Simulium damnosum dont le nom spécifique traduit bien la malfaisance, en même temps que la piqûre douloureuse).
. La croissance de jeunes Huîtres a été inhibée par des doses de 3 pour 100 millions de chlordane, d’heptachlore et de roténone.
. On signalera incidemment ici les campagnes de destruction de mammifères nuisibles qui entraînent souvent la destruction de bien d’autres espèces. La lutte chimique contre les Rongeurs peut mener à une mortalité élevée parmi d’autres mammifères. Le dépôt d’appâts empoisonnés pour la destruction des Carnivores occasionnent des pertes sérieuses parmi tous les Vertébrés attirés par ces aliments. Ainsi par exemple les cadavres chargés de poison pour détruire les Loups dans certains pays d’Europe, notamment en Yougoslavie, attirent les Vautours et causent des pertes sérieuses parmi ces oiseaux devenus déjà rares. Il en est de même en Australie où les appâts destinés à tuer les Lapins sont responsables de la mort de beaucoup de Marsupiaux.
. Il convient de signaler que les insecticides se concentrent dans le lait et que les enfants qui consomment ce produit en ingèrent de fortes doses. Selon des analyses faites en Suède, le lait de femme contient une dose supérieure de 70 % au seuil maximal admis (Löfroth) et même de 2 à 6 fois plus dans certains cas aux États-Unis.
. Les graisses de réserve accumulent la plupart des insecticides, en particulier le DDT, en les concentrant parfois de 100 à 150 fois.
. Il convient de signaler les difficultés techniques rencontrées dans l’analyse et la recherche de ces produits ; les résultats, utilisés comme armes de bataille, sont souvent entachés de graves erreurs, dans un sens ou dans l’autre.
. Par exemple en Angleterre et en France, où le DDT détruit dans les vergers l’Hyménoptère Aphalinus mali, prédateur du Puceron Eriosoma lanigerum, qui se multiplie alors rapidement.
. Notons que la résistance d’une population d’Insectes n’est nullement irréversible dans certaines conditions. En fonction des lois de la génétique, celle-ci peut s’effacer si les conditions écologiques changent (arrêt du traitement chimique, par exemple).
. Le mécanisme de la résistance semble surtout lié à l’existence d’enzymes de détoxification dans les souches réfractaires ; ces composants cellulaires attaquent les produits toxiques et les transforment en composés inoffensifs. Surtout connu dans le cas du DDT et de l’HCH, il ne s’est pas manifesté avec autant d’efficacité vis-à-vis des produits organophosphores.
. Il ne faut cependant pas en déduire que la toxicité des insecticides décrit une courbe toujours ascendante. Il est indéniable que les produits employés avant l’apparition des produits de synthèse, en particulier les composés arsénieux et mercuriques, ainsi que la nicotine (mortelle à la dose de 1 mg/kg), étaient au moins aussi dangereux, sinon plus.
. On remarquera que si le fait de soumettre des populations d’Insectes aux effets des insecticides détermine la sélection de souches résistantes, il pourrait bien en être de même dans le cas des Vertébrés que l’on décime accidentellement. Des rapports venus des États-Unis signalent ce fait chez divers Poissons, et notamment les Truites Salmo trutta et les Gambusies Gambusia affinis. Mais le phénomène n’apparaît que bien plus lentement par suite de la moins grande vitesse avec laquelle se succèdent les populations de Vertébrés, même si une grande proportion de géniteurs est détruite à chaque génération.
. On a pu dire qu’un gallon d’herbicide a le même effet que 7 hommes armés de 7 sarcloirs et travaillant pendant 7 ans.
. Sur les herbicides, consulter : « Les désherbants sélectifs et les régulateurs de croissance », Journées françaises d’information de la Féd. nat. de protection des cultures, Paris, 28-29 novembre 1956 ; J. L’Hoste, Les Désherbants chimiques, Paris, Orstom, 1958 ; G. C. Klingman et L. J. Noordhoff, Weed Control as a Science, New York, J. Wiley, 1961 ; L. J. Audus (dir.), The Physiology and Biochemistry of Herbicides, Londres, Academic Press, 1964.
Au point de vue de leur composition, les herbicides appartiennent à des familles chimiques très diverses. À côté de produits minéraux (acide sulfurique, sulfates, cyanamides, borax, chlorates) existent de très nombreux produits organiques (acétamides, dérivés des acides organiques halogènes, dérivés des acides aryloxyacétiques, dérivés de l’acide carbamique, phénols et crésols).
. Certaines Monocotylédones, comme les Stratiotes et les Carex, sont elles aussi très sensibles à ces substances. Il existe par ailleurs des herbicides attaquant les Monocotylédones, mais moins toxiques vis-à-vis des Dicotylédones.
. On notera que les herbicides ont été également utilisés à grande échelle au cours des guerres. L’épandage de larges superficies de forêts au Viêt Nam en est un lamentable exemple. Les conséquences d’une défoliation même passagère sur la végétation et la faune peuvent être très sérieuses, de même que sur le sol exposé au rayonnement solaire. Ces pratiques sont maintenant interdites.
. On appelle « lutte biologique » les méthodes qui consistent à détruire les Insectes ou les autres êtres vivants nuisibles par l’utilisation rationnelle de leurs ennemis naturels.
. Quatorze ordres et 224 familles d’Insectes comprennent des formes entomophages.
. On remarquera toutefois que, tout comme les insecticides, les oiseaux détruisent indistinctement les bons et les mauvais Insectes.
. Tel l’Ascomycète imparfait Beauveria bassiana, effectif dans le contrôle des chenilles de Lépidoptères.
. Par exemple en France dans le cas des chenilles Processionnaires du pin (Thaumetopoea pityocampa) qui dévastent les pinèdes. On les combat à l’aide d’un virus (Smithiavirus pityocampae) spécifique de cette espèce, cultivé sur chenilles en élevage. On répand un broyat des cadavres mêlé à une charge inerte sur les zones infestées ; la virose s’y établit en détruisant systématiquement ce Lépidoptère à l’exclusion de tout autre être vivant.
. Voir notamment : « The eradication of the Screw-worm fly », Scient. Amer., 203 (4), 1960 : 54-61.
. Aux États-Unis, ces Diptères ne passent l’hiver que dans certaines zones réduites (sud de la Floride, du Texas, du New Mexico, de l’Arizona et de la Californie), d’où ils envahissent ensuite au printemps une vaste aire par l’émigration.
