“Viens à moi, frère, s’il te plaît, viens à Moscou.” Par ces mots, Iouri Dolgorouki invitait ses alliés à un banquet d’inauguration des fortifications qu’il avait fait ériger sur la colline Borovitski, au confluent de deux rivières. C’était en 1147. Simple village à l’origine, Moscou s’imposa comme la capitale de l’ancienne Rous. Neuf siècles plus tard, la forteresse a survécu à toutes les mutations de la Russie, et dirige toujours la ville du haut de sa colline.
À l’origine, Moscou, qui tient son nom de la rivière Moskova, était un comptoir commercial, fondé par des peuples slaves émigrés de la Rous kiévienne, le berceau de la Russie et de l’Ukraine actuelles. À Kiev, le grand-prince Vladimir Ier, soucieux d’imposer sa souveraineté sur tous les Slaves de l’Est, nomma son fils Iaroslav vice-prince de la région, pour superviser la collecte du tribut et la conversion des païens.
À la mort de Vladimir, les descendants de Iaroslav héritèrent des territoires nord-est du royaume où ils fondèrent plusieurs villes, forteresses et monastères, qui formèrent ce que l’on appelle aujourd’hui l’Anneau d’Or.
Le pouvoir politique se déplaça vers ces nouvelles villes. Vladimir II Monomaque nomma son fils Iouri Dolgorouki à la tête de la région. Selon la légende, le prince Iouri fit halte à Moscou en revenant de Kiev à Vladimir. Estimant que le prince Koutchka de Moscou ne l’avait pas reçu avec suffisamment d’égards, Iouri mit à mort l’impudent boyard, et s’arrogea le contrôle du comptoir. L’importance stratégique de la cité conduisit Iouri à installer des douves entourées d’une palissade en bois au sommet de la colline pour y placer son vassal.
Grâce à ses voies fluviales et à ses voies routières, Moscou devint un centre économique régional prospère, attirant bon nombre de marchands et d’artisans dans le quartier commerçant qui bordait les murs du Kremlin.
Au début du XIIIe siècle, Moscou était la capitale d’une petite principauté indépendante et resta un objet de convoitise pour des générations de boyards.
Au XIIIe siècle, l’Europe de l’Est fut envahie par la féroce Horde d’Or, une armée mongole composée de peuples nomades venus des steppes eurasiennes, sous le commandement du petit-fils de Gengis Khan, Batou. La violence des attaques fut telle que les princes de Russie se rendirent au nouveau maître de la région. La Russie resta deux siècles sous la coupe du khan qui exigeait le versement d’un tribut. Cette domination coïncida avec l’essor de la Moscovie, grâce au jeu de l’argent et du pouvoir. La Horde d’Or s’intéressait au butin, et Moscou était idéalement située pour surveiller le commerce fluvial et routier. Avec l’appui des Mongols, les dirigeants moscovites s’imposèrent rapidement comme collecteurs de l’impôt dans toute la région.
À mesure que la ville prospérait, son pouvoir politique s’accentuait. Le prince moscovite Ivan Danilovitch accepta de collecter les tributs exigés par les Mongols, ce qui lui valut le surnom de l’“Escarcelle” (Kalita). Ivan Ier Kalita en profita pour placer Moscou en position de force face aux princes rivaux. Au milieu du XIVe siècle, Moscou avait éclipsé Vladimir et Souzdal comme capitale régionale.
Mais le rapport de force entre Moscou et les Mongols s’inversa. En 1380, lors de la bataille de Koulikovo, le grand-prince moscovite Dimitri, petit-fils d’Ivan Kalita, prit la tête d’une coalition de princes slaves, qu’il mena à la victoire face à la Horde d’Or sur les rives du Don, ce qui lui valut le nom de Dimitri Donskoï. Les Mongols ripostèrent en incendiant Moscou seulement deux ans plus tard. Dès lors, la ville s’érigea en championne de la cause russe.
Vers la fin du XVe siècle, Moscou étendit son territoire qui devint un État autocratique. Sous le règne d’Ivan III le Grand, les principautés slaves indépendantes furent contraintes de se regrouper en une entité territoriale unique.
Après une guerre de sept ans, l’armée d’Ivan soumit enfin la riche principauté marchande de Novgorod, et en évinça la Ligue hanséatique. Après la chute de Novgorod, la réunification des terres s’accéléra, avec l’annexion par le jeune État moscovite de Tver, Viatka, Riazan, Smolensk et Pskov.
En 1480, l’armée d’Ivan repoussa les Mongols près de l’Ougra. Après 200 ans de domination, le joug mongol était enfin brisé. Ivan triomphant se couronna lui-même “tsar de toutes les Russies” lors d’une cérémonie à la byzantine, et gagna le surnom d’Ivan le Grand.
À la mort d’Ivan le Grand, en 1505, la Moscovie s’étendait de la région de la Baltique à l’ouest aux monts de l’Oural à l’est, et jusqu’à la mer de Barents au nord. Le Sud était toujours sous la domination de la Horde d’Or.
Au XVIe siècle, la Horde d’Or se scinda en quatre khanats, qui poursuivirent leurs raids sur les villages russes. À cette époque, le petit-fils d’Ivan le Grand, Ivan IV (le Terrible), se lança dans l’expansion et le renforcement de l’État de Moscovie. Il défit trois des quatre khanats, prit le contrôle de la Volga et s’empara de terres à l’est de l’Oural. Il eut moins de succès contre les Tatars de Crimée, qui contrôlaient les voies vers le sud et la mer Noire.
Ivan IV monta sur le trône à l’âge de trois ans, sous la régence de sa mère. Arrivé à l’âge adulte, 13 années plus tard, il fut couronné “tsar de toutes les Russies”. (Le mot “tsar” vient du latin caesar – “césar”.) Ivan épousa Anastasia, de la famille des Romanov. Ce fut un mariage heureux, mais lorsque mourut sa bien-aimée, Ivan bascula. Persuadé qu’on l’avait empoisonnée, il fit régner la terreur parmi les boyards jaloux, ce qui lui valut le surnom de “Terrible”. Plus tard, dans un accès de rage, il tua même son fils, héritier du trône.
Ivan souffrait d’un blocage de la colonne vertébrale et prenait un traitement médical à base de mercure. Le remède se révéla toutefois pire que le mal, et le plongea progressivement dans la folie.
Les dernières années du règne d’Ivan, de plus en plus malade – il abandonna son trône pour se cloîtrer dans un monastère –, furent désastreuses pour Moscou. En 1571, les Tatars de Crimée mirent la ville à feu, la détruisant presque entièrement.
À sa mort, le pouvoir revint à son fils Fédor Ier, faible d’esprit. Pendant une courte période, le beau-frère de Fédor, Boris Godounov, Premier ministre habile, parvint à restaurer l’ordre dans le royaume. Mais, après sa mort, au début du XVIIe siècle, les envahisseurs polonais s’installèrent au Kremlin, et la Russie sombra dans le “Temps des troubles”. Enfin, les soldats cosaques parvinrent à éconduire les Polonais, et la stabilité politique revint avec le couronnement du tsar Michel, fondateur de la dynastie des Romanov.
