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VERS QUELLE MER EMBARQUES-TU, NOÉ ?
La parole oublie la parole
Comment la lune devient-elle fauve ? Comment le jour et la nuit
J’ai vu comment part le feuillage et reste l’arbre
D’où et comment venez-vous chemins qui menez au précipice
Ceux qui égorgés derrière toi autour de toi en toi et pour toi sont devenus nuages porteurs de pluies
Erevan – lieu de voyage vers toutes les directions
Tu deviens plus lucide de ce que tu es
Et qu’est ce filet de nuages tissés par le vent ? Et que sont ces pluies qui escaladent le tronc des arbres ? Que sont ces ailes qui fraternisent et dessinent la paix sur la page de l’horizon ?
Comment convaincre son grand soleil au visage multiple ? De quel côté venons-nous et par quel visage commencer ?
Ararat – des poussières ottomanes s’éparpillent tous les jours sous tes pieds
Angoisse dans les os pour rassurer le corps
Despotes chaque glande est un furoncle
Tyrans combien de têtes avez-vous alignées aujourd’hui vos flèches ?
Qui se joindra à moi pour demander à Artaud et à al-Maarri : comment et où inventer des instruments qui aspirent les souillures sur le corps de l’humanité ?
Peut-être Ô poète serais-tu tenté de mépriser la science
Ararat tes pas dans les rues d’Erévan tes multiples fantômes ton épaule gauche plantes qui dansent jasmins roses et ton visage étincelle dans chaque vitrine
J’ai vieilli à l’ombre d’un chêne qui a perdu son ombre je l’ai imaginé hier et il me semble lui avoir demandé :
Ville de Geghard
Dans l’angle dans l’espace qui relie l’intérieur de l’obscurité à l’apparence de la lumière
Le chemin invente le chemin les poussières se transforment en roue volante ouvre ses propres voies à des êtres qui marchent les uns sur les autres
Dans l’air il y a ces passages peuplés de lézards pour un soleil qui s’illuminera bientôt
L’Histoire courait dans nos poitrines ses pas avalaient les distances
Assure-toi que les colonnes qui soutiennent le plafond de l’église sont peut-être des colonnes musicales où s’appuie la poésie
Adieu Geghard
La pensée a son architecture
Voici la route qui se dessine escalade les montagnes sur les marches de la lumière
Geghard et les escarpements du monde marchent main dans la main
Ararat
Pourquoi le ciel de notre époque ne sait plus lire que le livre du meurtre ?
Adam Caïn Abel
Le poème dit : « la guerre à l’extérieur a lieu dans mes entrailles »
Donc,
Caravane de gazelles traînées par des charrettes fabriquées à la demande.
Descendent des potences tels des fauteuils roulants descendent des signes qui isolent les murs
Nous ne sommes pas de ceux qui marchent sur le chemin c’est plutôt le chemin qui nous piétine, coule torrent aveugle vers son embouchure infernale.
Des mots s’organisent en feux en guerres en ruines
Dans la lumière du soleil des cordes ligotent le corps de l’Histoire membre par membre : l’air lui aussi est un tortionnaire sur les hauteurs du ciel
Rien une flamme éteinte tombe sur le parcours d’un poumon
ARARAT
Je ne me plains qu’à moi-même
Une distance dans le cœur de la distance remplir ses mains d’épines s’il parvenait à s’étouffer devenir fou dédaigner la vie et en être fier en même temps
Si le mot pouvait vivre tout cela dans un seul but : savoir comment un seul instant peut suivre le néant
SOLO-ORCHESTRE DE LA TAMISE
Une chambre une barque (descend-elle d’un nuage issu de très haut ?)
Je n’aime pas les rivages, mais les chemins ouverts
Je demande à Londres que lit l’Orient en elle
Je dis à Londres : comme toi j’ai voulu lire l’étranger en moi
Non je n’ai pas un autre ennemi. « L’étranger est un autre sang en moi »
Dis à Londres ô rêve : les habits tissés par les mains des hommes sont
Ô pourquoi rêve écouter ce qui reste lointain et qui n’a pas de présent ?
Je demande à Londres : es-tu une mère ou le père qui sera tué ?
Je n’aime pas la ville noyée dans ses rutilances
Je ne suis pas de ceux qui disent : Londres est une mère
Il est bon et exaltant que les clés de Londres soient en accord avec ses choses, là où tu es dans n’importe quel marché ces odeurs de djinns mais pas de paradis, des cris de sexe, des restaurants, des tours pour le commerce, des tours pour les cultes, les adeptes des dés, les adeptes de l’égorgement, les boucheries halal, les livres de poésie installent sur sa terre ruine et désordre en hommage à Eliot ou contre lui
Des night-clubs, des temples pour chaque art. Des droits défendus par tel mais piétinés ailleurs. Enfer mensonge, des voitures à deux pieds, d’autres à quatre pieds, asphalte cette ruelle vient d’Orient et le nuage qui l’a lavée ce matin au nord est pauvre à gauche prince à droite la chance du juste qui erre
Ô policier : une vieille femme traverse.
Vacarme et discussions entre Noirs et Blancs, entre Noirs et Noirs, entre Blancs et Blancs, et les femmes ça et là sont silence et dispersion
Depuis Gilgamesh, des racines voyagent en nous
Même mort l’argent continue de tenter.