. En Floride, un insectarium fournissait 50 millions de Diptères par semaine, répandus par des avions légers qui larguaient des sacs spéciaux contenant chacun plusieurs centaines de mâles stérilisés ainsi dispersés sur tout le territoire. À la fin de l’opération quelque 3,5 millions d’individus stérilisés avaient été libérés.
. Les corps actifs connus sont malheureusement dotés de propriétés cancérigènes affirmées.
. De tels insecticides ont été également mis au point en vue de la lutte contre les parasites des animaux auxquels on les fait ingérer (par exemple la lutte contre les Diptères parasites du bétail).
. Aussi connu sous les signes de OMPP ou de OMPA, soit octaméthylpyrophosphoramide.
. Ils agissent comme anticholinestérases et se transforment au niveau du foie en corps beaucoup plus toxiques, entraînant la mort après vomissements, paralysie et syndromes vasculaires et hépatiques.
. Leur usage est interdit sur les cultures maraîchères en France.
. On pense de plus en plus que la lutte contre les insectes déprédateurs doit faire appel à des pratiques écologiques et à un aménagement des habitats, de manière à contrecarrer les pullulations d’insectes. Une littérature abondante est consacrée à ce sujet. Parmi les plus récentes publications signalons Proceedings, Tall Timbers Conference on Ecological Animal Control by Habitat Management, Tallahassee, USA, 1971.
. On notera toutefois que dans certains cas les adventices peuvent servir d’abri aux parasites eux-mêmes, qui reviennent infester les plantes cultivées dès que le traitement est terminé. Les terres inemployées ou abandonnées peuvent servir elles aussi de foyers d’infestation.
. C’est en particulier le cas de la France où les dommages ont en définitive une ampleur limitée. La mise en vente des pesticides est strictement réglementée ; elle ne peut avoir lieu qu’après visa des ministères de l’Agriculture, de l’Industrie et de la Santé publique, sur proposition d’une commission d’étude de l’emploi des toxiques en agriculture. L’homologation d’un nouveau produit est soumise à des conditions sévères, de même que les méthodes d’emploi. Par ailleurs, la production des substances et leur commercialisation sont entre les mains de la grande industrie chimique ; les intérêts considérables en jeu exigent un contrôle strict des toxicités vis-à-vis de l’homme et des milieux où ces produits sont employés, tout accident grave portant préjudice à des maisons qui ne peuvent courir de tels risques.
Une collaboration technique internationale existe également à divers échelons (FAO, OMS, Commission internationale des méthodes d’analyses des pesticides ou CIMAP) ; il est regrettable que les organismes dont les objectifs sont la conservation de la nature ne soient pas consultés au même titre que les autres.
Tout est loin d’être parfait. Mais les structures existantes montrent néanmoins dans quel sens l’homme devrait œuvrer pour mettre la nature entière à l’abri des dangers de la chimie moderne.
. Use of Pesticides. A Report of the President’s Science Advisory Committee Washington, The White House, 1963.
. Les États-Unis, le Canada, la Suède et la République fédérale allemande ont déjà interdit ou limité très strictement l’usage de divers insecticides, parmi lesquels le DDT.
. On remarquera que ces considérations ont été formulées à maintes reprises dans les vœux et résolutions de nombreux congrès et réunions biologiques, notamment de ceux de l’UICN (depuis 1949) et du Conseil international pour la préservation des oiseaux (depuis 1950). Il est particulièrement regrettable que les pouvoirs publics des pays intéressés n’aient prêté qu’une oreille discrète à ces conseils répétés par des hommes de science de grande objectivité.
. Le changement des eaux du fleuve en « sang », une des dix plaies de l’Égypte dont parle l’Exode (7. 14-25), est vraisemblablement dû à une pollution biologique (Dinoflagellés, Algues brunes en décomposition ou Bactéries sulfureuses). Il s’apparente aux « marées rouges » des eaux littorales.
. Comme de la plupart des fleuves d’Europe moyenne et occidentale. À la fin du siècle dernier, on en pêchait encore 100 000, soit 1 000 t, dans le Rhin, avant que le fleuve ne devienne un des égouts de notre continent.
. Dans les zones industrielles de l’est et du nord de la France, on compte à certaines saisons sur les week-ends et les vacances pour permettre aux eaux souterraines de retrouver leur niveau. La presse relate périodiquement les efforts faits pour accroître le ravitaillement en eau de la région parisienne, grâce à des aménagements hydrauliques contre lesquels s’élèvent les habitants d’autres districts. Et qu’une centrale thermique produisant 500 000 kW exige l’évaporation de 1 000 m3 d’eau par heure, retirés définitivement de la circulation (Colas, 1962), suffit à donner un ordre de grandeur des besoins de l’industrie.
. L’agriculture intensive entraîne elle aussi des pollutions sérieuses. L’abus des pesticides, et notamment des insecticides, a déjà été signalé. Ces substances sont lessivées et emportées par les eaux qui les distribuent jusque dans les parties les plus reculées des océans. Par ailleurs l’emploi d’engrais chimiques a des répercussions néfastes. Les nitrates se transforment partiellement en nitrites, préjudiciables aux communautés naturelles et même à l’homme en passant dans les aliments (troubles graves chez les jeunes enfants).
. Alors que les syndets ne représentaient que 1 % des ventes de savon aux États-Unis en 1941, ils ont passé à 54 % dès 1951 et leur usage s’est encore généralisé depuis.
. Un fait à première vue inattendu a été signalé aux États-Unis dans le cas de Canards fréquentant des eaux chargées de détergents ; ceux-ci ont rendu leur plumage mouillable par l’eau en supprimant l’action des sécrétions grasses qui les imprègnent normalement. Certains individus se seraient de ce fait noyés (cité par Klein, 1957).
. Les Poissons sont tués à des concentrations de l’ordre de 0,1 mg/l de sels de plomb, de zinc, de cuivre, de cadmium, de nickel et de chrome.
. Le degré de pollution des eaux peut être estimé par la détermination de la demande biochimique en oxygène (en abrégé DBO), qui représente la quantité d’oxygène absorbée en 5 jours par l’eau à une température de 18 °C. On peut également connaître la quantité de matières organiques présente par la mesure de l’oxydabilité au permanganate.
. Qui n’utilisent pas l’oxygène à l’état pur, mais dégradent l’oxygène combiné dans les corps chimiques (nitrates, sulfates, composés organiques).
. Les sulfures ne sont plus oxydés en sulfates et s’accumulent en dépôts noirâtres dégageant de l’hydrogène sulfuré.
