2. Lettre écrite à Vence, dans la maison de Catherine Pozzi, non datée [fin avril-début mai 1924], Bibliothèque Doucet, VRY MS 46.
3. Voir t. 3 de cette édition, p. 282.
4. Jean Prévost, Paul Valéry, Marginalia, Rhumbs et autres, Léo Scheer, 2006, p. 47.
5. Op. cit., p. 51.
8. Lettre du 15 avril 1921 publiée en annexe de la Correspondance Ghéon-Gide, Gallimard, 1976, t. 2, p. 967.
9. Très au-dessus d’une pensée secrète, p. 68 sq.
10. Voir son discours de réception, t. 2 de cette édition, p. 599-630.
13. Albert Thibaudet, Paul Valéry, Grasset, 1923 ; Alfred Droin, M. Paul Valéry et la tradition poétique française, Flammarion, 1924 ; Pierre Lièvre, Paul Valéry, Le Divan, 1924.
15. En dépit de son titre, cette « Note », bien sûr, est de la plume de Valéry.
16. Le Napoléon de Notting Hill, V, 3.
17. Paul Valéry vivant, p. 164.
18. Œuvres, Éd. Barbezat, t. II, 1830, p. 391.
20. Dans l’Athenaeum, cette première lettre s’intitulait « La crise de l’esprit » (« The Spiritual Crisis »).
21. L’Élam, à l’est du Tigre, connut, après sa dépendance de Babylone, deux siècles de rayonnement remarquable jusqu’à la révolte de Nabuchodonosor Ier (début du XIIe siècle av. J.-C.) ; Ninive, située sur le Tigre, fut la capitale de l’Empire assyrien vers 700 av. J.-C., et fut détruite sous l’assaut des Babyloniens et des Mèdes en 612 ; en Mésopotamie, Babylone connut son apogée vers 1700 av. J.-C., et tomba sous la domination des Assyriens mille ans plus tard.
22. Comme on sait, ce paquebot britannique fut torpillé par les Allemands le 7 mai 1915. Mille deux cents personnes périrent.
23. Dans l’Introduction qu’il vient de relire pour sa réédition, Valéry avait déjà évoqué la disparition quasi intégrale des comédies de Ménandre (voir Variété, note 271).
25. Persépolis et Suse furent des cités royales de l’Empire perse achéménide, vers 650, puis vers 500 av. J.-C.
26. Ces deux vers (où le premier mot est Ut, et non Et) appartiennent au Cathemerinon, recueil de douze hymnes de Prudence (348-415) : « Afin que, victorieuse des appétits brutaux, notre âme, devenue maîtresse, triomphe dans tout son empire » (« Hymne VII », v. 198-199).
27. Nom anglais d’Elseneur : allusion à la pièce de Shakespeare où Hamlet, dans un cimetière, prend en mains plusieurs crânes que déterrent deux paysans, dont celui du « pauvre Yorick » (V, 1). La référence à Shakespeare s’explique peut-être par le fait que ces pages étaient destinées à un public britannique.
28. Dans la pièce, le fantôme que rencontre Hamlet est celui de son propre père.
29. Cette fin de phrase (après « car ») sera choisie par Claude Simon comme épigraphe à un de ses romans, Le Vent (1957).
30. À qui était-il ?
31. Cf. l’Introduction de 1895 : « Quand il rêvera de construire un homme volant, il le verra s’élever pour chercher de la neige à la cime des monts et revenir en épandre sur les pavés de la ville tout vibrants de chaleur, l’été » (voir p. 894 sq.). Voir aussi p. 920, note 1.
32. Il n’y a pas de rêve leibnizien d’une paix universelle, et Valéry songe sans doute à la lettre que le philosophe adressa, le 7 février 1715, à l’abbé de Saint-Pierre sur son Projet de paix perpétuelle.
33. « Qui engendra », selon la formule que l’on trouve dans la généalogie de Jésus-Christ, au début de l’Évangile de Matthieu.
34. Trois personnages de Hamlet.
35. Dans l’Athenaeum, cette deuxième lettre s’intitulait « La crise de l’intellect » (« The Intellectual Crisis »).
36. Quelques jours plus tôt, dans un fragment de ses Cahiers intitulé « Prière de M. Teste », Valéry a écrit : « Je confesse que j’ai fait une idole de mon esprit, mais je n’en ai pas trouvé d’autre » (C.VII.238). La phrase sera reprise dans le « Log-book » de Monsieur Teste (voir p. 1042). Sur le mot de Bacon, voir Variété, note 308, l’Introduction.
37. Cette suprématie de l’Europe sera un des leitmotive de la pensée de Valéry durant l’entre-deux-guerres.
38. Nietzsche avait déjà défini l’Europe comme « la petite presqu’île de l’Asie » dans Le Voyageur et son ombre, deuxième partie du tome 2 de Humain, trop humain (§ 215), que Valéry avait lu en 1902 dans la traduction de son ami Henri Albert.
39. « L’on dit que Pythagore », « en passant à travers l’assemblée des jeux olympiques », « laissa voir sa cuisse qui était d’or » (Plutarque, « Vie de Numa Pompilius », § XIV). Selon la légende, Jason et ses compagnons partirent sur le navire Argo pour conquérir la toison d’or du bélier qui avait sauvé Phrixos et sa sœur Hellé que leur père voulait sacrifier.
40. Questions « dont la solution consiste à tirer une vérité géométrique de conditions assignées par l’énoncé » (Littré).
41. Vieille idée de Valéry qu’il appelait « Théorème du nivellement » et dont la conclusion, dans une note de 1897, était : « Demain, il ne restera donc plus pour marquer les différences et fixer la suprématie que tout ce qui est physique dans un pays : le nombre des habitants, la superficie, la position, la richesse brute du sol, les avantages topographiques. Les moyens dus à l’invention perdront leur énergie actuelle pour la lutte. Étant à tous, ils n’élèveront plus personne » (C.I.156).
42. Valéry a beaucoup lu L’Avenir de la science d’Henri Poincaré où l’on trouve cette phrase : « Qu’une goutte de vin tombe dans un verre d’eau ; quelle que soit la loi du mouvement interne du liquide, nous le verrons bientôt se colorer d’une teinte rose uniforme et à partir de ce moment on aura beau agiter le vase, le vin et l’eau ne paraîtront plus pouvoir se séparer » (Flammarion, 1906, p. 182). La « rose fumée » se retrouve aussi dans le futur « Vin perdu » de Charmes (voir p. 672) : Valéry y travaille au moment où s’écrit cet article.
43. La formule reviendra souvent dans les écrits politiques de Valéry.
44. À Rome, déchéance des droits civiques. La maxima deminutio capitis était la perte de la liberté, c’est-à-dire l’esclavage.
45. Cette formule d’adresse ne figure que dans Variété. La réédition de 1934 donne le même texte, mais sous le titre « L’Européen » ; la parenthèse placée en tête y devient une note de bas de page.
46. Valéry utilisera souvent cette expression apparue pour la première fois en 1919 dans « Note et digressions » (voir p. 853), et qu’il définira dans une conférence prononcée à Vienne, le 20 octobre 1926, lors de la troisième assemblée générale de la Fédération des unions intellectuelles du prince Karl von Rohan : « L’homme de l’esprit tel que je l’entends, n’est pas l’intellectuel, mot qui n’est pas clair, mais l’homme, même le plus humble, qui vit pour l’esprit. Un homme de culture inférieure, s’il a cette confiance dans le destin de l’esprit, il sera un homme de l’esprit qualifié comme tel » (voir ma biographie, p. 654).
