NOTES

Notes de l’introduction, « Pour éviter ce qui est fort, frapper ce qui est faible »

1- Sun Tzu ou bien encore Sun Zi ou Sun Tse. Je m’en suis tenu bien évidemment à la graphie adoptée par l’auteur, qui tend à s’imposer aujourd’hui. Il existe en français deux traductions récentes de Sun Tzu, accompagnées l’une et l’autre de commentaires : Sun Zi, L’Art de la guerre, trad. et édit. critique par Valérie Niquet-Cabestan, Economica, 1988, et Sun Tzu, L’Art de la guerre, trad. et commentaires de Jean Lévi, Hachette, coll. « Pluriel », 2002. L’auteur, comme il l’explique un peu plus loin (voir note 5), se réfère à la traduction anglaise donnée par Ralph D. Sawyer dans The Seven Military Classics of Ancient China (« Les Sept Traités militaires classiques de la Chine ancienne »), New York, Basic Books, 1993. C’est à cette traduction – qui diffère sur plusieurs points des deux traductions françaises que je viens de citer, lesquelles sont loin du reste d’être toujours d’accord entre elles – que je me suis moi-même référé. (N.D.T.)

2- On ignore si Sun Tzu a réellement existé. L’Art de la guerre, ce court traité en treize chapitres ou articles attribué à Sun Tzu (ce qui signifie « maître Sun »), peut très bien avoir évolué au fil du temps à partir de notes prises par les auditeurs d’un ou de plusieurs stratèges inconnus pendant la période dite des Royaumes combattants, entre le Ve siècle et la fin du IIIe siècle avant J.-C. Certains spécialistes ont soutenu que l’œuvre avait été fortement réécrite, si ce n’est entièrement élaborée, plusieurs siècles après l’existence présumée de Sun Tzu (aux alentours de 400 avant J.-C.). Mais dans les années 1970 des copies du livre sur des lattes de bambou ont été exhumées sur deux sites archéologiques très éloignés l’un de l’autre, dans les provinces du Shandong et du Qinghai. Les textes dataient de la première dynastie des Han, l’un d’entre eux remontant jusqu’au IIe siècle avant J.-C., et ils étaient très proches de la version traditionnelle. Jean Lévi a pu écrire, dans sa traduction de Sun Tzu (op. cit., p. 16), que le texte final est probablement « le produit d’un long processus de sédimentation de réflexions stratégiques qui se cristallisa sous forme d’un manuel dans la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. ».

Notes du chapitre premier, « Saratoga, 1777 »

8- Ce sont les deux premières phrases du chapitre 1 de L’Art de la guerre de Sun Tzu : « La guerre est la plus grande affaire des nations, le terrain sur lequel se jouent la vie et la mort, la voie qui mène à la survie ou à la disparition. Elle doit faire l’objet d’une étude approfondie. »

9- « Pour avancer sans être arrêté, il faut se précipiter dans les vides. » Voir Sawyer, op. cit., p. 167.

10- Stratégiquement, un blocus aurait considérablement gêné les Américains. Ils dépendaient de leurs échanges commerciaux avec la métropole : ressources agricoles, forestières, minières dans un sens, produits manufacturés dans l’autre, des produits dont la Grande-Bretagne avait interdit ou fortement déconseillé à ses colonies la fabrication pour leur propre compte. Les Américains exportaient du tabac, des céréales, du poisson, des barres de fer, du bois, de l’indigo, de la poix, du goudron, des bateaux à voiles, du rhum ; ils importaient du sucre, de la mélasse, du café, du thé, des épices, et beaucoup d’autres biens de consommation. Avec le temps, les restrictions économiques auraient diminué l’influence des patriotes et augmenté celle des loyalistes en poussant les colonies à trouver un compromis avec la Grande-Bretagne. En 1759, la Nouvelle-Angleterre expédia en Grande-Bretagne pour 38 000 livres de marchandises, et en reçut pour 600 000 livres.

11- Une flottille installée à Portsmouth aurait pu bloquer tous les accès aux ports situés sur la baie de Chesapeake. Il n’aurait pas été nécessaire de s’emparer de Philadelphie ni de Wilmington, dans le Delaware. Ces ports auraient pu être bloqués par des navires de guerre stationnant à l’extrémité nord de la baie du Delaware.

13- Ibid., p. 156.

14- Pour une analyse des idées de Sun Tzu sur le sujet, on se reportera aux commentaires de Sawyer, op. cit., p. 155-56. Sun Tzu enjoint aux chefs militaires d’identifier les éléments existants qui peuvent être exploités, de se créer des occasions, mais de ne surtout pas dépendre d’occasions qui se présenteraient d’elles-mêmes ni de s’en remettre à la chance ou au hasard.

