Notes
Introduction
1. Ernest Hemingway, Mort dans l’après-midi, Gallimard, Folio, Paris, 1972.
2. Je ne voudrais pas me lancer ici trop loin dans le débat qui oppose les « essentialistes » aux « constructionnistes » à propos de la notion d’identité sexuelle. Gore Vidal est connu pour avoir dit qu’il n’existe que des actes homosexuels, et non des homosexuels. De sa part c’était une bonne tactique pour prévenir les préjugés. Plus tard, des universitaires ont repris cette idée, notamment Michel Foucault, qui émit l’hypothèse que l’idée d’homosexuel n’existait pas avant 1869, l’année où le mot apparut. Les théoriciens de la notion queen pensaient qu’il existait jadis une merveilleuse Arcadie où hommes et femmes faisaient ce qu’il leur plaisait, où seuls leurs actes étaient jugés, jamais leur âme.
Dans son remarquable essai intitulé Strangers, Graham Robb rappelle que Foucault s’est contenté d’émettre l’hypothèse sans jamais l’exploiter. C’est une idée séduisante, mais personnellement je n’y crois pas parce que j’ai lu trop de littérature victorienne. Au xixe siècle, les gens étaient leurs actes. Les types qui trafiquaient étaient des trafiquants, même s’ils étaient des hommes d’Eglise. Les femmes qui commettaient l’adultère étaient des femmes adultères, quels que fussent les actes purs qu’elles accomplissaient plus tard. Les romanciers Anthony Trollope et Nathaniel Hawthorne ont beau avoir essayé de distinguer l’acte de la personne, ils se heurtaient à une habitude de pensée très ancienne. Vous étiez votre péché, que ce soit l’abandon de votre fiancée, une liaison adultère ou un acte de sodomie innommable.
Première partie
Les années 1950
1. Allen Ginsberg, « Amérique », Howl et autres poèmes, Christian Bourgois, Paris, 1977.
Chapitre 1
L’innocence
1. Deirdre Blair, Anaïs Nin, Bloomsbury, Londres, 1995.
2. Fred Kaplan mentionne en passant la baisse des ventes des éditions cartonnées dans son Gore Vidal, mais la meilleure explication que j’ai trouvée est dans Heavy Traffic and High Culture, de Thomas L. Bonn, une histoire très précise de la New American Library de 1945 à 1982. Bonn explique qu’en 1952 les chiffres de vente des éditions cartonnées étaient mauvais et que l’on disait que les grandes maisons d’édition ne se maintenaient à flot que grâce aux cessions de droits des livres de leur catalogue. En 1954 il y eut un nombre faramineux de retours des livres de poche : 44 % (contre 25 % jusque-là). Dans At Random, Bennett Cerf ajoute que ces retours étaient tels que les gens comparaient les bouquins retournés aux déchets qu’on enfouit. Les droits d’auteur étaient scandaleusement faibles. Avec 1 % d’un livre à 25 cents, un auteur vendant 100 000 exemplaires ne touchait que 500 dollars (après avoir partagé la somme des droits avec son éditeur). Heureusement, le prix des livres de poche allait passer à 35 ou 50 cents au fil de la décennie et le marché commencerait à être plus équilibré.
3. Fred Kaplan, Gore Vidal: A Biography, Doubleday, New York, 1999.
4. Ibid.
Chapitre 2
La bonté des étrangers
1. Donald Windham, Lost Frienships, William Morrow, New York, 1987. Windham était un excellent romancier, qui a écrit plusieurs récits de grande qualité, dont Two People en 1965, une histoire d’amour entre un homme d’affaires américain marié et un tapin à Rome.
2. Ibid.
3. La propriétaire du bar, Valeska Gert, était une talentueuse comédienne du cinéma allemand, qui joue dans La Rue sans joie et L’Opéra de quat’ sous, mais Tennessee Williams ne l’a jamais su.
4. Gore Vidal, introduction aux Collected Stories de Tennessee Williams, New Directions, New York, 1985.
5. Gore Vidal, « Quelques souvenirs de l’oiseau de gloire et d’un moi antérieur », dans Les Faits et la Fiction : Essais de littérature et d’histoire, Belfond, 1998.
6. Tennessee Williams’ Letters to Donald Windham, Penguin, New York, 1980.
7. Gore Vidal, « Quelques souvenirs de l’oiseau de gloire et d’un moi antérieur », op. cit.
8. Ibid.
9. Il existe une excellente analyse de cette loi dans l’une des premières études du théâtre gay et lesbien, We Can Always Call Them Bulgarians, de Kaier Curtin.
10. Michael Paller, Gentlemen Callers, Palgrave/Macmillan, New York, 2005. Le récit de la réception de La Chatte sur un toit brûlant par Michael Paller est fabuleux.
11. Cité par Michael Paller dans Gentlemen Callers.
12. Tennessee Williams à Elia Kazan, 4 juin 1958, dans Tennessee Williams, Notebooks, ed. Margaret Bradham Thornton, Yale University Press, New Haven, 2006.
13. Cité par Vidal dans « Dawn Powell : The American Writer », in At Home : Essays, 1982-1988, Random House, New York, 1988.
Chapitre 3
Howl
1. Frank O’Hara, « At the Old Place », Selected Poems, Knopf, New York, 2008.
2. Trilling a imaginé un étudiant nommé Tertan, mentalement fragile, qui ressemble à Ginsberg, dans une nouvelle intitulée « Of This Time, Of That Place », sauf que la nouvelle fut publiée avant que Trilling ne rencontre Ginsberg. Ce dernier ressemblait pourtant au personnage et beaucoup pensaient qu’il était aussi vulnérable que Tertan, surtout quand ils entendirent parler de sa mère. Mais Ginsberg était doué d’un pouvoir de résilience étonnant.
3. Allen Ginsberg, Journals: Early Fifties Early Sixties, éd. Gordon Ball, Grove Press, New York, 1977.
4. Joe LeSueur, Digressions on Some Poems by Frank O’Hara, Farrar, Straus and Giroux, New York, 2003.
5. Cité dans Barry Miles, Ginsberg, Virgin Publishing, Londres, 2001.
6. Allen Ginsberg, Howl et autres poèmes, Christian Bourgois, Paris, 1993.
7. Ibid.
8. Ibid.
9. Ibid.
10. Cité dans Allen and Louis Ginsberg, Family Business: Selected Letters Between a Father and Son, éd. Michael Schumacher, Bloomsbury, New York, 2002.