47. Genèse, 3 et 11.
48. Jonas, 2.
49. Allusion, bien sûr, à Icare, Orphée et Amphion.
50. Julius Robert von Mayer (1814-1878) a montré en 1842 (c’est la « relation de Mayer ») qu’il existe une équivalence entre la chaleur et le travail mécanique : c’est le premier principe de la thermodynamique, établi par le Britannique James Joule en même temps que par Mayer ; selon le principe de Carnot (1824), le rendement d’une machine thermique est fonction de la différence de température entre le commencement et la fin d’un cycle. C’est la base du deuxième principe de la thermodynamique.
51. Le 9 octobre 1890, Clément Ader (1841-1925) fit décoller, sinon voler, Éole, avion (le mot fut inventé par lui) qu’il avait construit ; les frères Wilbur (1867-1912) et Orville Wright (1871-1948) mirent au point le Wright Flyer qui vola le 17 décembre 1903 au-dessus d’une plage de Caroline du Nord. Ce fut le premier vol d’un aéronef motorisé.
52. Ou Cabires : divinités mystérieuses, le plus souvent considérées comme enfants ou descendants d’Héphaïstos. Leur culte s’étendait jusqu’en Égypte.
53. Valéry songe sans doute à la Chine. Dans « Le Yalou » (voir p. 1521), le lettré chinois dit : « nous semblons dormir et nous sommes méprisés. »
54. Citoyen romain.
55. La Revue universelle et les éditions de 1924, 1926 et 1934 donnent « accessible », qui est visiblement une coquille.
56. Cité, ou État.
57. La Revue universelle et les éditions de 1924 et 1934 donnent « tente à », qui est visiblement une coquille ; l’édition de 1926 donne « s’attache à ».
58. Dans Ecuador (1929), Henri Michaux ironise sur cette définition de la civilisation européenne donnée par Valéry : « Je n’avais pas attendu les précisions qu’il fournit sur ses bornes pour en être dégoûté » (Œuvres complètes, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. 1, 1998, p. 181).
59. Ces quelques mots serviront de titre à l’allocution que Valéry aurait dû prononcer le 26 mars 1930 lors d’un banquet offert par la colonie hellénique pour le centenaire de l’indépendance de la Grèce, et qui sera lue par René Puaux (in Centenaire de l’indépendance de la Grèce, brochure hors commerce s. d., p. 53-56).
60. Allusion à la fameuse définition de Protagoras rapportée par Sextus Empiricus (Contre les logiciens, I, 60) : « L’homme est la mesure de toutes choses. » Valéry la cite dans le « Discours sur Goethe » et dans « Inspirations méditerranéennes » (t. 2 de cette édition, p. 692 et p. 447).
61. La Revue universelle et les éditions de 1924 et 1926 donnaient « peu ».
63. Juriste du IIe s. ap. J.-C., auteur des Institutiones.
66. Ici comme ailleurs, je suis le dernier état du texte revu par Valéry, soit celui de 1937 dont la ponctuation est très légèrement différente, mais je corrige, dans les citations de La Fontaine, les coquilles que ne présentait pas le texte de 1924.
67. Cette « Note » apparaît dans la plaquette de 1927, puis est reprise dans les volumes de 1928 et 1937.
68. Ce poète est Liang Tsong Taï (1903-1983), que Valéry a connu de 1924 à 1932, date à laquelle il regagna la Chine. Voir p. 1288, « Poèmes chinois ».
69. Le fabuliste latin (environ 10 av. J.-C.-54 ap. J.-C.) adapta en vers, de manière assez libre, des fables grecques d’Ésope.
70. En 1929, Valéry écrira dans Littérature : « La rime a ce grand succès de mettre en fureur les gens simples qui croient naïvement qu’il y a quelque chose sous le ciel de plus important qu’une convention. Ils ont la croyance naïve que quelque pensée peut être plus profonde, plus durable […] qu’une convention quelconque… » (t. 3 de cette édition, p. 259).
71. Depuis le début du XVIIe siècle jusqu’à la fin du XIXe, l’hiatus est prohibé. La règle n’est pas incompréhensible en soi, mais elle peut paraître artificielle si l’on songe que l’hiatus est toléré quand la première voyelle est suivie d’un e caduc. Racine peut donc écrire dans Phèdre (I, 3) : « C’est Vénus toute entière à sa proie attachée. »
72. Cf. : « […] hors l’Être existant par lui-même il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas » (La Nouvelle Héloïse, VI, lettre VIII, Le Livre de Poche, 2008, p. 756). Mais rien ne prouve que Valéry connût cette page de Rousseau. La phrase figurera aussi dans « Mon Faust » (t. 3 de cette édition, p. 975) ; et, dans La Feuille blanche, un petit texte écrit en juillet-août 1944, publié en 1949 et repris dans Propos sur le livre (1956), Valéry écrira : « En vérité, toute feuille blanche nous déclare par le vide qu’il n’est rien de si beau que ce qui n’existe pas. »
73. Cf. Mallarmé : « Ô rêveuse, pour que je plonge / Au pur délice sans chemin, / Sache, par un subtil mensonge, / Garder mon aile dans ta main » (« Autre éventail »).
74. Cf. « Le moderne se contente de peu » (Cahier B 1910, t. 3 de cette édition, p. 290).
75. Valéry reprend ici, modifiées, quelques phrases d’un Cahier de juin 1920 (C.VII.483).
76. Adonis a été offert à Fouquet en 1658, et les six premiers livres des Fables, où figurent ce qu’on appelle aujourd’hui des vers mêlés, parurent seulement dix ans plus tard. Valéry dira de nouveau son admiration pour ces vers mêlés dans « La poésie de La Fontaine » (t. 3 de cette édition, p. 1310).
77. Trois ans plus tôt, dans sa dédicace de La Jeune Parque à Gide, Valéry disait de son poème : « J’ai fait cet exercice » (voir p. 400).
78. Il n’empêche que Taine écrivait dès 1860 : « Il n’atteignait l’air naturel que par le travail assidu. Il recommençait et raturait jusqu’à ce que son œuvre fût la copie exacte du modèle intérieur qu’il avait conçu » (La Fontaine et ses fables, 1860, 5e éd., 1870, p. 63).
79. Ce qu’a fait Valéry lui-même en enfouissant au plus profond de ses vers, pour le rendre indécelable, ce qui lui était le plus intime.
80. Voir à ce sujet la Notice de Variété V (t. 3 de cette édition, p. 714).
81. Sur cette question centrale, voir en particulier p. 1657-1673, « La création artistique », et Très au-dessus d’une pensée secrète, p. 97-103. Mais on aurait tort d’en conclure à une disparition de l’auteur, et Valéry note dans Degas Danse Dessin : « Achever un ouvrage consiste à faire disparaître tout ce qui montre ou suggère sa fabrication. L’artiste ne doit, selon cette condition surannée, s’accuser que par son style, et doit soutenir son effort jusqu’à ce que le travail ait effacé les traces du travail » (t. 2 de cette édition, p. 513).
82. Le vers se termine par deux points, et non un point-virgule.
83. Selon la légende, il y avait à Byblos, au Liban, un fleuve nommé l’Adonis qui se teintait chaque année de rouge le jour où l’on célébrait la mort du dieu.
84. « Usant à l’envi leurs chaleurs dernières, / Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux, / Qui réfléchiront leurs doubles lumières / Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux » (Les Fleurs du Mal, « La mort des amants », v. 5-8).
85. Aphrodite (Vénus) fut la rivale d’Athéna (Minerve) et d’Héra (Junon) lorsque la Discorde lança la pomme qui devait revenir à la plus belle des trois déesses. Pâris, fils de Priam, le roi de Troie, était le juge : il choisit Aphrodite qui lui avait promis la main d’Hélène, épouse de Ménélas, roi de Sparte, puis enleva Hélène, ce qui déclencha la guerre de Troie.
86. Valéry connaissait les recherches du mathématicien allemand Hermann Minkowski (1864-1909) qui a associé l’espace et le temps dans ce qu’on appelle « l’espace-temps de Minkowski ». Einstein s’est appuyé sur ses travaux pour sa théorie de la relativité.
