À Jeannie134.
De sa grâce redoutable
Voilant à peine l’éclat,
Un ange met sur ma table
Le pain tendre, le lait plat135 ;
Il me fait de la paupière
Le signe d’une prière
Qui parle à ma vision :
— Calme, calme, reste calme !
Connais le poids d’une palme
Portant sa profusion !
Pour autant qu’elle se plie
À l’abondance des biens,
Ses fruits lourds sont ses liens.
Admire comme elle vibre,
Et comme une136 lente fibre
Qui divise le moment,
Départage sans mystère137
L’attirance de la terre
Et le poids du firmament !
Ce bel arbitre mobile
Entre l’ombre et le soleil,
Simule d’une sibylle
La sagesse et le sommeil.
Autour d’une même place
L’ample palme ne se lasse
Des appels ni des adieux…
Qu’elle est noble, qu’elle est tendre !
Qu’elle est digne de s’attendre
À la seule main des dieux !
L’or léger qu’elle murmure
Sonne au simple doigt de l’air,
Et d’une soyeuse armure
Charge l’âme du désert.
Une voix impérissable
Qu’elle rend au vent de sable
Qui l’arrose de ses grains,
À soi-même sert d’oracle,
Et se flatte du miracle
Que se chantent les chagrins.
Cependant qu’elle s’ignore
Entre le sable et le ciel,
Chaque jour qui luit encore
Lui compose un peu de miel.
Par la divine durée
Qui ne compte pas les jours,
Mais bien qui les dissimule
Dans un suc où s’accumule
Tout l’arome des amours.
Parfois si l’on désespère,
Si l’adorable rigueur
Malgré tes larmes n’opère
Que sous ombre de langueur,
N’accuse pas d’être avare
Une Sage qui prépare
Tant d’or et d’autorité :
Par la sève solennelle
Une espérance éternelle
Monte à la maturité !
Ces jours qui te semblent vides
Et perdus pour l’univers
Ont des racines avides
Qui travaillent les déserts.
La substance chevelue
Par les ténèbres élue
Ne peut s’arrêter jamais
Jusqu’aux entrailles du monde,
De poursuivre l’eau profonde
Que demandent les sommets.
Patience, patience,
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr !
Viendra l’heureuse surprise :
Une colombe, la brise,
L’ébranlement le plus doux,
Une femme qui s’appuie,
Où l’on se jette à genoux !
Qu’un peuple à présent s’écroule,
Palme !… irrésistiblement !
Dans la poudre qu’il se roule
Sur les fruits du firmament !
Tu n’as pas perdu ces heures
Si légère tu demeures
Après ces beaux abandons ;
Pareille à celui qui pense
Et dont l’âme se dépense
À s’accroître de ses dons !
1. « Charmes » a ici le sens du latin carmen, qui signifie « poème », ou « chant ». Le titre a varié : Charmes ou Poèmes en 1922, puis Charmes. Le titre ici retenu est celui de la dernière édition (1942). Dans le tome III des Œuvres, en 1933, Valéry a ajouté en épigraphe : DEDUCERE CARMEN (composer un poème), formule sans doute inspirée d’Ovide (Métamorphoses, I, 4) auquel il avait déjà emprunté l’épigraphe des « Fragments du Narcisse » (voir p. 640). Au début du livre I, en effet, Ovide demande aux dieux de guider le cours ininterrompu de son poème (« perpetuum deducite […] carmen »).
3. Lettre inédite du 14 septembre 1917, BNF non coté.
5. Le dossier a été publié par l’université de Montpellier en 1997.
6. Lettre inédite non datée [septembre 1917], BNF non coté.
9. BNF, Naf 19009.
11. Voir t. 3 de cette édition, p. 1310.
13. BNF, Naf 19007, f° 6 v°.
14. Voir t. 3 de cette édition, p. 1422.
15. Voir t. 3 de cette édition, p. 1423.
17. Voir t. 3 de cette édition, p. 1431 et 1217.
19. Lettre inédite non datée, Bibliothèque Doucet, VRY MS 35.
23. V. 19-21, voir p. 674 ; ou encore : « Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change ! » (v. 31, voir p. 674).
26. Correspondance Rivière-Valéry, Bulletin des amis de Jacques Rivière et Alain-Fournier, no 81, 1996, p. 65-77.
27. Il avait d’ailleurs formulé des réserves le 4 mars 1922 dans une lettre à Valéry qui lui répondit peu après (voir p. 1788 sq.).
28. « La Jeune Parque » commentée par Alain, p. 17.