11. Cité dans Dharma Lion, de Michael Schumacher, St Martin’s Press, New York, 1992.
12. Cité dans Howl on Trial, éd. Bill Morgan et Nancy J. Peters, City Light Books, San Francisco, 2006.
13. Ibid.
14. Ibid.
15. Ibid.
16. Cité dans Allen and Louis Ginsberg, Family Business, op. cit.
17. Cité dans Howl on Trial, op. cit.
Chapitre 4
Baiser pieux
1. James Baldwin: The Price of the Ticket, documentaire de Karen Thoren, Nobody Knows Production and Maysles Films, 1991.
2. « Notes autobiographiques », in Collected Essays, Library of America, New York, 1998.
3. Ibid.
4. David Leeming, James Baldwin, Random House, New York, 1994.
5. Collected Essays, op. cit.
6. Ibid.
7. Cité dans James Campbell, Talking at the Gates: A Life of James Baldwin, Viking, New York, 1991.
8. Fern Maja Eckmann, The Furious Passage of James Baldwin, M. Evans, New York, 1966.
9. Collected Essays, op. cit.
10. Des années plus tard, dans un entretien qu’il accordera à la Partisan Review, James Baldwin dira que l’idée lui avait été inspirée par le meurtre en 1944 de David Kammerer par Lucian Carr, le copain d’Allen Ginsberg. L’idée est tentante, sauf que ces deux meurtres n’ont rien à voir. Les situations, de même que les armes utilisées, étaient très différentes. Je soupçonne Baldwin d’avoir confondu avec la façon dont il avait exploité le meurtre de Lucian Carr dans un roman antérieur, Ignorant Armies. L’imagination des romanciers tend à les faire confondre faits et fiction.
11. Collected Essays, op. cit.
12. Ibid.
Chapitre 5
Monter à Hollywood
1. Cité dans Views from a Window : Conversations with Gore Vidal, éd. Robert V. Stanton et Gore Vidal, Lyle Stuart, Secaucus, 1980.
2. Gore Vidal, « Christopher Isherwood’s Kind », in The Second American Revolution and Other Essays, Random House, New York, 1982.
3. Isherwood, Diaries: Volume One, 1939-1960, éd. Katherine Bucknell, Harper Collins, New York, 1996.
4. Cité par Peter Parker in Isherwood, Picador, Londres, 2004.
5. Isherwood, Diaries: Volume One, 1939-1960, op. cit.
6. Ibid.
7. Christopher Isherwood, The Lost Years.
8. Leo Lehrman, The Grand Surprise: The Journals of Leo Lehrman.
9. Cité par Peter Parker in Isherwood, op. cit.
10. Ibid.
11. Isherwood, Diaries: Volume One, 1939-1960, op. cit.
12. Thom Gunn, « Getting Things Right », in Shell Life, University of Michigan Press, 1993.
13. Isherwood, Diaries: Volume One, 1939-1960, op. cit.
14. Ibid.
15. Ibid.
16. Ibid.
17. Cité in George Plimpton, Truman Capote, Doubleday, New York, 1997.
18. Donald Windham, Lost Frienships, op. cit.
19. Gore Vidal, The Second American Revolution and Other Essays, op. cit.
20. Charlton Heston, On the Arena, Simon & Shuster, New York, 1995.
Deuxième partie
Les années 1960
Chapitre 6
La grande peur du théâtre homosexuel
1. Gore Vidal, At Home : Essays, 1982-1986, op. cit.
2. Donald Windham, Lost Frienships, op. cit.
3. Donald Spoto, Kindness of Strangers, Little Brown, Boston, 1985.
4. Mel Gussow, Edward Albee : A Singular Journey, Simon & Shuster, New York, 1999.
5. Ibid.
6. Ibid.
7. Ibid.
8. Ibid.
9. Philip Roth, « The Play That Dare Not Speak Its Name », New York Review of Books, 25 février 1965.
10. Susan Sontag, L’Œuvre parle, Christian Bourgois, Paris, 2005.
11. Mel Gussow, Edward Albee: A Singular Journey, op. cit.
12. Ibid.
13. Ibid.
14. Michael Paller, Gentlemen Callers, op. cit.
15. William Goldman, The Season, Harcourt, Brace & World, 1969. Je recommande ce livre à quiconque cherche à comprendre la vilénie et le caractère obsessionnel de l’homophobie dans les années 1960.
16. Donald Spoto, Kindness of Strangers, op. cit.
17. Five O’Clock Angel: Letters of Tennessee Williams to Maria St. Just, Knopf, New York, 1990.
Chapitre 7
Le médium est le message
1. Cette phrase est souvent attribuée à Vidal, même si lui-même ne se souvient pas exactement où il l’a dite. Vidal, A l’estime, Galaade, Paris, 2002.
2. Norman Mailer, Morceaux de bravoure, Robert Laffont, 1984, « Pavillons poche », 2012.
3. Truman Capote, De sang-froid, Gallimard, Paris, 1966.
4. Truman Capote est un film lugubre qui présente l’écrivain comme un robot autiste dont l’exploitation de Smith et Hickock semble un crime plus grave que le meurtre de la famille Clutter. Philip Seymour Hoffman s’efforce de faire oublier le fait qu’il n’a rien à voir avec l’écrivain, une performance qui lui a valu un oscar, Scandaleusement célèbre est un film plus vivant, plus drôle, plus malin et plus compliqué quant aux émotions. Toby Jones, lui, semble ne pas jouer tant il est à l’aise dans le rôle de Capote. Le film est un chef-d’œuvre négligé.
5. Donald Windham, Lost Frienships, op. cit. Windham a aussi des choses intelligentes à dire sur les libertés que Capote a prises par rapport aux faits, qu’il connaissait bien puisque son compagnon de l’époque, Sandy Campbell, a passé du temps avec l’écrivain à les vérifier au Kansas pour le New Yorker. « Sa plus grande force est l’inventivité de son imagination méticuleuse, les vérités qu’il découvre seul grâce à son intuition, qui lui permettent de créer avec conviction et émotion, au sein des frontières des faits avérés, les tourments intérieurs de ses personnages principaux, surtout ceux du tueur, Perry Smith. »
6. Randal Jarrell, Poetry and the Age, Knopf, New York, 1953.
7. Magdalena Zaborowska, James Baldwin’s Turkish Decade: Erotics of Exile, Duke University Press, 2009. Un livre intéressant et étrange, qui pose toutes les bonnes questions et donne rarement des réponses directes.
