Chapitre 2 Les Cinq Éléments

La théorie des Cinq Éléments constitue, avec la théorie du Yin et du Yang, la base même de la théorie médicale chinoise. L’expression « Cinq Éléments » est utilisée depuis longtemps par les Occidentaux qui pratiquent la médecine chinoise. Certains y voient une compréhension erronée du terme chinois Wu Xing qui s’est perpétuée à travers les âges. Wu signifie « cinq », et Xing signifie « mouvement », « processus », « aller » ou encore « conduite, comportement ». La plupart des auteurs considèrent donc que le terme Xing ne peut avoir la signification « d’élément », partie constitutive de la Nature, comme on l’entendait dans la philosophie de la Grèce antique.

Cette position, à mon avis, n’est que partiellement vraie. Tout d’abord, les éléments, tels qu’ils furent définis par les divers philosophes grecs tout au cours des siècles, n’ont pas toujours été considérés comme des constituants de base de la Nature, comme des « substances fondamentales inertes et immobiles »1. Certains philosophes grecs les considéraient comme des caractéristiques dynamiques de la Nature, se rapprochant en cela des conceptions de la philosophie chinoise.

Les philosophes grecs utilisèrent différents termes pour désigner les éléments, ce qui montre le manque d’homogénéité dans la vision qu’ils en avaient. Empédocle les appelait « racines » (rhizomataρισωματα), Platon les appelait « composantes simples » (stoicheiaατoιχεια). Aristote donnait une défini-tion plus dynamique des quatre éléments et les appelait « formes primaires » (prota somataπρωτα σωματα). Il écrivait :

Le Feu et la Terre sont des contraires qui sont nés de l’opposition de leurs caractéristiques respectives, telles qu’elles sont révélées à nos sens ; le Feu est chaud, la Terre est froide. En plus de cette opposition fondamentale entre le chaud et le froid, il en existe une autre, qui est l’opposition entre le sec et l’humide ; d’où les quatre combinaisons possibles : chaud-sec (le Feu), chaudhumide (l’Air), froid-sec (la Terre), et froid-humide (l’Eau)… les éléments peuvent se combiner et même se transformer l’un en l’autre… ainsi la Terre, qui est froide et sèche, peut engendrer l’Eau si l’humidité remplace la sécheresse. 2

Pour Aristote, les quatre éléments sont donc les quatre caractéristiques de base de tout phénomène naturel, qui se ramène à la combinaison de quatre qualités fondamentales : chaud, froid, sec et humide. Comme on le comprend aisément d’après les lignes ci-dessus, les éléments aristotéliciens pouvaient se transformer l’un en l’autre et s’engendrer mutuellement.

Cette interprétation est très proche de la conception chinoise qui considère les éléments comme des caractéristiques fondamentales de la Nature. Aussi n’est-il pas entièrement juste de dire que les Grecs ne voyaient dans les éléments que des constituants de base de la matière, des « briques » de l’édifice Nature. De plus, le terme « élément » n’a pas toujours ces connotations, si ce n’est dans l’acception qu’il prend en chimie moderne.

Enfin, il n’est pas non plus tout à fait juste de dire que les Chinois ne concevaient pas les éléments comme des constituants de base de la Nature. Bien sûr, les éléments sont des caractéristiques fondamentales primaires et dynamiques de tout phénomène naturel, mais on trouve aussi des affirmations qui semblent impliquer que les éléments sont effectivement tout cela, mais qu’ils sont, en plus, des constituants de base de la Nature. Par exemple, on peut lire : « Lorsque le Qi des éléments se stabilise, les choses prennent une forme »3.

En conclusion, et pour les raisons exposées plus haut, j’ai conservé le terme « élément » pour traduire le mot chinois xing. Certains sinologues (par exemple, Needham et Fung Yu Lan) utilisent toujours le terme « élément ». Fung Yu Lan propose une traduction possible par « Cinq Activités » ou « Cinq Agents »4. Bien que la traduction de wu xing par l’expression « cinq phases » ait gagné du terrain, je trouve cette traduction restrictive car elle n’évoque qu’un seul des aspects des Cinq Éléments, c’est-à-dire les phases d’un cycle (des saisons).

C’est pourquoi, alors que les Cinq Éléments ne sont pas des éléments de base constitutifs de la Nature, ils présentent, par nature, de nombreux aspects comme ceux répertoriés dans le cadre 2.1.

Cadre 2.1 Nature Des Cinq Éléments

La théorie des Cinq Éléments n’a pas toujours été appliquée dans l’histoire de la médecine chinoise et sa popularité a connu des hauts et des bas tout au cours des siècles. Elle devint extrêmement populaire à l’époque des Royaumes Combattants et se vit appliquée à la médecine, à l’astrologie, aux sciences naturelles, au calendrier, à la musique et même à la politique. Sa popularité était telle qu’elle servait à classer pratiquement tous les phénomènes.

Toutefois, des critiques se firent entendre dès le début du 1er siècle. Le grand philosophe sceptique Wang Chong (27–97) critique la théorie des Cinq Éléments, qu’il trouve trop rigide pour permettre d’interpréter correctement tous les phénomènes naturels. Il dit : « Le coq est associé au Métal et le lièvre au Bois ; si le Métal domine effectivement le Bois, pourquoi le coq ne dévore-t-il pas le lièvre ? ». 5

À partir de la dynastie des Han, l’influence de la théorie des Cinq Éléments en médecine chinoise a commencé à décliner. Par exemple, le grand classique de médecine écrit sous la dynastie des Han par Zhang Zhong Jing, « Traité des maladies dues au Froid », ne mentionne même pas les Cinq Éléments. Ce n’est que sous la dynastie des Song (960–1270) que la théorie des Cinq Éléments a connu un regain de popularité et qu’elle a été appliquée de façon systématique en médecine chinoise dans le diagnostic, la symptomatologie et le traitement.

À partir de la dynastie des Ming, la théorie des Cinq Éléments a connu un nouveau déclin, car la médecine chinoise était alors dominée par l’étude des maladies infectieuses dues à la Chaleur externe, pour lesquelles on préférait, pour le diagnostic et le traitement, utiliser l’identification des tableaux pathologiques selon les Quatre Couches ou selon les Trois Réchauffeurs.

Pour une meilleure approche critique de la signification de la théorie des Cinq Éléments en médecine chinoise, on peut se reporter à « Comprendre la médecine chinoise ». 6

LES CINQ ÉLÉMENTS DANS LA NATURE

La théorie des Cinq Éléments est née à peu près à la même époque que celle du Yin et du Yang. Les premières mentions à la fois du Yin et du Yang et des Cinq Éléments remontent à la dynastie des Zhou (environ 1000 à 770 AEC). 7

Certaines références aux Cinq Éléments parmi les plus anciennes ne mentionnent même pas du tout le terme « d’éléments », mais parlent des « sièges du gouvernement » (Fuimage) ou de « capacité, talent, matériau » (Caiimage), et en dénombrent six plutôt que cinq. On les appelait en fait les « Cinq Capacités » ou les « Six Sièges du Gouvernement ». Un ouvrage datant de la période des Royaumes Combattants précise : « Le Ciel a fourni les Cinq Capacités et les hommes les ont utilisées » 8. Il dit aussi : « Les six sièges du gouvernement… sont l’Eau, le Feu, le Métal, le Bois, la Terre et le Grain ». 9 C’est le Grain qui constituait donc le sixième élément.

Dans un ouvrage datant de la période des Han de l’Ouest (206–24 AEC), intitulé « La célèbre transmission du livre sacré », on lit : « L’Eau et le Feu fournissent la nourriture, le Métal et le Bois donnent la prospérité, et la Terre fait des provisions »10.