87. Le vers se termine en fait par un point-virgule.
88. Le temple de Vénus à Paphos, ville située sur la côte ouest de l’île de Chypre, était l’un des plus célèbres de l’Antiquité.
89. Le vers se termine par une virgule.
90. La Fontaine a écrit « leurs vœux ».
91. La « Légende du beau Pécopin et de la belle Bauldour » a été publiée dans Le Rhin (1842), un ensemble de lettres de voyage que Victor Hugo a réécrites pour les rassembler en recueil. En plusieurs endroits, il démarque de très près l’Essay des Merveilles de Nature, et des plus nobles artifices que le jésuite Étienne Binet a fait paraître en 1621 sous le pseudonyme de René François. Valéry évoquera de nouveau ces emprunts dans « Victor Hugo créateur par la forme » et dans sa « Leçon inaugurale » du cours de poétique (t. 2 de cette édition, p. 897 et tome 3, p. 952).
92. Jusqu’en 1575, il n’y eut qu’un seul grand maître des Eaux et Forêts, qui était une sorte de conservateur des bois du royaume ; puis chaque province eut son maître. La Fontaine racheta la charge de son beau-frère en 1653 et, cinq ans plus tard, il hérita celle de son père.
93. Selon le Dictionnaire de Furetière (1690), les chasseurs utilisent le mot « coffre » pour désigner le corps de la bête qu’ils ont prise.
94. Dans le livre de la Bible qui porte son nom, Jonas passe trois jours et trois nuits dans le ventre d’un poisson qui l’a avalé, puis s’en va prêcher à Ninive. L’histoire de Sinbad le marin figure dans Les Mille et Une Nuits. Sur Arion, voir ci-dessus, p. 96, la note du poème de 1892 qui porte ce titre.
95. Roger et Angélique sont deux personnages du Roland furieux de l’Arioste. Roger délivrant Angélique (1819) se trouve au Louvre.
96. Poséidon fit sortir des flots un monstre marin qui effraya les chevaux d’Hippolyte, le fils de Thésée aimé de Phèdre, sur le bord de la mer : il tomba de son char et mourut. Dans le Siegfried de Wagner, le géant Fafner veille sur son or dans une caverne après avoir assassiné son frère Fasolt et s’être transformé en dragon.
97. Gwynplaine (toutes les éditions donnent à tort « Gwinplaine »), le protagoniste de L’Homme qui rit de Hugo, a la bouche fendue et donne ainsi l’impression de sourire toujours ; dans Notre-Dame de Paris, Quasimodo est difforme, bossu, bancal, borgne et sourd.
99. Le vers se termine par un point-virgule ; il faut une majuscule à « Nymphes ».
100. Le vers se termine par un point-virgule.
101. L’hémistiche se termine par un point-virgule.
102. Mais beaucoup remanié pour la publication de 1669.
103. Valéry désigne ainsi Racine (né en 1639) auquel on a longtemps identifié Acante, l’un des personnages du roman de La Fontaine, Les Amours de Psyché et de Cupidon (1669). Mais cette identification n’est plus retenue aujourd’hui. Dans les vers qui précèdent, les blancs et les points de suspension sont de Valéry, qui opère des coupures. Au quatrième vers cité, il faut lire « quelles douleurs ». Il faut un point d’exclamation à la fin du huitième vers.
104. Nicolas Jarry (~ 1615-1674), maître écrivain, ainsi que l’on disait alors, avait reçu de Louis XIV le « brevet d’écrivain et de noteur de la musique du roi ». Outre l’Adonis, il calligraphia des missels et des livres de prières. La Fontaine fut pensionné par Fouquet, le surintendant des finances, qu’il fut un des rares à défendre après sa disgrâce (1661).
105. La citation n’appartient pas aux Contes, mais à « Belphégor » (v. 142-143), fable XXVII du livre XII. Les points de suspension sont de Valéry.
106. Bérénice, I, 4.
107. Le 25 octobre 1920, Catherine Pozzi écrivit à Valéry : « PV je ne crois pas vous avoir jamais rien demandé. Et certes pas, ni ne le ferai, aucune dédicace. Mais voulez-vous dater Adonis de La Graulet ? Je vous le demande » (La Flamme et la Cendre, p. 81).
109. Revue Littérature moderne, no 2, Champion-Slatkine, 1991, p. 222. Voir aussi « Existence du Symbolisme » (t. 2 de cette édition, p. 937-960).
110. C’est en effet en 1882 que le mathématicien allemand Ferdinand von Lindemann (1852-1939) a démontré l’impossibilité de la quadrature du cercle (c’est-à-dire la construction d’un carré dont la surface soit la même que celle d’un cercle donné).
112. Edgar Poe, dans « Le principe poétique », prône « le poème per se, le poème qui n’est qu’un poème, le poème écrit pour le seul poème » et définit « la Poésie verbale comme la création rythmique de la Beauté » (Histoires, essais et poèmes, éd. citée, p. 1532 et 1535). L’expression de « poésie pure » apparaît chez Baudelaire qui, à propos des nouvelles de Poe, écrit que « ce genre de composition, qui n’est pas situé à une aussi grande élévation que la poésie pure, peut fournir des produits plus variés et plus facilement appréciables pour le commun des lecteurs » (« Notes nouvelles sur Edgar Poe », in Écrits sur la littérature, Le Livre de Poche, 2005, p. 304).
113. Le 24 mars 1891, après avoir écouté un ami lui jouer au piano certains thèmes de Lohengrin, Valéry écrivait à Gide : « Cette musique m’amènera, cela se prépare, à ne plus écrire. »
114. En 1908, Valéry notait dans un Cahier : « Musique très belle, tu élèves ma haine et mon envie. Je sais que tu me mens, et pourtant je te suis » (C.IV. 354).
117. Citation très approximative de Mallarmé : « […] nous en sommes là, précisément, à rechercher, devant une brisure des grands rythmes littéraires (il en a été question plus haut) et leur éparpillement en frissons articulés proches de l’instrumentation, un art d’achever la transposition, au Livre, de la symphonie ou uniment de reprendre notre bien » (« Crise de vers », in Poésies et autres textes, Le Livre de Poche, 2008, p. 359).
118. C’était le cas de Valéry qui ne découvrit vraiment Schumann qu’après 1900, grâce à son épouse, qui était une très bonne pianiste.
119. Cf. Mallarmé : « Parler n’a trait à la réalité des choses que commercialement : en littérature, cela se contente d’y faire une allusion ou de distraire leur qualité qu’incorporera quelque idée » (« Crise de vers », op. cit., p. 357).
120. Allusion au Traité du verbe (1886) préfacé par Mallarmé où le poète René Ghil (1862-1925) présente une théorie complexe de « l’instrumentation verbale », pour une part fondée sur les principes de l’audition colorée qui associe à la perception d’un son une sensation de couleur. La première fois que Valéry se rendit chez Mallarmé, le 10 octobre 1891, on évoqua sa théorie. En 1887, Ghil fonda le « Groupe Symbolique-Instrumentiste », qui devint « Philosophique-Instrumentiste » l’année suivante. Il faisait correspondre chaque son vocalique ou consonantique à un instrument de musique. Valéry y revient dans « Existence du symbolisme » (t. 2 de cette édition, p. 958).
122. Allusion à l’« argument ontologique » que saint Anselme (~ 1033-1109) développe au chapitre II de son Proslogion et qu’on peut résumer ainsi : l’intelligence ne peut concevoir d’être plus grand que Dieu. Si un tel être n’existe que dans l’intelligence de celui qui le pense, on peut alors concevoir un être semblable qui existerait en même temps dans la réalité. Cet être-là serait donc plus grand que celui qui n’existe que dans l’intelligence, ce qui est impossible puisqu’il n’est rien de plus grand que Dieu. Donc Dieu existe aussi dans la réalité.