8. Donald Vining, A Gay Diary, vol. 3 : 1954-1967, Pepys Press, New York, 1981.
9. Collected Essays, op. cit.
10. Taylor Branch, Parting the Waters, Simon & Shuster, New York, 1988.
11. Richard Davenport-Hines, Auden, Pantheon, New York, 1996.
12. Baldwin a repris cet entretien pour le New York Times. On le trouve sous le titre « The American Dream and the American Negro » dans Collected Essays, op. cit.
13. David Leeming, James Baldwin. Leeming avait, à l’origine, cité fidèlement Baldwin, mais il a dû reculer et le paraphraser. Sol Stein, lui, a pu intégrer des lettres dans son livre, mais il est le seul. Hilton Als soutient que les lettres de Baldwin sont un chef-d’œuvre non publié.
Chapitre 8
Amour, sexe et
Un homme au singulier
1. Peter Parker, Isherwood, Picador, Londres, 2004.
2. Ibid.
3. Keith Garebian, The Making of Cabaret, Mosaic Press, Oakville, Ontario, 1999.
4. Peter Parker, Isherwood, op. cit. La biographie de Parker est curieuse à bien des égards, notamment parce qu’il adopte le point de vue de chacun, sauf celui de l’écrivain, dans presque tout le livre. Mais dans le dernier tiers il prend le parti d’Isherwood contre Bachardy.
5. Ibid.
6. Ibid.
7. Ibid.
8. Elizabeth Hardwick écrivait également : « Sa disposition est une disposition anale relativement pudique, plutôt respectable, avec un intérêt de pédé précieux pour l’aspect extérieur des choses – loin de la corruption et de la splendeur de ce type de littérature en France. » Il était décidément impossible de l’emporter aux yeux des intellectuels hétérosexuels : soit vous étiez un foutu voyou digne de Jean Genet, soit personne.
9. Cité par David Garnes in The Isherwood Century, éd. James J. Berg et Chris Freeman, University of Wisconsin Press, 2000.
10. Isherwood, My Guru and His Disciple, Farrar, Straus and Giroux, New York, 1980.
11. Peter Parker, Isherwood, op. cit.
Chapitre 9
Le monde entier nous regarde
1. Quinze ans plus tard, Michel Foucault n’était pas très loin de la déclaration de Vidal dans son Histoire de la sexualité, mais il avait un regard d’historien et il émettait l’idée qu’une certaine innocence existait avant que les médecins ne nomment la « maladie » à la fin du xixe siècle.
2. Fred Kaplan, Gore Vidal: A Biography, Doubleday, New York, 1999.
3. Ibid.
4. Ibid.
5. Certains ont accusé Vidal d’avoir sorti de son chapeau l’accusation de crypto-nazisme, mais c’est Buckley qui l’a introduite. Apparemment il faisait référence à George Lincoln Rockwell, dont il discuta plus tard, mais sur le moment il ne l’avait pas expliqué. (Je précise que Buckley a bien été dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale et a été élève de l’Officer Candidates School, mais il n’a jamais été outre-mer.)
6. Les gens qui soutiennent Buckley prétendent que ce n’est pas lui qui a proposé ce premier article. Je me suis appuyé ici sur la biographie de Fred Kaplan, qui se fonde sur différentes sources, notamment sur un manuscrit inédit de Harold Hayes, rédacteur en chef d’Esquire.
7. La phrase de Cleaver citant Kempton est la suivante : « Quand j’étais petit, Stepin Fetchit était le seul comédien nègre que l’on voyait régulièrement dans les films […] La mode change, mais parfois je me dis que Malcolm X et, jusqu’à un certain point, James Baldwin sont nos Stepin Fetchit. » Kempton semble dire que les militants noirs, y compris Baldwin, ne sont plus que les seuls Noirs qui ont voix au chapitre, mais Cleaver a déformé son propos.
8. Il existe une défense intelligente de Baldwin dans Black Macho and the Myth of the Superwoman, de Michele Wallace, qui explique que Cleaver était rétif non seulement à la présence de personnages gay dans la fiction de Baldwin, mais à celle de personnages de femmes noires aguerries et sympathiques.
9. W. J. Weatherby, James Baldwin: Artist on Fire, D. I. Fine, New York, 1989.
10. L’entretien a été repris dans Truman Capote: Conversations, éd. Thomas Inge, University Press of Mississippi, 1987.
11. Donald Windham, Lost Frienships, op. cit.
12. Norman Mailer, Miami and the Siege of Chicago, World Publishing Company, New York, 1968.
13. Donald Windham, Lost Frienships, op. cit.
Chapitre 10
Emeutes
1. Cité dans Neil Miller, Out of the Past, Vintage, New York, 1995.
2. Le récit complet de l’arrestation de Newton Arvin se trouve dans Barry Werth, The Scarlet Professor, Doubleday/Nan Talese, New York, 2001.
3. Too Brief a Treat: Letters of Truman Capote, éd. Gerald Clarke, Random House, New York, 2004.
4. Martin Duberman, Stonewall, Dutton, New York, 1993.
5. Le diariste Donald Vining acheta un des premiers numéros de DRUM : « Je n’irai pas gâcher de l’argent pour acheter un autre numéro, mais le magazine a un minimum de dignité dans la mesure où il témoigne d’efforts pour changer la situation et proposer des critiques de livres, laissant le reste aux magazines de dernière zone. » Gay Diary, volume 3.
6. Pauline Kael, Deeper into Movies, Little Brown, Boston, 1973.
7. Donald Vining raconte qu’en rentrant, son compagnon et lui s’amusaient à citer des répliques de la pièce. « Ken avait tendance à se comporter comme si ce monde n’était pas le nôtre, ce qui me faisait rire car il s’y identifiait beaucoup plus que moi. » Gay Diary, volume 4.