Pierre Ier, connu sous le nom de “Pierre le Grand” autant pour sa taille (plus de 2 m) que pour sa victoire sans appel sur les Suédois, fit entrer la Russie dans l’Europe moderne. Dynamique et curieux du monde extérieur, il voyagea beaucoup en Europe. Pierre partagea un temps le trône avec son demi-frère avant de prendre seul les commandes en 1696.
Déterminé à moderniser la Russie, il imposa aux boyards de se raser la barbe, invita des conseillers et artisans européens, et rationalisa l’administration d’État. Il fit bâtir la plus haute construction de Moscou, la tour Soukharev (90 m), à côté de laquelle il fonda un collège de mathématiques et de navigation.
Pierre méprisait Moscou, ses boyards intrigants et ses traditions archaïques. Alexandre Pouchkine écrivit plus tard : “Pierre Ier n’aimait pas Moscou, où chaque pas lui rappelait des mutineries et des exécutions, le passéisme invétéré et la résistance obstinée de la superstition et des préjugés”. En 1712, il transféra la capitale dans une région marécageuse récemment prise à la Suède. Saint-Pétersbourg serait une “fenêtre vers l’ouest” pour la Russie, et tout ce que Moscou n’était pas : moderne, scientifique et cultivée.
La capitale déchue déclina rapidement. Avec le départ de l’élite aristocratique et du personnel administratif, la population moscovite diminua d’un quart en 25 ans. La ville souffrit de violents incendies, aux conséquences aggravées par l’acheminement de tous les matériaux de construction à Saint-Pétersbourg, sur ordre de Pierre.
En 1771, Moscou fut dévastée par une épidémie de peste bubonique, qui emporta plus de 50 000 personnes. Les morts furent enterrés en dehors des murs de la ville. Les grands cimetières Danilovskoe et Vagankovskoe datent de cette époque. La situation était si dramatique que la population se souleva, et fut violemment réprimée par l’armée. L’impératrice Catherine II la Grande instaura un nouveau code sanitaire pour nettoyer la ville et apaiser la situation.
Le départ de Pierre n’avait pas tué Moscou, et au tournant du XIXe siècle, la ville avait redressé la tête. Elle conservait le titre de “première ville du trône”, car les monarques russes y étaient couronnés. Lorsque le petit-fils de Pierre Ier, Pierre III, leva l’obligation pour les nobles de servir l’État, beaucoup revinrent à Moscou.
La fin du XVIIIe siècle vit aussi la construction des premiers quais le long de la Moskova, bientôt suivis par des ponts. La première université et le premier journal de Russie furent fondés à Moscou. Ce nouveau milieu intellectuel et littéraire donna naissance à un mouvement d’inspiration nationaliste vantant les caractéristiques culturelles qui différenciaient la Russie de l’Occident.
Dans les années qui suivirent l’épisode napoléonien, la ville fut reconstruite à marche forcée. Des monuments furent érigés pour célébrer la victoire durement acquise par Alexandre Ier. Un arc de triomphe (Cliquez ici), inspiré de celui de Paris, fut bâti en haut de la rue Tverskaya, sur la route de Saint-Pétersbourg, et la cathédrale du Christ-Sauveur, dont la construction prit près de 50 ans, s’éleva sur les rives de la Moskova au pied du Kremlin. Dans le centre-ville, le cours de la Neglinnaya fut détourné vers un canal souterrain pour créer deux nouveaux espaces urbains : le jardin Aleksandrovsky, le long du mur ouest du Kremlin, et la place Teatralnaya, qui accueillit le flamboyant Bolchoï et, plus tard, le luxueux hôtel Metropol. Le Manège reconstruit (d’anciennes écuries impériales de 180 m de long) ajoutait une touche néoclassique grandiose au tableau.
L’essor économique d’après-guerre changea le visage de la ville. Au départ, la forte reprise fut menée par les riches marchands, piliers de la prospérité locale. Dans les années 1830, ils créèrent la Bourse de commerce de Moscou. Au milieu du siècle, l’industrie rattrapa le commerce et tendit à s’imposer comme moteur économique. Moscou devint une plaque tournante de l’essor ferroviaire, entre les matières premières venant de l’est et les constructeurs situés à l’ouest. Grâce à un approvisionnement soutenu en coton d’Asie centrale, Moscou gagna le rang de grand centre de production textile. En 1890, plus de 300 des 660 usines de la ville produisaient du tissu. À la différence de Saint-Pétersbourg, où le développement industriel était pour grande part financé par des fonds étrangers, Moscou ne s’appuyait que sur ses propres ressources. À la fin du siècle, la Banque commerciale de Moscou, fondée en 1866, était la seconde du pays.
En 1807, le tsar Alexandre Ier négocia le traité de Tilsit, qui proclamait Napoléon empereur de l’ouest de l’Europe, et Alexandre empereur de l’Est, unis (théoriquement) contre l’Angleterre. L’alliance tint jusqu’en 1810, date à laquelle la Russie renoua les relations commerciales avec l’Angleterre. Napoléon, furieux, se lança à l’assaut du tsar avec sa Grande Armée de 700 000 hommes, la plus grande alors jamais constituée pour une seule campagne militaire.
Largement surpassées en nombre, les forces russes reculèrent tout au long de l’été 1812, pratiquant une politique de terre brûlée pour retarder les Français et remportant certains combats d’arrière-garde.
Napoléon décida de marcher sur Moscou. En septembre, les Français commençant à souffrir du manque de ravitaillement, le général russe Mikhaïl Koutouzov décida de livrer bataille à Borodino, à 130 km de Moscou. La bataille fut sanglante mais ne se solda que par une victoire marginale française, et les Russes parvinrent à se retirer en bon ordre. En une journée, plus de 100 000 soldats furent tués.
Lorsque Napoléon entra dans Moscou vers la mi-septembre, il trouva une ville déserte, incendiée aux deux tiers par ses habitants, qui préféraient la voir en cendres plutôt qu’occupée par l’envahisseur. Alexandre ignora l’appel de Napoléon à négocier.
Contraint par l’arrivée de l’hiver et la distension de ses lignes de ravitaillement, Napoléon déclara la victoire et sonna la retraite. Ses troupes très affaiblies progressèrent laborieusement, subissant l’attrition de la faim, de la maladie, du froid et des attaques de harcèlement russes. Un vingtième seulement des soldats atteignirent la Pologne. L’armée du tsar pourchassa Napoléon jusqu’à Paris, qu’elle occupa brièvement en 1814.
L’élite des commerçants étendit son influence sur la ville. L’éclectisme des goûts des nouveaux riches se reflétait dans la multitude des styles architecturaux des demeures, salons et hôtels. Cette élite bourgeoise finit par s’arroger les plus hautes fonctions administratives de la ville, balayant les vestiges de l’ancienne aristocratie des boyards. En 1876, Sergueï Tretiakov, entrepreneur talentueux et mécène, fut le premier d’une longue liste de maires de la ville non issus de la noblesse.
L’accroissement du développement économique de la ville coïncida avec le déclin de l’agriculture et l’émancipation des serfs. En résulta un important exode rural qui fit exploser la population de la ville. En 1890, Moscou comptait plus d’un million d’habitants. La population augmenta si rapidement qu’elle franchit le million et demi moins de vingt ans plus tard. Si Moscou demeurait derrière Saint-Pétersbourg en nombre d’habitants, elle était, à la différence de la capitale, une ville composée à 95% de Russes.