124. Valéry songe ici bien sûr à André Breton dont il suit et essaie de guider le travail poétique depuis plus de six ans, et avec qui les divergences s’accroissent. Leurs relations cesseront en 1922.
125. L’expression est récurrente chez Valéry qui notera par exemple bientôt, dans la préface à Monsieur Teste, que « l’acte d’écrire demande toujours un certain “sacrifice de l’intellect” » (voir p. 1010 et note 3).
126. Le mathématicien allemand Georg Cantor (1845-1918) est l’auteur, parmi d’autres ouvrages, de Contributions à la fondation de la théorie des nombres transfinis (1897).
130. Le texte de la conférence a été publié par James Lawler en annexe de son livre Edgar Poe et les poètes français, Julliard, 1989.
131. Lettre inédite à Middleton Murry, datée « lundi » (peut-être le 29 mai 1922), université d’Austin, Harry Ransom Center, fonds Carlton Lake, 288-13.
133. La chronologie est ici assez vague, car Valéry a lu Eurêka dès 1891, avant de cesser d’écrire des vers (voir p. 15-17, la Préface).
134. Au moment de sa première lecture d’Eurêka, Valéry avait surtout lu saint Ignace de Loyola. Sur le conseil de Huysmans, il découvrit ensuite Catherine Emmerich, que suivront sainte Thérèse et saint Jean de la Croix.
135. Allusion à l’Exposition du système du monde (1796) de Laplace, que Poe commente assez longuement. Laplace y fait l’hypothèse qu’une nébuleuse gazeuse, autour d’un noyau condensé et de température très élevée, ait donné lieu au système solaire.
137. Le physicien allemand Otto von Guericke (1602-1686), bourgmestre de Magdebourg, après avoir emboîté deux hémisphères creux, réussit, en pompant l’air qui se trouvait à l’intérieur, à les coller l’un à l’autre si fermement que deux attelages de chevaux ne purent les dessouder.
138. « Je me suis imposé la tâche de parler de l’Univers physique, métaphysique et mathématique, matériel et spirituel : de son essence, de son origine, de sa création, de sa condition présente et de sa Destinée », etc. (Edgar Poe, Histoires, essais et poèmes, éd. citée, p. 1560).
140. La phrase (où Poe met une majuscule à « nature ») se trouve en fait au début du chapitre IX (éd. citée, p. 1623).
141. Le titre original est en effet Eureka, a Prose Poem.
142. Sans doute par inadvertance, ce « que » disparaît en 1926.
143. Valéry, durant cet entre-deux-guerres, se montre très sensible à l’abstraction d’une science qui accueille des particules – électrons, photons – qui échappent à la perception, alors que l’ancienne science – acoustique, optique, géométrie, etc. – était au contraire fondée sur une sorte de partage sensoriel.
144. Eurêka parut à New York en 1848.
145. Le physicien autrichien Ludwig Boltzmann (1844-1906) a introduit la probabilité en thermodynamique et contribué à la création de la théorie cinétique des gaz.
147. Sans doute par inadvertance, ce « peu » disparaît en 1926.
149. Physicien et chimiste suédois (1859-1927), prix Nobel de chimie en 1903, Arrhenius est l’auteur de la théorie de la dissociation électrolytique. Il vint prononcer à Paris, en avril et mai 1922, des Conférences sur quelques problèmes actuels de la chimie physique et cosmique aussitôt publiées chez Gauthier-Villars, et que Valéry a sans doute lues puisque le nom d’Arrhenius figure dans un Cahier de la fin de 1922 (C.IX.161), époque où il rédige justement la présente préface.
150. La même formule, ou à peu près, se retrouvera dans Tel Quel I et dans « Mon Faust » (t. 3 de cette édition, p. 227 et p. 1048).
151. C’est le même type de raisonnement que suit Valéry pour appeler « mots imaginaires » des mots qui dénotent une réalité que l’on ne peut percevoir tout entière, et dont on imagine par extrapolation ce que l’on ne perçoit pas : il donne justement pour exemple le mot « Univers » (C.XXII.419 sq.).
152. La formule, qui figure dans les Cahiers (C.IV.204), reviendra dans Mélange et dans Mauvaises pensées, et dans le Dialogue de l’Arbre (t. 3 de cette édition, p. 138, p. 318 et p. 657).
154. Pensées, Le Livre de Poche, p. 172.
155. Voir « Fragments des mémoires d’un poème » (t. 3 de cette édition, p. 786).
156. Lettre à Mlle de Roannez du 26 octobre 1656.
159. Voir « Une vue de Descartes » (t. 3 de cette édition, p. 903).
160. C.XXII.482.
161. F. Strowski, « Note », La Renaissance, no 30 du 28 juillet 1923 ; Souday, « Vues sur Pascal », « Autres vues sur Pascal », « Controverses sur Pascal », Le Temps des 23 juillet, 30 juillet et 6 août 1923. Voir aussi « Les revues », « Hommage à Pascal », La NRF, septembre 1923. Le 29 janvier 1930, Étienne Gilson, de son côté, fera paraître dans L’Européen « Pascal et Paul Valéry. Lettre ouverte à M. Teste en faveur de Blaise Pascal ».
162. Et il s’explique aussi dans ses entretiens avec Frédéric Lefèvre : voir Très au-dessus d’une pensée secrète, p. 81-84.
163. Ce petit dialogue d’ouverture est bien sûr de toute fantaisie puisque Eustathe, pythagoricien disciple de Jamblique, vécut dix siècles après Pythagore.
164. On attribue à Pythagore l’idée de la musique des sphères, c’est-à-dire l’harmonie que produisent les mouvements célestes, mais qui reste inaudible aux mortels.
165. Psaume 18. Valéry, qui a sans doute ici traduit lui-même le texte latin, a beaucoup lu les Psaumes : il en reprend le titre pour quelques poèmes en prose des Cahiers.
166. Ibid. La citation latine est traduite par Valéry juste au-dessus à partir de « ce ne sont point… »
167. Job, 38, 7 (trad. Louis Segond).1. Dans Jérémie, 23, 24, la phrase complète est interrogative : « Numquid non cœlum, etc. » : « Est-ce que je ne remplis pas le ciel et la terre ? »
168. Citation tronquée et transposée à la troisième personne. Voir Pensées, éd. citée, p. 160.
169. La phrase peut surprendre, mais Valéry songe peut-être à la pensée où Pascal affirme que la mathématique « est inutile en sa profondeur » (éd. citée, p. 380).
170. « Quelle vanité que la peinture, qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire pas les originaux ! » (éd. citée, p. 65).
171. Souvenir de Sainte-Beuve ? « On n’entend nulle part le cri de détresse, et Fénelon, en adorant la Croix, ne s’y attache pas comme Pascal à un mât dans le naufrage » (« Pensées de Pascal », in Causeries du lundi, t. V, 1852, p. 421).
174. Allusion à la célèbre conclusion de la Critique de la raison pratique : « Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi », in Œuvres philosophiques, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1985, t. 2, p. 801-802. L’opposition avec Pascal est signalée par Léon Brunschvicg (qui cite la phrase de Kant) en note du fragment 206 dans la réimpression de 1909 de son édition des Pensées.
175. Dès sa jeunesse montpelliéraine, Valéry avait appris à bien connaître les étoiles, que son œuvre parfois évoque, par exemple à la lettre X d’Alphabet (t. 2 de cette édition, p. 1077).
176. Cf. la fameuse définition de Protagoras rapportée par Sextus Empiricus (Contre les logiciens, I, 60) : « L’homme est la mesure de toutes choses. » Valéry y faisait déjà allusion dans la « note » de 1922 (voir p. 723).