8. Pendant le tournage, William Friedkin montra à Crowley un livre qu’il avait envie d’adapter, Cruising, de Gerald Walker. Crowley n’appréciait pas tellement cette histoire de flic qui se cache pour s’introduire sur la scène SM gay et arrêter un serial killer gay. Il le dit ouvertement à Friedkin, persuadé que ce projet n’avait aucun avenir. Dix ans plus tard, Friedkin réalisa le film avec Al Pacino dans le rôle principal, déclenchant des réactions d’hostilité.
9. Il existe une légende selon laquelle le titre de la pièce viendrait d’une réplique d’Une étoile est née, mais Crowley affirme que le titre vient tout simplement de l’âge d’or des orchestres appelés big bands : « A présent, applaudissons tous très fort les garçons de l’orchestre. » Mart Crowley dans le DVD de William Friedkin sur le film, Paramount Home Entertainment, 2008.
10. Edmund White, City Boy, Plon, 2010.
11. Cité dans The Violet Quill Reader, éd. David Bergman, St Martin’s Press, New York, 1994.
12. Cité dans Martin Duberman, Stonewall, Dutton, New York, 1993.
13. En 1973, Crowley a écrit A Breeze from the Gulf, une pièce autobiographique qui met face à face deux parents alcooliques et leur fils gay. Tous trois s’aiment profondément, mais cet amour les rend plus vulnérables. La pièce est merveilleuse et a suscité de très bons commentaires, mais elle n’a jamais trouvé son public. Peut-être que personne n’a envie d’entendre parler d’une histoire où ce sont les hétérosexuels qui sont les personnes blessées, soignées par un fils gay qui est sain et qui a les pieds sur terre.
Trente ans après Les Garçons de la bande, Crowley a écrit une suite, The Men from the Boys. Les vieux copains de la bande se retrouvent pour un enterrement. Larry vient de mourir, mais pas du sida. Trois nouveaux personnages, plus jeunes et gay, sont là pour montrer que la vie gay a changé sans changer. C’est une pièce très calme, réfléchie, où il est question d’amour et de mort, une manière de Banquet de Platon situé dans un duplex de l’Upper East Side de Manhattan.
Troisième partie
Les années 1970
Chapitre 11
Vieux et jeunes
1. Christopher Isherwood, Christopher et son monde, Hachette Littérature, Paris, 1981.
2. Marvin Mudrick, Books Are Not Life, But Then What Is ?, Oxford University Press, 1979.
3. Il existe un autre récit, très drôle, de cet épisode dans Dancing the Gay Lib Blues, d’Arthur Bel, Simon & Shuster, New York, 1971.
4. Cité par Gore Vidal dans Les Faits et la Fiction : Essais de littérature et d’histoire, op. cit.
5. Déclaration reprise dans Out of the Closet: Voices of Gay Liberation, éd. Karla Jay et Allen Young, New York University Press, 1992.
6. Entretien de l’écrivain repris dans Conversations with Christopher Isherwood, op. cit.
7. Fred Kaplan, Gore Vidalop. cit.
8. Five O’Clock Angel: Letters of Tennessee Williams to Maria St. Just, op. cit.
9. Donald Windham, Lost Friendships, op. cit.
10. L’histoire est fausse mais pas complètement absurde. Arthur Schlesinger en parle dans son journal quand il évoque le procès qui suivit. Il se souvient avoir expulsé de la soirée, avec George Plimpton, un Gore Vidal ivre, avant qu’il n’en vienne aux mains avec Lem Billings, avocat, lui aussi saoul comme une barrique. Les deux hommes ont hélé un taxi et raccompagné Vidal à son hôtel en lui disant au revoir dans l’entrée, puis ils sont rentrés à la Maison-Blanche. Schlesinger pense que Vidal a eu tort de faire un procès à Capote, dont la carrière était en perte de vitesse. Cf. Arthur Schlesinger, Journals, 1952-2000, Penguin, New York, 2007.
11. Tous les chiffres viennent de Rodger Streitmatter, Unspeakable: The Rise of the Gay and Lesbian Press in America, Faber & Faber, Boston, 1995.
12. Jay Parini, American Writers, Supplement XX, Charles Scribner’s Son, Detroit, 2010.
13. Vidal ajoutait plus haut : « Récemment [Isherwood] est devenu un porte-parole militant de la libération gay. La défense de ses pairs est parfois un peu bruyante […] mais il y a largement de quoi être bruyant dans une société si profondément et inconsidérément homophobe. »
14. Isherwood proposait déjà une version proche de ce débat dans L’Ami de passage, avec le personnage de Waldemar, et non plus Heinz. Le débat est plus intime et plus saisissant sachant qu’il s’agit d’un amant, plus seulement d’un ami.
15. Cité par Peter Parker dans Isherwood, op. cit.
16. Ibid.
Chapitre 12
Chansons d’amour
1. Harold Rosenberg, in La Tradition du nouveau, Minuit, Paris, 1962. Ainsi se poursuit la citation : « En Amérique, tout est virtualité – sinon c’est du bluff. On ne peut pas s’adapter à la vie américaine sans passer par une “mascarade” (“camp”). Si les intellectuels américains acceptaient le déterminisme de Daniel Bell et pensaient que la virtualité est une illusion, que la réalité est “la routine du quotidien”, ils devraient choisir entre le “camp” à mort et la solution traditionnelle : l’expatriation. » C’est un raisonnement audacieux, mais il est intéressant de noter que la notion de camp était déjà pensée en 1961, trois ans avant la parution de l’essai de Susan Sontag.
2. Jane Kramer, Ginsberg, 10/18, Paris, 1973.
3. Joe LeSueur, Digressions on Some Poems by Frank O’Hara, op. cit.
4. Frank O’Hara, « Personism : A Manifesto », dans Selected Poems, op. cit.
5. James Merrill, A Different Person, Knopf, New York, 1993.
6. Cité par Edmund White dans City Boy, op. cit.
7. James Merrill, Divine Comedies, Atheneum, New York, 1976.
8. Ibid.
9. Ibid.
10. Ibid.
11. Alison Lurie, Familiar Spirits, Viking, New York, 2001.
12. Adrienne Rich, La Contrainte à l’hétérosexualité et autres essais, Mamamélis, 2010.
13. Adrienne Rich, « Twenty-One Love Poems », in The Dream of a Common Language, Norton, New York, 1978.
14. En octobre 1977, la magazine Christopher Street fit paraître un numéro spécial intitulé « Poetry and Art » en l’honneur des poètes gay dont plusieurs publiaient pour la première fois dans un magazine gay : James Merrill, Richard Howard, Thom Gunn, James Schuyler et un nouveau venu, Paul Monette.