15- Les armées européennes du XVIIIe siècle étaient composées pour une bonne part de mercenaires issus des bas-fonds de la société, et qui subissaient un entraînement intensif. Les guerres opposaient le plus souvent des rois entre eux et avaient pour but de régler des conflits dynastiques. Il était peu question de loyauté envers son pays. Ce n’était pas le patriotisme qui motivait les combattants. Il y avait peu d’honnêtes gens pour vouloir s’exposer à la discipline féroce et aux châtiments cruels du service militaire. Les soldats apprenaient à craindre leurs officiers plus que l’ennemi. Il leur était interdit de se mêler aux civils, de peur qu’ils ne les terrorisent ou n’aient l’idée de déserter. En temps de paix, ils étaient consignés dans leurs baraquements. Ils étaient bien nourris et bien vêtus, mais ne disposaient que de peu de liberté. En campagne, il leur était interdit de fourrager ; ils étaient ravitaillés grâce à des dépôts nommés magasins. Une armée européenne était censée emporter avec elle des rations pour dix-huit jours. Le soldat lui-même avait avec lui pour trois jours de pain ; le chariot de boulangerie qui suivait chaque compagnie en avait pour six, et les voitures de l’intendance transportaient de la farine pour neuf (voir Hans Delbrück, The Dawn of Modern Warfare. History of the Art of War, « Aux origines de la guerre moderne. Une histoire de l’art de la guerre », University of Nebraska Press, 1985, vol. 4, p. 409). En fait, les armées limitaient généralement leurs déplacements à une semaine, étant donné que de nouveaux magasins devaient être aménagés dès lors qu’une armée se retrouvait en territoire ennemi. Les soldats coûtaient cher, et les généraux cherchaient d’habitude à éviter l’affrontement. Bien des campagnes visaient à obtenir le retrait de l’ennemi grâce à des manœuvres mettant en péril sa ligne de ravitaillement, mais dès que la bataille s’engageait, c’était avec fureur et ténacité, et le plus souvent sous forme d’assauts directs, tête en avant. Les pertes pouvaient être énormes. Durant la guerre de Sept Ans, par exemple, dans chacune des quatre batailles où furent impliqués les Prussiens (Prague en 1757, Zorndorf en 1758, Kunersdorf en 1759 et Torgau en 1760), il y eut plus de tués que dans tous les affrontements auxquels donnera lieu la Révolution française, campagne d’Italie comprise, c’est-à-dire jusqu’en 1797 (voir Delbrück, ibid., p. 402). En Angleterre, le duc de Marlborough joua un rôle essentiel dans la définition de la nouvelle tactique offensive qui caractérisa les batailles du XVIIIe siècle. Cette nouvelle tactique était rendue possible par l’apparition du mousquet à silex, plus fiable que l’ancien mousquet à mèche, et par l’adoption généralisée de la baïonnette à douille dans les dernières années du XVIIe siècle. On déclenchait d’ordinaire le tir à très courte distance – de trente à cinquante pas – et, sous le couvert de la fumée provoquée par les décharges, on se lançait vers l’avant à la baïonnette. La tactique de Marlborough consistait à fixer l’ennemi par des attaques d’infanterie répétées, puis à briser sa résistance par un assaut brutal de cavalerie, à l’épée ou au sabre uniquement. Un cavalier n’avait droit qu’à trois tirs de pistolet ou de mousquet pour toute une campagne, et ces tirs ne devaient pas être effectués au combat, mais pour protéger les chevaux pendant qu’ils paissaient. La nouvelle tactique était dévastatrice tant pour les attaquants que pour les défenseurs. Les pertes les plus effrayantes se produisaient lorsque l’un des deux camps cédait sous la violence de l’attaque et se dispersait en désordre. Dans de tels cas, des régiments entiers, voire toute une aile de l’armée qui faisait retraite, étaient anéantis ou forcés de se rendre. La bataille de Blenheim en Bavière, le 13 août 1704, est un bon exemple du prix extrêmement élevé dont se payait l’affrontement, dès lors que les généraux décidaient de l’engager. Marlborough, qui commandait une armée où Hollandais, Allemands et Autrichiens étaient venus s’allier aux Anglais, rencontra sur les rives du Danube une armée française et bavaroise supérieure en nombre. Il envoya de l’infanterie bloquer les garnisons ennemies qui s’étaient installées dans deux villages. Ses soldats subirent d’énormes pertes dans cette action. Le sort de la bataille bascula lorsque le commandant anglais lança une attaque frontale d’infanterie, suivie d’une charge de cavalerie, contre la ligne qu’avaient formée les Français entre les deux villages. L’attaque et la percée furent décisives. Les 7 000 soldats environ qui composaient les neuf bataillons français tenant cette ligne furent exterminés jusqu’au dernier. Les Français et les Bavarois perdirent 38 000 hommes, soit plus de la moitié de leur armée. On compta chez les Alliés 4 500 tués et 7 500 blessés, soit près d’un quart de leurs forces. Voir J.F.C. Fuller, A Military History of the Western World (« Une histoire militaire du monde occidental », New York, Funks and Wagnalls, 1954-1957, New York, Da Capo Press, n.d., vol. 2, p. 127-55).

16- Sawyer, op. cit., p. 162.

17- Stratégiquement, c’était un excellent plan. Du point de vue politique, la Nouvelle-Angleterre constituait la région la plus importante de l’Amérique coloniale et le centre de pilotage de la Révolution. Avec l’État de New York, elle était la plus facile à envahir parce que le Canada pouvait être utilisé comme base d’opérations. En outre, les Britanniques étaient déjà maîtres de New York et en avaient fait le principal centre de pouvoir. Si l’on arrivait à mettre un terme à la rébellion en Nouvelle-Angleterre et dans l’État de New York – ce que l’armée anglaise était capable de réussir – les généraux britanniques pensaient que les colonies du centre et du Sud pourraient être ramenées peu à peu à la raison.

18- Sawyer, op. cit., p. 177.

19- Voir Fuller, op. cit., vol. 2, p. 161-86.

20- Richard M. Ketchum, Saratoga : Turning Point of America’s Revolutionary War (« Saratoga : le tournant de la guerre d’Indépendance américaine »), New York, Henry Holt, 1997, 1999, p. 86-87.

21- Ibid., p. 104-5 et 260-61. Quand Howe reçut la lettre de Germain, il était déjà parti pour s’emparer de Philadelphie. Il répondit à son correspondant le 30 août 1777 pour lui dire qu’il était trop tard pour qu’il puisse collaborer à la campagne de Burgoyne.

22- Sawyer, op. cit., p. 169.

23- Ketchum, op. cit., p. 283.

24- Ibid., p. 161.

25- Ibid., p. 158.

28- Howe avait divisé son armée : quelques éléments devaient s’emparer d’un fort (Billingsport) situé en bordure de la rivière, non loin de Chester, d’autres escorter vers le nord des approvisionnements en provenance du port de Head of Elk. Il maintenait dans le même temps un important détachement dans Philadelphie. Ce qui lui restait de troupes, environ 9 000 hommes, campait à Germantown. Le général Washington conçut un plan d’attaque consistant à faire marcher les troupes américaines sur Germantown, au sud, par quatre routes. Les milices du Maryland et du New Jersey emprunteraient la plus à l’est de ces routes, et les milices de Pennsylvanie celle de l’ouest, encore appelée Manatawny Road, près de la rivière Schuulkill. Trois divisions, sous les ordres de Nathanael Greene, descendraient Limekiln Road et viendraient attaquer le flanc droit, c’est-à-dire est, des Britanniques. La colonne de John Sullivan, composée de trois brigades, devait se diriger directement sur Germantown par la Skippack Road, suivie par la division de William Alexander. L’assaut principal serait donné par les trois brigades de Sullivan. Elles firent reculer les Anglais sur trois kilomètres, mais, ne recevant pas d’aide venant de l’est parce que Greene tardait à arriver, Sullivan fut forcé de déployer la brigade d’Anthony Wayne dans cette direction. Le général américain Adam Stephen, qui conduisait ses hommes vers l’ouest en se repérant au son des armes, tomba sur les hommes de Wayne et commença à tirer sur eux. Croyant que les Britanniques étaient sur le point de les prendre en enfilade, les hommes de Wayne s’enfuirent, semant la panique dans les autres unités de Sullivan et entraînant l’échec de toute l’opération. Le plan de Washington était trop sophistiqué pour des officiers insuffisamment expérimentés, et bon nombre de soldats américains étaient peu aguerris et enclins à paniquer. Howe, comprenant l’erreur qu’il avait commise en divisant ses troupes, abandonna Germantown et ramena son armée à Philadelphie.

29- L’Espagne déclara la guerre à la Grande-Bretagne un an plus tard, le 21 juin 1779, mais refusa de reconnaître l’indépendance américaine. Le 20 décembre 1780, la Grande-Bretagne déclara la guerre aux Pays-Bas en raison du commerce clandestin auquel les Hollandais se livraient avec les États américains.

Notes du chapitre II, « Napoléon à Waterloo, 1815 »

32- Alexander Bevin, How the South Could Have Won (« Comment le Sud aurait pu l’emporter »), New York, Crown, 2007, p. 157.

33- Hans Delbrück, op. cit., p. 434.

34- Sun Tzu recommande d’éviter toute action qui ne serait pas fondée sur une analyse détaillée de la situation et une étude des différentes options qui se présentent, lesquelles doivent prendre en compte les capacités dont on dispose soi-même. C’est pourquoi il faut se garder de laisser les préjugés et la colère influer sur ses décisions. Il faut se créer ses propres occasions, et non pas les laisser se présenter d’elles-mêmes. Voir R.D. Sawyer, op. cit., p. 154-55.