29. « De la gloire », chapitre inédit de De la difficulté d’être (coll. part.).
32. Œuvres complètes, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. 2, 1995, p. 153 sq.
33. Avocat, Paul Poujaud (1856-1936) était aussi un homme de culture et un fin musicien, ami de bien des compositeurs, en particulier Fauré et Dukas. Il rendait parfois à Valéry le service de corriger pour lui des épreuves. Le poème lui était déjà dédié dans l’édition des Odes (1920) où il figurait avec « La pythie » et « Palme ».
34. L’image de la demeure de l’esprit, qui n’est pas sans évoquer les châteaux de l’âme de sainte Thérèse d’Avila, est assez fréquente chez Valéry. Voir par exemple Poésie perdue, p. 161 : « Je sentais en me mouvant dans ces chambres inconnues et si mystérieuses qu’elles étaient la vraie demeure de mon âme. »
35. Cf. la Parque : « Salut ! Divinités par la rose et le sel » (v. 348).
36. Dans les Odes, « entre », mais le Mercure de 1917 donnait déjà « parmi ».
37. Valéry admirait beaucoup Le Neveu de Rameau où Diderot écrit dès les premières lignes : « Mes pensées, ce sont mes catins. »
38. Valéry a connu André Fontainas (1865-1948), écrivain d’origine belge, dès son premier long séjour à Paris, en 1892, sans doute chez Mallarmé, dont son futur ami avait été l’élève. Les deux hommes ont entretenu une correspondance qui a été publiée. La dédicace apparaît dès la publication du poème dans La NRF de janvier 1921.
39. Depuis 1917, Valéry envisage un long poème, Ovide chez les Scythes.
40. Étymologiquement, « ta blancheur ».
41. Le manuscrit avait tour à tour porté « Cybèle », puis « la sombre nourrice » ou encore « la terre ténébreuse ».
42. Dans La NRF de janvier 1921, « le monde ».
43. À l’adresse de sa femme, Valéry, qui a toujours été séduit par les arbres, évoque ceux de L’Isle-Manière où il va écrire le poème : « Il y a des hêtres pourprés d’un luxe inestimable – dont un groupe de huit formant octogone plus trois au milieu. Ce groupe est d’un éclat et d’une sombre splendeur étranges. Il y a des trembles innombrables, des platanes de trente mètres, des peupliers et une foule de conifères moins spirituels » (lettre inédite du 28 juin 1917, BNF non coté).
44. Dans La NRF, « les ».
45. Selon Hésiode, Aphrodite est fille d’Ouranos, le Ciel. Deux vers plus loin, la « honte » s’explique sans doute par la légende que rapporte l’Odyssée (VIII) : Héphaïstos, son mari, ayant surpris Aphrodite au lit avec Arès, appela tous les dieux de l’Olympe à les voir, après quoi la déesse s’enfuit, toute honteuse, vers Chypre.
46. Dans La NRF de janvier 1921, ces trois derniers vers étaient : « Et que mon âme sache / Frémir jusques aux dieux conduite par un tronc / Qui rêve de la hache ! » Cette strophe et la suivante étaient interverties.
47. Déesses mineures qui président au culte des arbres. La plus célèbre est Eurydice, l’épouse d’Orphée.
48. La dédicace figurait déjà lors de la parution dans le no 1 de Littérature, en mars 1920. Valéry a rencontré Fargue au Mercure de France dès son arrivée à Paris, en 1894, et l’auteur de Tancrède a beaucoup œuvré pour faire connaître La Jeune Parque dont il avait corrigé les épreuves. En 1927, Valéry lui consacra des « Notules » (voir Souvenirs et réflexions, p. 61-65). En 1922, le poème s’intitule « Le cantique des colonnes » : l’article disparaît dès février 1926.
49. Dans Littérature et dans La Pléiade : « Vois ! nos hymnes ».
50. Dans Littérature et dans La Pléiade : « Donnent à ».
51. Dans Littérature et dans La Pléiade, « ongles ».
52. Dans La Pléiade : « claires ».
54. Dans Littérature et dans La Pléiade, « joli ».
55. De son vrai nom François Durand, Francis de Miomandre (1880-1959) a obtenu le prix Goncourt en 1908 pour Écrit sur de l’eau. Dès le 3 mai 1917, il consacra un petit entrefilet à La Jeune Parque dans Excelsior, et les deux hommes firent alors connaissance. La dédicace ne figurait pas dans La NRF de décembre 1919.
