La capitale russe est une source inépuisable de découverte et d’étonnement pour les amateurs d’art et d’architecture. Sur le plan visuel, Moscou ne manque pas d’attraits, entre baroque moscovite, bâtiments de style pseudo-russe et des collections d’art de renommée mondiale. Aujourd’hui, un vent de créativité souffle sur la capitale, où artistes et architectes s’essayent à intégrer le nouveau à l’ancien dans cette cité intemporelle.
L’art est bien vivant à Moscou. En témoignent l’agrandissement en cours du musée des beaux-arts Pouchkine et les innombrables galeries d’art contemporain ouvrant sur d’anciens sites industriels.
Jusqu’au XVIIe siècle, les icônes étaient la principale forme d’art en Russie. Peintes à l’origine par les moines en manière d’exercice spirituel, ces images sont des supports d’adoration des saints personnages qu’elles représentent. On prête à certaines le pouvoir de porter chance, d’exaucer les vœux ou d’accomplir des miracles. Le plus souvent, elles ornent l’iconostase des églises.
La tradition veut que seuls le Christ, la Vierge, les anges, les saints et les scènes bibliques puissent être peints, et les icônes étaient censées être des copies d’un petit nombre de prototypes approuvés par l’Église. Parmi les représentations du Christ figurent le Pantocrator (Celui qui régit tout) et le Mandylion, représentant le visage du Christ et supposément inspiré d’une image originelle “non peinte de main d’homme”. Les icônes étaient traditionnellement peintes sur bois a tempera (pigment inorganique mélangé à un liant tel que le jaune d’œuf).
Une tradition d’icônes spécifiquement russes vit le jour à Novgorod lorsque des artistes commencèrent à introduire l’art folklorique dans leurs représentations de personnages, dessinant des silhouettes aux contours marqués et aux visages doux et utilisant des couleurs plus lumineuses, comme des jaunes et des verts pâles. Le premier peintre remarquable fut Théophane le Grec (1340-1405), Feofan Grek en russe, qui travailla à Byzance, Novgorod et Moscou. Ses plus belles œuvres sont exposées dans la cathédrale de l’Annonciation au Kremlin.
Andreï Roublev (1370-1430), moine des monastères de la Trinité-Saint-Serge et d’Andronikov, fut le plus grand peintre russe d’icônes. L’icône de la Trinité, exposée à la galerie Tretiakov de Moscou, est son œuvre la plus célèbre.
Dionysius, grand peintre d’icônes de la fin du XVe siècle, allongea les silhouettes et utilisa la couleur de manière plus subtile. Les icônes du XVIe siècle devinrent plus petites et plus peuplées, les personnages aux traits plus russes devinrent plus réalistes.
Outre la somptueuse collection de la galerie Tretiakov et du musée d’art ancien Andreï Roublev, on peut admirer d’impressionnantes collections privées au musée de l’Icône russe, sans oublier les nombreuses églises de la ville.
Au XVIIe siècle, Simon Ouchakov (1626-1686) se tourna vers la peinture religieuse occidentale, dont il adopta la perspective et l’arrière-plan architectural.
Le mouvement des Peredvijniki (les Ambulants) qui considéraient l’art comme le vecteur de l’éveil national et du changement social, fut la mouvance artistique la plus influente du XIXe siècle. Son nom provient des expositions itinérantes qui le firent connaître du grand public. Parmi les artistes soutenus par les frères Pavel et Sergueï Tretiakov, citons Vassili Sourikov (1848-1916) qui a peint des scènes historiques russes très réalistes, Nikolaï Gay (1831-1894), auteur de scènes bibliques et historiques, et Ilia Repine (1844-1930), sans doute le plus aimé des artistes russes, dont l’œuvre va de la critique sociale (Les Haleurs de la Volga) à l’histoire (Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie) en passant par les portraits. La galerie Tretiakov expose un grand nombre de pièces maîtresses des Peredvijniki.