. C’est par exemple le cas des sciures de bois, non toxiques en elles-mêmes, mais qui s’accumulent dans les rivières, y fermentent et privent le milieu aquatique de son oxygène dissous tout en le chargeant de produits de décomposition.
. Même si l’anion est inoffensif (HCl, H2SO4, HNO3), le cation hydrogène entraîne une coagulation du mucus au niveau des branchies qui se trouvent par ailleurs attaquées par les acides aux propriétés corrosives.
. D’après les données de Klein, 1962, et de Carbenier, 1969.
. Une élévation thermique de 10 °C multiplie par 2,7 la consommation d’oxygène chez la Truite arc-en-ciel.
. À ce sujet voir E. A. Pearson (dir.), Waste Disposal in the Marine environment, Oxford, Pergamon Press, 1960.
. Par exemple certaines Annélides Polychètes.
. Tendron (1958) estime la proportion de déchets à 1 %, ce qui fait que par exemple en 1955, sur les 295 millions de tonnes de produits pétroliers transportés à travers le monde, 2,95 millions ont été rejetés à la mer, soit 7 100 m3 par jour pour l’ensemble des océans.
. Les produits de distillation du pétrole et des goudrons agissent sur le système nerveux en provoquant une excitation anormale et une hypersensibilité des sujets atteints, suivies de troubles dans l’équilibre, la locomotion et les mouvements respiratoires, entraînant une forte mortalité.
. Royaume-Uni, Mexique, Suède, République fédérale d’Allemagne, Danemark, Canada, Norvège, Irlande, Belgique, France, Pays-Bas, Finlande, Pologne, États-Unis, Koweït, Islande, Libéria, Ghana, Australie.
. Voir notamment Besson, 1931 ; Kratzer, 1937 ; Landsberg, 1956 ; et Détrie, 1969, en plus de diverses revues spécialisées, telles que Air and Water Pollution et la Revue de la pollution atmosphérique, et de l’important rapport de G. Tendron, « Effets de la pollution sur les animaux et les plantes », Conf. eur. Poll. Air, Strasbourg, Conseil de l’Europe, 1964.
. G. Duhamel, Scènes de la vie future, Paris, Mercure de France.
. Certains spécialistes estiment que la pollution de l’atmosphère de Paris est produite pour 47 % par les gaz d’échappement d’automobiles, pour 33 % par les foyers domestiques et pour 20 % par les industries.
. Cinq pour cent de ce dépôt sont formés de suie, 20 % d’oxyde de fer, 16 % de silice, le reste principalement de divers oxydes métalliques.
. Il faudrait aussi évoquer la haute teneur de l’atmosphère des villes en germes vivants. Il y a 12 microbes par m3 d’air au Ballon d’Alsace, dans les Vosges, contre 88 000 aux Champs-Élysées et 4 millions dans un grand magasin parisien. Ces chiffres plaident à eux seuls en faveur des espaces verts. Il faut d’ailleurs à ce point de vue remarquer que l’empoussiérage des poumons résultant des pollutions atmosphériques favorise notablement les attaques bacillaires, comme de récentes études le prouvent sans équivoque.
. Les substances polluantes inhalées avec l’air inspiré agissent surtout au niveau des alvéoles pulmonaires, désorganisant l’épithélium alvéolaire, provoquant des exsudations au niveau du parenchyme et des bronchioles les plus fines.
. Surtout dans les cas d’inversion thermique. Alors que normalement les couches d’air inférieures sont plus chaudes que celles qui les surmontent, la situation est alors inversée, ce qui produit une remarquable stabilité du matelas d’air s’étendant sur le sol.
. Terme provenant de la combinaison de deux mots anglais : smoke, « fumée », et fog, « brouillard ».
. Les usines d’aluminium utilisent comme fondant des produits chimiques très riches en fluor (notamment la cryolithe).
. La grande presse rapporte d’ailleurs périodiquement des accidents dus à la pollution, en parlant de « pluie de soufre » ayant ravagé les vergers ou de retombées de suies laissant le paysage comme après le « passage du feu ».
. D’après les données à notre disposition (Rabinovitch ; in Sukachev et Dylis, Fundamentals of Forest Biogeocoenology, 1964), la fixation de carbone et la production d’oxygène sont les suivantes :
C (t/ha) | O2 (t/ha) | |
Océans | 3,75 | 10,00 |
Forêts | 2,50 | 6,67 |
Terres cultivées | 1,48 | 3,95 |
Steppes | 0,35 | 0,93 |
La production nette annuelle en matière sèche des forêts varie entre 0,8 t/ha (Conifères, nord de la Finlande) et 28,5 t/ha (forêts tropicales ou tempérées très humides, Japon). Cela correspond à 0,34 et 12 t/ha de carbone fixé et 0,9 à 32 t/ha d’oxygène émis. Les valeurs pour les forêts françaises sont en moyenne de 3-5 t/ha pour le carbone et 8-13 t/ha pour l’oxygène.
Voir notamment W. H. Matthews, Int. J. Env. Studies, 1973.
On consultera notamment l’excellent chapitre qu’a consacré F. Ramade à la pollution nucléaire dans ses Éléments d’écologie appliquée, Paris, 1974.
On sait que lors d’une explosion atomique, la majeure partie des particules sont déposées le long d’un axe sur une bande relativement très étroite en fonction des vents soufflant au moment de l’expérience. Mais les particules les plus fines sont emportées au loin et peuvent faire plusieurs fois le tour de la terre avant de retomber en un point quelconque du globe. Les expériences nucléaires dans l’espace, dans l’atmosphère et sous l’eau, ont été interdites par le traité de Moscou signé en août 1963. Cette mesure devrait, si elle est observée, empêcher la pollution des terres et des mers par retombées radioactives.
À la suite de l’explosion de la première bombe H américaine en 1953 à Eniwetok, des poissons pêchés à des milliers de milles furent contaminés et durent être interdits à la consommation. Les dégâts occasionnés aux pêcheries furent considérables.
Cet élément a pourtant une durée de vie relativement brève.
Lors des expériences nucléaires du Pacifique, divers observateurs ont rapporté que des colonies d’oiseaux de mer (et notamment certaines Sternes) avaient été entièrement détruites, les œufs étant stérilisés sur place. On peut se demander s’il s’agit d’une stérilisation due à l’irradiation par rayons émis au moment de la déflagration ou s’il s’agit d’une conséquence de l’accumulation de corps radioactifs dans la matière même de l’œuf.