Chapitre 13
Annus mirabilis
1. Des années plus tard, quand White a remporté le premier Bill Whitehead Award for Life Achievement, le bruit a couru qu’il avait utilisé l’argent donné le soir même de la remise du prix pour s’offrir des gigolos pour lui et des copains. « C’est un pur mensonge, m’a assuré un de mes amis. Ed White n’a jamais partagé un mec avec quiconque. »
2. Richard Canning, Gay Fiction Speaks: Conversations with Gay Novelists, Columbia University Press, New York, 2001.
3. Cité par Stacy Schiff dans Véra: Nabokov, Grasset, Paris, 1999.
4. Philip Gambone, Something Inside: Conversations with Gay Writers, University of Wisconsin Press, 1999. Holleran est resté enfermé dans le placard de sa double identité. Interrogé par Publishers Weekly pour Nights in Aruba en 1983, il reconnut que « Holleran » était un pseudonyme, mais sans donner son vrai nom. Entre-temps sa mère avait découvert qu’il était publié parce qu’un de ses voisins lisait le roman et avait reconnu le portrait des parents de l’auteur. Lequel dira plus tard qu’il adore « la fine enveloppe de l’anonymat et la fine enveloppe de distance […] Il y a quelque chose de très gênant dans le fait d’écrire ».
5. John Lahr n’était pas beaucoup plus tendre avec Nocturnes pour le roi de Naples. Il en louait la prose avant de dire : « Mais c’est une prose narcissique et Nocturnes est un roman narcissique – ce qui n’est pas une façon de nier la singularité de sa beauté mais la faiblesse de son pouvoir d’attraction. » Le terme « narcissique » était, et est toujours, un nom de code pour dire « gay ».
6. Jeffrey Burke poursuivait : « Tous deux, Kramer (intentionnellement) et Holleran (sans talent), proposent le tableau d’un monde gay qui ne vaut pas grand-chose si ce n’est du mépris. Ils apportent peu à la littérature et encore moins aux droits des homosexuels. » Je me demande si Burke n’est pas gay. Ce ne serait ni la première ni la dernière fois qu’on ferait appel à un critique gay pour descendre un écrivain gay. Certains homosexuels se sont fait une réputation en attaquant systématiquement leurs pairs. (Je ne donnerai pas de noms.)
7. Patrick Gale, Armistead Maupin, Absolute, Bath, 1999.
8. Ibid.
9. « A Pleasing Shock of Recognition, post-scriptum des Chroniques de San Francisco.
10. Patrick Gale, Armistead Maupin, op. cit.
11. Ibid.
Chapitre 14
White Noise
1. Felice Picano, « Rough Cuts from a Journal », The Violet Quill Reader, op. cit.
2. Ibid.
3. Edmund White, After Dark, repris dans The Burning Library: Essays, éd. David Bergman, Knopf, New York, 1994.
4. Gore Vidal, The Second American Revolution and Other Essays.
5. Ibid. Les lecteurs ne pourront pas ne pas remarquer qu’un grand nombre de critiques anti-gay étaient juifs : Stanley Kauffmann, Philip Roth, Joseph Epstein, Midge Decter. C’est entre autres parce que les intellectuels juifs de l’après-guerre étaient plus téméraires et plus francs que leurs collègues goys. Les écrivains d’origine catholique ou protestante étaient aussi intolérants, mais ils répugnaient à parler de sexe, de quelque nature que ce soit. Cela dit je pense qu’il y a une autre raison : une question de territoire. Les écrivains juifs se sont imposés dans la vie intellectuelle américaine après la guerre. Ils n’étaient pas prêts à partager leur territoire avec une nouvelle minorité ayant peu à peu voix au chapitre.
6. La tension entre Vidal et les Podhoretz n’a pas cessé pour autant. Cinq ans plus tard, la guerre était même ouverte. En janvier 1986, Vidal publia un texte dans The Nation intitulé « The Day the American Empire Ran Out of Gas » (« Le jour où l’empire américain est tombé en panne d’essence »). Il y déclarait que l’empire américain était mort avec Reagan, et bon débarras. Podhoretz répondit dans le New York Post en disant que de toute façon les Vidal et les Mailer n’avaient jamais aimé les Etats-Unis. Decter ajouta son grain de sel dans le magazine Contentions pour défendre l’impérialisme américain. Vidal répondit en écrivant « The Empire Lovers Strike Back » (« Les amoureux de l’empire contre-attaquent »), intitulé dans un second temps « A Cheerful Response » (« Une réponse joyeuse »). Il traitait Podhoretz de « clown » et accusait le couple d’être de mauvais Américains ignorant leur histoire, plus intéressés par celle d’Israël. Podhoretz répondit, furieux, dans un texte au titre intelligent, « The Hate That Dare Not Speak Its Name » (« La haine qui n’ose dire son nom »), affirmant que Vidal était antisémite, comme si l’antisémitisme était l’équivalent moral de « l’amour qui n’ose dire son nom ». Cela dit, auparavant, à en croire une rumeur qui circulait à l’époque, le couple indigné était tombé sur Victor Navasky dans la rue. Podhoretz l’avait traité de fils de pute en l’accusant d’avoir publié un tel article. Navasky s’était défendu en riant et en rétorquant que le clown, c’était lui.
7. Fred Kaplan, Gore Vidal, op. cit.
8. Gore Vidal, The Man Who Said No, film de Gary Conklin, Gary Conklin Films, 1983.
9. Fred Kaplan, Gore Vidal, op. cit.
10. On se demande, à les lire, combien de critiques ont réellement lu les livres. John Banville, dans la New York Times Book Review, parlant de l’œuvre de White quelques années plus tard, évoquera « les descriptions obsessionnelles de manigances gay qui avaient tellement interloqué les premier lecteurs d’Un jeune Américain ». Or les scènes crues du roman se trouvent au début et à la fin. Malcolm Bradbury, qui publia un essai sur la littérature américaine de l’après-guerre, The Modern American Novel, rend compte de La Tendresse sur la peau comme d’un roman sur le sida, comme si c’était le sens du titre original, The Beautiful Room is Empty.