L’industriel Savva Mamontov fut aussi un important mécène du mouvement pseudo-russe. Sa propriété d’Abramtsevo près de Moscou devint une colonie d’artistes. En 1894, Viktor Vasnetsov (1848-1926), y résida souvent. Ce peintre et architecte, célèbre pour ses tableaux historiques ou inspirés de contes de fées, dessina sa propre maison à Moscou : c’est aujourd’hui un petit musée. Il est également l’architecte du bâtiment original de la galerie Tretiakov, ainsi que de la chapelle d’Abramtsevo.
L’art de Nicolas Roerich (1874-1947) se caractérise, quant à lui, par des couleurs vives et riches, un style primitif et des thèmes mystiques. En 2013, le tableau de Roerich, La Peine de la Vierge Marie a été vendu aux enchères à Londres pour près de 7,9 millions de livres sterling (soit quelque 9,3 millions d’euros), arrivant temporairement en tête de la liste des toiles russes les plus chères. À Moscou, on peut admirer les tableaux de l’artiste au musée d’Art oriental. Le musée Roerich a fermé en raison d’une prise de contrôle par l’État.
L’œuvre de Mikhaïl Vroubel (1856-1910), génie de la fin du XIXe siècle, déploie une forme et un style uniques, s’inspirant des étincelantes mosaïques byzantines et vénitiennes. Les mosaïques réalisées sur l’hôtel Metropol figurent parmi ses plus belles œuvres.
Au XXe siècle, l’art russe mélangea groupes, styles et mouvements à mesure qu’il absorbait des décennies de changement européen en quelques années, avant de donner naissance à ses propres mouvements futuristes d’avant-garde.
Les Bogatyrs (Les Preux) de Viktor Vasnetsov (œuvre exposée à la galerie Tretiakov ;) est l’un des tableaux russes les plus appréciés. Cette peinture à l’huile représente trois imposants personnages d’une légende russe ou bylina : le guerrier et moine Ilya Mouromets, véritable héros du Moyen Âge, Dobrynia Nikititch, noble censé avoir terrassé un dragon, et Aliocha Popovitch, personnage rusé et audacieux souvent plus malin que ses adversaires. La bylina est une tradition orale. Grâce à ce chant narratif les légendes de la Russie kiévienne se sont transmises de génération en génération. Les bylines ont été publiées pour la première fois à partir du XVIIIe siècle. Les peintures de style néorusse de Vasnetsov en sont une réinterprétation.
Mikhaïl Larionov (1881-1964) et sa femme, Natalia Gontcharova (1881-1962), créèrent le néoprimitivisme, un mouvement fondé sur les arts populaires et les icônes primitives. Quelques années plus tard, Kazimir Malevitch (1878-1935) annonça l’arrivée d’un courant de l’abstraction, le suprématisme, dont les formes géométriques (les carrés noirs représentant la “forme zéro” ultime) libéraient enfin l’art et lui ouvraient la porte à de plus hautes visées. Autre futuriste très connu, Vladimir Maïakovski (1893-1930) était aussi poète. La nouvelle galerie Tretiakov ainsi que le musée d’Art moderne de Moscou exposent tous ces artistes.
Admirateur de Malevitch, Alexandre Rodtchenko (1891-1956) fut l’un des fondateurs du mouvement constructiviste. Ce graphiste, sculpteur et peintre est surtout célèbre pour son travail novateur en photographie. L’influence de Rodtchenko sur le design graphique est immense et nombre de ses techniques ont été largement utilisées.
Les futuristes répondirent avec enthousiasme aux besoins de la révolution (éducation, affiches et bannières). Mais à la fin des années 1920, l’art abstrait tomba en disgrâce, taxé de “formalisme”. Le Parti communiste voulait du “réalisme socialiste”, exaltant les objectifs de la glorieuse révolution. Des images académiques d’ouvriers au travail, de soldats héroïques et de dirigeants inspirés l’emportèrent. La nouvelle galerie Tretiakov recèle de nombreux exemples de ce réalisme. Deux millions de sculptures de Lénine et de Staline furent disséminées dans le pays. Kazimir Malevitch finit par peindre des portraits et par élaborer des projets de défilés, tandis que Vladimir Maïakovski se suicida.