35- Napoléon doit beaucoup aux théoriciens militaires français qui l’ont précédé. Les plus importants d’entre eux sont Pierre-Joseph de Bourcet (1700-1780), Jacques-Antoine Hippolyte, comte de Guibert (1743-1790), Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval (1715-1789) et Jean, chevalier du Teil de Beaumont (1733-1820). On doit à Bourcet l’idée du « plan à branches » : il s’agit de diviser une armée en plusieurs colonnes distinctes marchant sur des cibles différentes. Comme il est impossible pour un ennemi d’être partout en position de force, on peut arriver à lui faire croire, en procédant de la sorte, que le principal contingent se dirige sur un endroit différent de celui auquel il s’attend. L’ennemi va alors se sentir obligé d’abandonner ses plans et de disperser ses troupes, de manière à pouvoir faire face aux nouvelles menaces. Il pourrait être tenté aussi de se concentrer sur un point et d’affaiblir ainsi ses autres positions. En suivant la démarche préconisée par Bourcet, un chef pouvait atteindre au moins l’un de ses objectifs. Mais le théoricien insistait sur la nécessité pour les colonnes de rester suffisamment proches, de façon à ce que deux d’entre elles ou plus puissent se rejoindre pour s’emparer d’une position que la division opérée par l’ennemi entre ses forces avait fragilisée. On retrouve les mêmes idées chez Guibert, mais avec un souci plus grand encore de mobilité ; Guibert entendait également mettre un terme au système des fournisseurs privés, qui s’engageaient par contrat à ravitailler les troupes en campagne à partir de magasins ou de bases situés à l’arrière. Il voulait que les officiers apprennent à organiser eux-mêmes l’approvisionnement, et que l’armée s’occupe de trouver sa subsistance chez l’ennemi aux dépens de ce dernier. Le genre de soldat capable de se comporter ainsi n’existait pas dans les armées de mercenaires du XVIIIe siècle. Il fallut attendre les armées, composées pour l’essentiel de volontaires, qui virent le jour avec la Révolution française. On pouvait leur faire confiance pour aller fourrager et ne pas déserter à la moindre occasion. Guibert envisageait aussi de réduire le poids des canons de manière à accroître leur mobilité. Son idée était de pouvoir opérer une rapide concentration d’artillerie sur un point donné de la ligne adverse, afin de créer des brèches permettant de la traverser et de faire ainsi la décision. Au bout du compte, Guibert recommandait de ne jamais attaquer un ennemi de front, mais de chercher immédiatement à le tourner ou à le prendre de flanc. C’était une façon d’obliger l’ennemi à bouger et d’en finir avec la guerre statique qui était d’usage à l’époque. Quant à Gribeauval, il insista, comme Guibert, sur la nécessité de réduire considérablement le poids de l’artillerie de campagne. Du Teil, enfin, mit au point des canons légers à âme lisse, tirés par des chevaux, qui pouvaient progresser au même rythme que la troupe. Son objectif était de pouvoir regrouper un grand nombre de canons sur un point faible de la ligne ennemie, dans le même but, ici encore, que chez Guibert. En 1788-1789, Napoléon, qui n’avait que dix-neuf ans, fut chargé de commander un peloton de démonstration à l’école d’application d’artillerie d’Auxonne, où étaient expérimentées les nouvelles théories de du Teil. C’est là, à la fois par la pratique et par la lecture, que se forgèrent les bases de sa pensée militaire. Voir Bevin Alexander, How Great Generals Win (« Comment les grands généraux l’emportent »), New York, W. W. Norton, 1993, p. 97-100.

36- Theodore Ayrault Dodge, Great Captains (« Les Grands Capitaines »), Boston, Houghton Mifflin, 1889, et Whitefish, Kessinger publishing, n. d., p. 197 ; J.F.C. Fuller, The Conduct of War, op. cit., p. 48-49.

37- J.F.C., ibid., p. 48-51.

41- Ibid., p. 54.

43- R.D. Sawyer, op. cit., p. 156. Sun Tzu ne mentionne pas la position centrale en tant que telle, mais elle figure implicitement parmi les différentes possibilités auxquelles il faut recourir, selon lui, pour mettre une armée dans une position tactiquement avantageuse, se concentrer sur des cibles précises, exploiter le terrain et atteindre définitivement l’objectif.

44- Ibid., p. 161, 163. Sun Tzu dit qu’il ne faut affronter l’ennemi que si l’on dispose de forces supérieures ou au moins égales. Sinon, il faut se replier. « Une petite armée qui ne veut pas céder sera soumise par une grande. » Sun Tzu dit aussi que l’on ne peut pas rendre l’ennemi vulnérable, mais que l’on peut se rendre soi-même invulnérable. « Être invulnérable dépend de soi, être vulnérable dépend de l’ennemi. » On peut être invulnérable avec des forces inférieures ou avec des forces supérieures. Si c’est avec des forces inférieures, il convient de se retirer et de chercher une autre approche ; si c’est avec des forces supérieures, on peut envisager la victoire, mais celle-ci dépendra en réalité de ce que l’ennemi fera. Ce qui signifie que l’on remporte la victoire en recourant à la ruse et en adoptant une stratégie originale, et non pas simplement parce que l’on dispose d’une plus grande armée. De petites armées peuvent l’emporter sur de grandes, grâce à des manœuvres stratégiques ou tactiques qui leur confèrent la supériorité dans des moments critiques, même si elles sont globalement plus faibles.

46- R.D. Sawyer, op. cit., p. 169.

47- L’idée apparaît chez Sun Tzu dans le passage suivant : « Le mieux, à la guerre, est de s’attaquer aux plans de l’ennemi, puis de s’attaquer à ses alliances, puis de s’attaquer à ses armées, et le pire est de s’attaquer à ses villes fortifiées [ce qui s’applique plus généralement à toute position lourdement fortifiée]. » Découvrir les plans de l’ennemi revient à comprendre sa stratégie.

49- Ibid., p. 510.

53- Ibid., p. 519-20.

54- Ibid., p. 521.

56- R.D. Sawyer, op. cit., p. 164-165.

57- Ibid., p. 168, 170.

58- Ibid., p. 159.

59- Ibid., p. 157.

60- J.F.C. Fuller, A Military History, op. cit., vol. 2, p. 532.

61- Ibid., p. 530.

62- Ibid., p. 537-38.

Notes du chapitre III, « La guerre de Sécession : les campagnes de 1862 »

63- Sun Tzu formule ainsi ce concept : « Si l’on me demande : “Lorsqu’un ennemi nombreux et en bon ordre s’approche, que doit-on faire ?”, je réponds : “D’abord s’emparer de ce à quoi il tient, et alors il vous écoutera”. » Deux autres de ses recommandations se rattachent à la même idée : « Si l’ennemi ouvre la porte, s’y engouffrer aussitôt » ; « Attaquer ce qu’il considère comme primordial ». Voir R.D. Sawyer, op. cit., p. 179 et p. 183.