Quatrième partie
Les années 1980
Chapitre 15
La maladie et ses métaphores
1. Cité dans We Must Love One Another or Die, éd. Lawrence Mass, St Martin’s Press, New York, 1997.
2. Repris dans Reports from the Holocaust, de Larry Kramer, St Martin’s Press, New York, 1989. Dans les dernières éditions du livre, Kramer écrit « holocaust » avec un h minuscule, afin de distinguer le Sida du meurtre des Juifs par les nazis. Nous faisons référence ici à la première édition.
3. Ibid.
4. Cité dans We Must Love One Another or Die, op. cit.
5. Edmund White, City Boy, op. cit.
6. Larry Kramer, Reports from the Holocaust, op. cit.
7. Pendant très longtemps, du moins par écrit, Kramer ne l’avait que sous-entendu ou dit indirectement. Puis il accusa le maire par le truchement de personnages dans Le Cœur normal et Just Say No. Il fut direct à partir du jour où il donna une interview au magazine New York et qualifia Ed Koch de « gay du placard », en avril 1998. Kramer et d’autres y reviennent longuement dans un documentaire intitulé Outrage, daté de 2009. Le journaliste David Rothenberg explique que lorsqu’il était au Congrès, Koch avait un compagnon nommé Richard Nathan, à qui il demanda instamment de quitter New York le jour où il devint maire de la ville. Nathan mourut du sida à Los Angeles en 1996. D’un autre côté, certains disent que Koch était non seulement asexuel mais asocial. Son amie Bess Myerson affirme : « Il ne faut pas oublier une chose. Ed Koch n’a jamais vécu avec une femme. Ed Koch n’a jamais vécu avec un homme. Ed Koch n’a jamais vécu avec un chien. Voilà pourquoi il est ce qu’il est. » (Citée dans New York Comes Back, de Michael Goodwin.) J’ajouterai qu’Ed Koch n’a eu aucun mal à signer un décret pour les droits des homosexuels en 1986, et il a soutenu le département de santé publique de la ville le jour où celui-ci décida de fermer les bains publics en 1985, ce pour quoi Kramer avait milité. Kramer attaqua Koch plus tard pour ne pas avoir donné de subventions au GMHC, mais le maire avait la réputation d’être avare de subventions. Il avait évité la faillite à la ville en coupant dans le budget d’aides municipales, et il continua à couper, même au moment de la crise des sans-abri à l’époque de Reagan.
8. Larry Kramer, « The Mark of Courage », Reports from the Holocaust, op. cit.
9. Cité dans We Must Love One Another or Die, op. cit.
10. Ibid.
11. Larry Kramer, The Normal Heart and The Destiny of Me : Two Plays, Grove, New York, 2000.
12. Ibid.
13. Ibid.
14. Repris dans Ned Rorem, Other Entertainments, Simon & Shuster, New York, 1996. C’est ainsi que Simon se rappelle sa sortie. Liz Smith, elle, en rapportait une version différente, plus succincte, dans le Daily News : « Les homosexuels dans le théâtre ! Seigneur, quand est-ce que le sida les aura tous enfin ! »
15. Larry Kramer, « An Open Letter to Richard Dunne », Reports from the Holocaust, op. cit.
Chapitre 16
Le cercle des poètes disparus
1. Fred Kaplan, Gore Vidal, op. cit. Capote avait transigé avec Vidal un an plus tôt à un demi-million de dollars. Il ne les avait pas – il n’avait même pas de quoi payer ses frais d’avocat –, en revanche il écrivit une lettre d’excuses publique en revenant sur ce qu’il avait dit dans Playgirl.
2. Traduit en français par Xavier Hanotte dans Et chaque lent crépuscule, Le Castor Astral, Bruxelles, 2001. Le poème original a été écrit entre 1917 et 1918, et publié pour la première fois en 1920.
3. Randall Jarrell, « A Verse Chronicle », Poetry and the Age, Knopf, New York, 1953.
4. Repris dans Persistent Voices, éd. Philip Clark et David Groff, Alyson Books, New York, 2009.
5. James Merrill, « Memorial Tribute to David Kalstone », in Collected Prose, Knopf, New York, 2004.
6. James Merrill, « Farewell Performance », in Selected Poems.
8. James Merrill, « Vol. XLIV, No 3 », in Selected Poems. L’origine du titre, qui ressemble à un numéro de revue médicale, n’a pas été identifié par J. D. McClatchy, ni par Stephen Yenser, qui travaille sur Merrill, ni par Lanny Hammer, le biographe du poète. « J’ai toujours pensé que c’était un titre inventé […] Ça ressemble à JM de concocter un titre dont les chiffres cacheraient une espèce de sens abscons », a avoué J. D. McClatchy à l’auteur de cet essai.
9. James Campbell, Thom Gunn in Conversation with James Campbell, BTL, Londres, 2000.
10. John Mole, « Two-Gun Gunn », cité ibid.
11. Thom Gunn, « Lament », in Collected Poems, Farrar, Straus and Giroux, New York, 1994.
12. Thom Gunn, « The Missing », ibid.
13. Neil Powell, « The Dangerous Edge of Things », PN Review, mai-juin 1992, repris dans Thom Gunn in Conversation, op. cit.
14. Andrew Holleran, Ground Zero, William Morrow, New York, 1988.
15. Ibid.
16. Mark Doty, Turtle, Swan & Bethlehem in Broad Daylight, University of Illinois Press, 2000.
17. Ibid.
18. Repris dans Conversations avec Christopher Isherwood.
19. Christopher Isherwood: Last Drawings, Faber& Faber, Londres, Boston, 1990.
20. Ibid.
21. Ibid.
Chapitre 17
Chroniques de deux ou trois villes
1. Repris dans Patrick Gale, Armistead Maupin, op. cit.
2. Ibid.
3. Ibid.
4. Ibid.
5. Mathilda a la même façon d’argumenter que Susan Sontag et la même relation étrange avec son fils. Elle a également l’habitude agaçante de se curer les dents en soirée (à en croire White dans son livre de mémoires, City Boy).