On pourrait dire que la théorie des Cinq Éléments et ses applications à la médecine marquent les débuts de ce que l’on pourrait appeler la médecine « scientifique » et le recul du chamanisme. Les guérisseurs ne recher chent plus une explication surnaturelle aux maladies ; désormais ils utilisent à la fois des procédés inductifs et déductifs pour observer la Nature et s’efforcer d’y découvrir des schémas qui, par extension, peuvent être utilisés pour interpréter les maladies.

Ce n’est donc pas un hasard si les chiffres et la numérologie sont de plus en plus utilisés pour interpréter la Nature et le corps humain. On note deux polarités de base (le Yin et le Yang), une « structure » cosmique à trois niveaux (le Ciel, l’Homme, la Terre), quatre saisons, Cinq Éléments, six climats dans la Nature, et cinq organes Yin et six organes Yang dans le corps humain. Le chiffre cinq et les Cinq Éléments sont associés aux phénomènes terrestres, et le chiffre six est associé aux phénomènes célestes (les six facteurs climatiques). La classification de toute chose selon une numérotation est caractéristique d’un esprit de recherche et d’analyse.

Il est intéressant de noter que c’est à peu près à la même époque que les Grecs ont élaboré leurs théories sur les Éléments. Dans son essai « Sur le mal sacré », Hippocrate s’est lancé dans une critique en profondeur de la théorie surnaturelle sur l’étiologie de l’épilepsie. 11

Dans l’ouvrage intitulé « Shang Shu », écrit sous la dynastie des Zhou de l’Ouest (1000–771 AEC), on peut lire : « Les Cinq Éléments sont l’Eau, le Feu, le Bois, le Métal et la Terre. L’Eau descend et humidifie, le Feu s’élève, on peut courber et redresser le Bois, on peut mouler et durcir le Métal, la Terre permet de semer, de faire pousser et de récolter ». 12 Nous reviendrons à cette phrase plus tard car elle comporte bon nombre de concepts importants sur la nature des Cinq Éléments.

La théorie des Cinq Éléments a été élaborée par la même école que celle qui a élaboré la théorie du Yin et du Yang, c’est-à-dire « l’École du Yin et du Yang », parfois aussi appelée « École naturaliste ». Le chef de file de cette école était Zou Yan (environ 350–270 AEC). À l’origine, la théorie des Cinq Éléments avait des implications politiques tout autant que des implications naturalistes. Les philosophes de cette école étaient tenus en grande estime, et parfois même craints, par les anciens dirigeants chinois, car ils prétendaient être capables d’interpréter la Nature à la lumière du Yin, du Yang et des Cinq Éléments et d’en tirer des conclusions politiques. Par exemple, un certain dirigeant était associé à un Élément particulier et il était indispensable, à chaque cérémonial, de se conformer à la couleur, à la saison de cet Élément, etc.

C’est ainsi que certains philosophes se sont déclarés capables de prédire la succession des dirigeants en se réclamant des divers cycles des Cinq Éléments. Zou Yan disait :

On pourrait dire que les philosophes de l’École Naturaliste ont élaboré une science naturelle primitive et occupé une fonction sociale comparable à celle qu’occupent actuellement nos sciences modernes.

Outre cette connotation politique, la théorie des Cinq Éléments a de multiples facettes. Nous présenterons les trois principales, de même que la relation et les correspondances liées aux Cinq Éléments, c’est-à-dire :

Les Cinq Éléments en tant que caractéristiques fondamentales

Il est bon de reprendre et d’élargir ici le sens de la citation du « Shang Shu » :

Cette citation montre clairement que les Cinq Éléments symbolisent cinq caractéristiques et cinq états inhérents aux phénomènes naturels. Elle met aussi en relation les saveurs (ou les goûts) et les Cinq Éléments, et il est bien évident que la saveur relève plus des caractéristiques inhérentes d’une chose (en termes modernes, de sa composition chimique) que de son goût effectif.

Ainsi, d’après cette affirmation, il est évident que les Cinq Éléments ne sont pas cinq sortes de matière fondamentale mais cinq types de processus (cadre 2.2). Needham traduit cette idée de processus en termes modernes de la façon suivante :

Les Cinq Éléments en tant que phases d’un cycle saisonnier

Chacun des Cinq Éléments représente une saison dans le cycle annuel. Le Bois correspond au printemps et il est associé à la naissance, le Feu correspond à l’été et il est associé à la croissance, le Métal correspond à l’automne et il est associé à la moisson, l’Eau correspond à l’hiver et elle est associée à la conservation, la Terre correspond à la fin d’une saison et elle est associée à la transformation.

La situation de la Terre appelle quelques explications. La Terre ne correspond à aucune saison précise car elle est au centre ; c’est le point neutre de référence autour duquel tournent les saisons et les autres éléments. Dans le « Classique des catégories » (1624) de Zhang Jie Bing, on lit : « La Rate se rattache à la Terre, qui correspond au Centre et dont l’influence se fait sentir pendant 18 jours, à la fin de chaque saison, sans pour autant correspondre à une saison particulière ». 16 Dans les « Discussions sur les prescriptions du coffret d’or » (environ 220 AEC), Zhang Zhong Jing écrit : « À la fin de chaque saison, la Rate est suffisamment forte pour résister aux facteurs pathogènes ». 17 Dans le cycle des saisons, la Terre correspond donc à la fin de chaque saison (cadre 2.4). Autrement dit, à la fin de chaque saison, les énergies célestes retournent à la Terre pour se reconstituer. Dans les ouvrages occidentaux, la Terre est souvent associée à la « fin de l’été » ou à l’« été indien ». Il est vrai que la Terre correspond à la fin de l’été, mais elle correspond aussi à la « fin de l’hiver », à la « fin du printemps » et à la « fin de l’automne ». C’est ce qu’illustre la Figure 2.2.

Relations entre les Cinq Éléments

Les diverses interactions entre ces Cinq Éléments constituent l’essentiel de ce concept. Différents philosophes ont mis l’accent sur divers aspects des interactions entre ces Cinq Éléments. Par exemple, le principal porte-parole de l’École Naturaliste, Zou Yan, s’est particulièrement intéressé, dans ses écrits, au « cont rôle » des relations entre les Éléments (voir plus bas). Mathématiquement, on peut trouver 36 possibilités différentes pour combiner les Cinq Éléments. Les plus courantes sont réduites au nombre de cinq.

Cycle cosmologique

Comme nous l’avons déjà dit, les premières mentions des Cinq Éléments en donnent la liste suivante : « Pour ce qui est des Cinq Éléments, le premier s’appelle l’Eau, le deuxième le Feu, le troisième le Bois, le quatrième le Métal et le cinquième la Terre ». 18

L’ordre dans lequel les Éléments sont énumérés n’est pas dû au hasard ; il est en relation étroite avec la numérologie. Si nous assignons un chiffre à chaque Élément en fonction de l’ordre dans lequel ils sont énumérés, nous avons :

Si ensuite nous ajoutons 5 à chacun de ces chiffres, nous avons :

Ces chiffres sont ceux généralement associés aux Éléments dans la liste des correspondances telle qu’elle est présentée plus bas. Si nous plaçons les Éléments dans cet ordre, nous obtenons la figure ci-dessous (Fig. 2.3). Dans cette figure, l’Eau occupe une place importante, car elle est la base, le début du cycle. Si on garde à l’esprit la correspondance qui existe entre le Rein et L’Eau, cette figure illustre aussi ce principe primordial qui est que le Rein est la base de tous les autres organes.

Ce cycle met également en évidence l’importance de la Terre comme Centre, comme pivot, comme point de référence de tous les autres Éléments. Les implications pratiques qui en découlent sont d’importance et seront présentées plus loin.