Après Staline, une avant-garde “conceptualiste” fut autorisée. Le Sots Art (pop art soviétique) d’Ilia Kabakov (né en 1933) tentait ainsi de montrer le gouffre qui séparait les promesses de la réalité de l’existence soviétique. Figure majeure de cette avant-garde, Erik Boulatov (né en 1933) dénonçait la dévalorisation du langage en reproduisant ironiquement les slogans soviétiques et en représentant des mots disparaissant à l’horizon.
En 1962, l’Union des artistes de Moscou célébra la détente poststalinienne en organisant une exposition d’art “non officiel” autrefois interdit. Khrouchtchev, réformateur frileux, fut atterré par les œuvres exposées, qu’il qualifia de “merde”. Les artistes retournèrent dans la clandestinité.
Les artistes russes les plus connus aujourd’hui sont ceux qui ont bénéficié de certaines faveurs des politiciens en place, comme Alexandre Bourganov (né en 1935) dont les sculptures ornent notamment l’Arbat. Plus connu que populaire, l’artiste et architecte Zourab Tsereteli (né en 1934) est l’auteur de statues et de bâtiments monumentaux, omniprésents à Moscou.
Le peintre religieux Ilya Glazounov (1930-2017) a été un ardent défenseur de la culture traditionnelle russe orthodoxe, tandis qu’Alexander Shilov (né en 1943) est célèbre pour avoir brossé des portraits académiques – à la limite du kitsch – de ses contemporains.
Cela dit, les véritables vedettes de notre époque sont les artistes qui n’avaient ni ressources ni attentes. Parmi ces jeunes démunis, une sorte de performance artistique destructrice est apparue dans les années 1990, sous le nom d’“actionnisme moscovite”. Oleg Koulik et Anatoly Osmolovsky ont été les pionniers de ce mouvement, tandis qu’Alexander Brenner est connu pour avoir été expulsé de Russie après avoir vandalisé un tableau de Malevitch. Aujourd’hui, une nouvelle génération d’artistes, comme Piotr Pavlenski, réalise ce genre de performances artistiques dans un style plus minimaliste et avec une action symbolique qui a plus de sens.
La scène artistique contemporaine moscovite est fascinante, non pour ses artistes établis, mais pour les artistes prometteurs qui travaillent dans les centres artistiques de la ville. Récemment présenté à Winzavod, Evguéni Granilchikov se sert de vidéos et d’autres médias cinématographiques pour exprimer la déception de sa génération face à la politique. Taous Makhatcheva est une artiste daghestanaise dont les œuvres abordent la question de l’identité nationale ont été exposées lors de la Biennale de Venise et dans des salles d’exposition locales.
Certains professionnels du monde artistique affirment qu’il n’y a aucune censure dans le pays, même si nombre d’entre eux reconnaissent s’autocensurer dans une certaine mesure. Toutefois, certains événements semblent démontrer qu’artistes et responsables de musées risquent des poursuites s’ils traitent de sujets trop sensibles, tels que la guerre en Tchétchénie ou l’Église russe orthodoxe.
Néanmoins, l’art contemporain bénéficie d’un soutien sans précédent de la part des autorités, et le gouvernement se mobilise pour financer de prestigieux événements, comme la Biennale d’art contemporain de Moscou. De nombreux oligarques sont également intervenus pour encourager les jeunes talents russes et favoriser une scène artistique dynamique. Leonid Mikhelson, fondateur de Novatek et l’homme le plus riche de Russie (selon Forbes), a créé la V-A-C Foundation dans le but de soutenir l’art contemporain. Depuis sa création, la fondation a parrainé d’innombrables expositions à Moscou et dans le monde entier, et son immense nouveau centre d’art, le GeS-2, est actuellement en construction sur le site d’une ancienne centrale électrique. Conçu par Renzo Piano, le projet devrait être achevé en 2019.