56. Cf. « London-Bridge » (voir t. 3 de cette édition, p. 222) : « Je suis ce que je suis, je suis ce que je vois, présent et absent sur le Pont de Londres. » En 1897, « Valvins » (voir p. 220 sq.) était déjà un sonnet élisabéthain.
57. Ingénieur issu de l’École centrale, Lucien Fabre (1889-1952) avait demandé à Valéry de préfacer son recueil de poèmes, Connaissance de la déesse (voir p. 754-768). En 1923, il connaîtra une certaine notoriété lorsque le prix Goncourt couronnera Rabevel, ou le Mal des ardents. L’année suivante, il intriguera un peu trop au moment de la création de la revue Commerce, et Valéry prendra ses distances avec lui, puis le reverra durant la Seconde Guerre. En 1922, le poème s’intitule « Dormeuse » ; l’article est ajouté dès février 1926.
58. Cf. « Anne », autre poème du sommeil : « Masque d’âme au sommeil à jamais immolée » (voir p. 457).
59. « Pourquoi ai-je vu quelque chose ? » (Ovide, Tristes, II, v. 103). L’épigraphe apparaît dans La Pléiade en 1921 (voir Notices de Charmes, note 9, la Notice).
60. Souvenir du psaume 42 : « Comme le cerf aspire à l’eau des fontaines, ainsi mon âme a désir de toi. » Le 5 septembre 1887, Gustave Fourment avait fait de ces mots (en latin) l’épigraphe d’une lettre à Valéry.
61. Nymphe des bois.
62. Dans La Revue de Paris du 15 septembre 1919, « l’herbe d’argent grandir ». En 2012, L’Herbe des nuits est devenu le titre d’un roman de Patrick Modiano.
63. Valéry dira de ces huit vers : « Je [les] considère comme les plus parfaits de tous ceux que j’ai écrits, je veux dire les plus conformes à ce que j’avais voulu qu’ils fussent, assouplis à toutes les contraintes que je leur avais assignées » (Jean de Latour, Examen de Valéry, Gallimard, 1935, p. 159).
64. Dans La Revue de Paris et La Pléiade, « avènement ».
65. Dans La Revue de Paris, on lisait ensuite les trois vers suivants : « Et que, repoussant l’ombre et l’épaisseur panique, / Je vois, je tombe et viens de ce corps tyrannique / Appartenir sans force aux éternels attraits ! »
66. Dans La Revue universelle de mai 1921, ce vers faisait directement suite au v. 63 et était suivi de cet autre qui a été ensuite supprimé : « Repoussant aux forêts leur éternelle nuit, ».
67. La nymphe Écho, éprise de Narcisse.
68. Dans La Revue de Paris du 15 septembre 1919, « Là, nue ».
69. Revue de Paris, « Et d’un reste ».
70. Revue de Paris, « Pur sur la place ».
71. Revue de Paris, « … Voici dans l’eau ma chair ».
72. Revue de Paris, « Voici mes bras d’argent dont les gestes sont purs ! », vers qui appartient au « Narcisse parle » de l’Album, comme ici le vers précédent et les deux suivants.
73. Revue de Paris, « Et je crie aux échos les noms des dieux obscurs ! », qui est encore un vers de « Narcisse parle ».
74. Revue de Paris, « sa ».
75. Dans La Revue de Paris, « Voir mon silence agir, et briller mon secret ».
76. On notera la diérèse ami-e qui est un archaïsme, puisque Valéry respecte la règle classique, qui était déjà de moins en moins suivie au XIXe siècle.
77. Dans Le Divan de mai 1922, ces deux derniers vers étaient : « Tu ressembles sans cesse à son fuyant visage ; / À peine en souvenir change-t-il un présage, ».
78. Dans Le Divan, « avec ».
79. Dans les Études pour Narcisse de 1927, on lit au vers précédent « Ô présence divine » et ici « faible trésor ».
80. Dans le Narcisse de Stols (1926), « de ».
81. Cf. La Fontaine, Adonis : « Le plus beau des mortels, l’amour de tous les yeux » (Œuvres complètes, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. II, 1958, p. 17). Valéry vient de relire le poème pour écrire « Au sujet d’Adonis » (voir p. 727-753).
82. Cf. : « Je me voyais me voir, sinueuse, et dorais / De regards en regards, mes profondes forêts » (La Jeune Parque, v. 35-36, p. 401 sq.).