Correspondances entre les Cinq Éléments

Le système des correspondances constitue un point important de la théorie des Cinq Éléments. Ce système est révélateur de la pensée chinoise ancienne ; il relie de nombreux phénomènes et caractéristiques à l’intérieur d’un microcosme ou d’un macrocosme sous l’égide d’un certain Élément. Les philosophes chinois classiques considéraient les relations entre des phénomènes apparemment sans lien comme des sortes de « résonances ». De nombreux phénomènes divers étaient ainsi unifiés grâce à une caractéristique commune indéfinissable, tout comme deux cordes qui vibrent à l’unisson.

Un des aspects les plus typiques de la médecine chinoise est l’existence de résonances communes qui lient des phénomènes de la Nature et le corps humain. Certaines de ces résonances sont couramment vérifiées et expérimentées en pratique clinique, d’autres sont plus tirées par les cheveux ; il subsiste, néanmoins, le sentiment d’une profonde sagesse sous-jacente qui, par moment, est insondable.

Quelle que soit la façon dont on les a déterminées, il existe de nombreuses correspondances pour chacun des Cinq Éléments. La correspondance entre les Éléments et les saisons est la plus immédiate et la plus évidente, de même que celle entre les Éléments et les points cardinaux (Fig. 2.7).

Les principales correspondances pour ce qui est de la médecine sont mentionnées dans les « Questions simples », aux chapitres 4 et 5. 20 Certaines de ces correspondances, parmi les plus courantes, sont présentées dans le tableau 2.1. Cet ensemble de correspondances, surtout celles qui ont trait au corps humain, montre comment les organes et les phénomènes qui leur sont attachés forment un tout indissociable. C’est ainsi que le Bois correspond au Foie, aux yeux, aux muscles et aux tendons, aux cris, à la couleur verte, à la colère, au blé, au printemps et à la naissance. Tous ces phénomènes sont liés et tous correspondent à l’Élément Bois. Nous expliquerons sous peu l’application de ces concepts en médecine chinoise.

Deux organes, l’un Yin, l’autre Yang, se rattachent à chacun des Éléments. Ce sont (les organes Yin sont mentionnés en premier) :

Il faut mentionner tout particulièrement l’Élément Feu. Les deux organes qui se rattachent au Feu sont le Cœur (Yin) et l’Intestin Grêle (Yang). Toutefois, les Cinq Éléments correspondent aussi à deux autres or ganes : le Maître du Cœur (Yin) et le Triple Réchauffeur (Yang). Ces deux organes réunis sont connus sous le nom de « Feu Ministre », alors que le Cœur et l’Intestin Grêle se rattachent au « Feu Empereur » ; ceci s’explique par le fait qu’on considère que le Maître du Cœur et le Triple Réchauffeur ont pour rôle de servir et de protéger le Cœur, tout comme le ferait le Premier ministre (dans la Chine antique), qui se conforme aux ordres de l’Empereur. Ce point sera présenté plus en détail aux chapitres 11 et 18 (Fig. 2.8).

LES CINQ ÉLÉMENTS EN MÉDECINE CHINOISE

Les applications de la théorie des Cinq Éléments en médecine chinoise sont nombreuses et très importantes. Nous les étudierons plus précisément dans les cinq domaines suivants : la physiologie, la pathologie, le diagnostic, le traitement et la phytothérapie et la diététique.

Les Cinq Éléments en physiologie

Les relations qui existent entre les Cinq Éléments forment une sorte de modèle relationnel qui peut s’appliquer aux organes, de même qu’aux relations qu’entretiennent les organes avec les divers tissus, organes des sens, couleurs, odeurs, saveurs et sons.

Cycle d’Engendrement et cycle de Domination

Ces deux cycles nous fournissent un modèle de base pour les relations physiologiques qui existent entre les organes. Tout comme « le Bois engendre le Feu et est engendré par l’Eau », nous pouvons dire que « le Foie est la Mère du Cœur et le Fils du Rein ». Le cycle d’Engendrement des organes est représenté sur la Figure 2.9.

En outre chaque organe est contrôlé par un autre, de façon à maintenir un équilibre entre eux ; c’est le cycle de Domination (Fig. 2.10). Il s’ensuit que :

Il ne faut surtout pas oublier, en pratique, que pour les organes, ces cycles ne sont qu’un modèle de relations dérivé de la théorie des Cinq Éléments et que, en tant que tel, il peut être arbitraire et présenter certaines incohérences et insuffisances. Bien que ce modèle soit très utile en pratique clinique, il ne faut pas qu’il fasse perdre de vue les fonctions réelles des organes, ainsi que leurs interactions. En d’autres termes, il ne faut pas commettre l’erreur d’utiliser le modèle de la théorie des Cinq Éléments en faisant abstraction des fonctions réelles des organes, fonctions que ce modèle s’efforce par ailleurs d’expliciter. Le danger serait d’utiliser les symboles eux-mêmes (les Cinq Éléments), et non pas ce qu’ils symbolisent (les interactions entre les fonctions des organes). En revanche, lorsque l’on s’en sert correctement, les symboles peuvent fournir un modèle efficace et rapide auquel on peut se reporter en pratique clinique, de même qu’un guide pour le diagnostic et le traitement.

On pourrait aussi expliquer la totalité des relations entre les organes dans la théorie des Cinq Éléments en termes de fonctions de ces organes. Les fonctions des organes seront détaillées dans les chapitres 5 à 18, mais il n’est pas inutile de les mentionner dès maintenant pour illustrer la façon dont les interactions entre les Cinq Éléments constituent un modèle pour les relations fonctionnelles entre les organes. Cependant, on doit souligner que toutes les interactions des Cinq Éléments n’ont pas la même pertinence en tant que modèle de relation entre les fonctions des organes. Par exemple, la relation d’Engendrement entre le Rein et le Foie a des implications importantes en pratique, alors que celle qui lie le Cœur et la Rate est de moindre importance.

De plus, il ne faut pas perdre de vue l’idée que les cycles d’Engendrement (Production) et de Domination ne représentent que deux des modèles relationnels possibles pour les Cinq Éléments. En plus de ces deux cycles, j’en évoquerai un troisième qui est le cycle Cosmologique, dont les relations sont différentes de celles du cycle d’Engendrement. Par exemple, dans le cycle d’Engendrement, le Cœur est la Mère de la Rate, mais cette relation n’a aucun sens en pratique. Dans le cycle Cosmologique, au contraire, la Rate est un organe qui aide le Cœur, et cette relation a beaucoup plus de portée en pratique car la Rate produit le Sang, qui abrite l’Esprit (Shen).

Considérons maintenant quelques exemples de relations dans le cycle d’Engendrement.

Le Foie est la Mère du Cœur : le Foie stocke le Sang et le Sang abrite l’Esprit. Si le Sang du Foie est faible, le Cœur en souffre ; un vide de Sang du Foie engendre souvent un vide de Sang du Cœur, et tous deux vont affecter le sommeil et les rêves.

Le Cœur est la Mère de la Rate : le Qi du Cœur propulse le Sang et donc aide la Rate dans sa fonction de transport.

La Rate est la Mère du Poumon : le Qi de la Rate fournit le Qi des aliments au Poumon où il se mêle à l’air pour donner le Qi Complexe. Il est courant de rencontrer à la fois un vide du Qi de la Rate et un vide du Qi du Poumon.

Le Poumon est la Mère du Rein : le Qi du Poumon descend et rencontre le Qi du Rein. Le Poumon envoie aussi des liquides au Rein.

Le Rein est la Mère du Foie : le Yin du Rein nourrit le Sang du Foie. Le Rein contrôle les os et le Foie contrôle les tendons ; les os et les tendons sont inséparables.