64- Le récit des campagnes de 1862 est tiré pour l’essentiel de Bevin Alexander : Lost Victories : The Military Genius of Stonewall Jackson (« Victoires perdues : le génie militaire de Stonewall Jackson »), New York, Henry Holt, 1992 ; Robert E. Lee’s Civil War (« La Guerre de Sécession de Robert E. Lee »), Holbrook, Adams Media, 1998 ; How the South Could Have Won the Civil War : The Fatal Errors That Led to Confederate Defeat (« Comment le Sud aurait pu gagner la guerre de Sécession : les erreurs fatales qui conduisirent les Confédérés à la défaite »), New York, Crown, 2007.

65- Il ne vint jamais à l’esprit du général McClellan qu’il aurait fallu défier l’armée confédérée implantée près de Fairfax en lançant contre elle une offensive d’envergure. Cela aurait fixé sur place cette armée et l’aurait empêchée de venir gêner la grande opération décidée par l’Union, à savoir la traversée jusqu’à Fort Monroe et la remontée de la péninsule jusqu’à Richmond. Un choc frontal avec l’Union aurait constitué ce que Sun Tzu appelle un zheng, c’est-à-dire un mouvement direct, orthodoxe, la remontée de McClellan à travers la péninsule faisant figure quant à elle de qi, c’est-à-dire de mouvement indirect, non orthodoxe. Avec l’armée confédérée incapable de se dégager de cet affrontement, McClellan n’aurait rencontré sur sa route que peu d’opposition. En ne voyant pas l’occasion qui s’offrait à lui, McClellan permit à Joseph E. Johnston et aux siens de marcher sur Richmond et de venir s’opposer à lui avec la quasi-totalité de leurs forces. La campagne entreprise par McClellan à travers la péninsule se fit donc en complète violation de la méthode préconisée par Sun Tzu. Le Nord ne manquait pourtant pas de moyens. Les 23 000 hommes de Banks et les 38 000 de McDowell, une fois réunis, auraient été à peine inférieurs en nombre aux effectifs dont disposait Jackson, et l’on aurait pu faire appel aux troupes qui tenaient les forts protégeant Washington. Il n’aurait pas été nécessaire de mettre à contribution les 100 000 hommes de McClellan.

66- Puisque les cours d’eau de la vallée de la Shenandoah vont se déverser au nord dans le Potomac, un mouvement opéré dans la vallée en direction du sud est un mouvement qui remonte, vers l’amont, et non pas un mouvement qui descend, vers l’aval.

67- Voici ce que dit exactement Sun Tzu : « Qui ignore les plans des autres princes [c’est-à-dire de l’ennemi] ne peut conclure d’alliance avant la bataille. Qui ne connaît pas les montagnes et les forêts, les gorges et les défilés, les marécages et les sols humides ne peut pas faire avancer son armée. Qui n’a pas recours à des guides locaux ne peut pas tirer avantage du terrain. » Voir R.D. Sawyer, op. cit., p. 169. Des espions auraient pu facilement transmettre des informations sur les forces réelles de Magruder ainsi que sur la nature réelle de son dispositif défensif. De toute façon, les effectifs de Magruder ne pouvaient être qu’une fraction de ceux dont disposait McClellan, puisque ce dernier savait de façon certaine que le gros de l’armée confédérée se trouvait à Richmond.

68- Ibid., p. 161.

69- Durant la guerre de Sécession et dans la plupart des guerres jusqu’au second conflit mondial, les soldats rejoignaient à pied leur destination. Ils marchaient d’ordinaire en colonnes ou en files et sur un certain nombre de rangs (on comptait généralement trois ou quatre files avançant côte à côte). D’où en anglais l’expression « rank and file » (« rang et file ») pour désigner les simples soldats.

71- Doris Kearns Goodwin, Team of Rivals : The Political Genius of Abraham Lincoln (« Une Équipe de rivaux : le génie politique d’Abraham Lincoln »), New York, Simon & Schuster, 2005, p. 432.

72- Sun Tzu s’exprime ainsi : « La configuration du terrain est une aide pour l’armée. Analyser l’ennemi, évaluer ses propres chances de victoire, étudier les ravins et les défilés, apprécier les distances, c’est ainsi que se comporte le grand général. Qui rassemble ces informations et les utilise au combat remportera à coup sûr la victoire. Qui ne les rassemble pas et ne les utilise pas au combat connaîtra à coup sûr la défaite. » Voir R. D. Sawyer, op. cit., p. 177.

73- Voir Bevin Alexander, Lost Victories, op. cit., p. 59, note 16.

75- Colonel G. F. R. Henderson, Stonewall Jackson and the American Civil War (« Stonewall Jackson et la guerre de Sécession ») ; 2 vol., New York, Longmans, Green & Co, 1898 ; 1 vol., New York, Longmans, Green & Co, 1936, 1937, 1943, 1949 ; 2 vol., New York, Konecky & Konecky, 1993, vol. 1, p. 288.

76- Colonel William Allan, History of the Campaign, op. cit., p. 88.

78- R. D. Sawyer, op. cit., p. 161.

80- R. D. Sawyer, op. cit., p. 161.

84- R. D. Sawyer, op. cit., p. 168. Sun Tzu recommande d’éviter le plein et de frapper le vide. C’est pourquoi un général ne devrait presque jamais attaquer un ennemi de front. « La guerre, écrit Sun Tzu, est l’art de duper. » Il n’y a pas de meilleure façon de faire la guerre que de briser la résistance de l’ennemi sans avoir à combattre. Pour y parvenir, Sun Tzu recommande « de se porter rapidement à des endroits où l’on n’est pas attendu ».

85- Major Thomas R. Phillips éd., Roots of Strategy « Origines de la stratégie »), Harrisburg, Military Service Publishing, 1941, p. 407-41.

86- Sir Basil H. Liddell Hart, Strategy (« Stratégie »), New York, Praeger, 1954, p. 363. Liddell Hart s’explique plus longuement sur ce point dans son ouvrage de 1925, Paris, or the Future of War (« Pâris ou l’avenir de la guerre »).

87- R. D. Sawyer, op. cit., p. 154.

88- Ibid., p. 158.

Notes du chapitre IV, « Gettysburg, 1863 »

93- Le récit de la campagne de Gettysburg s’inspire largement de Bevin Alexander, Robert E. Lee’s Civil War et How the South Could Have Won, op. cit.

94- Edward Porter Alexander, Fighting for the Confederacy. The Personal Recollections of General Edward Porter Alexander (« Combattre pour la Confédération. Les Souvenirs personnels du général Edward Porter Alexander »), édité par Gary W. Gallagher, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1989, p. 230. Rester sur la défensive, c’était suivre une des maximes de Sun Tzu : « Qui ne peut pas l’emporter opte pour la défensive. Dans une telle situation, si l’on opte pour la défensive, la force dont on dispose sera employée au mieux, tandis quelle ne servirait à rien si l’on optait pour l’offensive. » Voir R. D. Sawyer, op. cit., p. 163.

95- Ibid., p. 168.

96- Ibid., p. 165.

98- R. D. Sawyer, op. cit., p. 169.

99- Ibid., p. 164 et p. 166.

100- Ibid., p. 164.