En 1900, plus de la moitié des Moscovites étaient des ruraux exilés. Ils s’installèrent dans les logements ouvriers à l’extérieur de la ceinture des Jardins et au sud de la rivière, dans le quartier Zamoskvoretchie. La pauvreté submergeait les rares patronages locaux et les logements bon marché ne suffisaient plus. Au début du XXe siècle, les immenses bas quartiers de Moscou étaient un terrain fertile pour la maladie et la colère sociale. Ne pouvant faire entendre leur voix, les plus pauvres se tournèrent alors vers le radicalisme.
C’est une autocratie tsariste affaiblie qui entra dans le XXe siècle. En 1904, l’expansionnisme russe en Extrême-Orient se heurta, en Mandchourie, aux menées japonaises. Après avoir lancé une attaque-surprise sur Port-Athur, le Japon déclara la guerre au tsar Nicolas II et infligea à ses troupes une série de revers. Dans la foulée de ces défaites, la Russie se trouva plongée dans un climat insurrectionnel.
À l’instar des Pétersbourgeois, ouvriers et étudiants moscovites entamèrent une série de manifestations dont le point d’orgue fut la grève générale d’octobre 1905, laquelle permit d’arracher des concessions politiques au tsar. En décembre, les pouvoirs publics tentèrent d’arrêter les leaders radicaux, provoquant une nouvelle vague de confrontations, qui s’acheva par une nuit sanglante sur des barricades érigées à la hâte dans le quartier Presnensky. Plus tard, Vladimir Ilitch Oulianov (Lénine) affirma que cette révolution manquée de 1905 avait tenu lieu de “répétition générale pour 1917”. De fait, épuisée par trois années de guerre mondiale, la monarchie ne put résister au soulèvement ouvrier lancé à Saint-Pétersbourg en février 1917. Nicolas II abdiqua et un gouvernement provisoire fut mis en place. Des soviets (assemblées) virent le jour, dans lesquels les bolcheviks étaient minoritaires. Le gouvernement provisoire annonça la tenue d’élections en novembre, mais poursuivit la guerre. Les bolcheviks tirèrent parti du mécontentement de la population pour provoquer des manifestations à Saint-Pétersbourg en juillet, et renverser le gouvernement provisoire. Leur prise de pouvoir ne devint effective qu’en novembre 1917, à la suite du coup de force du mois précédent et de la dissolution du gouvernement.
À Moscou même, le changement de régime fut plus violent et se traduisit, au tournant du mois de novembre, par une semaine de combats de rue et un bon millier de victimes. Le socialisme radical était arrivé au pouvoir en Russie.
Redoutant une attaque allemande à Saint-Pétersbourg, Lénine rendit à Moscou son statut de capitale. En mars 1918, il s’installa au Kremlin, et le nouveau gouvernement soviétique s’appropria les plus beaux hôtels particuliers de la ville pour en faire des bureaux. S’ensuivit un beau ballet de sycophantes avides de se placer. La nouvelle municipalité communiste de la ville autorisa la redistribution des logements, et des ouvriers emménagèrent par milliers dans des appartements confisqués à la bourgeoisie.
Mais la révolution et la guerre civile qui s’ensuivit mirent la ville à rude épreuve. La tourmente politique précipita une crise économique. En 1921, les usines moscovites ne fonctionnaient qu’à 10% de leur niveau d’avant-guerre. Pénurie de nourriture et de carburant, famine et maladie rongeaient la capitale. De deux millions en 1917, la population fit un plongeon vertigineux à un million en 1920. Les ouvriers épuisés retournèrent dans leurs villages en quête d’un répit, tandis que l’ancienne élite partit avec armes et bagages vers d’autres horizons.
En mai 1922, Lénine subit la première d’une série d’attaques. Il en resta paralysé et fut réduit à quitter la direction du Parti et du gouvernement. Il mourut à l’âge de 53 ans, en janvier 1924. Son corps embaumé fut exposé à Moscou et Saint-Pétersbourg fut rebaptisée Leningrad en son honneur. Il fit l’objet d’un culte de la personnalité orchestré par Joseph Vissarionovitch Djougachvili, connu sous le nom de Joseph Staline.
Pendant des siècles, le calendrier de la Russie a été en décalage avec celui de l’Occident. Jusqu’en 1700, les dates s’égrenaient à partir de la “création”, estimée aux alentours de 5 508 ans av. J.-C. À l’époque, l’année 1700 était donc l’an 7208 en Russie. Pierre le Grand réforma le calendrier afin de le faire commencer à la supposée naissance du Christ, comme ailleurs en Europe.
Les choses se corsèrent au XVIIIe siècle, lorsque la plus grande partie de l’Europe abandonna le calendrier julien, astronomiquement moins exact, en faveur du calendrier grégorien, sans que la Russie suive le mouvement. En 1917, le calendrier russe avait donc 13 jours de retard sur le reste de l’Europe, ce qui explique comment la révolution d’Octobre a eu lieu le 7 novembre.
Le régime soviétique remit les pendules russes à l’heure : en 1918, au 31 janvier succéda le 14 février, permettant ainsi au pays de rattraper l’Occident. Cela dit, les Russes fêtent toujours le Noël orthodoxe 13 jours plus tard que les catholiques.
Dans ce guide, les dates mentionnées sont celles du calendrier grégorien actuel, utilisé mondialement.
Improbable successeur méprisé de Lénine, Staline (1878-1953) parvint, au terme de près de six ans de manœuvres, à évincer ses rivaux et à se frayer un chemin à la tête du Parti communiste. Grand paranoïaque, le Géorgien fit régner dans ses rangs une terreur qui coûta au final la vie à la quasi-totalité de la première génération des officiels soviétiques. Des centaines de milliers de Moscovites furent systématiquement exécutés et enterrés en secret sur les terres des anciens monastères.
Au début des années 1930, Staline entama une révolution industrielle. Celle-ci se fit à marche forcée, mais en 1939, seuls les États-Unis et l’Allemagne affichaient une production industrielle supérieure. Moscou donna le rythme de ce développement soutenu. Les prisonniers politiques furent exploités comme main-d’œuvre servile. La construction du canal Moscou-Volga fut supervisée par la police secrète, qui força plusieurs centaines de milliers “d’ennemis de la révolution” à creuser les 125 kilomètres de canaux. Au total, cette campagne entraîna des millions de morts.
La collectivisation brutale des terres provoqua une vague d’immigration paysanne à Moscou, et des campements de fortune s’élevèrent autour de la cité. Moscou devint le centre d’une industrie militaire fortement subventionnée. Les ingénieurs et les techniciens qui y travaillaient jouissaient d’un statut privilégié. L’élite du Parti emménagea dans de spacieux appartements, tels que la résidence Dom na Naberejnoï, au bord de l’eau, face au Kremlin.