177. Au moment où Valéry écrit ces pages, il s’agit d’une notion toute récente, puisque c’est Einstein qui, dans un article de 1917, « Considérations cosmologiques sur la relativité générale », vient d’évoquer « le caractère courbe de l’espace ».
178. Le mathématicien italien Francesco Cavalieri (1598-1647), grâce à sa méthode des indivisibles, put mesurer les figures géométriques selon un procédé analogue au calcul intégral. Il n’était pas jésuite, mais faisait partie des jésuates, congrégation fondée au XIVe siècle et supprimée en 1668 par Clément X. Le jésuite italien Giovanni Saccheri (1667-1733) chercha à démontrer par l’absurde le cinquième postulat d’Euclide : par un point, on ne peut mener qu’une parallèle à une droite donnée.
179. « Console-toi, tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé » (Pensées, éd. citée, p. 579).
180. Bien étroitement psychologique, la réflexion surprend, mais Valéry y reviendra dans le « Descartes » de 1937 (t. 2 de cette édition, p. 769).
181. Valéry songe sans doute ici aux pages que Chateaubriand, dans le Génie du christianisme (III, II, 6), consacre à celui qu’il appelle « cet effrayant génie » : « Les sentiments de Pascal sont remarquables surtout par la profondeur de leur tristesse, et par je ne sais quelle immensité : on est suspendu au milieu de ces sentiments comme dans l’infini. » Voir p. 820 ce que Valéry dit à Mauriac de ce Pascal romantique.
182. Le verbe latin contemplari est en effet lié au mot templum qui désigne, en même temps qu’un temple, la portion du ciel que les augures observaient afin de formuler leurs présages.
183. Allusion à l’idée que « Dieu s’est caché » (Pensées, éd. citée, p. 45 et 468).
184. Rappelons que l’essentiel des Pensées devait servir à une Apologie de la religion chrétienne que la mort de Pascal interrompit. Sur le refus valéryen du prosélytisme, voir t. 3 de cette édition, p. 682.
185. Sur l’éloquence, voir la réflexion du Cahier B 1910 (t. 3 de cette édition, p. 298).
186. Voir Pensées, éd. citée, p. 460 sq.
188. « Tu ne me chercherais pas si tu n’étais d’abord cherchée par moi ; tu ne me choisirais pas, si tu n’étais déjà choisie » (De l’amour de Dieu, in Patrologie latine, t. 182, col. 887). Au début du siècle, Valéry a beaucoup lu Bourdaloue à son patron Édouard Lebey, et il y a pris grand plaisir ; la citation se trouve dans le « Sermon pour le vendredi de la IIIe semaine ».
189. C’est dans la lettre qu’il adresse, le 29 octobre 1647, au père jésuite Estienne Noël (1581-1659) que Pascal ironise sur sa définition : « La lumière est un mouvement luminaire de rayons composés de corps lucides, c’est-à-dire lumineux », et précise que « la nature de la lumière est inconnue, et à vous, et à moi ». Valéry évoquera de nouveau l’affaire dans Mauvaises pensées (t. 3 de cette édition, p. 425).
190. Voir le « Descartes » de 1937 (t. 2 de cette édition, p. 771).
191. Après que Du côté de chez Swann eut été refusé par les Éditions de La NRF, décision dont lui-même était pour une part responsable, Gide exprima son admiration pour la Recherche dans des lettres à l’auteur, ainsi que dans un « Billet à Angèle » (NRF, 1er mai 1921) et dans son Journal ; il ne manqua pas non plus d’en faire part de vive voix à Valéry. Membre de l’académie Goncourt, le romancier et polémiste d’extrême droite Léon Daudet (1867-1942) s’était montré, en 1919, très favorable à Proust, qui cette année-là reçut le prix Goncourt. Valéry connaissait bien Léon Daudet (voir p. 108, la Notice de l’Introduction), mais leurs relations se dégraderont lorsque Valéry soutiendra la politique de Briand et « l’esprit de Locarno » : Daudet l’attaquera violemment dans L’Action française.
193. Lettre inédite du 3 août 1919 (BNF non coté).
196. « Sur l’Introduction à la méthode de Léonard de Vinci de Paul Valéry », étude reprise dans Approximations, Plon, 1922.
197. Lettre à Rilke du 13 mai 1921, in Correspondance Gide-Rilke, éd. Renée Lang, Corrêa, 1952, p. 154.
199. Université d’Austin, Harry Ransom Center, fonds Carlton Lake, 288-10. Voir p. 798, dans la « Variation », ce qu’il dit du « Pascal entier, abrupt, totalement, éperdument affreux des romantiques ».
201. Lettre inédite, Correspondance BNF.
203. Où figure aussi « Léonard et les philosophes » par la suite repris dans Variété III (voir t. 2 de cette édition, p. 355 sqq.).
204. Ce dernier mot était au pluriel dans l’édition de 1919.
205. « Ne rien considérer comme accompli ». Les Grecs crurent reconnaître Memnon, un de leurs personnages légendaires, dans la statue colossale d’Aménophis III qui se trouvait, à côté de celle de son épouse, devant le temple funéraire du pharaon à Thèbes, en Égypte (aujourd’hui Louxor). À la suite d’un tremblement de terre, en 27, le colosse se fissura : chauffée par le soleil, la pierre faisait entendre chaque matin, par vibration, le « chant de Memnon », que l’on ne perçut plus après la restauration de la statue sous Septime Sévère. Memnon est aussi évoqué dans le Dialogue de l’Arbre et dans un fragment des Histoires brisées (voir t. 3 de cette édition, p. 652 et p. 1369).
207. La notion de comédie intellectuelle ou de comédie de l’Esprit ne doit pas être prise en mauvaise part. L’expression revient plusieurs fois sous la plume de Valéry : dans Degas Danse Dessin, dans le « Descartes » de 1937 (voir t. 2 de cette édition, p. 505 et 765) et dans le « Voltaire » de 1944 (voir t. 3 de cette édition, p. 1285).
209. Souvenir de Nietzsche, qui oppose Apollon et Dionysos dans La Naissance de la tragédie, dont Valéry a lu la traduction de Jean Marnold et Jacques Morland (1901).
211. Impeto (élan), ou forza, est le nom par lequel Léonard désigne la propriété que le moteur donne au mobile et qui entretient son mouvement.
212. Littéralement, le « vaporeux », que Léonard recherche pour ombrer les contours et masquer le dessin afin de donner de la profondeur et de l’unité au tableau.
214. L’antithèse est assez fréquente chez Valéry qui écrit par exemple, dans les « Notes sur Nietzsche » de 1909 qui auraient dû devenir un article pour La NRF : « Il est un excitant non un aliment » (Valéry pour quoi ?, p. 37). Et une quinzaine d’années plus tard : « Pascal est peut-être un excitant », « mais ce n’est pas un aliment » (C.X.886). Sur la critique de l’Histoire, voir p. 1407-1410 et p. 1417-1423, l’« Avant-propos » des Regards sur le monde actuel et « De l’histoire », p. 1439 sqq. ainsi que le « Discours de l’histoire » de Variété IV (t. 2 de cette édition, p. 697-708).
216. L’auréole ovale qui entoure le visage peint ou sculpté du Christ.
217. Oxyde d’uranium utilisé pour colorer les cristaux d’une couleur que l’on nomme le vert d’urane.
218. Sur cette question, voir la « Leçon inaugurale du cours de poétique » t. 3 de cette édition, p. 960.
219. Valéry cite ici un vers célèbre de L’Art poétique de Boileau (chant III). La même citation figurera dans Tel Quel II : voir p. 561 au tome 3.