101- Voici le passage dans son entier : « Il faut attendre en ordre ceux qui avancent en désordre, en silence ceux qui font du vacarme. C’est ainsi que l’on contrôle son esprit. Il faut attendre avec ceux qui sont déjà à pied d’œuvre ceux qui viennent de loin ; il faut attendre avec ceux qui sont reposés ceux qui sont fatigués, avec ceux qui sont rassasiés ceux qui sont affamés. C’est ainsi que l’on contrôle sa force. Il ne faut pas intercepter un ennemi dont les drapeaux sont en bon ordre ; ne pas attaquer des formations impeccablement disposées. C’est ainsi que l’on domine les événements. » Voir ibid., p. 170.

103- Robert U. Johnson et C. C. Buel, op. cit., vol. 3, p. 340.

104- R. D. Sawyer, op. cit., p. 168.

106- R. D. Sawyer, op. cit., p. 168.

107- Robert U. Johnson et C. C. Buel, Battles and Leaders of the Civil War, op. cit., vol. 3, p. 320-21.

108- Edward Porter Alexander, Fighting for the Confederacy, op. cit., p. 251.

110- Sun Tzu recommande aux généraux d’être informés à l’avance des plans de l’ennemi et du terrain, et de ne pas attendre d’être en marche pour se renseigner sur eux. « Qui ignore les plans des autres princes [c’est-à-dire de l’ennemi] ne peut conclure d’alliance avant la bataille. Qui ne connaît pas les montagnes et les forêts, les gorges et les défilés, les marécages et les sols humides ne peut pas faire avancer son armée. Qui n’a pas recours à des guides locaux ne peut pas tirer avantage du terrain. » (R. D. Sawyer, op. cit., p. 169).

111- Harry W. Pfanz, Gettysburg : The Second Day (« Gettysburg : le deuxième jour »), Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1987, p. 217-19.

113- R. D. Sawyer, op. cit., p. 162 et p. 171.

114- R. D. Sawyer, Sun Tzu ; The Art of War, Boulder, Westview Press, 1994, p. 239-40.

115- R. D. Sawyer, The Seven Military Classics, op. cit., p. 166.

116- Edward Porter Alexander, Fighting for the Confederacy, op. cit., p. 233-34.

117- Ibid., p. 261.

Notes du chapitre V, « La bataille de la Marne, 1914 »

118- R. D. Sawyer, op. cit., p. 165.

122- Pour une analyse détaillée de la façon dont étaient livrées les batailles en ligne, voir Paul Herbert, “The Battle of Cantigny” (« La Bataille de Cantigny »), On Point : The Journal of Army History, vol. 13, n° 4 (printemps 2008), publié par l’Army Historical Association. L’article décrit la première offensive de l’armée américaine durant la Première Guerre mondiale. Elle eut lieu au village de Cantigny, à cent douze kilomètres au nord de Paris, le 28 mai 1918. Ce fut le 28e régiment de la 1re division d’infanterie qui conduisit l’attaque. Celle-ci se conforma très fidèlement à la doctrine de la guerre en ligne élaborée par les Français. Pour s’emparer du plateau de Cantigny, la division envoya un seul régiment avec ses trois bataillons avançant de front, chacun dans sa zone. La ligne américaine se situait juste au-delà du village de Villers-Tournelle, et les Américains avaient à traverser un « no man’s land » de 1 400 mètres pour atteindre Cantigny. Le bataillon du centre fut renforcé par douze chars français, des Schneider à la vitesse réduite. Il y eut d’abord un violent bombardement au moyen de canons de 75 et d’obusiers de 155, puis les chars Schneider franchirent les tranchées américaines à des endroits prédéterminés. Les canons de 75, qui avaient visé jusque-là le village, raccourcirent leur tir jusqu’à la ligne de départ de l’infanterie américaine, s’attardèrent sur cette ligne pendant trois minutes puis rallongèrent progressivement leur tir sous la forme d’un « barrage roulant », de façon à toujours précéder les fantassins. Ces derniers sortirent alors des tranchées et avancèrent plus ou moins de front, en respectant pendant toute leur marche la même distance par rapport aux impacts des tirs. Le « barrage roulant » avait pour but d’obliger l’ennemi à rester à couvert et de l’empêcher ainsi d’arrêter l’avance de l’infanterie. À la surprise générale, la résistance allemande se révéla inconsistante et les Américains furent à même de s’emparer du village. Il fut impossible aux chars français de pénétrer dans celui-ci en raison des décombres produits par les explosions et ils durent bientôt se replier. Le succès fut dû à l’intensité du tir de barrage effectué sur les positions allemandes et à l’effet de surprise.

123- Le système des sections d’assaut est expliqué dans le détail par Bruce Gudmundsson dans Stormtroops Tactics (« La Tactique des sections d’assaut »), Westport, Praeger, 1989.

Notes du chapitre VI, « La bataille de France, 1940 »

124- Ce chapitre s’inspire essentiellement de Bevin Alexander, Inside the Nazi War Machine (« À l’intérieur de la machine de guerre nazie »), New York, New American Library, 2010, et How Hitler could Have Won World War II : The Fatal Errors that Led to Nazi Defeat (« Comment Hitler aurait pu gagner la Seconde Guerre mondiale : les erreurs fatales qui conduisirent à la défaite nazie »), New York, Crown, 2000, p. 1-35.

126- Karl-Heinz Frieser, en coll. avec John T. Greenwood, The Blitzkrieg Legend. The 1940 Campaign in the West (« La Légende de la guerre-éclair. La campagne de 1940 sur le front occidental »), Annapolis, Naval Institute Press, 2005, p. 61.

128- Voir plus haut, chapitre V, p. 147-148. (N.D.T.)

129- Fort de deux divisions, le corps de cavalerie français engagé à Hannut était comparable à un corps de panzers. Il comprenait 239 chars Hotchkiss équipés de canons de 37 mm et 176 Somuas équipés de canons de 47 mm. Dans les duels, notamment avec les chars français Somua, les Allemands furent outrageusement dominés. Les Somuas avaient un blindage de 55 mm et les Hotchkiss de 45, contre 30 pour les Panzers III et IV. Le Somua était considéré par beaucoup d’experts comme le meilleur char de l’époque.

Notes du chapitre VII, « Stalingrad, 1942 »

133- Erich von Manstein, op. cit., p. 283.

135- Le récit de la campagne de Stalingrad est tiré pour l’essentiel de Bevin Alexander, How Hitler Could Have Won, op. cit., p. 126-30 et 145-164.

136- En 1942, l’Union soviétique, en dehors du Caucase et de la Caspienne, était pauvre en pétrole. Les champs pétrolifères de Sibérie ne furent découverts qu’après la Seconde Guerre mondiale. Le seul autre domaine alors en exploitation était celui du « Second Bakou », comme l’on disait alors, entre la Volga et l’Oural, découvert en 1929, mais son rendement était décevant. Voir Heinrich Hassmann, Oil in the Soviet Union (« Le Pétrole en Union soviétique »), Princeton, Princeton University Press, 1953. Même si l’on comptait un certain nombre de puits dans la partie occidentale du Kazakhstan, à l’est de la Caspienne, les méthodes d’extraction étaient inférieures, du point de vue technique, à celles des pays de l’Ouest et donnaient d’assez maigres résultats. Le vaste champ de pétrole de Tengiz, dans le Kazakhstan occidental, ne fut découvert qu’en 1979.