Les rues de Moscou racontent l’histoire de la Russie : églises, hôtels particuliers, théâtres et hôtels sont autant de témoins de périodes clés. Malgré une tendance toujours actuelle à la démolition puis à la reconstruction, Moscou a réussi à conserver un nombre impressionnant de joyaux architecturaux.
La plus ancienne architecture moscovite puise ses origines dans la Rous kiévienne. L’église byzantine au plan en croix, surmontée de voûtes arquées et d’une coupole centrale, en est la représentation par excellence. Aux XIe et XIIe siècles, la culture russe se déplaça, partant de Kiev pour aller vers le nord-est. C’est alors que naquirent les villes de “l’Anneau d’Or”, où l’architecture kiévienne fut reproduite avec des variations propres à chaque principauté. Les toits se firent plus pentus, pour mieux résister aux lourdes chutes de neige ; les fenêtres plus étroites, pour repousser le froid.
Souvent, la pierre remplaçait la brique comme matériau de base. Ainsi, à Vladimir, la cathédrale de l’Assomption et la porte d’Or sont deux copies en pierre blanche d’originaux en brique de Kiev. Parfois, la façade de pierre devient un époustouflant kaléidoscope de bas-reliefs, telles celles de la cathédrale Saint-Dimitri à Vladimir et de l’église de l’Intercession-de-la-Vierge-sur-la-Nerl à Bogolioubovo.
Ces premières églises-citadelles devaient être protégées, d’où la construction de murailles hérissées de tours, archétypes des kremlins russes. Elles sont encore visibles à Souzdal et, bien sûr, à Moscou.
À la fin du XVe siècle, Ivan III fit venir des architectes d’Italie pour construire deux des trois grandes cathédrales de Moscou : la cathédrale de l’Assomption et la cathédrale de l’Archange. Mais les architectes s’inspirèrent de Kiev, copiant là encore ce style byzantin.
Ce n’est qu’à la fin du XVIe siècle que les architectes prirent pour modèle des tentes en pavillon et des bulbes des églises en bois du nord de la Russie. Leur innovation fut de reproduire en brique ces bâtiments, donnant naissance à un style unique typiquement russe. Blanchie à la chaux, l’église de l’Ascension de Kolomenskoïe en serait un premier exemple, avec les galeries ouvertes de sa base, ses étages de kokochniki (encorbellements décoratifs et tuiles colorées) et son sommet en forme de tente. La cathédrale Basile-le-Bienheureux est l’exemple parfait de ce style.
Au XVIIe siècle, des marchands financèrent la construction d’églises plus petites ornées de plusieurs étages de kokochniki. L’église Saint-Nicolas-des-Tisserands et celle de la Sainte-Trinité-de-Nikitniki en sont de bons exemples, de même que la plupart des églises de Souzdal. Mais ces “frivolités” furent interdites par le patriarche Nikon peu après la construction de l’église de la Nativité-de-la-Vierge-à-Poutinki.
Au XVIIe siècle, le nouveau style baroque, d’influence occidentale, vint embellir Moscou. Ce style est parfois baptisé baroque Narychkine, du nom d’une famille de boyards qui vécut au XVIIe siècle à Fili, à l’ouest de Moscou. C’est là, qu’en mémoire de ses frères, Lev Narychkine fit construire l’église de l’Intercession (Церковь Покрова в Филях ; Novozavodskaya ul 6 ; Fili), chef-d’œuvre baroque qui allait jouer un rôle déterminant dans l’architecture de Moscou. Elle se distingue par ses décorations blanches très détaillées se détachant sur des murs en brique rouge. La cathédrale du monastère de l’Épiphanie à Kitaï-Gorod en est un autre exemple. Le quartier Zamoskvoretchie compte nombre d’églises baroques.