Pour ce qui est du cycle de Domination, il ne faut pas prendre le terme de « domination » à la lettre dans la mesure où les organes, dans ce cycle, s’aident mutuellement à assurer leurs fonctions plutôt qu’ils ne les entravent. Nous verrons, en fait, que chaque organe aide effectivement les fonctions de l’organe qu’il est censé dominer. Les exemples suivants illustreront cette idée :

Le Foie domine l’Estomac et la Rate : le Foie aide effectivement l’Estomac à mûrir et à décomposer la nourriture et il aide la Rate à transformer et à transporter. C’est seulement lorsque le Foie perd le contrôle des opérations (dans ce cas, on se trouve dans le cycle d’Agression) qu’il peut interférer avec l’Estomac et la Rate et en altérer les fonctions.

Le Cœur domine le Poumon : le Cœur et le Poumon sont en relation étroite car ils sont tous deux situés dans le Réchauffeur Supérieur. Le Cœur gouverne le Sang et le Poumon gouverne le Qi ; le Qi et le Sang s’aident et se nourrissent donc mutuellement.

La Rate domine le Rein : la Rate et le Rein transforment tous deux les Liquides Organiques. L’activité de transformation et de transport de la Rate est essentielle pour la fonction de transformation et d’excrétion du Rein.

Le Poumon domine le Foie : dans ce cas, à la différence des cas précédents, une certaine « domination » du Poumon s’exerce effectivement sur le Foie. Le Poumon fait descendre le Qi, alors que le Foie le fait monter. Si le Qi du Poumon est trop faible et ne peut descendre, le Qi du Foie aura tendance à monter exagérément. Cette situation se rencontre fréquemment en pratique lorsqu’un Vide du Poumon entraîne une montée du Yang du Foie ou une Stagnation du Qi du Foie.

Le Rein domine le Cœur : le Rein et le Cœur s’aident mutuellement. Une bonne communication et une bonne interaction entre le Rein et le Cœur sont indispensables à une bonne santé. Cette relation sera développée ultérieurement, lorsque nous traiterons du cycle Cosmologique.

Cycle Cosmologique

Ce cycle est souvent négligé dans les manuels d’acupuncture occidentaux. Pourtant, c’est un cycle très important et très significatif en pratique clinique, tout comme dans la philosophie de la théorie des Cinq Éléments en général.

Comme nous l’avons noté précédemment, la toute première mention des Cinq Éléments les présente dans l’ordre suivant : l’Eau, le Feu, le Bois, le Métal et la Terre (voir note 12). Si on leur assigne un chiffre, on a 1 pour l’Eau, 2 pour le Feu, 3 pour le Bois, 4 pour le Métal et 5 pour la Terre. Si on ajoute ensuite le chiffre 5, on obtient 6 pour l’Eau, 7 pour le Feu, 8 pour Rein le Bois, 9 pour le Métal et 10 (ou 5) pour la Terre. On ajoute le chiffre 5 car, dans la philosophie chinoise, ce chiffre est associé aux phénomènes terrestres, alors que le chiffre 6 est associé aux phénomènes célestes. Comme la théorie des Cinq Éléments décrit des phénomènes terrestres, on utilise le chiffre 5. Les climats, en revanche, relèvent de phénomènes célestes et sont donc au nombre de 6.

Le cycle Cosmologique est illustré par la Figure 2.11 et par le cadre 2.5.

En pratique clinique, cette représentation a des implications multiples :

Système de correspondances des Cinq Éléments en physiologie

Le système de correspondances entre les Cinq Éléments a de nombreuses implications en physiologie humaine. Dans ce système, chaque Élément englobe de nombreux phénomènes, à la fois dans l’univers et dans le corps humain ; ces phénomènes constituent en quelque sorte ses « attributs ». On pourrait également dire que ces phénomènes « vibrent » selon une fréquence particulière et présentent des caractéristiques précises qui correspondent à un Élément déterminé.

Pour ce qui est des organes, cette théorie présente des points communs avec la théorie des organes (voir ch. 5) dans la mesure où chaque organe est conçu comme une sphère d’influence qui englobe des fonctions et des phénomènes divers qui dépassent le cadre de l’organe même. Il y a, néanmoins, des différences entre la théorie des correspondances des Cinq Éléments et la théorie des organes. Tout d’abord, la théorie des correspondances des Cinq Éléments englobe des phénomènes extérieurs au corps humain, comme les cinq planètes, les cinq céréales, les cinq notes de musique, etc. Deuxièmement, et c’est un point capital, il existe des divergences (ou des différences) énormes entre les deux théories. Par exemple, dans la théorie des Cinq Éléments, le Cœur correspond au Feu, mais dans la théorie des Organes, c’est le Rein qui est la source du Feu dans le corps. Ces divergences seront détaillées prochainement. On verra alors que ces deux conceptions ne sont pas totalement incompatibles.

Le système de correspondances des Cinq Éléments fournit toutefois un modèle clinique complet et utile pour ce qui est des relations entre les organes, entre les différents tissus, entre les organes des sens, etc., de même qu’entre les organes et les divers phénomènes externes comme les climats et les saisons. Pour illustrer cela, nous allons étudier le système de correspondances concernant le Bois et voir ses implications en pratique clinique.

La saison : la saison qui correspond au Bois est le printemps. En pratique, il est très fréquent de voir les déséquilibres du Foie s’aggraver au printemps. Ceci s’explique probablement par le fait que l’énergie du Foie monte et qu’elle est très active : au printemps, le Yang augmente et l’énergie florissante se déploie soudain et se manifeste ; elle peut donc aggraver alors un déséquilibre du Foie et entraîner une montée excessive du Qi du Foie.

La direction : le vent d’Est affecte facilement le Foie. En pratique, certains malades qui souffrent de céphalées chroniques ou de cervicalgies constatent que les céphalées apparaissent principalement lorsque le vent souffle de l’est.

La couleur : la couleur du visage, chez les personnes souffrant d’un déséquilibre du Foie, est souvent verdâtre. Cette caractéristique est souvent utile pour le diagnostic.

Le goût : une quantité raisonnable d’aliments au goût acide est bénéfique pour le Foie ; un excès est préjudiciable. Un excès d’aliments acides peut également être préjudiciable à la Rate et bénéfique pour le Poumon. Nous développerons ces points dans la partie consacrée à l’application de la théorie des Cinq Éléments à la diététique et à la phytothérapie.

Le climat : le vent affecte de façon évidente les personnes qui souffrent d’un déséquilibre du Foie et entraîne souvent l’apparition de céphalées et de cervicalgies.

Les organes des sens : le Foie humidifie et nourrit les yeux.

Les tissus : le Foie humidifie et nourrit également les tendons.

Les émotions : la colère est l’émotion qui correspond au Bois et au Foie. Si l’énergie du Foie est bloquée ou si elle se rebelle et s’élève, la personne est alors prédisposée à des accès de colère.

Les sons : une conséquence directe de ce qui précède est que toute personne souffrant d’un déséquilibre du Foie crie facilement (lors de ses accès de colère).

On pourrait présenter les correspondances concernant les autres Éléments de la même façon. Toutefois, il est important de bien comprendre que le système de correspondances des Cinq Éléments ne représente qu’un des modèles théoriques disponibles, et certainement pas le seul et unique modèle possible. La médecine chinoise s’est développée depuis des milliers d’années et, bien évidemment, diverses théories ont vu le jour en fonction des diverses époques de son histoire. C’est pourquoi le modèle présenté par le système de correspondances des Cinq Éléments peut sembler contredire ou compléter d’autres systèmes disponibles, tout comme les cycles d’Engendrement et de Domination ne font que représenter deux formes de relations possibles entre les Cinq Éléments.