137- William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich (« La Montée et la Chute du Troisième Reich »), New York, Basic Books, 2007, p. 829 ; Warren E. Kimball, Forged in War : Roosevelt, Churchill, and the Second World War (« À l’épreuve de la guerre : Roosevelt, Churchill et la Seconde Guerre mondiale »), New York, William Morrow, 1997, p. 84.

138- Erich von Manstein, op. cit., p. 275-76.

143- Erich von Manstein, op. cit., p. 302.

144- Ibid., p. 372. Manstein explique son idée tout au long. « Une grave crise, écrit-il, aurait pu se métamorphoser en victoire ! »

Notes du chapitre VIII, « La libération de la France, 1944 »

147- R. D. Sawyer, op. cit., p. 162. Sun Tzu dit : « Celui qui connaît l’ennemi et se connaît lui-même pourra combattre cent fois sans être mis en danger. » Cela signifie que l’on devrait s’informer au mieux des capacités et des intentions de l’ennemi avant d’élaborer ses propres plans. Et que l’on devrait veiller à adapter ces derniers aux différentes actions que l’ennemi est à même d’entreprendre.

148- En 1944 les divisions de panzers et de panzers-grenadiers étaient pratiquement comparables. Les divisions de panzers comprenaient un peu plus de chars et de canons tractés que les divisions de panzers-grenadiers, ces dernières disposant d’un peu plus d’infanterie mobile, mais les unes comme les autres étaient redoutables, rapides, fortement équipées en armes de toutes sortes. Les Allemands se servaient indifféremment des unes et des autres pour mener leurs attaques.

149- R. D. Sawyer, op. cit., p. 169. Sun Tzu dit que l’on devrait connaître à l’avance les plans de l’ennemi et le terrain. Il ne faut pas attendre d’avoir entamé sa progression pour les découvrir, ce qui conduirait à prendre des décisions mal venues. « Qui ignore les objectifs des autres chefs [de l’ennemi] ne peut conclure d’alliance au préalable. Celui qui n’est pas familier avec les montagnes et les forêts, les gorges et les défilés, les marécages et les marais ne peut faire avancer ses armées. Celui qui n’a pas recours à des guides locaux ne peut tirer avantage du terrain. »

150- Ibid., p. 171. Les recommandations de Sun Tzu à cet égard relèvent du simple bon sens : « Il y a des routes à ne pas emprunter, des armées à ne pas attaquer, des terrains à ne pas disputer. » Autant de règles qui s’appliquaient aux armées allemandes mises en danger par la percée alliée du 25 juillet 1944. La seule option envisageable pour Hitler était d’ordonner un retrait immédiat. Sinon les Allemands risquaient d’être encerclés par les troupes alliées situées plus au sud et qui faisaient mouvement vers l’est à travers l’immense brèche ouverte sur le front occidental.

151- Ibid., p. 155.

153- Les Allemands avaient construit un millier d’exemplaires d’un nouveau chasseur, le Me-262, un bimoteur à réaction. L’appareil était doté d’une vitesse (870 km/h) et d’un armement (quatre canons de 30 mm) bien supérieurs à ceux de n’importe quel autre chasseur allié, mais les efforts déployés contre les P-51 avaient réduit à néant le nombre de pilotes expérimentés dont disposait la Luftwaffe. Elle ne pouvait plus s’appuyer que sur 500 équipages, la plupart mal formés. En outre, la production d’essence pour avions tomba en septembre 1944 à seulement 10 000 tonnes par mois, alors que les besoins de la Luftwaffe étaient de 160 000 tonnes par mois. Les aviateurs alliés découvrirent également que les avions à réaction demandaient des pistes extrêmement longues pour pouvoir décoller, et ils commencèrent à bombarder ce type d’installations. Ce qui explique que très peu de Me-262 furent à même d’affronter les Alliés.

155- Choisir comme cible la Hollande, c’était rencontrer des rivières et des canaux difficiles à traverser, ainsi que des terres situées au dessous du niveau de la mer, que l’on pouvait inonder. La péninsule bretonne risquait de devenir un piège et la côte française au sud de la Loire était beaucoup trop éloignée.

157- Une division de panzers, la 21e, au sud de Caen, se trouvait à proximité immédiate des plages. La division comprenait 150 chars, 60 canons d’assaut et 300 transports blindés de troupes. Son chef, Edgar Feuchtinger, en préleva une partie pour attaquer les parachutistes anglais à l’est de l’Orne le matin du 6 juin, mais on lui ordonna d’annuler l’opération et d’attaquer à l’ouest de la rivière. Cela prit du temps, et ce sont seulement 50 chars et un bataillon de panzer-grenadiers qui partirent aux alentours de midi pour les plages. Les chars finirent par arriver vers 20 heures sur la partie de la côte qui n’était pas gardée, entre les plages Juno et Sword. Feuchtinger était en train de faire partir 50 autres chars à l’appui des premiers lorsqu’il aperçut au-dessus de sa tête la plus grande armada de planeurs de la guerre : 250 engins de transport qui venaient renforcer la 6e division britannique aéroportée à quelques kilomètres à l’est. Feuchtinger s’imagina à tort que les planeurs allaient se poser sur ses arrières, et il rappela tous ses chars. C’en était fini de la dernière chance qu’avaient les Allemands de détruire les têtes de pont. Il va sans dire que, si Rommel avait été ce jour-là à la tête de la 21e division de panzers, il n’aurait pas décommandé l’attaque et aurait fait place nette sur les deux plages où avaient débarqué les Anglais. À ce moment critique, le commandement reposait entre les mains d’un officier allemand hésitant : ce fut l’échec. Tard dans l’après-midi du 6 juin, l’Oberkommando der Wehrmacht, ou OKW, c’est-à-dire le haut commandement des forces armées allemandes, donna l’ordre à la division SS de panzers Hitlerjugend, qui se trouvait à l’ouest de Paris, d’avancer sur Caen. Elle n’arriva sur place, après 120 km de route, que le 7 juin à 9 h 30. Ce même 7 juin, Friedrich Dollmann, qui commandait la VIIe armée, ordonna à la division de panzers Lehr, stationnée près de Chartres, à 175 km du front, de se diriger de jour sur Villers-Bocage, à 24 km au sud-ouest de Caen, pour bloquer le mouvement des Anglais dans cette direction. Fritz Bayerlein, qui commandait la division Lehr, protesta en vain. Les attaques aériennes des Alliés firent subir de lourds dommages aux deux divisions. La division Lehr, la seule division au complet en Normandie, perdit 5 chars, 84 canons autotractés, 150 camions et camions-citernes. Une fois arrivées, la division Lehr tout comme la division Hitlerjugend furent dans l’incapacité d’attaquer.

158- Martin Blumenson, The Battle of the Generals, op. cit., p. 163.

160- R. D. Sawyer, op. cit., p. 169.

161- Martin Blumenson, The Battle of the Generals, op. cit., p. 163.