C’est ainsi que le Chien viverrin Nyctereutes procyonoides, introduit d’Asie orientale en Russie et en Sibérie (où il est devenu un animal à fourrure de grande importance économique), a changé son régime alimentaire dans certaines parties de son nouvel habitat : alors qu’il se nourrit surtout de poissons et de Crustacés dans sa patrie d’origine, il est devenu prédateur de Rongeurs, d’oiseaux gibiers, aquatiques et terrestres, et même de volailles domestiques (voir Bannikov, Mammalia, 1964). Il est ainsi devenu nettement nuisible à la chasse, aux élevages et aux équilibres naturels.
Ces différences sont parfois visibles dans la morphologie de l’animal, par exemple dans le cas des Mouflons de Corse introduits en Tchécoslovaquie, qui présentent des différences dans la forme des cornes. Le meilleur exemple est celui des Lièvres variables Lepus timidus des îles Féroé, importés en 1854-1855 de Norvège ; en moins d’un siècle ils se sont différenciés en une nouvelle sous-espèce (seclusus), bien reconnaissable à la taille plus faible, à des particularités dentaires et au fait que ces Lièvres ne changent plus de livrée au cours de l’année comme les populations parmi lesquelles ils ont été prélevés (Degerbol, Mammalia, 1940, in Zoology of the Faroes, vol. 3, partie 2, fasc. 65).
On lira avec profit les comptes rendus de la 10e réunion technique de l’UICN, Lucerne 1966. La 3e partie (UICN Publ. N.S., no 9) est entièrement consacrée au problème de l’introduction.
Une forêt tropicale formée d’essences autochtones produit au maximum 20 t/ha/an de bois (bois sec) (les forêts malaises sont plus productives) alors que cette valeur est de 35 pour certains pins et eucalyptus.
Introduit comme plante d’ornement dans tous les pays tropicaux, le Lantana s’est comporté partout de la même manière, notamment dans l’Inde et aux îles Hawaii. La lutte biologique à l’aide d’insectes attaquant divers organes végétatifs ou reproducteurs importés de sa patrie américaine a eu raison en partie de l’invasion. On remarquera qu’aux Hawaii, le Lantana importé a été largement disséminé par le Myna, lui aussi acclimaté, qui se nourrit des fruits. Curieuse alliance de deux éléments exogènes, dirigée contre l’équilibre naturel de ces îles.
La victoire de la chenille sur le Cactus fut même célébrée par un poème paru dans le Cactus and Succulent Journal, qui toutefois s’interroge sur un éventuel transfert de cet insecte vers d’autres espèces végétales : « So abandoning disguises/Cactoblastis chews away/Till another problem rises/To confront another day :/When the pear pest in the past is/Who will blast the cactoblastis ? » (« Ainsi, abandonnant tout déguisement, le Cactoblastis fait disparaître en mâchonnant, jusqu’à ce qu’apparaisse un autre problème auquel faire face un autre jour : quand le Cactus appartiendra au passé, qui détruira le Cactoblastis ? ») Dans la lutte biologique on connaît hélas de tels « retours de flamme ». Il ne semble toutefois pas que l’on doive avoir des inquiétudes dans le cas présent, en raison du régime alimentaire hautement spécialisé de cette chenille (cité par Cansdale, 1952).
On remarquera que les plantes équipées de mécanismes de reproduction asexuée (Jacinthe d’eau, Opuntia) sont particulièrement favorisées, ces procédés de multiplication étant moins sensibles aux facteurs du milieu que la sexualité.
Une espèce voisine (E. diversifolia) habite l’Afrique tropicale et Madagascar ; elle n’a jamais constitué un fléau, paraissant en équilibre avec son milieu grâce à des processus de contrôle inconnus.
Elle a été surnommée « million dollar weed » en raison des millions qui ont été dépensés pour essayer d’en contrôler l’expansion.
Un problème semblable à celui de la Jacinthe d’eau se pose en Rhodésie dans le lac de barrage du Kariba envahi par les Salvinia auriculata, Fougères aquatiques introduites d’Amérique du Sud. Ces végétaux, ne formant jusqu’à présent que des peuplements réduits sur les eaux courantes du Zambèze, ont profité de la formation d’un lac artificiel dont elles modifient les conditions écologiques au détriment des poissons.
Où elle fut signalée pour la première fois en 1829.
Au bout de 3 ans, la descendance potentielle d’un seul individu peut atteindre 8 milliards !
Cette pullulation semble en rapport avec la vacance de la niche écologique qu’il occupe, la faune dulçaquicole d’Europe ne comprenant pas de Crustacés Brachyures, et avec l’absence de certains parasites (Trématodes, Sacculines) ne pouvant se maintenir en Europe pour des raisons écologiques ; dans son aire de répartition naturelle, ces derniers constituent sans doute des facteurs limitants.
On notera que ce Crabe a modifié ses habitudes alimentaires en Europe. Alors qu’en Asie il se nourrit en grande partie de Vers et de matières en décomposition, des Écrevisses, des Insectes, des Mollusques et même des poissons forment la base de son régime en Europe.
L’acclimatation d’un poisson carnivore n’est défendable que quand une niche écologique est manifestement vacante et que le carnivore introduit ne peut avoir d’impact sur l’équilibre des populations de proies ; ou quand il y a surabondance de poissons sans intérêt économique ou d’espèces introduites devenues nuisibles. Par exemple en Europe l’introduction du Blackbass américain Micropterus salmoides rétablit en quelque sorte l’équilibre prédateurs-proies du milieu originel, ce poisson limitant les populations de Poisson-chat et de Perche soleil. Inutile de préciser que des enquêtes approfondies sont à mener avant tout essai de ce genre au lieu du laisser-aller romantique des acclimatations de la belle époque.
Apparentées à notre Omble chevalier Salvelinus alpinus.
En 1961-1962, les inspecteurs des services d’Agriculture des États-Unis ont intercepté pas moins de 36 000 envois contenant de dangereux Insectes, Nématodes, Mollusques et Champignons parasites.
Mangenot (1963) signale que quand l’homme venu de Polynésie a débarqué dans l’archipel, la flore des Hawaii comprenait 100 % d’endémiques, pour la plupart hautement spécialisés et non compétitifs. À l’heure actuelle, la flore ne comprend plus que 55 % d’endémiques, dont un grand nombre est sévèrement menacé. Presque la moitié des espèces végétales est donc constituée de plantes apportées d’Amérique, d’Indo-Malaisie ou d’Europe, venues se substituer aux plantes autochtones.