Considérons maintenant quelques exemples de divergences ou de différences entre le modèle des Cinq Éléments et les autres théories de la médecine chinoise.

Le Cœur correspond au Feu Empereur : dans la théorie des Cinq Éléments, le Cœur correspond à ce que l’on appelle le Feu Empereur et il représente l’organe le plus important ; on le nomme parfois l’Empereur. Mais pour ce qui est de la physiologie des Organes Internes, on peut dire que c’est le Rein qui est « l’Empereur » parce qu’il est l’origine du Feu de la Porte de la Vie (Ming Men), la source du Yin et du Yang Originels et qu’il stocke l’Essence (Jing).

Bien évidemment, le Cœur occupe une place privilégiée parmi les Organes Internes dans la mesure où c’est l’organe qui abrite l’Esprit (Shen) ; dans ce contexte, c’est bien le Cœur qui est « l’Empereur ».

Le Feu correspond au Cœur : ceci est peut-être vrai dans la théorie des Cinq Éléments, mais d’un autre point de vue, là encore, le Feu physiologique provient du Rein (Yang) et c’est la Porte de la Vie qui fournit effectivement le Feu au Cœur. Cette théorie est apparue pour la première fois aux chapitres 36 et 39 du « Classique des difficultés » 21 et elle a été reprise par de nombreux praticiens, dont le plus connu est certainement Zhao Xian He, de la dynastie des Ming.

Les yeux correspondent au Bois (et au Foie) : bien qu’en pratique, il soit vrai et important de dire que le Foie humidifie et nourrit les yeux, ce n’est pas le seul organe qui gouverne les yeux et tout problème oculaire ne relève pas forcément du Foie. Par exemple, le Yin du Rein humidifie également les yeux et un certain nombre de problèmes oculaires chroniques sont liés au Rein. Le Cœur est aussi en liaison avec les yeux par l’intermédiaire de son méridien de Communication. Certains problèmes oculaires aigus, comme la conjonctivite, sont souvent sans lien avec un organe particulier, mais sont le simple résultat d’une attaque de Vent-Chaleur externe. De nombreux autres méridiens sont en relation avec les yeux, comme par exemple les méridiens du Poumon, de l’Intestin Grêle, de la Vésicule Biliaire et du Triple Réchauffeur.

La langue est en relation avec le Feu (le Cœur) : ceci est vrai, mais tous les autres organes se reflètent aussi sur la langue, ce qui constitue la base même du diagnostic par l’examen de la langue.

Les oreilles sont en relation avec l’Eau (le Rein) : là encore, il est vrai que l’Essence du Rein nourrit les oreilles, mais tous les problèmes auriculaires ne relèvent pas du Rein. Par exemple, certains problèmes auriculaires aigus, comme une otite moyenne, peuvent être dus à une attaque de Vent-Chaleur externe qui a envahi le méridien de la Vésicule Biliaire.

Les exemples ci-dessus ne sont que des exemples parmi d’autres qui montrent les limites du système de correspondances des Cinq Éléments. Mais la principale limite provient du fait que le système de correspondances des Cinq Éléments est devenu un modèle rigide de relations entre des phénomènes isolés et que, à force de vouloir faire rentrer tous ces phénomènes dans un système de classification en Cinq Éléments, il a parfois fallu avoir recours à des affirmations et des corrélations non évidentes.

Ce qui est encore plus important est que le système de correspondances des Cinq Éléments n’envisage que des corrélations une à une entre les phénomènes, comme par exemple les relations Foie–yeux, Reinoreilles et Rate–muscles. Cette conception peut être utile en pratique clinique, mais l’essence même de la médecine chinoise est de considérer le déséquilibre dans sa totalité et d’inférer un tableau de ses divers signes et symptômes. Dans cette optique, des relations une à une n’ont plus lieu d’être, car un phénomène pourrait être lié à un certain organe dans un tableau précis et à un autre organe dans un autre tableau. Par exemple, si une malade souffre de troubles de la vision accompagnés, en outre, de troubles de la mémoire, de règles peu abondantes, d’engourdissements et de sensations vertigineuses, nous pouvons dire que le Sang du Foie ne nourrit pas les yeux ; ceci confirme la relation entre le Foie et les yeux, exposée dans la théorie des Cinq Éléments. Mais si notre malade présente une sécheresse des yeux, un glaucome et, qui plus est, des douleurs lombaires, des vertiges, des acouphènes, des transpirations nocturnes, nous dirons alors que c’est le Yin du Rein qui n’humidifie pas les yeux. Cette interprétation n’entre plus dans le cadre du modèle de correspondances des Cinq Éléments.

Les Cinq Éléments en pathologie

La théorie des Cinq Éléments fournit un modèle important et utile en pratique clinique pour ce qui est des relations pathologiques entre les organes.

Dans les relations entre les Cinq Éléments, deux cycles ont seulement une application en pathologie : ce sont le cycle d’Agression et le cycle de Contre-domination. Le cycle d’Engendrement peut aussi engendrer des états pathologiques lorsqu’il est lui-même déséquilibré.

La nature essentielle des relations entre les Cinq Éléments est l’équilibre : le cycle d’Engendrement (Engendrement) et le cycle de Domination maintiennent un équilibre dynamique entre les Éléments. Lorsque cet équilibre est perturbé pendant un certain temps, la maladie apparaît.

Cycle d’Engendrement (Production)

Le cycle d’Engendrement peut aussi entraîner des états pathologiques lorsqu’il est déséquilibré. On peut rencontrer les deux cas suivants :

Le Foie (la Mère) affecte le Cœur (le Fils) : cette situation se rencontre lorsque le Foie n’arrive plus à nourrir le Cœur. De façon plus précise, lorsque le Sang du Foie souffre de Vide, cela affecte souvent le Sang du Cœur qui a alors aussi tendance à souffrir de Vide, d’où l’apparition de palpitations et d’insomnies. La Vésicule Biliaire qui affecte le Cœur constitue une autre façon, pour le Bois, d’affecter le Feu. Ceci se situe à un niveau psychologique. La Vésicule Biliaire gouverne la capacité à prendre des décisions, non tant au sens de savoir distinguer et évaluer ce qui est juste ou ce qui est faux, mais au sens d’avoir le courage d’agir une fois la décision prise. Autrement dit, en médecine chinoise, c’est une Vésicule Biliaire forte qui fait un homme courageux.

Cette composante psychologique de la Vésicule Biliaire influence le Cœur car l’Esprit (qui a son logis au Cœur) a besoin de l’appui d’une Vésicule Biliaire forte pour avoir le courage de décider et d’agir. Dans ce sens, une Vésicule Biliaire faible peut affecter l’Esprit (du Cœur) et entraîner une faiblesse émotionnelle, de la timidité et un manque de confiance en soi.

Le Cœur (le Fils) affecte le Foie (la Mère) : si le Sang du Cœur souffre de Vide, cela peut entraîner un Vide de Sang général avec des répercussions sur le Foie, car il a pour fonction de stocker le Sang. On aura alors des règles peu abondantes, voire de l’aménorrhée.

Le Cœur (la Mère) affecte la Rate (le Fils) : l’Esprit du Cœur a besoin de l’appui des facultés mentales et de la capacité de concentration qui sont celles de la Rate. On trouve un autre aspect de cette relation lorsque le Feu du Cœur souffre de Vide et se trouve incapable de réchauffer le Yang de la Rate, ce qui entraîne une sensation de froid et des diarrhées. Enfin, il ne faut pas perdre de vue cependant que le Feu du Cœur, à un niveau physiologique, provient lui-même du Yang du Rein.