Staline lança un grand projet d’urbanisation qui fut mené avec une brutalité à l’aune de l’époque. Des pans entiers de patrimoine, en particulier religieux, furent détruits, et souvent remplacés par de nouveaux monuments, symbolisant l’avènement de l’ère socialiste. La première ligne du métro, aux murs tapissés de marbre, fut achevée en 1935. L’immense cathédrale du Christ-Sauveur fut rasée en vue d’ériger à sa place le plus grand bâtiment du monde, au sommet duquel se serait dressée une statue de Lénine. De grands axes furent tracés et des gratte-ciel néogothiques s’élevèrent autour de la ville.
À la mort de Staline, des millions de Soviétiques vinrent rendre hommage à sa dépouille, tant ils associaient le dictateur à la nation elle-même. Dans la cohue de ces jours de déploration collective, des centaines de personnes moururent piétinées. Le système mis en place par l’autocrate lui survécut, à quelques changements près.
Installé au pouvoir au terme d’une âpre lutte de près de deux ans, Nikita Khrouchtchev (1894-1971), nouveau Premier secrétaire du Parti communiste et ancien Premier secrétaire de la région de Moscou, rogna l’influence de la police secrète, libéra les prisonniers politiques et engagea d’importantes réformes. D’immenses constructions sortirent de terre dans la banlieue de Moscou. Beaucoup de ces immeubles bas, construits à la hâte, furent baptisés khroushtchoby, jeu de mots entre Khrouchtchev et troushtchoby (taudis). Inquiètes du populisme et de l’imprévisibilité de Khrouchtchev, les élites dirigeantes l’évincèrent en 1964.
Vint alors la stagnation, avec le long règne de Leonid Brejnev (1906-1982), principal dirigeant de l’URSS jusqu’en 1982, qui maintint, au prix de l’inertie, la Russie au rang de superpuissance militaire et garantit la stabilité politique.
Durant ces années, la guerre froide influença le développement de Moscou pendant que l’Union soviétique et les États-Unis étaient engagés dans la course aux armements et à l’espace. En 1980, l’industrie de la défense représentait un tiers de la production industrielle de la ville et un quart de sa main-d’œuvre. Les dirigeants municipaux de Moscou n’étaient pas tenus au courant de ce qui se tramait dans ces installations gérées secrètement. Pour des questions de sécurité nationale, le KGB aurait fait discrètement creuser un réseau de métro parallèle, Metro-2.
Sous Brejnev, l’élite politique vieillissante jouissait de réels privilèges, tandis que le reste de la population vivait dans la pénurie. L’économie planifiée et centralisée ne parvenait pas à satisfaire la demande croissante et le système économique ne faisait que décliner.
Moscou ne tira pas moins profit de la dynamique inertielle née du boom économique d’après-guerre. Brejnev témoignant d’un penchant pour les bâtiments modernes massifs, d’immenses blocs de béton et de verre, comme l’ancien hôtel Rossia, furent construits en manière de témoignages de la modernité soviétique. La ville s’étendit, accueillant davantage de bâtiments et d’habitants, notamment à l’orée des Jeux olympiques d’été de 1980 (lesquels furent toutefois boycottés par un grand nombre de pays, en réaction à l’invasion de l’Afghanistan l’année précédente).
La place Rouge héberge le corps embaumé de Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine. Lorsqu’il succomba à une attaque foudroyante le 22 janvier 1924, à l’âge de 53 ans, une longue file de dévots se forma, attendant durant des semaines, debout, par un hiver mordant, de lui rendre un dernier hommage. Inspiré par ce spectacle, Staline proposa de faire du fondateur du communisme soviétique une “relique” de nature à servir la cause. La décision fut prise de conserver le corps de Lénine, malgré les vives protestations de sa veuve et la volonté de Lénine lui-même, qui avait dit vouloir être enterré près de sa mère à Saint-Pétersbourg.
Boris Zbarsky, biochimiste, et Vladimir Voribov, anatomiste, reçurent l’ordre de stopper le processus naturel de décomposition du corps. Le tandem travailla d’arrache-pied dans un laboratoire secret pour mettre au point la solution chimique miracle. Pendant ce temps, les taches de vieillesse de Lénine furent blanchies, et ses lèvres et yeux cousus. Son cerveau fut prélevé et transféré vers un autre laboratoire secret, où il fut découpé en tranches et en cubes pendant les quarante années suivantes par des scientifiques cherchant à découvrir l’origine de son génie.
En juillet 1924, les scientifiques trouvèrent une formule propre à stabiliser les tissus. Elle fut classée secret d’État. Zbarsky passa le flambeau à son fils, qui dirigea le laboratoire d’embaumement du Kremlin pendant des décennies. À la chute du régime, Zbarsky livra son secret : le corps est régulièrement nettoyé, et, tous les 18 mois, soigneusement examiné et plongé dans un bain de produits chimiques comprenant une large proportion de paraffine. Aujourd’hui, l’institut est privé et offre ses services aux aspirants à l’immortalité, moyennant finance.
Au début des années 1990, Boris Eltsine exprima son intention de respecter la volonté de Lénine et de l’enterrer à Saint-Pétersbourg, provoquant un tollé à gauche et suscitant les objections plus discrètes des tour-opérateurs moscovites. Il semble que le mausolée, le reliquaire le plus sacré du communisme soviétique, et le corps embaumé qu’il contient resteront en place encore quelques années.
Le passé de Moscou commença à revenir en faveur chez les architectes. L’arc de triomphe d’Alexandre fut ainsi reconstruit, tandis que le projet de rebâtir la tour Soukharev de Pierre le Grand demeura lettre morte. Les habitants continuèrent de s’éloigner du centre, occupé par l’élite dirigeante. Des tours de piètre facture furent érigées à la périphérie de Moscou et les lignes de métro furent prolongées.
Au long de ces années comme aujourd’hui, les Russes étaient enclins à s’installer à Moscou ou à y retourner. Les dirigeants municipaux tentèrent de mettre en place un système de permis de résidence, mais sans succès. En 1960, la ville comptait 6 millions d’habitants, et plus de 8 millions en 1980. Cet excédent entraîna la croissance rapide des banlieues moscovites. Si l’industrie était le principal pilier économique de la ville, de nombreux emplois furent créés dans les secteurs de la science, de l’éducation et de l’administration publique. Une diversité ethnique apparut, avec l’installation de petits commerçants d’Asie centrale et du Caucase.
Avec l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev en mars 1985, le gouvernement soviétique se montra ouvert au changement. Le nouveau Secrétaire général avait pour mission de revitaliser un système socialiste vacillant. Ainsi lança-t-il un programme de réformes multiples, baptisé “perestroïka” (reconstruction). Pour lui, la crise économique procédait de l’aliénation de la société par le socialisme.
Ses réformes visaient à éveiller les consciences et à encourager l’initiative. La glasnost (transparence) rendit à une vie relative une culture populaire moribonde et des médias étouffés. La démocratisation donna lieu à des élections pluripartites et à de nouvelles assemblées législatives. Les coopératives réalisèrent leurs premiers pas dans une économie de marché depuis plus de 50 ans. Le plan de Gorbatchev était de mener une transition progressive, mais en pratique, les événements le prirent de court. Et Moscou mena la danse.