220. Le mot disparaît par erreur après l’édition de 1919.
221. En 1919 et 1924, « je répondais si promptement par mes sentences impitoyables à mes naissantes propositions ».
223. On lira dans Rhumbs (t. 3 de cette édition, p. 477) : « Il y a quelque chose de plus précieux que l’originalité, c’est l’universalité. »
224. En 1919 et 1924, « c’était l’heure ».
225. Pour ces différentes « pensées » de Pascal, voir l’édition citée du Livre de Poche, respectivement p. 444 sq., 65, 448, et 461 sq. Le « Mémorial » où il évoque la fameuse nuit de sa « seconde conversion » (23-24 novembre 1654) fut retrouvé, après sa mort, cousu dans la doublure de son vêtement.
227. En 1919 et 1924, « d’une allure à toute autre ».
229. Sous la rubrique « Gladiator », du nom d’un célèbre cheval de course, Valéry a noté dans les Cahiers nombre de réflexions sur la domination de soi. Ainsi, par exemple, cette réflexion de 1918 sur la philosophie qui n’est pas une connaissance : « C’est une attitude et une tendance au dressage, une volonté vers l’homme dressé par soi-même – Dressage savant par la pensée » (C.VI.901).
230. La citation se trouve dans le Traité de l’anatomie (A, f° 10 r°) : « L’atto del coito e li membri a quello adoperati son di tanta bruttura che se non fussi le bellezze de’ volti e li ornamenti delli opranti e la frenata disposizione, la natura perderebbe la spezie umana » (« L’acte du coϊt et les membres qui lui sont destinés sont d’une telle laideur que s’il n’y avait la beauté des visages et les ornements de ceux qui l’accomplissent et une disposition contrôlée, la nature perdrait l’espèce humaine »).
231. « E ben credo che’l suo pianto e dolore non sia sanza cagione » (Traité de l’anatomie, A, f° 2 r°).
232. Souvenir de Philaminte dans Les Femmes savantes (II, 7) : « Le corps, cette guenille, est-il d’une importance, / D’un prix à mériter seulement qu’on y pense ? »
233. Les éditions antérieures donnent « du Vinci ».
234. Selon saint Thomas, l’âme n’est pas composée de matière et de forme, mais de puissance et d’acte, et comme l’acte n’est pas du genre de la substance, la puissance qui s’y rapporte ne peut en être non plus (Questions, LXXV, art. 5, et LXXVII, art. 1). Valéry avait lu saint Thomas dans sa jeunesse, puis, vers 1910, il a suivi les conférences que lui consacrait le père dominicain Ferdinand Hurtaud.
235. En 1919 et 1924, « ici qu’un simple renversement du principe de Carnot et qu’une ».
236. Corps ressuscité et doté de qualités que le corps mortel n’avait pas. Selon saint Paul (Ire Épître aux Corinthiens), il est spirituel, incorruptible, éclatant de gloire et rempli de vertu.
237. Littéralement, « rétablissement dans un état qui n’a subi aucune atteinte ». En droit romain, la formule désigne la décision de justice qui rétablit dans tous ses droits antérieurs une personne qui a été lésée par un jugement inique.
238. « Durus est hic sermo, et quis potest audire ? » : « Cette parole est dure, et qui peut l’entendre ? » (Jean, 6, 60).
240. Dans ses Cahiers, Valéry envisage volontiers comme un tout ce qu’il appelle le C. E. M., espace où se manifestent la cohésion et l’interaction d’un Corps, d’un Esprit et d’un Monde.
241. L’appellation de « corps noir » est due au physicien allemand Gustav Kirchhoff (1824-1887) et désigne un système idéal qui absorbe toutes les radiations qu’il reçoit.
244. En 1919 et 1924 : « Nuit complète, nuit impénétrable, nuit absolue ; mais nuit nombreuse, nuit très avide, nuit secrètement organisée », etc.
246. Il n’est pas indifférent de noter que, dans cette approche du moi pur, apparaît le même mot d’« exhaustion » qui reviendra en 1924 quand Valéry, pour Frédéric Lefèvre, définira la poésie pure comme la poésie qui « résulterait, par une sorte d’exhaustion, de la suppression progressive des éléments prosaïques d’un poème » (Très au-dessus d’une pensée secrète, p. 68). Sur la poésie pure, voir p. 689-691 et 1705-1713.
249. À Rome, les dieux pénates protégeaient le foyer de la maison : chaque foyer avait ses pénates.
250. En 1919 et 1924, « qu’il lui faut ».
251. En 1919 et 1924, « risques ; été façonnée par une quantité de rencontres, et qu’elle est en somme ».
252. En histoire naturelle, on appelle – ou plutôt on appelait, car l’expression semble tombée en désuétude – « jeu de la nature » toute production, une coquille par exemple, bizarre ou extraordinaire.
253. « Autant de personnes, autant d’époques » – formule latine que Valéry calque sur tot capita, tot sensus : « autant de personnes, autant d’avis ».
254. « Au-dedans et au-dehors ».
256. Valéry dira plus explicitement à Frédéric Lefèvre : « il faut confesser qu’une œuvre est toujours un faux (c’est-à-dire une fabrication à laquelle on ne pourrait pas faire correspondre un auteur agissant d’un seul mouvement. Elle est le fruit d’une collaboration d’états très divers, d’incidents inattendus ; une sorte de combinaison de points de vue originairement indépendants les uns des autres) » (Très au-dessus d’une pensée secrète, p. 98 sq.). Voir à ce sujet la Notice de Variété V (t. 2 de cette édition, p. 1806).
257. Cf. le Cahier B 1910 : « Il ne faut donc jamais conclure de l’œuvre à un homme – mais de l’œuvre à un masque – et du masque à la machine » (t. 3 de cette édition, p. 288).
258. En 1929, dans Littérature, Valéry dira que l’œuvre achevée modifie son auteur : « Il se fait, par exemple, celui qui a été capable de l’engendrer » (t. 3 de cette édition, p. 523).
259. L’histoire de cette citation est complexe. Sous sa forme exacte, c’est l’ajout d’une main étrangère sur un feuillet du Codex atlanticus (f° 71 r°), où on lit deux vers inachevés : « Lionardo mio, non avete O / Lionardo, perchè tanto penate ? »
« Mon Léonard, vous n’avez pas Ô / Léonard, pourquoi avez-vous tant de peine ? » Valéry reproduit bien ici penate mais si, en 1930, il commente : « On peut lire pensate [pensez] ou penate [souffrez] », c’est que ces mots prirent une dimension toute personnelle à partir de 1920, quand Catherine Pozzi le surnomma Léonard. Elle nota de sa main dans un des Cahiers de 1913 (C.V.33) la formule modifiée : « O Lionardo, Lionardo mio che tanto pensate [qui pensez tant] », et Valéry lui-même, reprenant ces mots à la fin de 1921, au moment où sa relation avec Catherine traversait une crise sévère, ajouta : « Amour fut la récompense et le châtiment tout inattendus de cette quantité de pensées » (C.VIII.374). La formule modifiée figure en 1935 dans le « Préambule » de Pièces sur l’art (voir p. 1378). Voir aussi La Flamme et la Cendre, p. 105.
260. C’est sur une citation de cet ouvrage que se terminait l’Introduction (voir p. 920). Sur Ader et Wright, voir p. 715, note 2, dans « La crise de l’esprit ».
261. Auteur de travaux sur l’optique, Augustin Fresnel (1788-1827) est le père de la théorie ondulatoire de la lumière
262. Outre Les Origines de la statique (1903), le philosophe et savant Pierre Duhem (1861-1916) est aussi l’auteur, entre autres travaux, de deux volumes d’Études sur Vinci (1906 et 1909).
263. Valéry, sans doute, se souvient ici de l’année de son arrivée à Paris, à la fin de laquelle, en effet, Juliette Adam lui passa commande de cet article. Mais il ne fut publié que l’année suivante.
265. Cf. la fameuse phrase qui résume une idée-clé du Traité de la peinture de Léonard : « La pittura è cosa mentale » : « La peinture est chose mentale ».