La Rate (le Fils) affecte le Cœur (la Mère) : la Rate produit le Qi et le Sang, et le Cœur a besoin d’un apport important de Sang. Si la Rate ne produit pas suffisamment de Sang, le Cœur en souffre et il s’ensuit des palpitations, des insomnies, des pertes de mémoire et une légère dépression.

La Rate (la Mère) affecte le Poumon (le Fils) : si la fonction de transformation et de transport des liquides par la Rate est altérée, on assiste à la formation de Glaires. Les Glaires s’installent souvent dans le Poumon et provoquent de l’essoufflement et de l’asthme.

Le Poumon (le Fils) affecte la rate (la Mère) : le Poumon gouverne le Qi et si le Qi du Poumon souffre de Vide, le Qi de la Rate est affecté et la fatigue apparaît, avec perte de l’appétit et selles molles. En pratique, on trouve souvent un Vide de Qi de la Rate et un Vide de Qi du Poumon simultanés.

Le Poumon (la Mère) affecte le Rein (le Fils) : normalement, le Qi du Poumon descend vers le Rein qui le « maintient vers le bas ». Le Poumon envoie aussi les liquides organiques au Rein. C’est pourquoi, lorsque le Qi du Poumon souffre de vide, le Qi et les liquides ne peuvent plus descendre au Rein et l’on a l’apparition d’un essoufflement (le Rein ne reçoit plus le Qi) et d’une sécheresse au niveau du Rein.

Le Rein (le Fils) affecte le Poumon (la Mère) : si le Yin du Rein souffre de vide, il ne peut pas maintenir le Qi vers le bas, le Qi se rebelle alors et monte, obstruant le Poumon et entraînant de l’essoufflement.

Le Rein (la Mère) affecte le Foie (le Fils) : le Yin du Rein nourrit le Yin du Foie et le Sang du Foie. Si le Yin du Rein souffre de vide, le Yin du Foie et/ou le Sang du Foie souffrent également de vide et on a des acouphènes, des étourdissements, des céphalées et de l’irritabilité. Cette relation est une des plus importantes et des plus fréquentes en pratique clinique.

Le Foie (le Fils) affecte le Rein (la Mère) : le Sang du Foie nourrit et régénère l’Essence du Rein. Si le Sang du Foie souffre d’un vide durable, cela peut entraîner un vide de l’Essence du Rein qui se manifeste par des sensations vertigineuses, des acouphènes, des transpirations nocturnes et des troubles sexuels.

En conclusion, chaque Élément peut être en déséquilibre de quatre façons différentes (Fig. 2.12) :

Les Cinq Éléments et le diagnostic

Le modèle des correspondances des Cinq Éléments est utilisé de façon considérable pour le diagnostic. Les correspondances entre les Éléments, les odeurs, les couleurs, les saveurs et la voix sont les plus usitées. Au chapitre 61 du « Classique des difficultés », il est dit : « Grâce à l’observation, on peut distinguer les cinq couleurs et ainsi identifier la maladie ; grâce à l’écoute, on peut distinguer les cinq sons et ainsi identifier la maladie ; grâce à l’interrogatoire, on peut distinguer les cinq saveurs et ainsi identifier la maladie ». 22

Les couleurs

Observer les couleurs est primordial dans le déroulement du diagnostic par les Cinq Éléments. C’est surtout la couleur du visage qui est observée et la prédominance d’une des cinq couleurs indique un déséquilibre de l’Élément qui lui correspond, que l’on ait affaire à un Vide ou à un Excès.

Ainsi, si le visage est de coloration verte, cela signifie un déséquilibre du Bois qui peut provenir d’un Qi du Foie bloqué.

Un visage rouge indique un déséquilibre du Feu qui peut provenir d’un excès de Feu du Cœur.

Un teint jaune et cireux indique un déséquilibre de la terre qui peut provenir d’un vide de Qi de la Rate.

Une coloration blanche indique un déséquilibre du Métal qui peut provenir d’un vide de Qi du Poumon.

Un teint pourpre foncé, parfois même gris, voire presque noir, indique un déséquilibre de l’Eau qui peut provenir d’un vide de Yin du Rein.

Parfois, le teint montre l’existence d’interactions complexes entre deux Éléments. Par exemple, une personne peut avoir un visage d’un blanc pâle et des pommettes rouges ; ceci montre que le Feu (les pommettes rouges) agresse le Métal (le teint est blanc pâle). Ou bien, on peut avoir un teint jaune avec une nuance verdâtre autour de la bouche ; ceci montre que le Bois (le vert autour de la bouche) agresse la Terre (le teint jaune).

La couleur ne concorde pas toujours avec les manifestations cliniques. Parfois, la couleur du visage peut même être en contradiction avec le tableau des manifestations cliniques. Dans ce cas, la couleur du visage traduit alors la cause sous-jacente du déséquilibre. Par exemple, si un malade présente des symptômes d’insuffisance de l’Élément « Terre » (fatigue, selles molles, manque d’appétit, etc.) accompagnés d’une coloration verdâtre du visage, ceci peut indiquer que la Rate est faible parce que le Foie l’agresse. Inversement, certaines personnes peuvent présenter des symptômes de déséquilibre du Bois (avec des calculs biliaires, par exemple) et un teint jaune. Ceci peut indiquer que la Terre exerce une Contre-domination sur le Bois. Si un malade présente des signes de déséquilibre du Feu (comme des palpitations, un goût amer dans la bouche, des aphtes, des insomnies, signes caractéristiques d’un Feu du Cœur) et qu’il a un teint sombre, cela peut indiquer que l’Eau agresse le Feu. Dans tous les cas, la couleur du visage indique où siège la racine du déséquilibre, alors que les manifestations cliniques traduisent le tableau qui en résulte.

Pour le diagnostic, toutefois, il est bon d’adopter une attitude critique vis-à-vis des correspondances entre les couleurs et les Cinq Éléments plutôt que d’en appliquer les principes de façon mécanique. Les interprétations et les déductions qui découlent de la couleur du visage doivent être prudentes et prendre en compte non seulement la théorie des Cinq Éléments, mais aussi d’autres aspects de la médecine chinoise. Par exemple, un teint jaune signale un déséquilibre de la Terre dans la théorie des Cinq Éléments, mais il peut également indiquer une stagnation d’Humidité. Un teint sombre, presque noir, indique un déséquilibre de l’Eau dans la théorie des Cinq Éléments, mais il peut également signaler des stases de Sang. Un teint blanc indique un déséquilibre du Métal dans la théorie des Cinq Éléments, mais peut également être un signe de Froid (de n’importe quel organe) dans le cadre de la théorie des Huit Principes. Selon la théorie des Cinq Éléments, un teint verdâtre indique un déséquilibre du Bois, mais il peut également signaler des stases de Sang ou une douleur chronique. La théorie des Cinq Éléments nous dit qu’un visage rouge signale un déséquilibre du Feu, mais selon les Huit Principes il sig nale également la présence de Chaleur dans un organe quelconque. Le diagnostic par l’observation et par la couleur du teint est étudié au chapitre 23.

Comme nous l’avons déjà dit, il n’est pas toujours possible, en médecine chinoise, d’opérer des corrélations directes entre deux Éléments sur la base de correspondances une à une. Ce qui importe est le rôle que joue chaque phénomène dans le tableau général. Par exemple, un visage rouge accompagné d’un goût amer dans la bouche, d’insomnies, d’aphtes et de palpitations, indique bien un problème de type Feu (le Cœur), mais un visage rouge accompagné d’une respiration rapide, d’expectorations jaunes et de toux, indique un problème au niveau du Poumon ; un visage rouge accompagné d’irritabilité, d’un goût amer dans la bouche, de céphalées et d’étourdissements, indique, quant à lui, un problème au niveau du Foie.