6. Repris dans David Bergman, The Burning Library, op. cit.
7. Ed Sikov se gaussait largement du style pompeux de White. Lorsque White écrit que l’humeur dominante de la communauté gay est « l’évanescence […] comme au Moyen Age », Sikov imagine une scène qui se déroulerait devant un club de gym de Chelsea : « Comment va, Butch ? — Aujourd’hui je me sens un peu évanescent, Larry, genre… Chartres en 1348. »
8. James Baldwin, Collected Essays, op. cit.
9. Ibid.
Chapitre 18
Rire dans le noir
1. « Confessions of a farceur », Ridiculous Theater: Scourge of Human Folly, éd. Steven Samuels, Theatre Communications Group, New York, 1992.
2. Ibid.
3. Ibid. Les pièces de Ludlam se trouvent dans The Complete Plays of Charles Ludlam, Harper & Row, New York, 1989.
4. Pauline Kael, When the Lights Go Down, Holt, Rinehart and Winston, New York, 1980.
5. Cité dans David Kaufman, Ridiculous ! The Theatrical Life and Times of Charles Ludlam, Applause Books, New York, 2002.
6. J’ai été témoin de ce succès le jour où un autre romancier, Jesse Green, et moi avions une lecture avec McCauley à la librairie Scribner de New York, en 1988. Lorsqu’on a demandé aux gens de faire la queue pour les autographes, Green et moi, nous avions quatre ou cinq personnes chacun. Quant à McCauley, sa file d’attente allait jusqu’à la rue, presque entièrement composée de femmes, et de quelques gay. Green et moi étions plus amusés que jaloux.
7. Patrick Merla, « Un cœur normal », in We Must Love One Another or Die, op. cit.
8. Larry Kramer, Reports from the Holocaust, op. cit.
9. Patrick Merla, « Un cœur normal », op. cit.
10. « Accumulation de sperme mortelle ». David Feinberg, Spontaneous Combustion, Viking, New York, 1991.
11. Larry Kramer, Just Say No: A Play about a Farce, St Martin’s Press, New York, 1989.
12. Raconté par Calvin Trillin dans « Three Friends », in We Must Love One Another or Die, op. cit.
13. Repris dans Conversations with Gore Vidal, University Press of Mississippi, 2005.
On pourrait écrire un livre entier sur Lincoln gay, et certains ne s’en sont pas privés. Les faits sont les suivants : Lincoln a partagé pendant quatre ans une chambre et un lit, quand il avait une vingtaine d’années, avec un certain Joshua Speed, au début de sa carrière d’avocat, à Springfield, dans l’Illinois. Partager un lit n’était pas rare au xixe siècle (et jusqu’au début du xxe siècle, avant que l’abondance, la conscience de la dimension sexuelle et le chauffage central ne changent les habitudes). D’ailleurs d’autres hommes dormaient dans la chambre de Lincoln et Speed. De même Lincoln a-t-il souvent partagé son lit avec d’autres quand il se déplaçait dans des zones rurales. Puis Speed et lui se sont mariés et se sont éloignés jusqu’à ce que Lincoln devienne président, quand ils ont commencé à s’écrire. Leurs dernières lettres évoquent surtout la question de l’esclavage, que soutenait Speed. (Il n’aurait pas voté pour son ancien camarade de chambre aux élections de 1860.) Le frère aîné de Speed était membre du cabinet de Lincoln.
Ni l’un ni l’autre n’ont caché leur amitié ni le fait qu’ils avaient partagé leur lit. La première preuve est fournie par Speed lui-même, qui a conservé les lettres de Lincoln et a écrit le récit de leur amitié pour le biographe du président, William Herndon. Tout cela est intelligemment raconté dans le livre de Jonathan Ned Katz, Love Stories (plus ambigu que ce que dit Kramer), et bêtement dans celui de C. A. Tripp, The Intimate Abraham Lincoln, qui défend l’idée que Lincoln était non seulement bisexuel, mais essentiellement gay, et que Speed devait être impuissant face à sa femme puisque dans une lettre qu’il lui a adressée il inclut de belles descriptions de nuages et de paysages.
Kramer semble penser qu’il est impossible pour deux hommes de partager un lit sans coucher ensemble, ni de coucher ensemble sans tomber amoureux. M’est avis qu’il a tort dans les deux cas, surtout le second. Rien de ce que j’ai lu sur Lincoln ne me prouve qu’il aimait les hommes. Les politiciens ne sont pas faits de la même étoffe que nous, certes – or Lincoln ne vivait que pour la politique –, mais je ne vois aucune place dans le puzzle de sa biographie pour cette pièce manquante. Je ne vois pas non plus ce que les gay gagnent à le revendiquer comme un frère secret. Que gagnons-nous à imaginer celui que l’on appelait « honest Abe » comme un homme qui aurait menti toute sa vie, à lui-même et aux autres ?
Un détail : le jeune frère de Joshua Speed, Philip, épousa Emma Keats, nièce de John Keats. Le frère du poète, George, avait émigré à Louisville, où il reçut beaucoup de missives de son frère. Plus tard, en 1882, quand Oscar Wilde fit le tour de l’Amérique, Emma Keats Speed alla l’écouter à Louisville. Wilde fit l’éloge de Keats – le jeune poète damné était alors une icône gay. Sa nièce, qui avait une soixantaine d’années, invita Wilde chez elle pour lui montrer la correspondance des deux frères. Wilde fut tellement touché qu’il lui envoya un de ses manuscrits plus tard. (Cf. Richard Ellmann, Oscar Wilde. Mais Ellmann ne dit rien du beau-frère d’Emma ni du lien avec Lincoln.)
Cinquième partie
Les années 1990 et après
Chapitre 19
Des anges en Amérique
1. La plupart des données biographiques sont empruntées à John Lahr, « Tony Kushner : After Angels », in Honky Tonk Parade: New Yorker Profiles of Show People, Overlook Press, Woodstock, 2005.
2. Questionnaire Proust de Charlotte Stroudt, repris in Tony Kushner in Conversation, éd. Robert Vorlicky.
3. Thinking about Longstanding Problems of Virtue and Happiness, Theatre Communications Group, New York, 1995.
4. Cité par John Lahr, « Tony Kushner : After Angels ».
5. « A Fan’s Forward », in Charles Ludlam, The Mystery of Irma Vep and Other Plays, Theatre Communications Group, New York, 2001.