266. Quelques mois plus tôt, une très belle note des Cahiers évoque les éléments hétérogènes qu’un être laisse derrière soi, et en même temps l’homogène figure (ici, la « rose ») qu’ils constituent : « Peut-être ne laissera-t-il qu’un amas informe de fragments aperçus, de douleurs brisées contre le Monde, d’années vécues dans une minute, de constructions inachevées et glacées, immenses labeurs pris dans un coup d’œil et morts. Mais toutes ces ruines ont une certaine rose » (C.I.4).
267. Ce n’est qu’au moment de donner son article à l’impression – ou peut-être à la demande de Juliette Adam qui l’avait d’abord refusé (voir p. 115, la Notice du texte de 1895) –, que Valéry décida de ne plus faire de ce paragraphe l’incipit du texte.
268. On insistait alors souvent sur le caractère inachevé de son œuvre.
269. On lit aux toutes premières pages des Cahiers : « Toujours je pense – à Autre chose » (C.I.11). La variation de la pensée et son étude seront toujours essentielles à Valéry.
271. À l’époque de l’Introduction, on ne connaissait en effet, de la centaine de comédies de Ménandre (~ 342-~ 292 av. J.-C.), que quelques fragments. Les découvertes papyrologiques de 1898, 1905 et 1957 ont élargi son œuvre et fait connaître une pièce complète : Le Dyscolos (Le Misanthrope, ou L’Atrabilaire).
272. Valéry s’est montré sévère pour Pascal dans « Note et digressions » (voir p. 835) et il corrige ici le texte de 1895 qui donnait « le sublime cahier de Pascal » (voir p. 123).
273. L’adjectif se trouve ajouté en 1924.
274. En 1919, « sourit à rien ».
276. En 1919, « comme comparer ».
277. « Facil cosa è all’uomo che sa, farsi universale » : « Il est facile à l’homme qui sait de se faire universel » (Traité de la peinture, IIe partie, § 76).
278. Valéry notera bientôt pour lui-même dans ses Cahiers : « TO GO TO THE LAST POINT / celui au delà duquel tout sera changé » (C.I.202).
279. Souvenir des compositions de lieux que Loyola expose dans ses Exercices spirituels que Valéry a découverts cinq ans plus tôt : « Il faut noter ici que, dans la contemplation ou méditation visible, comme celle du Christ Notre Seigneur, qui est visible, la composition sera de voir avec la vue de l’imagination le lieu corporel, temple, mont…, où se trouve Jésus-Christ ou Notre-Dame, selon ce que je veux contempler » (§ 47).
280. En 1919, « ainsi l’œuvre d’art, qui est toujours plus ou moins didactique ».
281. En 1919, « malgré que ».
282. Le mot apparaît de loin en loin dans les Cahiers où il désigne « l’idée d’analyse par temps indivisibles » (C.XVI.323).
283. C’est-à-dire les nombres qui ne sont divisibles que par 1 et par eux-même : 1, 2, 3, 5, 7, etc.
284. Valéry assista à deux séances de la Société française de philosophie consacrées à « Déterminisme et causalité dans la physique contemporaine ». La première eut lieu le 2 novembre 1929 en présence d’Einstein, mais c’est à la seconde, le 1er mars 1930, que Valéry prit la parole pour dire : « En somme, je suis beaucoup moins optimiste que M. Langevin quant à l’avenir des représentations. Pouvons-nous raisonnablement parler en termes visuels de choses que suppose la vision ? Tenter d’imaginer un photon, n’est-ce pas introduire insidieusement un photon du photon ? » Mais l’inquiétude qui se fait jour en lui devant cette science qui lui semble échapper aux sens et devenir chose abstraite, les savants ne la partagent pas, et lorsque Valéry s’étonne : « Quelqu’un est allé jusqu’à dire que “Curie voyait l’énergie” », Langevin se contente de répondre : « C’est moi » (Bulletin de la Société française de philosophie, séance du 1er mars 1930, Colin, t. XXX, p. 68-70).
285. Ces deux mots figurent dans les Lettres à Élisa (p. 84) de Charles de Coster publiées par Charles Potvin en 1894, peu avant la rédaction de ces pages. Écrivain belge (1827-1879), Coster était l’auteur surtout de La Légende d’Ulenspiegel, et il est possible que ses amis belges, André Fontainas, par exemple, l’aient fait connaître à Valéry.
286. « Passage à ciel ouvert, servant à traverser les fossés des fronts bastionnés » (Littré).
287. Manuscrits.
288. En 1919, « pas plus habituelle ».
289. Deux ou trois ans avant l’Introduction, Valéry avait esquissé une possible Histoire de l’ornement dont on retrouve ici l’idée.
290. L’intérêt de Valéry pour l’art japonais est peut-être dû, pour une part, à son ami Édouard Julia (1873-1933), alors étudiant en médecine, qui, dans le numéro suivant de La Nouvelle Revue (septembre 1895), fera paraître un petit « Essai sur l’art japonais » où il parle en particulier d’Hokusaï. Comme en 1895, toutes les éditions donnent « la laque » ; le masculin, qui désigne un objet en laque, n’apparaît qu’en 1938.
291. L’expression (Urmelodie) vient de Wagner et de sa Lettre sur la musique qui précède les Quatre poèmes d’opéra, traduits en prose française (1861). Il y écrit que « la première langue doit avoir eu avec le chant une grande ressemblance ».
292. Valéry suit ici Condillac (Essai sur les connaissances humaines, seconde partie, I, VIII, § 66) et Rousseau (Essai sur l’origine des langues, chap. III), pour qui le langage a d’abord été figuré, et les mots abstraits plus tardifs.
293. En 1919, « des ».
294. C’est la théorie de Poe et de sa Genèse d’un poème qui a beaucoup marqué le jeune Valéry et inspiré ses « Quelques notes sur la technique littéraire » (voir p. 290 sqq.).
295. Idée formulée par Maurice Denis dans sa « Définition du néo-traditionalisme » (Art et Critique, 30 août 1890) : « Un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » Ce que Valéry développe ici, c’est le passage de l’informe à la forme qui gouvernait déjà le début du texte où il s’agissait de recomposer une figure à partir des éléments épars de ce qu’« il reste d’un homme ».
296. On commençait à beaucoup commenter ce sourire et, à propos du Saint Jean, du Bacchus et de La Joconde, Michelet évoquait déjà « le sourire nerveux et maladif que ces têtes étranges ont toutes aux lèvres » (Histoire de France au XVIe siècle, 1855, p. 218). Quant à Baudelaire, à propos des « anges charmants » de Léonard, il parle dans « Les phares » de leur « doux souris / Tout chargé de mystère ».
297. Valéry l’a vue à Milan en octobre 1892.
299. L’empereur byzantin (483-565) fut en effet un grand bâtisseur et, en 537, il inaugura en particulier la basilique Sainte-Sophie de Constantinople.
300. Après 1919, et sans doute par inadvertance, toutes les éditions donnent « avec brièveté ».
301. Le texte est légèrement fautif. Il faut lire : è piena, puis l’una dell’altra [che] rapresentano, et enfin obietto la vera forma.
302. En 1919, « pendant trois siècles ».
303. « Peut faire un saut », par allusion à la fameuse formule – que l’on trouve en particulier chez Leibniz (préface aux Nouveaux essais sur l’entendement humain) et Newton – selon laquelle la nature ne fait pas de saut. Au tout début de ses Cahiers, Valéry avait noté en latin : « L’abstraction peut faire des sauts et rien d’autre » (C.I.63).
304. Après avoir lu ses Conférences sur la constitution de la matière, Valéry avait rencontré le physicien à Londres, au mois de juin 1894, chez Sir Frederic Pollock, un avocat et professeur de droit.