En 1985, Mikhaïl Gorbatchev fit venir Boris Eltsine (1931-2007), alors gouverneur d’Ekaterinbourg, dans l’Oural, pour prendre la tête de Moscou. Sa mission était de débarrasser la ville de la corruption. Il commença par renvoyer des centaines de fonctionnaires. Son côté populiste lui valut un succès immédiat auprès des Moscovites. Pendant la campagne impopulaire de Mikhaïl Gorbatchev contre la consommation d’alcool, Eltsine sauva la plus grande brasserie de Moscou de la fermeture.
Ayant mené, de longue date, une politique ambivalente avec pour vœu de déstabiliser l’Ouest tout en assurant la sécurité de l’Union soviétique, Staline signa un pacte de non-agression avec Hitler en août 1939.
Lorsque le dictateur allemand lança l’opération Barberousse en juin 1941, Staline, faute d’avoir tenu compte des avertissements qui lui avaient été adressés, se trouva un temps pris de court.
Mal préparée, l’Armée rouge ne faisait pas le poids contre la machine de guerre nazie qui avançait sur trois fronts. Et l’Histoire se répéta lorsque les deux armées s’affrontèrent à Borodino. En décembre, les Allemands étaient aux portes de Moscou, à 30 km du Kremlin. Seul un sévère hiver précoce ralentit leur avancée. Un monument marque aujourd’hui l’endroit, près de la route menant à l’aéroport de Sheremyetievo, où les nazis ont été stoppés. Organisant une brillante contre-attaque, le général Joukov, héros de guerre soviétique, sauva la capitale.
Au plan général, Boris Eltsine favorisa une atmosphère politique plus ouverte. Il autorisa les groupes “informels”, non validés par le Parti communiste, à s’organiser et à s’exprimer. Bientôt, les rues de Moscou, notamment l’Arbat, résonnèrent de manifestations démocrates, nationalistes ou communistes. Avec son style, Eltsine s’aliéna les chefs du Parti, les uns après les autres. Gorbatchev, sous la pression des conservateurs, le renvoya en 1987.
Dans le cadre de ses réformes politiques, Mikhaïl Gorbatchev organisa les élections des assemblées réformées au printemps 1990. À cette époque, le communisme s’était déjà effondré en Europe de l’Est et, en Union soviétique, les événements se radicalisaient. Lors des premières élections libres depuis 88 ans, les Moscovites se pressèrent aux urnes pour élire un bloc de réformateurs démocrates.
Gavriil Popov, économiste, fut élu maire, tandis que Iouri Loujkov prit le poste d’adjoint. Popov se lança dans la “décommunisation” de la ville, vendit les demeures et les entreprises d’État, et rendit aux rues leur nom prérévolutionnaire. Il se heurta maintes fois au gouvernement soviétique au sujet de la gestion des affaires municipales, mais il se fit un allié-clé lorsqu’Eltsine, élu à la tête du nouveau Soviet suprême russe, fit son retour sur la scène politique.
Le 18 août 1991, les Moscovites trouvèrent à leur réveil une colonne de chars dans la rue et un “Comité d’état d’urgence”, composé de dirigeants du Parti communiste, du KGB et de militaires, en charge des opérations. Ce comité avait fait appréhender Gorbatchev dans sa datcha de Crimée et ordonné l’arrestation d’Eltsine et des chefs municipaux de Moscou.
Mais le coup d’État, mal organisé, tourna court. Eltsine, Popov et Loujkov regagnèrent le bâtiment du Parlement, la Maison blanche, et appelèrent l’opposition à l’aide. La foule se rassembla devant la Maison blanche, persuada certains équipages de chars de changer de camp et construisit des barricades. Eltsine se hissa sur un tank, défiant les snipers de l’abattre, pour déclarer le putsch illégal et appeler à la grève générale. Après ce paroxysme, la résolution des mutins vacilla, annonçant la fin du coup d’État.
Le jour suivant, une foule massive opposée au putsch se rassembla à Moscou. Les organisateurs du putsch perdirent leur sang-froid : l’un d’eux se suicida, quelques-uns eurent des malaises, laissant les autres irrésolus, voire démissionnaires. Le 21 août, les tanks se retirèrent. Le putsch avait échoué. Mikhaïl Gorbatchev rentra à Moscou pour reprendre le pouvoir, mais lui aussi avait fait son temps. Le 23 août, Eltsine interdit le Parti communiste en Russie.
Gorbatchev se lança dans une dernière tentative pour sauver l’Union soviétique, en proposant plus d’autonomie aux différentes républiques. Eltsine, de son côté, retira progressivement toutes les manettes importantes des mains des prosoviétiques pour les confier à des défenseurs de la Russie. Le 8 décembre, Boris Eltsine et les dirigeants de l’Ukraine et de la Biélorussie, après s’être réunis, proclamèrent la dissolution de l’URSS, remplacée par une nouvelle Communauté des États indépendants (CEI), vague alliance sans autorité centrale. Mikhaïl Gorbatchev, président d’une entité qui n’existait plus, démissionna officiellement le 25 décembre, le jour où le drapeau russe blanc, bleu et rouge vint flotter sur le Kremlin à la place de celui, rouge, de l’ex-Union soviétique.
Encouragé par son succès, Boris Eltsine (désormais président) se vit confier des pouvoirs extraordinaires par le Parlement afin de sortir le pays des décombres soviétiques. Il en usa pour lancer des réformes économiques et se rapprocher de l’Occident, ce qui divisa l’élite politique. Tandis que l’équipe de réformateurs économiques de Boris Eltsine s’attelait au démantèlement de l’économie planifiée, le Parlement décida début 1992 de reprendre ses pouvoirs au président. Les réformes restèrent au point mort pendant un an et demi.
Le conflit entre exécutif et législatif au niveau national se jouait également à Moscou. Après la chute du régime soviétique, le bloc démocrate qui avait mis Popov au pouvoir se désagrégea. À Moscou, le boom de l’immobilier s’amorçait à mesure que les immeubles et les terrains sans véritable propriétaire changeaient de main à un rythme effréné dans une légalité douteuse. Les désaccords se multiplièrent entre la mairie et le conseil municipal ainsi que le gouvernement fédéral. Popov entra en conflit avec Eltsine, comme il l’avait fait avec Gorbatchev.
En juin 1992, Popov démissionna et l’adjoint au maire Iouri Loujkov prit sa place. Le conseil municipal vota alors une motion de censure contre Loujkov et demanda de nouvelles élections, mais le nouveau maire se contenta d’ignorer la résolution.
En 1993, le conflit entre le président Eltsine et le Parlement s’intensifia. Huit projets de Constitution différents furent proposés, et rejetés. En septembre 1993, le Parlement se réunit pour retirer au président une grande partie de ses pouvoirs. Avant que l’assemblée ait pu statuer, Eltsine acta sa dissolution par décret et appela à de nouvelles élections. Les événements prirent alors un cours violent. Eltsine envoya l’armée bloquer la Maison blanche et ordonna aux parlementaires de partir avant le 4 octobre. Beaucoup obtempérèrent, mais les 2 et 3 octobre, un Front de salut national vit le jour, dans l’espoir de soulever une insurrection populaire contre le président. Le Front affronta les troupes encerclant la Maison Blanche et tenta de prendre la tour de télévision Ostankino.