6. Cf. John Lahr, « Tony Kushner : After Angels », op. cit.
7. Repris dans Roger Shattuck, Candor and Perversion.
9. Leo Bersani, Homos, Harvard University Press, 1995.
10. Repris dans Thinking About Longstanding Problems of Virtue and Happiness, Theatre Communications Group, New York, 1992.
11. Kushner a toujours tâché de rendre la pareille à Sullivan. Plus tard, dans un entretien accordé à Salon, il a dit de lui : « Son homosexualité lui a donné un peu de décence. » A ma connaissance, Sullivan n’a jamais eu un mot amène sur Kushner.
12. Un chapitre du roman est publié dans Tony Kushner in Conversation, op. cit.
Chapitre 20
Marée montante
1. Les premiers organisateurs du Publishing Triangle sont Michael Denneny, de St Martin’s Press, David Groff, de Crown, Trent Duffy, de Dutton, et Robert Riger, du club Book of the Month. Ils furent bientôt rejoints par d’autres, dont l’éditrice de Dutton Carol DeSantis, et l’attachée de presse Michelle Karlsberg.
2. Les lectures et débats de San Francisco étaient organisés par Jeffrey Escoffier, ceux de Boston par Michael Bronski.
3. Cité par Mel Gussow in Edward Albee: A Singular Journey, op. cit.
4. Repris dans Thinking about Longstanding Problems of Virtue and Happiness, op. cit.
5. Ned Rorem, Lies: A Diary, 1986-1999, Counterpoint, Washington, 2000.
6. Texte repris dans Loss Within Loss, éd. Edmund White, University of Wisconsin Press, 2000. McClatchy révèle d’autres raisons, peu reluisantes, expliquant le silence de Merrill : « Il n’avait aucune envie de devenir un porte-parole, un héros, un cas d’étude. Il n’avait aucune envie de prendre la fuite avec le cirque du sida en compagnie d’une ménagerie de talents moins que mineurs et en brandissant une bannière. »
7. Cité in Richard Canning, Gay Fiction Speaks: Conversations with Gay Novelists, Columbia University Press, New York, 2001.
8. Cité in Philip Gambone, Something Inside: Conversations with Gay Writers, University of Wisconsin Press, 1999.
9. C’est une plainte que l’on entendait çà et là et qui fit également l’objet d’un article de Victoria Brownworth : « Someone Has To Say No », in Lambda Book Report 2, no 7, novembre 1990.
C’est un fait, les livres des hommes marchaient mieux que ceux des femmes, mais il y a d’autres facteurs à prendre en compte. Le facteur économique : les gay achetaient plus de livres en édition cartonnée que les lesbiennes. Etait-ce parce qu’ils avaient plus d’argent, parce que les femmes étaient plus pingres, ou parce que les hommes gay étaient plus nombreux ? C’est un autre sujet, pour une autre histoire. Quelle qu’en soit la cause, les livres de lesbiennes rapportaient moins. Il faut également tenir compte du choix des éditeurs. Les équipes éditoriales comprenaient beaucoup d’homosexuels, mais les hommes avaient plus de facilité – et mettaient plus de détermination – à trouver des titres qui les concernent. Chez Dutton, Carol DeSantis a pris des risques considérables en décidant de publier Sarah Schulman. Peu de ses collègues avaient autant de cran dans les autres maisons. Enfin, comme l’ont fait remarquer plusieurs romancières lesbiennes, les femmes avaient moins d’« ancêtres ». Aucune écrivaine lesbienne ne s’est exprimée aussi ouvertement que Vidal ou Isherwood. Adrienne Rich parle de sa sexualité dans ses poèmes et ses essais, mais Susan Sontag est demeurée réservée sur le sujet jusqu’à sa mort. Gertrude Stein a passé sa vie à écrire dans une espèce de code moderniste. Alice Walker n’a dit la vérité que tard dans sa vie.
10. Cité in Richard Canning, Gay Fiction Speaks, op. cit.
11. Cité in Stephen Barber, Edmund White: The Burning World, St Martin’s Press, New York, 1999.
12. Patrick Merla, « Un cœur normal », op. cit.
Chapitre 21
Marée haute
1. Cité dans Patrick Gale, Armistead Maupin, op. cit.
2. L’histoire est encore plus étrange. Tad Friend raconte qu’un producteur de télévision, Lesley Karstein, s’est impliqué dans l’affaire et qu’il y a eu des discussions avec HBO pour faire un film. Tony est apparu dans un documentaire – sauf que c’était un comédien jouant son rôle. Vicki Johnson a continué à vouloir protéger le garçon du réseau de pédophiles qui, disait-elle, comprenait Ed Koch et Sammy Davis Jr et lui en voulait encore. Puis elle fit la connaissance d’un psychologue, le Dr Zackheim, déménagea à Chicago, et laissa Tony aux mains de ce dernier à New York.
C’est Tad Friend qui a identifié Vicki comme étant Joanne Vicki Fraginals. Le jour où il a commencé à écrire son article, Tony avait disparu. Eut lieu alors un retournement qui fait froid dans le dos : Friend reçut une brassée de mails de la part de Tony. Qui retomba dans le silence. Friend conclut son article avec la première lettre de Tony que Maupin a reçue, une carte de Noël qui comporte la fameuse phrase de Francis P. Church parue dans le New York Sun du 21 septembre 1897 : « Oui, Virginie, il y a un père Noël. Il existe aussi certainement que l’amour, la générosité, la dévotion (…) existent. Les choses les plus réelles dans le monde sont celles que ni les enfants ni les hommes ne voient. »
3. Cité par Tad Friend dans son article.
4. G. K. Chesterton, Charles Dickens, Gallimard, Paris, 1958.
Epilogue
1. Les chiffres d’Un garçon près de la rivière sont ceux de l’édition cartonnée ; il faudra attendre cinq ans pour que sorte une édition poche. Une voix dans la nuit s’est vendu à 58 000 exemplaires en édition cartonnée et 42 000 en poche la première année. (Chiffres donnés par Rakesh Satyal chez Harper Collins pour les Etats-Unis uniquement.)