305. Rudjer Boscovich, et non Boscovitch, philosophe et physicien croate (1711-1787).
306. Le mot désigne la hampe qui supporte une bannière, mais également, en héraldique, la partie de l’ancre qui est perpendiculaire à la tige, et c’est sans doute à ce second sens que songe ici Valéry.
307. On appelle « ligne d’univers » la courbe d’une particule dans l’espace-temps.
308. « Idoles de la caverne » : la notion vient du philosophe Francis Bacon (1561-1626) qui désigne ainsi, dans le Novum organum (1620), les préjugés de l’individu, à côté des idoles de la tribu, de la place publique et du théâtre (livre I, aphorismes 39 sq.).
309. Allusion, encore, à la Genèse d’un poème de Poe.
310. Plus précisément, « le paradis des sciences mathématiques ». Et il ajoutait : « parce que, grâce à elle [la mécanique], on en recueille les fruits ». La phrase figure dans Les Manuscrits de Léonard publiés par Ravaisson-Mollien que Valéry a lus au moment de l’Introduction (Éd. Quentin, 1888, Ms E, f° 8 v°).
311. Le texte est légèrement fautif. Il faut lire : del suo magnio Cecero, empiendo l’universo, puis e gloria eterna. Le début de la traduction de Valéry est peu clair. Il faut comprendre : « Le grand oiseau prendra son envol à partir du dos de son grand Cecero » (le Cecero est le Mont du Cygne, en Toscane). Valéry a supprimé la note de 1895 où on lisait : « Codice sul volo degli uccelli [Codex sur le vol des oiseaux]. Édition Sabachnikoff [Paris, 1893, p. 142]. »
*1. La suite et les conclusions de cette étude n’ont pas encore paru. [Valéry avait eu en effet le projet de cette suite, mais ne l’écrivit pas. Curieusement, en 1934, dans le tome IV des Œuvres où ce texte est repris, la note de l’édition originale de 1924 est maintenue alors que l’idée d’une suite était depuis longtemps abandonnée.]
*2. Mais le nom grec d’Adonis procède d’un nom sémitique.
*3. Hostinato rigore, obstinée rigueur. Devise de Léonard.
*4. L’importance philosophique de ce raisonnement a été, pour la première fois, mise en évidence par M. Poincaré dans un article récent. Consulté par l’auteur sur la question de priorité, l’illustre savant a bien voulu confirmer l’attribution que nous lui faisons. [La seconde phrase ne figure pas en 1919. Le raisonnement par récurrence consiste à démontrer une propriété de tous les nombres entiers naturels : si cette propriété est satisfaite par l’entier 0 et par n entiers naturels, elle est satisfaite par n + 1, et par tous les nombres entiers naturels. Henri Poincaré y voyait « le raisonnement mathématique par excellence ». L’article qu’évoque Valéry, « Sur la nature du raisonnement mathématique », parut dans la Revue de métaphysique et de morale en juillet 1894, et sera repris dans La Science et l’Hypothèse en 1902. Valéry consulta en effet Poincaré. Le mathématicien, qui habitait tout près de la pension où lui-même résidait, rue Gay-Lussac, y déposa une carte non datée où il écrivait : « Le raisonnement par récurrence a été employé souvent par les mathématiciens, mais je crois que son importance philosophique n’avait pas encore été mise en évidence » (BNF). Valéry reprend donc la formule mot pour mot.]
*5. Voir dans le Traité de la Peinture, la proposition CCLXXI. « Impossibile che una memoria possa riserbare tutti gli aspetti o mutationi d’alcun membro di qualunque animal si sia… È perchè ogni quantità continua è divisibile in infinito… » Il est impossible qu’une mémoire puisse retenir tous les aspects [ou changements] d’aucun membre de n’importe quel animal. Démonstration géométrique par la divisibilité à l’infini d’une grandeur continue.
Ce que j’ai dit de la vue s’étend aux autres sens. Je l’ai choisie parce qu’elle me paraît le plus spirituel de tous. Dans l’esprit, les images visuelles prédominent. C’est entre elles que s’exerce le plus souvent la faculté analogique. Le terme inférieur de cette faculté, qui est la comparaison de deux objets, peut même recevoir pour origine une erreur de jugement accompagnant une sensation peu distincte. La forme et la couleur d’un objet sont si évidemment principales qu’elles entrent dans la conception d’une qualité de cet objet se référant à un autre sens. Si l’on parle de la dureté du fer, presque toujours l’image visuelle du fer sera produite et rarement une image auditive. | En somme, les erreurs et les analogies résultent de ce fait, qu’une impression peut être complétée de deux ou quatre façons différentes. Un nuage, une terre, un navire, sont trois manières de compléter une certaine apparence d’objet qui paraît à l’horizon sur la mer. Le désir ou l’attente précipite à l’esprit l’un de ces noms. |
*6. Sans toucher les questions physiologiques, je mentionne le cas d’un individu atteint de manie dépressive que j’ai vu dans une clinique. Ce malade, qui était dans l’état de vie ralentie, reconnaissait les objets avec une lenteur extraordinaire. Les sensations lui parvenaient au bout d’un temps considérable. Aucun besoin ne se faisait sentir en lui. Cette forme, qui reçoit parfois le nom de manie stupide, est excessivement rare. [Souvenir probable du service du professeur Albert Mairet, à Montpellier : Albert Coste, un ami étudiant en médecine, y menait volontiers Valéry voir les fous.]
*7. Edgar Poe, Sur Shakespeare (Marginalia). [Au sujet de Shakespeare qui « écrivit Hamlet comme si Hamlet était lui-même », Poe considère que « Shakespeare sentit qu’il en était ainsi […] par son merveilleux pouvoir d’identification » (§ LXXXVII des Marginalia dans le volume qu’a utilisé Valéry : Contes grotesques, suivis des Marginalia, trad. Hennequin, Ollendorff, 1882). Sur cette faculté, voir Première section, note 273, dans la Soirée.]
*8. Si l’on éclaircit pourquoi l’identification à un objet matériel paraît plus absurde que celle à un objet vivant, on aura fait un pas dans la question.
*9. Ce mot n’est pas ici au sens des mathématiciens. Il ne s’agit pas d’insérer dans un intervalle un infini dénombrable et un infini indénombrable de valeurs ; il ne s’agit que de l’intuition naïve, d’objets qui font penser à des lois, des lois qui parlent aux yeux. L’existence ou la possibilité de choses semblables est le premier fait, non le moins étonnant, de cet ordre.
*10. Voir la description d’une bataille, du déluge, etc., au Traité de la peinture et dans les manuscrits de l’Institut, (Éd. Ravaisson-Mollien). Aux manuscrits de Windsor se voient les dessins des tempêtes, bombardements, etc.
*11. Croquis dans les manuscrits de l’Institut.
*12. Voir le manuscrit A, Siccome la pietra gittata nell’ acqua…, etc. [f° 9 v° du ms A de la Bibliothèque de l’Institut : « De même que la pierre jetée dans l’eau… »] ; voir aussi la curieuse et vivante Histoire des Sciences Mathématiques, par G. LIBRI, et l’Essai sur les ouvrages mathématiques de Léonard, par J.-B. VENTURI. Paris, an V (1797).
*13. CLERK MAXWELL, préface au Traité d’électricité et de magnétisme, Traduction Seligmann-Lui. [La citation exacte est : « que ces idées pouvaient être exprimées par les formes mathématiques habituelles, et être ainsi comparées à celles des mathématiciens de profession » (p. XIII).]
*14. CLERK MAXWELL. [La citation exacte est : « Faraday, dans ses conceptions, voyait les lignes de force traverser tout cet espace où les mathématiciens ne considéraient que des centres de force agissant à distance ; Faraday faisait intervenir un milieu là où ils ne tenaient compte que de la distance » (p. XIII).]