Chapitre 15
La maladie et ses métaphores
1. Cité dans
We Must Love One Another or Die, éd. Lawrence Mass, St Martin’s Press, New York, 1997.
2. Repris dans
Reports from the Holocaust, de Larry Kramer, St Martin’s Press, New York, 1989. Dans les dernières éditions du livre, Kramer écrit « holocaust » avec un h minuscule, afin de distinguer le Sida du meurtre des Juifs par les nazis. Nous faisons référence ici à la première édition.
4. Cité dans
We Must Love One Another or Die,
op. cit.
5. Edmund White,
City Boy,
op. cit.
6. Larry Kramer,
Reports from the Holocaust,
op. cit.
7. Pendant très longtemps, du moins par écrit, Kramer ne l’avait que sous-entendu ou dit indirectement. Puis il accusa le maire par le truchement de personnages dans
Le Cœur normal et
Just Say No. Il fut direct à partir du jour où il donna une interview au magazine
New York et qualifia Ed Koch de « gay du placard », en avril 1998. Kramer et d’autres y reviennent longuement dans un documentaire intitulé
Outrage, daté de 2009. Le journaliste David Rothenberg explique que lorsqu’il était au Congrès, Koch avait un compagnon nommé Richard Nathan, à qui il demanda instamment de quitter New York le jour où il devint maire de la ville. Nathan mourut du sida à Los Angeles en 1996. D’un autre côté, certains disent que Koch était non seulement asexuel mais asocial. Son amie Bess Myerson affirme : « Il ne faut pas oublier une chose. Ed Koch n’a jamais vécu avec une femme. Ed Koch n’a jamais vécu avec un homme. Ed Koch n’a jamais vécu avec un chien. Voilà pourquoi il est ce qu’il est. » (Citée dans
New York Comes Back, de Michael Goodwin.) J’ajouterai qu’Ed Koch n’a eu aucun mal à signer un décret pour les droits des homosexuels en 1986, et il a soutenu le département de santé publique de la ville le jour où celui-ci décida de fermer les bains publics en 1985, ce pour quoi Kramer avait milité. Kramer attaqua Koch plus tard pour ne pas avoir donné de subventions au GMHC, mais le maire avait la réputation d’être avare
de subventions. Il avait évité la faillite à la ville en coupant dans le budget d’aides municipales, et il continua à couper, même au moment de la crise des sans-abri à l’époque de Reagan.
8. Larry Kramer, « The Mark of Courage »,
Reports from the Holocaust,
op. cit.
9. Cité dans
We Must Love One Another or Die,
op. cit.
11. Larry Kramer,
The Normal Heart and The Destiny of Me : Two Plays, Grove, New York, 2000.
14. Repris dans Ned Rorem,
Other Entertainments, Simon & Shuster, New York, 1996. C’est ainsi que Simon se rappelle sa sortie. Liz Smith, elle, en rapportait une version différente, plus succincte, dans le
Daily News : « Les homosexuels dans le théâtre ! Seigneur, quand est-ce que le sida les aura tous enfin ! »
15. Larry Kramer, « An Open Letter to Richard Dunne »,
Reports from the Holocaust,
op. cit.
Chapitre 16
Le cercle des poètes disparus
1. Fred Kaplan,
Gore Vidal,
op. cit. Capote avait transigé avec Vidal un an plus tôt à un demi-million de dollars. Il ne les avait pas – il n’avait même pas de quoi payer ses frais d’avocat –, en revanche il écrivit une lettre d’excuses publique en revenant sur ce qu’il avait dit dans
Playgirl.
2. Traduit en français par Xavier Hanotte dans
Et chaque lent crépuscule, Le Castor Astral, Bruxelles, 2001. Le poème original a été écrit entre 1917 et 1918, et publié pour la première fois en 1920.
3. Randall Jarrell, « A Verse Chronicle »,
Poetry and the Age, Knopf, New York, 1953.
4. Repris dans
Persistent Voices, éd. Philip Clark et David Groff, Alyson Books, New York, 2009.
5. James Merrill, « Memorial Tribute to David Kalstone », in
Collected Prose, Knopf, New York, 2004.
6. James Merrill, « Farewell Performance », in
Selected Poems.
7. Le premier à l’avoir révélé est J. D. McClatchy, dans un texte excellent,
« Two Deaths, Two Lives », publié par Edmund White dans
Loss within Loss: Artists in the Age of Aids, University of Wisconsin Press, 2001.
8. James Merrill, « Vol. XLIV, N
o 3 », in
Selected Poems. L’origine du titre, qui ressemble à un numéro de revue médicale, n’a pas été identifié par J. D. McClatchy, ni par Stephen Yenser, qui travaille sur Merrill, ni par Lanny Hammer, le biographe du poète. « J’ai toujours pensé que c’était un titre inventé […] Ça ressemble à JM de concocter un titre dont les chiffres cacheraient une espèce de sens abscons », a avoué J. D. McClatchy à l’auteur de cet essai.
9. James Campbell,
Thom Gunn in Conversation with James Campbell, BTL, Londres, 2000.
10. John Mole, « Two-Gun Gunn », cité
ibid.
11. Thom Gunn, « Lament », in
Collected Poems, Farrar, Straus and Giroux, New York, 1994.
12. Thom Gunn, « The Missing »,
ibid.
13. Neil Powell, « The Dangerous Edge of Things »,
PN Review, mai-juin 1992, repris dans
Thom Gunn in Conversation,
op. cit.