Le grandiose style Empire russe fut favorisé par le tsar Alexandre Ier. Les édifices de ce style sont légion à Moscou, la ville ayant dû être en grande partie reconstruite après l’incendie de 1812. Les somptueuses décorations des temps jadis furent récupérées pour orner les immenses nouveaux bâtiments à la gloire de la Russie, comme l’Arc de triomphe et le théâtre Bolchoï.
À la fin du XIXe siècle, le style pseudo-russe s’étendit aussi à l’architecture. La cathédrale du Christ-Sauveur dénote des influences de l’architecture russe byzantine. Le musée d’Histoire et la gare de Leningrad (Leningradsky vokzal ; ) sont d’inspiration russe médiévale. L’extraordinaire gare de Kazan (Kazansky vokzal ; ) ne mélange pas moins de 7 styles différents.
À la même époque, l’Art nouveau fit son apparition en Russie, apportant courbes et volutes végétales à de nombreux édifices. La gare de Iaroslavl (Yaroslavsky vokzal ; ), l’hôtel Metropol et la maison Riabouchinsky en sont de magnifiques exemples.
Après la Révolution, les jeunes architectes constructivistes créèrent une architecture de type fonctionnaliste, sans aucune fioriture décorative, utilisant le verre et le béton, omniprésents, qui façonnent des formes géométriques sans compromis.
Constantin Melnikov fut l’un des constructivistes les plus célèbres, et sa maison (Cliquez ici) près de la rue Arbat, est l’une des illustrations les plus intéressantes de ce style. L’ancien dépôt de bus abritant aujourd’hui le Musée juif et centre de la Tolérance est un exemple plus pragmatique de ce type d’architecture. Dans les années 1930, le constructivisme fut finalement banni, Staline ayant de plus “grandes” ambitions.
Staline avait un faible pour l’architecture néoclassique, qui fait écho à l’Athènes de l’Antiquité. Il aimait également les bâtiments démesurés qui soulignaient la puissance de l’État soviétique. Le classicisme monumental lui inspira un projet qui lui était cher : un palais des Soviets de 400 m de haut qui n’a (heureusement) jamais abouti. La folie des grandeurs architecturale de Staline atteignit son paroxysme avec les sept gratte-ciel aux airs de pièces montées bien visibles sur l’horizon moscovite, les “Sept Sœurs”.
En 1955, un décret schizophrène ordonna aux architectes d’éviter les “excès”. Un style moderne sobre fut adopté, privilégiant la fonctionnalité. Le palais d’État du Kremlin est représentatif de cette période. La Maison blanche reprend ce style.
À la fin de l’Union soviétique, toute l’énergie architecturale et les fonds publics furent d’abord engloutis dans la restauration d’églises et de monastères, et dans la reconstruction de bâtiments tels que la cathédrale du Christ-Sauveur et la cathédrale de Kazan.
Dans les années 2000, Moscou a beaucoup construit. De nos jours, gratte-ciel et immeubles modernes ponctuent le paysage, le métro est prolongé dans toutes les directions, et les bureaux, hôtels de luxe et centres commerciaux envahissent la ville.
Les aménagements les plus visibles se font à Moskva-City, le Centre d’affaires international flambant neuf qui sort de terre le long de la Moskova à Presnensky. L’ancien maire, Loujkov, avait prévu d’installer l’administration municipale dans un nouveau bâtiment de ce quartier, mais le projet est tombé aux oubliettes en raison du manque de financements et de volonté de la nouvelle municipalité.
En 1947, en l’honneur du 800e anniversaire de Moscou, les fondations de 7 gratte-ciel géants furent jetées. Staline avait en effet décrété que Moscou souffrait d’un retard en la matière par rapport aux États-Unis et ordonné la construction de ces sept mastodontes.
Pour la petite histoire, sachez que Viatcheslav Oltarjevski, l’un des architectes de l’hôtel Ukraine, venait tout droit du goulag.
Outre les “Sept Sœurs”, un huitième gratte-ciel stalinien devait être construit près de Kitaï-Gorod, à Zaryadye, quartier historique rasé en 1947. Des fondations y furent creusées pour une tour de 32 étages. Le chantier s’arrêta là, et les fondations servirent par la suite à la construction du gigantesque hôtel Rossia (démoli en 2006). C’est aujourd’hui le site du nouveau parc Zaryadye.