Ils jouent de ce fait le même rôle vis-à-vis de la malaria qu’un autre Moustique, Aedes aegypti, vis-à-vis de la fièvre jaune.
La malaria existe à l’état endémique dans le nord-est du Brésil, mais n’atteint jamais la gravité de cette forme épidémique provoquée par la présence d’un Moustique au mode de vie très différent de celui des espèces autochtones.
Déjà pendant l’Antiquité classique, le Lapin a posé des problèmes économiques. L’empereur Auguste envoya vers 30 avant J.-C. des légionnaires pour aider les habitants des Baléares à détruire les Lapins qui dévastaient leurs cultures, comme le rapporte Strabon.
On notera à ce propos qu’après l’épidémie de myxomatose, les chasseurs ont songé à acclimater en Europe certaines espèces de Sylvilagus, Lapins nord-américains réfractaires à la maladie. Il est heureux que ces tentatives aient pu être arrêtées à temps, car l’introduction de ces animaux aurait à coup sûr été suivie d’une catastrophe.
Les effets nuisibles du Lapin ont été ressentis dans tous les pays densément peuplés par l’espèce, même en Europe. Il est responsable partout d’une modification profonde des biotopes, empêchant la régénération naturelle ou provoquée des forêts et, de plus, il se rend coupable de dégâts considérables aux cultures et aux pâturages : jusqu’en 1953, on estimait qu’il commettait par an pour plus de 50 millions de livres de dégâts agricoles en Grande-Bretagne.
Entre 1883 et 1887 déjà on avait payé 917 000 £ de primes pour la destruction du Lapin en Australie.
Ce virus (virus de Sanarelli) existe à l’état endémique chez les Lapins du genre Sylvilagus ; mais ceux-ci sont naturellement immunisés, bien que susceptibles de transmettre la maladie aux Lapins du genre Oryctolagus. L’idée d’introduire ce virus en Australie fut suggérée dès 1934 par Aragao.
En plus de l’emploi du virus myxomateux, les Australiens effectuent des campagnes à grande échelle à l’aide d’appâts empoisonnés, notamment le fameux « 1080 » (monofluoroacétate de sodium), qui a donné d’excellents résultats.
Signalons qu’une évolution analogue a été constatée dans tous les pays où la myxomatose a été introduite. C’est notamment le cas de la France où la maladie a maintenant un caractère endémique et où on a décelé des signes de résistance chez le rongeur, sans que l’on puisse savoir avec certitude s’il s’agit bien de la sélection de souches résistantes. Il n’en est pas moins vrai que les populations se sont partiellement reconstituées, tout en demeurant à un niveau très inférieur à celui de naguère. Un état d’équilibre s’est sans doute créé pour le bénéfice de tous (voir notamment Siriez, Phytoma, 1960).
L’acclimatation des mammifères est particulièrement en honneur en URSS, même dans les réserves naturelles. Pas moins de 115 000 individus appartenant à 32 espèces ont été libérés de 1925 à 1948.
Le Ragondin a été introduit en Louisiane où sa multiplication a été très rapide. Il est entré en compétition avec le Rat musqué et a fait régresser celui-ci, plus estimé en pelleterie.
L’Écureuil gris a également été introduit en Afrique du Sud, au Cap, par Cecil Rhodes peu après 1900. Il s’est étendu autour du foyer initial et occupe maintenant une aire de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Mais l’absence d’arbres producteurs de semences lui convenant paraît limiter sa distribution. L’Écureuil gris s’est rendu coupable de dévastations dans les vergers et les pépinières ; aussi fut-il chassé systématiquement (Davis, Proc. Zool. Soc. Lond, 120, 1950 : 265-268).
C’est ainsi que le Canard sauvage Anas s. superciliosa de Nouvelle-Zélande est en train de disparaître en tant que souche pure, en raison de son hybridation avec le Canard colvert A. Platyrhynchos, acclimaté.
Par exemple les actes législatifs passés en 1861 par le conseil provincial de Nelson et par le parlement colonial, encourageant « l’importation d’animaux et d’oiseaux, non indigènes en Nouvelle-Zélande, susceptibles de contribuer au plaisir et au profit des habitants ».
Même le Rat indigène, Rattus exulans, est éliminé par Rattus rattus et R. norvegicus ; il ne se maintient que sur des îlots au large de la Nouvelle-Zélande où les compétiteurs n’ont pas pénétré (voir T. S. Watson, Proc. 9th Pacific Sci. Congr., 1957, vol. 19, 1961 : 15-17).
Rien que dans l’île du Nord, 155 introductions ont été effectuées en 55 points.
Notons que cette dominance des espèces végétales autochtones sur les espèces introduites en l’absence de toute influence directe ou indirecte de l’homme paraît assez générale, comme le souligne notamment Egler (1942) quant à l’équilibre des végétaux à Oahu, Hawaii.
La proportion est de 12 % pour l’ensemble de l’humanité, mais elle est bien plus élevée dans le cas de certains pays.
D’après certaines données, chez les Bars âgés de 20 ans, seul 1 % de la nourriture est consacré à l’augmentation pondérale, tandis que cette proportion s’élève à 25 % chez les individus âgés de 4 ans.
Certains océanographes n’ont pas hésité à comparer cette intervention à l’élagage des arbres fruitiers, qui, en éliminant les rameaux trop âgés et en concentrant la sève au niveau des plus fertiles, augmente la productivité.
Nous utiliserons ce terme anglais dont il n’existe, semble-t-il, pas d’équivalent français.
On remarquera aussi que les poissons de grande taille ont une valeur commerciale supérieure, ce qui fait qu’à poids égal les prises constituées de poissons de grande taille rapportent plus aux pêcheurs. C’est l’exemple que donne Postel (1962) à propos des Plies : 2 individus de 500 g valent plus que 5 de 200 g, elles-mêmes plus chères que 10 de 100 g.
En 1960, on a enregistré le 4e chiffre le plus faible depuis 1915 (Yearbook of Fischery Statistics, FAO).
De plus les filets ne laissent s’échapper les petits poissons que pour autant qu’ils ne sont pas bourrés. À la fin du trait de chalut, ils capturent tout ce qu’ils rencontrent et les plus savantes estimations deviennent inopérantes.
Cette convention fut signée par la Belgique, le Danemark, l’Irlande, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Irlande du Nord, l’Islande, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal et la Suède. Ultérieurement l’Allemagne fédérale (1954) et l’URSS (1958) y adhérèrent.