14. Andrew Holleran,
Ground Zero, William Morrow, New York, 1988.
16. Mark Doty,
Turtle, Swan & Bethlehem in Broad Daylight, University of Illinois Press, 2000.
18. Repris dans
Conversations avec Christopher Isherwood.
19.
Christopher Isherwood: Last Drawings, Faber& Faber, Londres, Boston, 1990.
Chapitre 18
Rire dans le noir
1. « Confessions of a farceur »,
Ridiculous Theater: Scourge of Human Folly, éd. Steven Samuels, Theatre Communications Group, New York, 1992.
3.
Ibid. Les pièces de Ludlam se trouvent dans
The Complete Plays of Charles Ludlam, Harper & Row, New York, 1989.
4. Pauline Kael,
When the Lights Go Down, Holt, Rinehart and Winston, New York, 1980.
5. Cité dans David Kaufman,
Ridiculous ! The Theatrical Life and Times of Charles Ludlam, Applause Books, New York, 2002.
6. J’ai été témoin de ce succès le jour où un autre romancier, Jesse Green, et moi avions une lecture avec McCauley à la librairie Scribner de New York, en 1988. Lorsqu’on a demandé aux gens de faire la queue pour les autographes, Green et moi, nous avions quatre ou cinq personnes chacun. Quant à McCauley, sa file d’attente allait jusqu’à la rue, presque entièrement composée de femmes, et de quelques gay. Green et moi étions plus amusés que jaloux.
7. Patrick Merla, « Un cœur normal », in
We Must Love One Another or Die,
op. cit.
8. Larry Kramer,
Reports from the Holocaust,
op. cit.
9. Patrick Merla, « Un cœur normal »,
op. cit.
10. « Accumulation de sperme mortelle ». David Feinberg,
Spontaneous Combustion, Viking, New York, 1991.
11. Larry Kramer,
Just Say No: A Play about a Farce, St Martin’s Press, New York, 1989.
12. Raconté par Calvin Trillin dans « Three Friends », in
We Must Love One Another or Die,
op. cit.
13. Repris dans
Conversations with Gore Vidal, University Press of Mississippi, 2005.
On pourrait écrire un livre entier sur Lincoln gay, et certains ne s’en sont pas privés. Les faits sont les suivants : Lincoln a partagé pendant quatre ans une chambre et un lit, quand il avait une vingtaine d’années, avec un certain Joshua Speed, au début de sa carrière d’avocat, à Springfield, dans l’Illinois. Partager un lit n’était pas rare au xixe siècle (et jusqu’au début du xxe siècle, avant que l’abondance, la conscience de la dimension sexuelle et le chauffage central ne changent les habitudes). D’ailleurs d’autres hommes dormaient dans la chambre de Lincoln et Speed. De même Lincoln a-t-il souvent partagé son lit avec d’autres quand il se déplaçait dans des zones rurales. Puis Speed et lui se sont mariés et se sont éloignés jusqu’à ce que Lincoln devienne président, quand ils ont commencé à s’écrire. Leurs dernières lettres évoquent surtout la question de l’esclavage, que soutenait Speed. (Il n’aurait pas voté pour son ancien camarade de chambre aux élections de 1860.) Le frère aîné de Speed était membre du cabinet de Lincoln.
Ni l’un ni l’autre n’ont caché leur amitié ni le fait qu’ils avaient partagé leur lit. La première preuve est fournie par Speed lui-même, qui a conservé les lettres de Lincoln et a écrit le récit de leur amitié pour le biographe du président, William Herndon. Tout cela est intelligemment raconté dans le livre de Jonathan Ned Katz, Love Stories (plus ambigu que ce que dit Kramer), et bêtement dans celui de C. A. Tripp, The Intimate Abraham Lincoln, qui défend l’idée que Lincoln était non seulement bisexuel, mais essentiellement gay, et que Speed devait être impuissant face à sa femme puisque dans une lettre qu’il lui a adressée il inclut de belles descriptions de nuages et de paysages.
Kramer semble penser qu’il est impossible pour deux hommes de partager un lit sans coucher ensemble, ni de coucher ensemble sans tomber amoureux. M’est avis qu’il a tort dans les deux cas, surtout le second. Rien de ce que j’ai lu sur Lincoln ne me prouve qu’il aimait les hommes. Les politiciens ne sont pas faits de la même étoffe que nous, certes – or Lincoln ne vivait que pour la politique –, mais je ne vois
aucune place dans le puzzle de sa biographie pour cette pièce manquante. Je ne vois pas non plus ce que les gay gagnent à le revendiquer comme un frère secret. Que gagnons-nous à imaginer celui que l’on appelait «
honest Abe » comme un homme qui aurait menti toute sa vie, à lui-même et aux autres ?
Un détail : le jeune frère de Joshua Speed, Philip, épousa Emma Keats, nièce de John Keats. Le frère du poète, George, avait émigré à Louisville, où il reçut beaucoup de missives de son frère. Plus tard, en 1882, quand Oscar Wilde fit le tour de l’Amérique, Emma Keats Speed alla l’écouter à Louisville. Wilde fit l’éloge de Keats – le jeune poète damné était alors une icône gay. Sa nièce, qui avait une soixantaine d’années, invita Wilde chez elle pour lui montrer la correspondance des deux frères. Wilde fut tellement touché qu’il lui envoya un de ses manuscrits plus tard. (Cf. Richard Ellmann, Oscar Wilde. Mais Ellmann ne dit rien du beau-frère d’Emma ni du lien avec Lincoln.)