164- Les premiers V 1 furent lancés contre l’Angleterre les 12 et 13 juin 1944. Ils avaient une portée de 225 kilomètres, une vitesse de 560 km/h et transportaient plus de 800 kg d’explosif. Ils n’étaient précis qu’à douze kilomètres près. Sur les 9 200 V 1 lancés contre l’Angleterre, la DCA et les chasseurs en abattirent 4 600. Les V 1 tuèrent 7 800 personnes et en blessèrent 44 400. Les attaques de V 1 contre l’Angleterre diminuèrent considérablement lorsque les Alliés prirent le Pas-de-Calais en septembre 1944. Le V 2 était un missile balistique propulsé par une fusée, avec une portée de 320 kilomètres et une charge explosive de près d’une tonne. Il volait au-dessus de la vitesse du son, à 3 500 km/h, et n’était pas détectable. Il était moins précis que le V 1. Les premiers V 2 furent lancés le 8 septembre 1944, mais depuis d’autres endroits que le Pas-de-Calais. Les Allemands en utilisèrent 1 300 contre l’Angleterre, tuant 4 100 personnes et en blessant 8 400. Voir David T. Zabecki éd., World War II in Europe. An Encyclopedia (« La Seconde Guerre mondiale en Europe. Une encyclopédie »), 2 vol., New York, Garland Publishing, 1999, vol. 2, p. 1054-57.

165- R. D. Sawyer, op. cit., p. 157. Sun Tzu explique que le général intelligent ne doit pas se laisser entraver dans son action par le « dirigeant ». Voir ibid., p. 162. Le responsable militaire doit savoir résister aux pressions de toutes sortes, de manière à pouvoir se consacrer au mieux à cette tâche particulièrement difficile qu’est la guerre. C’est une très grave erreur pour un général de laisser le « dirigeant » (c’est-à-dire les responsables politiques ou bien encore telle ou telle raison ou envie particulière d’ordre national) influencer les décisions militaires. Confronté à pareille situation, ce qu’aurait dû faire Eisenhower, ce n’était pas chercher une solution de compromis, mais savoir quelle était la meilleure façon de mettre un terme à la guerre et, une fois la bonne décision prise, consacrer toutes les ressources disponibles à sa mise en œuvre.

Notes du chapitre IX, « Incheon et l’invasion de la Corée du Nord, 1950 »

167- Le récit des événements rapportés dans ce chapitre est largement inspiré de Bevin Alexander, Korea : The First War We Lost (« Corée : la première guerre que nous ayons perdue »), New York, Hippocrene, 1986, 2000, p. 148-373.

168- R. D. Sawyer, op. cit., p. 154, 157. Sun Tzu recommande d’éviter toute action qui ne serait pas basée sur une analyse détaillée de la situation et des diverses options de combat qui s’offrent. Les chefs militaires ne devraient pas laisser les idées toutes faites, la colère, la haine, les préjugés, les illusions influencer leurs décisions. Ils ne devraient s’appuyer que sur des faits et des réalités vérifiables.

170- R. D. Sawyer, op. cit., p. 164. C’est la méthode stratégique fondamentale de Sun Tzu. L’élément orthodoxe est généralement représenté par la force principale, celle qui se mesure avec l’ennemi. L’élément non orthodoxe, ou irrégulier, correspond à une force plus petite, qui attaque l’ennemi à un endroit différent, le plus souvent inattendu, l’obligeant à se désagréger. Les multiples possibilités qui s’offrent à l’élément non orthodoxe pour déclencher son action empêchent pratiquement toute prévision de la part de l’ennemi. D’ordinaire, la force orthodoxe est celle qui maintient l’ennemi en place, tandis que la force non orthodoxe l’attaque par les arrières ou sur les flancs. C’est ce qui est arrivé en Corée.

171- Ibid., p. 161.

172- Ibid., p. 157.

173- L’opposition de Lawton Collins, de Forrest Sherman et des autres membres du JCS montre que des officiers de très haut grade peuvent rester aveugles aux considérations stratégiques et ne pas tenir compte de faits élémentaires. Ce qui veut dire que les pays ne peuvent pas toujours s’en remettre à leurs experts désignés pour prendre les bonnes décisions en matière militaire. Dans certains cas, des civils intelligents ont un meilleur jugement que des professionnels et peuvent apercevoir des occasions stratégiques qui échappent aux soi-disant experts. Collins, dans son ouvrage War in Peacetime : The History and Lessons of Korea (« La Guerre en temps de paix : l’histoire et les leçons de la Corée »), rapporte qu’à la conférence du 23 août il s’interrogea sur la capacité des forces défendant le périmètre de Pusan (la 8e armée américaine) à opérer leur jonction avec celles débarquant à Incheon (le 10e corps). « Il était essentiel de savoir, écrit-il, si la 8e armée pourrait forcer le cordon disposé par les Nord-Coréens le long du Naktong et marcher suffisamment vite sur Incheon pour y prendre position avant que l’ennemi n’ait réussi à concentrer un nombre écrasant de troupes contre les unités de débarquement. » Cette phrase révèle une totale incompréhension de la situation. Presque toutes les forces de combat dont disposaient les Nord-Coréens se trouvaient dans le sud, autour du périmètre de Pusan. Il ne restait au nord aucun élément d’importance. D’où pouvait bien venir ce « nombre écrasant de troupes » ? Il n’a jamais existé. Le plan stratégique adopté par MacArthur garantissait qu’il n’y aurait aucune force substantielle à même de s’opposer au débarquement d’Incheon, ce que Collins n’avait pas compris. Voir J. Lawton Collins, op. cit., Boston, Houghton Mifflin, 1969, p. 120 et 124-25. Même si les Nord-Coréens avaient décidé de dégarnir le périmètre de Pusan pour envoyer des troupes à Incheon, il aurait fallu des jours à ces troupes pour arriver sur place. L’aviation américaine, qui avait la maîtrise des airs, était à même d’interdire tout mouvement de jour, ce qui allongeait d’autant le temps nécessaire à l’ennemi pour atteindre Incheon ou Séoul. Il importait peu que les forces nord-coréennes fassent mouvement sur Incheon ou restent sur place pour y affronter la 8e armée. La clé, c’était de les priver de munitions, d’essence et de nourriture, de manière à les empêcher de combattre, ce que l’on obtiendrait en coupant leur ligne d’approvisionnement. Voir Bevin Alexander, Korea, op. cit., p. 174-75.

175- Ibid., p. 189.

177- Ibid., p. 557.

178- R. D. Sawyer, op. cit., p. 154.

179- Le 17 juillet, Truman chargea le National Security Council de proposer ce qu’il convenait de faire « après avoir repoussé les Nord-Coréens sur le 38e parallèle ». Le NSC transmit sa réponse le 1er septembre. Il proposait que les États-Unis se fixent comme objectif l’unification de la Corée grâce à des élections libres organisées par les Nations unies, et que le gouvernement de Syngman Rhee soit reconnu comme le seul gouvernement légitime du pays. Le secrétaire d’État Dean Acheson fit rédiger un amendement aux termes duquel MacArthur devait régler avec Truman tout ce qui concernait les opérations au nord du 38e parallèle. Cet amendement spécifiait également que les forces américaines ne devaient pas être mises en œuvre près de la frontière entre la Corée et la Chine, mais ce n’était qu’une recommandation. Truman donna son accrod au document le 11 septembre.