L’armée intervint en faveur du président et obligea le Parlement à se rendre. On dénombra en tout 145 morts et 700 blessés, victimes du conflit civil le plus sanglant ayant eu lieu à Moscou depuis la prise de pouvoir par les bolcheviks en 1917. Eltsine et le Parlement, récemment dompté, mirent en place la Constitution de 1993 qui créait un nouveau système politique s’articulant autour d’un pouvoir exécutif central fort.
Si, au cours des années 1990, l’état de santé du président se dégrada, l’intéressé n’était, en 1996, nullement disposé à quitter ses fonctions. Les nouveaux riches de Russie, qui avaient soutenu et financé la campagne d’Eltsine, furent récompensés par des postes de décideurs politiques au sein du gouvernement, et par des actifs publics octroyés lors des enchères de privatisation. La prise du pouvoir par ces “oligarques” dignes des boyards médiévaux devint encore plus évidente durant la maladie de Boris Eltsine.
Dans la nouvelle Russie, la richesse était concentrée à Moscou. Tandis que le reste du pays luttait pour survivre à l’effondrement de l’économie planifiée, la capitale fit bientôt figure d’enclave d’abondance et de dynamisme. Au milieu des années 1990, elle possédait tout ce que les Russes avaient espéré du capitalisme, mais dont la province n’avait encore rien vu venir.
La ville apportait près de 25 % des recettes fiscales récoltées par le gouvernement fédéral. Banques, Bourses de commerce, grandes entreprises et magasins de luxe s’installèrent dans la capitale. À la fin des années 1990, Moscou était devenue l’une des villes les plus chères du monde.
Lorsqu’en 1998, l’État ne put honorer sa dette et dévalua la monnaie, le boom sembla avoir fait long feu. Mais une fois la panique apaisée, il parut évident qu’il s’agissait moins d’une crise que de l’ajustement, certes brutal, d’un rouble fortement surévalué. Grâce au nouveau taux de change, les entreprises russes gagnèrent en compétitivité et en productivité. Les salaires furent à nouveau versés et la consommation reprit.
En décembre 1999, alors qu’il adressait ses vœux télévisés à la nation, Boris Eltsine choqua une nouvelle fois ses compatriotes en annonçant qu’il démissionnait et se retirait de la vie politique. Il confia sa fonction à son Premier ministre fraîchement nommé, Vladimir Poutine. Celui-ci avait su impressionner Eltsine par son dévouement, son esprit avisé et sa détermination marquée de principes. Eltsine avait choisi de faire son annonce pendant les vacances de Noël, prenant ainsi de court ses adversaires politiques et augmentant les chances de son poulain dans le scrutin à venir. Le plan fonctionna. En mars 2000, Poutine devint le deuxième président de la Fédération de Russie.
Sa présence au Kremlin intriguait : ancien chef du KGB mais allié du maire démocrate de Saint-Pétersbourg ; adepte de la culture européenne mais nostalgique du patriotisme soviétique.
Pendant son premier mandat, Vladimir Poutine domina dans les sondages. Il apportait calme et stabilité à la politique russe, après plus de dix ans de crise et de bouleversements.
L’économie finit par amorcer une pente positive, engendrant des excédents budgétaires. Salaires et retraites furent versés entièrement, en temps et en heure.
Vladimir Poutine avait promis de restaurer l’autorité de l’État centralisé à Moscou. Il lança une réforme constitutionnelle réduisant le pouvoir des gouverneurs régionaux et amorça une deuxième guerre contre les séparatistes radicaux tchétchènes.
Son second mandat vit s’affirmer une politique plus autoritaire. D’anciens policiers furent nommés Premier ministre et porte-parole du gouvernement. La mainmise sur les médias de masse, la société civile et les organisations non gouvernementales se durcit.
Si les origines du conflit russo-tchétchène remontent au XVIIIe siècle, Moscou n’en ressent les conséquences que depuis peu. En septembre 1999, des explosions firent plus de 200 victimes dans la capitale. Les terroristes tchétchènes furent accusés, malgré des preuves plutôt minces.
En 2002, des rebelles tchétchènes ceinturés d’explosifs investirent un théâtre populaire moscovite et exigèrent l’indépendance de la Tchétchénie. Près de 800 employés et spectateurs du théâtre furent retenus en otage pendant 3 jours. L’armée russe riposta en envoyant du gaz toxique paralysant les preneurs d’otages comme leurs victimes, évitant ainsi le bain de sang. Mais la réaction violente imprévue des otages au gaz ainsi que l’absence de moyens médicaux sur place entraînèrent la mort de 130 personnes et des séquelles plus ou moins durables pour des centaines d’autres. Cet épisode tragique relança la campagne russe visant à forcer la Tchétchénie à capituler.
Les terroristes répliquèrent par des actions de plus petite ampleur menées régulièrement les années suivantes. Ainsi, entre 2002 et 2005, des kamikazes se firent exploser à Moscou près de la place Rouge, dans le métro, dans des avions et à des concerts de rock, faisant des centaines de morts et de blessés. L’un des pires attentats à Moscou même eut lieu en février 2004, lorsqu’une bombe explosa dans une rame de métro entre les stations Avtozavodskaya et Paveletskaya, tuant 39 personnes et en blessant plus d’une centaine.
Les choses se calmèrent ensuite pendant quelques années, mais, vers la fin de la décennie, les attentats reprirent dans la capitale et ses environs, avec pour cibles-clés le métro, les aéroports et autres infrastructures de transport.
Depuis 2011, Moscou est relativement paisible mais personne ne croit réellement que les choses soient terminées. Les journaux font état des succès enregistrés par la Sécurité fédérale (FSB) pour déjouer les attentats terroristes. Les autorités fédérales promettent des représailles et les forces de l’ordre municipales augmentent la sécurité, mais la violence continue.
À partir de 1999, la Russie enregistra une croissance économique positive. Après la dévaluation du rouble, les producteurs gagnèrent en compétitivité et en bénéfices. L’économie profita largement de la rareté mondiale des ressources énergétiques. Le boom pétrolier russe, à son plus haut depuis 2000, permit à l’État d’afficher des excédents budgétaires, de rembourser sa dette étrangère et de baisser les impôts.
Moscou prospéra et continua sa métamorphose physique, débarrassant son centre historique de ses industries et construisant des gratte-ciel le long de la Moskova. Les voitures de luxe embouteillèrent les rues congestionnées de la capitale. Une classe de “nouveaux Russes” émergea, à la fois enviée et tournée en dérision pour son côté “bling-bling”.
Après des décennies d’austérité sous le régime soviétique, les Moscovites se révélèrent avec leur liberté retrouvée. Libération des mœurs, libations, provocations et plaisirs, tout était permis et affiché au grand jour.
Au début des années 2010, le rythme de la vie économique se stabilisa. Après plus de dix ans de croissance économique, la richesse commençait à profiter à d’autres couches sociales que celle des “nouveaux Russes”. À Moscou, la bourgeoisie naissante bénéficiait désormais de perspectives d’emploi sans précédent et d’une multitude de choix en matière de culture et de consommation.
En 2008, voyant s’achever son second mandat présidentiel et ne pouvant, la Constitution l’interdisant, en briguer un troisième consécutif, Vladimir Poutine s’est choisi comme successeur le professeur de droit Dmitri Medvedev, qui s’est empressé de nommer son mentor Premier ministre. Cette alternance artificielle n’a guère provoqué de remous en Russie. Quatre ans plus tard, Medvedev a renoncé à se présenter pour un second mandat. Poutine s’est déclaré candidat en laissant entendre que Medvedev ferait un excellent Premier ministre. Les deux hommes ont ainsi échangé leurs places en 2012.