Cette convention fut signée par le Canada, le Danemark, l’Espagne, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Islande, l’Italie, la Norvège, le Portugal ; ultérieurement l’Allemagne fédérale (1957) et l’URSS (1958) y adhérèrent.
Cette question est intimement liée à celle des limites des eaux territoriales.
Notons à ce sujet la transplantation de Plies (Pleuronectes platessa) au Danemark entre la côte ouest et la côte est du Jutland ; cette opération, bénéficiaire sur les plans économiques et biologiques, mériterait d’être entreprise dans d’autres secteurs de la mer du Nord (Postel, Science et Nature, no 152, 1962).
Remarquons par ailleurs que certains Crustacés marins ont fait l’objet d’acclimatations et notamment une Crevette d’Extrême-Orient, Palaemon macrodactylus, introduite vers 1954 dans la baie de San Francisco, où elle est devenue l’objet d’une pêche profitable (Newman, Crustaceana, 5, 1963 : 119-132).
À bord des navires-usines modernes, on arrive en 24 heures à dépecer 49 Rorquals amenés par les bateaux chasseurs. Ce chiffre indique à lui seul l’efficacité des moyens de capture et de traitement.
Australie, Brésil, Canada, Danemark, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Islande, Japon, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Panama, Pays-Bas, République Sud-Africaine, Suède, URSS.
C’est du moins ainsi que se présente la situation en Europe. Aux États-Unis cependant, 1/3 des Huîtres provient des bancs naturels exploités sans aucun souci de maintenir leur productivité. Cela a abouti, principalement sur la côte atlantique, à une diminution sensible de la production annuelle par suite d’une exploitation non contrôlée.
Le plus grand producteur de tout l’archipel.
De tout le corps de l’animal, pesant jusqu’à 180 kg, seules 5 livres sont utilisables, le reste étant abandonné sur place, comme l’a fait remarquer Carr.
Installation du professeur Robert Matthey en qualité de recteur (Publ. Univ., 20, Lausanne, 1958).
Ces théories ont été soutenues bien antérieurement à l’époque contemporaine par les écoles mercantilistes et caméralistes des XVIIe et XVIIIe siècles, qui insistaient sur les avantages économiques, politiques et militaires des populations en voie d’expansion.
L’exemple de toutes les pullulations animales est là pour nous servir de leçon. L’avenir le plus brillant semble promis aux Rongeurs quand leur reproduction s’accélère, quand leurs portées se succèdent à brefs intervalles et que leurs populations augmentent en progression géométrique. C’est alors qu’apparaissent pourtant les symptômes de la dégénérescence ; non point des maladies, mais des signes attestant un dérèglement physiologique profond, peut-être lié au « stress » consécutif à la surpopulation. La population régresse souvent très rapidement et d’une manière dramatique et seuls survivent quelques rares individus pour assurer péniblement le maintien de l’espèce. La pullulation est ainsi toujours le signe précurseur de la mort. Or certains ont cru déceler ces signes de dégénérescence dans l’espèce humaine, et ne sont pas éloignés de penser qu’ils sont consécutifs à une prolifération excessive accompagnée d’une absence totale de sélection naturelle. Devons-nous nous résigner à la ruine physiologique, tout comme les Rongeurs victimes de leur prolifération, qui attendent la mort, pelotonnés, le poil collé, l’œil mi-clos et dans un état léthargique ? L’homme n’est pas un Lemming ou un Rongeur sans « cervelle » et se doit de trouver une autre manière de limiter son explosion démographique.
Les plantes n’utilisent d’ailleurs que de 1 à 2 % de l’énergie solaire qu’elles reçoivent.
Ces questions sont intimement liées à celles de la productivité des habitats, qui dépend de son cycle de conversion, c’est-à-dire des processus de construction et de démolition des substances vivantes, et de leur vitesse de remise en circuit. Comme l’a dit sir Julian Huxley (1961), « le cycle de conversion est le mécanisme sur lequel repose la circulation de l’énergie parmi les végétaux et les animaux d’un même habitat, autrement dit le métabolisme de la communauté écologique propre à cet habitat. La conservation d’un habitat exige que cette circulation d’énergie se maintienne et s’intensifie […]. La conservation exige le respect de deux commandements fondamentaux qui sont : “Tu maintiendras la circulation d’énergie” et “Tu ne sacrifieras pas l’éternel ou le permanent au temporaire, à l’expédient” ». Or de multiples exemples montrent que l’influence de l’homme dans la nature se traduit souvent par un ralentissement de la circulation d’énergie.
Du moins les habitats complexes des zones « moyennes » du globe. Il n’en est pas de même des « habitats limites » (zones arctiques et montagnardes par exemple), où les fluctuations des populations animales peuvent être beaucoup plus brutales.
Par exemple l’Élan du Cap, élevé depuis longtemps notamment en URSS.
Correspondant en gros aux catégories V à VIII de la classification des sols.
Il est bien évident que le mot « chasse » dans l’acception que nous lui donnons ici ne peut être appliqué à des massacres hors de proportion avec les effectifs du gibier, à la recherche du « tableau » et du « record » à tout prix, et à l’abattage d’animaux sans défense, débilités par le froid et les intempéries. Dès qu’elle cesse d’être sportive, la chasse prend le nom de vandalisme.
À titre d’exemple il y a quelque 1 800 000 porteurs de permis de chasse en France.
Ajoutons que bien des Européens passant pour « évolués » témoignent de la même mentalité et trouvent préférable de remplacer les habitats sauvages par des cultures et des pâturages artificiels, en supprimant la faune autochtone.
De 1932 à 1954, quelque 500 000 Ongulés ont été abattus rien qu’en Rhodésie dans le cadre des opérations de « tsetse control », 36 910 au cours de la seule année 1954. D’autres opérations sont en cours, même dans des réserves de faune.
Dans les plaines s’étendant au sud du lac Édouard, ils ont passé de 150 environ en 1931 à 3 290 en 1959, soit 1,7 individu au km2.
La destruction organisée des prédateurs a même mené certains d’entre eux à une extermination totale ou presque, comme c’est le cas en Amérique du Nord du Putois Mustela nigripes et dans l’Inde du Guépard Acinonyx jubatus venaticus. Ce dernier est d’ailleurs également menacé en Afrique, tout comme tous les Félins à robe tachetée, recherchés pour leur fourrure.