Le cadre 2.6 résume les correspondances entre les couleurs et les Cinq Éléments.

Les émotions

La relation entre les émotions et les Éléments est importante pour le diagnostic. Une personne qui explose et se met facilement en colère présente généralement un déséquilibre du Bois (qui provient, la plupart du temps, d’une montée du Yang du Foie). Cette émotion peut aussi être plus rentrée et donc moins apparente lorsque la colère est réprimée.

La joie est l’émotion qui est en relation avec le Feu et le Cœur. De toute évidence, la joie n’est pas nocive. En revanche, ce que nous entendons ici par « joie » est un état excessif et permanent d’excitation joyeuse, caractéristique de certaines personnes dans notre société. Un exemple des effets négatifs de cet excès de joie est la crise de migraine qui, parfois, ne se déclenche pas uniquement en cas de mauvaises nouvelles, mais aussi en cas de bonnes nouvelles.

L’excès de réflexion ou de concentration est une « émotion » liée à la Terre. Il faut reconnaître qu’il ne s’agit pas d’une « émotion » au sens où nous l’entendons, mais néanmoins d’une activité mentale liée à la Rate. 23 La sollicitation excessive de nos facultés intellectuelles ou des études intensives peuvent conduire à un vide de la Rate.

Le chagrin et la peine sont les émotions liées au Métal et, en pratique, il existe une relation directe entre ces émotions et l’état du Poumon. Le Qi du Poumon est très facilement affecté par le chagrin et la tristesse (tout comme par l’inquiétude), et ces émotions entraînent un vide de Qi du Poumon.

La peur est en relation avec l’Eau et, là encore, cette émotion a des répercussions directes sur le Rein et la Vessie. Un vide de Rein engendre souvent de l’anxiété et de la peur.

Les correspondances entre les émotions et les Cinq Éléments sont résumées dans le cadre 2.9.

Les saveurs

La relation qui existe entre les saveurs et les Cinq Éléments constitue un aspect relativement mineur du diagnostic chinois. Les différentes saveurs sont : acide pour le Bois, amère pour le Feu, sucrée pour la Terre, piquante pour le Métal et salée pour l’Eau.

On trouve souvent la saveur acide dans les déséquilibres du Foie ; la saveur amère fait partie intégrante des tableaux du Feu du Cœur ; la saveur sucrée indique souvent un vide de Rate ; la saveur piquante accompagne parfois les déséquilibres du Poumon ; enfin, la saveur salée est quelquefois liée à un vide de Rein.

Tout comme pour les couleurs, les correspondances des saveurs sont quelque peu limitées. Par exemple, c’est dans les déséquilibres de l’Estomac que l’on rencontre le plus fréquemment la saveur acide ; de la même façon, c’est dans les déséquilibres du Foie, comme le Feu du Foie, que l’on rencontre la saveur amère ; la saveur sucrée peut aussi signaler une accumulation d’Humidité.

À côté de cela, on trouve aussi d’autres types de saveurs que les malades décrivent souvent, mais qui ne figurent pas dans cette description. Par exemple, une saveur « fade » traduit souvent un vide de Rate et une saveur « collante » indique une accumulation d’Humidité. Les patients parlent souvent d’un goût « métallique » ; d’après moi, ce serait une erreur d’assigner systématiquement ce goût à l’Élément Métal, car j’estime qu’il correspond à ce que les Chinois nomment un goût « collant ».

Les correspondances entre les saveurs et les Cinq Éléments sont résumées dans le cadre 2.10.

Les Cinq Éléments et le traitement par acupuncture

Pour ce qui est du traitement, la théorie des Cinq Éléments est utilisée de plusieurs façons qui peuvent se résumer en deux rubriques :

Il ne s’agit pas de deux visions différentes de la théorie des Cinq Éléments, mais seulement d’une façon pratique d’en aborder l’application, tout en se souvenant que ces deux conceptions sont bien souvent utilisées conjointement.

Traitement en fonction des cycles

Lorsqu’on veut traiter un Élément particulier, il est indispensable d’avoir à l’esprit les diverses relations qu’il entretient avec les autres Éléments dans les cycles d’Engendrement, de Domination, d’Agression, de Contre-domination, ainsi que dans le cycle Cosmologique. Prenons l’exemple du Bois ; les quatre autres Éléments pourraient être étudiés selon les mêmes principes.

Si l’Élément Bois est en déséquilibre, il faut d’abord se demander, d’une part, si ce déséquilibre provient d’un autre Élément et, d’autre part, s’il entraîne lui-même le déséquilibre d’un autre Élément. Par exemple, si on a un vide de Foie et que le malade présente plusieurs signes et symptômes de vide de Sang du Foie, il faut toujours commencer par se demander si c’est l’Élément Mère (l’Eau) qui est impliqué et qui n’arrive plus à nourrir le Bois. Par ailleurs, il faut se demander également si le Bois n’est pas faible parce qu’il est agressé par le Métal, ou parce que le Feu (le Fils) épuise le Bois (la Mère), ou même parce qu’il est attaqué et dominé par la Terre. Il faut aussi penser à s’assurer que le vide de Foie n’a pas affecté l’Élément Fils, c’est-à-dire le Cœur (Fig. 2.13).

Si le Foie présente une pathologie de type Plénitude et que le malade, par exemple, montre des signes et symptômes de stagnation de Qi du Foie ou de Feu du Foie, il faut s’assurer que cette plénitude n’est pas due au fait que le Métal n’est plus assez fort pour contrôler le Bois, ce qui est souvent le cas dans les faiblesses chroniques constitutionnelles du Poumon. En outre, il faut aussi s’assurer que le Bois en excès n’a pas commencé à affecter d’autres Éléments. Par exemple, lorsque le Bois est en excès, il agresse volontiers la Terre. « Le Bois envahit la Terre » est une pathologie que l’on rencontre très fréquemment en pratique. Si le Bois est en excès, il peut aussi trop exiger de l’Élément Mère, c’est-à-dire l’Eau (Fig. 2.14).

Il faut bien avoir toutes ces relations à l’esprit lorsqu’on élabore un traitement. Ainsi, si le Foie est faible parce que l’Eau, l’Élément Mère, ne le nourrit pas, il faut tonifier le Rein aussi bien que le Foie. Si le Foie est faible parce qu’il est agressé par le Métal, le traitement adéquat consiste à calmer le Poumon. Si le Foie est faible parce que le Coeur (le Fils) l’épuise, il faut calmer le Coeur. Si le Foie est faible parce qu’il est attaqué et dominé par la Rate, le but du traitement est de calmer la Rate.

Si le vide de Foie affecte son Fils, on doit tonifier le Coeur en même temps que le Foie.

Si le Foie est en plénitude parce que le Métal ne le domine pas, il faut tonifier le Métal (le Poumon) tout en calmant le Foie. Si la plénitude du Foie affecte et affaiblit la Terre, c’est la Rate qu’il faut alors tonifier. Si la plénitude du Foie épuise l’Élément Mère, il faut aussi tonifier le Rein.

Au chapitre 77 du « Classique des difficultés », il est dit que « Si le Foie est malade, il peut envahir la Rate ; il faut donc commencer par tonifier la Rate ». 24

Traitement selon les cinq points Shu

Ce sujet sera traité en détail dans le chapitre 37 et nous ne l’aborderons donc que brièvement ici.