180- Bevin Alexander, Korea, op. cit., p. 231.

182- Ibid., p. 238-39.

183- Voici un extrait du message de MacArthur : « Rien de plus faux que l’argument usé jusqu’à la corde avancé par ceux qui se font les avocats de la conciliation et du défaitisme dans le Pacifique. Ils soutiennent que si nous défendons Formose [Taiwan], nous nous aliénons le continent. Ceux qui parlent ainsi ne comprennent rien à l’Orient. Ils ne voient pas qu’il est dans la psychologie de l’Oriental de respecter et de suivre des dirigeants agressifs, résolus et dynamiques, et de ne pas tarder à s’en prendre à des dirigeants timides ou hésitants. Ils ne comprennent pas la mentalité orientale. Rien n’a mieux marqué l’Extrême-Orient ces dernières années que la détermination que nous avons mise, nous Américains, à préserver les remparts qui garantissent notre position stratégique dans l’océan Pacifique contre tout empiètement. Il y a peu de peuples en Extrême-Orient qui n’apprécient à sa juste mesure la sécurité qu’une telle détermination apporte à leurs libres institutions. » Les propos de MacArthur venaient saper les fondations d’un édifice gouvernemental soigneusement mis sur pied, et qui tenait tout juste debout. En d’autres termes, ils réduisaient à néant les efforts déployés pour persuader l’opinion mondiale que les États-Unis n’avaient pas d’intentions hostiles vis-à-vis de la Chine, même s’ils refusaient aux communistes chinois l’accès à une province que tout un chacun, y compris les nationalistes chinois, s’accordait à considérer comme faisant partie intégrante de la Chine. Voir ibid., p. 414-17.

185- Bevin Alexander, Korea, op. cit., p. 247.

186- R. D. Sawyer, op. cit., p. 154-55. Sun Tzu recommande d’éviter toute action qui ne reposerait pas sur une analyse détaillée des options de combat envisageables, en tenant compte des capacités dont on dispose. Il s’agit de se donner les meilleures chances de vaincre, ce qui ne peut se faire si l’on n’a pas pris au préalable le soin d’élaborer les plans et de prendre les dispositions qui conviennent.

187- Les Chinois avaient peu d’artillerie et s’en remettaient à des petits calibres et à des mortiers. Les transports motorisés étaient rares et les soldats allaient généralement au combat à pied, avec sur leur dos le peu de fournitures dont ils disposaient. Pourtant l’armée chinoise avait déjà apporté la preuve qu’elle constituait une force redoutable. La raison principale en était la tactique suivie par ses soldats : infiltration de nuit dans les positions, enveloppement des unités par les flancs, édification de barricades sur les arrières. Autant d’applications des maximes de Sun Tzu qui frappaient de stupeur l’adversaire. Lors des premiers affrontements, ces pratiques avaient semé à maintes reprises le désordre, quand ce n’était pas la déroute, au sein des troupes des Nations unies.

190- Pour leur approvisionnement, les Américains comptaient sur leurs nombreux camions. Quand ces derniers étaient incapables de remplir leur tâche, du fait du mauvais état des routes ou de leur blocage, ils faisaient appel à l’aviation, soit pour parachuter les fournitures, soit pour les acheminer sur des aérodromes situés plus en avant. La grande quantité d’approvisionnements dont ils disposaient permettait aux Américains de se laisser aller à un véritable gâchis en matière de munitions. Cette mauvaise habitude ne fut pas loin de conduire au désastre quand les Chinois se mirent à dresser des obstacles sur les routes, paralysant ainsi les camions, et que l’approvisionnement par air se révéla impraticable. Les Chinois, quant à eux, s’en remettaient aux hommes et aux animaux. Leur outil ordinaire de transport, c’étaient les inévitables cadres en bois en forme de A que les habitants de la région utilisaient traditionnellement pour porter des charges sur leur dos. Les Chinois, par conséquent, recevaient moins d’approvisionnements, mais ils n’étaient pas tributaires des routes. Ils pouvaient donc se déplacer à travers les montagnes, sur des pistes abruptes ou dans des vallées dépourvues de routes pour surgir derrière les forces des Nations unies, dresser des barricades, isoler ou encercler l’avant-garde ennemie. C’était une semi-guérilla à laquelle les Américains, très dépendants de leurs grandes routes d’approvisionnement, étaient vulnérables.

191- Le prix à payer fut très élevé. Près d’un millier d’hommes furent tués, blessés ou portés disparus lors de la percée, principalement des Marines. Lors des combats qui se déroulèrent autour du réservoir de Chosin, avant la percée, les Marines comptèrent 2 665 victimes – 383 morts, 159 disparus et 2 123 blessés. Les trois bataillons de la 7e division qui se retrouvèrent isolés et mis en pièces à l’est du réservoir perdirent environ 2 000 hommes (tués, blessés ou disparus, auxquels il faut ajouter une centaine de soldats tués ou blessés dans d’autres engagements). Si l’on inclut dans ce calcul une unité de commando de la marine britannique et quelques Sud-Coréens, on arrive à un total d’environ 6 000 pertes pour un effectif de 25 000 hommes engagés dans la campagne.

192- R. D. Sawyer, op. cit., p. 154-55.

193- Éviter la guerre autant que faire se peut et la terminer le plus rapidement possible, une fois qu’elle a commencé : jamais, dans leur histoire, les Américains ne contrevinrent de façon plus flagrante à cette maxime de Sun Tzu qu’en juillet 1951. Lorsque commencèrent les pourparlers visant à mettre fin à la guerre de Corée, les communistes chinois proposèrent un cessez-le feu complet sur la ligne de front. Voilà qui aurait mis un terme à la guerre. On aurait pu alors entamer des discussions permettant de parvenir à une solution définitive du conflit et à un traité de paix, sans risquer de pertes humaines. Le général Matthew B. Ridgway, le nouveau commandant en chef récemment nommé pour l’Extrême-Orient, refusa l’offre des communistes et insista pour que les combats se poursuivent pendant que se dérouleraient les pourparlers de paix. Ridgway craignait que les communistes ne mettent à profit un cessez-le feu pour renforcer leur armée et lancer une offensive. Mais il était évident que les Américains auraient pu faire de même. Les communistes étaient prêts à prendre le risque, pas Ridgway, qui reçut l’appui du JCS et du président Truman. L’intransigeance américaine fit régner un très mauvais climat sur les pourparlers de paix, qui débutèrent à Kaesong avant de se transporter plus tard à Panmunjom. Pire encore, la guerre continua pendant deux ans ; dans chaque camp, des centaines de milliers de jeunes hommes furent tués ou estropiés alors que la guerre aurait pu se terminer dès les premiers jours de juillet 1951. Voir Bevin Alexander, Korea, op. cit., p. 426-32.

Notes de la conclusion « L’éternelle sagesse de Sun Tzu »

194- R. D. Sawyer, op. cit., p. 157.

195- Ibid., p. 161.

196- Erich von Manstein, op. cit., p. 372.

197- R. D. Sawyer, op. cit., p. 164-65.

198- Ibid., p. 157, 162.

199- Robert U. Johnson et C. C. Buel, op. cit., vol. 3, p. 340.

145- Ibid., p. 277 et p. 279.