Nous citerons à titre d’exemple celui de la destruction dans l’ouest des États-Unis des Coyotes, des Loups, des Pumas et les Lynx, accusés de tuer de nombreux agneaux. Leur réduction massive entraîna la prolifération des Rongeurs, qui ravagèrent les habitats. Les éleveurs abandonnèrent alors la lutte contre les Carnivores pour se tourner contre les Rongeurs. Les Coyotes revinrent, mais comme entre-temps les rongeurs avaient disparu, les dommages infligés aux animaux domestiques furent beaucoup plus importants de la part des Canidés privés d’une partie de leurs proies naturelles. Le maintien d’un équilibre entre les différentes espèces paraît en définitive profitable à l’homme.
De multiples autres exemples concernent les oiseaux de proie, que l’homme persécute à travers le monde entier. Sauf quelques rares exceptions, les rapaces ne sont jamais fondamentalement nuisibles, de plus leur densité est forcément toujours faible du fait des dimensions considérables de leurs territoires et de leurs domaines vitaux. Ils n’en font pas moins l’objet d’une destruction systématique, en dépit des constatations objectives concernant le régime alimentaire de beaucoup d’entre eux.
Par exemple dans le bassin de l’Amazone, la destruction des Caïmans a entraîné la prolifération des Piranhas, petits poissons carnassiers capables de dévorer un Bœuf en quelques minutes.
Inutile d’ajouter que ces Reptiles font l’objet d’une exploitation exagérée de la part de l’homme qui les chasse pour leur peau. Tous les Crocodiliens sont en voie de raréfaction avancée, notamment le Crocodile du Nil, disparu d’une vaste partie de son habitat et en fort déclin ailleurs, et le Crocodile de Morelet, presque éteint dans son habitat restreint du Yucatan. Les chasseurs de peaux compromettent ainsi une ressource naturelle que des prélèvements proportionnés à l’importance des populations et à leur accroissement naturel pourraient rendre très rentable.
Cela n’est pas sans rappeler ce que l’on observe dans le cas de populations de poissons exploitées par la pêche (voir p. 355).
Il n’en restait guère plus d’un millier d’individus dans toute son aire de distribution en 1920.
Par exemple nyama en kiswahili.
En plus des travaux cités on consultera avec fruit les comptes rendus de la conférence de Manyara, Tanganyika (février 1961), et ceux du symposium d’Arusha (septembre 1961 ; Conservation of Nature and Natural Resources in Modern African States).
Bien entendu dans le cas de pâturages améliorés, la biomasse augmente considérablement et peut atteindre, d’après des chiffres cités par Bourlière et Verschuren, 65 000 kg/km2. Il conviendrait cependant d’examiner comment et à quel prix de revient une telle charge a été obtenue. Si cela est possible dans certaines régions, dans bien d’autres cette surcharge n’est pas compatible avec le maintien d’une haute productivité. Il est certain que la plupart des biotopes africains ne pourront jamais supporter une telle biomasse, même s’ils étaient transformés par l’homme.
Voir aussi L. M. Talbot et M. H. Talbot, Trans. 28th N. Amer. Wildlife Nat. Res. Conf., 1963 : 465-476.
Notons aussi que la partie des carcasses utilisables pour l’alimentation paraît également toujours plus importante en proportion chez les animaux sauvages. Alors qu’elle ne dépasse que rarement 50 % du poids vif chez le bétail possédé par les Africains, elle est toujours supérieure à cette valeur chez les Ongulés autochtones (atteignant 58 % chez l’Élan et 63 % chez la Gazelle de Grant). Le rendement en protéines paraît par ailleurs nettement supérieur dans le cas du gibier dont la chair est pauvre en graisse (d’où facilité d’en faire de la viande séchée : Ledger, Conservation of Nature and Natural Resources in Modern African States, N.S. Publ. no 1, UICN, 1963). Voir aussi L. M. Talbot, « Wild animals as a source of food », U.S. Dept. Interior Bureau of Sport Fisheries and Wildlife. Sp. Sci. Rep. Wildlife, no 98, 1966.
Ils témoignent également d’une résistance naturelle à un grand nombre de maladies tropicales, en particulier aux trypanosomiases, et sont mieux adaptés au climat, surtout aux fortes températures et à la sécheresse.
L’Afrique du Sud, qui fut le théâtre de massacres sans équivalent dans le continent, prit l’initiative il y a déjà longtemps de l’élevage des grands mammifères.
On remarquera qu’il n’en est pas de même au parc Albert, où la population d’Hippopotames est tout aussi dense, mais où l’habitat est en aussi bonne condition qu’au moment où la zone fut strictement mise en réserve. Des facteurs édaphiques pourraient jouer conjointement avec l’influence des animaux. (Voir aussi à ce sujet Curry-Lindahl, Expl. P. N. Albert et P. N. Kagera, Bruxelles, IPNCRU, 1961.)
Cette solution est sans aucun doute aussi à préconiser dans le cas des Éléphants, dont les effectifs sont en forte augmentation dans l’Est africain (notamment au Zaïre, en Ouganda et au Kenya). Ces grands mammifères entraînent une transformation profonde des habitats par suite de la déforestation consécutive à la surpopulation. De 55 à 59 % des arbres ont disparu entre 1932 et 1956 du fait de leur action au Murchison Falls N. P. (voir aussi les spectaculaires photos publiées par Bourlière et Verschuren, pl. XII, 1960). Un grave problème de surpopulation s’est également posé en 1966 au Kenya, au Tsavo N. P., où pas moins de 20 000 Éléphants avaient été dénombrés. Cette situation, qui avait provoqué une dégradation de l’habitat, a nécessité l’abattage de plusieurs milliers de têtes. Il paraît indispensable dans la plupart des districts mis en réserve de « contrôler » leurs populations, dont la régulation naturelle ne se fait qu’à long terme, quand l’équilibre des habitats est déjà très compromis.
L’équilibre des populations de grands mammifères – nous avons vu par de multiples exemples combien il est difficile à atteindre – exige que les zones intégralement protégées soient de très vaste superficie pour que les lois naturelles de compétition et de prédation puissent jouer et maintenir une harmonie entre les différents éléments de la biocénose.
Interdite par un traité international signé en 1911, protégeant également la Loutre de mer. Une nouvelle convention, signée en 1957 entre le Canada, le Japon, l’URSS et les États-Unis, a remplacé la première en en reprenant les clauses.
La moyenne du nombre de femelles par harem a passé de 42 en 1935 à 95 en 1947, corrélativement à l’accroissement des populations. L’accroissement du nombre de femelles préjudiciable à l’équilibre des populations et provoquant un dépassement de la capacité-limite de l’habitat a déterminé les biologistes à autoriser l’abattage annuel d’un certain contingent (de 15 000 à 30 000).