Les cinq points Shu sont des points situés entre les doigts et le coude, et entre les orteils et le genou. Chacun de ces points est lié à un Élément, selon l’ordre du cycle d’Engendrement, en commençant par le Bois pour les méridiens Yin et le Métal pour les méridiens Yang. Ces correspondances ont été mentionnées pour la première fois au chapitre 64 du « Classique des difficultés ». 25 Au chapitre 69, il est écrit : « En cas de Vide, il faut tonifier la Mère, et en cas de Plénitude, il faut calmer le Fils ». 26

Autrement dit, en cas de vide d’un organe, on peut choisir le point de son méridien qui est en relation avec l’Élément Mère. Par exemple, dans un cas de vide du méridien du Foie, on peut choisir le point du méridien du Foie qui est en relation avec son Élément Mère, l’Eau, c’est-à-dire F-8 Ququan (Fig. 2.15).

En cas de plénitude d’un organe, on peut choisir le point de son méridien qui est en relation avec l’Élément Fils. Par exemple, dans un cas de plénitude du méridien du Foie, on peut choisir le point du méridien du Foie qui est en relation avec son Élément Fils, le Feu, c’est-à-dire F-2 Xingjian (Fig. 2.16).

Une autre façon d’utiliser ces points pour le traitement, selon la théorie des Cinq Éléments, consiste à s’en servir pour chasser les facteurs pathogènes. Étant donné que le Bois correspond au Vent, le Feu à la Chaleur, la Terre à l’Humidité, le Métal à la Sécheresse et l’Eau au Froid, on peut utiliser les points des Éléments (généralement en dispersion) pour chasser le facteur pathogène en cause. Ainsi, on utilisera un point Bois pour soumettre le Vent, un point Feu pour éliminer la Chaleur, un point Terre pour résorber l’Humidité, etc.

Les Cinq Éléments, la phytothérapie et la diététique

La diététique constitue une partie importante de la médecine chinoise et nous en mentionnerons brièvement quelques principes ici car elle a été partiellement conçue à partie de la théorie des Cinq Éléments. Les principes qui sous-tendent le traitement par la diététique sont très proches de ceux que l’on retrouve en phytothérapie. C’est pourquoi nous ne les dissocierons pas.

Chaque aliment et chaque plante ont une saveur spécifique qui est rattachée à un Élément particulier. Les cinq saveurs sont : l’acide pour le Bois, l’amer pour le Feu, le sucré pour la Terre, le piquant pour le Métal et le salé pour l’Eau. Tous les aliments et toutes les plantes sont classés selon ces saveurs. La « saveur » d’un aliment ou d’une plante ne correspond pas toujours à son goût réel. Par exemple, le mouton est classé dans les aliments « amers », tout comme la pomme. La « saveur » d’un aliment ou d’une plante correspond donc plus à ses qualités intrinsèques qu’à son goût effectif, bien que, dans la majorité des cas, les deux coïncident.

Chaque saveur ayant un effet précis sur le corps est décrite ci-dessous :

Il faut donc prendre certaines précautions lorsqu’on choisit ses aliments car si certains aliments sont consommés de façon régulière pendant trop longtemps, ils auront une influence profonde et durable sur les fonctions du corps. Les mêmes précautions s’appliquent si un traitement par la phytothérapie est suivi pendant longtemps.

La saveur acide va aux nerfs et peut perturber le Foie, aussi faut-il l’utiliser avec parcimonie lorsqu’un malade présente des douleurs chroniques.

La saveur amère va aux os et il faut donc éviter les excès en cas de maladie osseuse.

La saveur sucrée va aux muscles et prise en quantité excessive, elle peut provoquer une faiblesse musculaire.

La saveur piquante disperse le Qi et doit être proscrite en cas de vide de Qi.

La saveur salée peut assécher le Sang et doit être proscrite en cas de vide de Sang.

Le chapitre 56 de L’axe spirituel traite des effets des cinq saveurs. On y lit :

C’est pourquoi, lorsqu’un organe est perturbé, il faut éviter la saveur qui correspond à l’Élément qui domine cet organe dans le cycle de Domination. Par exemple, le goût salé se rattache à l’Eau, l’Eau agresse le Feu et donc un excès de sel peut léser le Coeur (ce qui, de façon intéressante, correspond à la vision que la médecine occidentale a de la consommation excessive de sel). De la même façon, le goût acide se rattache au Bois et une consommation excessive d’aliments acides peut donc léser la Terre (Fig. 2.17).

Inversement, chaque organe est nourri par la saveur de l’Élément qu’il domine. Par exemple, le Bois (le Foie) domine la Terre, le goût sucré est la saveur qui correspond à la Terre, c’est pourquoi les aliments et les plantes qui ont un goût sucré ont des effets bénéfiques sur le Foie (Fig. 2.18).

LECTURES COMPLÉMENTAIRES

1. Needham J 1977 Science and Civilization in China, vol. 2, p. 244.

2. Lamanna, E.P. 1967 Storia della Filosofia, Le Monnier, Florence, vol. 1, p. 220-221.

3. Science and Civilization in China, p. 242.

4. Fung Yu-Lan 1966 A Short History of Chinese Philosophy, MacmilIan, New-York, p. 131. New-York, p. 343-354.

5. Science and Civilization in China, p. 266.

6. Kaptchuk, T. 1983 The Web that has no Weaver, Congdon & Weed, New-York, p. 343-354.

7. Science and Civilization in China, p. 232-242.

8. Gu He Dao 1979 History of Chinese Medicine (Zhong Guo Yi Xue Shi Lueimage), Shanxi People’s Publishing House, Taiyuan, p. 29.

9. History of Chinese Medicine, p. 29.

10. Great Transmission of the Valued Book (Shang Shu Da Chuanimage), cité dans History of Chinese Medicine, p. 29.

11. Lloyd G, Chadwick J, Mann W 1983 Hippocratic Writings, Penguin Books, p. 237.

12. Shang Shu (environ 659-627 AEC), cité en 1975 dans Practical Chinese Medicine (Shi Yong Zhong Yi Xueimage), Beijing Publishing House, Beijing, p.32. Cet ouvrage daterait, pour certains, du début de la dynastie des Zhou (donc aux alentours de 1000 ans AEC), mais pour la plupart, il aurait été écrit entre 659 et 627 AEC.

13. Science and Civilization in China, p. 238.

14. Practical Chinese Medicine, p. 32.

16. Zhang Jie Bin 1982 Classique des catégories (Lei Jingimage), People’s Health Publishing House, Beijing, p. 46. (La première édition date de 1624).

17. Zhang Zhong Jing 1981 Discussions sur les Prescriptions du Coffret d’Or (Jin Gui Yao Lue Fang Lunimage), Zhejiang Scientific Publishing House, p. l. (La première édition date d’environ 220).

18. Voir note 7 ci-dessus.

19. Science and Civilization in China, vol 2, p. 258-259.

20. 1979 Le Classique de médecine interne de l’Empereur Jaune Questions simples (Huang Ti Nei Jing Su Wen (image), People’s Health Publishing House, Beijing, première publication aux environs de 100, p. 22 à 38.

21. Collège de médecine traditionnelle chinoise de Nanjing 1979 Une nouvelle explication revue et corrigée du Classique des difficultés (Nan Jing Jiao Shiimage). People’s Health Publishing House, p. 90 et 95.

22. Classique des difficultés, p. l34.

23. Il est difficile de comprendre comment le terme chinois « Si » image, qui est « l’émotion » liée à la Terre et qui signifie « penser » ou « réflexion », a pu être traduit par « compassion » dans plusieurs livres d’acupuncture occidentaux.

24. Classique des difficultés, p. 163.

25. Ibid., p. 139.

26. Ibid., p. 151.

27. 1981 L’axe spirituel, People’s Health Publishing House, Beijing, p. 104 (première publication environ 100 AEC).