Les océans ont dessiné les rives de la Tamise
Le chemin qui va de la Tamise aux océans est tari
Ils se sont aventurés
La chasse à l’or n’est pas terminée et le râle de colère des villes est sans fin
Des chiens des chats meurent dans les maisons du progrès
Nous entrons dans notre siècle nous en sortons
Pourquoi es-tu parti Julius ? Accomplis-tu ce que tu visais dans le désordre de l’absence ? qu’attendais-tu le jour où les vents m’y ont traîné et déchiqueté :
J’ai vu les trottoirs se renvoyer ses entrailles
Une vague voyageait en nous disaient ses bulles les nuages sont des fruits qui tombent du ventre des étoiles
Nous avons entendu le vacarme des rues : apprends à aimer la vie dans la poussière des caniveaux
Ô soleil
Je bois un fleuve de flammes envoyé par l’Occident j’écoute :
LE COMMENCEMENT DU MONDE EST RÊVE
Daw daw daw
Et pourquoi je ne vois pas un seul lecteur du lieu d’où je viens
Je ne suis pas l’étranger et je ne suis pas le proche et toi
Je ne dis pas à mon corps marche à droite à gauche avance
Jetée dans des lacs de feu et de sang la vérité continue à nager dans le bassin d’Ève
Mais que dirait la terre si elle était détruite et
Suis-je le descendant de ses tristesses ?
Crains-tu le fer ?
À Shanghai la poésie est avenir de la lumière
Fleuve Khambo – son eau éprise d’elle-même
Le vent n’a donné que des poussières à la bague du vent qui l’a percée de ses dents lorsque Shanghai a ri
Que va-t-il arriver ? Je demande à Bouddha et à Confucius
Un même horizon pour
Les charrettes des blessures, les balances qui oscillent au gré de leurs passions
C’est le siècle – Bouddha discute avec une fée
Le mot prononcé nié par un réel qui dépasse ce que dit la parole
L’ébène chante
Ma nuit dans les bras de Beyrouth, dans sa nuit se demandait : qu’a lu Shanghai
Khanjo – forêt de splendeur
Faisant mes adieux à Khanjo et pensant que la sagesse de la Chine est inscrite par les espaces de ses inconnus
Pourquoi donc s’inquiéter ?
C’est le siècle – non
C’est le siècle – marché
Daw daw daw
Corps – vague d’amour combat entre deux précipices
Je donnerai son nom à une rose
C’est le siècle – plaintes et violence
C’est le siècle
Issus d’une machine qui tue le cerveau et le cœur / nous sommes malades de notre dogme et de nos appartenances
Je m’imaginais enfant les poupées autour de moi clignaient de l’œil.
J’erre dans mes pas
Ô Amant secret
Le temps du chant est arrivé
Pourquoi avançons-nous ?
— Aimes-tu le fer ?
Le poème allume chaque jour sa lampe pour lire ses souffrances et noter ce que ses souffrances ont lu
Le jeu de l’univers en toi dit : le centre du monde est errance
En Chine
Les épaules de Khanjo drapées dans un châle de soie rouge, je m’imaginais dans les prairies chevauchant un pur-sang ami d’un figuier galopant entre les deux rives d’un fleuve jaune seigneurial suivi du feu, du vent, du tonnerre, coulant, me fondant comme si la nature était un caractère qu’elle change d’image en image et
C’est pour cela
une langue se déchire, crie à la face de son rythme
que disent les yeux de ce qu’ils verront demain ?
CAHIERS (extraits)
3 mai
Montgomery House, lac Occam
Depuis mon arrivée
Visite amoureuse à ses rivages
Pas de différence entre eux et les astres, j’affirmais
5 mai
6 mai
Qu’as-tu à dire au temps ?
7 mai
Si j’étais seul
Les nuages ne quittent pas le lac
Larmes, je vous supplie de couler
Et pourquoi je sens que les corps de millions
Vacarme dans mon cœur
Comme une sueur qui goutte d’un alambic céleste
Près de la cuisine, sur la table
La lumière du soleil ondoie sur le seuil
Une fleur
12 mai
le vide n’est pas à l’extérieur, dans les choses, dans les mots
Réussir à la fois l’écriture et la vie
Oreiller, désespoir du réveil
Je ne suis pas encore né
Ponts
Pas de séparation dans la nature
Pareil à une petite barque
Pluie,
Le désespoir a un estomac
Quand l’accusation comprendra-t-elle
Tu te mets en colère
17 mai
18 mai
Peut-être faudra-t-il le séduire
New York, 25 mai
Il m’a semblé :
L’autre nuit
J’ai vu des corbeaux fienter sur les casques des dirigeants
Peut-être que ce monde
Jérusalem avait tressé ses cheveux
Dans mon exil
Mon savoir a failli me tuer
La voix du ciel descend en moi
J’attends que la lune se déchire
Des monceaux de roses
Je crois
Dans chaque fleur je voyais deux mots inséparables :
La poésie se contente-t-elle de creuser son tonnerre
L’enfant qui continue à vivre en moi
A-t-il quitté son pays pour ne pas se séparer de lui-même ?
La lumière de l’amour me transforme en nuit
Chaque fois que j’entrais dans une forêt
Finalement
Au moment où je fermais la dernière fenêtre de ma chambre
Des spectres s’accoudent sur les troncs des arbres
Douleur dans la chaise
Le chemin est un long chemin vert
Non
Que dire à ce matin venu cheveux épars dans mon lit ?
Où est ton pain, rêve ?
Je me regarde dans le miroir :
Je m’imagine parfois fréquentant un fantôme dans le réel
Le fantôme d’hier portait un caftan aux couleurs mêlées de ciel et de mer
Hier
Souvent je me pose cette question :
Les champs, les forêts les fleuves, les montagnes ne sont pas
Allongé sur mon lit à Montgomery House, je laissais une lumière veiller dans le séjour et en bas de l’escalier qui mène à ma chambre au deuxième étage
J’ai tâté mon corps
Ô dé du hasard
J’imagine souvent ce spectacle :
Notes
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