Pendant environ 6 mois entre les élections et l’investiture, des manifestants sont régulièrement descendus dans les rues de Moscou pour demander des “élections justes”. Ces manifestations se sont muées en un mouvement antigouvernemental plus vaste, parfois baptisé “révolution de neige”. Le plus gros rassemblement aurait attiré, selon les organisateurs, plus de 100 000 personnes.
La protestation n’a cependant pas duré. Une fois au pouvoir, Poutine a fait voter des lois draconiennes restreignant le droit de se rassembler et sanctionnant d’une lourde amende la participation à des manifestations non autorisées. Le mouvement d’opposition manquait également d’unité et d’organisation. Les Moscovites étaient occupés à gagner leur vie, nourrir leurs familles et assister à des événements sportifs et des expositions artistiques, et la vie dans la capitale a repris son cours.
Depuis que la fonction de maire n’est plus un titre honorifique, mais un poste à plein temps, nul n’est resté maire de Moscou aussi longtemps que Iouri Loujkov. Aucun n’a d’ailleurs autant influencé la transformation du Moscou postcommuniste que le “maire à la casquette”. Pendant ses 18 années de service, la ville a revendiqué son statut mondial de centre du pouvoir et de richesse. Elle a vu son paysage changer tandis que son économie et son rayonnement culturel international ont pris leur envol.
En 2010, les tensions larvées entre le Kremlin et la mairie ont atteint le point de non-retour. Après une prise de bec semi-publique, Medvedev, alors président, a limogé Loujkov. Son remplaçant, Sergueï Sobianine, est l’ancien directeur de l’administration présidentielle de Poutine. À l’instar d’autres possessions convoitées de la Russie de Poutine, Moscou est désormais dans le giron du Kremlin.
Xe siècle
Des tribus slaves de l’Ouest, originaires de la Rous kiévienne, migrent vers l’est,
assimilant ou déplaçant les tribus finno-ougriennes qui peuplent la région.
1015
Le royaume de Vladimir Ier est divisé entre ses fils, provoquant une période de troubles. Son fils Iaroslav
prend le contrôle des territoires de l’Est.
1113-1125
La principauté de Vladimir-Souzdal devient une puissante rivale dans le royaume de
Russie. Le grand-prince Vladimir charge son fils, Iouri Dolgorouki, d’administrer
la région.
1147
Moscou est mentionnée pour la première fois dans les chroniques historiques, lorsque
Iouri Dolgorouki invite ses alliés à un banquet.
1156
Moscou est encerclée par une palissade de bois, doublée de douves, pour la protéger
des principautés rivales et autres attaques venant de l’est.
1237-1238
Les Mongols rasent la ville et exécutent son gouverneur. Leur présence menaçante remet
les compteurs politiques à zéro dans la région, ouvrant le champ à la principauté
de Moscou.
1282
Dans les faubourgs sud de Moscou, Daniel fonde le premier monastère de la ville comme
poste avancé défensif, aujourd’hui le monastère Danilovsky.
1303
Ayant prononcé ses vœux monastiques avant sa mort, le prince Daniel est inhumé dans
le cimetière du monastère Danilovsky.
1326
Moscou s’impose comme centre politique et religieux. Le chef de l’épiscopat russe
quitte Vladimir pour s’établir au Kremlin.
1328
Le grand-prince Ivan Ier (Kalita) obtient le droit de collecter l’impôt dans les autres principautés russes,
contrôlant de fait la principauté de Vladimir-Souzdal.
1327-1333
Les premiers édifices en pierre sont érigés à l’intérieur du Kremlin, notamment trois
belles églises et un clocher en calcaire, chacun surmonté d’un bulbe.
1360
Le Kremlin est fortifié à nouveau et étendu. Le village devient un centre urbain,
et le grand-prince Dimitri fait remplacer la palissade de bois par une enceinte de
pierre.
1380
Le grand-prince Dimitri parvient pour la première fois à défier l’autorité tatare,
et gagne son surnom de Donskoï en battant les Tatars lors de la bataille de Koulikovo,
sur le Don.
Années 1450
Constantinople tombée aux mains des Turcs, l’Église orthodoxe russe s’émancipe de
Byzance. Moscou s’autoproclame “Troisième Rome”, héritière de la chrétienté.
1475-1495
Ivan III lance une campagne de reconstruction pour célébrer ses victoires militaires,
invitant des artisans italiens pour bâtir les murs du Kremlin et ses imposantes tours.
1478-1480
Moscou éclipse les principautés rivales, et l’armée russe défait les Mongols sur l’Ougra.
Ivan III est couronné souverain de toute la Russie, ce qui lui vaut le surnom d’Ivan
le Grand.
1505-1508
Les constructions à l’intérieur du Kremlin se poursuivent, avec le clocher d’Ivan-le-Grand,
plus haut édifice de Moscou jusqu’au XXe siècle.
1508-1516
Le fossé d’Alevizov est creusé le long du mur est du Kremlin. La zone attenante au
fossé (aujourd’hui la place Rouge) est la place du marché de la ville.
1524
Le monastère Novodevitchi est fondé en l’honneur de la conquête de Smolensk, dix ans
auparavant. La forteresse est un maillon du système de défense de la ville.
1560
À la mort de sa femme, Ivan IV, paranoïaque, commence à faire régner la terreur sur
les boyards (nobles de haut rang), ce qui lui vaut son surnom d’Ivan le Terrible.
1571
Moscou est réduite en cendres par les Tatars de Crimée. La ville se reconstruit, et
un mur de pierre est érigé autour des quartiers commerçants qui jouxtent le Kremlin.
1592
Des remparts de terre, hérissés de quelque 50 tours, sont construits pour marquer
les limites de la ville. Leur emplacement est aujourd’hui occupé par la ceinture des
Jardins.
1591-1613
Ivan IV meurt sans héritier capable, laissant le pays dans le chaos. Sa mort marque
le début du Temps des troubles : les prétendants au trône se bousculent pour diriger
le pays.
1601-1603
La Russie souffre d’une famine généralisée, et voit périr près des deux tiers de sa
population. Plus de 100 000 personnes sont ensevelies dans les fosses communes de
Moscou.
1610-1612
L’armée de la république des Deux-Nations (Pologne-Lituanie) occupe Moscou, jusqu’à
l’arrivée de l’armée cosaque emmenée par Dmitri Pojarski et Kouzma Minine.
1613
Le Zemsky sobor, sorte de parlement, élit Mikhaïl Romanov tsar. Il est rappelé de
son exil à Kostroma et couronné, fondant ainsi la dynastie des Romanov.
Années 1600
Dans la première moitié du XVIIe siècle, la population de la capitale double pour atteindre 200 000 habitants. La
ville s’étend au-delà des remparts.
1654-1662
Les guerres contre la Pologne et la Suède vident les caisses. Des pièces de cuivre
sont frappées, ce qui aggrave la crise économique. 10 000 personnes descendent dans la rue.