Réparties dans toute la ville, ces tours sont l’un des symboles de Moscou. Leur nom officiel russe est vysotky (haut édifice), par opposition à neboskryob (gratte-ciel, de style international). Elles ont reçu une kyrielle de surnoms, parmi lesquels les “Sept Sœurs”, les “pièces montées”, les “Sœurs de Staline”, et bien d’autres.
Ministère des Affaires étrangères
Immeuble d’habitation Kotelnitcheskaya
Immeuble d’habitation Kudrinskaya
Or, même sans le bureau du maire, le complexe est impressionnant avec ses buildings de verre et de métal dressés des deux côtés de la Moskova et sa passerelle piétonne pour les relier. Il comprend deux des plus hauts édifices d’Europe : avec ses 374 m de haut, la tour Est (Vostok), de 93 étages, du complexe de la Fédération, est le plus haut immeuble de Russie et d’Europe ; la tour Sud OKO (85 étages) le suit de près, avec 354 m de hauteur.
Avec l’arrivée de Sergueï Sobianine au poste de maire, le rythme de sa construction s’est considérablement ralenti. Plusieurs projets de centres commerciaux et de réalisations de grande ampleur ont été abandonnés. Les plans d’urbanisation récents mettent en effet l’accent sur le réaménagement des espaces verts comme le parc Gorki, ainsi que sur l’accroissement et l’amélioration des voies piétonnières, En témoigne le quai de Crimée (Krymskaya naberejnaya ; ) orné de fontaines et d’œuvres d’art. Par l’intérêt qu’il porte aux lieux publics, à leur utilisation et leur aménagement, Sobianine se différencie radicalement de son prédécesseur.
Le meilleur exemple de cette politique est peut-être le site de l’ancien hôtel Rossia à Zaryadye, près de Kitaï-Gorod. Cet imposant bâtiment soviétique fut détruit en 2006 car on prévoyait d’édifier à sa place un nouvel hôtel de luxe et un complexe commercial. Quand le pays entra en récession deux ans plus tard, les investisseurs se retirèrent du projet et la construction cessa. Six ans après, la municipalité a finalement tranché : elle compte créer un parc à cet endroit. Inauguré en 2017, cet espace vert reproduit 4 zones climatiques de la Russie : la taïga, la steppe, la forêt et le marécage, et comprend d’autres installations, comme un amphithéâtre extérieur et plusieurs nouveaux musées.
1405
Andreï Roublev peint les icônes de la cathédrale de l’Annonciation du Kremlin et de
la cathédrale de l’Assomption à Vladimir, signant l’apogée de l’icône moscovite.
1555
Les églises dotées de bulbes et de toits en pavillon représentent un style d’architecture
typiquement russe, dont la cathédrale Basile-le-Bienheureux est la plus représentative.
1757
Création de l’Académie impériale des beaux-arts.
1870
Après avoir boycotté l’Académie, des étudiants en art se regroupent pour former les
Peredvijniki (Ambulants), qui axent leur travail sur des thèmes politico-sociaux.
1900-1903
Fiodor Schechtel mêle style néorusse et Art nouveau et crée des chefs-d’œuvre comme
la gare de Iaroslavl et l’hôtel particulier Riabouchinsky (maison-musée Gorki).
1915-1920
Kazimir Malevitch publie un traité sur le suprématisme, dont son célèbre tableau Carré noir sur fond blanc est l’emblème. Artistes et architectes constructivistes explorent l’idée de l’art
dans un but social.
1934
Les idées avant-gardistes sont officiellement désapprouvées par le réalisme socialiste.
L’architecture se dirige vers un néoclassicisme pompeux.
1985
La politique de la glasnost (transparence) confère progressivement davantage de liberté d’expression aux artistes et architectes,
qui explorent différents styles et thématiques.