83. Voir p. 943, « Sur la tombe de Pierre Louÿs ». La dédicace figurait déjà lors de la parution dans Les Écrits nouveaux de février 1919 et dans les Odes (1920) qui comprenaient aussi « Aurore » et « Palme ».
84. « À ces mots, elle [Didon] se tait et son visage pâlit » (Énéide, IV, v. 499). L’épigraphe n’apparaît que dans les Poésies en 1933 et 1941. Valéry avait noté la citation dans un Cahier de Charmes (Naf 19010, f° 35).
85. Dans Les Écrits nouveaux, « buvait », ce qui donne un vers faux.
86. Le mot était autrefois surtout masculin, bien qu’on le trouvât au féminin chez d’Aubigné ou Chateaubriand. Les Écrits nouveaux donne « vivante ».
87. Odeurs de certaines substances organiques que l’on fait brûler.
88. Mélodie vocalisante.
89. Petite baguette qui servait à gratter ou pincer les cordes de la cithare ou de la lyre. Les Écrits nouveaux donne : « Tu fis un plectre de mon torse ».
90. Les Écrits nouveaux donne : « plaine ». C’est peut-être ici une coquille.
91. Souvenir de Baudelaire ou de Mallarmé ? « Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche » (« Recueillement », v. 14) ; « Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots ! » (« Brise marine », v. 16).
92. Dans Les Écrits nouveaux de juin 1918 et l’édition de 1922 : « Cette liberté ».
93. Valéry n’a jamais entretenu de relations très proches avec Henri Ghéon, de son vrai nom Henri Vangeon (1875-1944), qui était surtout un ami de Gide. Mais il avait lu avec un certain intérêt son recueil de poèmes, Algérie (1906), et ne manquait pas d’estime pour lui. La dédicace figurait déjà lors de la parution dans La NRF du 1er juillet 1921.
95. On peut considérer que ces strophes 3 et 4 sont un hymne au soleil. Bien des poèmes portent ce titre, puisqu’un « Hymne au soleil » figure, par exemple, dans la Remonstrance au peuple de France (1564) de Ronsard, un autre dans les Méditations poétiques (1820) de Lamartine, un autre encore dans les Rhapsodies (1832) de Pétrus Borel, etc.
96. Reprise sarcastique d’une formule de Bossuet (que Valéry a beaucoup lu), au début de l’« Oraison funèbre de Henriette-Marie de France, reine de la Grande-Bretagne » (16 novembre 1669).
97. Jusqu’à l’édition de décembre 1926 de Charmes, « du ».
98. Alors qu’en 1922 la plaquette de La NRF donne, à l’initiale de « Vous », et ensuite de « Votre » dans la même strophe, un V majuscule, naturel puisque le serpent s’adresse à Dieu, les éditions ultérieures donnent par erreur des minuscules, mais maintiennent la majuscule à la strophe suivante.
99. Bossuet encore, puisqu’on lit dans la même oraison funèbre (voir Charmes, note 96) : « Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires », etc.
100. Curieusement, un manuscrit porte l’incipit fameux de la Soirée : « La bêtise n’est pas mon fort » (BNF, Naf 19007, f° 134).
101. À propos de cette strophe, Valéry confia à Aimé Lafont : « Dans certains cas, j’ai usé des allitérations et assonances avec une intention spéciale, par exemple pour accuser un certain burlesque d’intention » (« Rencontres avec Paul Valéry », Le Figaro, 19 juillet 1952). Voir aussi la Notice, p. 1788 sqq.
102. Pas de guillemets dans La NRF.
103. Pas de guillemets dans La NRF.
104. « Variété d’émeraude de couleur d’eau de mer » (Littré). On trouve le mot dans Là-bas de Huysmans.
105. Dans La NRF de juillet 1921 où la strophe suivante ne figure pas, ces trois derniers vers étaient, précédés d’une virgule : « Et parmi l’étincellement, / De sa queue éternellement / Éternellement le bout mordre… ». Comme il l’a déjà fait en retravaillant le poème, Valéry gomme le ton trop blagueur de ces vers de La NRF.
106. Dans Les Feuilles libres de février 1922, « secret ».
107. Sur l’origine de cette formule qu’on trouve aussi dans « La crise de l’esprit », voir Variété, note 42. La goutte de vin qui tombe à la mer figurait déjà dans les manuscrits de l’« Ode secrète » en octobre 1917, et en juillet 1918 dans ceux de « La ceinture » (BNF, Naf 19007, fos 279 et 246 v°, et Naf 19009, f° 15).