Le Fish and Wildlife Service en est officiellement chargé.
On pourrait le qualifier d’Homo ludens, pour reprendre l’expression de J. Huizinga. Remarquons toutefois que cela ne s’applique qu’aux pays industrialisés, c’est-à-dire une petite minorité.
Au détriment des forêts dont la superficie risque de se trouver de plus en plus réduite en raison de la demande de pâte à papier !
Nous nous empressons d’affirmer que nous ne portons ici aucun jugement critique sur l’évolution sociale et technique de l’Afrique, nous bornant à rappeler un état de fait inévitable dans le contexte de l’évolution générale de l’humanité au cours des temps modernes.
On ne peut s’empêcher de penser à ce qu’a écrit sir Julian Huxley : « Voir de grands animaux évoluer librement et sans crainte dans leur milieu naturel est l’un des spectacles les plus émouvants et les plus exaltants du monde, comparable à la contemplation d’un noble édifice ou à l’audition d’une grande symphonie » (La Protection de la grande faune et des habitats naturels en Afrique centrale et orientale, Paris, Unesco, 1961).
On consultera à ce sujet les comptes rendus de la 10e réunion technique de l’UICN, Lucerne, 1966, dont la partie I (UICN, Publ. N.S., no 7) est entièrement consacrée à l’impact écologique du développement du tourisme.
Celles des parcs nationaux américains concernant tous les aspects de l’histoire naturelle depuis la géologie jusqu’à la reconnaissance des principaux végétaux, des oiseaux et des mammifères peuvent servir de modèle de même que les publications de certains pays de l’Est européen (Pologne et Tchécoslovaquie entre autres).
En ce qui concerne l’éducation du public, on ne saurait passer sous silence l’action de certains groupements privés, qui non seulement entretiennent des réserves, mais informent et éduquent le public. C’est notamment le cas de la National Audubon Society aux États-Unis. L’action de ces sociétés, jointe à celle des mouvements de scoutisme, des associations de jeunesse et de camping, est primordiale dans la création d’un état d’esprit et d’une opinion publique ouverte à la notion de l’équilibre entre l’homme et son milieu.
Même si elle n’est sauvée que « pour mémoire », pour reprendre l’expression du professeur V. Van Straelen, en raison des possibles dégénérescences que risquent les animaux sauvages conservés en captivité dans des conditions trop artificielles.
Quelques individus seulement vivent encore à l’état sauvage aux confins de la Mongolie et de la Chine (Bannikov, Mammalia, 22, 1958 : 152-160). En revanche l’espèce est relativement florissante dans les parcs zoologiques ; d’après le Pedigree Book publié par le jardin zoologique de Prague (J. Volf), 161 individus (67 étalons et 94 juments) vivaient en captivité au 1er janvier 1970.
Le Daim de Mésopotamie était jadis répandu largement à travers le sud-est de la région méditerranéenne, de la Syrie et de l’Irak à la Libye et au Soudan. Son aire de répartition est maintenant limitée à quelques forêts bordant les fleuves Dez et Karcheh, dans la province du Khouzistan, Iran. Ce Cervidé remarquable, chassé depuis les temps les plus immémoriaux comme l’attestent les vestiges archéologiques, risque de disparaître à l’état sauvage en raison de la chasse et de la déforestation de ses derniers refuges. Il n’en subsisterait que de 200 à 400 individus. Son élevage dans de vastes enclos aménagés dans le sud-ouest de l’Iran a été projeté, mais d’ores et déjà l’espèce s’est reproduite en Allemagne, à Kronberg, dans le Georg von Opel-Freigehege, ce qui constitue le plus sûr garant de la survie de l’espèce (Haltenorth, Säugetierkundl. Mitt., 9, 1961 : 15-39).
On citera à ce point de vue les magnifiques efforts faits par la Pologne. Grâce à l’élevage en captivité, en 1939, ce pays disposait de 30 sujets sur les 96 encore en vie dans le monde (35 se trouvaient en Allemagne). En dépit des ravages causés par la guerre, le stock polonais, conservé dans cinq centres d’élevage, et notamment dans la célèbre forêt de Biolowieza, s’est multiplié et s’élève maintenant à environ 150 sujets (soit 40 % du cheptel mondial). Dès 1952, les Polonais lâchaient des sujets en complète liberté à Biolowieza (une quarantaine de sujets y vivent actuellement) et offrent à l’heure actuelle des reproducteurs à de nombreux pays étrangers, multipliant ainsi les chances de survie d’une espèce remarquable à tant de points de vue.
Plusieurs autres individus sont maintenus en captivité à travers le monde, notamment en Arabie, ce qui accroît les chances de survie de l’espèce. Un élevage est également prévu en Jordanie, au voisinage de la station biologique d’Azraq.
Vers 1925, il n’en subsistait qu’une centaine d’individus : des mesures de protection et surtout d’élevage intensif en captivité entrepris à partir de 1943 ont permis aux populations de se reconstituer (Delacour, 1945). Il en existait environ 1 400 en 1957 et près de 5 000 en 1968, ce qui permet de considérer l’espèce comme hors de danger à l’heure actuelle.
Cent vingt-neuf Nénés ont été relâchés à Hawaii et 65 à Maui. Les effectifs ayant subsisté à l’état sauvage ne peuvent être estimés avec précision.
À condition que les caractéristiques écologiques n’aient pas changé entre-temps au point de ne plus permettre la survivance de l’espèce.
La transplantation de ces Rhinocéros a l’avantage de multiplier les foyers de peuplement. Mais elle a également celui d’éviter la surpopulation déjà manifeste dans les réserves du Natal, où d’après le colonel J. Vincent il y aurait 400 têtes en excès ; un surpâturage manifeste en résulte, d’où risque de détérioration de l’habitat et menace pour l’avenir d’une espèce, dont les effectifs sont bas en valeur absolue, en dépit de leur trop forte concentration locale. Le transport d’animaux d’aussi grande taille pose cependant de nombreux problèmes, ne serait-ce qu’en raison de son prix de revient très élevé.
On rappellera à ce point de vue la boutade d’Alphonse Allais proposant d’établir les villes à la campagne, parce que l’air y est plus pur ! Cela exprime assez bien la nécessité de réintégrer la nature dans la ville. Le Corbusier a par ailleurs affirmé que « les conditions de nature sont inscrites sur l’une des tables de la loi de l’urbanisme contemporain, dont les trois matériaux sont l’air pur, le soleil et la verdure ».