1682
La lutte pour le pouvoir entre deux clans sème le trouble dans la garde du Kremlin,
puis dans la ville, avant que Sophie Alexeïevna ne prenne la régence au nom de ses
deux frères.
1712
Pierre Ier (le Grand) surprend le pays en transférant la capitale à Saint-Pétersbourg.
Années 1700
Moscou périclite pendant la première moitié du siècle, bureaucrates et aristocrates
étant partis vers le nord. Au milieu du siècle, la population a chuté à 130 000 habitants.
1746
La route de Tver devient la route de Saint-Pétersbourg, ou Peterbourskoye shosse,
reliant les deux capitales.
1755
Encouragée par Mikhaïl Lomonossov et le ministre de l’Éducation Ivan Chouvalov, l’impératrice
Élisabeth fonde l’université d’État de Moscou (MGOU), la première de Russie.
1756
Le premier journal du pays est un hebdomadaire, les Nouvelles russes (Moskovskiye Vedemosti). Il est publié dans la nouvelle université.
1770-1780
Une épidémie de peste bubonique éclate, emportant 50 000 Moscovites. À la fin de la
décennie, Saint-Pétersbourg compte plus d’habitants que Moscou.
1810-1812
La Russie rompt son traité avec la France. Napoléon riposte en envahissant le pays
avec sa Grande Armée. Les Moscovites auraient incendié eux-mêmes leur ville avant l’invasion.
1824
Les théâtres Bolchoï et Maly sont bâtis sur la bien nommée place du Théâtre, et inaugurés
l’année suivante.
1839-1860
Pour fêter une victoire héroïque sur la France lors des guerres napoléoniennes, la cathédrale
du Christ-Sauveur est érigée sur les rives de la Moskova.
1861
Le “tsar libérateur” Alexandre II décrète la réforme paysanne, qui émancipe les serfs.
La population de Moscou s’envole, des milliers de paysans affluant vers la grande
ville.
1862
Le roman d’Ivan Tourgueniev Pères et fils marque le début du mouvement nihiliste, précurseur du populisme, de l’anarchisme,
puis du bolchevisme.
1905
Avec la création du poste de “gouverneur de la ville”, le tsar nomme Alexandre Adrianov
comme premier maire de Moscou.
1905
La guerre russo-japonaise provoque des grèves générales à Moscou et Saint-Pétersbourg.
À Moscou, des barricades sont dressées et on se bat dans Presnensky.
1914-1917
La Première Guerre mondiale ravage la Russie. En 1916, le pays déplorait 1,6 million
de morts. La population est fortement touchée par l’inflation et la pénurie alimentaire.
1917
Nicolas II est renversé lors de la révolution de février à Saint-Pétersbourg, et abdique.
Un gouvernement provisoire est créé pour rétablir l’ordre.
1918
Face à l’inefficacité du gouvernement provisoire, le Parti bolchevik prend le pouvoir.
Redoutant une attaque allemande, Lénine rapatrie la capitale à Moscou.
1922-1924
Lénine meurt. Plus d’un million d’admirateurs endeuillés viennent lui rendre un dernier
hommage. Joseph Staline lui succède en propre quelques années plus tard.
Années 1930
Staline lance une campagne de modernisation et fait régner la terreur. Moscou devient
une ville industrielle abritant des ouvriers pauvres et une multitude d’usines.
1931
La gigantesque cathédrale du Christ-Sauveur est dynamitée pour y construire le palais
des Soviets, projet de monument au socialisme surmonté d’une statue de Lénine.
1935
Les jeunes du Komsomol aident à construire la station de métro Komsomolskaya. La première
ligne de métro, Sokolniki, est mise en service.
1941-1944
Violant le pacte germano-soviétique de non-agression, Hitler attaque la Russie. Le
terrible hiver russe stoppe l’avancée nazie et permet à l’Armée rouge de résister.
1953
Staline meurt et est inhumé sur la place Rouge. Nikita Khrouchtchev devient Premier
secrétaire. Lavrenti Beria, chef du NKVD, est arrêté, jugé pour trahison et exécuté.
1956
Lors du congrès du Parti, Khrouchtchev lit un “discours secret” dans lequel il dénonce
la répression stalinienne et justifie l’exécution de Beria, trois ans plus tôt.
1958
Près de trente ans après la destruction de la cathédrale du Christ-Sauveur, l’immense
trou, jamais recouvert, devient finalement la plus grande piscine du monde.
1961
Le corps de Staline est déplacé du mausolée de la place Rouge vers le mur du Kremlin.
1964
Leonid Brejnev accède au pouvoir après avoir évincé Khrouchtchev, amorçant les “années
de stagnation”.
1979-1980
La Russie envahit l’Afghanistan et appuie le régime communiste face aux moudjahidines
soutenus par les États-Unis. Les relations entre les deux superpuissances se dégradent.
1982-1985
À la mort de Brejnev, l’ancien chef du KGB Iouri Andropov devient président pendant
15 mois, jusqu’à son décès. Son successeur, Constantin Tchernenko, meurt 13 mois plus
tard.
1985
Mikhaïl Gorbatchev est élu secrétaire général du Parti communiste. Souhaitant des
réformes, il institue la perestroïka (reconstruction) et la glasnost (transparence).
1991
Un putsch avorté en août sonne le glas de l’URSS. Gorbatchev démissionne et Boris
Eltsine devient le premier président élu de la Fédération de Russie.
1992
Le premier adjoint de la municipalité de Moscou, Iouri Loujkov, prend la place du
maire, Gavriil Popov.
1993
En désaccord avec le Parlement russe, Eltsine envoie l’armée mater les dissidents
à la Maison blanche et à la tour Ostankino. C’est le conflit politique le plus violent
en Russie depuis 1917.
1997
Pour célébrer le 850e anniversaire de la fondation de Moscou, la cathédrale du Christ-Sauveur est reconstruite
sur son site d’origine.
1998
Crise financière : le rouble est dévalué et le gouvernement fait défaut sur ses emprunts
internationaux.
1999
Le soir de Noël, Eltsine annonce sa démission immédiate, et confie les manettes du
pays au Premier ministre Vladimir Poutine.
2002-2005
Des attentats-suicides visant le métro, les aéroports et des concerts de rock font
des centaines de morts et de blessés.
2008-2009
La Russie n’échappe pas à la crise financière internationale. La récession économique
est accentuée par la chute du cours du pétrole et l’imbroglio militaire avec la Géorgie.
2008-2012
Le successeur choisi par Poutine, Dimitri Medvedev, est élu président pour un mandat.
Poutine est nommé Premier ministre en attendant de pouvoir à nouveau briguer la présidence.
2009-2011
Le terrorisme tchétchène reprend, avec des attentats dans des trains, des stations
de métro et un aéroport, causant des centaines de victimes.
2010
L’indéboulonnable maire de Moscou Iouri Loujkov est finalement démis de ses fonctions
et remplacé par Sergueï Sobianine.
2011
Moscou négocie une transaction foncière qui permettra à la ville d’acquérir un immense
espace peu peuplé, venant plus que doubler sa superficie.
2017
Premier grand parc à ouvrir à Moscou en 50 ans, le parc Zaryadye a vu le jour à Kitaï-Gorod
sur le site de l’ancien hôtel Rossia.