108. V. 61-62 : « N’aspire pas, chère âme, à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible. » Sur un exemplaire du poème, Valéry a traduit : « Ne te flatte pas, mon âme, d’une vie immortelle, mais supporte la réalité de ton labeur » (G. Faure, Paul Valéry méditerranéen, 1954, p. 124). Il avait relu Pindare en 1919 et noté ces deux vers dans un carnet. Absente dans La NRF du 1er juin 1920, l’épigraphe n’apparaît que dans la plaquette parue trois mois plus tard chez Émile-Paul, disparaît dans la première édition de Charmes et fait retour dans l’édition de décembre 1926 ; ensuite, les éditions des Poésies ne la donnent ni en 1929 ni en 1938. Camus reprendra, mais en français, la même épigraphe pour Le Mythe de Sisyphe.
109. Dans La NRF, « ce ».
110. Seul vers césuré 5/5 alors que la plupart des autres répondent au modèle 4/6.
111. Dans La NRF, « Miroir d’un jour !… »
112. Dans La NRF, « Auprès d’un cœur dont je suis le poème ».
113. Dans La NRF, « m’attire ».
114. Dans La NRF, « étonnant la lumière ».
115. Exemple d’harmonie imitative que pourtant Valéry récuse (voir Tel Quel II, t. 3 de cette édition, p. 484).
116. C’est le traditionnel thème de l’ubi sunt ?, où sont ? (« Mais où sont les neiges d’antan ? »).
117. Jusqu’en 1929, « les ».
118. Dans La NRF, « profonde ».
119. Dans La NRF, « Je sens qu’il voit, qu’il veut… Il songe, il touche ! »
120. Allusion aux fameux paradoxes de Zénon d’Élée (Ve siècle av. J.-C.). Le vol d’une flèche peut être divisé en instants ; or chaque fois que la flèche commence cet instant en un endroit, elle l’achève en un autre ; mais cet instant lui-même peut être divisé jusqu’à un instant si bref qu’aucun mouvement n’y est possible : d’une somme de non-mouvements ne peut procéder un mouvement, donc la flèche demeure immobile. Le second paradoxe est celui d’Achille et de la tortue : la tortue a parcouru plusieurs mètres lorsque Achille s’élance ; il franchit très vite cette distance, mais la tortue, pendant ce temps, a encore avancé. Le temps qu’Achille franchisse à chaque fois une nouvelle distance, si petite qu’elle soit, la tortue aura encore avancé un peu et donc Achille ne la rattrapera jamais. Voir, dans « Au sujet du Cimetière marin » (t. 2 de cette édition, p. 287), ce que Valéry dit de ces vers.
121. Dans La NRF, « votre ».
122. Souvenir de Hugo ? « La terre, / Tachée et jaune ainsi qu’une peau de panthère » (La Fin de Satan, v. 1203-1204).
123. Hugo encore : « Car l’océan est hydre et le nuage oiseau » (Les Contemplations, « Éclaircie », v. 31).
124. Lors de la très violente campagne de presse que Valéry a essuyée à la fin de 1927 (voir p. 990 sqq.), Gustave Téry, dans L’Œuvre du 19 octobre, moqua certains vers du poème, dont celui-ci. Mais l’auteur lui-même jetait un regard sans aménité sur « ce vers idiot, fils de la lassitude et du petit nombre de rimes en oc. Zut final au long poème… » (lettre à Henri Ghéon du 15 avril 1921, in Correspondance Ghéon-Gide, Gallimard, 1976, t. 2, p. 967).
125. Dans Littérature de février 1920, « Une hydre ».
126. Dans Littérature, « conquête ».
127. Jusqu’en 1929, « L’âme extraordinaire forme ! »
128. Dans Littérature, « Ô quel brusque étincellement / D’événements très précieux / Étonne universellement / Les silences qui sont aux cieux ! »
129. « Anne » lui était dédié dans l’Album. Voir Album de vers anciens, note 68. La dédicace apparaît déjà dans le Mercure de France du 1er décembre 1918.
130. Dans le Mercure, « sur ».
131. Dans le Mercure, « mes ».
132. Dans le Mercure, « Oui, mystères ».
133. Dans le Mercure, « des ».
134. L’épouse de Valéry. Le poème lui était déjà dédié dans La NRF de juin 1919, et dans le volume des Odes (1920).
135. Même expression dans un manuscrit du Souper de Singapour projeté autour de 1898 : « Boire le lait tranquille / le lait plat » (Naf 19017, f° 98).
136. Dans les Odes, « sa ».
137. Dans les Odes, « avec mystère ».